Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Tchad: 11 Tchadiens condamnés pour une tentative
de coup d’État en Guinée équatoriale

Soldats tchadiens devant le tribunal de Ndjamena (image d’archive 2007).
© Thomas SAMSON/Gamma-Rapho via Getty Images

Le verdict est tombé dans le volet tchadien de la tentative de coup d’État contre le président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema, fin 2017. Ce jeudi, la cour d'appel de Ndjamena, réunie en session criminelle spéciale, a condamné à 20 ans de prison onze Tchadiens impliqués dans cette affaire.

Ce procès a duré deux jours et au final, les onze prévenus ont été condamnés à 20 ans de prison pour « mercenariat ». Seuls quatre étaient dans le box des accusés ce jeudi. Officiellement, les sept autres se sont évadés de leur prison il y a plusieurs mois, mais des sources judiciaires assurent qu’ils auraient tous bénéficié par erreur d’une amnistie accordée par le président Idriss Deby à ses opposants armés en mai de l’année dernière.

Seuls les quatre ayant été repris, les sept autres ont donc été condamnés par contumace et des mandats d’arrêt ont été lancés contre eux.

Sur le fond, les quatre présents sur place ont plaidé non coupable avant d’accuser les autorités tchadiennes de les avoir arrêtés entre décembre 2017 et janvier 2018 alors qu’ils allaient chercher des cartes d’identité à la Direction générale de la police, d’après des témoins sur place.

Le procureur tchadien a assuré de son côté qu’ils avaient été interpellés alors qu’ils s’apprêtaient à traverser la frontière équato-guinéenne pour participer à la tentative de coup d’État contre le président Teodoro Obiang Nguema, il y a près de deux ans.

Dans le volet équato-guinéen, d’autres Tchadiens ont été condamnés à de lourdes peines de prison samedi, à Bata. Dans cette tentaculaire affaire, il a également un volet camerounais.

Côte d’Ivoire: un réseau international
de trafiquants de cocaïne démantelé

Des armes dont un pistolet d'assaut Uzi ont été saisis au domicile des trafiquants, ainsi que du cash et des montres de luxe.
© RFI / Pierre Pinto

Une dizaine de personnes, dont six Italiens, ont été arrêtées jeudi 6 juin à Abidjan et à Tabou, près de la frontière libérienne, au terme d’une enquête de neuf mois d’enquête menée par les polices française, ivoirienne et italienne.

L’opération a été baptisée « Spaghetti Connection ». Tout a commencé en septembre par la saisie de 1,2 tonne de cocaïne dans le port de Santos au Brésil, dissimulée dans une cargaison à destination d’Abidjan.

Neuf mois plus tard, six Italiens, un Français et trois Ivoiriens ont donc été arrêtés, et des armes saisies.

« La société destinatrice ici est tenue par des Napolitains apparentés à la Camorra, a déclaré Silvain Coué, officier de liaison à la direction de la coopération internationale française. Par le passé, ils avaient déjà effectué depuis 2017 plusieurs expéditions du même genre. Quand vous savez que 1,2 tonne de cocaïne est achetée sur le marché sud-américain environ 2,5 millions d’euros, mais que cela se revend 250 millions d’euros. Évidemment on savait qu’on avait affaire à un réseau criminel mafieux qui était également introduit sur place et qui avait les contacts sur place. »

L’enquête aura permis d’établir le lien entre les suspects et la mafia. Ou plutôt les mafias puisque, selon les enquêteurs, dans cette affaire la Camorra – la mafia napolitaine – et la 'Ndrangheta – la mafia calabraise – se sont associées pour faire venir la drogue en Europe, via la Côte d’Ivoire.

« Cette drogue devait transiter par la Côte d’Ivoire pour remonter en Italie, donc la Côte d’Ivoire c’est la route. Nous découvrons que la Côte d’Ivoire fait partie des pays qui sont considérés comme pouvant faire transiter la cocaïne », explique le commissaire Bonaventure Adomo, directeur de l’Unité de lutte contre la criminalité transnationale (UCT).

Les polices française, ivoirienne et italienne saluent l’efficacité de leur coopération. Les enquêtes se poursuivent et les suspects seront rapidement déférés au parquet indique l’UCT.

Les Français, ces migrants dont on parle peu |
The Conversation

Qui sont les Françaises et les Français qui partent s’installer, pour des durées variables, dans un pays du Maghreb ?

Alors que le langage courant les qualifie tour à tour de «retraités», d’« expatriés », d’« entrepreneurs » ou de «binationaux», les spécialistes des migrations internationales s’y intéressent peu. Cela est particulièrement vrai en France où le champ d’études s’est constitué autour du « problème de l’immigration », en se concentrant longtemps sur la figure emblématique du « travailleur immigré » comme le rappelle le sociologue Abdelmalek Sayad.

Les chiffres les plus récents font état de 119 147 français inscrits en Afrique du Nord.
Jimmy Jaeh/Unsplash, CC BY-SA

Giulia Fabbiano, Aix-Marseille Université (AMU); Alexandra Poli, École des hautes études en sciences sociales (EHESS), and Liza Terrazzoni, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Or les recherches que nous menons depuis plusieurs années au sein du programme Mobilités Nord-Sud montrent que la majorité des expériences individuelles de migration se situent à la croisée de logiques économiques, identitaires, hédonistes ou sentimentales.

Des migrations peu connues

Sous couvert d’une « mobilité » banalisée parce que privilégiée, l’estimation fiable de ces déplacements est difficile. Les sources statistiques locales ne sont pas systématiquement mises à jour et les chiffres fournis par les services consulaires français restent lacunaires. Les plus récents font état de 119 147 Français inscrits en Afrique du Nord dont 23 324 en Tunisie, 41 780 en Algérie et 54 043 Maroc. Plus des deux tiers seraient des bi-nationaux selon le dernier Rapport du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

En raison du caractère facultatif de l’inscription auprès de représentations nationales à l’étranger, ces données ne sont qu’indicatives. Au Maroc, par exemple, le nombre de ressortissants français non-inscrits oscillerait entre 25 000 et 40 000 selon les sources ou comme le rapporte la sociologue Chloé Pellegrini.

Concernant les parcours de ces individus, une enquête effectuée en 2013 par la Direction des Français à l’étranger a montré que 6 % des 1 610 000 individus inscrits au registre mondial des Français établis hors de France résident dans l’un des trois pays du Maghreb. Si pour les autres destinations, la durée moyenne de résidence est comprise entre 1 à 5 ans, 42 % des Français présents au Maghreb y vivent depuis au moins 10 ans.

Par ailleurs, si 48,7 % indiquent séjourner en Afrique du Nord pour des raisons familiales ou personnelles, seulement 28,7 % le font pour des raisons professionnelles. Or, nos enquêtes mettent plutôt en garde contre la séparation du personnel et du professionnel, attirant l’attention sur les points de convergence entre l’un et l’autre.

Expatriation, tourisme, retour : des catégories réductrices

Derrière l’opacité statistique se donne à voir l’hétérogénéité et le dynamisme de ces mobilités. Les catégories traditionnellement utilisées – expatriation, tourisme, retour – montrent ici leurs limites. Non seulement ces termes demeurent le plus souvent approximatifs, mais aussi, dans certains cas, stigmatisants.

Ainsi en est-il, par exemple, du mot « expatrié », dit familièrement « expat ». Sur le plan juridique, il s’agit de professionnels missionnés par leur État de tutelle, ou par une entreprise, qui leur assure un système de protection spécifique et des ressources matérielles conséquentes dans l’exercice d’une fonction à l’étranger (voir la définition du Larousse, les sites service-public et diplomatie.gouv.fr).

Dans le langage courant, l’expression « expatrié » ne désigne toutefois pas uniquement ces professionnels, mais s’étend à tout ressortissant français vivant au Maghreb, et, plus largement, à toute personne issue d’un pays du « Nord » qui réside au « Sud ».

Alger – selon les sources des services consulaires français 41 780 compatriotes vivent en Algérie.
SofiLayla/Pixabay, CC BY-SA

Un imaginaire chargé de connotations négatives

Il faut ajouter que l’imaginaire qui accompagne ce terme est à tel point chargé de connotations négatives, convoquant d’emblée le privilège, l’entre-soi, le désintérêt, voire le mépris pour la société locale, que bon nombre d’individus tiennent à s’en distancier.

Sophie, 38 ans, installée professionnellement en Tunisie depuis trois ans et dont le mari et les deux enfants sont restés vivre en France, fait par exemple valoir l’authenticité de son rapport à la société locale :

« Pour moi, l’idée ce n’est pas de vivre dans une tour d’ivoire, ce n’est pas ma façon d’être. Et si j’ai fait le choix d’être proche de la vraie vie, d’aller au marché trois fois par semaine, ce n’est pas juste pour le fun, c’est pour vivre sur le terrain, vivre avec la population, comprendre aussi la situation du pays. C’est même le choix aussi d’habiter à l’Ariana plutôt que dans les quartiers aisés au nord de Tunis. J’ai eu l’occasion de rencontrer des gens qui sont là depuis 10, 15 ans, qui sont dans des administrations françaises, qui ont une vision… Moi je préfère être dans des quartiers plus populaires, loin des plages ».

On retrouve les mêmes limites terminologiques à propos de ces Françaises et de ces Français qui passent la période hivernale dans les stations balnéaires ou les villes du Maroc et de Tunisie.

Le terme de « touriste » est difficilement applicable à celles et ceux qui, dans le cadre de logiques résidentielles plus autonomes, passent des saisons entières dans ces mêmes stations, voire s’y installent durablement pour ne plus faire que de brefs séjours dans leurs pays d’origine.

« La médina, c’est pour les touristes »

C’est aussi le cas des « camping-caristes », expression qui connaît d’année en année un succès grandissant au Maroc, ou plus largement des nombreux retraités qui choisissent, plus ou moins durablement, de s’implanter dans la rive sud de la Méditerranée.

La question de la durée et de la fréquence du déplacement, conjuguée à celle des formes d’installation, appelle ainsi à réinterroger la catégorie du tourisme et à penser ses continuums avec la migration. Au Maroc, par exemple, de nombreux Français s’installent dans le prolongement d’un séjour touristique, qui fut parfois très bref. Si les Marocains les appellent parfois « les touristes qui vivent ici », ces Français ne se reconnaissent pas comme tels et revendiquent bien être des « installés ».

Anne, gérante de café à Essaouira explique :

« J’ai visité un local hier qui m’a bien plu, où je pourrais faire de la cuisine, dans un autre quartier, à Azlef, où il y a beaucoup de résidents. Je ne veux plus être dans la médina, c’est pour les touristes ! Et, nous, les résidents, nous venons peu ici, même presque jamais. Je vise une clientèle de résidents, maintenant ».

Vivre en camping-car au Maroc, un choix pour beaucoup de Français.
Pixabay, CC BY-SA

Les « binationaux » en question

La mobilité des descendantes et descendants d’immigrés maghrébins en France – couramment appelé·e·s « binationaux » –, installé·e·s à divers titres dans le pays des origines de la famille, renvoie à une autre aporie des flux vers le Maghreb.

Régulièrement et maladroitement qualifié de « retour », ce type de mobilité est ramené d’office à l’expérience migratoire des parents, que les enfants parachèveraient en décidant de franchir le pas inverse.

Or, les acteurs démentent cette lecture circulaire et mettent plutôt en avant des logiques qui leur sont propres. Neila, journaliste sur la trentaine, habite à Alger depuis un an et demi au moment de notre rencontre. Fille d’un couple mixte franco-algérien, elle explique :

« J’ai fait ce choix-là mais j’avais jamais mis les pieds en Algérie avant de débarquer en avril 2012 donc c’est pas un retour ! Beaucoup me disent “tu es retournée en Algérie” mais vu que je ne connaissais pas le pays, ce n’est pas du tout un retour, c’était une vraie découverte. Bon, j’y suis partie pour plusieurs raisons. D’abord parce que j’avais ce projet en tête depuis longtemps, je voulais connaître l’Algérie. Et je me suis dit que je ne voulais pas connaître l’Algérie juste de passage parce qu’on raconte tellement de choses, tellement d’images, tellement de vécu… Et donc je me suis dit, la meilleure façon de connaître ce pays, c’est d’exercer mon métier de journaliste. Parce que ça m’ouvrirait, voilà, je connaîtrais la société, plusieurs milieux… donc j’ai cherché du travail. Parce qu’aussi j’arrivais à la fin d’un contrat et j’avais aucune opportunité sérieuse en France. »

Panneau bilingue au Maroc.
J. N’Demenye/Wikimedia, CC BY-ND

Pour cette catégorie d’individus, il est clairement question d’une imbrication de facteurs où l’opportunisme professionnel rencontre éventuellement le souhait de mieux connaître ses origines et, plus rarement, de dépasser les situations de racisme et de discriminations vécues dans l’hexagone.

Ajustements et nouveaux caps

La situation de départ initiale fait parfois l’objet d’ajustements qui dessinent un nouveau cap. Sébastien, 37 ans, avait été envoyé à Alger en tant que salarié d’un groupe français détaché en Italie. Les possibilités du marché conjuguées à une qualité de vie somme toute agréable l’ont poussé à revoir son installation et à créer sa propre société.

D’autres se heurtent à des phénomènes de précarisation, dont les formes, très variables, imposent parfois un retour en France ou un départ vers un autre ailleurs. C’est le cas d’Alice, 19 ans, qui vit au Maroc depuis un an au moment de l’entretien. Elle travaille dans une boutique tenue par une Française pour un salaire marocain (2 500 dh soit 250 euros par mois) et ne sait pas si elle pourra rester, n’ayant pas les moyens de créer sa propre entreprise.

La situation de départ initiale fait parfois l’objet d’ajustements qui dessinent un nouveau cap.
Maya-Anaïs Yataghène/Wikimedia, CC BY-SA

Le renouvellement des opportunités professionnelles, une rencontre amoureuse, l’appartenance à un réseau d’interconnaissances, l’amélioration de la qualité de vie, ou encore le sentiment de pouvoir accéder à une mobilité sociale ascendante constituent autant de facteurs susceptibles de reconfigurer (positivement) les parcours migratoires.

S’intéresser à ces expériences permet d’interroger les trajectoires maghrébines des Françaises et des Français au-delà des stéréotypes et des idées reçues qui les devancent et au sein desquels l’assignation à la dimension du privilège s’impose le plus souvent.


Les auteures ont co-dirigé et publié l’ouvrage Les Migrations des Nords vers les Suds paru début 2019 chez Karthala.The Conversation

Giulia Fabbiano, Anthropologue, post-doctorante, Centre d’histoire du XXème siècle, Aix-Marseille Université (AMU); Alexandra Poli, Sociologue, École des hautes études en sciences sociales (EHESS), and Liza Terrazzoni, Post-doctorante, géographe, CEMS/EHESS, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

This article is republished from The Conversation under a Creative Commons license. Read the original article.

[Tribune] Interventions étrangères :
l’échec afghan se répète-t-il au Mali ?

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Par

Doctorant au Département de science politique de l’Université de Montréal, travaillant sur les guerres civiles et la reconstruction post-conflits en Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient.

Aujourd’hui, tant l’Afghanistan que le Mali sont des échecs de luttes anti-insurrectionnelles, pour lesquelles la polarisation des identités empêche un règlement solide et durable des conflits. C'est l'analyse que dresse le chercheur Arthur Stein spécialiste des guerres civiles et de la reconstruction post-conflits.

Cette tribune a initialement été publiée sur le site de The Conversation.

Par  Arthur Stein, doctorant au Département de science politique de l’Université de Montréal

Avec environ 1700 soldats, le Mali est aujourd’hui le pays qui accueille le plus gros contingent de militaires de l’opération Barkhane, une intervention menée au Sahel et au Sahara par l’armée française pour lutter contre certains groupes armés dans la région. Bien que long et coûteux, l’engagement militaire dans le Sahel malien est pourtant, jusqu’à maintenant, incapable de juguler des tensions ancrées et irréductibles sur ce territoire.

Les points communs entre le conflit qui touche aujourd’hui violemment le centre et le nord du Mali et la guerre en Afghanistan depuis 2001 sont nombreux. En voulant rétablir de solides institutions étatiques, et la légitimité politique de gouvernements peu populaires, les forces intervenantes venues de l’étranger ont, au contraire, participé à une exacerbation des fragmentations ethniques et communautaires. Dans les deux cas, les conséquences semblent désormais durables.

La volonté de « gagner les cœurs et les esprits »

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Le Mali, tout comme l’Afghanistan auparavant, sont des cas d’école d’une tendance observée depuis le début des années 2000 : en matière de résolution des conflits, la ligne est de plus en plus difficile à tracer entre ce qui relève d’un maintien de la paix traditionnel, non-discriminant et universel, et ce qui s’apparente à de simples outils de politique étrangère utilisés par des États puissants au sein de l’ordre international.


>>> A LIRE – Mali : pourquoi la mise en œuvre de l’accord de paix avance si lentement


Bien qu’anciennes et légitimement décriées, les stratégies dites « contre-insurrectionnelles » ont été réhabilitées comme modèle privilégié d’intervention lors de conflits. Elles font intervenir des acteurs aux capacités très asymétriques : d’un côté de puissants États et de l’autre, des groupes aux implantations localisées et peu dotés en ressources de combat.

Observées en Afghanistan d’abord puis au Mali, ces doctrines mêlent des activités civiles et militaires, et visent essentiellement à acquérir le soutien majoritaire des populations locales pour prendre le dessus sur l’adversaire désigné.

Comme l’objectif est d’exercer une forme de gouvernementalité sur un territoire, de gagner « les cœurs et les esprits», ces méthodes impliquent des coûts exorbitants pour les pays impliqués.

Cette « miliciarisation » a permis à des organisations armées souvent dénuées de toute légitimité politique au niveau national d’accéder à des ressources importantes

Assurer le maintien de l’ordre et l’entretien d’infrastructures défaillantes nécessitent une mobilisation massive de ressources humaines, économiques ou logistiques. Le coût politique est tout aussi important. Ces interminables interventions militaires sont perçues comme des échecs par l’opinion publique des pays déployés, des guerres illégitimes et non reliées à des intérêts immédiats.

Sous-traitance douteuse

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Pour pallier à un manque certain de ressources pouvant être mobilisées, les pays intervenants ont souvent adopté une même solution : ils ont délégué à d’autres les tâches qu’ils ne pouvaient assumer eux-mêmes. En Afghanistan et au Mali, ils ont notamment sous-traité des opérations de maintien de l’ordre à des groupes armés non-étatiques, des milices définies selon des clivages communautaires, ethniques ou tribaux.

Par ce mouvement décrié de « miliciarisation », des organisations armées souvent dénuées de toute légitimité politique au niveau national ont pu accéder à des ressources importantes.


>>> À LIRE – [Tribune] Des pistes pour enrayer la spirale de la violence dans le centre du Mali


Le problème est que les conflits sont des périodes de transformations des identités. Recruter des milices de cette manière a une influence réelle sur la durée et la gravité des hostilités.

En choisissant les groupes soutenus, et ceux exclus, les forces étrangères tracent arbitrairement des lignes entre les « bons » et les « méchants », les milices fréquentables et celles à combattre. Des tensions communautaires anciennes sont potentiellement réactivées.

De plus, comme les groupes recrutés tirent des ressources inédites de leurs nouvelles alliances, ils ont tendance à favoriser le maintien d’une zone grise entre un règlement complet du conflit et des hostilités ouvertes.

Une histoire qui se répète ?

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L’Afghanistan a bien été un exemple cinglant de cette « miliciarisation ». Des logiques contre-insurrectionnelles ont été mises en place dès 2001 dans le pays, dans le but de stabiliser les institutions ad hoc créées à la chute du régime taliban. La Police locale afghane (PLA) a été en partie construite sur des bases ethniques pour appuyer les intérêts de l’armée américaine, offrant à des milices tribales des ressources dont elles ne pouvaient se prévaloir auparavant.


>>> À LIRE – Bakary Sambe : « Les jihadistes attisent les conflits intercommunautaires »


Dans la province de Kunduz notamment, dans le nord du pays, de nombreuses milices tadjikes, ouzbeks ou encore turkmènes ont été entraînées, armées et soutenues pour défendre les intérêts de la lutte anti-talibans. Il était impossible à l’armée américaine et ses alliés d’assurer une présence continue sur l’ensemble du territoire afghan.

Les ressources distribuées ont cependant été rapidement manipulées par leurs récipiendaires pour servir leurs intérêts propres. Les tensions communautaires préexistantes ont peu à peu été renforcées, quand la sécurité des populations locales s’est rapidement dégradée. Cet exemple symbolique de l’échec des doctrines contre-insurrectionnelles n’a malheureusement pas entrainé leur abandon.

Au Mali, plusieurs rapports récents ont démontré l’appui du gouvernement central et de la force Barkhane à des groupes armés non-étatiques dans le nord du pays, et à la frontière avec le Niger. Le but, une fois encore, est de pallier l’incapacité des forces armées à évoluer dans des territoires vastes et inconnus.

Le résultat est là aussi une exacerbation des luttes intercommunautaires, désormais à leur paroxysme. Un règlement du conflit malien à court et moyen terme est aujourd’hui hors de propos, tant la logique militaire a pris le dessus sur une approche de résolution politique des différends.

Près de six ans après les premiers combats contre les groupes armés, la mission des soldats français n’est pas près de s’achever.

Repenser la construction de la paix

« Diviser pour mieux régner », disait l’adage. Mais gagner la guerre a peu de sens, si la paix qui lui succède est si fragile. Les pays intervenants ont finalement peu appris des erreurs passées. Ils n’ont pas pris conscience de la contradiction entre la volonté de stabiliser un espace et de créer des institutions stables, et la délégation de missions de maintien de l’ordre.


>>> À LIRE – À Koigouma, dans le nord du Mali, le retour des réfugiés se fait sous le contrôle d’anciens jihadistes


Les groupes armés ont des intérêts nécessairement éloignés de ceux des armées étrangères. Ils sont très difficilement contrôlables, même par les structures qui les financent et les arment. Leur démobilisation après les conflits est un enjeu de taille, trop mal gérée dans les cas afghans et maliens pour permettre un retour à la stabilité. Le risque de résurgence des violences augmente inéluctablement.

Aujourd’hui, tant l’Afghanistan que le Mali sont des échecs de luttes anti-insurrectionnelles, pour lesquelles la polarisation des identités empêche un règlement solide et durable des conflits.

Après 18 ans de guerre, les talibans semblent plus puissants que jamais, tandis que les tensions intercommunautaires déchirent toujours plus le Mali. Faisant plus de 130 morts parmi les civils, la terrible attaque du 23 mars dernier dans la région de Mopti est tragiquement venue nous rappeler le besoin urgent de repenser la construction de la paix.

Journée mondiale du Migrant et du Réfugié :
«Il ne s’agit pas seulement de migrants»

Message de François
Pour la 105ème Journée mondiale du MIGRANT et du REFUGIE

29 septembre 2019.

« « Mettre les derniers à la première place »

Cultiver la « compassion », « passer tout de suite à l’action pour soulager, soigner et sauver », c’est l’encouragement du pape François pour la 105e Journée mondiale du Migrant et du Réfugié (JMMR), qui sera célébrée le 29 septembre 2019. « Il s’agit de mettre les derniers à la première place » car la vraie devise du chrétien est “d’abord les derniers !” et non pas « moi d’abord et les autres après ».

« Il ne s’agit pas seulement de migrants », s’intitule le message du pape, qui souligne que dans un monde « chaque jour plus élitiste et cruel envers les exclus », la cause des migrants concerne « nous tous », le « présent et… l’avenir de la famille humaine ».

Dans ce message publié ce 27 mai 2019, le pape met en garde contre le « déclin moral qui nous guette si l’on continue à concéder du terrain à la culture du rejet » et invite « à retrouver certaines dimensions essentielles de notre existence chrétienne et de notre humanité ». En prenant soin des migrants, « nous grandissons tous », affirme-t-il.

« Le problème n’est pas tant d’avoir des doutes et des craintes », estime encore le pape : « Le problème, c’est quand ceux-ci conditionnent notre façon de penser et d’agir au point de nous rendre intolérants, fermés, et peut-être même… racistes. »

« Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit de n’exclure personne », poursuit-il en dénonçant l’exploitation des ressources naturelles et humaines « au profit de quelques marchés privilégiés » et le commerce des armes : « Ceux qui en font les frais, ce sont toujours les petits, les pauvres, les plus vulnérables, qu’on empêche de s’asseoir à table et à qui on laisse les “ miettes ” du banquet. »

Il exhorte donc à se « libérer des exclusions, de l’indifférence et de la culture du déchet » et à « faire de la place à la tendresse ».

AK

 

Message du pape François

Texte intégral


Chers frères et sœurs,

 

La foi nous assure que le Royaume de Dieu est déjà présent sur la terre de façon mystérieuse (cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. Gaudium et spes, n. 39) ; cependant, de nos jours encore, nous devons constater avec douleur qu’il rencontre des obstacles et se heurte à des forces contraires. De violents conflits et de véritables guerres ne cessent de déchirer l’humanité ; les injustices et les discriminations se succèdent ; on peine à surmonter les déséquilibres économiques et sociaux, à l’échelle locale ou mondiale. Et ce sont surtout les plus pauvres et les plus défavorisés qui font les frais de tout ceci.

 

Les sociétés économiquement les plus avancées ont tendance à développer en leur sein un individualisme accentué qui, uni à une mentalité utilitariste et multiplié par le réseau médiatique, produit la “ mondialisation de l’indifférence ”. Dans ce contexte, les migrants, les réfugiés, les personnes déplacées et les victimes de la traite des personnes sont devenus l’emblème de l’exclusion car, au-delà des malaises que comporte en soi leur condition, on fait peser sur eux un jugement négatif qui les considère comme cause des maux de la société. L’attitude à leur égard constitue une sonnette d’alarme qui nous avertit du déclin moral qui nous guette si l’on continue à concéder du terrain à la culture du rejet. De fait, sur cette voie, tout sujet qui ne rentre pas dans les canons du bien-être physique, psychique et social court le risque de la marginalisation et de l’exclusion.

 

C’est pourquoi la présence des migrants et des réfugiés – comme, en général, des personnes vulnérables – représente aujourd’hui une invitation à retrouver certaines dimensions essentielles de notre existence chrétienne et de notre humanité, qui risquent de s’assoupir dans un style de vie rempli de confort. C’est en cela que l’expression « il ne s’agit pas seulement de migrants » signifie qu’en nous intéressant à eux, nous nous intéressons aussi à nous et à tous ; en prenant soin d’eux, nous grandissons tous ; en les écoutant, nous laissons aussi parler cette part de nous que nous gardons peut-être cachée parce qu’aujourd’hui elle n’est pas bien vue.

« Courage, c’est moi, n’ayez pas peur ! » (Mt 14, 27). Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit aussi de nos peurs. Les méchancetés et les laideurs de notre temps accroissent « notre crainte des “ autres ”, les inconnus, les marginalisés, les étrangers […]. Cela se constate particulièrement aujourd’hui, face à l’arrivée de migrants et de réfugiés qui frappent à notre porte à la recherche de protection, de sécurité et d’un avenir meilleur. La crainte est légitime, notamment parce qu’il manque une préparation à cette rencontre » (Homélie, Sacrofano, 15 février 2019). Le problème n’est pas tant d’avoir des doutes et des craintes. Le problème, c’est quand ceux-ci conditionnent notre façon de penser et d’agir au point de nous rendre intolérants, fermés, et peut-être même – sans nous en rendre compte – racistes. Ainsi la peur nous prive du désir et de la capacité de rencontrer l’autre, la personne qui est différente de moi ; elle me prive d’une occasion de rencontre avec le Seigneur (cf. Homélie de la Messe pour la Journée mondiale du Migrant et du Réfugié, 14 janvier 2018).

 

« Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? » (Mt 5, 46). Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit de charité. Grâce aux œuvres de charité, nous démontrons notre foi (cf. Jc 2, 18). Or, la charité la plus élevée est celle qui s’exerce envers ceux qui ne sont pas en mesure de rendre la pareille, ni même peut-être de remercier. « Ce qui est en jeu, c’est le visage que nous voulons nous donner comme société et la valeur de toute vie. […] Le progrès de nos peuples […] dépend surtout de la capacité de se laisser remuer et toucher par celui qui frappe à la porte et qui, avec son regard, discrédite et prive d’autorité toutes les fausses idoles qui hypothèquent la vie et la réduisent en esclavage ; idoles qui promettent un bonheur illusoire et éphémère, construit aux marges de la réalité et de la souffrance des autres » (Discours à la Caritas Diocésaine de Rabat, 30 mars 2019).

 

« Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui, le vit et fut pris de pitié » (Lc 10, 33). Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit de notre humanité. Ce qui pousse ce Samaritain – un étranger par rapport aux juifs – à s’arrêter, c’est la compassion : un sentiment qui ne s’explique pas seulement au niveau rationnel. La compassion fait vibrer les cordes les plus sensibles de notre humanité, provoquant un élan irrépressible à nous “ faire le prochain” de ceux que nous voyons en difficulté. Comme Jésus lui-même nous l’enseigne (cf. Mt 9, 35-36 ; 14, 13-14 ; 15, 32-37), avoir de la compassion signifie reconnaître la souffrance de l’autre et passer tout de suite à l’action pour soulager, soigner et sauver. Avoir de la compassion signifie faire de la place à la tendresse, que la société contemporaine nous demande si souvent, au contraire, de réprimer.

 

« S’ouvrir aux autres n’appauvrit pas mais enrichit, car cela aide à être plus humain ; à se reconnaître partie active d’un ensemble plus grand et à interpréter la vie comme un don pour les autres ; à voir comme but, non pas ses propres intérêts mais le bien de l’humanité » (Discours à la mosquée “ Heydar Aliyev ” de Bakou, Azerbaïdjan, 2 octobre 2016).

« Gardez-vous de mépriser aucun de ces petits : car, je vous le dis, leurs anges aux cieux voient constamment la face de mon père qui est aux cieux » (Mt 18, 10). Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit de n’exclure personne. Le monde actuel est chaque jour plus élitiste et cruel envers les exclus. Les pays en voie de développement continuent d’être appauvris de leurs meilleures ressources naturelles et humaines au profit de quelques marchés privilégiés. Les guerres ne concernent que quelques régions du monde, mais les armes pour les faire sont produites et vendues dans d’autres régions qui, ensuite, ne veulent pas se charger des réfugiés produits par ces conflits. Ceux qui en font les frais, ce sont toujours les petits, les pauvres, les plus vulnérables, qu’on empêche de s’asseoir à table et à qui on laisse les “ miettes ” du banquet (cf. Lc 16, 19-21).

 

« L’Église “ en sortie ” […] sait prendre l’initiative sans crainte, aller à la rencontre, chercher ceux qui sont loin et arriver aux croisées des chemins pour inviter les exclus » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 24). Le développement qui exclut rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Le développement véritable est celui qui se propose d’inclure tous les hommes et toutes les femmes du monde, en favorisant leur croissance intégrale, et qui se préoccupe aussi des générations futures.

 

« Celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l’esclave de tous » (Mc 10, 43-44). Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit de mettre les derniers à la première place. Jésus-Christ nous demande de ne pas céder à la logique du monde, qui justifie la prévarication sur les autres pour mon avantage personnel ou celui de mon groupe : moi d’abord et les autres après ! Or la vraie devise du chrétien, c’est “d’abord les derniers ! ”. « Un esprit individualiste est un terrain fertile pour la maturation de cette attitude d’indifférence envers le prochain, qui porte à le traiter comme simple objet d’achat et de vente, qui pousse à se désintéresser de l’humanité des autres et finit par rendre les personnes craintives et cyniques. Ces sentiments ne sont-ils pas ceux que nous éprouvons souvent devant les pauvres, les marginaux, les derniers de la société ? Et combien de derniers avons-nous dans nos sociétés ! Parmi ceux-ci, je pense surtout aux migrants, avec leur poids de difficultés et de souffrances qu’ils affrontent chaque jour dans la recherche, parfois désespérée, d’un lieu où vivre en paix et avec dignité » (Discours au Corps diplomatique, 11 janvier 2016). Dans la logique de l’Évangile, les derniers viennent en premier et nous devons nous mettre à leur service.

 

« Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10, 10). Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit de toute la personne, de toutes les personnes. Dans cette affirmation de Jésus, nous trouvons le cœur de sa mission : faire en sorte que tous reçoivent le don de la vie en plénitude, selon la volonté du Père. Dans toute activité politique, dans tout programme, dans toute action pastorale, nous devons toujours mettre au centre la personne, sous ses multiples dimensions, y compris sa dimension spirituelle. Cela vaut pour toutes les personnes, auxquelles doit être reconnue l’égalité fondamentale. Par conséquent, « le développement ne se réduit pas à la simple croissance économique. Pour être authentique, il doit être intégral, c’est-à-dire promouvoir tout homme et tout l’homme » (SAINT PAUL VI, Enc. Populorum progressio, n. 14).

 

« Ainsi donc vous n’êtes plus des étrangers ni des hôtes ; vous êtes concitoyens des saints, vous êtes de la maison de Dieu » (Ep 2, 19). Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit de construire la cité de Dieu et de l’homme. À notre époque, appelée aussi l’ère des migrations, nombreuses sont les personnes innocentes qui tombent en victimes dans le “ grand piège ” du développement technologique et de la consommation sans limites (cf. Enc. Laudato si’, n. 34).

Aussi se mettent-elles en voyage vers un “ paradis ” qui trahit inexorablement leurs attentes. Leur présence, parfois dérangeante, contribue à dissiper les mythes d’un progrès réservé à quelques-uns, mais bâti sur l’exploitation de la multitude. « Il s’agit alors de voir, nous d’abord et d’aider ensuite les autres à voir dans le migrant et dans le réfugié non pas seulement un problème à affronter, mais un frère et une sœur à accueillir, à respecter et à aimer, une occasion que la Providence nous offre pour contribuer à la construction d’une société plus juste, une démocratie plus accomplie, un pays plus solidaire, un monde plus fraternel et une communauté chrétienne plus ouverte, selon l’Évangile » (Message pour la Journée mondiale du Migrant et du Réfugié 2014).

 

Chers frères et sœurs, la réponse au défi posé par les migrations contemporaines peut se résumer en quatre verbes : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer. Mais ces verbes ne valent pas seulement pour les migrants et pour les réfugiés. Ils expriment la mission de l’Église envers tous les habitants des périphéries existentielles, qui doivent être accueillis, protégés, promus et intégrés. Si nous mettons ces verbes en pratique, nous contribuons à construire la cité de Dieu et de l’homme, nous encourageons le développement humain intégral de toutes les personnes et nous aidons aussi la communauté mondiale à s’approcher des objectifs du développement durable qu’elle s’est donnés et qu’il sera difficile d’atteindre autrement.

Donc, ce n’est pas seulement la cause des migrants qui est en jeu, ce n’est pas seulement d’eux qu’il s’agit, mais de nous tous, du présent et de l’avenir de la famille humaine. Les migrants, et spécialement ceux qui sont plus vulnérables, nous aident à lire les “ signes des temps ”. À travers eux, le Seigneur nous appelle à une conversion, à nous libérer des exclusions, de l’indifférence et de la culture du déchet. À travers eux, le Seigneur nous invite à nous réapproprier notre vie chrétienne dans son entier et à contribuer, chacun selon sa vocation, à l’édification d’un monde qui corresponde toujours davantage au projet de Dieu.

C’est le vœu que j’accompagne de ma prière en invoquant, par l’intercession de la Vierge Marie, Notre-Dame de la Route, d’abondantes bénédictions sur tous les migrants et les réfugiés du monde entier et sur ceux qui se font leurs compagnons de voyage.

 

Du Vatican, le 27 mai 2019

 

FRANÇOIS