Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Tétanisée par le populisme, l’Europe échoue sur la question migratoire | L’Echo

 

Incapable de s’unir et de dépasser une phobie des migrants amplifiée par les partis populistes, l’Europe n’a pu répondre à la question migratoire. Le bilan de ces cinq années de législature est un désastre.

Plus de 17.000 migrants noyés en mer en 5 ans. Des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants refoulés aux frontières, renvoyés en Libye et en Turquie, parqués dans des camps sur les îles grecques et italiennes. Quelques dizaines de milliers, à peine, relocalisés dans une poignée de pays européens. Une réforme du droit d’asile au point mort. La politique migratoire européenne est l’échec le plus cuisant de cette législature.

En temps normal, entre 150.000 et 200.000 migrants arrivent chaque année dans l’Union européenne, le plus souvent par les Balkans et la mer Méditerranée en provenance d’Afrique, du Moyen-Orient ou d’Asie centrale. Cela représente un migrant pour environ 2.000 Européens. Un flux gérable, voire insuffisant si l’on veut répondre au vieillissement de la population.

En 2015, une crise migratoire se déclare avec un pic de 1,032 million d’arrivées, contre 225.455 en 2014. Elle a pour origine le déplacement de Syriens poussés par la guerre civile, les atrocités du régime de Bachar el-Assad et les massacres perpétrés par le groupe État islamique. 800.000 d’entre eux sont accueillis en Allemagne, sur décision de la chancelière Angela Merkel, pour des raisons humanitaires et économiques.… Lire la suite: Tétanisée par le populisme, l’Europe échoue sur la question migratoire | L’Echo, Vincent Georis, 07.05.19

Un million d'espèces menacées d'extinction
sur la planète

 
media Un jeune gorille photographié au zoo de Beauval à Saint-Aignan-sur-Cher le 23 juin 2017. GUILLAUME SOUVANT / AFP

Après une semaine de travail à l’Unesco, à Paris, les experts et diplomates de 132 pays ont rendu publique leur nouvelle évaluation sur l’état de la biodiversité, soit l’ensemble des espèces animales et végétales qui peuplent notre planète.

Le constat est alarmant. Le rapport montre que la nature décline à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine. Le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant des effets graves sur les populations du monde entier.

À lire aussi : WWF pointe la chute de 60% du nombre d'animaux sauvages en 44 ans

La population humaine justement a doublé en cinquante ans, nous en sommes à 7,6 milliards. Et nous consommons de plus en plus de produits animaux, viande, poisson et produits dérivés. Il en résulte que les activités humaines touchent et modifient aujourd’hui les trois quarts des terres et les deux tiers des milieux marins.

Jusqu’à un million d’espèces sont donc menacées d’extinction. Pour les espèces terrestres, c’est la pression de l’agriculture et de l’urbanisation : 13 millions d’hectares brut de forêts disparaissent encore chaque année dans le monde. Pour les espèces marines, c’est la pression de la surpêche : neuf espèces de poissons sur dix sont au maximum de leur exploitation possible.

Il faut prendre le taureau par les cornes, « c'est urgent et s'attaquer à plusieurs fronts en même temps, nous explique la biologiste Yunne Shine, spécialiste des écosystèmes marins, des opportunités il y en a ; la lutte contre le changement climatique et la lutte contre l'effondrement de la biodiversité ont les mêmes leviers principaux, c'est à dire la croissance de la population humaine et l'augmentation de la consommation par tête de pipe. »

Rendez-vous en Chine en 2020

La semaine a été laborieuse chaque virgule du texte a été pesée. Finalement, ce rapport est historique car, en le validant, les 132 pays partagent un constat précis et reconnaissent les responsabilités. Ils vont maintenant tenter de mettre en œuvre une réponse mondiale.

Les 132 pays signataires ont maintenant l'occasion de montrer leur détermination, ils ont rendez-vous en Chine en 2020 pour des engagements précis.

L'Afrique est un réservoir bien connu de nombreuses espèces de la faune et de la flore et se retrouve en première ligne dans ce phénomène d'érosion. Quelle était la participation des représentants africains à cette réunion ? Réponse de Jean-François Silvain, président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité.

« Il faut savoir que l’Afrique à la fois héberge aujourd’hui une part non négligeable de la biodiversité terrestre, la grande faune mais pas seulement, les forêts du bassin du Congo, etc. Puis en même temps, c’est un continent en émergence, si j’ose dire, au plan économique il y a beaucoup d’indicateurs qui sont au vert ; et un continent qui va connaître une croissance démographique considérable. Donc quelque part, des pressions sur la biodiversité extrêmement fortes, et je pense que nos collègues africains en sont conscients. »

Chers amis, dans ma dernière lettre du 5 mai 2019 j'ai fait une erreur en parlant du film "Green book", qui relatait la relation entre un blanc et son chauffeur noir. C'est l'inverse ! Il s'agit d'un pianiste noir et de son chauffeur blanc. Vous l'avez d'ailleurs sans aucun doute découvert par vous-mêmes en ouvrant l'article.
Pierre Béné, webmaster

Ce gynécologue congolais est bien connu pour son engagement,
tout spécialement auprès des femmes victimes de violences, de viol,
dans son pays. Il a parlé de son engagement
lorsqu'il a reçu le prix Nobel de la paix.

(lire la suite)

Quels actes concrets dans la restitution
des œuvres d’art à l’Afrique?

Grandes statuettes royales du Dahomey au musée du Quai Branly à Paris.
© REUTERS/Philippe Wojazer

Plus de six mois après la publication du rapport Sarr-Savoy sur la restitution des œuvres d’art africaines en France, où en est-on ? Des actes concrets commencent à être posés, en France comme en Afrique. En visite à Dakar, le Belge Guido Gryseels, directeur de l’AfricaMuseum à Bruxelles, approuve la restitution de certains objets symboliques et affirme « envisageable » l’ouverture de l’inventaire massif de son institution, 180 000 pièces, aux musées nationaux africains.

La restitution des objets d’art africains détenus par de grands musées des anciennes métropoles coloniales est devenue une patate chaude, depuis la publication du rapport de Felwine Sarr et Bénédicte Savoy en octobre. Et ce, bien au-delà du cas de la France et des 90 000 pièces acquises durant la colonisation, sur lesquelles porte le rapport.

► À lire aussi : Biens culturels: le rapport Savoy-Sarr évoque des restitutions définitives

Alors que l’Allemagne et les Pays-Bas affichent une longueur d’avance, en s’organisant pour restituer des pièces – parfois sans conditions –, à Londres et Bruxelles, la question prête à débats. Faut-il des restitutions temporaires, des prêts aux musées africains, digitaliser les archives, ouvrir les inventaires des musées d’Europe pour que les musées africains y voient plus clair dans leur propre patrimoine ? En attendant la conférence prévue à Paris pour 2019 entre les acteurs concernés, des actes concrets commencent à être posés.

Des restitutions symboliques à court terme

Emmanuel Macron, qui a commandé le rapport Sarr-Savoy, a annoncé en novembre dernier la restitution de 26 œuvres au Bénin. La demande avait été faite en 2016, mais d’abord rejetée. Dans le lot se trouvent trois statues des rois d’Abomey, celle du dieu Gou, des trônes et portes emportées par des militaires français en 1892. Elles ont atterri au Musée de l’Homme puis au Quai Branly, qui a donc dû s’en séparer.

Le Bénin est l’un des pays les plus proactifs en matière de restitution. Il a formé en septembre un Comité chargé de la coopération muséale avec la France, dont la première mission consiste à dresser l’inventaire complet des œuvres et biens culturels concernés. La Côte d’Ivoire a déjà dressé une liste de 148 œuvres qu’elle souhaite récupérer, tandis que le Burkina Faso, le Mali et le Gabon ont créé des commissions.

La restitution de 26 œuvres au Bénin n’est qu’un premier pas. Il devrait être suivi par d’autres, comme le recommande le rapport Sarr-Savoy, qui a dressé une liste précise de 25 œuvres, où figurent non seulement 11 des objets rendus au Bénin, mais aussi des pièces saisies de force durant l’époque coloniale au Nigeria, en Éthiopie, au Sénégal, au Mali et au Cameroun. Parmi ces objets lourds de sens pour les pays dont ils viennent, 518 manuscrits, des reliques et le sabre ayant appartenu à El Hadj Omar Tall (1797-1864). Cet érudit de l’islam, chef de guerre ayant résisté à l’armée coloniale, est un héros de l’histoire nationale du Sénégal.

Le directeur de l’AfricaMuseum à Dakar

Guido Gryseels, directeur de l’AfricaMuseum à Bruxelles, s’est rendu à Dakar le 24 avril pour participer à un dialogue avec Felwine Sarr et son homologue Hamady Bocoum, directeur du Musée des civilisations d’Afrique noire à Dakar. Une occasion encore rare de discussion directe et surtout publique, voulue par Youssou N'Dour, chanteur et ancien ministre de la Culture et du Tourisme, lors du Forum de Dakar/Afrika-Innovation qu’il a organisé autour du tourisme au Sénégal.

Guido Gryseels a annoncé qu’il était « envisageable » d’ouvrir l’inventaire colossal des 180 000 pièces de l’AfricaMuseum aux musées africains. Ces pièces rapportées des anciennes colonies belges (République démocratique du Congo, Burundi et Rwanda) se trouvent pour leur plus grande partie stockées dans les réserves de l’AfricaMuseum.

« Nous sommes ouverts à un retour physique de certains objets symboliques, a également annoncé Guido Gryseels. Des analyses ont été faites par l’AfricaMuseum pour savoir d’où viennent ses collections, tirées de pillages ou emmenées par des missionnaires sans qu’on sache très bien sous quelles conditions. » Impressionné par la qualité du Musée des civilisations noires de Dakar, Guido Gryseels a cependant émis un bémol à ses propositions d’ouverture : « Les conditions des musées en Afrique sont absolument terribles, et le Congo par exemple n’a pas encore de musée national. »

L’argument est contesté par Felwine Sarr, dont le rapport a cartographié 500 musées en Afrique, dont la plupart sont en bon état. « Cette généralisation par le déficit est exagérée, dit-il, on insiste toujours trop sur ce qui ne va pas en Afrique, sans voir tout ce qui va bien. » Néanmoins, Felwine Sarr a salué la démarche progressiste de Guido Gryseels, qui consiste à amener de l’art contemporain africain dans l’AfricaMuseum.

« Les plus crispés dans le débat qui a suivi le rapport étaient les gestionnaires de grands musées occidentaux, a-t-il poursuivi. Crispés, c’est un euphémisme. Certains ont été hystériques parce qu’ils ne pouvaient pas envisager que ces objets, dont ils ont été les gardiens, devaient légitimement repartir. » Évoquant un travail difficile sur l’histoire qui reste à faire en France, Felwine Sarr estime que ces musées sont « assis sur des réserves dont ils n’exposent que 10 %, et personne n’en profite ».

Hamady Bocoum, directeur du Musée des civilisations noires de Dakar, a lui aussi rendu hommage au travail « courageux » de l’AfricaMuseum. Et ajouté : « Des conservateurs et responsables de musées coloniaux, on en connaît quelques-uns qui sont comme les Dogons : il y a la porte en face et la parole vraie. » Autrement dit, le propos diplomatique est différent de la pensée profonde.