L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande pour la première fois le déploiement d’un vaccin contre le paludisme des enfants en Afrique subsaharienne et dans les zones à risque. À l’occasion des 26e Actualités du Pharo de Marseille, rendez-vous scientifique des spécialistes de la médecine tropicale, trois infectiologues commentent cette annonce du directeur général de l’OMS. Ils sont interrogés par Caroline Paré, de l’émission « Priorité Santé ».
RFI : Professeur Jean-François Faucher, vous êtes chef du service des maladies infectieuses et tropicales, au CHU de Limoges. Ce mercredi 6 octobre, Thedros Ghebreysus, le directeur général de l’OMS, a recommandé le déploiement massif chez les enfants du premier vaccin contre le paludisme : le vaccin RTS-S, développé par le laboratoire britannique GlaxoSmithKline. Pourquoi le faire maintenant?
Pr Jean François Faucher : Je n’ai pas de réponse scientifique à cette question. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a une étude pilote de grande envergure qui se déploie dans certaines régions d’Afrique (au Ghana, au Kenya et au Malawi) pour évaluer l’efficacité de ce vaccin. Pour l’instant, cela reste une annonce : une intervention de santé publique qui est recommandée et n’est pas rentrée dans son application à large échelle.
Professeur Christophe Rapp, vous êtes infectiologue à l’hôpital américain de Paris et président de la société française de médecine des voyages. D’après ces premiers résultats, quelle protection ce vaccin pourrait-il apporter aux populations vaccinées ?
Pr Christophe Rapp : C’est un outil supplémentaire dans la stratégie globale de lutte contre le paludisme. Il peut apporter, chez les enfants en bas âge une réduction des formes graves et des décès. Il va diminuer par exemple l’importance de l’anémie et cela va jouer sur la létalité du paludisme et l’on sait que ce sont les enfants qui paient le plus lourd tribut dans cette maladie. C’est un vaccin intéressant, dont l’efficacité dans les premières études se situe aux alentours de 40%. Donc ce n’est pas du tout un chèque en blanc contre le paludisme. C’est une mesure supplémentaire qui pourrait diminuer la létalité chez les enfants
Professeur Olivier Bouchaud, vous êtes responsable du service des maladies infectieuses et tropicales au CHU Avicenne, de Bobigny. Il s’agit de la toute première recommandation de vaccination pour le paludisme. Car trouver un vaccin contre une maladie parasitaire, c’est très compliqué...
Pr Olivier Bouchaud : En matière de paludisme, cela fait 50 ans que l’on travaille sur un vaccin et 50 ans que l’on butait pour trouver quelque chose d’efficace. Ce vaccin, il est loin d’être parfait : 40% d’efficacité, c’est ce qui est observé sur deux ou trois ans de suivi. Sur des suivis à sept ans, l’efficacité est ramenée en dessous de 10%. Il faut se souvenir qu’historiquement, le schéma vaccinal était à trois injections. On s’est rendu compte que c’était insuffisant et il a fallu rajouter une quatrième injection. D’un point de vue logistique, c’est un vaccin qui sera très compliqué à mettre en place. C’est non seulement compliqué, mais aussi coûteux. Nous sommes dans ce rapport entre le bénéfice et le coût pour les populations et notamment les enfants. Et là, manifestement, l’OMS a fait le choix de privilégier le bénéfice. Parce que, dans une réflexion purement de santé publique, dans la balance bénéfice-coût, on n’est pas du tout sûr que ce vaccin-là ne soit le « champion ».
Le message important, c’est donc de ne pas baisser la garde et de maintenir les mesures de protection actuelles (traitement préventif pour les zones de paludisme saisonnier, répulsifs, moustiquaires imprégnées, insecticides)...
Pr Christophe Rapp : Toutes les mesures sont synergiques : la moustiquaire imprégnée, le dépistage, le traitement précoce, la chimioprophylaxie intermittente. Ce sont les outils de base. Le vaccin est une arme supplémentaire qu’il va falloir maintenant mettre en place et décliner sur le terrain.
Pr Jean François Faucher : Bien sûr. Un des grands messages à garder à l’esprit, c’est l’adhésion aux mesures de prévention du paludisme, mais aussi de la prévention de ses complications. Cela signifie consulter précocement, en cas de fièvre, pour avoir un test rapidement et un traitement dérivé de l’artémisinine, recommandé par les programmes nationaux de lutte contre le paludisme. Lorsque l’on reçoit à l’hôpital, des enfants dans un état catastrophique quand on interroge sur ce qui s’est passé avant, on se rend compte qu’il y a eu des occasions manquées de traiter précocement, avant que le paludisme ne s’aggrave.
Pr Olivier Bouchaud : En matière de lutte contre le paludisme, il y a aussi l’élimination des eaux stagnantes, qui peuvent contribuer à la prolifération des moustiques. C’est un outil complémentaire qui échappe en partie aux familles et aux ménages, parce que ce sont davantage des outils d’intervention collective, encore que l’on puisse faire de la démoustication à l’intérieur des habitations. Il s’agit d’un ensemble d’armes complémentaires pour arriver à l’élimination du paludisme. C’est toujours un objectif, car même si le tableau général s’est amélioré au cours des dernières décennies, le paludisme reste un problème majeur de santé publique en Afrique.
Trois ans après avoir été refoulé à l’aéroport de Conakry, l’activiste a été autorisé à pénétrer sur le territoire guinéen ce lundi 4 octobre. Il doit rencontrer le nouveau chef de l’État.
En mars 2018, Kemi Seba avait à peine effleuré le sol de l’aéroport de Conakry qu’il avait été contraint à faire demi-tour. Alors ce lundi 4 octobre, c’est empreint d’une émotion visible que l’activiste franco-béninois est arrivé dans la capitale guinéenne pour un séjour d’une semaine. Plusieurs dizaines de personnes avaient fait le déplacement pour l’acclamer.
Un mois après le putsch qui a renversé Alpha Condé et alors que la Cedeao a décrété des sanctions contre le régime de Mamadi Doumbouya, Kemi Seba a immédiatement choisi son camp. « Je suis venu rappeler aux organisations sous-régionales, notamment à la Cedeao, qu’il faut respecter le choix du peuple, a-t-il lancé. Bizarrement, [cette communauté internationale] est très silencieuse lorsqu’il y a des troisièmes ou des quatrièmes mandats [présidentiels], des persécutions contre la population [ou] quand le peuple aspire à un changement. »
« Injustement refoulé »
« Kemi Seba est venu communier avec ses frères guinéens », s’est réjoui Elie Kamano. Le chanteur, fondateur du Parti guinéen pour la solidarité, la démocratie et le développement (PGCD), se réjouit de l’arrivée d’un « camarade de lutte ». Ce sont certains des mots maladroits du musicien qui, il y a trois ans, avaient fait échouer la visite de Kemi Seba. Répondant à une question de la presse, Elie Kamano avait eu la maladresse d’annoncer que son hôte n’hésiterait pas à se prononcer sur la volonté d’Alpha Condé de briguer un troisième mandat. Le débat faisait grand bruit à l’époque. Conséquence ? « Quand son avion a atterri, on a laissé son équipe entrer, mais, lui a été bloqué », se souvient le chanteur.
IL EST TEMPS QUE LE PEUPLE GUINÉEN JOUISSE DES RICHESSES DE SON SOL. NOUS IRONS JUSQU’AU BOUT
Kemi Seba, qui ne cache pas son soutien aux putschistes, est aujourd’hui le bienvenu à Conakry. Outre la visite des mausolées des héros guinéens de la résistance, il doit durant son séjour animer une conférence de presse et rencontrer Mamadi Doumbouya. « Le président de la transition avait donné son accord, et pour son arrivée en Guinée et pour une audience », assure Elie Kamano.
« Ma mission est de lutter contre le colonialisme, mais n’oublions jamais que celui-ci est exogène et endogène, a déclaré Kemi Seba peu après son arrivée. Certains ont intérêt à ce que des populations qui habitent sur des sols très riches ne jouissent jamais de cette richesse. Il est temps que le peuple guinéen en jouisse. C’est pour cela que je suis là, et nous irons jusqu’au bout, quel que soit le prix à payer. »
Dans cette entreprise, le controversé président de l’ONG Urgences panafricanistes semble avoir trouvé de nouveaux alliés. Pour Siaka Barry, « cette arrivée de Kemi Séba en Guinée, constitue un retour de bâton de l’histoire ».
Celui qui se produisait sur la petite scène dédiée aux jeunes talents en 2019 a prouvé qu’il avait la carrure pour proposer un live digne de ce nom lors de la 13e édition du FEMUA.
Saltos avant et arrière, acrobaties en tout genre… Une armée de danseurs fait une entrée fracassante sur la grande scène de l’Institut de la jeunesse et des sports d’Abidjan, où s’est tenue du 6 au 12 septembre la 13e édition du festival des musiques urbaines d’Anoumabo (FEMUA). Riffs supersoniques, frappes de percussions et chœurs rythment les pas de roukaskas, chorégraphie née en Côte d’Ivoire sous l’impulsion de feu DJ Arafat, roi du coupé-décalé.
Ariel Sheney déboule à son tour sur les planches, muni d’une veste jaune frangée, d’un pantalon en cuir et de lunettes de soleil. Synthétiseur sanglé autour du cou, le président du ghetto – comme on le surnomme ici – a plutôt des allures d’une star du glam rock. « Je suis le lion musical du pays. Je décide de quand on danse et de quand on chante. Je ne suis pas Dieu, mais je suis maître du destin musical de la Côte d’Ivoire », déclame-t-il dès les premières notes du morceau « Etèssê ».
DJ Arafat, un mentor
À 31 ans, Ariel Sheney compte bien assurer la relève du coupé-décalé en mâtinant ses productions de ragga, de rock ou encore de variété. Fini le play-back pour celui qui foulait encore en 2019 la petite scène du FEMUA réservée aux jeunes talents. Deux ans plus tard, le voilà prêt à montrer qu’il a non seulement du coffre mais aussi plus d’une corde à son clavier. Dans un contexte de crise sanitaire mondiale, il était temps pour le chanteur ivoirien de remonter sur scène. Courant 2020, il a en effet vu sa tournée européenne s’interrompre et n’a pu assurer que quatre dates sur quinze.
« Quand le Covid est arrivé, on a vu beaucoup d’artistes de la scène urbaine débarquer de France pour jouer ici, en Afrique. Pour les promoteurs, c’était l’idéal puisqu’ils payaient les musiciens à moindre coût, disons 30 000 euros au lieu de 50 000, détaille-t-il. Mais pour nous, les artistes locaux, ça a été très difficile. On a énormément perdu dans l’histoire. »
Fils d’un père pasteur et saxophoniste, Jean Ariel Srè, de son vrai nom, a d’abord appris à chanter à l’église. Pour lui, la musique est héréditaire. Mais pour ses parents, hors de question d’en faire un métier. « J’ai évolué dans des groupes à Abidjan en cachette, dès l’âge de 12 ans », confie celui qui intègrera plus tard l’Orchestre de la RTI en tant que pianiste. « J’étais en terminale et je devais passer les examens. Mais ce même jour, l’orchestre organisait des castings. J’ai longtemps hésité, mais j’ai fini par louer une salle à l’Insaac, l’école de musique d’Abidjan, pour répéter. Et j’ai été pris. Ça m’a coûté la colère de mon père pendant deux ans », se souvient-t-il.
C’est avec ce même orchestre, lors d’un show télévisé intitulé « Podium », qu’Ariel Sheney fera la rencontre de son futur mentor, avant de le perdre de vue pendant la crise. « Je suis parti me réfugier à Lomé, au Togo, où j’ai à nouveau rencontré Arafat. Il a vu que j’étais carré et on a commencé à travailler ensemble ».
LA FORMATION QUE DJ ARAFAT M’A DONNÉE ME POSITIONNE EN TANT QU’HÉRITIER
L’ancien membre de Yorogang, le groupe et le label montés par DJ Arafat, a longtemps officié dans l’ombre de celui que la jeunesse ivoirienne pleure depuis deux ans. C’est pourtant à Ariel Sheney que l’on doit les arrangements de bien des tubes de l’ancienne star du coupé-décalé, disparue lors d’un accident de moto en 2019. Deux ans auparavant pourtant, Arafat mettait son ex-protégé à la porte, boycottant ainsi ses plus grands tubes de YouTube. La force tranquille, comme lorsqu’on le rencontre au bord de la lagune bordant le site de l’INJS, Ariel Sheney a toujours préféré garder le silence plutôt que de riposter. Aujourd’hui, il est conscient du patrimoine musical que son parrain lui a légué.
« La formation que DJ Arafat m’a donnée me positionne en tant qu’héritier, analyse-t-il. Je m’inscris dans la continuité du travail qu’il a commencé et qu’on a poursuivi ensemble. Avant d’être une musique, le coupé-décalé est un mode de vie qui repose sur l’entraide entre potes, rappelle le gamin d’Abobo. Mais avec la concurrence, on a oublié ce côté solidaire qui constitue la base de cette scène. »
Retenir les jeunes
Pour Ariel Sheney, le coupé-décalé doit aussi passer par un travail d’image. Nombreux sont les artistes dénichés dans les quartiers qui peinent à percer par manque de formation, inexistante dans les institutions locales. « Le talent ne suffit pas, il y a aujourd’hui de nouvelles manières de communiquer, notamment sur le digital », prévient l’ex-poulain de la major Sony. Depuis l’été 2021, c’est au sein de son propre label, AS records, qu’Ariel Sheney continue sa route et produit ainsi de jeunes artistes locaux comme Fior de Bior, la chanteuse Solaya, le petit prodige du rap ivoire SK 07, ou encore Cédric 225.
LA CRISE A AMENÉ LES JEUNES À ALLER VOIR AILLEURS, À PARTIR EN VILLE OU À ALLER EN EUROPE
Une scène urbaine festive et divertissante qui n’en oublie pas pour autant les réalités du pays. « Même dans le coupé-décalé, on essaie de faire passer des messages. Sur « Ghetto » (2017), je m’adressais à mes amis qui « grouillent », qui se démerdent pour survivre, pour leur donner du courage », commente l’initiateur du festival Asoe, qui signifie « merci » en guéré, sa langue maternelle. Cet événement sur l’entrepreneuriat et la formation des jeunes se tiendra du 28 octobre au 1er novembre à Duékoué, ville dont sont originaires ses parents.
« La crise a amené les jeunes à aller voir ailleurs, à partir en ville ou à aller en Europe. On a besoin de manifestations de ce genre pour les retenir, alerte-t-il. Il faut commencer par faire les choses chez soi. Les villes comme Abidjan sont trop saturées, et les autres sont laissées-pour-compte », regrette l’artiste qui travaille sur ce projet depuis deux ans. C’est ensuite au Sénégal, au Bénin et au Cameroun qu’Ariel Sheney s’envolera d’ici la fin de l’année pour livrer de nouveaux concerts.
Femmes dangereuses dans la Bible
De Dalila à la reine de Saba, portrait des femmes dangereuses de la Bible
Nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur la place de la femme dans la Bible. L’occasion pour certain.e.s de questionner l’égalité femmes-hommes dans les textes, tandis que d’autres ont mis en avant l’engagement et la lutte des femmes bibliques.
Mais les rédacteurs de la Bible ont aussi imaginé un type de femmes nocives, dont on parle moins, et qui cumulent à peu près toujours les mêmes caractéristiques : elles sont étrangères et usent de leur charme pour entraîner à leur perte des Hébreux puissants ou respectés.
Figures de l’altérité et de la débauche, ces vénéneuses se révèlent potentiellement castratrices pour les hommes qui croisent leur chemin.
La patronne harceleuse
La première de cette série de femmes, suivant leur ordre d’apparition dans la Bible, est une Égyptienne dont le nom ne nous est pas donné. L’auteur nous apprend seulement qu’elle est l’épouse de Putiphar, un des plus grands personnages du royaume, conseiller du pharaon. Or l’Hébreu Joseph, fils de Jacob, poursuit alors sa carrière professionnelle en Égypte. Grâce à ses remarquables compétences, il est monté en grade jusqu’à devenir le gestionnaire des biens du puissant Putiphar. Il administre aussi bien la maisonnée de son patron que ses domaines agricoles.
Tout va donc pour le mieux, lorsque la femme de Putiphar fait des avances à Joseph qui est beau garçon. « Couche avec moi », demande avec insistance l’Égyptienne (Gn 39, 7). Mais Joseph la repousse. Elle se met alors à le harceler.
Un jour, alors qu’elle se trouve dans sa maison, seule avec lui, elle le saisit par un pan de sa tunique et lui réitère sa demande : « Couche avec moi ». Joseph la repousse à nouveau et prend la fuite, mais sa tunique se détache et reste entre les mains de l’épouse qui fait mine d’appeler à l’aide. Les domestiques accourent, puis le mari rentre à la maison. La patronne harceleuse accuse Joseph d’avoir tenté d’abuser d’elle. Rattrapé, le jeune homme est jeté en prison.
Mais, rassurez-vous, il s’en sortira un peu plus tard grâce à ses extraordinaires qualités et surtout à l’aide de Dieu. L’écueil représenté par la méchante femme n’aura donc été que passager.
Dalila la castratrice
Comme l’Égyptienne qui mit dans l’embarras Joseph, Dalila la Philistine représente elle aussi le péril féminin. Samson, héros viril et juge, c’est-à-dire chef des Hébreux, éprouve une attirance particulière pour les étrangères qu’il préfère aux femmes de son peuple. Il épouse une Philistine qui le trahit avant même la fin du festin de ses noces qui devait durer sept jours (Jg 14, 17). Plus tard, il rend visite, à ses risques et périls, à une prostituée qui vend ses charmes à Gaza (Jg 16, 1).
Enfin, il devient l’amant de Dalila, sans doute la plus nocive de toutes les femmes du moment. Mais Samson est sous le charme. Il se laisse berner par la manipulatrice, allant jusqu’à lui révéler le secret de sa force. « Révèle-moi donc pourquoi ta force est si grande », lui demande Dalila avec insistance (Jg 16, 6). « Comment peux-tu dire : Je t’aime, alors que ton cœur n’est pas avec moi ».
La séduisante Philistine se livre ici à ce que nous qualifierions aujourd’hui de chantage affectif. Samson finit par céder : « Le rasoir n’a jamais passé sur ma tête […]. Si j’étais rasé, alors ma force se retirerait loin de moi, je deviendrais faible et je serais pareil aux autres hommes ». Peu après, Dalila « endormit Samson sur ses genoux et appela un homme qui rasa les sept tresses de sa chevelure ; alors il commença à faiblir et sa force se retira loin de lui ».
L’édition œcuménique de la Bible précise qu’il existe une version plus ancienne du texte hébreu dans laquelle Dalila coupe elle-même les cheveux de son amant : « elle rasa ; elle commença à l’affaiblir ». Cette variante souligne davantage encore le rôle féminin castrateur.
Prévenus par Dalila, les Philistins capturent Samson, désormais bien incapable de se défendre. Ils lui crèvent les yeux et le jettent en prison. Dieu lui permettra néanmoins de se venger, un peu plus tard, lors d’une ultime attaque suicide. À l’occasion des célébrations en l’honneur de Dagôn, leur grand dieu, les chefs philistins exhibent au peuple le prisonnier, depuis la terrasse du temple. Samson prend appui sur deux colonnes et, après avoir prié Dieu de lui rendre une dernière fois sa force, il renverse les colonnes, provoquant l’effondrement de l’édifice. « Que je meure avec les Philistins », sont ses dernières paroles.
L’auteur conclut de ces mots l’épisode : « Les morts qu’il fit mourir par sa mort furent plus nombreux que ceux qu’il avait fait mourir durant sa vie » (Jg 16, 30). En fin de compte, la traîtresse aura été fatale à Samson, mais aussi indirectement à son propre peuple.
Provocante reine de Saba
La Bible comble d’éloges le roi Salomon dont la puissance et la richesse auraient égalé la sagesse. Le souverain domine un vaste empire s’étendant de l’Euphrate à la frontière de l’Égypte. Peuples et rois vassaux lui versent de lourds tributs. Il possède un merveilleux palais, de l’or à profusion, de nombreux chars et chevaux, ainsi qu’un harem composé de 700 épouses « de rang princier » et 300 concubines (1 R 11,3).
Dans un premier temps, Salomon, en pleine possession de ses capacités viriles, parvient à dominer toutes ces femmes. Il réussit aussi à déjouer les pièges de la reine de Saba, spécialement venue à Jérusalem depuis son royaume du sud de l’Arabie, le Yémen actuel, pour tenter de le déstabiliser.
Elle entendait « le mettre à l’épreuve par des énigmes » (1 R 10, 1). Il ne s’agissait donc nullement d’une visite amicale, mais d’une provocation. Cependant, Salomon ne se laisse pas impressionner : il « lui donna la réponse à toutes ses questions ».
Il la domine ainsi par son intelligence supérieure. La souveraine en a le souffle coupé. Elle reconnaît qu’elle a été vaincue par le roi qui la renvoie dans son pays. La reine de Saba incarne à nouveau, comme Dalila, la femme étrangère dangereuse. Mais contrairement à Samson, Salomon ne se laisse pas manipuler.
La souveraine aux jambes poilues
Les développements ultérieurs de cette légende vont dans le même sens, tout en ajoutant de nouveaux ingrédients. Ainsi, dans le Targum Sheni du livre d’Esther (écrit midrashique en araméen, datant sans doute du VIIe ou du VIIIe siècle), Salomon reçoit la reine dans une salle d’audience pavée de cristal. La souveraine croit qu’il s’agit d’un bassin rempli d’eau. Pour le traverser, elle retrousse sa robe. Salomon découvre alors que ses jambes sont… poilues ! « Ta beauté est celle d’une femme, mais tes poils sont plutôt ceux d’un homme », lui fait-il remarquer.
Cette anecdote est censée souligner l’anormalité que représente la femme exerçant le pouvoir politique, caractéristique virile, selon le point de vue du rédacteur. Salomon remet à sa place cette reine qui inverse les rôles masculins et féminins.
Concubines idolâtres
Plus tard, avec l’âge, Salomon finit cependant par perdre ses capacités viriles. Les épouses étrangères sont montrées du doigt comme les véritables responsables de la déchéance de leur époux, lui-même coupable d’avoir introduit dans son lit ces femmes interdites. « Le roi Salomon aima de nombreuses femmes étrangères. […] Elles étaient originaires des nations dont le Seigneur avait dit aux fils d’Israël : Vous n’entrerez pas chez elles et elles n’entreront pas chez vous, sans quoi elles détourneraient vos cœurs vers leurs dieux » (1 R 11, 1-2).
Près de dix semaines après s’être arrogé des pouvoirs exceptionnels, le président tunisien Kaïs Saïed a nommé, mercredi 29 septembre, Najla Bouden Romdhane comme cheffe du gouvernement. C’est la première fois qu’une femme occupe ce poste.
Avec notre correspondante à Tunis, Amira Souilem
Nommée ce mercredi par le président Kaïs Saïed, Najla Bouden Romdhane devient ainsi la première femme cheffe de gouvernement de l’histoire tunisienne. Elle doit désormais tenter de colmater les failles formées par le séisme politique du 25 juillet, date à laquelle le chef d’État tunisien a gelé le Parlement et s’est arrogé des pouvoirs exceptionnels.
La nouvelle cheffe du gouvernement tunisien est géologue de formation. Âgée de 63 ans et ancienne haute fonctionnaire au ministère de l’Enseignement supérieur chargée un temps de faciliter l’accès au marché du travail des diplômés du supérieur, elle doit maintenant « former un gouvernement dans les plus brefs délais », selon la présidence tunisienne.
Polyglotte et parfaitement francophone
Ancienne ingénieure dans le pétrole, Nourane Bouadjila a connu Najla Bouden Romdhane sur les bancs de la faculté, elle était à l'époque son étudiante. « C’est une personne qui sait ce que c’est qu’une stratégie. Qui sait ce que c’est qu’une planification et ce genre de choses. Elle est vraiment comme ça. Il faut planifier les choses. On met en place une stratégie. On a une vision, ce sont des termes qu’elle emploie et c’est sa façon de faire », explique-t-elle.
Polyglotte, parfaitement francophone, Najla Bouden Romdhane disposerait aussi de « soft skills » – qualités humaines en bon français – non négligeables selon Nourane Bouadjila. « C’est une femme très intelligente mais vraiment très intelligente. Elle comprend les gens. Elle comprend les choses assez rapidement comme ça. Très posée. Et elle est forte de caractère », détaille-t-elle.
C'est la première fois dans l'histoire politique tunisienne et arabe qu'une femme soit nommée comme chef de gouvernement.
Neila Zoughlami, présidente de l'association tunisienne des femmes démocrates
Kaïs Saied a insisté, à plusieurs reprises, sur le caractère « historique » de la nomination d'une femme pour la première fois pour diriger le gouvernement en Tunisie. « C'est un honneur pour la Tunisie et un hommage à la femme tunisienne », a-t-il rajouté.
Kaïs Saïed entend rester seul maître à bord
Cette désignation ne fait pourtant pas oublier que Kaïs Saïed entend rester maître à bord. La mission Najla Bouden Romdhane nécessitera qu’elle s'entende parfaitement avec le président tunisien, tant celui-ci a fait comprendre que le chef du gouvernement sera étroitement sous ses ordres. Cette nomination intervient alors que l’exercice solitaire du pouvoir par le président Kaïs Saïed avait attiré de nombreuses inquiétudes au sein de la communauté internationale et de la société civile tunisienne.
Le président tunisien semble vouloir éviter les blocages connus du temps où Hichem Mechichi était chef du gouvernement. Faute de pouvoir se mettre d’accord sur la composition du gouvernement, les deux hommes s’étaient livrés une guerre froide qui avait duré des mois aggravant la paralysie de la vie politique tunisienne. Si le Parlement reste gelé, la nouvelle cheffe du gouvernement ne pourra pas faire valider son équipe gouvernementale par les députés.
En cas de vacance de la présidence, c’est pourtant Najla Bouden Romdhane qui prendra les rênes du pays.
• Najla Bouden Romdhane à la Une de la presse tunisienne
La nouvelle cheffe du gouvernement tunisien c’est une « lueur d’espoir » pour le site Leaders qui souligne qu’après avoir donné le coup d’envoi des révolutions arabes, la Tunisie fait bouger les lignes -encore une fois- en se dotant de la première femme cheffe d’un gouvernement dans la région.
Alors cette femme, fait remarquer Kapitalis, a planché par le passé sur l’insertion professionnelle des diplômés de l’université, c’est important alors que le taux de chômage des jeunes explose tous les records, mais cette femme est une néophyte en politique politicienne. Pas innocent quand on connaît les déboires que Kaïs Saïed a eu avec son ancien chef du gouvernement Hichem Mechichi.
Sur Mosaïque FM, une radio tunisienne, un chroniqueur faisait remarquer qu’en plus d’être historique, cette nomination était très habile. Une façon de détourner l’attention sur les accusations d’autoritarisme dont se sont fait écho des associations de défense de droits de l’homme pour la focaliser plutôt sur cette femme.
Autre petit bémol dans ce concert de louanges. Cette géologue, brillante universitaire risque d’être, hyperprésidentialisation du pouvoir oblige, une simple exécutante selon un député dont les propos ont été repris par le site Tunisie Numérique.
Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes. La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)
La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)