Témoignages

 

Dans le numéro 1080 du "Petit Echo" cet article bien intéressant qui retrace les soixante années de présence des Pères Blancs au Sénégal.

 

Les Pères Blancs au Sénégal

Après son décès, en février dernier, parmi les nombreux écrits laissés par Joseph de Benoist, le P. François Richard a trouvé cet article non publié. Dans notre préparation du 150ème anniversaire de la Société, nous faisons mémoire de certaines figures de confrères qui ont marqué leur entourage… Ici, nous avons plusieurs confrères qui ont écrit une page de l’histoire de l’Eglise au Sénégal, que sans doute beaucoup d’entre nous ne connaissent pas.

Les premiers Pères Blancs à venir au Sénégal sont les PP.Eveillard, Dupuis et Ficheux, compagnons du P.Augustin Hacquard, qui venaient fonder les missions de Ségou et de Tombouctou. Débarqués le 5 janvier 1895 à Dakar, ils prirent le train pour Saint-Louis du Sénégal, où le P.Hacquard donna une conférence à l’Alliance Française. Le 16 janvier 1895, la caravane embarqua sur le Brière de l’Isle, un vapeur de 50 tonneaux qui, en cette période de basses eaux, n’allait que jusqu’à Podor où il arriva le lendemain et où les missionnaires embarquèrent sur des chalands qui les amenèrent à Kayes le 12 février. De là les Pères continuèrent leur route en train, en pirogue, à cheval et à pied jusqu’à Ségou où ils arrivèrent le 1er avril 1895. Les années suivantes, plusieurs caravanes de Pères Blancs transitèrent par le Sénégal, où ils reçurent toujours un accueil très fraternel des PP. Spiritains.

                              P. Augustin Hacquard et P. Auguste Dupuis

En juin 1947, les Ordinaires appartenant aux trois Instituts missionnaires travaillant en Afrique Occidentale française (Congrégation du Saint-Esprit, Missions Africaines, Pères Blancs) se réunirent à Koumi ; étaient absents, deux évêques spiritains : Mgr Grimault (Dakar, alors démissionnaire) et Mgr Lerouge (Conakry). Les évêques décidèrent de coordonner leurs activités et nommèrent le P. Jacques Bertho (SMA), représentant fédéral de l’Enseignement Privé Catholique, et le P. Georges Courrier, spiritain, directeur fédéral des Œuvres (cela désignait alors toutes les formes d’Apostolat des Laïcs). Ils demandèrent aux Pères Blancs de prendre en charge la communication sociale.

           P. Marcel Paternot dirigeant une prière

Cette tâche fut confièe au P. Marcel Paternot, ancien préfet apostolique de Bobo-Dioulasso, démissionnaire à la suite d’un accident et alors procureur à Lyon. En 1948, le P. Paternot arriva à Dakar, mais le P. Salomon, alors vicaire capitulaire, lui demanda de s’installer à Rufisque, à 25 km de Dakar. Le Père obtint bientôt de louer à l’Armée française des baraquements situés à Cambérène , dans les environs immédiats de la capitale. Il reçut du renfort en la personne des PP. Prost, Rummelhardt et Jamet et du Fr. Roger-Marie. Un peu plus tard arriva le P. Henri Etienne qui prit en charge une procure : à l’époque la plupart des Pères Blancs allant au Soudan voyageaient par bateau et transitaient par Dakar. Le P. Paternot acheta un terrain entre le quartier résidentiel et administratif du Plateau et du quartier populaire de la Médina. Il y fit construire un immeuble de deux étages, en face de l’actuelle Grande Mosquée. En même temps il prépara le lancement d’un périodique.

P. Jamet

Le premier numéro d’Afrique Nouvelle parut le 15 juin 1947. D’abord bimensuel, la publication devint très vite hebdomadaire et était diffusée en AOF, au Cameroun et en AEF en attendant que soient créés La Semaine en AEF et l’Effort Camerounais. Dans ce premier numéro, l’éditorial était de Joseph Ki Zerbo, et le P. Paternot expliquait la devise du journal : Connaître, Aimer, Servir. En octobre 1950, le Conseil généralice envoya deux confrères acquérir une formation professionnelle à l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille : les PP. François Jacquet (ordination 1949) et le P. Roger de Benoist (ordination 1950). Le P. Jacquet vint renforcer l’équipe dés octobre 1950, et le P. de Benoist, après quelques stages en France, arriva à Dakar le 15 mai 1951 en remplacement du P.Jamet.

Malgré un tirage qui resta toujours modeste, Afrique Nouvelle devint très vite un élément essentiel de l’évolution socio-politique de l’AOF. Pendant les quinze premières années de son existence, l’hebdomadaire n’eut aucune concurrence (ni radio, ni télévision et presque pas d’autres journaux). Il devint très vite l’unique moyen de dialogue entre les dirigeants africains et leurs électeurs. Félix Houphouët Boigny a dit : « Si vous voulez faire savoir quelque chose en AOF, écrivez-le dans Afrique Nouvelle ». Un procès intenté par le Gouverneur général Béchard en 1951 confirma la conviction des lecteurs que l’équipe du journal était aux côtés des Africains dans leur combat contre les abus de la colonisation et bientôt dans leur aspiration à l’indépendance.

Cette orientation du journal ne plaisait pas à son tuteur ecclésiastique, Mgr Marcel Lefebvre, vicaire apostolique, puis archevêque de Dakar. Ce dernier demanda au Supérieur général des Pères Blancs le départ du P. Paternot en août 1952 , et celui de son successeur, le P. Rummelhardt en septembre 1954. Rome demanda au P. de Benoist d’assurer pour quatre mois un interim de la direction. Faute d’un accord entre Mgr Lefebvre et les Pères Blancs sur la nomination d’un nouveau directeur, cet interim dura jusqu’à la fin de 1959. (Lorsque le P. de Benoist déposa son dossier administratif de directeur de publication, il reçut l‘autorisation de devenir directeur de publication sous les prénoms de Joseph Marie Roger, ce dernier étant le seul couramment utilisé jusque là par ses proches. D’où la modification de l’état-civil du Père : Joseph-Roger.) Entre temps jaillit une autre source de conflit. Le journal était fabriqué dans une imprimerie commerciale. En 1955, pour pouvoir assumer plus complètement la mission reçue en 1945, les Pères Blancs envisagèrent de créer une Oeuvre de presse avec une imprimerie commerciale capable de publier d’autres organes et des livres. Les Sœurs de Saint-Pierre Claver, spécialisées dans l’apostolat du livre, étaient prêtes à venir s’installer à Dakar. Craignant une concurrence pour son imprimerie diocésaine, qui était source de revenus, Mgr Lefèbvre s’opposa à cette fondation, fit appel à l’Œuvre de Saint-Paul (Fribourg) pour diriger sa propre imprimerie et obligea les Pères Blancs à y faire imprimer Afrique Nouvelle. En 1955, le P. Louis Martin fut

P. Louis Martin

affecté à la rédaction. En marge de leur travail au journal, les Pères ont toujours eu une activité apostolique : messe dominicale pour les chrétiens de leur quartier, aumôneries diverses ( Marine française, scouts, JOC/F). En 1958, le P. de Benoist obtint de Rome une importante subvention pour construire une Maison de la Presse, dont il avait déjà les plans, et M.Mamadou Dia, alors chef du gouvernement sénégalais, lui donna pour construire le bâtiment, le terrain situé en face de la maison des Pères Blancs et sur lequel fut édifié plus tard le minaret de la Grande Mosquée…

Le projet ne fut pas réalisé : dans le courant de 1959. Mgr Lefèbvre demanda le départ du P. de Benoist qui fut effectif en décembre. (Le P. de Benoist resta alors quatre ans au Mali : stage de langue à Faladyé, dix-huit mois à Kolongotomo, deux ans à Bamako où il ouvrit la librairie Djoliba, germe du Centre du même nom.) Ce fut l’occasion pour transmettre la responsabilité du journal aux laïcs, seul le P. Martin y travaillant encore quelques mois. Les Pères Blancs souhaitant conserver à Dakar, au moins pendant quelque temps, une procure, ils achetèrent au Point A une villa où s’installa le P. Etienne, bientôt rejoint par les PP. Bouteille (venant de Bamako) et Fournier-Leray (de Guinée). Ceux-ci assuraient l’enseignement religieux dans plusieurs établissements scolaires.

En 1968, Mgr Hyacinthe Thiandoum, successeur de Mgr Lefèbvre à la tête de l’archidiocèse, demanda aux Pères Blancs un prêtre pour desservir la paroisse Saint-Pierre des Baobabs, fondée en 1960 par l’abbé Baudu, prêtre Fidei Donum, qui était rentré en France. Le P. Bouteille s’installa dans la sacristie de la grande salle qui servait d’église. En avril 1976, quand Mgr Thiandoum demanda aux Pères Blancs de prendre la paroisse en charge, ceux-ci acceptèrent à condition que le diocèse construise l’église paroissiale. Pour cela ils firent don de leur immeuble dont la vente aurait dû normalement financer la construction de l’église. Mais l’économe diocésain, le P. Vassal, spiritain, préféra le louer, les loyers permettant de rembourser l’emprunt fait pour édifier un immeuble de rapport, qu’il avait fait construire au sommet du Plateau, connu sous le nom d’immeuble rose (avenue de Jambaar).

Le P. Bouteille travailla alors au Secrétariat Episcopal de Pastorale (SEP) et en prit quelque temps la direction ; il logeait alors à la paroisse des Martyrs de l’Ouganda, chez les PP. Piaristes catalans. Une équipe de Pères Blancs prit alors en charge la paroisse Saint-Pierre des Baobabs : s’y succédèrent les PP. Nellis, Decavelé, Continente, Labiano, Balduz. Le P. Fondeur vint s’occuper pendant quelque temps de l’administration d’Afrique Nouvelle. Faute d’avoir une église, le P. Decavelé trouva auprès de bienfaiteurs belges les fonds pour construire une grande salle polyvalente à côté du presbytère. Il était très populaire auprès des jeunes catholiques sénégalais. En 1986, le Supérieur régional du Mali jugea opportun de retirer les Pères de la paroisse, qui fut alors reprise par les PP. Sacramentins italiens, déjà responsables de la paroisse voisine de Saint-Joseph de Médina. Le départ du P. Etienne, mort à Paris en 1978, avait entraîné la suppression de la Procure et la vente de la villa du Pont A.

En 1973, le P. de Benoist était à Bobo-Dioulasso et il venait de publier la biographie du P. Jean-Louis Goarnisson, qui avait été conseiller général de la Haute-Volta. Cela conduisit le Père à reprendre contact avec l’histoire de la décolonisation. A l’occasion d’une rencontre avec le Président Léopold Sédar Senghor dans sa villa de Verson, en Normandie, celui-ci lui suggéra de venir travailler à Dakar dans le cadre de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN). Pour cela, le Père s’inscrivit à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes en sciences sociales pour y obtenir en 1976 le diplôme des Hautes Etudes (La balkanisation de l’AOF) et en juillet 1976 le doctorat de 3ème cycle. Il avait passé quelque temps en AOF et notamment au Sénégal, pour y achever sa thèse (L’AOF de 1944 à 1960). Il entra comme chercheur à l’IFAN en octobre 1978, obtint le doctorat d’Etat en avril 1985 (Administration coloniale et Missions catholiques au Soudan et en Haute-Volta) et fut en 1990 le premier directeur de recherche de l’Institut. A partir de 1989, il fut nommé conseiller du Musée historique du Sénégal à Gorée, ce qui l’amena à se spécialiser dans l’histoire de l’île. Pendant toute cette période, il habita un logement personnel et participa au ministère à la Cathédrale comme vicaire dominical (Fonction qu’il a occupée jusqu’à son départ du Sénégal). Le 1er janvier 1993, il fut mis à la retraite de l’IFAN et s’installa à la Procure du diocèse, puis, à partir de 2002 au presbytère de la Cathédrale. Les évêques du Sénégal lui demandèrent de faire l’histoire de l’Eglise catholique au Sénégal. Le livre (Du milieu du XVe siècle à l’aube du 3ème millénaire : l’Eglise catholique au Sénégal) parut aux éditions Karthala en 2008. Entre temps il a publié une Histoire de Gorée (en collaboration, chez Maisonneuve et Larose), un livre sur le Mali (publié et réédité à L’Harmattan) et un portrait de Léopold Sédar Senghor, politique et chrétien (Editions Beauchesne). Le Père de Benoist rentra définitivement en France en 20. La contribution de la Société à la vie de l’Église au Sénégal a duré a duré 60 ans.

Joseph Roger de Benoist

Le père Joseph Olivaud est décédé  le 9 juin 2017.
Il a passé de nombreuses années en Afrique de l'Ouest.
Il est facile de retrouver les détails de sa vie en lisant ce qui suit

De la part du Provincial de France.

"Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui sont morts". 1 Cor 15, 20



Le Père Provincial de France des Pères Blancs
vous fait part du retour au Seigneur du Père
The Provincial of the Missionaries of Africa of France
informs you of the return to the Lord of Father


Joseph Olivaud

du diocèse de Nantes

décédé le 9 juin 2017

à Pau,

à l'âge de 94 ans


dont 67 ans de vie missionnaire essentiellement en Guinée,

au Burkina Faso, en France.

 

He died on June 9th, 2017, in Pau, France
at the age of 94 years of which 67 of missionary life in Guinea, Burkina Faso and in France

 

La messe des funérailles a eu lieu en notre chapelle de Billère

le mardi 13 juin 2017  à 10 h 00.

Voir aussi : * son témoignage pour ses 60 ans de sacerdoce

Prions pour lui et sa famille, ainsi que ses proches et amis.

Patrick Bataille, M.Afr.


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Jalons de la vie du
Père Joseph Olivaud

Nat.: Fr.
Diocèse d'origine
Nantes
NAISSANCE
Crossac
25/06/1922
Année Spirituelle
Maison-Carrée
01/10/1947
Serment
Carthage
30/09/1949
Prêtrise
Carthage
01/02/1950

 

09/11/1950 Vicaire Samoé, P.Nzérékoré Guinée


29/09/1955 Nantes France


16/12/1957 Ste Foy-lès-Lyon


15/07/1960 Supérieur Nzérékoré Guinée


02/01/1963 Samoé


03/09/1965 Nantes France


01/01/1966 Grande Retraite Villa Cavalletti


01/01/1968 Vicaire Diebougou, D.Bobo-Dioulasso. Haute Volta


10/07/1968 Econome Intersémin. Ouagadougou


15/11/1976 Guilongou Haute Volta


01/01/1977 Recyclage L'Arbresle France


01/06/1978 Econome Guilongou CELA Burkina Faso


01/01/1981 Vicaire Kombisri,D.Ouagadougou


02/08/1982 Econome Billère France


15/07/1988 Responsable Nantes France


05/06/1990 Session-Retraite Jérusalem


01/10/1990 Supérieur Bobo-D., Evêché Burkina Faso


01/06/1992 Supérieur Bobo-D., Evêché Burkina


01/09/1994 Econome+Accueil Bobo-D., Evêché Burkina


19/04/1999 Nommé Fr.(PE.99/6)


05/08/1999 Retour:Econome Paris,Printemps France


01/07/2000 Socius Toulouse, Crampel France


10/04/2003 Résidence Billère


09/06/2017 Retour au Seigneur à Pau


"Il ne faut pas que vous vous attristiez comme les autres qui n'ont pas d'Espérance". Thess 4,13

Nous le recommandons instamment à votre prière.

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Parmi ceux qui célébraient leur jubilé de serment missionnaire dans notre maison de Bry-sur-Marne en France, le 10 juin passé, ils sont nombreux à avoir vécu en Afrique de l'Ouest.
Par ailleurs, sur les photos publiées sur le site des Pères Blancs de France, nombreux sont ceux qui ont servi dans cette même province.

 

Missionnaires d'Afrique
Pères Blancs France Bry-sur-Marne

70 ans de Serment
Père Jean Fisset

65 ans de Serment
Pères Hubert Barbier,
Pierre Jullien, Jean Devriésère, Xavier Keiffer

60 ans de Serment
Père Gaston Wiltgen

Liste de tous nos Jubilaires de Serment Missionnaire
Liste de tous nos Jubilaires d'Ordination sacerdotale

Célébration des jubilaires à Bry-sur-Marne, le 10 Juin 2017

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1. Père Jean Fisset 70 ans de Serment donnant l'homélie (Son témoignage)
2. Père Charles Sarti et Père Xavier Kieffer 65 ans de Serment (à gauche)

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1 A gauche Père Gaston Wiltgen 60 ans de Serment, P. Bernard Lefebvre 1er Conseiller et Pierre Landreau responsable adjoint de Bry

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1. Père Gaston Wiltgen. 2. 1er rang Père Jean Fisset, Jean Devriésère et Pierre Jullien 65 ans de Serment

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1. Pères Charles Bailleul, Bruno Chupin, Denys Pillet
2. P. Justin Louvard

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1. Pères Gérard Demeerseman, Jean Fisset
2. P. Patrick Bataille Délégué provincial, Augustin de Clebsattel et Georges Bergantz

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2. Pères Jean Fisset 70 ans de Serment, Jean Devriésères, Pierre Jullien, Hubert Barbier 65 ans de Serment.

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2. P. Maurice Dugay, François de Gaulle, F. Henri Frouin, François Jacquinod et Pierre Jullien (de dos)


La messe fut suivie par un repas fraternel et convivial.

© Photos Jean-Yves Chevalier

Dans le dernier "Petit Echo" ce texte sur une des communautés présentes en RDC, à Lubumbashi.

Sainte Bernadette : Une Communauté-Témoin

La communauté Sainte Bernadette et l’une des deux communautés des Missionnaires d’Afrique se trouvant à Lubumbashi dans le Haut Katanga en RD Congo. Elle est située dans un secteur de l’Archidiocèse de Lubumbashi où l’œuvre des missionnaires d’Afrique a brillé depuis plus de 40 ans.

Actuellement notre communauté s’occupe de deux paroisses à savoir ; Sainte Bernadette qui est aussi notre lieu d’habitation et Saint Jean Baptiste à plus au moins 3 km de notre maison. A l’heure actuelle, la communauté compte en son sein 4 confères et 3 stagiaires de six nationalités différentes. Quel bon témoignage de l’internationalité et de l’interculturalité !

La règle de trois :

Le chapitre Générale de 2016, restant fidèle aux instructions de notre fondateur ainsi qu’à nos constitutions et lois, a réitéré avec vigueur et conviction l’importance de la règle de trois. J’avoue en passant que la vie communautaire constituait l’une des motivations qui m’ont poussé à devenir Missionnaire d’Afrique. Durant mes sept année de séjour à Sainte Bernadette, notre communauté a toujours compté en son sein au moins trois confères et deux stagiaires. Certes, ce serait trop prétentieux de parler d’une communauté parfaite, mais chacun des membres fait de son mieux pour favoriser l’unité, la charité fraternelle et le climat d’entente. Le fait que nous provenons de pays différents est en soit un témoignage vivant auprès de la population souvent déchirée par la haine tribale. L’interculturalité est donc acquise et elle constitue pour nous une grande richesse. En cas de tensions internes et externes qui caractérisent toute communauté humaine, il y a toujours une porte de sortie à travers des échanges francs et la compréhension mutuelle. En l’occurrence, ces jours où nous traversons une période de crise politique dans notre pays, ont eu comme conséquence à deux reprises les attaques de nos paroisses. Ces événements malheureux ont occasionné pour nous un moment fort pour nous soutenir et nous encourager mutuellement.

Les confrères de Lubumbashi, lors de la visite de l’Assistant provincial, le P. Gilbert Bujiriri (debout à droite)

Accueil des nouveaux confrères

Accueillir les nouveaux confrères et/ou le stagiaire est devenu notre tradition depuis quelques années. Depuis mon arrivée, il y de cela 7 ans, la communauté a accueilli au moins un confrère et un stagiaire par an. Bien sûr, nous avons aussi dit au revoir à autant en cette même période. Comme notre vie commune et apostolique se construit autour d’un projet communautaire, il va de soi qu’à chaque nouvelle arrivée ce projet est soumis à une révision pour bien intégrer les nouveaux. Cela favorise la prise en compte de leurs desiderata pour leur permettre de se sentir partie intégrante de notre communauté. J’estime que c’est ce bon accueil des confrères et stagiaires qui explique leur bonne intégration et évolution non seulement dans la communauté mais aussi dans la pastorale paroissiale. Ils reçoivent aussi les tâches communautaires et paroissiales selon leurs aptitudes, ce qui favorise la confiance mutuelle et la coresponsabilité.

Les moments de partage communautaire qui impliquent la franchise, l’écoute attentive, le respect et l’acceptation de l’autre signifie pour nous que nous ne vivons pas les uns à côté des autres mais les uns avec les autres dans un esprit de corps. À l’arrivée d’un confrère ou stagiaire, nous organisons un moment de présentation de chaque membre quant à nos origines, notre vie familiale, nous goûts préférés et notre vocation et parcours missionnaire. Cela nous aide à nous connaitre d’avantage. Nous organisons aussi des moments de partage de l’évangile une fois par semaine, le partage des fruits de notre prière lors de notre recollection mensuelle, ou même le partage sur nos activités apostoliques lors de nos conseils hebdomadaires que nous animons à tour de rôle; le partage spontané pendant nos repas, nos soirées communautaires ou même pendant nos fêtes d’anniversaire, n’est pas à négliger.

À table, en communauté, moment de fraternité.

Particularité pastorale

En ce qui concerne notre vie apostolique, notre communauté a depuis longtemps vécu une tradition enrichissante de desservir plusieurs paroisses. Elles étaient au nombre de trois à un certain moment, maintenant il nous en reste deux. C’est une bonne organisation pastorale qui peut aussi être à la base du fait que notre communauté a toujours respecté la règle de trois malgré la crise du personnel qu’a traversé notre Société missionnaire ces dernières années. Avec trois paroisses, il fallait nécessairement trois curés, ce qui veut dire au moins trois confrères en communauté. J’apprécie surtout l’esprit de collaboration qui nous anime, car, dans la mesure du possible, nous essayons de nous entraider et de nous ouvrir aux réalités d’autres paroisses à travers notre travail et nos échanges d’expériences. Cela donne aussi un champ d’activité apostolique assez vaste pour nos stagiaires.

Au soir de mon séjour à Lubumbashi, je peux dire avec fierté que mon expérience de vie communautaire à Sainte Bernadette a été très épanouissante et enrichissante. Elle restera toujours gravée dans ma mémoire. Devenu curé d’une paroisse sans beaucoup d’expérience seulement une année après mon ordination, j’estime que c’est la bonne expérience de vie communautaire qui m’a allégé la tâche autrement lourde. Grâce à cette communauté accueillante et priante, les fruits de mes sept années de vie missionnaire à Lubumbashi sont bien palpables et j’ai foi qu’ils pourront demeurer. Comme notre maître Jésus Lui- même l’a dit dans sa prière sacerdotale ; « … je vous ai donné mission pour que vous alliez et que vous portiez du fruit et que ce fruit demeure. (Jn 15,16). Cela est aussi ma prière !

Theobald Muchunguzi

Dans la revue des Pères Blancs, le "Petit Echo", le témoignage du père James Ngahy, originaire de Tanzanie, et qui travaille au Nigéria.

Honneur et dignité de la Vocation Missionnaire

Toute vocation dans l’Église catholique est un don ; c’est un honneur qui nous est offert par Dieu lui-même, et non pas un droit mérité. Comme c’est un don, nous devons y répondre de manière positive. La vocation missionnaire, révélée et exprimée dans le ministère d’un prêtre, d’un frère ou d’une sœur, fait partie de l’éventail des vocations présentes et honorées dans l’Église. Comme nous le savons bien, ce n’est pas un travail, c’est un appel à une vocation spécifique et particulière (réf. Ignatius A. Tambudzai et Chikere C. Ugwuanyi dans “The priestly ministry in Africa” p.204: «Personne ne prend cet honneur pour lui-même, mais reconnait seulement qu’il est appelé par Dieu» (Hébreux 5 : 4). Quand nous regardons la prêtrise dans la lettre aux Hébreux, nous trouvons qu’elle renvoie à la prêtrise de l’Ancien Testament nous conduisant à une compréhension du mystère du Christ prêtre.

«Ce n’est pas le Christ qui s’est glorifié lui-même en devenant le grand prêtre, mais plutôt celui qui lui a dit : vous êtes prêtre pour toujours selon l’ordre de Melchisédek» (Hébreux 5: 5-6).

La vocation missionnaire n’est donc pas une profession, c’est un appel. Les gens dans le monde séculier se conduisent professionnellement, mais ne peuvent pas considérer leur travail comme un appel. La vie missionnaire comme vocation tire sa dignité et son honneur d’une motivation intérieure qui permet de s’identifier à ses fonctions plutôt que de simplement les exécuter. Le missionnaire ne cherche pas la reconnaissance publique, une plus grande autonomie ou une récompense. La dignité et l’honneur dans la vie missionnaire trouvent leur expression dans l’obligation d’être avec et de servir le peuple de Dieu. Par conséquent, l’Église nous envoie comme missionnaires surtout comme membres d’une congrégation missionnaire. Nous devons devenir Eucharistie pour le peuple qui nous est confié. Nous devons être mangés dans le sens que nous devons vraiment et sincèrement nous mettre à la disposition du peuple de Dieu.

Visiter les malades et les personnes âgées, être à la disposition de ceux qui ont besoin de notre service ministériel et partager le peu que nous avons avec ceux qui ont besoin ne peut pas être pris pour acquis. Il est triste et décourageant de voir un prêtre ou un confrère faire le minimum dans son ministère en attendant seulement son allocation mensuelle accordée par son évêque ou son supérieur ou, dans notre cas, par notre Société. Cependant, il se peut qu’un confrère ne s’intéresse qu’aux choses matérielles. L’évêque Kukah du diocèse de Sokoto au Nigéria a déclaré : «Dieu sait ce que vous professez et certainement les gens savent ce que vous professez, mais sans doute aujourd’hui, les gens questionnent votre façon de le vivre. Alors que de nombreuses personnes au Nigeria souffrent aujourd’hui de la pauvreté et de la misère, les dirigeants de l’Église et les hommes de Dieu qui ont fait le vœu de pauvreté profitent d’un confort matériel adéquat et vivent souvent dans des maisons très confortables, ont des autos et profitent de la technologie moderne des téléphones et ordinateurs. (Discussion au symposium en l’honneur de l’archevêque Charles Heerey, 1er archevêque d’Onitsha, Nigeria).

Cependant, la vie missionnaire comme un appel ou une vocation est un mystère. Par conséquent, c’est ouvert à la discussion, et il est nécessaire d’en discuter. Nous ne pouvons jamais arrêter une discussion sur un mystère, que ce soit un mystère aussi élevé que la Trinité, l’Incarnation ou le Salut, ou un mystère d’un autre ordre comme l’Église, l’Eucharistie, la vie humaine, la souffrance et la mort. L’exposé d’un mystère apporte des éclaircissements et peut rendre son contenu pertinent pour le monde contemporain. Le récit du mystère de la vie missionnaire, le sacerdoce en particulier restera ouvert jusqu’à la venue de la Parousie. Cependant, la dignité et l’honneur de cette vocation se réalisent et se concrétisent dans un missionnaire qui est un leader, un presbyteros, un aîné au sens d’un bon berger qui est prêt à partager son leadership avec les fidèles. Il n’est pas un chef « omnipotent » ni un demi-dieu. C’est très différent du leadership politique ou mondain avec ses prix et ses récompenses ! Un bon berger doit embrasser le ministère collaboratif en encourageant les fidèles à prendre des initiatives dans l’Église puisque les fidèles partagent le sacerdoce commun par leur baptême. Bien que nous, en tant que dirigeants de l’Église, ayons de l’autorité, nous ne devons pas réclamer la domination ou le pouvoir pour nous-mêmes. En fait, nous devons être crédibles et responsables dans notre leadership pastoral et notre ministère basé sur l’amour et le service, à l’exemple du grand prêtre Jésus-Christ. Quel sens y-a-t-il pour un missionnaire de quitter son propre pays pour la mission que le Christ lui a confiée par l’Église et de rendre la vie pénible au peuple de Dieu dont il doit prendre soin et qu’il est censé servir et ne pas être servi ?

Quelle joie ou bonne nouvelle un missionnaire, qui se lamente toujours, se plaint, voit tout de façon négative, apporte-t-il à son témoignage missionnaire ? Est-il vraiment un instrument de «la Joie de l’Évangile » ?

Il est évident que tout prêtre, tout missionnaire, motivé par un désir de pouvoir, est enclin à mettre davantage l’accent sur son autorité que sur son service du troupeau qui lui est confié. Dans ce scénario, les décisions sont facilement prises sans compréhension et sans compassion surtout lorsque le presbyteros est considéré comme un titre personnel et ignore son sens original comme une vocation et une responsabilité donnée par Dieu. Cela finit par équivaloir le leadership politique qui favorise l’esprit de «l’égoïsme, la cupidité, la possessivité et le matérialisme.» C’est l’esprit de Moi, Moi et Moi. Cela devient un honneur que le missionnaire s’est approprié et n’est pas de Dieu. Cet esprit éradique la dignité et l’honneur de la vie missionnaire ou du sacerdoce. Jésus était en colère contre les scribes et les pharisiens, parce qu’ils étaient trop occupés par l’honneur, et par la célébrité (voir George Manalel, «Priest as a Man : Counselling for the Clergy», pp. 64-70). Le sacrement du sacerdoce communique une «puissance sacrée» qui n’est autre que celle du Christ Lui-même. L’exercice de cette autorité doit donc être mesuré contre le modèle du Christ qui, par amour, s’est fait le plus petit et le serviteur de tous.

Dans l’ensemble, toute vocation doit être soutenue positivement par les responsabilités et les tâches qui nous sont confiées. Elle doit faire ressortir pleinement la «Joie de l’Évangile», sinon, cette dignité et cet honneur perdent leur sens. En d’autres mots, en tant que missionnaires ou prêtres, nous devrions être heureux et fiers de notre ministère pastoral. Misérable missionnaire, misérable ministère, donc misérable mission! Nous sommes appelés à être et à apporter une Bonne Nouvelle et non vice versa!

Fr. James Ngahy

Sous-catégories

Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)