De plus en plus on parle dans notre Société de « nos projets missionnaires hors d’Afrique ». Pour bien comprendre notre place il me semble bon que vous publiiez la lettre du pape François à l’occasion du centenaire de l’encyclique « Maximum illud ». Je cite deux petites phrases pour que vous compreniez mieux pourquoi je dis cela :
« Tout renouvellement dans l’Église doit avoir pour but la mission, afin de ne pas tomber dans le risque d’une Église centrée sur elle-même ”. “ Que l’approche de son centenaire soit un stimulant pour dépasser la tentation récurrente qui se cache derrière toute introversion ecclésiale, toute fermeture auto-référentielle dans ses propres limites sécuritaires. »
Je retiens deux mots qui sont semblables : Église centrée sur elle-même et introversion ecclésiale. Pour le pape il s’agit d’une tentation, qui peut être aussi bien présente en Afrique qu’en Europe.
Nous voulons fêter le 150ème anniversaire de la Société. Notre fondateur a voulu unir l’Afrique et l’Europe dans une même foi où nous sommes tous de frères.
Ces tentations dont parle le pape sont les tentations qui nous éloignent les uns des autres. Le pape signale toute fermeture auto-référentielle dans ses propres limites sécuritaires. Ces tentations ont pour résultat, la perte de l’élan missionnaire. D’où le souhait du pape : que jamais ne nous soit volé l’enthousiasme missionnaire !
Mais où se trouvent ces tentations qui minent l’enthousiasme missionnaire ? Avons-nous peur de les regarder en face ? Comment les signaler dans la charité ?
Le pape François insiste en reprenant les mots de Jean-Paul II : « L’activité missionnaire représente, aujourd’hui encore, le plus grand des défis pour l’Église ». L’Église qui n’est pas missionnaire en Europe ou en Afrique n’est pas celle de Jésus-Christ.
Cantonner l’Église d’Afrique ou d’Europe dans leurs frontières géographiques, c’est l’étouffer en l’empêchant de grandir. L’Église est appelée à grandir dans la communion et le partage. Une Église qui s’enferme en elle-même est une Église qui manque du souffle de l’Esprit et qui dépérit lentement. Pour le pape François, l’annonce de l’évangile doit aboutir à « des actions concrètes de coopération et solidarité entre les Églises ». La lettre se présente comme un appel partout où l’Église se trouve à une conversion pastorale et missionnaire à partir de la réalité que nous vivons.
En Europe
Nous avons connu un temps où l’Église était spécialement vivante quand elle partageait sa foi et envoyait ses missionnaires en Amérique, en Afrique et en Asie. Nous vivons actuellement un retrait de l’élan missionnaire de l’Église en Europe qui s’accompagne parfois de la tentation de l’autosuffisance, ce que la Pape qualifie d’introversion ecclésiale.
Le Pape semble inviter l’Église en Europe à une double action :
- Retrouver un langage, traduit par des actions concrètes, qui attirent les jeunes vers la coopération avec d’autres Eglises;
- Joie et humilité dans l’accueil des missionnaires venant de l’Église provenant d’autres pays qui rend notre Église plus catholique.
En Afrique
La tentation d’une Église bien établie en Afrique, indépendante et autosuffisante par les vocations religieuses et sacerdotales n’est pas loin de certaines mentalités ecclésiales. Dans la mesure où ce souhait de se suffire est étalé au grand jour, cela ferme les portes aux missionnaires qui voudraient aller collaborer avec l’Église en Afrique. Et surtout cela nous éloigne d’un Sauveur Jésus qui nous rassemble dans son amour. Le grand souhait de Jésus est que tous soient une tombe brisée en morceaux.
Permettez-moi de finir avec le désir du Pape François : « Que jamais ne nous soit volé l’enthousiasme missionnaire. »
German Arconada, M.Afr.