Vu au Sud - Vu du Sud

Mali: dix partis quittent la majorité présidentielle
pour former une alliance

Tiéman Hubert Coulibaly en 2016.
© Wikimedia commons

Au Mali, la majorité présidentielle, constituée de partis politiques et d'associations regroupés au sein de l'alliance Ensemble pour le Mali (EPM), vole en éclat. Une nouvelle alliance de plus d'une dizaine de partis politiques et d'associations regroupés au sein de l'alliance Action républicaine pour le progrès (ARP) a vu le jour ce 7 juin. Elle se veut un nouveau pôle de soutien au président malien, en dehors de l'actuelle majorité et propose une nouvelle respiration politique.

Au Mali, les partis politiques et associations membres de l’alliance dénommée Action républicaine pour le progrès (ARP) ne se reconnaissent plus dans l’actuel regroupement de la majorité présidentielle, Ensemble pour le Mali (EPM).

« Il est nécessaire aujourd’hui pour passer à l’étape suivante de la stabilisation, de la réalisation des réformes que des identités s’affirment dans la cohérence, explique Tiéman Hubert Coulibaly, ancien ministre malien des Affaires étrangères et président en exercice de l’ARP. Nous recherchons la cohérence, nous recherchons de l’efficacité, et c’est dans cela que nous situons notre action ».

Pour soutenir efficacement le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) et son Premier ministre, Boubou Cissé, l’ARP évoque les priorités du moment. « Les grandes questions politiques qui ne concernent pas seulement le nord du Mali, mais aussi le centre, et même le sud, des questions sociales qui méritent d’être traitées et faire en sorte que le gouvernement puisse être en meilleure posture afin d’y apporter des réponses, tout cet agenda nécessite beaucoup plus d’efficacité et nécessite beaucoup plus de cohérence », ajoute Tiéman Hubert Coulibaly.

La nouvelle alliance attend de nouvelles adhésions ce 8 juin et a déjà signé, peu après sa création, un accord politique avec le Premier ministre.

 

[Tribune] Report des législatives au Mali :
la démocratie matraquée

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Président de l’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali. Journaliste, il est également à la tête du Pool d’observation citoyenne du Mali (Pocim), qui a déployé plus de 2 000 observateurs lors des deux tours du scrutin présidentielle de 2018.

Initialement prévues en octobre 2018, les élections législatives ont été reportées sine die et le mandat des députés prorogé de six mois. Mais à quelques jours de la fin de cette prolongation, tout porte à croire que le scrutin sera de nouveau reporté.

À quelques jours de la fin de la prorogation légale de l’actuelle législature, aucun acte du gouvernement ne montre la volonté réelle de tenir les élections législatives afin de régler la question de la légalité et de la légitimité de l’Assemblée nationale au Mali.

Les engagements pris par l’État malien à travers la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance et le Protocole de la Cédéao sur la démocratie et la bonne gouvernance qui prescrivent le respect de la durée des mandats électifs politiques et la tenue régulière des élections « aux dates ou périodes fixées par la Constitution et les lois électorales », restent des chimères. Le droit à l’information et au principe de transparence, est mis entre parenthèses.

La légitimité des élus écornée

Initialement prévues pour les 28 octobre et 18 novembre 2018, les élections législatives qui devaient consacrer le renouvellement du mandat des députés à l’Assemblée nationale, ont fait l’objet d’un premier report pour les 25 novembre et 16 décembre 2018. Un deuxième report, suite à l’avis de la Cour constitutionnelle du 12 octobre 2018, a ensuite ouvert la voie à une prorogation de six mois du mandat de la législature en cours. La légitimité des élus de la Nation s’est trouvée écornée.

Un chronogramme a été élaboré par le ministère de l’Administration territoriale pour la tenue des élections législatives en juin 2019.


>>> À LIRE – Mali : les nouveaux équilibres de la scène politique à la veille des législatives


Le décret portant convocation du collège électoral, ouverture et clôture de la campagne électorale pour l’élection des Députés à l’Assemblée nationale était prévu pour le 3 avril. Celui portant convocation du collège électoral, ouverture et clôture de la campagne pour le référendum était prévu pour le 8 mai 2019. Le déroulement du scrutin couplé pour le référendum et le premier tour de l’élection des députés a été annoncé pour le 9 juin 2019… Mais, c’était du beurre au soleil.

Un scrutin considéré comme non prioritaire

Le nouveau gouvernement dirigé par Dr Boubou Cissé, nommé le 22 avril 2019, a été formé le 5 mai 2019. Auparavant un Accord politique, signé le 2 mai avec certains partis politiques de l’opposition et les partis politiques de la majorité, stipule un chapelet d’objectifs. L’organisation des prochaines élections législatives, et tous autres scrutins qui s’imposent, figure certes dans l’accord, mais pas au rang de priorité pour un gouvernement dit « de mission ».


>>> À LIRE – [Tribune] Mali : « Le processus électoral n’a pas été inclusif »


Et ce n’est malheureusement pas une première. Les élections communales étaient ainsi prévues en avril 2014, mais se sont finalement tenues en novembre 2016. Le gouvernement a pris la décision de prolonger quatre fois de suite le mandat des élus locaux, ce qui leur a donné un mandat de sept ans et sept mois en novembre 2016, au lieu des cinq ans réglementaires.

Autre glissement, celui de la réorganisation territoriale du Mali. Le gouvernement avait procédé, par la Loi du 2 mars 2012, à la création de nouvelles circonscriptions administratives régionales, faisant ainsi passer le nombre de régions de huit à dix-neuf.

Interrogations et inquiétudes

Selon les initiateurs de cette loi, la mise en œuvre de la réorganisation territoriale devait se faire progressivement sur cinq ans à compter de sa date de promulgation. Ce délai est arrivé à expiration le 2 mars 2017, mais, à ce jour, les nouvelles circonscriptions nées de cette réorganisation n’ont pas été érigées en circonscriptions électorales. Les élus des collectivités territoriales concernées sont donc illégitimes depuis 2014, et illégaux depuis 2016.


>>> À LIRE – Mali : plusieurs partis rejettent l’avant-projet de révision de la Constitution


Auparavant, ils étaient désignés après les élections communales, comme cela aurait dû être le cas en 2016. Mais avec la modification de la loi concernant le mode de désignation des élus et des présidents des conseils de cercle et des Assemblées régionales, le Haut Conseil des Collectivités Territoriales – l’une des huit institutions de la République – n’a pas été renouvelé depuis.

Ce constat posé ne peut que susciter interrogations et inquiétudes sur ce qui semble être devenu le sport favori des autorités maliennes, à savoir matraquer la démocratie et la Constitution, , alors que le pays s’apprête justement à se doter d’une nouvelle Loi fondamentale.

 

Côte d’Ivoire : Grand-Bassam retrouve
sa place de première destination touristique
du pays

  | Par - à Abidjan

Trois ans après l’attentat qui l’avait endeuillée, la cité balnéaire a retrouvé ses baigneurs du week-end, ses visiteurs étrangers et son rang de première destination touristique du pays.

Le danger semble bien loin. Sur la plage la plus prisée de Grand-Bassam, des centaines de jeunes s’amusent à sauter dans les rouleaux, souvent violents sur cette partie de la côte. Patrick Collin, le propriétaire de La Nouvelle Paillote, l’un des hôtels particulièrement touchés lors de l’attentat de 2016, est ravi de retrouver cette ambiance. « Ça repart enfin, ça fait plaisir. On a fait beaucoup de travaux et d’efforts pour redonner une belle image. Les touristes habituels reviennent, on n’attend plus que les tour-opérateurs. »

Le 13 mars 2016, trois jihadistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) tiraient froidement sur la foule toujours impressionnante du dimanche à « Bassam ». Premier – et unique – attentat du genre en Côte d’Ivoire.

Bilan : 19 morts et 33 blessés, sans compter les trois terroristes. Les victimes étaient à la fois des Africains et des Européens, précise Ange Nohonain, guide-conférencier de la ville et chargé d’études au ministère de la Culture : « À Grand-Bassam, il y a toujours eu beaucoup de monde et un mélange : des Ivoiriens en week-end, des expatriés et des touristes. »

Retour des touristes étrangers

Située à seulement 40 km à l’est d’Abid­jan, l’ex-capitale coloniale, riche en histoire et en hôtels, était devenue la première destination touristique du pays, surtout depuis son entrée au patrimoine mondial de l’Unesco, en 2012. « La veille de l’attentat, j’avais accueilli plus de 2 000 élèves au Musée national du costume, se souvient Ange Nohonain. On recevait alors près de 40 000 personnes chaque week-end… » L’attentat a tout stoppé.

Des Suédois, des Norvégiens, des Australiens… L’attentat a fait découvrir la ville et son histoire au monde entier

Traumatisée, la ville a vécu au ralenti pendant des mois. Et les premiers touristes à revenir ne sont pas ceux que l’on pouvait imaginer… « Aussi bizarre que cela paraisse, ce sont les étrangers, explique le guide. Des Suédois, des Norvégiens, des Australiens… L’attentat a fait découvrir la ville et son histoire au monde entier. »

Grappe de photographes

Aujourd’hui, la cité balnéaire enregistre un regain d’attractivité. Elle accueillerait entre 10 000 et 20 000 visiteurs par week-end. C’est deux fois moins qu’avant, mais cela lui permet de retrouver sa place de première destination touristique du pays.


>>> À LIRE – Côte d’Ivoire : après le choc de Grand-Bassam


À l’entrée de la vieille ville, à quelques pas de la stèle en hommage aux victimes de l’attentat, Deborah et Camille Nemlin semblent eux aussi comblés. Le couple vient de se dire « oui » et pose avec élégance devant une grappe de photographes. « Se marier ici est symboliquement fort. Cela étant, maintenant, c’est comme si on avait oublié, car dans notre culture on se focalise sur la joie. On préfère mettre en avant la fête de Bassam et le tourisme », explique Annie Kouassi, sœur de la mariée et organisatrice de ce grand jour.

« Cette ville historique est vraiment incontournable », enchaîne Stefan, un touriste allemand en promenade avec son appareil photo, avant d’avouer qu’il ne savait même pas ce qui s’était passé en 2016.


Du côté d’Abidjan

Au début d’avril, le français Accor a rouvert son cinquième établissement dans la capitale économique ivoirienne. Après deux années de travaux de rénovation, il a inauguré au Plateau un hôtel Pullman (5 étoiles) entièrement relooké, de 265 chambres. Un investissement de 30,5 millions d’euros.

[Tribune] Burkina Faso : l’affaiblissement de l’État favorise l’émergence des attaques terroristes

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Politologue, spécialiste de la politique en Afrique, et chargé de cours à l'Université d'Ottawa.

La montée des attaques au Burkina Faso est en grande partie imputable à l’affaiblissement de l’État, lui-même provoqué par un contexte politique très instable depuis le début de la décennie.

Cette tribune a initialement été publiée sur le site de The Conversation.

Au nord du Burkina Faso, les récentes attaques contre une église à Dablo, le 12 mai 2019, et contre une procession de fidèles catholiques à Zimtenga, le lendemain, font craindre un embrasement aux contours religieux dans un pays qui connaît un défi sécuritaire majeur. Ces attaques surviennent après l’assassinat d’un pasteur et de cinq fidèles protestants à Silgadji (Nord) en avril 2019 et à l’enlèvement d’un prêtre catholique en mars 2019.

Tous ces événements s’inscrivent dans une dynamique de violence qui touche particulièrement le nord et l’est du Burkina Faso. Entre les attentats et les règlements de compte inter-communautaires comme le massacre de Peuls à Yirgou (Nord) en début d’année 2019, cet État d’Afrique de l’Ouest inquiète. Mais qui sont les auteurs de ces violences qui touchent une partie de ce pays ? Pourquoi s’en prennent-ils maintenant aux communautés chrétiennes ? Pour répondre à ces questions, il faut d’abord accorder une attention particulière au contexte politique du pays.


>>> À LIRE  – Burkina Faso : les grandes manœuvres dans l’état-major parviendront-elles à réduire l’insécurité ?


Instabilités politiques

La montée des attaques au Burkina Faso est en grande partie imputable à l’affaiblissement de l’État, lui-même provoqué par un contexte politique très instable depuis le début de la décennie. En 2011, des affrontements opposèrent les forces de l’ordre et les étudiants. Durant la même année, une mutinerie secoua les rangs de l’armée et plusieurs militaires s’adonnèrent à des actes de vol et de pillage sur la population.

L’État burkinabè, notamment l’armée, est ressorti très fragilisé par ces crises

Blaise Compaoré, président à l’époque, reprit la main non sans mal. Obligé de dissoudre le gouvernement pour faire taire les mécontentements, il ouvrit toutefois un autre front lorsqu’il décida de modifier la Constitution pour se présenter à l’élection présidentielle prévue en 2015. Alors que les députés étaient invités à voter le projet de modification constitutionnelle, la population se souleva, forçant le départ précipité du président le 31 octobre 2014.

En septembre 2015, après une période incertaine durant laquelle les militaires prirent le pouvoir avant de le restituer aux civils, une tentative de putsch fut menée par le régiment de sécurité présidentiel. Elle se solda par un échec. En novembre 2015, le gouvernement de transition parvint à organiser l’élection présidentielle qui porta Roch Marc Christian Kaboré, ancien premier ministre et président de l’Assemblée nationale, au sommet de l’État.

Depuis son élection, le pouvoir central est décrié par une partie de la population en raison de ce qu’elle perçoit comme une incapacité à faire face aux multiples problèmes du pays. L’État burkinabè, notamment l’armée, est ressorti très fragilisé par ces crises.

La faiblesse de l’État central favorise l’émergence et le développement d’acteurs qui s’arrogent l’exercice de la violence

Source de violences

À ce contexte politique national instable s’ajoute une insécurité sur le plan régional au Sahel, notamment au Mali, pays limitrophe. Certaines attaques comme celle de Ouagadougou en 2016 ont été revendiquées par Al-Qaïda, présent dans le nord du Mali. L’affaiblissement de l’État central, le limite dans sa capacité à intervenir dans le territoire national et à contrôler ses frontières qui sont devenues très poreuses.

La faiblesse de l’État central favorise l’émergence et le développement d’acteurs qui s’arrogent l’exercice de la violence, mêlant coupeurs de route, milices d’autodéfense ethniques et groupes armés se revendiquant du jihad. Certains de ces groupes peuvent s’adonner à plusieurs activités en même temps, allant du pillage de biens à l’attaque motivée par la foi. C’est dans l’atmosphère d’insécurité grandissante que les groupes jihadistes opèrent.

Cependant, bien qu’ils aient tendance à se présenter sous la bannière d’Al-Qaïda ou de l’État islamique, ces groupes ont souvent un ancrage local. Ils instrumentalisent les clivages identitaires existants pour enraciner leur lutte. C’est le cas de Ansarul Islam de Ibrahim Dicko qui opère dans le nord du Burkina Faso et exploite les clivages historiques entre Peuls et Rimaïbé, descendants d’esclaves des Peuls.

Les actions des groupes jihadistes dans le nord du pays ont débouché sur des violences entre groupes ethniques dans une logique de vengeance et de représailles, comme l’a montré le massacre de Yirgou. Le terrorisme vise les institutions étatiques comme la police et les mairies, et de plus en plus explicitement les autres communautés religieuses comme les protestants et les catholiques.

Tensions entre communautés religieuses

Des contextes comme le Nigeria avec Boko Haram ont montré que les groupes jihadistes peuvent attaquer les membres d’autres croyances dans l’objectif de fabriquer et cristalliser une confrontation religieuse ouverte. Au Burkina Faso, les chrétiens constituent une minorité religieuse (environ 20 à 25 % de la population). Les violences répétées contre les églises chrétiennes – qu’il s’agisse d’enlèvements ou de tueries – traduisent une volonté des groupes terroristes d’enclencher des tensions entre communautés religieuses.

En outre, les chrétiens, en général, et les catholiques, en particulier, sont identifiés à l’État, notamment pour deux raisons. D’une part, l’État burkinabè agit généralement comme protecteur des minorités religieuses dans le pays. Ainsi, s’attaquer aux chrétiens, c’est également s’attaquer à l’État. D’autre part, les catholiques, même s’ils constituent une minorité religieuse au Burkina Faso, ont fortement influencé l’histoire du pays. Depuis l’indépendance, une grande partie des femmes et des hommes qui ont dirigé le Burkina Faso sont catholiques. Comme l’a déjà noté René Otayek, l’Église catholique est un acteur social de premier plan et a agi comme modérateur lors des crises qui ont eu lieu dans le pays.

Les groupes jihadistes opèrent toutefois dans un pays résilient qui, dans son histoire tourmentée, a fait face à d’innombrables difficultés qu’il a surmontées avec force

En s’en prenant aux catholiques, ces attaques visent un des acteurs centraux de la société burkinabè. Par ailleurs, les attaques contre des églises ont également comme objectif de médiatiser un conflit qui est encore peu suivi dans le monde. En ciblant les chrétiens, ces attaques sont un « coup médiatique » destinés à plusieurs publics : les potentiels recrues, les groupes concurrents, les opinions publiques et les chancelleries occidentales qui peuvent s’émouvoir devant cette situation.

Des difficultés déjà surmontées

Occupant une position géographique centrale en Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso est sensible aux soubresauts politiques de ses voisins. L’affaiblissement progressif de l’État dû aux multiples crises des années 2010 l’a rendu vulnérable aux actions de groupes aux motivations souvent locales qui visent maintenant les chrétiens de manière délibérée. L’occupation du nord du Mali par les groupes jihadistes avait, dès le début, suscité les craintes des catholiques burkinabè qui tiennent à l’équilibre entre communautés religieuses et au dialogue islamo-chrétien.

Les groupes jihadistes mènent des actions contre eux et ainsi contre l’État, profitant du vide laissé par celui-ci. Ils opèrent toutefois dans un pays résilient qui, dans son histoire tourmentée, a fait face à d’innombrables difficultés qu’il a surmontées avec force.

The Conversation

Mali: la Minusma recense 250 civils tués
dans le centre du pays depuis janvier

La Minusma, lors une opération civilo-militaire, tente une médiation entre les villages de Yorou et Sabaré. (Photo d'illustration)
© RFI/Coralie Pierret

La Mission de l'ONU au Mali a rencontré, jeudi 6 juin, la presse pour faire le point sur les violences qui ont eu lieu dans le centre du Mali ces six derniers mois. Au moins 250 civils ont ainsi été tués depuis janvier 2019. La Minusma a également saisi l'occasion pour rendre public un rapport définitif sur des attaques meurtrières survenues au cours de la même période dans des localités du centre du pays.

Le directeur de la division droits de l’homme de la Mission de l’ONU au Mali a dirigé lui-même plusieurs missions d’enquête sur le terrain. Guillaume Nguefa est revenu, lors de cette conférence de presse, sur les événements de début janvier dans la localité de Koulongo : « Une centaine de personnes reconnues comme des chasseurs traditionnels ont attaqué. Il y a eu trente-neuf personnes, toutes membres de la communauté peule, qui ont été tuées. 80% des bâtiments du village ont été incendiés par les assaillants ».

Mais pour Guillaume Nguefa, les chasseurs traditionnels ne sont pas les seuls à mener des attaques dans le centre contre les civils : « Depuis cette année, il y a plus d’attaques contre les villages habités par les Dogons que par les Peuls. Ce sont les groupes d’autodéfense d’origine peule qui s’attaquent à ces villages habités par les communautés dogons. »

Enlèvements, assassinats ciblés, au moins 250 civils ont été tués durant les cinq premiers mois de l’année 2019 dans le centre du Mali. Des dizaines de suspects arrêtés attendent d’être jugés. Enfin, la Minusma, dans son rapport, révèle que des armes de guerre circulent illégalement dans le centre du Mali.