Vu au Sud - Vu du Sud

Côte d’Ivoire: enfin en ordre de marche,
le Sénat a fait sa rentrée

Le président du Sénat, Jeannot Ahoussou-Kouadio (c) lors de son élection à la tête de l'institution, le 5 avril 2018 à Yamoussoukro.
© SIA KAMBOU / AFP

A Yamoussoukro, le Sénat ivoirien, dont les prérogatives avaient été transférées à l’Assemblée, va pouvoir se mettre au travail. Pour la première fois depuis la création de cette institution en 2016, elle a siégé au complet jeudi 11 avril. La semaine dernière, le dernier tiers de la chambre haute a été nommé par le président Ouattara.

Comme pour l’ouverture de la session parlementaire à l’Assemblée nationale au début du mois, Alassane Ouattara avait tenu à être présent jeudi à Yamoussoukro. Avec un message moins politique que face aux députés.

« Je vous exhorte à enrichir le débat parlementaire en y apportant notamment le point de vue des collectivités territoriales que vous représentez, ainsi que vos compétences et expériences plurielles », a déclaré le chef de l'Etat ivoirien.

Mais dans la salle de la Fondation Houphouët-Boigny, qui fait office d’hémicycle pour le Sénat, l’attention était portée sur les mots du président de la Chambre haute, Jeannot Ahoussou-Kouadio, figure du PDCI d’Henri Konan Bedié. Celui que certains donnaient démissionnaire il y a quelques jours encore, avait un message politique à faire passer.

« Souvenons-nous que sous la direction éclairée et concertée des présidents Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, toutes les affres de la crise sont passées derrière nous, a-t-il lancé. Nous avons su mutualiser nos forces pour servir ensemble la Côte d’Ivoire. Allons-nous assister inactifs à la destruction de cette belle œuvre, fruit du génie politique de nos deux grands leaders ? Allons-nous, par le silence et l’inaction, laisser prospérer la division et exposer ainsi nos compatriotes à des aventures nouvelles ? Pour ma part, je voudrais vous dire humblement, du haut de cette tribune, que ce qui doit nous unir est plus grand que ce qui nous divise. »

Ce message peut-il encore être entendu par les intéressés ? « Nous nous emploierons à ce qu’il le soit », a assuré ensuite un sénateur PDCI.

Guinée : l’opposition décide finalement
de siéger à l’Assemblée

| Par - à Conakry

L’opposition guinéenne a finalement décidé de siéger lors de la session ordinaire de l’Assemblée nationale, qui s’ouvre ce vendredi, après avoir longtemps tergiversé. Elle remettait en cause la légitimité de la prorogation du mandat des députés par décret présidentiel.

L’opposition aura entretenu le suspens jusqu’au bout, avant de trancher. Fallait-il ou non siéger dans un Parlement dont le mandat, théoriquement terminé depuis le 13 janvier dernier, a été prorogé par un décret présidentiel ? Après moult tergiversations et débats internes, la réponse est finalement : oui.

L’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo, principal parti d’opposition, a rendu sa position publique ce jeudi, au terme d’une réunion de son bureau politique. La direction nationale de l’UFDG « décide que ses députés continueront de siéger à l’Assemblée nationale jusqu’à nouvel ordre », a déclaré ce jeudi Nadia Nahman, porte-parole de Cellou Dalein Diallo.

Longues discussions

Siéger, donc, mais seulement « jusqu’à nouvel ordre ». Une précision qui, tout en laissant planer le doute sur une éventuelle décision ultérieure de quitter les bancs de l’Assemblée, laisse également transparaître les tiraillements lors des débats internes.

L’opposition avait en effet initialement prévu de se prononcer à l’issue d’une « retraite » à Kindia. Annoncée pour le 16 février, elle avait finalement été repoussée au 27 mars. Seuls les membres de l’Opposition républicaine, un collectif de partis formés autour de Cellou Dalein Diallo, étaient représentés à cette réunion, interdite d’accès à la presse. Les discussions n’avaient, là encore, pas permis de trancher.

Sidya Touré a été mis en minorité par les députés de son propre parti

Les députés de l’Union des forces républicaines (UFR), l’autre force d’opposition, ont également décidé de siéger. Une décision qui va à l’encontre de la consigne donnée par Sidya Touré, qui se retrouve seul contre tous au sein du parti qu’il dirige.

« À titre personnel, en tant que militant et ancien député, je ne suis pas pour que l’on siège. J’y suis farouchement opposé. Mais ce n’est pas l’avis le plus partagé au sein du parti », a déclaré à Jeune Afrique celui qui, en 2016, a renoncé à ses fonctions parlementaires lors de sa nomination au poste de Haut représentant d’Alpha Condé, au lendemain de la présidentielle.

Mis en minorité par les députés de son propre parti, Sidya Touré a perdu face à deux arguments avancés par ceux qui refusaient son appel à la politique de la chaise vide. « La première raison est de faire barrage à la volonté de changer la Constitution, si cela est avérée. Le projet passerait forcément par une institution comme l’Assemblée nationale avant d’être soumis au référendum. Un débat est donc possible », explique le député UFR Saïkou Yaya Barry.

« L’autre raison, porte sur la nécessité pour l’opposition de participer au débat sur la révision du code électoral, qui ne va pas dans le bon sens et contre laquelle l’UFR s’était élevée », précise Saïkou Yaya Barry, qui pointe notamment ses inquiétudes quant au mode de désignation des chefs des quartiers et à l’absence d’appel possible sur les décisions des tribunaux en matière de contentieux électoral au niveau communal.

Code électoral, code civil et financements des partis politiques

Amadou Damaro Camara, président du groupe parlementaire du RPG arc-en-ciel (mouvance présidentielle), a confirmé que la révision du Code électoral était effectivement inscrite à l’ordre du jour de la session parlementaire.

« L’objectif de son amendement est de tenir compte de certaines des 70 recommandations de l’audit du fichier électoral, en prélude à la tenue des prochaines législatives », explique-t-il à JA.  « Des modifications qui, parce qu’elles portent sur des lois organiques, nécessitent d’obtenir la majorité des deux tiers au Parlement », précise Amadou Damaro Camaro. Il faut donc obtenir le vote de 76 députés, sur les 114 que compte l’Assemblée. Pour faire passer ce texte, la mouvance présidentielle – Le RPG et ses alliés disposent de 63 députés – aura donc besoin de convaincre au moins une quinzaine de députés de l’opposition.

Autre texte sensible qui sera mis en débat : le nouveau Code civil. Le texte a été renvoyé en seconde lecture au Parlement par Alpha Condé. Adversaire déclaré de la légalisation de la polygamie votée par les députés en première lecture, le président de la République a refusé de signer le décret d’application.

La loi portant statut du chef de file de l’opposition et celle concernant le financement des partis politiques sont également inscrites à l’ordre du jour de la session qui s’ouvre vendredi.

Quid d’une éventuelle révision de la Constitution, dont tout le monde parle en Guinée, excepté Alpha Condé, à qui l’on prête – à tort ou à raison – l’intention de briguer un troisième mandat ? « A part les intentions qu’on prête, je n’ai même pas été alerté sur le fait qu’une nouvelle Constitution serait proposée », affirme Amadou Damaro Camara.

Mali: manifestations pour réclamer le retour
de la sécurité en pays dogon

Un militaire sur les lieux d'une tuerie dans la zone de Bankass, près de la frontière avec le Burkina Faso.
© Reuters

Ce jeudi 4 avril au Mali, trois manifestations synchronisées se sont déroulées dans le centre du pays, dans les villes de Bankass, Koro et Bandiagara, trois communes affectées par le conflit intercommunautaire. À l’appel du collectif des associations du pays dogon, quelques milliers de manifestants ont réclamé le retour de la sécurité dans la zone.

À Bankass, Koro et Bandiagara, le même slogan : plus de sécurité et plus de représentants de l’État dans le pays dogon. Depuis environ deux ans, la présence de groupes jihadistes et de milices d’autodéfense armée aggrave le conflit intercommunautaire dans le centre du pays.

En 2018, 500 civils ont péri selon l’ONU, et depuis janvier 440, selon Salif Traoré, le ministre de la Sécurité.

Les conséquences humanitaires inquiètent. « Cela fait 3 hivernages successifs que les cultivateurs n’ont pas récolté. Ce cumul de déficit agricole fait craindre une crise alimentaire », explique Adaman Diongo, le porte-parole des associations du pays dogon.

Ce jeudi, les manifestants étaient plus nombreux à Bandiagara. Ils redoutent l’embrasement de cette commune qui « commence à être touchée par le conflit », poursuit le porte-parole. Au total, dans les trois villes, environ 3 000 personnes s’étaient rassemblées selon le gouvernorat de la région de Mopti.

Aribinda, Yirgou: ces violences communautaires
qui ravagent le Burkina Faso

La ville d'Aribinda, dans le nord du Burkina Faso.
© Google Maps

Dimanche, des hommes armés ont attaqué un leader religieux dans le village d'Hamkan, à 7 kilomètres d'Aribinda, dans le nord du Burkina Faso. S'en sont suivies des représailles meurtrières à l'encontre de la communauté peule. C'est la deuxième fois depuis le début de l'année que le pays connait une flambée de ce type.

Le bilan des violences communautaires du début de la semaine, à Arbinda, s'élève à 62 morts. Le ministre de l'Administration territoriale l'a annoncé mercredi 3 avril à la télévision.

« La situation sécuritaire est telle, que personne n'est à l'abri », explique dans son communiqué Siméon Sawadogo. Une phrase qui sonne comme un aveu d'échec, bien que le ministre de l'Administration territoriale rappelle qu'un dispositif sécuritaire supplémentaire a été mis en place à Arbinda.

Début janvier déjà, le Burkina a connu un conflit communautaire d'ampleur. C'était à Yirgou, un village de la commune de Barsalogho, dans le Centre-Nord du pays. Le scénario est le même : un chef communautaire attaqué par des hommes armés et des représailles qui virent au conflit ethnique.

Cette flambée de violence a fait près de 50 morts selon les autorités. 200 selon la société civile. Le président lui-même a fait le déplacement pour montrer sa préoccupation. Dans un communiqué mercredi, Roch Marc Christian Kaboré a annoncé l'ouverture d'une nouvelle enquête pour faire la lumière sur les évènements d'Arbinda.

Une nouvelle qui laisse la communauté peule dubitative, alors qu'elle continue de dénoncer l'impunité qui règne dans cette partie du Burkina. L'enquête sur Yirgou n'a pour l'heure mené à aucune arrestation.

Il faut dire qu'il y a un déchirement du tissu social. C'est évident. Le contexte n'est pas propre au Burkina Faso. Tout le Sahel est concerné. C'est notamment dû au contexte même de la mondialisation, où il y a certaines valeurs qui ne sont plus de mise...


Mali: le camp de la Minusma à Kidal
visé par une attaque

Des soldats de la Minusma en patrouille à Kidal, le 23 juillet 2015.
© REUTERS/Adama Diarra

Au Mali, le camp de la Minusma à Kidal, dans le nord du pays, a été visé ce mercredi 3 avril par une nouvelle attaque. Un casque bleu a été blessé, selon un premier bilan de la mission de maintien de la paix des Nations unies.

L'attaque a été lancée vers 13h30, heure locale. Plusieurs roquettes sont tombées sur le camp de la Minusma, situé aux abords de la ville de Kidal. « On a entendu de très grosses détonations, suivies de tirs nourris. Comme des tirs d'arme automatique », explique un habitant de la ville. Il estime que l'attaque aurait duré environ une heure. Dans l'après-midi un avion aurait ensuite survolé la ville, selon plusieurs sources sur place.

Jointe par RFI, la Mission de maintien de la paix des Nations unies au Mali (Minusma) n'a pas souhaité commenter ni la durée de l'attaque, ni le mode opératoire.

La situation est désormais calme. D'après un élu local, les habitants dont les maisons sont proches du camp de la Minusma restent confinés chez eux.

Cette attaque intervient alors que le Conseil de sécurité de l'ONU vient d'annoncer ce mardi qu'il réévaluerait l'avenir de sa mission de maintien de la paix au Mali, dont le mandat doit être renouvelé en juin. Vendredi dernier, les Etats-Unis ont mis en cause la pertinence de cette mission, compte tenu de la persistance de l'insécurité au Mali.