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Sénégal: Macky Sall a été investi
pour un second mandat

Le président sénégalais Macky Sall a prêté serment, mardi 2 avril, à Diamniadio.
© REUTERS/Christophe Van Der Perre

Entouré par près de 20 chefs d’État du continent africain, Macky Sall a prêté serment mardi 2 avril. Le président a donc entamé officiellement son second mandat d’une durée de cinq ans. Il a fixé ses priorités : relancer le dialogue politique, prolonger le « Plan Sénégal émergent » et lutter aussi contre la pollution.

Offensif, ambitieux, Macky Sall s’est exprimé durant trente minutes pour présenter ses priorités, notamment dans le secteur du logement. « Je lancerai un vaste programme pour la construction de 100 000 logements afin que progressivement chaque famille, quels que soient ses revenus, puisse avoir accès à un logement décent », a-t-il annoncé.

S’il souhaite poursuivre le « Plan Sénégal émergent », Macky Sall veut pour son second mandat, qui va durer cinq ans, lutter contre la pollution. « Un Sénégal plus propre dans ses quartiers, plus propre dans ses villages, plus propre dans ses villes. En un mot, un Sénégal avec zéro déchet. La protection de notre environnement reste un défi majeur de notre temps. Je ferai prendre sans délai des mesures vigoureuses dans ce sens », a-t-il promis.

Pour réaliser ses projets, le président Macky Sall sait aussi qu’il a besoin de stabilité politique. D’où son nouvel appel au dialogue avec l’opposition. « Je serai le président de tous les Sénégalais et de toutes les Sénégalaises, a souligné le chef de l’État. Je renouvelle par conséquent mon appel au dialogue. »

Macky Sall avait annoncé des propositions pour relancer le dialogue. Le chef de l’État pourrait en faire lors de la fête de l’indépendance ce jeudi 4 avril.

 

Côte d’Ivoire : Lassina Doumbia,
le général qui met l’armée au pas

  | Par - à Abidjan

L’important remaniement à la tête des institutions militaires et la mise à l’écart d’ex-chefs rebelles portent en partie la marque du nouveau chef d’état-major. Portrait d’un homme à poigne.

Le 6 mars, le général Lassina Doumbia a vu son agenda se remplir brusquement. Ce jour-là, le président Alassane Ouattara a procédé à plus d’une centaine de nominations à des postes de commandement au sein de l’armée ivoirienne. Depuis, le chef d’état-­major enchaîne les cérémonies de passation de charges, répétant les mêmes gestes, un jour à la Garde républicaine, l’autre à la Gendarmerie ou à la Marine nationale.

Ces changements sont les plus importants opérés depuis le début du deuxième mandat de Ouattara. Un coup de pied dans la fourmilière auquel Lassina Doumbia n’est pas étranger et qui lui ressemble bien. Ce militaire d’expérience de 54 ans, originaire de Dabadougou, près d’Odienné, dans le nord du pays, fait rarement dans la demi-mesure. Au sein de l’univers parfois feutré de la grande muette, le caractère de cet amateur d’art détonne.

À Abidjan, il est décrit comme une « grande gueule », qui n’hésite jamais à dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Après l’attentat de Grand-Bassam, le 13 mars 2016, lors duquel les Forces spéciales avaient été en première ligne, il s’était ouvertement plaint de la piètre qualité des équipements fournis à ses troupes, particulièrement des gilets pare-balles.

« Il a le profil pour reprendre en main l’armée. Il a de la poigne et dégage plus d’autorité que son prédécesseur, le général Sékou Touré », estime le chercheur ivoirien Arthur Banga. Bien qu’il vienne de la même région, il est un peu l’antithèse de Touré, un homme décrit comme effacé, qui a consacré une grande partie de sa carrière à la formation des officiers.

« Il n’a jamais vraiment commandé. Il était plus mondain qu’autre chose. Il ne voulait pas de problèmes », tranche un expert militaire. Doumbia est, lui, un homme de terrain qui a gagné le respect de ses hommes sur le théâtre des opérations.

Ascension fulgurante

Formé à l’École militaire préparatoire technique de Bingerville, puis au Prytanée militaire de Saint-Louis, au Sénégal, et au Collège royal de l’enseignement militaire supérieur de Kenitra, au Maroc, il prend le commandement des groupes tactiques de l’armée au début de la rébellion, en 2002, avant d’officier en tant que préfet militaire de Toulepleu de 2005 à 2009, puis d’être nommé à la tête du 1er bataillon d’infanterie d’Akouédo par Laurent Gbagbo.

Lorsqu’il a vu que la communauté internationale reconnaissait Ouattara, il a fait le choix du réalisme

Lors de la crise postélectorale de 2010-2011, « Doumbia demeure loyal au pouvoir, mais sans jouer les jusqu’au-boutistes », explique Arthur Banga. « Lorsqu’il a vu que la communauté internationale reconnaissait Ouattara, il a fait le choix du réalisme », poursuit l’un de ses amis. Cette neutralité ne passe pas inaperçue, et, au sortir de la crise, Guillaume Soro, Premier ministre et ministre de la Défense, le choisit pour diriger les toutes nouvelles Forces spéciales.


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Bien qu’il ne soit pas diplômé d’une école de guerre, le Graal des militaires, Doumbia connaît par la suite une ascension fulgurante, passant en quelques années du grade de lieutenant-colonel à celui de général de division. « Son bilan aux Forces spéciales est très positif, affirme Arthur Banga. Cette unité et son millier d’hommes sont aujourd’hui le fleuron de l’armée. »

Un pragmatique à la tête de l’armée

Sa nomination à la tête de la grande muette, fin 2018, est intervenue dans une période relativement calme sur le plan sécuritaire, mais alors que les crispations politiques entre le pouvoir et Guillaume Soro nourrissaient un fort climat de défiance.

Pragmatique, Doumbia est conscient des limites de son armée. Il sait aussi que, après les mutineries de 2017, les autorités veulent à tout prix éviter de nouveaux soubresauts. Quitte, parfois, à acheter la paix sociale, comme le montre la promotion dont ont bénéficié le 19 février près de 400 mutins du contingent des 8 400.


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Marquée par la promotion de militaires ayant fait carrière sous Gbagbo au détriment d’ex-chefs rebelles jusque-là intouchables, la vague de nominations a, dans ce contexte, alimenté les spéculations. Ainsi, les ex-comzones Chérif Ousmane et Issiaka Ouattara (alias Wattao) quittent la tête du (premier) bataillon des commandos parachutistes et de la Garde républicaine. Ils sont nommés à des maroquins théoriquement plus prestigieux – respectivement sous-chef d’état-major de l’armée de terre et commandant des unités rattachées à l’état-major général des armées –, mais se voient coupés des troupes. « Ils sont écartés de l’opérationnel. C’est un signe qu’on ne leur fait pas confiance », analyse une source diplomatique occidentale.

D’autres anciens rebelles sont néanmoins renforcés, comme Losseny Fofana, qui remplace le colonel Hervé Touré, alias Vetcho, au commandement du 3e bataillon d’infanterie de Bouaké, ou comme le colonel Gaossou Koné (alias Jah Gao), qui prend la tête du bataillon de commandement et des services (BCS). « Il n’y a aucune mise à l’écart. Cela fait partie du cycle classique de l’armée. Les affectations changent tous les trois ou quatre ans », répond-on au ministère de la Défense.

Apaiser les rancœurs

Wattao paie-t-il sa proximité avec Soro ou son inimitié avec le général Vagondo, le chef d’état-major particulier du président ? Ces dernières semaines, l’ancien chef rebelle semblait s’attendre à devoir quitter son poste et craignait même d’être nommé attaché de défense en Angola. Plus amer, Chérif Ousmane, considéré comme trop instable par certains sécurocrates, vit sa nouvelle affectation comme un vrai désaveu, selon l’un de ses proches, qui précise que l’ex-comzone « ne s’était jamais bien entendu avec le général Doumbia ». « Mon message est celui du rassemblement et de la cohésion. Il fut un moment où la confiance a primé sur la compétence. Ce temps-là est révolu », explique le chef d’état-major.


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Le pouvoir, qui cherchait depuis plusieurs années à atténuer l’influence des comzones en mettant en place un système de rotation des postes et en lançant des procédures judiciaires contre certains d’entre eux, semble décidé à passer à la vitesse supérieure. « Il est nécessaire de rééquilibrer l’armée pour apaiser les rancœurs qui existent toujours, notamment chez les officiers étiquetés pro-­Gbagbo. Doumbia fait partie des mieux placés pour leur redonner confiance », estime un haut gradé.


Arrestations en série

Que reproche-t-on à Kader Doumbia et à Hanon Koné ? Arrêtés mi-janvier, ces deux membres de mouvements de soutien à Guillaume Soro ont été déférés à la maison d’arrêt d’Abidjan (Maca) le 26 mars, accusés d’atteinte à la sûreté de l’État. Ancien militaire ayant récemment fait valoir ses droits à la retraite, Kader Doumbia avait été appréhendé avec un talkie-walkie de la gendarmerie en sa possession. Selon nos informations, plusieurs autres militaires ont été arrêtés au cours des dernières semaines : Youssouf Fofana, informaticien de la Garde républicaine (GR), est ainsi détenu à la Direction de la surveillance du territoire (DST). Dramane Koné, un lieutenant d’Issiaka Ouattara, l’ancien commandant de la GR, a, lui, été arrêté fin janvier. Il lui est aussi reproché d’avoir dérobé un talkie-walkie de la gendarmerie.

Burkina Faso : le président Kaboré lance la Banque agricole du Faso

Par - à Ouagadougou

Le président Roch Marc Christian Kaboré a lancé ce 29 mars à Ouagadougou les activités du nouvel établissement spécialisé dans le financement du monde agricole, porté majoritairement par l'État.

« La Banque agricole du Faso est très importante dans ma vision pour un Burkina prospère dont l’agriculture, l’élevage et les  autres activités de production sont les maillons essentiels de l’économie », a annoncé le président burkinabè sur sa page Facebook.

La nouvelle institution, lancée le 29 mars, est dotée d’un capital de 14,8 milliards de francs CFA (21,8 millions d’euros), abondé majoritairement par l’État via le Fonds burkinabè de développement économique et social (FBDES), la Loterie nationale du Burkina et la Caisse de retraite des fonctionnaires ainsi que des privés locaux.

Un groupe de treize organisations paysannes, parmi lesquelles la Confédération paysanne du Faso et l’Union des producteurs semenciers, sont pressenties pour faire partie du capital, même si ce n’est pas encore le cas. Elles disposent toutefois de trois administrateurs sur les dix qui composent le conseil d’administration de la banque, en attendant que leur structure financière ne s’améliore assez pour permettre au FBDES de leur céder une partie du capital, selon un accord confidentiel entre les fondateurs.

Ouverte aux autres secteurs de l’économie

Pour lancer cette nouvelle entité, les concepteurs ont choisi un banquier expérimenté de 64 ans, Seraphin R. Kolaga. Cet ancien patron de la Banque agricole et commerciale du Burkina, rachetée en 2008 par le panafricain Ecobank, soutient qu’il y a de la place pour un acteur spécialisé dans le financement agricole sur la place financière de Ouagadougou.

Pour argumenter du potentiel de financement de ce secteur, il  cite l’exemple des facteurs de production du coton dont les besoin de financement s’élèvent à 95 milliards de F CFA, ou encore le carnet de commandes de l’État pour les intrants qui s’élève à plus de 300 milliards de F CFA par an. « Nous sommes ancrés dans le monde rural, mais restons ouverts au financement des autres secteurs de l’économie » ajoute le banquier.

Aussi, le nouvel établissement annonce son intention « d’être la banque de financement de l’agriculture au Burkina, mais elle se positionnera aussi, notamment pour assurer sa rentabilité et sa pérennité, comme une banque universelle moderne au service de tous les burkinabés des campagnes « , selon les mots du président de son conseil d’administration, Mamadou Sérémé, par ailleurs directeur de cabinet du Premier ministre.

6,3 milliards de F CFA de la BAD

« Le bébé qui vient de naître, appartient à la plus grande famille de notre pays. Nous sommes donc confiants que son accompagnement se fera dans les meilleures conditions possibles et qu’il grandira très rapidement grâce à vous tous », a-t-il déclaré lors du lancement de la nouvelle institution. Outre son siège déjà fonctionnel à Ouagadougou, la banque projette l’ouverture de deux nouvelles implantations à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays, courant mai, et à Dedougou, dans la Boucle du Mouhoun, dès septembre.

Dans la foulée du lancement de ses activités, la Banque agricole du Faso indique également avoir obtenu un accord de financement d’un montant de 6,3 milliards de F CFA auprès de la Banque africaine de développement (BAD). Ces ressources vont permettre la mise en place d’une assurance agricole pour assurer le remboursement des crédits, en cas de survenance de calamités naturelles, et d’un système de warrantage, par le financement des magasins, pour faciliter l’accès des petits producteurs au crédit.

Désormais quinzième banque du paysage financier de Ouagadougou, la Banque agricole du Faso aura fort à faire pour percer le marché dominé par Coris bank (19,5 % de parts) de l’homme d’affaires Idrissa Nassa, suivi par la filiale burkinabé de BMCE Bank of Africa (17 %) et le panafricain Ecobank (16,5 %).

Présidentielle au Niger: Mohamed Bazoum
investi candidat du parti au pouvoir

Mohamed Bazoum, ici en 2016, a été désigné comme le candidat du PNDS pour la présidentielle 2021 au Niger.
© CCAS4.0 / Benhamayemohamed /Wikimedia Commons

La cérémonie d'investiture s'est déroulée au Palais des sports devant des milliers de militants des partis de la coalition au pouvoir. Plusieurs fois ministre, Mohamed Bazoum est un proche du président Issoufou - qui arrive au terme de son second et dernier mandat au vu de la constitution. Initialement prévue l'année prochaine, un an avant la présidentielle, l’investiture a été avancée d'un an, au vu des tiraillements internes.

Cela fait des mois que la pression montait au sein du parti présidentiel, le PNDS. Mais la guerre de leadership ne s'est manifestée au grand jour que fin janvier 2019, avec le limogeage de Hassoumi Massaoudou.

Le tout puissant ministre des Finances, secrétaire général du parti, a été, dit-on en coulisses, sanctionné pour avoir commencé à promouvoir sa candidature, en sourdine, dans sa région natale de Dosso. Et ce, sans l'aval des instances du parti et du président.

Or Mahamadou Issoufou a fait son choix depuis plusieurs mois : ce sera Mohamed Bazoum, compagnon de lutte et co-fondateur du PNDS. Le parti lui doit beaucoup explique un ancien cadre du parti, qui ajoute que sans lui le PNDS n'aurait pas connu le même essor.

Un fidèle parmi les fidèles

Ses réseaux ont fait de lui une des personnalités nigériennes les plus influentes, même si ses détracteurs au sein de la société civile pointent ses dérives autoritaires. Très bon orateur, il a aussi su défendre avec verve les intérêts du Niger à l'étranger quand il était ministre des Affaires étrangères.

Nommé ministre de l'Intérieur en 2016, « Bazoum », comme il est surnommé, a soutenu Mahamadou Issoufou dans tous les moments clés de sa carrière politique. Et le chef de l'Etat lui confie aujourd'hui les clés du PNDS pour 2021.

Dans la mesure où telle est votre volonté et dans la mesure où tel est mon destin, je vais l’assumer : je resterai toujours conforme à l’idée que vous avez de moi, c’est-à-dire un homme digne de succéder à Mahamadou Issoufou
Mohamed Bazoum promet de rester dans le sillon tracé par son mentor
01-04-2019 - Par Moussa Kaka
 

[Édito] Algérie : et maintenant ?

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Soudain, le miracle a eu lieu. Un éclair de lucidité a frappé les plus fieffés thuriféraires d’Abdelaziz Bouteflika.

Tous ceux qui, depuis vingt ans, s’échinent à cirer les babouches du zaïm, y compris depuis que ce dernier n’est manifestement plus en état de diriger un pays aussi complexe que l’Algérie – c’est-à-dire depuis 2012 –, retrouvent soudain la vue et leurs connexions neuronales.
L’un après l’autre, comme des dominos, les plus ardents partisans d’un cinquième mandat se mettent à exiger la démission de «Boutef» et/ou l’application de l’article 102 de la Constitution, qui autorise la destitution du chef de l’État pour raisons de santé. Élégante manière de pousser vers la sortie le fauteuil roulant présidentiel, afin de préserver l’essentiel à leurs yeux : eux-mêmes.
Le lâchage le plus symbolique, et le plus pharisien, est sans nul doute celui du chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, 79 ans. «Je serai avec le moudjahid jusqu’à sa mort», jurait-il naguère. Comme disait jadis l’évêque Massillon (1663-1742), « quiconque flatte ses maîtres les trahit ».


Le cas « Boutef » étant réglé, ou en voie de l’être, que va-t-il se passer à présent ? Depuis le début de la contestation, il y a plus d’un mois, le pouvoir a lâché tellement de lest qu’on pourrait le croire sur le point de s’envoler ! La vérité est qu’il est dans une impasse. Les multiples concessions qu’il a été amené à faire, avec une parcimonie qui confinait à l’improvisation permanente, n’ont fait qu’attiser le foyer de la révolte.
La majorité des Algériens ne veulent plus entendre parler d’un processus de transition constitutionnelle. Abdelkader Bensalah, le président du Conseil de la nation (Sénat), censé assurer l’intérim de la présidence jusqu’à l’organisation d’une nouvelle élection (dans un délai compris entre quarante-cinq et cent trente cinq jours) ? Voué aux gémonies. Le Conseil constitutionnel, présidé par Tayeb Belaïz, un affidé de Bouteflika ? Récusé. Noureddine Bedoui, le Premier ministre ? Abhorré. Ramtane Lamamra, le vice-Premier ministre ? Malgré d’honorables états de service et une image davantage préservée, il est, comme les autres – fût-ce Gaïd Salah –, rejeté par la rue : bonnet blanc et blanc bonnet !
Aucune personnalité ayant occupé des fonctions au sein du régime n’échappe à la défiance, voire à la vindicte de la population. « Qu’ils partent tous ! » : tel est désormais le slogan des manifestants. Dans ces conditions, difficile d’imaginer qu’ils puissent donner leur aval à une sortie de crise et à un scrutin – auquel personne n’est préparé – organisés par un système qu’ils honnissent. Que réclament-ils donc ? La fin du régime en place, bien sûr, puis l’installation d’un gouvernement provisoire, de personnalités indépendantes et impartiales qui puissent constituer une sorte de comité des sages chargé de diriger la transition et d’organiser des élections libres et transparentes.
Des noms sont avancés, qui font (presque) l’unanimité, ceux notamment de l’ancien président Liamine Zéroual, de Djamila Bouhired, la célèbre militante de la guerre d’indépendance, des avocats Mustapha Bouchachi et Ali Haroun, de la magistrate Zoubida Assoul… Pas vraiment l’incarnation de la jeunesse, mais bon…
 

Bon sens et ingéniosité

Une chose est sûre, la rue ne cédera pas. Mais la voie qu’elle défend, aussi intéressante et potentiellement féconde soit-elle, doit pour l’instant passer sous les fourches caudines d’une loi fondamentale taillée sur mesure pour Bouteflika. C’est donc aux actuels dirigeants de faire preuve de bon sens et d’ingéniosité pour trouver un artifice qui permette de contenter la population. En matière d’inventivité et de petits arrangements avec la légalité, ils ont amplement démontré leurs compétences !
Tous doivent cependant garder en tête un aspect dont personne, pour l’instant, ne parle : l’Algérie ne peut se permettre de perdre davantage de temps. Déjà inquiétante avant le déclenchement de la contestation, le 22 février, la situation économique est aujourd’hui alarmante. Quelles que soient la solution et les échéances retenues, il va falloir s’en préoccuper sérieusement. Et vite.