Vu au Sud - Vu du Sud

Burkina Faso: deux attaques contre des policiers dans la région du Nord

Un véhicule de police au Burkina Faso, le 28 novembre 2017 (photo d'illustration).
© LUDOVIC MARIN / AFP

Au Burkina Faso, un policier a été tué dans la région du Nord la nuit du mercredi 22 à jeudi 23 août. Au retour d'une mission, les forces de l’ordre ont été attaquées sur un axe routier par des individus armés. La même nuit, le commissariat de district de Sollé a été attaqué. La riposte des forces de sécurité a poussé les assaillants à prendre la fuite.

Ce mercredi, une première attaque a visé une équipe de deux policiers qui venaient d'une mission de sécurisation, autour de 21h, heure locale, sur l'axe Sollé / Titao, a environ trois kilomètres de la borne frontalière entre le Burkina Faso et le Mali.

Les assaillants, qui étaient cachés dans les buissons, ont immédiatement ouvert le feu sur les policiers à moto, tuant l’un d’entre eux, malgré la riposte des forces de sécurité. Une patrouille de la région s'est rendue sur place.

Quelques heures plus tard, alors que les fouilles se poursuivaient sur le site de l’assaut, un groupe d'hommes armés s’attaquait au commissariat de police de district de Sollé. Selon une source sécuritaire, l'objectif affiché était d'incendier le commissariat.

Pendant qu'un groupe était aux prises avec les forces de sécurité, une autre partie des assaillants tentait de mettre le feu au bâtiment. Après des tirs nourris et face à la riposte des policiers, les agresseurs ont disparu dans la nature, non sans avoir mis le feu à un hangar.

Les enquêtes en cours doivent permettre de dire si cette double attaque est l'œuvre d'un même groupe, explique une source sécuritaire.

C'est la deuxième fois que le commissariat de district de Sollé est attaqué. En octobre 2017 déjà, des individus armés avaient provoqué des dégâts matériels et l’incendie du domicile du commissaire.

Confronté à des enlèvements,
le Niger sécurise sa frontière avec le Nigéria

Des soldats nigériens s'entrainent à Maradi (photo d'illustration).
© U.S. Navy photo/Public domain

Le Niger a renforcé depuis deux mois ses patrouilles à sa frontière sud avec le Nigéria, dans la région de Maradi. Les autorités de Niamey entendent faire face la montée à l'accroissement des enlèvements, dus à des criminels qui se mêlent aux  réfugiés du Nigéria voisin, qui fuient des opérations militaires engagées contre les actes de banditisme dans l'Etat de Zamfara.

A en croire le gouverneur de la région de Maradi, depuis quelques mois des familles entières traversent la frontière du Nigéria vers le Niger. Parmi eux des retournés, c’est-à-dire des Nigériens qui rentrent au pays, mais aussi des Nigérians, souvent de proche parenté et qui sont très bien accueillis de ce côté-ci de la frontière.

Mais parmi ces populations se sont infiltrés des bandits qui « viennent à moto et enlèvent des personnes un peu aisées », dont les familles sont susceptibles de collecter une rançon, explique Zakari Oumarou, le gouverneur de Maradi. Des criminels auxquels « s’associent » des Nigériens qui « facilitent ces enlèvements ».

En conséquence, les autorités nigériennes ont renforcé les patrouilles dans ce secteur frontalier, pour filtrer les réfugiés et stopper cette montée d'insécurité. Pour plus d’efficacité, elles font appel à la vigilance de la population locale. Une « collaboration » dont se réjouit Zakari Oumarou. D’autant que les informations ainsi récoltées sont échangées « avec les Etats fédérés du Nigéria, pour prendre des mesures communes ».

A noter que ces actes délictueux sont le fait de bandits et non de groupes en lien avec Boko Haram.

Mali: nouvelle manifestation de Soumaïla Cissé contre la réélection d’IBK

Comme la semaine précédente (photo), Soumaïla Cissé et ses partisans ont défilé à Bamako pour contester les résultats de la présidentielle malienne, samedi 25 août 2018.
© REUTERS/Luc Gnago

Le camp de Soumaïla Cissé a organisé une nouvelle manifestation pour protester contre le résultat des élections présidentielles maliennes, samedi 25 août à Bamako. Cette manifestation, interdite dans un premier temps aurait finalement été autorisée, sans explication, et s'est finalement bien déroulée.

Soumaïla Cissé ne désarme pas. Plus d'un millier de ses partisans se sont rassemblés samedi matin sur la place de la Liberté, à Bamako, après une première manifestation dans le centre de la capitale une semaine plus tôt. Ils ont démarré leur marche de contestation des résultats de la présidentielle du 12 août aux cris de « IBK voleur » sur le coup de 11h, avant de se rendre jusqu’à l’esplanade de la Bourse.

Les manifestants encadrés par les forces de sécurité ont marché pacifiquement sur une dizaine de kilomètres. A l'arrivée, Soumaïla Cissé a dénoncé « un président élu par la fraude, le bourrage des urnes et la falsification des résultats ».

Ses proches assurent qu'ils étaient plus de 5 000 à battre le pavé à Bamako. Ils revendiquent également des marches dans d'autres villes du pays ce samedi. Notamment à Ségou, Nioro, Gao et Sikasso, mais aussi à l'étranger.

L'objectif : maintenir la pression sur le camp du président Ibrahim Boubakar Keita, réélu au second tour avec plus de 67 % des suffrages. Et ce, malgré le rejet par la plus haute juridiction du pays des recours de l'opposition, pour manque de preuves.

Population: quand islam rime avec
planning familial

Une femme et son enfant: les Nations unies comptent sur les responsables religieux pour prendre en compte l'importance du planning familial (photo d'illustration).
© Pixabay/CC0/Ben_Kerckx

Le bureau régional à Dakar du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) vise une approche « inclusive » en Afrique de l’Ouest et centrale, en passant par les chefs religieux pour relayer son message. L’objectif : lutter contre les violences sexuelles, défendre l’égalité des sexes, mais aussi l’accès à la santé sexuelle et reproductive. En clair : informer les imams et les prêtres sur les impératifs du « dividende démographique » et du contrôle des naissances.

Comment tirer parti du dividende démographique, cette étape tant attendue en Afrique, qui voit l’arrivée massive de jeunes sur le marché du travail tirer de façon mathématique la croissance économique ? Ce « dividende », qui n’a rien d’automatique, suppose aussi la réduction des personnes à charge pour ces actifs, enfants comme personnes âgées.

Or, le niveau de fécondité reste très élevé en Afrique de l’Ouest et centrale, avec des indices de 5,5 et 4,9 enfants par femme, allant jusqu’à un pic de 7,2 au Niger et près de 6 enfants par femme au Tchad et au Mali. En outre, la fécondité des adolescentes, 128 naissances pour 1 000 adolescentes, y est la plus forte au monde, conséquence à la fois du mariage précoce et de l’accès difficile à la contraception. En cause, les réticences culturelles et religieuses à avoir recours au planning familial.

Les méthodes modernes de contraception sont utilisées par 22% de la population au sud du Sahara, mais seulement par 13% en Afrique de l’Ouest et centrale. Certains pays affichent même le plus faible recours à la contraception au monde : 7 % en Guinée, 6 % au Tchad et moins de 15 % au Niger, au Mali, au Bénin et en Gambie.

Pour faire face, le bureau régional du UNFPA à Dakar, dont l'économiste sénégalais Mabingue Ngom est le directeur, vise à faire rimer « islam et planning familial ». Il s’agit de réconcilier les deux termes de cette équation, en vue des objectifs de développement des agendas 2030 et 2063, tels qu’ils ont été définis par les Objectifs du développement durable (ODD) et l’Union africaine (UA). Le UNFPA part de ce simple constat : « Ces objectifs ne peuvent être atteints sans tenir compte des valeurs culturelles et religieuses des populations cibles. Les leaders religieux jouissant d’une grande estime au sein des communautés, leurs messages sont très respectés par les populations. »

Les premiers jalons posés

Comment renverser la vapeur ? La mission n’est pas tout à fait impossible, puisqu’elle a déjà commencé dans sept pays, Mauritanie, Côte d’Ivoire, Mali, Gambi, Burkina Faso, Niger et Tchad. Des plans d’action y sont menés par les chefs religieux dans leurs communautés, dans le droit fil d’une consultation régionale organisée à Dakar en octobre 2015 avec des membres du clergé chrétien comme musulman. A l’ordre du jour : la reproduction et le dividende démographique. Pour rendre cet enjeu moins abstrait, une plateforme régionale et inter-confessionnelle de partage des connaissances a été montée.

De forums en conférences, le message fait son chemin. En Gambie, le gouvernement, le Conseil islamique et la société civile se sont réunis en novembre 2017, pour adopter une déclaration commune contre toutes les formes de violences basées sur le genre, mariages précoces et mutilations génitales comprises. Au Tchad, c’est un symposium international sur le thème « Islam, dividende démographique et bien-être familial » qui a réuni un millier d’oulémas, imams et femmes prédicatrices à Ndjamena, en juillet 2017. L’occasion de signer une déclaration et de rappeler les antécédents en matière d’islam et de planning familial. Déjà, en 2005, une première conférence du réseau des organisations islamiques africaines s’était tenue à Abuja, au Nigeria, pour parler de démographie. Sa déclaration finale avait mentionné l’acceptation par l’islam des questions de santé maternelle et d’espacement des naissances.

Enfin, l’engagement des leaders religieux du Sahel a été sollicité, en mai dernier à Nouakchott, lors d’une autre conférence organisée par le bureau régional du UNFPA et la Banque mondiale. Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad étaient représentés, outre le Bénin, le Nigeria et le Maroc. En est sortie une feuille de route pour assister les religieux à élaborer des plans d’action précis, sur le terrain.

L’université Al-Azhar et le Bangladesh sollicités

Afin de rendre le message encore plus légitime, un atelier de formation de 42 leaders religieux du Sahel a été organisé en avril dernier avec l’université Al-Azhar, au Caire, l’institution qui fait référence dans l’islam sunnite. Un Centre islamique international pour la recherche et les études en population de l’université Al-Azhar l’a organisé, après avoir été lancé avec l’appui du UNFPA.

D’autres délégués issus de différents ministères des pays du Sahel ont échangé leurs expériences lors d’une mission au Bangladesh en mai 2016. Des visites de sites et des discussions se sont tenues avec le ministère des Affaires religieuses du Bangladesh, l'Académie de formation des imams, et tout un éventail d'organismes de services de santé communautaires. Deux leçons cardinales ont été retenues. La première tient à l’organisation pyramidale des instituts religieux au Bangladesh, sous la tutelle du ministère des Affaires religieuses. Ce qui légitime les messages des chefs religieux sur la santé reproductive. La seconde leçon porte sur les argumentaires élaborés par les instituts religieux, pour obtenir l’adhésion des populations.

Le bureau régional du UNFPA à Dakar pour l'Afrique de l'Ouest et centrale ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Un atelier de formation est prévu à Ouagadougou avec l’appui de l’université Al-Azhar, pour cibler des leaders religieux du Sahel : les moins de 40 ans, hommes comme femmes, qui prêchent dans des mosquées importantes et sont d’accord pour promouvoir les droits et la santé sexuelle et reproductive. Cette formation aura recours à des experts de l’université Al-Azhar, mais aussi de l’université Zeitouna de Tunisie et de la Rabita Mohammadia des oulémas du Maroc.

Une autre piste consiste à toucher concrètement les lieux de cultes et les structures qui y sont associées, tels que les centres de soins et les radios communautaires. Egalement au programme : un modèle de plaidoyer « Islam et planning familial » qui vulgarise les versets du Coran et les hadiths de la Sunna illustrant l’acceptation de la planification familiale par l’islam.

(Ré) écouter : Démographie africaine, atout ou handicap? (Le débat africain)

Ci dessous des liens avec quatre exemplaires de ces Echos du Mali : mars, avril, mai et juillet 2018.

* mars

* avril

* mai

* juillet