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Sénégal: la campagne des élections locales effectivement lancée

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Une Sénégalaise s'apprête à voter pour la présidentielle à l'école Adja Mame Yacine Diagne, à Dakar, le 24 février 2019. (Photo d'illustration) Carmen Abd Ali / AFP

 

La campagne, en perspective des élections territoriales du 23 janvier, a été lancée, samedi 8 janvier, au Sénégal. La capitale sénégalaise a été rythmée, toute la journée et même une partie de la soirée, par des manifestations politiques des différents candidats en lice pour les communes et les maires de villes

Avec notre correspondant à Dakar, Birahim Touré

Des décibels de musique, tam-tam, klaxons pour accompagner la caravane de Pape Diop, ancien maire de la capitale sénégalaise de 2002 à 2009. Il a choisi de sillonner les populaires quartiers de la Medina et Fass.

Reconquérir Dakar

Du haut de son véhicule, toit ouvrant, Pape Diop ne se fait pas prier pour décliner son programme pour la reconquête de Dakar: « Depuis, il n’y a pas eu de changement. Les politiques ne faisant pas le résultat des élections, ce  sont les populations dakaroises qui, en majorité, vont voter pour nous ».

Ailleurs, l’ambiance est moins rythmée. Nous sommes à quelques mètres du marché de Fass, dans la périphérie de Dakar centre. C’est le quartier général d’un des lieutenants du chef de cabinet du président de la République, Mame Mbaye Niang, également candidat à la ville de Dakar.

Bokar Dia se prépare à rejoindre le gros de la troupe avec ses militants: « Dans la matinée, on devrait faire quelques proximités, faire les derniers réglages. Le soir, on se retrouve tous au niveau du département pour apporter notre soutien à notre candidat, au niveau de la ville ».

« Aller à la rencontre des citoyens »

Le cossu quartier de Sacré-Cœur a été choisi par le maire sortant, Soham el Wardini, pour un meeting de démarrage. Pas encore sur place jusqu’en début de soirée. C’est le représentant de sa coalition, Theodore Cherif Monteil qui décline sa feuille de route: « Nous avons neuf grands évènements majeurs mais l’essentiel de la campagne se fera sous forme de proximité parce que nous voulons aller à la rencontre des citoyens ».

À lire aussi: Élections locales au Sénégal: quinze jours pour convaincre

Doudou Wade, du PDS, Abdoulaye Diouf Sarr, ministre de la Santé et candidat de la coalition au pouvoir ainsi que d’autres candidats ont chacun choisi leur manière de démarrer la campagne. D’autres comme Ousmane Sonko et sa coalition ont préféré se rendre à Ziguinchor, dans le sud du Sénégal, pour le coup d’envoi.

Tchad: polémique autour de la place accordée aux règles coutumières dans le droit pénal

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Palais de justice à Ndjamena, au Tchad (illustration). AFP/Pascal Guyot

 

Le sultan de l’Ennedi Est, une province du Tchad, et une quarantaine de chefs de canton ont signé un texte réglementant les conflits en total contradiction avec les règles de la République, selon les autorités tchadiennes qui l’ont annulé début janvier 2022. De tels accords ont déjà été signés dans le passé et ont provoqué l’indignation. Si la diyya est une pratique qui se passe dans les communautés musulmanes depuis des siècles, elle divise aujourd'hui toute la société tchadienne.

Avec notre correspondante à NdjamenaAurélie Bazzara-Kibangula

Dans le Dar Billiat, dans la province de l’Ennedi, un voleur risquait cinq ans de prison ferme et 500 000 francs CFA d’amende. Le coupable d’un meurtre, lui, pouvait être condamné à une peine de dix ans de prison et une indemnisation de 100 chameaux à la famille de la victime.

Le sultan outrepasse son rôle traditionnel

Mais ces réglementations, établies début décembre par le sultan du Dar Billiat, Sidick Timan Deby, ne respectent pas les lois de la République selon le gouvernement. Les autorités ont donc annulé le texte dans une note transmise au gouverneur de l’Ennedi, précisant que le sultan outrepasse son rôle traditionnel en fixant des peines d’emprisonnement.

« Les règles coutumières ne peuvent pas se substituer au droit pénal », explique le ministre de la Justice. Mahamat Ahmat Alhabo rappelle que la diyya n’est qu’une réparation civile mais qu’en aucun cas, elle n’efface l’infraction.

Réglementer pour apaiser

Selon un chef de canton signataire du texte de Dar-Billiat, réglementer les conflits dans l’Ennedi est pourtant nécessaire pour apaiser la province où les cas de vols de bétails peuvent entraîner des vendettas. Mais aussi nécessaire, dit-il, « pour pallier les services de l’État quasiment absents dans la province. »

 À lire aussi : Tchad: des tensions après l’arrestation d’un marabout nigérian

Mali : la Cedeao tape du poing sur la table

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 9 janvier 2022 à 22:35
 


Sommet extraordinaire des chefs d’État de la Cedeao à Accra, le 9 janvier 2022. © Présidence de la Côte d’Ivoire

 

Réunis en sommet extraordinaire à Accra ce dimanche, les dirigeants ouest-africains ont fait le choix de la fermeté et annoncé de lourdes sanctions économiques contre Bamako.

Le mécontentement affiché par les dirigeants de la sous-région ces derniers jours laissait peu de place au doute, mais ce sont tout de même de très lourdes sanctions, économiques pour la plupart, qui ont été annoncées ce dimanche 9 janvier depuis Accra.

Réunis à huis clos dans la capitale ghanéenne, ils ont décidé de sévir contre les autorités maliennes qui, en plus de n’avoir pas respecté l’échéance du 27 février pour organiser des élections, ont proposé que la transition qui s’est ouverte avec le renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020 soit prolongée de cinq années supplémentaires.

La Cedeao échaudée

Devant le tollé, Bamako avait tenté ces derniers jours de calmer le jeu et insisté sur le fait que ce nouveau délai, proposé le 31 décembre à l’issue des assises nationales, n’était qu’une « base pour la négociation ». Un message qu’Abdoulaye Diop, le ministre malien des Affaires étrangères, s’est employé à répéter à ses différents interlocuteurs lors de la tournée qu’il a effectuée en fin de semaine et qui l’a conduit en Côte d’Ivoire, en Sierra Leone, au Burkina Faso et en Algérie.

Selon nos informations, Abdoulaye Diop a tenté jusqu’à la dernière minute d’éviter les sanctions. À Accra, ce samedi, où il s’est rendu accompagné du ministre malien de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga, il a même proposé que les cinq ans soient ramenés à deux. Mais, échaudée et consciente que c’est aussi sa crédibilité qui était en jeu, la Cedeao a choisi la fermeté.

Ont donc été annoncées la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays membres de la Cedeao et le Mali, ainsi que la suspension de toutes les transactions commerciales. Une exception est faite pour les biens de consommation essentiels, les produits pharmaceutiques, les fournitures et équipements médicaux, les produits pétroliers et l’électricité.

Avec effet immédiat

Les avoirs du Mali au sein de la BCEAO sont en outre gelés. Le pays se voit également suspendu de toutes les aides qui lui étaient versées via la BIDC et la BOAD. Enfin, les pays membres de la Cedeao rappellent leurs ambassadeurs accrédités à Bamako.

LES CONSÉQUENCES SONT LOURDES POUR L’ÉTAT MALIEN, QUI NE POURRA PLUS FAIRE FACE À UN CERTAIN NOMBRE D’ÉCHÉANCES

« Ces sanctions seront appliquées immédiatement, précise le communiqué publié en début de soirée. [Elles] ne seront progressivement levées qu’après la finalisation d’un chronogramme acceptable et convenu. »

« Les conséquences sont lourdes pour l’État malien, qui ne pourra plus faire face à un certain nombre d’échéances, résume un haut cadre malien. Il ne pourra plus lever de fonds sur les marchés financiers ni accéder au compte unique du Trésor, où sont ses actifs financiers. À très court terme, le manque de liquidités va affecter notamment le paiement des salaires des fonctionnaires et des agents de l’État. »

Mise en garde

Les militaires maliens doivent-ils y voir une mise en garde ? La Cedeao annonce, dans le même communiqué, qu’elle décide « d’activer immédiatement » sa Force en attente et que celle-ci se tiendra « prête à toute éventualité ».

Au sujet de la présence de mercenaires russes liés au groupe Wagner, la Cedeao prend la peine d’ajouter que, « malgré le démenti du gouvernement de transition malien, [elle] reste profondément préoccupée par le rapport cohérent sur le déploiement d’agents de sécurité privée au Mali avec son impact potentiellement déstabilisateur sur la région ».

Reste à savoir quelle sera la réaction malienne, tant du côté des autorités, que de la rue, chauffée à blanc par les précédentes sanctions.

Transition au Mali: tractations en coulisse avant le sommet d'Accra

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Un double sommet extraordinaire sur le Mali est prévu à Accra, au Ghana, dimanche 9 janvier 2022.
 © RFI/Serge Daniel

 

Un double sommet extraordinaire sur le Mali est prévu à Accra dimanche : une réunion des chefs d'États de la Cédeao va succéder à une rencontre des chefs d'États de l'UEMOA. Il sera question de la demande d'une transition de cinq ans formulée par la junte malienne qui a décidé de ne pas organiser comme prévu les élections fin février 2022. 

Avec notre envoyé spécial à Accra, Serge Daniel

Dans la ville d’Accra où les illuminations pour les fêtes de fin d'année sont encore visibles, des délégations commencent déjà à arriver pour le double sommet de ce dimanche 9 janvier. D’autres sont attendus. Par exemple un vol spécial a été affrété pour permettre à Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’UA d’assister aux sommets.

Et pour mieux affiner les tractations de dernière minute sur le dossier Mali, dès ce samedi des chefs d’État seront dans la capitale ghanéenne. Il y a par exemple l’ivoirien Alassane Dramane Ouatarra et le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré. 

La fermeté de mise

D’après nos informations, pour le moment, l’unanimité se dégage pour dire un « non catégorique » à la proposition de la junte malienne de diriger une transition de cinq ans. « À tous les émissaires dépêchés par Bamako, nous avons été fermes », martèle un ministre d’un pays membre de la Cédéao. « Il faut prendre des décisions fortes », ajoute un autre interlocuteur.

Un train peut en cacher un autre. Il y a le cas malien, mais également le cas de la Guinée. Et si « nous ne sommes pas fermes vis-à-vis du Mali, cela va donner des idées aux putschistes guinéens », analyse un conseiller du président ghanéen Nana Akufo-Addo. Comme d’autres, ce dernier est plutôt favorable à la prise de mesures « fortes » pour contraindre la junte malienne à rapidement organiser un retour à une vie constitutionnelle normale.

►À lire aussi : Mali: l’opposition réclame des élections dans des délais rapides

Côte d’Ivoire : faux départ pour le dialogue politique

7 janvier 2022 à 17:55

Mis à jour le 7 janvier 2022 à 17:58
 


Le Premier ministre Patrick Achi lors du dialogue politique, le 16 décembre 2021, à Abidjan. © Primature de CI

 

Théoriquement relancé par le Premier ministre Patrick Achi le 16 décembre, le dialogue est au point mort. Des dossiers judiciaires qui incriminent l’opposition sont venus raviver les tensions entre le parti au pouvoir et ses adversaires politiques.

« Le RHDP [Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix] constate que le PDCI-RDA [Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain] et le PPA-CI [Parti des peuples africains en Côte d’Ivoire] veulent se servir de ce dialogue politique pour s’assurer une immunité juridictionnelle et une impunité, sans toutefois reconnaître leurs forfaits. »

Les mots sont de Kobenan Kouassi Adjoumani, le porte-parole du RHDP, au pouvoir, qui s’est chargé d’organiser la riposte face à l’opposition. « Au demeurant, le dialogue n’est à cet égard nullement constitutif d’une occasion d’exonérer a priori des hommes politiques des actes justiciables qui leur sont opposés », ajoute-t-il.

Pascal Affi N’Guessan, Guillaume Soro et Simone Gbagbo

Ce jeudi 6 janvier, le ton est grave et les mots durs du porte-parole du RHDP sont une réponse au PDCI d’Henri Konan Bédié et au PPA-CI de Laurent Gbagbo. Dans un communiqué conjoint rendu public quelques jours plus tôt, le 5 janvier, les formations des deux anciens présidents s’interrogeaient sur « la sincérité du dialogue politique relancé par le gouvernement ».

Depuis la multiplication de gestes d’apaisement et le lancement du dialogue mi-décembre, le climat politique s’était relativement apaisé. Mais la publication d’un rapport d’enquête sur les crimes commis lors de la présidentielle de 2020 qui met en cause les principaux leaders de l’opposition a ravivé les tensions. Publié le 27 décembre par le procureur près le tribunal de grande instance d’Abidjan, Richard Adou, le dossier d’une soixantaine de pages estime que l’appel au boycott et à la désobéissance civile lancé par Henri Konan Bédié a été « l’un des déclencheurs » de la crise qui a fait officiellement 85 morts et plus de 500 blessés.

Plusieurs autres personnalités, comme Pascal Affi N’Guessan, à la tête du Front populaire ivoirien (FPI), Guillaume Soro, l’ex-président de l’Assemblée nationale, ou encore Simone Gbagbo, l’ex-première dame, y sont citées. Autant d’accusations qui pourraient provoquer des poursuites. Richard Adou a souligné que l’immunité présidentielle était, dans ce cas précis, inopérante.

« Paranoïa politique »

En réaction, le PDCI et le PPA-CI ont dénoncé, dans une déclaration commune, de « graves accusations, assorties de menaces de poursuites judiciaires, contre des dirigeants des partis d’opposition » de la part du procureur de la République. « Il importe de signaler que la conférence de presse du procureur a curieusement coïncidé avec la nouvelle date butoir de dépôt des termes de référence [pour le dialogue politique] », écrivent-ils dans leur message rendu public par Justin Katinan Koné, porte-parole du PPA-CI, et Soumaïla Kouassi Bredoumy, pour le PDCI, dénonçant un premier report du dialogue, du 17 au 27 décembre.

« Nous considérons que cette sortie du RHDP ne constitue pas une réponse aux inquiétudes que nous avons soulevées », insiste un cadre du PPA-CI. « Nous ne demandons pas l’impunité. Nous soulevons des interrogations qui nous semblent légitimes. La coïncidence entre la date initialement prévue pour la reprise du dialogue et la sortie du procureur est troublante », ajoute-t-il.

Du côté du pouvoir, on insiste sur l’indépendance de la justice et on qualifie les inquiétudes de l’opposition de « procès d’intention » et de « paranoïa politique ». « Le dialogue politique ne saurait être une entrave au fonctionnement normal de la justice », assène Kobenan Kouassi Adjoumani.

Pour le RHDP, la séquence lancée le 16 décembre s’inscrit dans la continuité des actions initiées par les deux précédents Premiers ministres, Amadou Gon Coulibaly et Hamed Bakayoko, avant leurs décès, et souligne les avancées enregistrées : les amnisties, les libérations de prisonniers, le retour d’exilés et les rencontres entre Alassane Ouattara et ses prédécesseurs.

Dossiers sensibles

Selon le politologue et essayiste Geoffroy-Julien Kouao, les deux parties ont chacune des arguments. « D’une part, la réaction de l’opposition est légitime car même s’il y a séparation des pouvoirs, le parquet est sous la hiérarchie du ministère de la Justice. La sortie du procureur pourrait fragiliser le statut pénal des participants au dialogue et la sérénité ne sera pas au rendez-vous. De l’autre, le RHDP n’a pas non plus tort car le dialogue politique ne saurait justifier l’impunité. Comment concilier le dialogue et la nécessité de rendre justice ? Cette situation aura indéniablement un impact sur les discussions », analyse-t-il.

Le dialogue politique, pour lequel aucune date de reprise n’a été fixé, est censé mettre sur la table des sujets sensibles. L’organisation de la présidentielle de 2025, la libération des prisonniers civils et militaires chère à Laurent Gbagbo mais aussi le retour de Guillaume Soro et de Charles Blé Goudé pourraient y être discutés.