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Dans "Jeune Afrique"

Coup d’accélérateur pour les salles de spectacle africaines de Vivendi

 

Conakry, Douala, Niamey et Ouagadougou... Après une première à Yaoundé au Cameroun en juin dernier, le groupe de communication et de divertissement Vivendi avance ses pions dans son plan de développement d'un réseau panafricain de salles de cinéma et de concert, CanalOlympia.

Le déploiement d’un réseau de salles de cinéma et de concert que le groupe de communication et de divertissement Vivendi (Universal Music Group, Canal+, Dailymotion) veut implanter en Afrique subsaharienne —  « 100 à terme » selon Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance — s’accélère.

« Après l’ouverture au public ce 11 janvier de la salle CanalOlympia à Conakry en Guinée, suivront celles de Douala au Cameroun le 18 janvier, de Niamey au Niger le 1er février et de Ouagadougou au Burkina Faso le 25 février, premier jour du festival panafricain du cinéma et de la télévision Fespaco » , écrit le groupe dans un communiqué. Et de préciser que « plusieurs salles supplémentaires devraient voir le jour dans d’autres pays africains au cours de 2017 ».

Les nouvelles salles polyvalentes s’ajoutent à la première du genre inaugurée à Yaoundé en juin, sur le campus de l’Université de Yaoundé 1 à Ngoa-Ekélé, qui avait alors été bâtie en trois mois par la société camerounaise Kalfrelec. Toutes ces salles peuvent accueillir 300 personnes en leur sein et jusqu’à plusieurs milliers de personnes pour des programmations ouvertes sur l’extérieur.

Synergie

La logique de synergie de cette expansion africaine de Vivendi, groupe diversifié aux 10,76 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2015 et impliqué de la production à la distribution des divertissements, est désormais revendiquée, tout particulièrement avec ses filiales déjà très établies sur le continent.

En commençant par Canal+ — la chaîne cryptée a dépassé les 2,5 millions d’abonnés actifs africains selon David Mignot, le directeur général de Canal+ Afrique, interrogé par J.A. dans son numéro 2922  — qui fait profiter CanalOlympia de sa notoriété. Par ailleurs, Studiocanal, le producteur de films et séries dont Vivendi est actionnaire à 100%, « contribue largement » aux 18 séances de cinéma par semaine qui doivent être à l’affiche des salles.

Mais aussi Canal+ Overseas [la division internationale du groupe français] qui « participe à la programmation des films africains, avec notamment les films signés Nollywood TV » [chaîne de fiction africaine distribuée en exclusivité dans les bouquets de chaînes Canal+ disponibles en Afrique], indique Vivendi dans son communiqué.

Côté billetterie, c’est Digitick, le spécialiste de la vente de billets en ligne dans lequel Vivendi a pris une participation majoritaire, qui est mis à profit avec « un système simple et adapté pour le marché africain ».

 

Qui est l’imam Ibrahim Dicko, la nouvelle terreur du nord du Burkina ?

Depuis quelques semaines, Ibrahim "Malam" Dicko, un prédicateur radical de Djibo, donne des sueurs froides aux services de sécurité burkinabè, qui s'inquiètent de son influence grandissante dans le nord du pays.

Il était encore inconnu il y a quelques semaines. Il est désormais considéré comme l’ennemi public numéro un dans la province du Soum, tout au nord du Burkina, le long de la poreuse frontière avec le Mali. Car les responsables sécuritaires burkinabè en sont aujourd’hui convaincus : l’imam Ibrahim Dicko, dit « Malam », a contribué à l’attaque qui a coûté la vie à 12 militaires le 16 décembre à Nassoumbou, dans le nord du Burkina, près de la frontière avec le Mali.

Depuis quelques semaines, Ibrahim "Malam" Dicko, un prédicateur radical de Djibo, donne des sueurs froides aux services de sécurité burkinabè, qui s'inquiètent de son influence grandissante dans le nord du pays.

Fespaco : les 20 films en compétition présentés à Abidjan

Par Jeune Afrique avec AFP
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Vingt films seront en compétition pour le grand prix du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Le plus grand rendez-vous du cinéma africain se déroulera du 25 février au 4 mars dans la capitale burkinabè, ont annoncé jeudi les organisateurs à Abidjan.

L’annonce de la programmation a été faite jeudi 5 janvier en Côte d’Ivoire, invitée d’honneur du 25e Fespaco.

Au total 1 000 films ont été présentés à la sélection cette année, une hausse de 30% par rapport à 2015. Vingt ont été retenus pour concourir pour le grand prix de l’Étalon d’or de Yennenga, a annoncé lors de la conférence internationale de lancement le délégué général du Fespaco, Ardiouma Soma.

Les réalisateurs des 20 films en course sont issus de 15 pays. Parmi eux, deux Ivoiriens et trois Burkinabè. Les autres sont originaires du Maroc, de la Tunisie, de la Guadeloupe, du Bénin, du Ghana, du Mali, du Niger, du Sénégal, de la Tanzanie, du Cameroun, de l’Éthiopie, de l’Algérie et de l’Afrique du Sud.

Longs et courts métrages, films documentaires, séries télévisées et films issus des écoles africaines de cinéma seront primés. La plus haute distinction, l’Étalon d’or de Yennenga, sera décerné le 4 mars par un jury international, a indiqué Ardiouma Soma.

La 25e édition du Fespaco rassemble, chaque année impaire, la crème des réalisateurs, comédiens, techniciens du 7e art africain. Cette année, le prestigieux festival aura pour thème : « Formation et métiers du cinéma et de l’audiovisuel ».

Accent mis sur la sécurité 

Le Fespaco a révélé par le passé de grands noms du cinéma africain. Parmi les plus célèbres, le Mauritanien Abderrahmane Cissako, le Marocain Nabil Ayouch, le Nigérian Newton Aduaka, le Burkinabè Gaston Kaboré et le Malien Souleymane Cissé.

Cette année, le budget est de 1,2 milliard de francs CFA (2 millions d’euros). Le gouvernement burkinabè a assuré qu’un effort serait plus particulièrement consenti pour assurer la sécurité de la manifestation à Ouagadougou, touché par une attaque jihadiste qui avait fait 30 morts le 15 janvier 2016.

 

Appels à la réconciliation nationale et à la paix: les voeux des présidents africains

Appels à la réconciliation nationale et à la paix: les voeux des présidents africains

Les chefs d'Etat des pays membres de l'Union africaine autour d'Idriss Déby, président en exercice de l'organisation et de N. Dlamini-Zuma, présidente de la Commission, en juillet 2016.
© CYRIL NDEGEYA / AFP
 

Un rendez-vous convenu pour tous les chefs d'Etat du monde, celui des voeux pour l'année qui s'ouvre pour leur peuple. Les présidents en exercice du continent africain, du vétéran camerounais Paul Biya au Congolais Joseph Kabila qui a présenté ses voeux juste avant la signature de l'accord de paix samedi soir, tous se sont livrés à l'exercice entre bilan de l'année écoulée et perspectives pour l'année qui s'ouvre. Morceaux choisis.

En RDC, le président Joseph Kabila a présenté ses voeux à la Nation juste avant la signature de l'accord. Trois défis attendent le pays, selon lui, en 2017 à commencer par «la consolidation de la paix, la sécurité et la stabilité politique». « J’en appelle au sens de la responsabilité de chacun et à l’engagement sincère de tous à créer de véritables conditions de paix et de stabilité sur toute l’étendue du territoire national en vue de permettre… de finaliser les listes électorales en vue de la convocation de l’électorat. Je m’assurerai que chacune des institutions concernées fasse sa part et que plus rien ne nous distraie de cet objectif. En effet, seul notre peuple, dans sa souveraineté, devra demeurer la source du pouvoir dans notre pays par la voix des urnes », a assuré le président Kabila.

Afrique centrale toujours, dans son message de vœux à la Nation, le président congolais Denis Sassou Nguesso a décrété 2017 « année de la rigueur et de la vérité ». L'année à venir sera plus difficile au plan économique que 2016, marquée par une grave conjoncture due à la baisse des cours du pétrole. « L’effort collectif que nous avons engagé tout au long de l’année 2016 doit être poursuivi en 2017. Rigueur pour le gouvernement qui doit donner l’exemple, parce que la situation économique et financière de notre pays sera assurément plus rude en 2017 qu’elle ne l’a été en 2016.
2017 sera de ce fait l’année de la rigueur et de la vérité, pour l’adoption des mesures économiques plus fortes susceptibles d’accélérer la mise en œuvre sans atermoiement des réformes portées par la marche vers le développement
».

Au Cameroun, dans son discours de vœux à la Nation, Paul Biya est longuement revenu et pour la première fois, sur les émeutes de novembre dernier dans les deux régions anglophones du pays. Ces manifestations, à l'origine portées par les avocats et les enseignants, ont rapidement dérivé sur des appels au fédéralisme et à la sécession. En réponse, Paul Biya a tranché net : le Cameroun est un et indivisible. « Par le fait d’un groupe de manifestants extrémistes, manipulés et instrumentalisés, des Camerounais ont perdu la vie. Des bâtiments publics et privés ont été détruits. Les symboles les plus sacrés de notre Nation ont été profanés.
Que l’on se comprenne bien. Il n’est pas interdit d’exprimer des préoccupations dans la République. En revanche, rien de grand ne peut se construire dans la surenchère verbale, la violence de rue et le défi à l’autorité. Le Cameroun est un pays un et indivisible
», a martelé Paul Biya.

En Centrafrique, le président Touadéra a appelé au rassemblement. « J’ai, depuis mon élection, montré le chemin de la paix et du relèvement économique qui passe par le DDRR, le dialogue, la cohésion sociale, le vivre-ensemble et la réconciliation nationale. La mise en place de la Commission Vérité Justice Réparation et Réconciliation devient donc une nécessité pour apporter des réponses aux victimes innocentes de la crise et jeter les bases d’une paix durable en République centrafricaine. Je vous exhorte à la vigilance et à la retenue. Notre pays tente de sortir du gouffre dans lequel il a été plongé. La cendre est encore chaude pour y approcher toute substance inflammable sans risques. J’ai pleinement confiance dans nos capacités de résilience ».

Au Gabon, Ali Bongo Ondimba est naturellement revenu sur les violences post-électorales qui ont éclaté dans le pays dès l'annonce de sa réélection le 31 août dernier. Pour réconcilier les Gabonais Ali Bongo Ondimba a annoncé qu'il organisera un dialogue politique après la CAN 2017, pour réformer les institutions et les lois électorales. « L’année 2016 a été difficile du fait d’une campagne électorale marquée par des discours de haine et par une situation post-électorale qui atteint des niveaux de tension inacceptables pour notre peuple. C’est pourquoi j’ai instruit le Premier ministre de réunir très rapidement les conditions d’un dialogue politique… qui devra aborder toutes les questions relatives à la vie institutionnelle de notre pays. Pour ce faire, je souhaite la participation de tous. Cela passe par l’amélioration de notre système électoral qui comporte trop de risques de division et d’affrontements ».

Rigueur et sacrifices au Tchad

Au Tchad, il faudra se serrer la ceinture. Le message de fin d'année du chef de l'Etat a été marqué par l'austérité, alors que l'administration publique est paralysée par une grève depuis quatre mois. « L’année 2016 qui s’achève a été particulièrement éprouvante pour notre pays, a reconnu Idriss Deby. Il n’y a pas d’argent. Ce n’est pas seulement au Tchad que l’argent est rare. L’argent est rare partout. Nous allons nous serrer la ceinture. Quand nous avons eu l’argent du pétrole, nous avons accordé des augmentations. A présent qu’il n’y a pas d’argent, nous devons accepter des efforts et des sacrifices pour ne pas aggraver nos déficits et des efforts pour rétablir les équilibres dans notre économie. C’est à ce prix, et à ce prix seulement, que nous pourrons espérer faire redémarrer la machine ».

Dans son message de fin d'année, le président nigérien, Mahamadou Issoufou appelle les jeunes Nigériens au sein de la secte Boko Haram à déposer les armes et à se ressaisir. L'Etat, a-t-il dit, leur garantira la sécurite et la réinsertion socio-économique. Mahamadou Issoufou s’est réjoui des « succès enregistrés dans la lutte contre Boko Haram dans le bassin du Lac Tchad » et a lancé « un appel à tous ceux qui se sont laissé entraîner dans la voie de l’égarement par Boko Haram et d’autres organisations terroristes, à se ressaisir et à déposer les armes. Nous leur garantissons l’intégrité physique ainsi qu’une réinsertion digne dans la vie socio-économique ».

Au Mali, le président Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé le renforcement des capacités de défense du pays pour faire face au terrorisme, mais il a également annoncé la tenue en mars 2017 d'une conférence d'entente nationale pour évoquer la crise du Nord. « Mers chers compatriotes, un jalon important dans la réhabilitation de la cohésion sociale et du vivre ensemble au Mali sera posé, avec la tenue au mois de mars 2017 de la Conférence internationale, ainsi que cela est spécifié dans l’accord pour la paix et la réconciliation. Cette Conférence doit permettre un débat approfondi entre les composantes de la nation malienne, sur les causes profondes du conflit au nord du Mali. C’est donc à un exercice décisif pour notre devenir que sont conviés, sans exclusive aucune, les fils et les filles de ce pays. Personnellement, je fonde un très grand espoir sur les échanges qui vont s’instaurer et sur les conclusions de la Conférence. Cette dernière devra notamment produire une charte pour la paix, l’unité et la réconciliation ».

Au Burkina, le président Roch Marc Christian Kaboré a dressé le bilan de l’année écoulée. « Une année éprouvante » pour les Burkinabè. « L’année 2016 qui s’achève charrie avec elle nos joies et nos peines. Elle aura été une année éprouvante pour nous au plan sécuritaire, politique, économique et social. La liste des attaques terroristes perpétrées à Ouagadougou et à l’intérieur de nos frontières ont marqué profondément les familles des victimes. C’est le lieu de rappeler aux populations l’impérieuse nécessité de coopérer avec l’armée et nos forces de sécurité et d’être beaucoup plus vigilantes que par le passé, pour dénoncer nos ennemis et nous permettre de mieux les traquer.
L’année 2017 nous ouvre ses portes avec des perspectives heureuses pour la relance de l’économie nationale. Toutefois, je voudrais rappeler que nos combats en 2017 s’appellent : ardeur au travail, probité, justice et sécurité pour tous, engagement en faveur du renforcement de la culture démocratique et de la prospérité partagée
».

En Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara s'est réjoui de l'adoption de la nouvelle Constitution consacrant ainsi la IIIème République qu'il veut attachée aux droits Humains, au vivre-ensemble et aux principes de démocratie. 2017 sera donc l'année de la mise en place et du renforcement des institutions de cette nouvelle République. « Nous pouvons être fiers de l’évolution démocratique de notre pays ! Je suis convaincu que ces évolutions institutionnelles renforcent la stabilité politique de notre pays et offrent un cadre propice à la poursuite de notre marche vers l’émergence. A présent, des échéances importantes nous attendent en 2017 car il nous faut procéder à la mise en place des institutions de la 3ème République. Dès le début de l’année la nouvelle Assemblée nationale sera installée.
Par ailleurs, conformément à l’article 79 de la Constitution, je procèderai à la nomination du vice-président de la République. Enfin, nous procèderons à la mise en place du Sénat. L’objectif de tous ces changements institutionnels est de moderniser notre pays pour atteindre l’émergence à l’horizon 2020
».

En Gambie, le coup de menton de Yahya Jammeh

« Nous sommes prêts à défendre le pays contre toutes agressions », c'est ce qu'a déclaré samedi soir Yahya Jammeh, le président sortant gambien. Dans son très attendu message du 31 décembre, diffusé à la télévision nationale, Yahya Jammeh a prévenu la Communauté économique des états d'Afrique de l'Ouest, la Cédéao. Si l'organisation ouest-africaine intervient militairement pour faire respecter le résultat des présidentielles du 1er décembre dernier, lui aussi répondra par les armes. « Je vais être clair : nous sommes prêts à défendre ce pays contre toute agression et nous ne ferons aucun compromis sur ce point... Ce qui est incontestable, c'est que la perception qu'a la Cédéao de la situation et sa volonté de faire respecter les résultats de l'élection du 1er décembre par tous les moyens possibles sont totalement illégales, car cela viole le principe de non-ingérence dans les affaires internes des états membres. En réalité, c'est une déclaration de guerre et un affront à notre constitution. Si une solution juste n'est pas recherchée dans le cadre de la constitution gambienne et le terme "usage de la force" ne disparaît pas de la position prise par la CEDEAO, le blocage continuera, avec le risque d'une escalade vers une confrontation militaire ».

Pour la nouvelle année, abandonner la logique des « exceptions » et des « exclusions »

Vêpres au dernier jour de l’année 2016 (Texte intégral)

Vêpres du 31 décembre 2016, capture CTV

Vêpres Du 31 Décembre 2016, Capture CTV

« Abandonner la logique des exceptions pour les uns et des exclusions pour les autres » et adopter « la logique de la rencontre, du voisinage et de la proximité ». C’est l’invitation du pape François lors des premières vêpres de la solennité de sainte Marie Mère de Dieu, le 31 décembre 2016.

Au dernier jour de l’année, une semaine après Noël, depuis la basilique Saint-Pierre, le pape a médité sur le Dieu qui « a voulu être proche de tous ceux qui se sentent perdus, mortifiés, blessés, découragés, affligés et intimidés », afin que « le péché, la honte, les blessures, le découragement, l’exclusion n’aient pas le dernier mot dans la vie de ses enfants ».

Il a invité les croyants à quitter la logique « centrée sur le privilège, sur les concessions, sur les favoritismes » et à adopter la « logique divine » : « Dieu vient lui-même rompre la chaîne du privilège qui produit toujours l’exclusion, pour inaugurer la caresse de la compassion qui produit l’inclusion ».

Au moment de conclure l’année 2016, il a aussi encouragé à s’arrêter « devant la crèche, pour remercier de tous les signes de la générosité divine dans notre vie et dans notre histoire, qui s’est manifestée de mille manières ». En effet, a assuré le pape, « Dieu s’est fait présent durant toute cette année » et « chaque époque, chaque moment est porteur de grâce et de bénédiction ».

La crèche, a affirmé le pape François, « nous provoque à ne donner rien ni personne pour perdu ». Et encourage à « prendre notre place dans l’histoire sans nous plaindre et nous attrister, sans nous fermer ou nous évader, sans chercher de faux-fuyants qui nous privilégient ». « Le temps qui nous attend, a-t-il ajouté, demande des initiatives pleines d’audace et d’espérance, ainsi que de renoncer à vouloir vainement être le premier ou à des luttes interminables pour paraître ».

AK

Homélie du pape François

« Lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et soumis à la loi de Moïse, afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi et pour que nous soyons adoptés comme fils » (Ga 4, 4-5).

Ces paroles de saint Paul résonnent avec force. De manière brève et concise, elles nous introduisent dans le projet que Dieu a pour nous: que nous vivions comme fils. Toute l’histoire du salut trouve ici un écho: celui qui n’était pas sujet de la loi décida, par amour, de perdre tout type de privilège (privus legis) et d’entrer par le lieu le moins attendu pour nous libérer nous qui, oui, étions sous la loi. Et la nouveauté est qu’il décida de le faire dans la petitesse et dans la fragilité d’un nouveau-né ; il décida de s’approcher personnellement et, dans sa chair d’embrasser notre chair, dans sa faiblesse d’embrasser notre faiblesse, dans sa petitesse de couvrir la nôtre. Dans le Christ, Dieu ne s’est pas déguisé en homme, il s’est fait homme et a partagé en tout notre condition. Loin d’être enfermé dans un état d’idée ou d’essence abstraite, il a voulu être proche de tous ceux qui se sentent perdus, mortifiés, blessés, découragés, affligés et intimidés. Proche de tous ceux qui dans leur chair portent le poids de l’éloignement et de la solitude, afin que le péché, la honte, les blessures, le découragement, l’exclusion n’aient pas le dernier mot dans la vie de ses enfants.

La crèche nous invite à faire nôtre cette logique divine. Une logique qui n’est pas centrée sur le privilège, sur les concessions, sur les favoritismes ; il s’agit de la logique de la rencontre, du voisinage et de la proximité. La crèche nous invite à abandonner la logique des exceptions pour les uns et des exclusions pour les autres. Dieu vient lui-même rompre la chaîne du privilège qui produit toujours l’exclusion, pour inaugurer la caresse de la compassion qui produit l’inclusion, qui fait resplendir en toute personne la dignité pour laquelle elle a été créée. Un enfant dans les langes nous montre la puissance de Dieu qui interpelle comme don, comme offrande, comme ferment et opportunité pour créer une culture de la rencontre.

Nous ne pouvons pas nous permettre d’être naïfs. Nous savons que de différentes parts nous sommes tentés de vivre dans cette logique du privilège qui nous sépare-en séparant, qui nous exclue-en excluant, qui nous enferme-en enfermant les rêves et la vie de tant de nos frères.

Aujourd’hui, devant l’enfant de Bethléem, nous voulons admettre d’avoir besoin que le Seigneur nous éclaire, parce que souvent nous semblons myopes ou nous demeurons prisonniers de l’attitude intégrationniste bien marquée de celui qui veut par force faire entrer les autres dans ses propres schémas. Nous avons besoin de cette lumière, qui nous fait apprendre de nos propres erreurs et tentatives afin de nous améliorer et de nous dépasser; de cette lumière qui naît de l’humble et courageuse conscience de celui qui trouve la force, chaque fois, de se relever et de recommencer.

Alors qu’une année de plus arrive à son terme, arrêtons-nous devant la crèche, pour remercier de tous les signes de la générosité divine dans notre vie et dans notre histoire, qui s’est manifestée de mille manières dans le témoignage de nombreux visages qui, anonymement, ont su risquer. Remerciement qui ne veut pas être nostalgie stérile ou vain souvenir du passé idéalisé et désincarné, mais bien mémoire vivante qui aide à susciter la créativité personnelle et communautaire parce que nous savons que Dieu est avec nous. Dieu est avec nous.

Arrêtons-nous devant la crèche pour contempler comment Dieu s’est fait présent durant toute cette année et nous rappeler ainsi que chaque époque, chaque moment est porteur de grâce et de bénédiction. La crèche nous provoque à ne donner rien ni personne pour perdu. Regarder la crèche signifie trouver la force de prendre notre place dans l’histoire sans nous plaindre et nous attrister, sans nous fermer ou nous évader, sans chercher de faux-fuyants qui nous privilégient.

Regarder la crèche implique de savoir que le temps qui nous attend demande des initiatives pleines d’audace et d’espérance, ainsi que de renoncer à vouloir vainement être le premier ou à des luttes interminables pour paraître.

Regarder la crèche c’est découvrir comment Dieu s’implique en nous associant, en nous rendant partie prenante de son œuvre, en nous invitant à accueillir avec courage et décision l’avenir qui est devant nous.

Regardant la crèche nous rencontrons les visages de Joseph et de Marie. Visages jeunes chargés d’espérance et d’aspirations, chargés de questions. Visages jeunes qui regardent en avant avec la tâche difficile d’aider l’Enfant-Dieu à grandir. On ne peut parler d’avenir sans contempler ces visages jeunes et assumer la responsabilité que nous avons envers nos jeunes ; plus que responsabilité, la parole juste est dette, oui, la dette que nous avons envers eux. Parler d’une année qui finit c’est nous sentir invités à penser comment nous nous sommes intéressés à la place que les jeunes ont dans notre société.

Nous avons créé une culture qui, d’une part, idolâtre la jeunesse cherchant à la rendre éternelle; mais, paradoxalement, nous avons condamné nos jeunes à ne pas avoir d’espace de réelle insertion, parce que nous les avons lentement marginalisés de la vie publique, les obligeant à émigrer ou à mendier des occupations qui n’existent pas ou qui ne leur permettent pas de se projeter dans un lendemain. Nous avons privilégié la spéculation au lieu de travaux dignes et honnêtes qui leur permettent d’être des protagonistes actifs dans la vie de notre société. Nous attendons d’eux et exigeons qu’ils soient ferment d’avenir, mais nous les discriminons et les «condamnons» à frapper à des portes qui de plus demeurent fermées.

Nous sommes invités à ne pas être comme l’aubergiste de Bethléem qui devant le jeune couple disait: ici il n’y a pas de place. Il n’y avait pas de place pour la vie, pour l’avenir. Il nous est demandé de prendre chacun notre engagement, même s’il semble peu de chose, d’aider nos jeunes à retrouver, ici sur leur terre, dans leur patrie, des horizons concrets d’un avenir à construire. Ne nous privons pas de la force de leurs mains, de leurs esprits, de leurs capacité de prophétiser les rêves de leurs anciens (cf. Jl 3, 1). Si nous voulons viser un avenir qui soit digne d’eux, nous ne pourrons l’atteindre qu’en pariant sur une vraie inclusion : celle qui donne le travail digne, libre, créatif, participatif et solidaire (cf. Discours à l’occasion de la remise du Prix Charlemagne, 6 mai 2016).

Regarder la crèche nous provoque à aider nos jeunes pour qu’ils ne se laissent pas décevoir devant nos immaturités, et les stimuler afin qu’ils soient capables de rêver et de lutter pour leurs rêves. Capables de grandir et de devenir pères et mères de notre peuple.

Devant l’année qui finit, comme cela fait du bien de contempler l’Enfant-Dieu! C’est une invitation à revenir aux sources et aux racines de notre foi. En Jésus la foi se fait espérance, elle devient ferment et bénédiction : « Il nous permet de relever la tête et de recommencer, avec une tendresse qui ne nous déçoit jamais et qui peut toujours nous rendre la joie » (Exhort. Apost. Evangelii gaudium, n. 3).

© Librairie éditrice du Vatican

Meilleurs voeux de Fribourg, Africanum,
avec quelques photos de la fête de Noël des Migrants organisée par le POINT D'ANCRAGE.

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Nos locaux étant trop petits, la fête fut organisée dans la grande Salle de notre paroisse St-Pierre.

En ces temps troublés, alors que le monde est dévasté par des conflits et des guerres, la misère et la persécution, avec François, "laissons-nous caresser par le souffle de Dieu, qui exhorte à la paix, inspire le désir de changer le monde et procure la force de le faire."

Claude Maillard

P. Claude Maillard
Africanum
Route de la Vignettaz 59
CH-1700 Fribourg

Urbi et Orbi: « C’est le «Prince-de-la-paix». Accueillons-le! »

Le pouvoir extraordinaire de l’Enfant, Message de Noël (texte complet)

Message de Noël 2016, capture CTV

Message de Noël 2016, capture CTV

« « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné » : c’est le « Prince-de-la-paix ». Accueillons-le ! », exhorte le pape François au terme de son message de Noël, ce dimanche 25 décembre 2016, depuis la loggia des bénédictions de la basilique Saint-Pierre, et avant sa bénédiction sur la ville et sur le monde, « Urbi et Orbi ». Il insiste sur le pouvoir extraordinaire de cete Enfant-prince.

Cette bénédiction confère, à Noël et à Pâques, l’indulgence plénière, même à qui la reçoit par la télévision, la radio, ou par Internet, aux conditions habituelles prévues par l’Eglise notamment la confession et la communion sacramentelles et la prière aux intentions du pape.

La Syrie « martyrisée » a été le premier pays mentionné par le pape François dans son tour du monde de la paix, et Alep – « siège d’une des batailles les plus atroces » : « Il est temps que les armes se taisent définitivement et que la communauté internationale s’emploie activement pour qu’on arrive à une solution négociée et que se rétablisse le vivre ensemble civil dans le pays. » Le pape a appelé à l’assistance humanitaire pour la population épuisée.

Le pape a cité la Terre Sainte et il a appelé au « courage » et à la « détermination » pour écrire « une nouvelle page de l’histoire » dans la « compréhension mutuelle et la paix ».

Il a cité l’Irak, la Lybie, le Yémen,  l’Afrique, notamment le Nigeria et la République démocratique du Congo, la Colombie et le Venezuela, le Myanmar, les réfugiés, les victimes du terrorisme, des catastrophes naturelles.

Et puis le pape a fait un appel pour les enfants du monde: « Paix aux enfants, en ce jour spécial où Dieu se fait enfant, surtout à ceux qui sont privés des joies de l’enfance à cause de la faim, des guerres et de l’égoïsme des adultes. »

Le pape a aussi affirmé le « pouvoir » extraordinaire de l’Enfant né à Bethléem de Juda: « Le pouvoir de cet Enfant, Fils de Dieu et de Marie, n’est pas le pouvoir de ce monde, basé sur la force et sur la richesse ; c’est le pouvoir de l’amour. C’est le pouvoir qui a créé le ciel et la terre, qui donne vie à toute créature : aux minéraux, aux plantes, aux animaux ; c’est la force qui attire l’homme et la femme et fait d’eux une seule chair, une seule existence ; c’est le pouvoir qui régénère la vie, qui pardonne les fautes, réconcilie les ennemis, transforme le mal en bien. C’est le pouvoir de Dieu. Ce pouvoir de l’amour a porté Jésus Christ à se dépouiller de sa gloire et à se faire homme ; et il le conduira à donner sa vie sur la croix et à ressusciter des morts. C’est le pouvoir du service, qui instaure dans le monde le règne de Dieu, règne de justice et de paix. »

Après la bénédiction, le pape a de nouveau appelé à la solidarité et à la paix.

Des dizaines milliers de visiteurs étaient présents pour écouter le message de Noël du pape François et recevoir sa bénédiction. Le message a été précédé et suivi des hymnes nationaux d’Italie et du Vatican joués par la Gendarmerie vaticane, la Garde suisse pontificale et par les Carabiniers.

Voici le texte intégral de ce message dans la traduction officielle du Vatican.

AB

Message de Noël du pape François

Chers frères et sœurs, joyeux Noël !

Aujourd’hui, l’Eglise revit l’étonnement de la Vierge Marie, de saint Joseph et des bergers de Bethléem contemplant l’Enfant qui est né et qui est couché dans une mangeoire : Jésus, le Sauveur.

En ce jour plein de lumière, résonne l’annonce prophétique : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix » (Is 9, 5).

Le pouvoir de cet Enfant, Fils de Dieu et de Marie, n’est pas le pouvoir de ce monde, basé sur la force et sur la richesse ; c’est le pouvoir de l’amour. C’est le pouvoir qui a créé le ciel et la terre, qui donne vie à toute créature : aux minéraux, aux plantes, aux animaux ; c’est la force qui attire l’homme et la femme et fait d’eux une seule chair, une seule existence ; c’est le pouvoir qui régénère la vie, qui pardonne les fautes, réconcilie les ennemis, transforme le mal en bien. C’est le pouvoir de Dieu. Ce pouvoir de l’amour a porté Jésus Christ à se dépouiller de sa gloire et à se faire homme ; et il le conduira à donner sa vie sur la croix et à ressusciter des morts. C’est le pouvoir du service, qui instaure dans le monde le règne de Dieu, règne de justice et de paix.

Pour cela la naissance de Jésus est accompagnée du chant des anges qui annoncent : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime » (Lc 2, 14).

Aujourd’hui cette annonce parcourt toute la terre et veut rejoindre tous les peuples, spécialement ceux qui sont blessés par la guerre et par d’âpres conflits et qui éprouvent plus vivement le désir de la paix.

Paix aux hommes et aux femmes dans la Syrie martyrisée, où trop de sang a été versé. Surtout dans la ville d’Alep, théâtre ces dernières semaines d’une des batailles les plus atroces, il est plus que jamais urgent qu’assistance et réconfort soient garantis à la population civile à bout de forces, en respectant le droit humanitaire. Il est temps que les armes se taisent définitivement et que la communauté internationale s’emploie activement pour qu’on arrive à une solution négociée et que se rétablisse le vivre ensemble civil dans le pays.

Paix aux femmes et aux hommes de la bien-aimée Terre Sainte, choisie et préférée par Dieu. Qu’Israéliens et Palestiniens aient le courage et la détermination d’écrire une nouvelle page de l’histoire, où haine et vengeance cèdent la place à la volonté de construire ensemble un avenir de compréhension réciproque et d’harmonie. Que puissent retrouver l’unité et la concorde l’Irak, la Libye et le Yémen, où les populations pâtissent de la guerre et d’atroces actions terroristes.

Paix aux hommes et aux femmes des différentes régions de l’Afrique, particulièrement au Nigéria, où le terrorisme fondamentaliste exploite aussi les enfants pour perpétrer horreur et mort. Paix au Sud-Soudan et à la République démocratique du Congo, pour que se guérissent les divisions et que toutes les personnes de bonne volonté mettent tout en œuvre pour entreprendre un chemin de développement et de partage, en préférant la culture du dialogue à la logique de l’affrontement.

Paix aux femmes et aux hommes qui subissent encore les conséquences du conflit en Ukraine orientale, où est urgente une volonté commune d’apporter un soulagement à la population et de donner et mettre en œuvre les engagements pris.

Invoquons la concorde pour le cher peuple colombien, qui aspire à accomplir un nouveau et courageux chemin de dialogue et de réconciliation. Qu’un tel courage anime aussi le bien-aimé Venezuela afin d’entreprendre les pas nécessaires pour mettre fin aux tensions actuelles et construire ensemble un avenir d’espérance pour toute la population.

Paix à tous ceux qui, en différentes régions, affrontent des souffrances en raison de dangers constants et d’injustices tenaces. Puisse le Myanmar consolider ses efforts pour favoriser la cohabitation pacifique et, avec l’aide de la communauté internationale, accorder la protection nécessaire et l’assistance humanitaire à tous ceux qui en ont une grande et urgente nécessité. Puisse la péninsule coréenne voir surmontées les tensions qui la traversent dans un esprit renouvelé de collaboration.

Paix à qui a perdu un être cher à cause d’actes atroces de terrorisme, qui ont semé peur et mort au cœur de tant de pays et de villes. Paix – non en paroles, mais par des actes et des faits concrets – à nos frères et sœurs abandonnés et exclus, à ceux qui souffrent de la faim et à ceux qui sont victimes de violences. Paix aux déplacés, aux migrants et aux réfugiés, à tous ceux qui aujourd’hui sont objet de la traite des personnes. Paix aux peuples qui souffrent à cause des ambitions économiques d’un petit nombre et de l’âpre avidité du dieu argent qui conduit à l’esclavage. Paix à celui qui est touché par les difficultés sociales et économiques et à qui souffre des conséquences des tremblements de terre ou d’autres catastrophes naturelles.

Paix aux enfants, en ce jour spécial où Dieu se fait enfant, surtout à ceux qui sont privés des joies de l’enfance à cause de la faim, des guerres et de l’égoïsme des adultes.

Paix sur la terre à tous les hommes de bonne volonté, qui travaillent chaque jour, avec discrétion et patience, en famille et dans la société pour construire un monde plus humain et plus juste, soutenus par la conviction que c’est seulement avec la paix qu’il y a la possibilité d’un avenir plus prospère pour tous.

Chers frères et sœurs,

« un enfant nous est né, un fils nous a été donné » : c’est le « Prince-de-la-paix ».

Accueillons-le !

Angelus Domini…

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[après la bénédiction]

A vous, chers frères et sœurs, arrivés de toutes les parties du monde sur cette place, et à tous ceux qui, de différents pays, sont reliés à travers la radio, la télévision et les autres moyens de communication, j’adresse mes vœux les meilleurs.

© Librairie éditrice du Vatican