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Covid-19 : l’appel au secours lancé par la Tunisie à sa diaspora en France |Saphir News

La Tunisie appelle sa diaspora à l’aide. Dimanche 11 juillet, Tunis a demandé tout particulièrement aux Tunisiens installés en France, où ils sont les plus nombreux, de faire des dons pour contribuer au soutien de son système sanitaire, très éprouvé par la pandémie de la Covid-19.

« En vue d’appuyer l’effort national de lutte contre la propagation du Covid-19 en Tunisie, l’Ambassade de Tunisie en France exhorte les Tunisiens résidents en France, qu’ils soient des personnes physiques, morales, des associations ou des chefs d’entreprises ou autres à contribuer activement au soutien des établissements de santé en Tunisie à travers des dons en nature – équipement et matériel médical et paramédical – ou sous forme pécuniaire », a fait savoir via Facebook l’ambassade de Tunisie, soulignant avoir besoin d’équipements médicaux et paramédicaux mais aussi de dons financiers.

« L’Ambassade œuvrera à piloter l’opération de collecte des dons en France, sa facilitation et à assurer son acheminement, dans les plus brefs délais vers la Tunisie, avec l’option d’affréter un avion spécial à cet effet », a-t-elle assuré. « L’Ambassade met à disposition tous ses moyens humains et logistiques afin de garantir le succès de cette initiative de solidarité avec notre cher peuple, tout en insistant sur son approche ouverte, participative, transparente et en étroite association avec la société civile tunisienne en France qui a toujours été présente aux côtés des Tunisiens qu’ils soient en Tunisie ou en France. »

Jeudi 8 juillet, le ministère tunisien de la Santé a déploré une situation sanitaire « catastrophique » en raison d’une forte progression de la pandémie sur le territoire. « La situation sanitaire actuelle est catastrophique, (…) le taux de cas a augmenté énormément. Le système sanitaire s’est malheureusement effondré », avait d’ailleurs déclaré auprès d’une radio tunisienne la coordinatrice nationale pour le programme de lutte contre la Covid-19, Nissaf Ben Alaya.

Lire la suite dans Saphir News, 13.07.21

Sur le continent comme ailleurs, le géant pétrolier français – qui ne souhaite plus qu’on l’appelle ainsi – se veut le champion de toutes les énergies, et plus seulement de l’or noir.

Mais, confronté à l’instabilité de la région du Cabo Delgado, il a dû suspendre fin mars son mégaprojet Mozambique GNL, où 25 milliards de dollars d’investissements étaient prévus. En Ouganda, le projet pétrolier qu’il venait de démarrer sur les rives du lac Albert est confronté à une fronde d’ONG, pour des raisons environnementales et sociales. Cette semaine, Jeune Afrique a rencontré Nicolas Terraz, qui pilote en Afrique subsaharienne la branche exploration-production de TotalEnergies. Et il répond pied à pied aux critiques, tout en dévoilant sa stratégie sur le continent, dans un contexte compliqué pour le groupe français.

ÉCONOMIE

Ce que TotalEnergies veut faire en Afrique : un nouveau nom pour de nouvelles ambitions ?

Par Christophe Le Bec
Situation au Mozambique, projets d'exploration, ambitions dans les énergies renouvelables… Nicolas Terraz, le patron Afrique de TotalEnergies EP a répondu à nos questions sans détours.

Aux manettes de la branche exploration et production de TotalEnergies au sud du Sahara depuis juillet 2019, https://www.google.com/url?q=https://jeuneafrique.us2.list-manage.com/track/click?u%3D6f73d53fb63e8c665c4e3800d%26id%3D7b7c9f7118%26e%3D2eae42a875&source=gmail&ust=1626962163916000&usg=AFQjCNHIYQB2mv-sOj9RGwCSXEQgD6pFWg">ce fidèle du PDG Patrick Pouyanné a dû affronter les perturbations logistiques et économiques de la pandémie de Covid-19, qui ont entraîné de fortes fluctuations des cours du brut, mais aussi la situation sécuritaire au Mozambique, qui l’a obligé à suspendre son mégaprojet gazier situé dans le nord du pays. Sans oublier la désaffection de ses partenaires financiers à l'égard de ses activités extractives, notamment en Ouganda.

Jeune Afrique : Le PDG du groupe, Patrick Pouyanné, avait annoncé à la mi-2020 une réduction des budgets. Quelles sont aujourd'hui les ambitions de TotalEnergies dans l’exploration et le développement de projets en Afrique ?

Nicolas Terraz : En 2020 et au début de l’année 2021, nous nous sommes mobilisés pour assurer la continuité de nos opérations afin de poursuivre les projets déjà lancés. En Angola, où nous restons le premier opérateur, nous avons démarré la production de Zinia phase 2, un projet à cycle court raccordé à l'unité de production flottante FPSO Pazflor. Au Nigeria, nous poursuivons le projet d’Ikike et participons au septième train de liquéfaction de Nigeria LNG.

En matière d’exploration, nous sommes plus sélectifs, avec un budget global qui est passé de 1,5 milliard de dollars en 2019 à 800 millions de dollars en 2021. En Afrique, nous avons trois puits d’exploration importants en 2021 : en Angola (bloc 48), en Côte d’Ivoire (champ Barracuda) et en Namibie (bloc Venus).

Nous prévoyons également d’explorer prochainement le bloc Marine 20, au Congo. En Afrique du Sud enfin, où nous avons fait des découvertes offshore gazières importantes dans le champ de Brulpadda [sud du pays], nous avons engagé des discussions avec les autorités sur la commercialisation du gaz pour répondre à la demande dans la zone de Mossel Bay [entre Port-Elizabeth et Le Cap], où est installée l’usine de liquéfaction de l'opérateur public PetroSA.

Quelle est la situation de votre mégaprojet ougandais représentant 10 milliards de dollars d’investissements ? Êtes-vous inquiet de ne pas avoir bouclé son financement, alors que trois grandes banques françaises – Crédit Agricole, Société générale et BNP – ont renoncé à y participer, principalement pour des questions environnementales ?

Ce projet n'est absolument pas remis en question, il a d'ailleurs démarré. Nous avons conclu le cadre contractuel avec l’Ouganda et la Tanzanie en avril et en mai, cela nous permet de travailler. Les discussions concernant le financement ne sont pas terminées, mais ce n’est pas inédit pour un projet de cette ampleur.

Je ne suis pas inquiet, les choses avancent bien. Nous visons une entrée en production début 2025. Les contrats principaux sont en cours d’attribution, l’ingénierie a débuté et va durer toute l’année 2021. La construction proprement dite de l’usine et du pipeline commencera en 2022. Auparavant, il nous faudra installer en Tanzanie une usine de revêtement permettant l’isolation du pipeline.

Il n'empêche que plusieurs ONG s'inquiètent des expropriations menées pour permettre l’extraction et la construction du pipeline de 1 400 km devant traverser l’Ouganda et la Tanzanie…

Notez d’abord que quand Oxfam et la FIDH [Fédération internationale pour les droits humains] nous ont interpellés, nous n’avons pas joué aux sourds. Nous avons étudié leurs rapports et écouté leurs recommandations. Nous avons accordé une attention particulière aux préoccupations environnementales et sociales dans le développement de ce projet. Sa surface touchant au parc des chutes de Murchison [nord-ouest] a été volontairement réduite de 9 % à 1 %. Avec son recours à l’énergie solaire pour une partie de ses besoins et le choix d'un pipeline enterré, il a l'une des empreintes carbones les plus faibles de notre portefeuille !

Votre autre grand projet subsaharien en gestation, Mozambique GNL, avec 20 milliards de dollars d'investissements prévus, a été interrompu du jour au lendemain après l’attaque de groupes armés. Quand doit-il redémarrer ?

On ne peut faire du « stop and go » dans un projet de cette taille, qui nécessite de 5 000 à 15 000 personnes sur le chantier. Sa suspension en mars était inévitable compte tenu de la dégradation de la situation sécuritaire dans le Cabo Delgado. Il s’agit d’un cas de force majeure. Nous sommes en train de discuter avec nos sous-traitants pour gérer cette situation au mieux. Son impact sur le planning sera d’au moins une année.

Le président Nyusi a rencontré Patrick Pouyanné à Paris en mai, en marge du sommet Afrique-France. Pensez-vous que Maputo puisse résoudre cette crise ?

Les autorités ont clairement pris la mesure du problème et savent que nous ne reviendrons que lorsque la sécurité sera assurée de manière durable. Nous comprenons qu’ils travaillent avec leurs voisins de la région d’Afrique australe et leurs autres partenaires.

               TotalEnergies ne quitte pas le Mozambique !

Plus largement, nous sommes très optimistes quant aux perspectives gazières sur le continent. Le gaz naturel est un complément efficace aux énergies renouvelables, bien adapté à la production électrique et deux fois moins émetteur de CO2 que le charbon. Si le projet Mozambique GNL est suspendu, nous restons pleinement engagés dans le développement des réserves gazières de l’Area 1 : TotalEnergies ne quitte pas le Mozambique !

Que signifie vraiment le changement de nom, de Total à TotalEnergies, pour la stratégie de votre compagnie ?

TotalEnergies exprime notre transformation en une compagnie multiénergies, active dans l’électricité, le renouvelable – solaire et éolien notamment –, les biocarburants et l’hydrogène. D’ici 2030, nous ciblons le top 5 mondial des producteurs d’énergies renouvelables.

En Afrique, vous avez pourtant lancé moins de projets dans les énergies renouvelables et procédé à moins d’acquisitions qu’en Inde, en Europe et aux États-Unis…

Nous sommes déjà présents dans des projets solaires en Afrique du Sud, en Égypte et au Kenya. Nous recrutons actuellement, dans tous les pays où nous sommes présents, des "explorateurs de renouvelables", qui vont identifier les opportunités africaines. Nos partenaires, en particulier les opérateurs nationaux tels que Sonangol en Angola et NNPC au Nigeria, sont d’ailleurs très demandeurs d’une coopération avec TotalEnergies dans ces filières.

Cette transition énergétique – ambitieuse à vous entendre – ne signifie-t-elle pas à terme une réduction drastique des investissements dans l’exploration et la production pétrolières en Afrique ?

D’ici 2030, nous n’allons pas augmenter notre production pétrolière, mais plutôt rester à ce niveau. Il nous faudra donc encore investir dans des projets extractifs pour compenser la baisse naturelle des volumes des champs en production, qui est de 4 % à 5 % par an à l’échelle mondiale. Mais nous serons plus sélectifs.

En Afrique comme partout ailleurs, nous privilégions les projets pétroliers dont le coût – investissements et charges d’exploitation compris – est inférieur à 20 dollars le baril, avec, pour tous les nouveaux projets, une intensité carbone inférieure à celle de notre portefeuille actuel [autour de 20 kg de CO2]. Notre projet ougandais de Tilenga respecte déjà ces critères : 13 kg de CO2 et un coût technique de 11 dollars par baril.

Par ailleurs, nous réduisons les émissions de gaz à effet de serre de toutes nos installations pétrolières et gazières, sur le continent comme ailleurs. Au demeurant, en matière de compensation, notre puits de carbone naturel lancé récemment au Congo [40 000 hectares de nouvelles forêts sur vingt ans] a vocation à en inspirer d’autres en Afrique.

Notre objectif est très clair : réduire de 40 % les émissions nettes de CO2 liées à nos opérations dans le pétrole et le gaz d'ici à 2030 par rapport à 2015 et atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050 pour l’ensemble de nos activités mondiales. Pour résumer, TotalEnergies, c'est plus d’énergies et moins d’émissions.

Sénégal : pour Moustapha Niasse, une retraite bien méritée ?

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Mis à jour le 19 juillet 2021 à 10h08
Moustapha Niasse, président de l’Assemblée nationale sénégalaise, le 25 novembre 2020 au palais présidentiel.

Moustapha Niasse, président de l'Assemblée nationale sénégalaise, le 25 novembre 2020 au palais présidentiel. © DR / Présidence Sénégal

Le président de l’Assemblée nationale se dit prêt à céder les rênes de son parti, l’AFP. Quant à son alliance avec Macky Sall, elle reste assurée jusqu’à 2024, au moins.

Il marche à pas décidés, visage fermé, chemise kaki qui lui donne un petit air révolutionnaire, pierre à la main. En face de lui, les forces de l’ordre ; dans son dos, le bâtiment de l’Assemblée nationale. Si Moustapha Niasse était présent devant le bâtiment du centre-ville, ce 23 juin 2011, ce n’était certainement pas en tant que président de l’Assemblée. En ce jour historique où, sous la pression de la rue, le président Abdoulaye Wade avait finalement renoncé au projet de réforme constitutionnelle qui lui aurait offert un troisième mandat sur un plateau, Moustapha Niasse faisait partie des milliers de Sénégalais mobilisés pour obtenir le retrait du projet de loi.

Désormais, l’homme d’État n’officie plus devant l’Assemblée, mais en son cœur. Il la préside depuis juillet 2012, au lendemain de la victoire de son allié Macky Sall, et porte résolument ses projets de loi devant les députés. De son perchoir, le président distribue et retire la parole, rappelant méthodiquement les dispositions du règlement intérieur. Capable de répéter, imperturbable, « Taisez-vous », des dizaines de fois sur un ton monocorde devant des députés survoltés, jusqu’à ce que l’assistance se calme. Il peut aussi s’agacer rapidement.

« C’est un homme de méthode, très attaché aux procédures et aux institutions, dit de lui Madieyna Diouf, l’un de ses plus vieux amis, avec qui il a fondé son parti, l’Alliance des forces de progrès (AFP). Il a aussi un sacré tempérament ! »

Depuis 2012, Moustapha Niasse a dirigé des débats souvent houleux au sein de l’Assemblée. Et mené des discussions qui ont conduit, in fine, à l’adoption de dispositions controversées. Perte de l’immunité parlementaire de l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall en 2017, puis de son collègue de l’opposition Ousmane Sonko en 2021 ; adoption d’un projet de loi contre le terrorisme accusé de cibler directement le droit de manifester, ou, plus récemment, d’une réforme du code électoral excluant certains opposants du jeu électoral…

Homme d’État

Figure clé de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar (BBY), le deuxième personnage de l’État est un allié indéfectible de Macky Sall. Leur relation solide est fondée sur le respect mutuel, assurent leurs proches. Et tissée d’intérêts communs, bien sûr. C’est Macky Sall, raconte Madieyna Diouf, qui, une fois la présidentielle remportée, lui propose de prendre les manettes de l’Assemblée. Niasse, qui n’avait pas même prévu de se présenter aux législatives, accepte d’être investi sur une liste BBY. Il prend d’ailleurs la place d’un certain Alioune Sarr, bien parti pour lui succéder à l’AFP.

En plus de ces deux postes, l’AFP est représentée aux postes clés des administrations, et dans toutes les instances décisionnaires de BBY. Ses membres s’y disent « écoutés et sollicités ». Pas question de jouer le rôle de « faire-valoir ».

En dehors de sa forte personnalité, Moustapha Niasse est avant tout un homme d’État, qui n’a plus grand-chose à prouver. Que n’a-t-il pas fait ? Directeur de cabinet de Léopold Sédar Senghor puis d’Abdou Diouf, plusieurs fois ministre, il a aussi été le chef de gouvernement de Diouf et de Wade. Engagé en politique dans le parti de Senghor depuis ses 17 ans, avant même l’indépendance, il est le « doyen », de par son âge et sa trajectoire.

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IL DISPOSE D’UN SOLIDE CARNET D’ADRESSES INTERNATIONALES, ET D’UNE FORTUNE AMASSÉE DANS LE SECTEUR DES AFFAIRES

Si son expérience et son expertise de la gestion de l’État en font un acteur clé de BBY, le patriarche a d’autres arguments. Très ancré localement dans le bassin arachidier dont il est originaire, il dispose également d’un solide carnet d’adresses internationales, et d’une fortune amassée au cours d’une décennie fructueuse dans le secteur des affaires, seule parenthèse dans son expérience politique, ce qui ne gâche rien.

Autant de bonnes raisons de le placer au cœur du dispositif de l’État. D’autant plus que sa relation avec Macky Sall remonte à bien loin. Les deux hommes se sont connus, selon un proche du chef de l’État, lors du combat contre Abdou Diouf lors de la présidentielle de 2000. Niasse, qui venait de quitter le Parti socialiste (PS), et Macky Sall, qui était alors cadre du Parti démocratique sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade, militent alors ensemble – jusqu’à l’alternance.

Des parcours similaires

Moustapha Niasse et Macky Sall, au palais présidentiel le 29 octobre 2019. © DR / Présidence du Sénégal

 

D’après un proche de Moustapha Niasse, c’est en vérité plus tard que les deux hommes font véritablement connaissance : lorsque Macky Sall crée son propre parti, en 2008. L’ancien protégé d’Abdoulaye Wade, en rupture de ban, part à la rencontre des leaders de l’opposition. Moustapha Niasse apprécie le geste. Et voit dans le parcours de ce quinquagénaire courageux, qui a su défier son mentor et voler de ses propres ailes, une sorte de double de sa propre trajectoire.

« C’est Moustapha Niasse qui a permis à Macky Sall d’intégrer Benno Siggil Sénégal [coalition de l’opposition mobilisée contre Abdoulaye Wade], rappelle Luc Sarr, cadre de l’Alliance pour la République (APR, parti présidentiel). Son parti nous a parrainés, et c’est la première formation politique à nous avoir reconnus en tant que parti d’opposition lors de la création de l’APR. »

À la veille du scrutin, alors que l’opposition reste à Dakar pour manifester contre Abdoulaye Wade, Macky Sall arpente le pays pour y tisser sa toile. Une stratégie qui paye : c’est lui qui prend la tête de l’opposition et affronte Abdoulaye Wade en duel. Automatiquement, Moustapha Niasse soutient sa candidature. Le mot d’ordre d’alors – « On gagne ensemble, on gouverne ensemble » – sera respecté. Au sein de l’APR comme de l’AFP, les cadres revendiquent une alliance au beau fixe, « sans une seule note discordante ». Avec un but commun, celui de faire perdurer la coalition BBY le plus longtemps possible.

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AUCUN AMBITIEUX, AUCUN IMBÉCILE, AUCUN SALOPARD NE PEUT DÉTRUIRE CE QUI ME LIE À MACKY SALL !

Ce compagnonnage durable n’a pourtant pas contenté tout le monde, au sein de l’AFP. En 2017, douze frondeurs qui militent pour une candidature de la formation à la présidentielle de 2019, dont le numéro deux du parti, Malick Gakou, sont limogés. « Je le dis ici : aucun ambitieux, aucun imbécile, aucun salopard ne peut détruire ce qui me lie à Macky Sall ! » s’exclamera alors Moustapha Niasse.

Mettre les jeunes sur orbite

Aujourd’hui, les membres de l’AFP se défendent de toute posture « dictatoriale » de leur figure tutélaire et fustigent le comportement de ceux qui ont voulu « casser le parti ». « Moustapha Niasse sait très bien qu’aucun pouvoir n’est éternel, affirme le député-maire de Sicap-Liberté, Santi Hagne. Cela fait longtemps qu’il répète que les jeunes doivent prendre le pouvoir. » « Il y pense depuis le congrès de 2011, affirme Madieyna Diouf, qui préside le comité des sages du parti progressiste. Mais les évènements ont retardé ses plans. » Aujourd’hui, c’est désormais officiel : le patriarche se retire.

Pas question pour l’instant de remettre en cause le lien avec BBY. « Ceux qui sont dans les instances politiques du parti doivent tout à Niasse. Un changement de style n’est pas possible », assure Santi Hagne. « Les sensibilités de l’électorat sont aujourd’hui éclatées, il est donc préférable d’aller à une élection au sein d’une coalition », confiait le ministre Alioune Sarr à JA en juin dernier. S’il n’a pas annoncé officiellement sa candidature, il semble d’ores et déjà décidé à rester à bord du navire BBY.

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NOUS NE POURRONS PAS NOUS SUBSTITUER À MOUSTAPHA NIASSE, ASSURE ALIOUNE SARR

D’autres figures émergeront-elles d’ici au congrès du parti, prévu pour l’année 2022 ? « Alioune Sarr a fait ses preuves, mais il n’est pas le seul », affirme un membre du parti, sans préciser qui seraient ces successeurs potentiels. « Nous ne pourrons pas nous substituer à Moustapha Niasse, qui a été successivement directeur de cabinet du président de la République, ministre des Affaires étrangères pendant plus de onze ans, deux fois Premier ministre, président de l’Assemblée nationale pendant dix ans », assure quant à lui Alioune Sarr.

« Parler de rajeunissement, c’est un slogan. Nous, nous sommes dans le réel. Et au sein du parti, Moustapha Niasse fait l’unanimité. C’est normal que nous nous accrochions à lui, ajoute Malick Diop, le porte-parole de l’AFP. Mais comme il le dit lui-même, il est temps de mettre les jeunes sur orbite. »

« Dieu est avec les patients », a coutume de dire Moustapha Niasse à ses proches. Un adage que cet homme pieux, élevé dans une famille très croyante, a dû enseigner aux cadres de son parti. S’il quitte la direction de l’AFP en 2022, il aura passé vingt-trois ans à sa tête.

Enseignement: quelles sont les 10 meilleures universités d’Afrique?

Remise de diplômes à l'université du Cap, en Afrique du Sud.
Remise de diplômes à l'université du Cap, en Afrique du Sud. AFP - RODGER BOSCH

Plusieurs palmarès des meilleures universités au monde sont unanimes pour placer Le Cap et Wits, en Afrique du Sud, en tête pour l’Afrique. Ces Top 10 se recoupent avec des nuances, en fonction des critères de sélection, et ne comprennent aucun pays francophone. 

Seule l’Université du Cap en Afrique du Sud s’impose dans la ligue des 200 meilleures universités du monde, au palmarès de référence Times Higher Education World University RankingsL’édition 2021 de ce supplément du magazine britannique The Times, qui classe 1 500 établissements à travers le monde, en comprend 4% en Afrique. Soit l’équivalent du poids du continent dans le commerce mondial.

Signe de niveaux de développement très différents, ces quelque 61 universités africaines se concentrent dans dix pays seulement : Égypte (21), Afrique du Sud (10), Algérie (10), Tunisie (6), Maroc (5), Nigeria (5), Botswana (1), Ghana (1), Kenya (1) et Ouganda (1).

L’Afrique du Sud et l’Égypte dominent, avant le Nigeria et l’Algérie, avec l’Université Ferhat Abbas Sétif 1, spécialisée en sciences et technologies. Classée 7e, l’ancienne et prestigieuse Université de Makerere en Ouganda, qui a formé entre autres grands esprits Julius Nyerere et Ngugi Wa Thiong’o, ne vit pas sur ses lauriers.

La réputation des universités du Caire, en revanche, serait-elle surfaite ? Trois établissements plutôt situés dans les régions, en Égypte, se retrouvent aux premières places africaines, selon le Times.

 
 

Des universités beaucoup mieux classées par d’autres (le Caire, Johannesburg, Lagos, Nairobi et Pretoria) plafonnent entre les 601e et 800e rangs mondiaux. Voire même entre les 801e et 1000e positions, comme l’Université du Western Cape en Afrique du Sud, l’Université américaine du Caire, Oran 1 en Algérie et Sidi Mohamed Ben Abdellah à Fès, au Maroc. 

Les 10 meilleures universités d’Afrique, Times Higher Education World University Rankings (2021), Grande-Bretagne

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. © RFI / Sabine Cessou

La réputation d’abord

Le cabinet britannique Quacquarelli Symonds (QS) publie lui aussi son classement annuel des 1 000 meilleures universités au monde, dont 22 en Afrique.

Les critères de QS reposent surtout sur des enquêtes de réputation (académique et d’employeur), le ratio professeur/étudiants, le nombre de citations et la qualité de la recherche, en plus des ratios des professeurs internationaux et étudiants internationaux. Au niveau mondial, le Massachussets Institute of Technology (MIT) arrive premier avant Harvard, Stanford, l’Université de Californie et Oxford.

Sur le continent, l’Afrique du Sud et l’Égypte dominent, aux côtés de Makerere en Ouganda (16e), Mohammed V à Rabat (19e), ainsi que les Universités du Ghana (20e) et de Nairobi (21e).

Les 10 meilleures universités d’Afrique selon QS (2021), Grande-Bretagne

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. © RFI / Sabine Cessou

Un autre palmarès, publié par le journal US News aux États-Unis, sélectionne de son côté 33 universités « globales » africaines, sur la base de la réputation et de la recherche. On y retrouve les mêmes, avec en plus deux universités éthiopiennes (Addis-Abeba, 10e et Gondar, 20e), l’Université Nkwame Nkrumah de Science et technologie (Ghana, 12e) et Casablanca Hassan II (Maroc, 13e).

Le monde académique vu de Shanghai

Également scruté partout dans le monde, le classement de Shanghai, réalisé depuis 2003 par l’Université Jiao Tong, compare 1 000 institutions d'enseignement supérieur dans le monde à partir de six indicateurs. Ceux-ci, axés sur la performance académique, portent sur le nombre de prix Nobel et de médailles Fields (récompensant les mathématiques) parmi les anciens élèves et les chercheurs en poste, ou encore le nombre de publications dans les revues Science et Nature.

Outre le prisme scientifique, un facteur « quantité » joue aussi, avec un critère portant sur le nombre de chercheurs les plus cités dans leur discipline. En 2020, 16 universités africaines étaient référencées, dont neuf en Afrique du Sud, cinq en Égypte, une en Éthiopie (Addis-Abeba, 13e) et une autre en Tunisie (Tunis El Manar, 16e).

Les 10 meilleures universités d’Afrique selon le classement de Shanghai (2020), Chine

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. © RFI / Sabine Cessou

Les pays francophones à la traîne

Très peu de pays d’Afrique francophone se distinguent. Ils ne sont que trois (Algérie, Maroc, Tunisie) à être mentionnés par Times, un seul chez QS et US News (Maroc), comme dans le classement de Shanghai (Tunisie). Ils ne brillent pas non plus dans le répertoire pourtant moins sévère des 200 universités africaines les plus populaires, publié par la plateforme australienne UniRank.

Le niveau académique ne compte pas dans cette liste, qui se focalise sur une popularité toute digitale, calculée selon le référencement sur les moteurs de recherche et l’audience sur le web.

On y trouve les mêmes premiers de la classe, à une différence près : l’Université de Nairobi arrive 9e, signal d’un fort usage d’internet au Kenya. Dans la zone francophone, celles qui génèrent le plus d’activités en ligne sont Mohamed Boudiaf à M’sila (Algérie, 26d’Afrique), Cadi Ayyad à Marrakech (Maroc, 33e), les Frères Mentouri à Constantine (Algérie, 36e), Cheikh Anta Diop à Dakar (Sénégal, 37e) et Abderahmane Mira à Béjaia (Algérie, 47e).

Tous ces classements transversaux s’avèrent critiquables et critiqués. Force est de constater qu’aucun ne provient de l’Afrique elle-même, où chaque pays s’en tient à ses classements nationaux.