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Isabel dos Santos doit restituer 400 millions d'euros d'actions à la compagnie Sonangol

Accusée de corruption, Isabel dos Santos va devoir restituer 400 millions d'euros d'actions à la compagnie pétrolière angolaise Sonangol.
Accusée de corruption, Isabel dos Santos va devoir restituer 400 millions d'euros d'actions à la compagnie pétrolière angolaise Sonangol. MIGUEL RIOPA / AFP

Celle que l’on surnomme « la princesse » en Angola fait désormais face à un nouvel obstacle judiciaire. Isabel dos Santos, la femme la plus riche du continent africain, est accusée de corruption. Elle doit restituer plus de 400 millions d’euros d’actions à la compagnie pétrolière angolaise Sonangol.  

Les chefs d’accusation s’empilent les uns sur les autres pour Isabel dos Santos, la première femme milliardaire d’Afrique. Cette fois-ci, c’est l’Institut néerlandais d’arbitrage qui remet en cause la validité d’une transaction qu’elle a menée avec la compagnie pétrolière publique angolaise Sonangol.

Elle a en effet acquis en 2006 des actions du groupe pétrolier et gazier portugais Galp Energia via une société néerlandaise. Des actions d’une valeur totale de 122 millions d’euros qu’elle doit donc restituer à l’Angola.

Isabel dos Santos avait payé une partie de ces actions en kwanza, la monnaie locale angolaise sans valeur en dehors du pays, plutôt qu’en euros comme convenu dans le contrat. La défense précise qu’elle déposera un recours. 

Isabel dos Santos est la fille de l’ancien président angolais José Eduardo dos Santos. Elle est déjà mise en cause par les Luanda Leaks, cette enquête menée par un consortium de journalistes, dont la rédaction de RFI. La fuite de documents secrets a permis de l’accuser, elle et son mari, mort l’an dernier, de s'être personnellement enrichis avec les biens de l’État.

Côte d'Ivoire: la CPI a levé le mandat d'arrêt contre Simone Gbagbo

La présidente du FPI Simone Gbagbo le 11 août 2020.
La présidente du FPI Simone Gbagbo le 11 août 2020. SIA KAMBOU / AFP

La CPI lève son mandat d’arrêt contre Simone Gbagbo. L’ex-première dame ivoirienne était notamment accusée de crime contre l’humanité lors de la crise post-électorale de 2010-2011. La décision a été prise le 19 juillet dernier, un mois après le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’ivoire, mais elle n’a été rendue publique qu’hier soir

La Cour pénale internationale décide donc que le mandat d’arrêt visant Simone Gbagbo « cesse d’être effectif », peut-on lire dans un document de sept pages classé « confidentiel » daté du 19 juillet, mais reclassifié « public » mercredi 28, et mis en ligne sur le site de la CPI le lendemain .

Dans cette décision, la Chambre s’appuie notamment sur les précédents jugements de la Cour : l’acquittement de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé en 2019 et la confirmation de leur acquittement en appel en mars dernier, qui ont je cite, « mis en évidence le fait que les preuves sur lesquelles était fondé le mandat d’arrêt visant Simone Gbagbo ne pouvaient plus être considérées comme suffisantes. » Ce mandat, dès lors jugé inapproprié, cesse de prendre effet.

« Simone Gbagbo pourra voyager librement »

Contrairement à son ex-mari, Simone Gbagbo n’avait jamais été livrée à la Cour pénale internationale, mais elle y était poursuivie pour quatre chefs constitutifs de crimes contre l’humanité : meurtre, viol, autre actes inhumains et persécution, commis au cours de la crise post-électorale 2010-2011.

Simone Gbagbo « pourra désormais librement voyager à travers le monde », se réjouit son avocat Maître Ange Rodrigue Dadjé. « Cette levée du mandat, explique encore l’avocat dans un communiqué, vient boucler définitivement les poursuites dont faisaient l’objet les Gbagbo devant la CPI. » 

On s'y attendait plus ou moins puisque rien ne justifiait que le mandat soit maintenu.

Maître Ange Rodrigue Dadjé, avocat de Simone Gbagbo

 

► À lire aussi : Justice internationale: l'épineux cas du mandat d'arrêt contre Simone Gbagbo

Réforme du CFA : un nouveau calendrier pour la future monnaie commune

| Par - à Ouagadougou
Mis à jour le 27 juillet 2021 à 14h28
59e session ordinaire de la CEDEAO-71, le 19 juin 2021, à Accra.

Les dirigeants ouest-africains ont trouvé un compromis pour relancer la monnaie unique de la Cedeao, censée entrer en vigueur dès 2027. Décryptage.

La monnaie commune de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) se fixe un nouvel horizon. Lors du dernier sommet de l’institution régionale à Accra fin juin 2021, le comité ministériel présidé par le ministre ghanéen des Finances, Ken Ofori-Atta, a avalisé une nouvelle feuille de route pour le lancement de l’eco, appellation choisie pour la future monnaie unique, désormais prévue pour 2027.

En attendant cette perspective et alors que la Communauté reste mobilisée pour éviter les dérapages budgétaires liés à l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les performances macroéconomiques des États, ceux-ci ont été dispensés pour cette année du respect des critères de convergence.

Interrogé par Jeune Afrique, un économiste ouest-africain bien informé des discussions souligne « l’effort accompli pour rapprocher les positions des protagonistes », en l’occurrence les anglophones d’un côté et les membres de la zone franc de l’autre, et fournir « un cahier des charges détaillé pour la création de la monnaie unique ». Mais il craint que « les reports successifs, depuis 1987, ne nuisent à la crédibilité du projet ».

Quelle majorité pour décider ?

Ken Ofori-Atta paraît pourtant bien décidé à permettre à la monnaie unique de voir le jour. À Accra, il a exhorté les décideurs politiques à affiner les outils de gestion économique et à assurer la création de cette devise dans les nouveaux délais proposés.

Mais, si le projet de Pacte a bien fait l’objet d’intenses débats fin juin 2021, d’importants points restent encore à trancher. Aucun consensus ne s’est, par exemple, dégagé sur la notion de majorité pouvant valider les décisions. Quatre options étaient soumises à la décision du comité ministériel : la majorité simple de l’ensemble de la zone (soit huit États), celle des membres États constituée d’au moins 50 % des huit pays de l’Uemoa et de 50 % de ceux de la ZMAO (Gambie, Ghana, Guinée, Liberia, Nigeria et Sierra Leone), une majorité qualifiée de huit États avec une contribution moyenne au produit intérieur brut (PIB) régional d’au moins 71 % et, enfin, une majorité qualifiée de huit États pesant au moins 51 % du PIB.

Selon le rapport du comité technique, consulté par JA, ce point fera l’objet d’un acte additionnel et ne devrait pas empêcher que le projet soit soumis aux chefs d’État.

Une feuille de route technique à 18 millions de dollars

Autre point crucial : le régime de change. Si la question semblait tranchée – les pays de la Cedeao avaient acté depuis la précédente feuille de route 2015-2019 le principe d’un régime de change flexible pour leur monnaie commune –, la feuille de route révisée insiste sur le lien entre l’entrée en phase de stabilité et le lancement de la future monnaie.

Cette feuille de route, dont le coût de mise en œuvre est estimé à environ 18 millions de dollars (15,26 millions d’euros), comporte dix programmes prenant en compte l’ensemble des activités indispensables à la mise en service de la monnaie, dont le renforcement du mécanisme de surveillance au sein de la Cedeao, la création d’un fonds de solidarité et de stabilisation communautaire, ou encore l’harmonisation des statistiques de la balance des paiements.

La future banque centrale – dont le pays hôte doit encore être fixé – est censée débuter ses opérations en 2025.

L’intégration en question

Saluant « un travail technique appréciable », l’économiste togolais Kako Nubukpo note « des questions en suspens auxquelles nous avons essayé de répondre au cours des états généraux de Lomé », à commencer par la vision de l’intégration économique voulue.

« S’agira-t-il d’un fédéralisme ou d’une simple coordination des politiques économiques ? », se demande-t-il, précisant que « si le fédéralisme est choisi, il faudra assumer une grande solidarité budgétaire ». Et l’économiste de rappeler la forte hétérogénéité au sein des États de la Cedeao, « où le PIB annuel de la Gambie est l’équivalent de 23 heures de celui du Nigeria ».

         LE NOUVEL ECO EN CINQ DATES

        2021-2022 : détermination de la taille du capital de la Banque centrale d’Afrique de l’Ouest (BCAO), puis mise en commun des réserves.

        Fin 2023 : signature de l’accord créant la BCAO et désignation du pays hôte du siège de l’institution.

        Début 2025 : démarrage des activités de la BCAO.

        2027 : lancement officiel de l’eco.

Burkina Faso: le nombre de personnes fuyant les violences atteint un niveau sans précédent

Des déplacés internes venus du nord de Burkina Faso autour d'une pompe à eau, à Kaya, le 22 janvier 2020.(Photo d'illustration).
Des déplacés internes venus du nord de Burkina Faso autour d'une pompe à eau, à Kaya, le 22 janvier 2020.(Photo d'illustration). OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

Au Burkina Faso, le nombre de personnes forcées de fuir les violences s’accélère et atteint un niveau sans précédent, selon le Haut-Commissariat pour les réfugiés. L'organisation humanitaire réitère son appel à une action concertée pour la paix et la stabilité dans ce pays. 

Jointe par RFI, Fatoumata Sinkoun Kaba, porte-parole du HCR pour l'Afrique centrale et de l'Ouest, fait état d’un nombre de plus en plus élevé de personnes déplacées à l’intérieur du Burkina Faso mais aussi de personnes obligées de se réfugier dans les pays voisins.

« Les déplacements de population au Burkina Faso tels qu’on le voit aujourd’hui, c’est du jamais vu. Nous avons franchi la barre des 1,3 million de personnes déplacées à l’intérieur du pays. Leur déplacement se passe quasiment dans toutes les régions où il y a des attaques. Par exemple, rien que dans la première moitié de cette année, nous avons eu quand même plus de 237 000 personnes qui ont été obligées de fuir leur foyer. Nous avons aussi un nouveau phénomène qui s’élargit, c’est-à-dire des Burkinabè qui traversent la frontière pour aller dans les pays voisins se réfugier. Là, on en compte à peu près 38 000 dont près de la moitié au cours des quelques mois passés. Les Burkinabè n’avaient pas pour habitude de traverser la frontière. Nous avons vu la crise s’accentuer peu à peu depuis 2015 et s’aggraver, et c’est maintenant que nous observons des mouvements vers des pays voisins – pour l’instant, nous avons la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, mais aussi le Bénin – ce qui signale quand même une dégradation de la situation sécuritaire au Burkina. »

Le Burkina Faso est confronté depuis 2015 à des attaques jihadistes de plus en plus fréquentes et meurtrières de la part notamment du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, affilié à al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), et du groupe État islamique au Grand Sahara (EIGS).

 

À lire aussi: Conflits: les 10 pays les moins pacifiés au monde

Cocaïne, héroïne, tramadol… L’Afrique plus que jamais à l’épreuve du trafic de drogues

| Par 
Mis à jour le 22 juillet 2021 à 19h10
Jeune Afrique

Ces derniers mois, les saisies records de drogues se succèdent sur le continent. Malgré l’épidémie de Covid-19, le trafic s’est intensifié, de nouvelles routes se sont créées et, surtout, la consommation locale s’accroît. Décryptage en infographies.

Plaque tournante de la drogue depuis 20 ans, l’Afrique est confrontée en 2021 à une augmentation sans précédent du trafic de stupéfiants. Pour atteindre l’Europe, la cocaïne colombienne emprunte désormais presque systématiquement la route du Golfe de Guinée, avant de traverser le Sahel, où groupes jihadistes et milices ont la haute main sur tous les trafics. L’héroïne afghane, elle, emprunte la « route du Sud » plutôt que celle des Balkans, désormais plus sécurisée.

Si la majeure partie des drogues sont destinées aux marchés occidentaux, le commerce de produits dérivés – d’opioïdes notamment – pour la consommation locale explose. Alors que l’usage non-médical du Tramadol continue de faire des ravages en Afrique de l’Ouest, les héroïnomanes ont plus que triplé en Afrique de l’Est et australe et la consommation de cannabis reste toujours au dessus de la moyenne mondiale, avec un taux de prévalence d’environ 7 % chez les 15-65 ans.

Bombe à retardement

« Le nombre d’usagers de drogues devrait augmenter de plus de 40 % ces 10 prochaines années », alerte l’ONUDC dans son Rapport mondial sur la drogue 2021, publié fin juin. Ce chiffre est d’autant plus inquiétant qu’il se base sur le seul facteur d’évolution démographique, sans prendre en compte les conséquences de l’intensification du trafic ou celles de la crise du Covid-19, qui a mis à l’arrêt les rares centres de traitement et de prévention qui existent sur le continent. Le déficit criant de données disponibles sur le sujet fait en outre craindre que l’ampleur du phénomène est largement sous-estimée.

Nouvelles drogues de synthèses en Afrique du Sud, au Maghreb et au Nigeria, trafic de cocaïne, d’opiacés et de cannabis… Jeune Afrique a passé au crible les nouvelles tendances de ce commerce illicite, dont les conséquences économiques, sociales et sanitaires font craindre une véritable bombe à retardement pour l’Afrique.