« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)
« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)
« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)
Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.
Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.
Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.
Lun. 1Kamiarizuki (mois de la présence des kamis) (tout le mois d’octobre) Les huit millions de kamis (esprits) du Japon se donnent rendez-vous au sanctuaire Izumo (département Shimane).
Mar. 2Simhat Torah [débute la veille à la tombée de la nuit.] Joyeuse procession autour des rouleaux de la Torah au terme de Soukkot. *
Sam. 6Naissance de Confucius * (-551 à -479) Vénéré sous le nom de maître Kong, son enseignement a donné naissance à la tradition confucéenne en Chine. * Sous réserve de confirmation officielle.
Lun. 8Thanksgiving (Canada: 8 octobre; USA: 22 novembre) Journée d’action de grâce célébrée à l’origine pour fêter les moissons agricoles. Elle a été instituée en 1621 par une colonie d’émigrés d’Amérique du Nord en signe de reconnaissance pour sa première récolte. Cette fête est l’occasion de se réunir en famille autour d’un repas copieux: dinde, patates, sauces, farce et diverses tartes.
Mer. 10 Navaratri / Durga Puja (du 10 au 18 octobre) Célébration de la Déesse dans ses différentes manifestations: Durga, Kali, Uma, Sarasvati…
Ven. 19 Dashahara Célébration de la victoire de Rama sur le démon Ravana.
Sam. 20Fête du Livre sacré des sikhs Ascension au statut de gourou (gurgadi) du Guru Granth Sahib, le Livre sacré des sikhs. En 1708, avant son décès, Gobind Singh, le 10e gourou, déclare close la succession des gourous humains et lègue l’autorité spirituelle au Guru Granth Sahib.
Mer. 24Kathina [Date variable selon les pays en fonction de la fin de la saison des pluies] Fête theravada marquant la fin de la retraite monacale par le don aux moines d’une robe dite Kathina..
Dim. 28Réformation (France: 28 octobre; Suisse: 4 novembre) En souvenir de l’affichage des 95 thèses de Luther le 31 octobre 1517.
Mer. 31 Halloween Fête païenne qui a lieu la veille de la Toussaint (courges et mascarades, évocation des esprits).
Mer. 31Lhabab Düchen [Sous réserve de confirmation officielle] Célébration du jour qui vit le Bouddha revenir du monde des dieux où il avait enseigné. Quatrième «grand moment» du calendrier vajrayana.
Comme il le fait traditionnellement, le Pape a adressé un message au Grand Rabbin de Rome, alors que la communauté juive célèbre plusieurs fêtes importantes en ce mois de septembre.
«Que le Très-Haut nous bénisse avec le don de la paix et suscite un nous un plus grand engagement à la promouvoir infatigablement» : le Pape François écrit ces mots au Grand Rabbin de Rome Riccardo di Sagni dans un message adressé à la communauté juive, qui vit plusieurs fêtes importantes dans cette période de l’année.
«À l’occasion des fêtes de Roch Hachana, Yom Kippour et Souccot, je suis heureux d’apporter mes vœux sincères à vous et à la communauté juive de Rome», écrit le Pape dans ce message. «Je souhaite cordialement que les festivités imminentes, en ravivant la mémoire des bienfaits reçus du Très-Haut, soient pour les communautés juives dans le monde une source de gratitude ultérieure et de consolation spirituelle», écrit encore l’évêque de Rome. «Dans Son infinie bonté, qu’Il renforce partout nos liens d’amitié et le désir de favoriser un dialogue constant pour le bien de tous. Shalom Alerhem.»
Al-Azhar, l’une des plus hautes instances religieuses de l’islam sunnite, a émis, lundi 27 août, une fatwa (avis religieux) condamnant formellement le harcèlement sexuel, un fléau en Egypte qu’elle qualifie de « péché ».
Dans son communiqué, Al-Azhar soutient que « l’habit ou le comportement de la femme ne doit en aucun cas justifier un tel acte », qui constitue une « atteinte à la dignité et à la liberté des femmes ».
Une étude menée par l’ONU et publiée en 2017 affirme que 60 % des Égyptiennes ont déjà subi du harcèlement sexuel, assorti de remarques obscènes et, dans certains cas, d’attouchements. Cette étude a révélé que 3/4 des hommes sondés attribuent aux femmes la faute de ces actes.
En 2014, une loi sur l’interdiction du harcèlement sexuel est entrée en vigueur en Égypte pour condamner ceux qui y ont recours. Al-Azhar appelle les autorités à faire appliquer la loi et à punir sévèrement les auteurs afin d’endiguer le phénomène qui.
Le plus frappant est d’observer la grande cohérence dans les vagues de prénoms : on a ainsi des Emma, puis des Léa, puis des Louise ; du côté garçons, on pourrait distinguer une ère des Nicolas, puis des Enzo et, surtout, un temps, des Kévin.
Cette domination nationale d’un prénom pendant deux ou trois ans souligne que le fait de nommer un enfant, s’il relève bien d’un choix individuel – témoins ces quelques Pikachu ou Agamemnon qui se promènent dans la société –, reste étroitement dépendant du contexte et des effets de mode. Il n’en était pas autrement au Moyen Âge.
Un petit stock de noms
L’une des différences fondamentales entre aujourd’hui et la période médiévale tient dans le petit nombre de noms utilisés durant celle-ci. En gros, quatre ou cinq prénoms suffisent pour nommer environ 30-50 % de la population.
Dans ce petit stock onomastique émergent des grands hits. Le plus porté, durant toute la période médiévale, est Jean. Le prestige du saint, qui a baptisé le Christ, explique ce succès. Le prénom offre en outre l’avantage de pouvoir aisément être décliné dans toutes les langues européennes : John, Juan, Ivan, Jan, Yoan, Giovanni… En fonction des époques et des moments, le prénom est porté par 20-25 % de la population masculine, voire même jusqu’à 40 %. Un garçon sur 3 ! Le plus frappant est de voir la permanence de ce prénom : c’est encore le prénom le plus donné en France jusqu’en… 1957 ! Ce qui en fait, probablement, l’un des prénoms les plus portés de l’histoire.
La société médiévale semble ainsi présenter le visage d’une société moins marquée par la diversité : aujourd’hui, même le prénom le plus donné en 2017, Louise, n’a en réalité été donné qu’à 5000 bébés…
Mais en même temps, il ne faudrait pas caricaturer. Si cinq prénoms suffisent à nommer 40 % de la population masculine, les vingt prénoms les plus donnés dans le royaume de Jérusalem n’en nomment que 63 % : en tout, on relève entre 250 et 380 prénoms en circulation. Le système onomastique médiéval concilie donc une très forte concentration et un très fort éparpillement. C’est surtout le cas pour les hommes, l’onomastique féminine étant plus variée : les femmes, en effet, n’ont pas à assurer la continuité de la famille, on les appelle donc comme on veut, d’où cette multiplicité de noms originaux.
Cela dit, celle-ci reste dérisoire par rapport à aujourd’hui. Neuf prénoms sur dix sont désormais portés par moins de 3000 personnes en France, ce qui traduit une recherche de l’originalité qui est complètement opposée aux préoccupations de l’homme médiéval, qui veut avant tout faire partie d’une communauté.
Ces noms viennent le plus souvent d’une histoire familiale. Certaines familles s’en font une spécialité : ainsi des comtes d’Albon qui se nomment tous Guigues pendant cinq générations successives. La continuité du prénom traduit la continuité du lignage et est dès lors mise au service d’un message politique fort, en des temps d’instabilités.
Un prénom va ainsi être lié à une famille, qui en fait un usage quasiment exclusif. Dans les États latins d’Orient, les comtes de Tripoli s’appellent Raymond, les princes d’Antioche Bohémond, les rois de Jérusalem Baudouin : à chaque fois, on prend le prénom du fondateur de l’entité politique. Même dans les milieux sociaux les plus modestes, les médiévaux ont tendance à nommer les enfants d’après un grand-père, un oncle, un parrain. À Florence, en 1463, on croise ainsi un Andrea, fils de Berto, fils d’Andrea, fils de Berto, fils d’Andrea, fils de Berto, fils d’Andrea. Le nom se fait conservatoire de la mémoire familiale, sur sept générations, comme peuvent encore l’être aujourd’hui les « ben » ou « ibn » des noms arabes.
Plus encore, les prénoms participent de l’identité de la famille : ils sont réactivés à chaque génération pour mieux mettre en scène la cohérence de ce groupe lignager. D’où la pratique de « l’enfant refait », qui consiste à donner à un enfant le prénom de son frère mort-né ou mort jeune. Il s’agit bien d’affirmer que les individus s’inscrivent dans une continuité qui les dépasse, et la réutilisation du prénom dit la survie du groupe familial.
Nos prénoms à nous ne disent plus ça (ou rarement) : nous ne portons plus les prénoms de nos ancêtres (à part à la limite en deuxième prénom), encore moins ceux de nos frères et sœurs décédé·e·s avant nous. Cette évolution est le symbole d’une société dans laquelle le lien aux générations passées est souvent plus ténu, voire coupé.
Les noms évoluent
Cette domination de quelques noms ne doit pas cacher des évolutions, inscrites dans le long terme. Il y en a deux : la première est le passage des noms germaniques aux noms latins. Quand on étudie le Haut Moyen Âge, les noms nous semblent peu familiers : au hasard, je cite quelques-uns des paysans de Mitry en 864, tels qu’on les connaît grâce à un polyptyque : Gausselmus, Gotilda, Leutfridus, Teodevinus, Teuthardus, Teodeilda, Bernegarius… On ne reconnaît guère de sonorités ! Au contraire, à partir du XIe siècle, ces noms vont céder la place à des noms latins. Évidemment, l’espace germanique résiste mieux, mais même là, les Leufric et autres Grimhildes déclinent. De même dans l’espace scandinave, selon une chronologie un peu différée qui traduit la « latinisation » de l’Europe médiévale.
L’autre évolution est tout aussi importante : il s’agit de l’augmentation constante du nombre de noms de saints. Au début du XIIe siècle, en moyenne, sur les 5 noms les plus portés, un seul est un nom de saint ; à la fin du XIIIe siècle, 4 sur 5 le sont. Cette augmentation traduit et recoupe la christianisation en profondeur de la société, et illustre ainsi le formidable travail de modelage des esprits qu’a accompli l’Église catholique au fil des décennies.
Dès cette époque apparaissent des choix « nationaux », au sens que le Moyen Âge donne à ce mot. Les Vénitiens privilégient ainsi Marc, leur saint patron, tandis que les Génois affectionnent Guillaume. En Angleterre, « Thomas » cartonne au XIIIe siècle, en écho à la diffusion du culte de Thomas Becket, tandis que les Français se montrent fidèles à Martin, saint patron du royaume.
Les prénoms participent ainsi de la construction des identités nationales. D’autant plus qu’avec l’émergence des langues vernaculaires, au XIIe-XIIIe siècle, ces prénoms latins vont à leur tour évoluer : Wilhelmus va ainsi donner William en anglais, Guillaume en français et Wilhelm en allemand. Ludovicus donnera Louis ou Ludwig, Petrus Pierre ou Peter, etc. Cela dit, les sociétés médiévales sont marquées par une coprésence de plusieurs langues, et, pour les médiévaux, toutes les variantes de ces prénoms ne forment probablement qu’un seul et même nom. On voit ainsi des gens se désigner comme Johann, Johannes ou Giovanni, en fonction du contexte, des acteurs avec qui ils interagissent, etc. Là encore, nous ne fonctionnons pas différemment : un Jean‑Baptiste pourra se faire appeler Jean‑Ba, JB…
Mythes et mondes sociaux
Les prénoms de saints ne sont cependant pas les seuls que l’on peut donner à ses enfants. On assiste en effet à l’apparition de prénoms qui sont étroitement liés aux grandes œuvres littéraires ou artistiques du temps. C’est ainsi que l’on croise, au tournant du XIIe siècle, des Roland et des Olivier puis, un siècle plus tard, des Lancelot ou des Gauvain, témoins du succès de la littérature arthurienne. Aujourd’hui, le prénom « Khaleesi », en référence au titre de Daenerys dans la série Game of Thrones, est l’un des plus donnés chaque année aux États-Unis : c’est exactement le même phénomène d’admiration, mêlée de connivence culturelle, qui poussait un seigneur de 1232 à nommer son fils Lancelot. D’abord réservés à l’aristocratie, ces prénoms se diffusent ensuite dans la bourgeoisie urbaine, ce qui montre que cette littérature n’est plus réservée aux seuls seigneurs.
Car les prénoms sont étroitement liés au niveau social. Pour le royaume de Jérusalem, à nouveau, les résultats sont éclairants : Peter est le prénom bourgeois par excellence (porté par 10 % des hommes de cette classe sociale) alors qu’il n’est qu’au 6e rang pour les nobles. Si on prend plus de prénoms, on voit que parmi les bourgeois, le trio Peter-Bernard-Robert fait 20 %, alors qu’il ne fait que 3 % chez les nobles ; Jean, Guillaume et Hugues font 20 % chez les nobles, seulement 7 % chez les bourgeois. Le choix d’un prénom est donc entièrement libre : aucune loi n’interdit à un bourgeois de nommer son fils Hugues. Mais, à l’échelle du groupe, ces choix obéissent en réalité à des hiérarchies sociales. C’est encore plus clair pour le « nom de famille », qui n’est porté que par une minorité de paysans mais par la quasi-totalité des nobles. La ville est souvent le laboratoire où s’inventent de nouveaux prénoms : dans la seconde moitié du XIIIe, les habitants de Florence s’appellent Philippe ou Antoine, tandis que les ruraux s’appellent Martin, qui est devenu une insulte en ville car apparaissant comme un prénom trop ancien. On sait bien qu’aujourd’hui une petite fille nommée Marie-Gertrude risque fort de se faire moquer à l’école…
Les prénoms mettent ainsi en jeu un ensemble de phénomènes extrêmement complexes. Ils parlent de notre rapport aux autres, aux ancêtres, aux morts, à la mémoire, à Dieu. Ils renvoient à des processus culturels majeurs : diffusion d’une religion, d’une langue, construction d’une identité nationale. Ils soulignent aussi l’écart qui nous sépare du Moyen Âge : même si la plupart des prénoms donnés aujourd’hui l’étaient aussi à cette période, ces siècles étaient dominés par la recherche d’une continuité, tandis que nous valorisons l’originalité.
Enfin, les noms peuvent également être liés aux structures politiques. En particulier, le prestige de la dynastie capétienne s’exprime aussi par le nombre de gens qui, dans le royaume, prennent les noms de Robert, Hugues et Eudes – alors que dans le Languedoc, ces prénoms ne sont pas portés avant la conquête de la région par le roi de France. La construction de l’unité du royaume passe ainsi, en partie, par les prénoms. Verra-t-on en 2018 ou en 2019 une vague d’« Emmanuel » en France ? On espère en tout cas qu’on n’aura pas trop de Jupiter…
Si les rapports hommes-femmes sont marqués par la persistance de traits patriarcaux, les mouvements féministes ne sont pourtant pas absents des sociétés du Moyen-Orient. Leur particularité ? Certaines s’appuyent sur l’islam pour porter un discours d’émancipation.
La condition des femmes dans les sociétés du Moyen-Orient fait régulièrement l’objet de rapports et d’ouvrages, attirant l’attention médiatique. En 2017, une enquête internationale soulignait ainsi que les perceptions masculines en matière de genre demeuraient inégalitaires dans la région (1). Les femmes y sont encore largement définies par leurs rôles d’épouse et de mère, plutôt que par leurs accomplissements professionnels.
Leur faible participation économique est le reflet de ce constat. Les trois quarts des hommes interrogés dans cette enquête soutiennent d’ailleurs la priorité des hommes par rapport aux femmes dans l’accès à l’emploi. Dans les relations familiales, une majorité d’hommes pensent que leur rôle est de surveiller les mouvements des femmes et filles de leur ménage, une pratique que la plupart disent avoir développée dès l’enfance. Les hommes contrôlent aussi fréquemment les prises de décision dans les ménages, de même que les espaces politiques.
Les droits civils et politiques, enjeux de mobilisation
Tout autant que l’empowerment économique féminin, les droits civils et politiques constituent toujours un enjeu de mobilisation pour les femmes du Moyen-Orient. Ainsi, au Liban et en Jordanie, la nationalité se transmet exclusivement par le père. En conséquence, une femme mariée à un étranger ne peut transmettre sa nationalité à ce dernier, ni même à ses enfants. Des organisations de défense des droits des femmes se mobilisent auprès des autorités gouvernementales et d’institutions internationales dans l’espoir de faire cesser ce qu’elles estiment être une discrimination fondée sur le genre. Le déficit de représentation politique des femmes est également marqué dans la région. Au Liban, la première femme ministre a été nommée en 2004, et les postes ministériels sont encore actuellement rarement dévolus à des femmes. En Jordanie, seuls 12 % des sièges au Parlement étaient détenus par des femmes en 2013, d’après un rapport sur les droits des femmes dans les pays de la Ligue arabe établi par la fondation Thomson Reuters (2). Les Palestiniennes ont voté pour la première fois à des élections législatives en 1996. Les femmes des Émirats arabes unis ont obtenu le droit de vote ainsi que celui de se faire élire en 2002, et les Koweïtiennes en 2005. Quant aux Saoudiennes, elles ont obtenu le droit de voter et de se présenter aux élections municipales en 2015 seulement.
Pour autant, il serait faux d’affirmer que les mobilisations féminines sont absentes ou marginales au Moyen-Orient. Les mouvements de lutte pour les droits des femmes y sont en fait anciens et ont souvent été contemporains des mouvements européens. Du féminisme arabe lié au nationalisme égyptien des années 1920 jusqu’aux militantes proches de la mouvance islamique dans les années 1970, des musulmanes ont ainsi développé des mouvements qui, loin d’être une « importation » de l’Occident, sont profondément ancrés dans leurs sociétés.
Des « féminismes islamiques »
Plus encore qu’autrefois, les mouvements de mobilisation contemporains ont pour spécificité d’utiliser la religion musulmane comme outil d’émancipation. Pour cette raison, leurs militantes sont parfois qualifiées de « féministes islamiques », une expression apparue dans le monde académique au tournant des années 1990 (3).
Les féministes musulmanes ont en effet pour particularité de faire de l’islam une grille de lecture pour promouvoir l’égalité hommes-femmes. En usant par exemple du droit à l’interprétation indépendante des sources religieuses, l’Ijtihad, ce féminisme interne à l’islam aspire à ramener sur le devant de la scène le message d’égalité des conditions et de justice sociale porté par le Coran.
Les militantes musulmanes s’appuient en particulier sur la notion de stricte égalité entre tous les êtres humains (insan) contenue dans le texte coranique. Cette égalité entre les humains doit se réaliser « dans la pensée et dans l’action, et dans un continuum qui va de l’espace public à la sphère privée », comme le relève la chercheuse Margot Badran. La revendication d’une égalité des genres s’entend donc aussi bien au sein de la famille que dans la société et la communauté religieuse.
Dissocier islam et patriarcat
Pour les féministes musulmanes, les asymétries de genre visibles dans la société auraient donc des fondements avant tout sociaux, et non religieux. Tout l’enjeu serait alors de se débarrasser des interprétations patriarcales successives – présentes par exemple dans la jurisprudence islamique (fiqh) – qui auraient progressivement « perverti » l’essence libératrice du message coranique.
Ce travail de retour aux sources n’est cependant pas une tâche aisée, en ce qu’il suppose de « détricoter » le lien a priori étroit entre islam et patriarcat. Pour ce faire, des militantes se sont armées d’un double cursus académique, en sciences sociales et en sciences islamiques, certaines d’entre elles étant devenues des expertes reconnues en théologie, à l’instar de la Saoudienne Mai Yamani, de l’Américano-Égyptienne Leila Ahmed ou de la Turque Hidayet Tuksal. Cette acquisition de solides connaissances en matière religieuse fait même partie intégrante de ce processus transnational de mobilisation. « Il s’agit pour elles d’une réappropriation du savoir et de l’autorité religieuse par et pour les femmes », souligne ainsi la chercheuse Zahra Ali.
Ces militantes essuient cependant certains écueils : leurs détracteurs se plaisent à les caricaturer en féministes manipulées et catapultées par l’Occident. Ce discours féministe musulman a enfin une portée relativement limitée, dans la mesure où il est avant tout le fait de citadines instruites, ayant poursuivi un travail attentif de relecture du Coran et des débuts de l’histoire de l’islam. Il ne saurait néanmoins être passé sous silence, car il est bien l’héritier de mobilisations féminines anciennes et influentes dans les sociétés orientales.