« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)
« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)
« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)
Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.
Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.
Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.
Musulmans et Chrétiens
Interreligieux : «Démontrons par l’exemple que chrétiens et musulmans sont faits pour grandir ensemble» (Saphir News)
Les relations islamo-chrétiennes gagnent chaque année en épaisseur et en vivacité. Elles n’impliquent pas seulement les cadres religieux. Elles sont entretenues par celles et ceux qui sont convaincus que leurs valeurs spirituelles peuvent se rejoindre pour œuvrer ensemble dans la cité. La Semaine de rencontres islamo-chrétiennes (SERIC) en est le cœur vivant. Se déroulant officiellement du 10 au 25 novembre, l’édition 2018 déborde largement en octobre et en décembre, tellement les acteurs locaux veulent y prendre part. Qui est à l’initiative de la SERIC ? Le Groupe d’amitié islamo-chrétienne (GAIC), qui célèbre cette année ses 25 ans. Interview d’Hélène Millet et de Haydar Demiryurek, co-présidents du GAIC.
Musulmans et chrrétiens
Islam au Burkina
Le Cerfi, un creuset de l’intelligentsia musulmane au Burkina Faso – La Croix Africa
Le cercle d’études, de recherches et de formation islamiques (Cerfi) existe depuis 1989 au pays des Hommes intègres. Cette association joue un rôle important dans l’écosystème religieux, politique et socio-économique du pays.
Selon les statistiques officielles, près de 60 % de Burkinabè sont musulmans. À cause de cette prédominance, beaucoup s’étonnent que le pays soit laïque. Le Cerfi est une sous-partie de l’Association des étudiants musulmans du Burkina Faso, (AEMB).
Préservation de l’identité islamique
Le motif qui avait poussé à la création de l’Association des étudiants musulmans du Burkina Faso (AEMB) dans les 1975-1977, est le même qui est à l’origine du Cerfi : les fonctionnaires – jadis étudiants – dans l’administration avaient des difficultés pour vivre leur foi. Pour pallier ce manque, des anciens membres de l’AEMB ont trouvé opportun de créer un cadre d’expression des intellectuels musulmans et de formation sur l’islam. D’ailleurs des liens très forts demeurent entre les deux structures.
Plan d’actions
Bâti au quartier 1 200 logements de la capitale burkinabè, le siège du Cerfi est bien connu grâce à sa dynamique d’activités. Selon Bikienga Kassoum, le premier vice président du Cerfi, deux enquêtes nationales ont été menées sur les foyers coraniques et l’insertion socio-professionnelle des étudiants arabophones. Leurs forums, colloques, conférences publiques dont certains sont organisés par sa cellule féminine font l’objet de documents imprimés qui enrichissent leur bibliothèque. Pour juguler le taux de pauvreté, l’association initie des activités socio-économiques. Lire la suite: Le Cerfi, un creuset de l’intelligentsia musulmane au Burkina Faso – La Croix Africa, Hortense Atifufu, 25/10/18.
Dialogue bouddhiste chrétien
Dialogue bouddhiste-chrétien : rencontre internationale de moniales – ZENIT – Francais
Initiative commune du Vatican et d’un monastère de Taiwan
Le premier « dialogue international » pour moniales bouddhistes et moniales chrétiennes est en cours au monastère Fo Guang Shan organisà Kaohsiung, à Taiwan, du 14 au 18 octobre 2018, a annoncé le Saint-Siège ce 17 octobre. Le thème de cette rencontre est “Action contemplative et contemplation active : moniales bouddhistes et moniales chrétiennes en dialogue”.
Cette rencontre internationale a deux objectifs, précise le communiqué : promouvoir le dialogue de l’expérience spirituelle ou religieuse et créer plus de place pour que les femmes participent au dialogue interreligieux... Lire la suite:Dialogue bouddhiste-chrétien : rencontre internationale de moniales – ZENIT – Francais, par Anne Kurian, 17/10/18.
Musulmans en France
France: bilan (et commentaires) de la consultation des musulmans
Consultation initiée par Marwan Muhammad : des chiffres… et des luttes
L’Institut du monde arabe accueillait, dimanche 30 septembre, la restitution de la Consultation des musulmans initiée par Marwan Muhammad. Cette initiative vise à inscrire un nouveau rapport de force dans l’organisation de l’islam de France.
Rédigé par Samba Doucouré et Huê Trinh Nguyen, Saphir News, 02/10/18.
Le 30 septembre, à l’Institut du monde arabe, à Paris, près de 220 personnes ont assisté à la restitution des résultats de la Consultation des musulmans. (Photo : copie d’écran de la vidéo). L’islam de France est un concept sujet à diverses controverses. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il a connu un mois de septembre chargé. Après le rapport de l’Institut Montaigne, les rendez-vous institutionnels préfectoraux des Assises territoriales et le colloque du CFCM dans les murs du Sénat, l’heure est à la Consultation des musulmans.
Le projet, lancé par l’ancien directeur du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) Marwan Muhammad, a consisté à recueillir l’avis des musulmans, du 10 mai au 20 juin, sur les enjeux de leur présence en France essentiellement via une plateforme Internet, puis par des débats organisés dans 57 mosquées de France.... Lire la suite sur Saphir News
Les résultats (Extraits de la page « Les Musulmans« )
Sur les questions de représentation…
Les répondants se sont montrés très critiques à l’égard des institutions existantes – essentiellement le CFCM puisque la Fondation de l’islam de France est plus récente dans le paysage institutionnel et n’a pas de mission de représentation. Seulement 7% des répondants se considèrent représentés par le CFCM et 2% par la Fondation. D’une façon générale, 84% pensent que les instances chargées d’organiser ou représenter (ce qui n’est pas la même chose) le culte musulman sont efficientes. Le résultat n’est pas une surprise mais souligne l’échec patent du CFCM du point de vue des enquêtés. Il est probable que la fraction la plus critique des personnes se considérant comme musulmane se mobilise pour répondre à l’enquête, renforçant de fait la défiance à l’égard des structures existantes, mais l’ampleur des critiques montre qu’elles sont partagées au-delà des opposants les plus mobilisés.
Ainsi, seulement 46% de ceux qui trouvent que les instances font du bon travail se considèrent bien représentés par le CFCM. Le déficit d’image du CFCM concerne donc également les répondants qui donnent crédits aux instances (sans précision). C’est certainement dans la distinction entre organisation et représentation que se trouve le hiatus : on peut compter sur des instances pour organiser le culte, mais pas sur les mêmes pour représenter. Il ne s’agit pourtant pas d’un rejet de l’idée et du principe d’une représentation nationale. Au contraire, comme le montrent les réponses aux questions suivantes :
Le sentiment de ne pas être représentés interroge en conséquence le décalage avec les instances existantes et non le besoin d’une instance nationale qui est nettement exprimé. Par ailleurs, ce n’est pas non plus une question de personnes, puisque lorsqu’on leur demande de citer des personnes par lesquelles ils se sentent représentés, 40% des répondants ne mentionnent aucun nom et les 5 premières personnalités ne regroupent que 25% des réponses.
C’est donc bien le mode de désignation d’une telle instance qui est au cœur des préoccupations.
Pour la très grande majorité des répondants, le choix de structures est d’abord l’affaire des fidèles. 71% des répondants pensent qu’il ne revient pas à l’État de rôle dans l’organisation du culte. Ceux qui sont satisfaits du travail des instances ont une inclination plus étatique : 40% trouvent que l’état doit participer à l’organisation du culte (contre 18% pour les insatisfaits).
C’est bien une posture en phase avec le principe de laïcité qu’adoptent les fidèles, en posant que l’État ne doit pas s’ingérer dans les affaires des cultes et dans leur organisation. Nous sommes bien en présence d’un « Islam de France » se pensant à partir du principe de séparation des cultes et de l’État (et même des États).
Sur le traitement médiatique du fait musulman…
Parmi les relations institutionnelles se trouvent les liens avec les médias. Nous sommes de nouveau en présence d’un décalage massif :
Le traitement médiatique est estimé injuste et déséquilibré pour 96,11 % des répondants (contre 2, 69 % qui en sont satisfaits). Une écrasante majorité des répondants ne se reconnait pas dans l’image qui leur est envoyée d’eux-mêmes et dans la façon dont les médias retranscrivent leur vie et leurs actions. Le mode de couverture médiatique, la concentration sur certains thèmes récurrents construits sur le mode du « problème », l’appel à des pseudos experts ou à des « représentants » auto-proclamés, contribuent à la production d’un décalage entre la réalité des fidèles et leurs représentations médiatiques expliquant en large partie ces réponses négatives.
Sur les besoins et les priorités des musulmans…
Compte tenu du constat critique que nous avons évoqué précédemment, la « représentation des musulmans dans les médias » devient pour 77% des répondants la priorité d’une « instance de représentation/organisation du culte musulman ». La visibilité médiatique des musulmans enregistre effectivement le score le plus important et se place en tête des priorités identifiées ; elle devance même « la lutte contre l’islamophobie », seconde priorité pour 72,4% des répondants.
Sur ce point, les réponses aux questions ouvertes et les consultations locales indiquent que la demande d’une représentation médiatique est accompagnée d’une quête de reconnaissance, inhérente aux groupes minoritaires. Aussi, pour faire suite à la critique établissant le manque de diversité dans les médias, les répondants accréditent l’idée que la « normalisation » des citoyens musulmans passe nécessairement par leur déploiement dans les sphères de pouvoir et de visibilité, mais aussi et surtout par la production d’un récit national plus apaisé et inclusif.
Dans la même logique, « enseigner l’islam », le faire connaitre, constitue la 3ème priorité identifiée par les participants (pour 60,4%). Tout comme la visibilité médiatique des musulmans, « l’enseignement de l’islam » participerait à rendre légitime sa présence, à l’inscrire dans le paysage multiconfessionnel français tout en désamorçant des situations d’ignorance et d’incompréhension parfois destructrices.
La définition des « priorités d’une instance de représentation/organisation du culte musulman » montre que les premières préoccupations des répondants sont de nature politique ; elles concernent avant tout (les obstacles à) leur inclusion dans la société française et visent à régler les problèmes qu’ils dénoncent (un traitement médiatique et politique injuste, ainsi qu’une forme de racisme contemporaine).
Suivent alors des préoccupations et des enjeux communautaires et/ou locaux : financement à éthique musulmane, action sociale et humanitaire, organisation du pèlerinage, des rites funéraires, etc.
Ce sont ainsi des priorités correspondant aux besoins concrets des fidèles qui sont mises en avant, dans les réponses quantitatives et qualitatives.
On retrouve ici, à travers les choix d’association, les priorités identifiées par les musulmans, qu’il s’agisse de la lutte contre l’islamophobie (CCIF), de la structuration et de l’organisation du culte (Musulmans de France), de l’enseignement (IESH ou Havre de Savoir) ou du halal (AVS). On relèvera aussi que quatre des dix associations les plus citées favorablement sont des organisations humanitaires, dont trois dans les cinq premières (Baraka City, Secours Islamique et Syria Charity). Il est important de noter que les répondants citent également très fréquemment des associations locales, mais (puisque locales) celles-ci n’ont pas la même performance numérique que des structures d’ampleur nationale.
7 actions menées PAR et POUR les musulmans, afin de répondre aux questions liées à l’islam en France :
Action 1 : Création d’une plateforme indépendante des associations et mosquées, sur l’ensemble du territoire : L.E.S Musulmans. Celle-ci constituera, à partir des 150 premières organisations participantes, le premier maillage d’ampleur nationale. Une organisation horizontale et souple des structures musulmanes.
Action 2 : Un site internet dédié, avec toutes les informations utiles aux communautés musulmanes. Celui-ci permettra également la diffusion en ligne d’une série de reportages aux quatre coins de la France, afin de rendre compte de l’immense travail des communautés musulmanes sur le terrain.
Action 3 : Des feuilles de route concrètes et des groupes de travail sur tous les projets qui comptent (financement, hajj, rites funéraires, statut des imams, halal, etc.), en faisant travailler ensemble les cadres religieux, la société civile et les professionnels de chaque secteur.
Action 4 : Une structuration du local au national (de l’échelon départemental vers une représentation nationale), avec une participation mixte des cadres religieux et des acteurs de la société civile. Les organisations solides reposent sur des liens organiques, plutôt que sur des déclarations politiques.
Action 5 : Création d’une centrale d’achats, afin de mutualiser les besoins et de réaliser des économies d’échelle sur les grands projets des communautés musulmanes (sols, électricité, matériel pédagogique, etc.). Celle-ci mettra également à disposition des informations pratiques sur chaque marché.
Action 6 : Une application pour smartphones qui permette d’accéder à des services dédiés (informations pratiques, questions religieuses, etc.), mais aussi de faire des dons avec une meilleure traçabilité et une transparence financière.
Action 7 : Des formations dédiées aux imams et aux cadres associatifs, afin de mieux les aider à répondre aux enjeux de leur mission (communication, gestion de projets, difficultés de terrain, etc.).
Quel bilan de la consultation nationale des musulmans lancée par Marwan Muhammad ? (Extraits)
« Le premier résultat, c’est la participation à cette consultation », signale son instigateur. D’après lui, l’implication de ces 27 000 répondants alors qu’il n’en attendait que 10 000, prouve bien que les musulmans veulent s’organiser eux-mêmes et qu’ils attendent que l’État leur fasse confiance.
Selon la consultation, le choix des structures serait l’affaire des fidèles : 71 % des participants considèrent que l’État ne doit pas ingérer dans l’organisation de l’Islam.[…]
Cette organisation nationale aurait comme priorité absolue, toujours d’après le sondage, de « représenter les musulmans dans les médias » avant tout, et, en deuxième place, de « lutter contre l’islamophobie ». L’image médiatique de l’Islam de France serait décalée de leur réalité. Pour 96 % d’entre eux, ce traitement médiatique n’est « ni juste ni équilibré ».
► Quelles propositions nouvelles en ressortent ?
De ces premières analyses, le comité scientifique et les initiateurs de la consultation proposent « 7 actions pour la suite ». « Elles traduisent la volonté de faire et la capacité de faire de ces communautés », explique Marwan Muhammad qui ajoute qu’elles « proposent une organisation horizontale, qui ne vient pas de l’extérieur ».[…]
Chrétiens et Sikhs
Chrétiens et sikhs : construire des ponts d’amitié et de collaboration, par Mgr Ayuso Guixot – ZENIT – Francais
Première conférence commune avec les sikhs en Italie
Catholiques et sikhs, « bien que différents, parce que profondément enracinés dans nos traditions religieuses respectives, nous devons montrer que travailler ensemble pour construire des ponts d’amitié, de fraternité et de collaboration est juste et possible ».
C’est ce qu’a déclaré Mgr Miguel Ángel Ayuso Guixot, secrétaire du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, en intervenant lors d’une conférence d’étude qui s’est tenue à Pescantina, dans la région de Vérone (Italie).
Il s’agit de la première rencontre du genre en Italie, indique L’Osservatore Romano en italien des 2-3 octobre 2018. Organisée par le Conseil Pontifical, en collaboration avec la Société Sikhi Sewa et le Bureau national pour l’œcuménisme et le dialogue de la Conférence épiscopale italienne (CEI) – qui a envoyé un message par l’intermédiaire de Mgr Ambrogio Spreafico – elle a eu pour thème : « Ensemble pour construire des ponts d’amitié et de fraternité ».
« Aussi bien le christianisme que le sikhisme, a dit le secrétaire du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, ont au centre de leur propre expérience religieuse le thème de la miséricorde de Dieu, de la compassion et du service fraternel surtout envers les plus pauvres ». C’est donc un « terrain concret sur lequel nous, croyants de religions différentes, pouvons vivre un esprit de collaboration, de solidarité », pour « redécouvrir ensemble le goût de faire le bien, de nous dépenser pour les autres : pour reprendre le pape François, de vivre une « révolution de la tendresse ».
Mgr Ayuso a exprimé un souhait que les deux communautés puissent « suivre un chemin de dialogue et de collaboration » dans un monde « traversé par de multiples tensions, conflits et catastrophes environnementales qui génèrent tant de drames ».
À ce propos, Mgr Ayuso s’est interrogé : « Comment pouvons-nous répondre à tout cela ? » Comment offrir « un témoignage en faveur de la coexistence pacifique et de l’intégration menacée de toute part, même ici en Italie, où la communauté sikhe est désormais enracinée depuis tant d’années ? » La réponse c’est qu’il est nécessaire de « témoigner de manière responsable que l’intégration n’est pas seulement un parcours possible, mais vraiment le seul et qu’il indispensable ».