Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

La nouvelle Constitution apostolique pour les universités et facultés ecclésiastiques demande de repenser et mettre à jour le dialogue avec les croyants non-catholiques et les non croyants

Veritatis-gaudium
Le pape François a promulgué une nouvelle Constitution apostolique pour les Universités et les Facultés ecclésiastiques, « Veritatis gaudium », « la joie de la vérité », publiée le 29 janvier 2018. Le document donne de nouvelles normes pour ces Instituts qui étaient jusqu’à présent régulés par la Constitution apostolique « Sapientia christiana » promulguée par saint Jean-Paul II, le 15 avril 1979.

Voici le texte intégral de cette constitution (disponible en plusieurs langues) signée le 8 décembre 2017. [Autre mise en page sur Zenit]

« Comme l’a souligné le Pape Benoît XVI, « la vérité est logos qui crée un dia-logos et donc une communication et une communion».[42] Sous cet éclairage, Sapientia christiana, se réclamant de Gaudium et spes, invite à favoriser le dialogue avec les chrétiens qui appartiennent à d’autres Églises et communautés ecclésiales et avec ceux qui adhèrent à d’autres convictions religieuses ou humanistes, et à favoriser « les échanges avec les hommes, croyants ou non croyants, versés dans les autres sciences », cherchant « à bien voir la valeur et le sens de leurs affirmations et à en juger à la lumière de la vérité révélée ».[43]

De là dérive l’heureuse et urgente opportunité de revoir, dans cette optique et dans cet esprit, l’architecture et la dynamique méthodique des curricula d’études proposés par le système des études ecclésiastiques dans leur origine théologique, dans leurs principes inspirateurs et à leurs divers niveaux d’articulations disciplinaire, pédagogique et didactique. Cette opportunité s’explicite dans un engagement exigeant mais hautement productif : repenser et mettre à jour l’intention et l’organisation des disciplines et des enseignements donnés dans les études ecclésiastiques, dans cette logique spécifique et selon cette intention spécifique. Aujourd’hui, en effet, « une évangélisation qui éclaire les nouvelles manières de se mettre en relation avec Dieu, avec les autres et avec l’environnement, et qui suscite les valeurs fondamentales devient nécessaire».[44]« 

« Il s’agit selon le pape d’une nouvelle étape de l’évangélisation, dans le contexte d’un changement d’époque, marqué par une crise anthropologique et socio-environnementale – un point de rupture. Ce processus de redéfinition vise à faire émerger des nouveaux leaderships qui tracent des chemins. Dans ce contexte, les études ecclésiastiques jouent un rôle stratégique, pour mieux comprendre la vie, le monde et les hommes.

Ce que souhaite le pontife pour ces études, ce n’est pas une synthèse, mais une atmosphère spirituelle de recherche et de certitude, basée sur les vérités de la raison et de la foi. La philosophie et la théologie permettent d’acquérir les convictions qui structurent et fortifient l’intelligence et éclairent la volonté.[…]

Ce processus constitue pour le pontife l’aboutissement du grand travail de réforme des études ecclésiastiques mis en mouvement par le concile Vatican II. Il visait à dépasser le divorce entre théologie et pastorale, entre foi et vie. La précédente constitution apostolique, Sapientia christiana, avait été promulguée par Jean-Paul II en 1979.

Cette nouvelle constitution entrera en vigueur pour l’année universitaire 2018-2019. Les statuts et les programmes des facultés catholiques devront ainsi être adaptés d’ici décembre 2019. » Extrait de ‘Nouvelle constitution apostolique sur les études ecclésiastiques‘, Cathobel, 29/01/18

L’indifférence est le virus de l’époque

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La conférence internationale sur la responsabilité des États, des institutions et des individus dans la lutte contre l’antisémitisme dans l’espace de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), s’est ouverte le 29 janvier 2018, à Rome. En recevant ses participants au Vatican, le Pape a invité à cultiver le principe de responsabilité, de mémoire et de proximité, dans une alliance contre l’indifférence.

«Il ne s’agit pas seulement d’analyser les causes de la violence et de réfuter leur raisonnement pervers, mais d’être activement préparé à y répondre». Dans la lutte contre l’antisémitisme, au surlendemain de la journée dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, le Pape a distingué deux ennemis: la haine «sous toutes ses formes», mais plus que tout, l’indifférence. [… à suivre sur Cathobel: « Face à l’antisémitisme, le Pape François fustige l’indifférence« , 30/01/18]

Chiites et sunnites. La grande discorde (en 100 questions)
(Compte-rendu)


Pierre-Jean LUIZARD :
Chiites et sunnites. La grande discorde (en 100 questions)
Édit. Tallandier, Paris 2017, 284 p.

L’auteur est historien, spécialiste des islams au Moyen-Orient, directeur de recherches au CNRS à Paris et l’auteur de plusieurs ouvrages.

Nous savons tous que depuis 2011 le Moyen-Orient arabe connaît une tourmente généralisée. Les Printemps arabes, qui ont défié les régimes autoritaires en place depuis des décennies, semblent être l’événement déclencheur, mais, selon l’auteur, nous sommes en présence d’un processus bien plus ancien : la faillite d’États arabes (créés après la fin de l’Empire ottoman en 1920), émancipation des communautés chiites arabes et l’éclatement de l’autorité religieuse en islam, mais aussi la globalisation d’une nouvelle grande « discorde » entre chiites et sunnites. Le mot « discorde » fait allusion au mot arabe « fitna« , mot employé par les théologiens musulmans pour décrire les premières divisions au sein de l’islam après la mort du prophète Mohammed en 632.

L’auteur analyse dans ce livre cette discorde. Il remonte aux origines de la séparation entre sunnites et chiites et il suit, au fil des siècles, les relations entre ces deux principales branches de l’islam. Il s’agit essentiellement d’une lutte entre deux concepts de base, à savoir le califat sunnite et l’imamat chiite, lutte aussi pour savoir à qui doit revenir le pouvoir en islam, aujourd’hui comme hier.

Le désaccord est resté irrésolu, malgré plusieurs tentatives de rapprochement durant l’histoire de l’islam. Aux temps modernes de nouvelles causes contemporaines sont apparues dans le monde sunnite et chiite, souvent à cause de la dimension confessionnelle des conflits, mais aussi à cause de l’échec des États en place à résoudre la question communautaire et les luttes d’influence entre acteurs régionaux et internationaux.

L’auteur expose ce sujet, qui occupe encore l’actualité quotidienne, à travers une centaine de questions/réponses. Celles-ci englobent des réalités très nombreuses et très diverses : tous les conflits entre les pays du Moyen-Orient à travers leur histoire; les dogmes, les cultes et les rites propres des sunnites et des chiites; leurs rapports différents à l’État; leur géographie et les échecs du panarabisme; les fondamentalismes, les réformismes, le salafisme et le djihadisme; l’irruption de Daesh; les enjeux géopolitiques ; le rôle des grandes puissances dans les conflits etc.

L’auteur démontre à travers tous ces développements que le conflit entre sunnites et chiites à toujours marqué l’islam. Dans les pays à majorité sunnite, être chiite peut vraiment sembler un défi et est parfois synonime de « traître » ou de « terroriste » (Egypte, Algérie…). Les chiites vont alors cacher leur adhésion au rite ja’fari imamite.

Les islamismes ont contribué à séparer encore davantage les deux branches de l’islam. Quant à la montée du salafisme et du djihadisme, elle est une menace directe pour les chiites et l’Iran. Ainsi Téhéran a fait de la lutte contre l’Etat Islamique ( I.S.) et contre Al-Qaïda une priorité.

La rivalité qui existe en islam entre Arabes et Persans est toujours un fait. Aux yeux des Arabes, les Iraniens tentent de voler aux Arabes ce qu’ils ont produit de mieux, l’islam !

La Palestine occupée et le sort de Jérusalem, troisième ville sainte de l’islam, devrait en principe être un thème qui devait unir sunnites et chiites. Pourtant même la Palestine n’a pas été l’occasion d’un rapprochement entre eux.

Les développements et la réalité des conflits confessionnels millénaires exposés dans ce livre sont impressionants et inédits dans leur ampleur globale.

Le livre de Jean-Pierre Luizard, qui se veut « un éclairage le plus didactique possible » sur ce sujet complexe, est, malgré un certain nombre de répétitions inhérentes au genre de l’ouvrage, très instructif et captivant.

Hugo Mertens

Monothéismes à l’épreuve de la violence
(Par M.S.Janjar GRIC Maroc)

logo gric« Tu ne tueras point » (Exode, 20, 13)

« Celui qui sauve un seul homme est considéré comme s’il avait sauvé l’humanité entière » (Coran, v32)

Le monde de l’après- guerre froide est souvent présenté comme l’immense théâtre d’une guerre de « religions » et/ou de « civilisations ». La science politique serait devenue, notamment depuis les évènements dramatiques du 11 septembre 2001, la géopolitique d’une sorte de conflit planétaire des valeurs et des absolus. C’est là le résumé d’une thèse avancée de manière récurrente pour comprendre le siècle qui commence. Et de manière tout aussi répétitive et rituelle, elle est réfutée pour son simplisme et son ignorance des inépuisables ressources d’humanisme et de civilisation que recèlent les traditions religieuses monothéistes. On peut se demander cependant si ce n’est pas dans le simplisme de la thèse de la « guerre des religions » que réside sa force explicative, voire sa valeur de prédication auto-réalisatrice.

Au discours qui veut faire des religions monothéistes des blocs identitaires monolithiques fermés et lancés en guerre les unes contre les autres, doit-on continuer à se contenter d’évoquer les vertus de ce « dialogue interreligieux » plus nécessaire que jamais ? Et à la description des violences inouïes commises hier, comme aujourd’hui, au nom des religions, suffira-il de brandir, tel un drapeau, des versets glanés dans les Ecritures et qui prônent la paix, incitent à la fraternité et appellent à la solidarité de la grande famille humaine ?

Certes, c’est la religion musulmane qui fait aujourd’hui l’objet d’un questionnement et d’un débat mondial : l’islam est-il une religion foncièrement violente ? La réponse à une telle question semble prendre deux voies antagonistes : la première s’appuie sur les données historiques et considère que l’islam n’est ni plus, ni moins violent que les autres religions (monothéistes ou pas). Elle considère que l’évolution historique des sociétés musulmanes, en comparaison avec d’autres sociétés humaines, montre que les phases de violence et celles paisibles de tolérance, dépendent moins des préceptes de leur religion que de leurs conditions politiques et sociohistoriques. La seconde approche est de nature essentialiste ou culturaliste. Elle affirme, par contre, que l’islam, de par le contenu de son texte fondateur (le Coran), constitue une religion à part dont la violence fut à la base de sa constitution en tant qu’umma (communauté musulmane) et continue à lui servir de moyen nécessaire pour la diffusion de son message.

C’est un fait, le message coranique et les faits historiques fondateurs de l’islam, à l’instar des deux autres traditions monothéistes, se prêtent à des lectures contradictoires. Autrement dit, l’islam ne constitue nullement une exception. Il est très aisé pour l’historien des religions de montrer que la violence était au cœur des faits qui ont jalonné le devenir des trois monothéismes.

On peut également multiplier les références aux grandes sources des traditions de chacune des trois religions monothéistes ; sources dans lesquelles fut justifiée la « guerre sainte » (jihad), la « guerre licite » ou la « guerre juste » ; justifications théologiques qui ont légitimé d’innombrables formes de persécutions, de guerres et d’atrocités à travers l’histoire des trois religions. Et en cela, se révèle l’historicité des religions monothéistes et leurs compositions avec ce que la condition humaine a de plus tragique.

Si la violence n’est ni étrangère, ni spécifique aux monothéismes, la question qui se pose aujourd’hui et sur laquelle le GRIC devrait apporter sa contribution serait : Tout en composant avec une violence inhérente à la condition humaine, les monothéismes ont –ils cherché à la domestiquer, à la maitriser et à la ritualiser ? Si oui, comment cela s’est-il opéré dans chacune des trois traditions ? Et sur un mode plus général encore, on peut se demander si la violence qui a accompagné le monothéisme dans son histoire, lui est–elle consubstantielle ou serait–elle une des contingences du déploiement de son message dans l’histoire ? Et plus précisément à présent, suite aux drames inédits qu’a connus l’humanité dans les temps modernes, notamment sur les deux rives de la Méditerranée, on peut s’interroger : la violence est-elle toujours indispensable au monothéisme ou serait-elle foncièrement étrangère à son projet pour l’humanité ? Et que peut le dialogue islamo-chrétien face au défi de la violence qui se réclame des messages monothéistes ?

Source: https://gric-international.org/2018/breves/monotheismes-a-lepreuve-de-la-violence-par-m-s-janjar-gric-maroc/

Calendrier interreligieux: février 2018

Ven.Chandeleur.Fête catholique de la présentation de Jésus au Temple de Jérusalem et de la purification de la Vierge.[ + d’infos ]
 Ven.Présentation au Temple (2 février: cal. grégorien; 15 février: cal. julien).Fête orthodoxe de la présentation de Jésus au Temple de Jérusalem.
Mar. 13 Mardi Gras.Dernier jour où, traditionnellement, l’on consommait de la viande avant le temps du Carême. C’est à cette période que se déroulent les carnavals.
 Mer. 14 Saint-Valentin.Fête des amoureux qui s’échangent des fleurs et des attentions
Mer. 14 Mercredi des Cendres.Après Mardi Gras, ce jour marque pour les catholiques le début du Carême qui prend fin le Samedi saint (31 mars).
Mer. 14 Mahashivaratri.Nuit du Grand Shiva: sa danse cosmique crée, maintient et détruit l’univers de manière cyclique.
Jeu. 15 Parinirvana *.Commémoration mahayana de la mort du Bouddha et de sa libération ultime à l’âge de 80 ans. La journée est consacrée à méditer sur le caractère éphémère et illusoire du monde.
* Parfois célébrée le 8 février.
Ven. 16 Nouvel An tibétain – Losar.Premier jour de l’an 2145 du calendrier vajrayana qui débute en -127, date de l’intronisation du premier roi tibétain. Le Nouvel An est suivi de quinze jours de festivités, d’offrandes et de prières pour la paix dans le monde.
 Ven. 16 Nouvel An chinois – Chunjie (année du Chien 4716).Fête du printemps célébrée par des danses, des feux d’artifice, des fleurs et des cadeaux.
Lun. 19 Grand Carême orthodoxe (calendrier julien: du lundi 19 février au vendredi 30 mars avant les Rameaux).40 jours d’abstinence pour préparer Vendredi saint et Pâques. Cette période de jeûne commence, chez les orthodoxes, le Lundi Pur.