Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

Sénat français: rapport sur la mission d’information sur l’organisation, la place et le financement de l’islam
en France et de ses lieux de culte



Source: senat.fr/fileadmin/Fichiers/Images/commission/missions/islam_en_france/14-Brochure_Mission_Islam.pdf, 2016

Le Maroc se place en 1ère position des pays apportant de l’argent au financement des mosquées françaises, selon un rapport du Sénat sur l’islam en France datant de 2016, et des chiffres issus du ministère de l’Intérieur.

 Alors que le président Emmanuel Macron a annoncé ce samedi sa volonté de repenser l’organisation de l’islam de France, le débat sur le financement des mosquées de l’Hexagone refait surface.
 À cette occasion les médias français ont relayé le contenu d’un rapport du Sénat sur l’islam en France datant de 2016, et des chiffres issus du ministère de l’Intérieur selon lesquels le Maroc se place en 1ère position des pays apportant de l’argent au financement des mosquées françaises. [… Lire la suite: Le Maroc premier financeur des mosquées en France, H24info, 12/02/18]

Le rapport en question, qui traite aussi d’autres sujets que le financement,  est disponible ici: Mission d’information sur l’organisation, la place et le financement de l’Islam en France et de ses lieux de culte, sur senat.fr.

Avec les évêques d’Europe,
l’appel au dialogue islamo-chrétien
« dans une ambiance pacifique et constructive » (Saphir News)

 logo Saphir News
Comment mieux construire le dialogue avec les musulmans en Europe ? Tel a été le sujet de la cinquième rencontre du Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE) réunissant plusieurs délégués nationaux en charge des rapports avec les musulmans, en Albanie du 7 au 9 février.

Sous l’égide de Mgr Angelo Massafra, archevêque de Shkodër-Pult (Albanie), le Vatican a participé à cette conférence entrant dans le cadre de la célébration du 25e anniversaire de la visite du pape Jean Paul II en terre albanaise, qui se déclarait officiellement athée jusqu’en 1991. Dans un pays majoritairement musulman où règne un certain relativisme religieux, le christianisme continue à maintenir une place de choix.

Le pape, dans son discours prononcé en 1993 à Tirana, insistait à l’époque sur la connaissance et la compréhension de l’Autre comme la seule manière de se défaire des préjugés qui nuisent à l’unité interreligieuse. Par ses mots, il invitait alors à l’ouverture et à la reconnaissance de l’Autre, ce que la CCEE a souhaité promouvoir 25 ans plus tard en choisissant pour leitmotiv de la rencontre « La foi sincère ne sépare pas : elle unit ». [… Lire la suite:  »

Avec les évêques d’Europe, l’appel au dialogue islamo-chrétien « dans une ambiance pacifique et constructive », rédigé par Lina Farelli, Zenit, 14/02/18]

JUBILÉ - 150ème

2ème  texte de réflexion pris dans les documents de nos Sociétés.

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« Le dialogue ne commence pas par là... »

(tiré du livret Oser la rencontre, Conseil général, septembre 2008).

« Nouvellement arrivé au Yémen, je me plaignais : les Yéménites ne sont pas ceci, ne sont pas cela. Ils n'étaient surtout pas comme les gens de l'Algérie que je venais de quitter. Et c'est le Consul de France à Sanaa à qui je confessais mes difficultés qui m'a donné la réplique : Mon père, il faut les aimer.

Lorsque nous parlons de dialogue et de rencontre, particulièrement avec le monde musulman, nous prenons peur parce que nous pensons aussitôt à une table ronde de spécialistes qui devront débattre de théologie. Mais le dialogue ne commence pas par là.

La rencontre commence dans la vie. Il suffit de voir comment Jésus a approché les gens de son temps. Il ne leur demande pas de quel bord ils sont pour les rencont- rer. Il s'intéresse à tous, sans distinction de rang, parce qu'ils sont les enfants d'un même Père. Il s'invite chez le publicain Zachée, il met à l'épreuve le jeune homme riche, à l'honneur la pauvre veuve... Il ne s'impose pas, il demande : Que veux-tu que je fasse pour toi ? Et puis il s'émerveille : je n'ai jamais vu pareille foi en Israël... Et enfin, il en rend grâce à son Père.

Le dialogue, c'est vivre en bonne compagnie au milieu des gens, voir ce que l'on peut faire avec eux, s'émer- veiller de la foi que Dieu a mise en eux et Lui en rendre grâce. Cela peut se traduire par une présence de servi- ces : particulièrement auprès des plus pauvres, des  handicapés, des abandonnés de la société, des jeunes en retard à l'école, des lycéens ou étudiants d'université par des cours de perfectionnement, des bibliothèques...

Cette insertion nous permet d'être au milieu d'un peuple que Dieu a déjà visité et qui vit une foi dont toute la vie est imprégnée. Cette vie au milieu de fidèles d'une autre foi ne peut pas ne pas avoir de répercussions. Nous bénéficions nous-mêmes de magnifiques exemples de foi de leur part, de fidélité à la prière, au jeûne, d'un souci des plus pauvres qui nous interpellent, d'un grand sens de la fraternité. De notre côté, nous témoignons de la foi au Christ par nos actes de justice, de droiture et de fidélité à la Parole. Nos partenaires religieux l'attendent et seraient déçus que ces  qualités chrétiennes manquent à l'appel.

(...) Depuis quelques années, surtout après les événements mondiaux qui ont bouleversé les traditions reli- gieuses dans leur assurance ancestrale, beaucoup se posent des questions qu'ils ne se posaient pas, parlent de leur foi plus ouvertement et la confrontent à la nôtre. La formation au dialogue demande que nous en prenions le temps. On ne s'improvise pas apôtre sans une connaissance de l'autre et de sa tradition religieuse. Cette forma- tion est possible dans deux centres en Afrique, l'un à Nairobi et l'autre à Bamako, ainsi qu'au PISAI à Rome. Le monde musulman, très présent en Europe, aux États-Unis ou au Canada, nous appelle là aussi à la rencontre. Des structures existent dans les diocèses, il faut y être présents.

Rencontre avec ceux qui travaillent dans la pastorale des migrants et dans les commissions justice et paix. La meilleure action est celle qu'on fait ensemble, toutes religions confondues. Des centres Afrika existent, comme projets missionnaires à la Haye, Bruxelles, Berlin, Marseille, en Espagne, au Canada, etc. Et, tout au long du parcours des migrants, de Gao à l'Espagne, en passant par Alger, des projets missionnaires ont été lancés pour suivre les candidats à l'immigration dans leur marche désespérée vers l'Europe. On nous attend aussi sur ce ter- rain où la solidarité humaine demande qu'on s'unisse au-delà des religions. Où qu'ils soient, quels qu'ils soient "il faut les aimer". »

Texte présenté par Jean-Claude Ceillier Lire le livret en entier : http://www.peresblancs.org/societe/FRANCESE4rencontre_FRANCESErencontre.qxd.pdf

Printemps arabe et fausses nouvelles :
petites histoires et grande Histoire

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Démenti de Al Azhar sur la toile en langue arabe, après la fake news diffusée en janvier, annonçant son intention de « retirer la Tunisie de la liste des pays musulmans. »

Hakim Beltifa, Université de Lorraine

Selon ses lexicographes, l’usage de l’expression « fake news » a enregistré un bond en avant de 365 % depuis 2016. Ce brusque saut ne caractérise pas seulement la réalité des faits aux États-Unis ou en Europe. Il concerne également et de manière tout aussi critique le monde arabe, et ce depuis les contestations populaires qui l’avaient fortement ébranlé en 2011. Si en Occident, le débat enfle depuis 2017, ce fléau sévissait déjà sur la toile arabe de manière flagrante depuis au moins sept ans.

À l’origine de sa progression spectaculaire, des contextes nationaux propices à la propagation des fausses nouvelles à cause d’une profonde crise des médias traditionnels contrôlés par les États arabes. Tout contenu véhiculé par ces médias suscitait au quotidien son lot de critique et de méfiance auprès de publics de plus en plus motivés par une quête de liberté sans précédent. Les « fake news » se nourrissaient dès lors de la méfiance à l’égard de ces médias qui occultaient, sous la contrainte d’un régime qualifié par ses opposants de dictatorial, la réalité et maintenaient le peuple dans l’opacité et l’ignorance. Un contrôle strict de l’information qui chercherait à préserver, selon ses partisans, la stabilité du pays et une « une paix sociale fragile ».

La diffusion de « fake news » dans le Monde arabe met aussi en exergue une défiance explicite et assumée à l’autorité de l’État et à ses médias qualifiés d’organes de propagande à la solde du pouvoir en place. Les journalistes sont confinés, en conséquence, dans un rôle plus ou moins inconfortable ou journalisme rime souvent avec allégeance et autocensure.

Dans les démocraties arabes naissantes ou dans les régimes arabes autocratiques ayant un lourd passif dans le domaine des libertés et des droits de l’Homme, des questions très cruciales s’imposent. Elles sont différentes de celles que soulève ce problème en Occident. Malgré des efforts louables pour se conformer progressivement aux exigences internationales en matière de liberté d’expression, les régimes arabes ont-ils vraiment la légitimité d’évaluer la fiabilité des sources ? Faut-il leur confier cette tâche délicate malgré leurs antécédents répressifs ? Pourront-ils vraiment être garants de la vérité ?

Maroc : bientôt, une loi contre les « fakes news »

De nos jours, des voix s’élèvent dans les pays du Maghreb pour s’opposer fermement à l’ingérence des États dans ce « processus de décontamination » de l’information. C’est le cas du Maroc où journalistes et membres de la société civile se mobilisent depuis plusieurs jours avec ardeur contre un projet de loi en cours d’élaboration par le ministère de la Culture et de la Communication sur les « fake news » qui polluent la toile marocaine.

Lundi 29 janvier 2018, dans un communiqué de presse, c’est le ministère de l’Intérieur qui attire l’attention sur « la gravité de ces actes qui sont de nature à induire l’opinion publique en erreur, ainsi que le sentiment de peur et l’atteinte flagrante à l’ordre public que cela peut engendrer ».

Hostiles à la volonté du gouvernement de légiférer seul et au pas de charge sur la question, les professionnels des médias au Maroc dénoncent leur « mise à l’écart » et affirment que la démarche du gouvernement est « inquiétante, injustifiée et inutile ». Ils affirment que l’arsenal législatif déjà existant dans le pays notamment les articles 72, 106 et 108 du Code de la presse est largement suffisant en la matière. Cette action du gouvernement marocain s’opère dans un contexte compliqué et très tendu marqué par une grogne sociale qui ne faiblit pas et rythmé au quotidien par les audiences du procès controversé des contestataires de la région du Rif.

Les réfractaires à ce projet de loi agitent déjà le spectre de la censure, ce que les autorités marocaines nient. Dans cet élan, l’agence de presse marocaine, la MAP (Maghreb Arabe Presse) vient de lancer un service « SOS fake-news » qui « permet aux abonnés de rectifier immédiatement à travers le réseau de la MAP une fausse information les concernant ».

« Fake news » en Algérie : un vide juridique à combler

SOS fake News Agence marocaine de presse MAP Maroc.

Dans son traitement du sujet des « fake news » qui polluent abondamment la toile algérienne, la presse nationale se demande en faisant preuve d’ironie s’il ne fallait pas y voir un signe de progrès ! Ce phénomène n’avait-il pas « traversé l’Atlantique pour se retrouver en Europe avant de se répandre en Algérie ? ! » Plusieurs fausses nouvelles ont poussé comme des champignons sur les réseaux sociaux algériens surtout en 2017 allant de rumeurs sur « l’état de santé très critique » du président Abdelaziz Bouteflika, en passant par la prétendue « expulsion de diplomates algériens d’Arabie saoudite » jusqu’à l’absurde et délirante histoire du « parfum toxique qui causerait la mort des musulmans », selon une fausse note attribuée à l’armée algérienne.

Dans la guerre contre les « fake news », aucune piste législative n’est envisagée pour le moment en Algérie pour combler le vide juridique en la matière. La question n’alimente même pas les débats et l’opinion publique semble peu soucieuse de la parade nationale qu’il faudrait afin de circonscrire les dégâts de ces fausses informations.

Aucun article dans le Code de l’information algérien ne mentionne de manière précise et claire la diffusion d’informations erronées mise à part l’article 92 qui oblige à « rectifier toute information qui se révèle inexacte ». Les journalistes algériens s’accordent à dire que le problème des « fake news » n’est qu’à ses prémisses dans le pays et qu’il aura tendance à s’aggraver à cause de « la prédisposition de l’opinion publique à adopter certaines fausses nouvelles diffusées sur les réseaux sociaux sans sourciller ».

Tunisie : quand les « fake news » « tuent le président » !

La question des « fake news » se pose avec insistance notamment en Tunisie, seule rescapée jusqu’à présent du printemps arabe. Elle est loin l’époque où les réseaux sociaux constituaient le salut des nations arabes en quête de liberté face aux régimes autocratiques. Ces réseaux avaient entre autres rendu possible la libération de la parole et avaient permis le contournement des médias officiels qui étaient condamnés soit à la connivence avec le pouvoir en place soit au silence. Ironie du sort, les réseaux sociaux sont accusés aujourd’hui de manipulation et d’affaiblissement des démocraties.

Les actes malveillants sur la toile tunisienne prolifèrent depuis la révolution de 2011. Les politiques n’ont eu de cesse de dénoncer la dégradation des discours sur les réseaux sociaux où « tous les coups sont permis ». Ils pointent du doigt un environnement pollué par des « milices électroniques » ou des « mercenaires de l’info ». Ces « brigades virtuelles » sévissent sur Internet dans le seul but de « pourrir le débat démocratique naissant dans le pays ».

En Tunisie, chaque jour apporte son lot d’informations truquées qui servent à « déstabiliser le pays et à le maintenir dans un climat de peur et d’incertitude ». Une situation aggravée par un contexte national déjà très fragilisé par les difficultés économiques et sécuritaires.

Le dernier exemple en date est l’annonce mensongère, dans la soirée de vendredi 17 novembre 2017, du décès du président Tunisien Beji Caïd Essebsi (BCE). Doyen des présidents de la planète, il s’apprêtait à fêter des 91 ans quand une publication en langue arabe, truquée, montée de toutes pièces et reprenant le logo de France 24, s’est propagée de façon virale sur les réseaux sociaux pour annoncer sa mort.

Fake news décès du président tunisien en langue arabe.
France24

France 24 a réagi rapidement en publiant un démenti à l’antenne et dans un post diffusé sur les réseaux sociaux.

Démenti france24 suite à l’utilisation de son logo, sur son site Internet arabe.
France 24

Rapidement identifiés, les deux usurpateurs ont été condamnés, le 4 janvier 2018, à six mois de prison ferme pour « offense au chef de l’État » et « propagation de fausses informations » ainsi qu’à une amende. Une loi contre les « fake news » attendra !

Le 24 janvier 2018, un autre cas flagrant de « fake news » s’est répandu sur la toile tunisienne comme une traînée de poudre. Il s’agit de l’annonce sur les réseaux sociaux du retrait de la Tunisie de la liste des pays musulmans par la haute autorité religieuse sunnite en Égypte, Al-Azhar.

L’affaire Mennel Ibtissem ou les conséquences
de la naïveté face aux théories du complot

 
Quelques messages postés sur les réseaux sociaux il y a deux ans par une adolescente lui causent aujourd’hui bien des soucis! Cela devrait nous inciter tous à toujours vérifier les infos que nous partageons: les théories du complot et les fausses informations pullulent sur les réseaux et la formation à l’esprit critique semble avoir des failles…
Mennel Ibtissem, candidate de l’émission « The Voice », est dans la tourmente depuis la diffusion d’anciennes publications sur ses réseaux sociaux où elle remettait en cause la version officielle des attentats en France. Loin d’être du soutien aux terroristes, il s’agit plutôt de l’expression d’une forme de conspirationnisme très ancrée dans la société française. […] Pour l’extrême-droite et la fachosphère, il s’agit ni plus ni moins que d’une « apologie du terrorisme ». Mennel Ibtissem avait ému les jurés de « The Voice » avec sa reprise de Hallelujah de Leonard Cohen samedi 3 sur TF1. Dans la foulée de sa prestation, des internautes ont exhumé des anciennes publications sur ses réseaux sociaux où elle remettait en cause la version officielle des attentats qui ont endeuillé la France. […] Si ces messages sont condamnables pour leur contenu, ils révèlent plus d’une forme de complotisme ordinaire que d’une quelconque « apologie du terrorisme ». En effet, comme le notait une étude de l’IFOP pour la Fondation Jean-Jaurès et l’observatoire Conspiracy Watch dévoilée début janvier, ce phénomène est très ancré dans la partie la plus jeune de la population. [… Lire: « Affaire Mennel Ibtissem: plus qu’une ‘apologie du terrorisme’, l’expression d’un complotisme ordinaire« , rédaction de FranceSoir, 6/02/18]