Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

Petit manuel pour un islam à la mesure des hommes,
par Ghaleb Bencheikh (Compte-rendu)


Ghaleb BENSCHEIKH:
Petit manuel pour un islam à la mesure des hommes. Édit. J.C. Lattès, Paris, février 2018, 190 p.

Ghaleb Benscheikh, né en 1960, est docteur en sciences et auteur de nombreux ouvrages théologiques et philosophiques. Il est un des meilleurs spécialistes des questions de l’islam en France. Il présente l’émission Islam sur France 2.

À la suite des attentats terroristes et de la violence aveugle de l’islamisme radical durant ces dernières années, l’auteur veut dans ce livre engager « une réflexion profonde et raisonnée » sur l’islam d’aujourd’hui. En effet, dit-il, la presse et les médias ont souvent été « partielles, partiales et parcellaires » (p. 9), quand il s’agissait des questions islamiques. Ce fait a occasionné beaucoup d’angoisse et d’inquiétude, et a rendu impossible un débat équilibré et sérieux. L’auteur se situera d’emblée pleinement dans le contexte de la France Républicaine et d’une société sécularisée et diversifiée. Il faut donc, dit-il, revenir aux principes de base de nos sociétés modernes, à savoir la liberté de conscience, l’égalité entre les hommes, la laïcité de la société, la désacralisation de la violence ( non développée dans ce livre).

Il pose, au départ de sa réflexion, les questions suivantes : comment sommes-nous arrivés dans l’espace islamique à ces degrés de violence et de haine et à la monstruosité idéologique et religieuse dénommée Daesh ? Comment expliquer la tiédeur et la frilosité incompréhensible des dignitaires religieux musulmans face à ces événements ? Faut-il remonter aux raisons pour lesquelles le monde islamique a raté le tournant de la modernité ?

L’auteur pense que la réponse se situe d’abord au niveau théologique, tout en tenant compte des autres éléments d’explication. Il est nécessaire que les oulémas tranchent entre les pratiques barbares de l’islam et une exégèse moderne des textes ouvrant sur un islam de spiritualité. Il exige d’ailleurs que les prêcheurs et les muftis doctrinaires et idéologiques de l’islamisme radical répondent devant la justice, et il invite avec beaucoup d’insistance les musulmans, jusque-là passifs et atones, à manifester leur désappropriation totale de la barbarie qui a eu lieu. On ne peut pas rester complice par l’inaction et le silence. S’indigner ne suffit pas . Proclamer que ces crimes n’ont rien à voir avec l’islam, cela ne règle rien. Il faut s’attaquer à l’enseignement islamiste dogmatique.

Et l’auteur de qualifier toutes les formes concrètes de l’islam actuel qui ne respectent pas la dignité et les droits fondamentaux de l’homme : salafisme, islamisme, djihadisme et terrorisme. Il revendique surtout l’inapplicabilité d’un grand nombre de textes du corpus religieux islamique. Il faut, en plus qu’on finisse d’infantiliser les esprits et de culpabiliser les consciences. « Les chantiers sont titanesques – dit l’auteur – et il faut les entreprendre d’urgence : le pluralisme, la désintrication de la politique d’avec la religion, l’égalité foncière entre les êtres humains, la liberté d’expression et de croyance, la garantie de pouvoir changer de croyance, la désacralisation de la violence, l’Etat de droit sont des réponses essentielles et des antidotes primordiaux exigés. » (p. 43-44). « Il nous faut en plus se désolidariser du patrimoine sclérosé, d’une vision du monde dépassée qui dénature l’islam véritable et de toute idéologie inhumaine qui sert d’autres dessins que spirituels. Nous pensons que la relation triangulaire entre la démocratie, la religion et les droits de l’homme est centrale dans la pensée nouvelle sur l’islam qu’il faut élaborer. » (p. 52). Une tâche énorme, mais, pour l’auteur, c’est l’unique voie pour éviter que les islamistes radicaux accaparent encore la parole révélée.

Dans la deuxième partie du livre l’auteur va étudier plus en détail certains thèmes : fondamentalisme et modernité, séparation entre politique et religion, liberté de conscience et laïcité.

« Le traditionalisme, le conservatisme et autre conformisme ankylosent la saine dynamique des religions, rétractent leur pensée et affectent l’élévation spirituelle ! » (p. 65). Ainsi en est-il du salafisme, de l’intégrisme islamique et de l’islamisme. Une des caractéristiques générales de toutes les formes du fondamentalisme est l’intolérance religieuse.

Pour les fondamentalistes, il n’est de liberté que ce qui est compatible avec « la loi de Dieu » ou la chari’a. Et la modernité entérine selon eux la permissivité, l’égarement et la dépravation. Leur lecture des textes du Coran est le sens littéral, pris au pied de la lettre. Toute interprétation allégorique, symbolique ou historique est rejetée catégoriquement. Toute innovation est impiété grave.

Alors que, dans la modernité, l’homme s’affranchit et accède au statut du citoyen libre et souverain. Ainsi la démocratie est la souveraineté du peuple.

Le croyant musulman doit donc prendre conscience des réalités de son temps. Celles-ci lui révèlent l’impossibilité du retour aux normes désuètes et aux pratiques ancestrales. Le temps du Prophète n’est pas notre temps ! D’ailleurs bien souvent le fondamentalisme islamiste se réfère à des notions religieuses idéalisées sinon fantasmées de cette époque mohamédienne.

En une cinquante de pages l’auteur développe le thème important de la désintrication nécessaire de la politique d’avec la religion en islam. La théologie doit absolument reconnaître et prendre en considération la validité d’une pensée politique affranchie de la tutelle religieuse dans tout système démocratique. L’auteur fait appel au théologien réformiste égyptien Ali Abderraziq du début du XXème  siècle, docteur d’al Azhar. Celui-ci fait dans son livre « L’islam et les fondements du pouvoir » une nette dissociation de ce qui relève d’une adhésion de la foi d’avec ce qui a trait à la gestion des affaires publiques dans la Cité. Il montre entre autres que le califat n’est pas un modèle immuable et qu’il n’a aucune valeur sacrale, car il ne découle d’aucune tradition prophétique puisque la sunna ne la mentionne nulle part.

Quant à une théorie politique de l’islam, la notion même d’État n’existait pas dans la société tribale au temps du Prophète et celui-ci n’a laissé aucun consigne pour l’organisation d’une société. Il était seulement le Prophète, le patriarche, le cheikh, le médiateur et l’arbitre d’une communauté naissante à spécificité religieuse, à l’instar d’un Moïse, guide des Hébreux. Il n’ y pas de doctrine politique en islam. La religion n’a donc pas à s’immiscer dans la politique. Le totalitarisme religieux de l’islamisme a été une erreur fondamentale et un déboire très grave.

L’auteur conclut l’ étude de ce thème ainsi : « Nous mettons au défi quiconque de nous expliquer en quoi ‘islam’ est dépositaire d’un système politique embrassant tous les volets de la vie. » (p. 98). Et il appelle la captation de l’islam par les islamistes comme programme politique la grande escroquerie morale du siècle.

Quant à la liberté de conscience, l’auteur affirme que »l’impératif absolu du respect de la conscience humaine est non négociable« . Vouloir imposer la foi par un moyen ou un autre et punir l’apostat par le châtiment suprême, c’est bafouer un des droits les plus fondamentaux de l’homme. Et l’auteur montre par un ensemble de textes scripturaires du Coran l’affirmation claire de la liberté religieuse en islam. Pourtant les fondamentalistes continuent à mépriser ces droits humains en certains pays musulmans. Pour l’auteur il faut que ces personnes soient « condamnés sans aucune réserve. » (p. 151).

En outre, écrit-il, se croire seul dépositaire de l’unique voie du salut face à ceux qui choisissent d’autres voies et être convaincu que l’autre périra par le feu de l’enfer est très problématique. Al-Ghazali, au tournant du XIIème siècle, avait pourtant déjà plaidé pour la pluralité des voies du salut. Selon l’auteur la seule mission de croyant est de vivre lui-même sa foi sereinement et de façon apaisée, et montrer sa solidarité avec ses frères et ses sœurs.

Le dernier thème développé par l’auteur est celui de la laïcité. C’est le principe juridique de neutralité, qui permet le libre exercice des cultes dans le respect de la législation en vigueur dans les sociétés démocratiques modernes. « Elle garantit le fait de croire ou de ne pas croire, mais surtout de pouvoir changer de croyance » (p. 161). Dans une société multiculturelle et pluriethnique, la laïcité est vitale, même si on discute parfois aujourd’hui sur de nouveaux modes opératoires.

Pour certains il semble y avoir une « incompatibilité irréductible » entre l’islam et la laïcité. Pourtant la laïcité, par définition, n’est pas contre les traditions religieuses, mais elle les transcende toutes. Elle s’abstient de s’immiscer dans les domaines religieux, convictionnel et spirituel, mais veille qu’ils respectent l’ordre public.

Quant à l’islam, l’absence d’une structure cléricale devait faciliter d’accepter le principe de la laïcité. Même en milieu chiite le clergé n’est, en réalité, qu’une organisation académique de dignitaires religieux. Les ayatollahs et les mollahs n’appartiennent pas à une caste consacrée et sacerdotale. Il n’ y a pas, dans la tradition islamique, de prêtrise ni magistère. La relation à Dieu n’y nécessite donc pas de médiateur ni d’intercesseur. Ainsi, selon l’auteur, les régimes de monarchies dans le Golfe Arabe n’ont aucun fondement scripturaire. Le pouvoir y est usurpé suite à des coups de force et ils se maintiennent par la force.

L’auteur termine son livre par un appel pour qu’en Europe l’islam saisisse la chance de se trouver dans un espace laïque, démocratique et libre. Aux musulmans d’ici d’engager une lutte contre « le fondamentalisme et l’obscurantisme religieux combinés à l’archaïsme et à la démagogie politique…[autant] dans les États dits ‘islamiques’ que dans les mentalités de bon nombre de musulmans, eux-mêmes » (p. 182). Elle est pour eux le préalable incontournable pour l’avènement d’une ère de progrès, de liberté et de civilisation.

Par cet essai, l’auteur a voulu contribuer aux débats pour pouvoir sortir enfin de l’ornière dans laquelle l’islam se débat actuellement, et il a voulu surtout ouvrir les yeux aux jeunes générations désorientées par le salafisme et l’islam radical. La solution se trouvera nécessairement dans l’éducation, l’instruction et l’acquisition du savoir, mais aussi par un énorme travail de désaliénation des esprits, conclut-il.

Remercions Ghaleb Benscheikh pour cet essai intelligent et pour ses prises de position extrêmement claires et courageuses, mesurées et responsables.

Hugo Merten.


Jeu.Pourim *

Fête des sorts. Joyeux festival de printemps évoquant la délivrance des juifs dans le livre d’Esther. Épouse juive du roi perse Xerxès, c’est elle qui sauva son peuple des mains d’Aman, vizir du roi.
* Les fêtes juives débutent toujours la veille à la tombée de la nuit.
 
Ven.Jeûne du mois de ‘Ala (du 2 au 20 mars)
Dix-neuf jours de jeûne, vécus d’une manière avant tout spirituelle.
 
Ven. 2 Holi
Fête des couleurs qui célèbre la venue du printemps et rend hommage au dieu Vishnou ainsi qu’à Krishna et à sa parèdre Radha.
 
Ven.Journée mondiale de prière
Initiée en 1887 par des chrétiennes de différents continents.
 
Ven.Magha Puja *
Fête du courant theravada célébrant les enseignements du Bouddha; les communautés se rassemblent et offrent des cadeaux aux moines.
* Date variable selon les pays.
 
Ven.Chötrül Düchen *
Jour dit des miracles, premier des quatre «grands moments» du calendrier vajrayana. On commémore les quinze premiers jours de l’année où le Bouddha aurait réalisé quotidiennement un miracle. Chacun prie pour le bonheur de tous et fait des offrandes.
* Sous réserve de confirmation officielle.
 
Ven.Yuanxiao / Shangyuan
Fête des lanternes. Placée sous le signe du Ciel (=1re partie de l’année chinoise), elle marque la fin des festivités du Nouvel An.
 
Jeu.Journée internationale des femmes (instituée par l’ONU en 1975)
Journée en faveur de l’égalité des sexes et de la défense des conditions de vie et de travail des femmes.
 
Mar. 13 Kasuga Matsuri (fête du singe)
Fête des ancêtres de la famille Fujiwara (sanctuaire Kasuga, Nara).
 
 Mer. 14 Nouvel An sikh
Premier jour de l’an 549 du calendrier sikh qui débute en 1469, année de naissance de Guru Nanak.
 
Sam. 17 Saint-Patrick
Fête d’origine chrétienne qui célèbre le saint patron de l’Irlande. Elle est l’occasion de grands défilés (notamment au Canada et aux États-Unis) et de soirées festives dans les communautés irlandaises du monde entier. Devenue très populaire, la Saint-Patrick a perdu considérablement de sa vocation religieuse au profit de symboles séculiers de l’Irlande: le vert, les trèfles et la bière.
 
Dim. 18 Gudi Padva / Ugadi
Nouvel An hindou 1940 de l’ère shaka selon le calendrier national indien luni-solaire shalivahan.
 
Mer. 21 Nouvel An baha’i
Now Rouz: Nouvel An baha’i 175 après la proclamation du Bab en 1844.
 
Mer. 21 Now Rouz (22 août pour les parsis indiens)
Nouvel An mazdéen 1387 après le couronnement de Yazgdegerd III en 632.
 
Dim. 25 Semaine sainte et Pâques (du 25 mars au 1er avril: cal. grégorien)
Des Rameaux (entrée à Jérusalem) à Pâques (résurrection de Jésus) avec Jeudi saint (dernier repas), Vendredi saint (crucifixion) et Samedi saint (silence de la tombe).
 
Dim. 25 Annonciation (25 mars: cal. grégorien; 7 avril, cal. julien)
Fête catholique et orthodoxe de l’annonce faite à Marie de la naissance de Jésus.
 
Lun. 26 Rama Navami
En souvenir de la naissance de Rama, avatar de Vishnou.
 
Lun. 26 Khordad Sal (27 août pour les parsis indiens)
En Iran, les mazdéens fêtent la naissance de Zarathoustra.
 
Jeu. 29 Mahavira Jayanti
Anniversaire de la naissance, en -599, de Mahavira, le 24e et dernier Tîrthankara. Les fidèles se réunissent pour écouter l’exposé de ses enseignements.
 
Ven. 30 Vendredi saint
Fête commémorant la mort de Jésus sur une croix.
 
Sam. 31 Pessah * (31 mars et 1er avril, jusqu’au 7 avril)
Pâque juive, libération des enfants d’Israël de l’esclavage d’Égypte.
* Les fêtes juives débutent toujours la veille à la tombée de la nuit.
 
Sam. 31 Taishang Laojun
Fête en l’honneur de Laozi divinisé, patriarche du taoïsme et auteur présumé du Livre de la Voie et de la Vertu.[ + d’infos ]

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Réformer l’islam de France ? Ne cherchez pas
l’homme providentiel mais les principes communs

Rédigé par Asif Arif | Vendredi 16 Février 2018
 

Réformer l’islam de France ? Ne cherchez pas l’homme providentiel mais les principes communs

Le président Emmanuel Macron a décidé de s’attaquer à un chantier qui a fait l’objet des convoitises de tous les présidents de la République française à compter de Nicolas Sarkozy, l’islam de France.

Outre les problématiques suscitées par la sémantique (faut-il davantage de parler d’islam en France ou de France ?) et la compabilité avec la laïcité de l’Etat (l’Etat est-il réellement compétent pour organiser un culte ?), l’islam de France, en tant qu’organisation qui a à sa tête des hiérarques musulmans, n’emporte que très peu la conviction des musulmans présents sur le territoire. Il s’agit d’un état de fait dont il convient de prendre connaissance. Ensuite, il convient également de prendre en considération l’ensemble des « querelles de chapelle » suscitées par les différentes influences nationales qu’englobent l’islam de France, comme on aime à le rappeler, puisqu’il s’agit d’un islam divers et, par nature, différent dans ses courants de pensée.

La recherche d’un islam « républicain » passe donc tant par un assentiment de la population que par un accord sur les individus qui seront chargés de le porter, structurellement parlant. Or, ce sont précisément les individus qui le portent qui n’amènent guère satisfaction aux musulmans de France. Il convient donc d’abandonner cette conception de la recherche de l’homme providentiel afin de dégager d’abord, ensemble, un nombre de principes communs aux musulmans – qui se conforment, en tous points, aux principes républicains.
 

Des principes communs aux musulmans qui se conforment, en tous points, aux principes républicains

Le premier principe viserait à rejeter toute forme de terrorisme ou de violence en religion quelle qu’en soit la forme ou la méthode.

Le deuxième principe viserait, dans une société plurielle, à défendre la liberté d’expression de tous les citoyens - dans les limites que confère la loi, avec le respect des sentiments religieux d'autrui - et à croire, pour les musulmans, en un « jihad » non violent, par la plume, pour répondre aux différentes attaques faites contre l’islam.

Le troisième principe viserait à croire en l’égalité, à l’éducation, à l’émancipation et à l’autonomie des femmes.

Le quatrième principe serait de prôner la liberté de conscience et la liberté de religion et de prôner la laïcité de l’Etat telle qu’elle résulte de la loi de 1905.

Le cinquième principe serait d’être fidèle au pays dans lequel nous vivons.

Enfin, plusieurs autres principes pourraient être déclinés : celui de ne pas croire dans un messianisme violent, ou encore celui d’interdire tout monopole du salut.
 

L’islam en France passe aussi par l’absence d’intervention trop massive de l’Etat

La réalité, c’est que les musulmans de France ont l’impression que la République demande à ces derniers de choisir entre leur religiosité et la République, d’où la défiance à l’égard des institutions de l’islam de France. Le regard qu’il convient de porter sur une éventuelle institutionnalisation de l’islam en France est bien plus large et global. Il faut quitter le système horizontal pour revenir vers une forme de démocratie participative au sein de l’islam en France.

Par ailleurs, les musulmans devront nécessairement se départir des querelles de chapelle et préciser aux fidèles la destination des fonds qu’ils récoltent. En effet, de nombreux fidèles indiquent qu’ils disposent de moyens financiers, qui pourraient notamment avoir pour effet de financer des mosquées, mais qu’ils préfèrent ne pas dépenser ces fonds en raison du défaut de traçabilité de leur donation.

Evidemment que l’islam en France va passer par une réforme des musulmans. Mais elle passe aussi par l’absence d’intervention trop massive de l’Etat car n’oublions pas que la séparation Etat/religions est une valeur cardinale de la République et que l’islam en France ne produit pas de terrorisme, les jeunes radicalisés s'étant souvent construits sur Internet.

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Asif Arif est avocat au Barreau de Paris, auteur et conférencier spécialiste de la laïcité. Il a écrit Outils pour maîtriser la laïcité, publié aux éditions La Boîte à Pandore.

Lire aussi :
La structure de représentation des musulmans de France doit émerger d’eux-mêmes, de la base
Les fausses pistes autour de l'islam de France
 

Les fausses pistes autour de l’islam de France (R. Benzine)

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Aujourd’hui, en France, il manque une bonne connaissance de l’« islam réel », comme d’une bonne connaissance de l’« islam militant » qui est probablement l’islam qui dominera demain si nous posons les mauvais diagnostics et apportons les mauvaises réponses à la problématique de l’organisation du culte musulman.

Après plus d’une décennie d’existence du Conseil français du culte musulman (CFCM) qui ne peut se prévaloir d’aucune grande réalisation, face au constat de la pénétration profonde du salafisme dans l’Hexagone, et surtout suite aux attentats de 2015 et 2016, on observe une accélération des propositions pour (re)structurer l’organisation et le financement du culte musulman en France. La mission sénatoriale de 2016, la note de Gerald Darmanin sur le sujet (avant de devenir secrétaire d’Etat), ou plus récemment le rapport Un autre islam est possible de l’Institut Montaigne repris et commenté dans le dernier ouvrage d’Hakim El Karoui en témoignent. [… Lire la suite de « Les fausses pistes autour de l’islam de France » par Rachid Benzine, Saphir News, 13/02/18]

France: Concert interconfessionnel
organisé à l’initiative d’une municipalité



Concert interconfessionnel,. Photo: Saint-Ouen.fr


Les chorales interconfessionnelles de la ville (catholiques, coptes, juives et musulmanes), composées d’enfants et d’adultes, se sont rencontrées le dimanche 4 février 2018 à l’occasion d’un concert à la salle Barbara.

Source principale: Concert interconfessionnel de chorales, Mairie de Saint-Ouen-sur-Seine, avec photos et vidéos.

Cet événement a été relayé par plusieurs sites dont Quand juifs, chretiens et musulmans chantent ensemble (vidéo),  harissa.com, s.d.

Au concert interconfessionnel, quand juifs et musulmans chantent ensemble (vidéo), rédigé par Benjamin Andria, Saphir News, 6/02/18