Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

En finir avec les idées fausses sur l’islam et les musulmans (Compte-rendu)

 

Omero Marongiu – Perria: En finir avec les idées fausses sur l’islam et les musulmans. Les Éditions de l’Atelier/ Éditions Ouvrières, Ivry-sur-Seine, 2016, 222pp.

L’auteur, qui est spécialiste de l’islam français, s’attaque dans ce petit livre à plus de quatre-vingts idées fausses, amalgames, approximations et rumeurs par lesquels la religion musulmane est couramment stigmatisée dans le grand public et même par certains médias.

L’objectif du livre n’est pas de faire la promotion de l’islam… et encore moins de prétendre que les musulmans et leur religion sont exempts de tout jugement” dit l’auteur dans la Préface. Il veut, par contre, déconstruire ces nombreux discours stéréotypes venant de certains politiques et intellectuels, qui véhiculent toutes sortes de confusions au sein de la société, liant l’islam bien souvent à la barbarie et à la violence. Beaucoup de préjugés, ignorance et erreurs sont ainsi à l’origine de toutes les méprises et même du rejet de l’islam aujourd’hui dans beaucoup de milieux de notre société.

Les questions traitées dans ce livre sont groupées sous huit chapitres : l’islam et les musulmans en général; statut du Coran; relations entre l’islam et les pays occidentaux; rapports hommes/femmes; vie quotidienne; place de la religion dans la laïcité; histoire et géopolitique; violence et intolérance.

Il est frappant de constater à travers ces questions qu’on se figure sans cesse l’islam comme une réalité unique, alors que la religion musulmane comptabilise environ un milliard sept cents millions d’individus. Jamais il n’a existé qu’un seul islam, depuis son avènement jusqu’à nos jours. Les musulmans se sont également depuis toujours mélangés à des populations et des traditions religieuses dans les différents continents. C’est pourquoi il est totalement injuste de réduire cette vaste histoire multiséculaire à la frange islamiste ou salafiste de l’islam d’aujourd’hui ou encore à la percevoir à travers le prisme de l’islam arabe, qui représente à peine 20 % de la totalité des musulmans.

Un autre danger est de faire l’amalgame de l’islam avec des musulmans intégristes ou des comportements de certains prosélytes religieux agressifs, qui n’auraient comme objectif que de faire triompher la chari’a en Europe.

L’islam, comme d’ailleurs toutes les religions, est loin d’être un bloc homogène. Toutes les enquêtes, sondages et études du terrain confirment la  diversité des manières de vivre son islamité dans les familles musulmanes. La plupart ont un rapport très personnel à leur religion d’autant plus qu’ils n’ont pas un magistère religieux unique qui leur indiquerait la manière de croire et de pratiquer l’islam.

D’ailleurs les musulmans ne se définissent pas seulement à travers le seul prisme de la religion et n’ont qu’une aspiration, à savoir de vivre tout simplement leur vie de citoyen et de s’épanouir comme tout un chacun.

Ce petit livre fait donc, à travers ces nombreuses questions – réponses, le tour de l’islam dans toute sa diversité et parfois sa complexité. Les questions concernent aussi bien l’Islam ( avec majuscule) comme vaste civilisation que l’islam ( avec petit i ) comme religion. Tous deux forment un monde qui est très divers et qu’il faut interpréter avec beaucoup de nuances.

Quant aux réponses, on aurait pu attendre parfois un peu plus de références aux sources de l’islam, venant non seulement du Coran mais aussi du droit islamique et surtout des hadiths. Ces trois sources constituent bien les bases essentielles de l’islam et sont déterminantes pour les attitudes et les comportements pour la grosse majorité des musulmans

Mais, par ailleurs, on trouve certainement dans ce travail, sans tomber dans une apologétique stérile,  un ensemble important de données qui répondent avec clarté et dans un langage simple aux questionnements de tous ceux qui veulent mieux s’initier à une connaissance plus profonde de cette religion.

Hugo Mertens

Dialogue interreligieux: l’identité et l’histoire doivent être acceptées

 

Il est parfois tentant dans le dialogue de faire fi du passer, de vouloir repartir à zéro, pour éviter le poids d’une histoire parfois difficile à gérer. Or, cette histoire fait partie de notre identité. Et pour que le dialogue puisse se vivre, il est nécessaire que les interlocuteurs puissent être eux-mêmes.

Prenant l’exemple des juifs du Maroc, l’historien Marc Knobel développe cette idée:

« S’il te plaît, dis-moi qui tu es? Qui es-tu? »… Une simple question qui fait de nous des êtres humains, en conscience, de ce que nous sommes. Mais, ce que nous sommes n’est-il pas le fruit de tout ce qui fut, comme des touches à l’infini, construisant ainsi notre vie et nous reliant en mémoire à ce que nous fûmes et ce que nous sommes? […] Le passé ne passe plus, ne passe pas. […] Qu’est-ce qui est vrai dans les récits que nous entendons, les uns et les autres? Comment déforme-t-on les choses? Comment amplifie-t-on certaines choses? Qu’entendons-nous de ce qui fut, lorsque l’on nous raconte ce qui fut? À toutes ces questions, je réponds qu’il faut toute l’érudition de l’historien pour nous dire vraiment ce qui a été. Il ne s’agit pas d’inventer/enjoliver une histoire/l’histoire de… mais de retracer les faits et de les analyser. Et, surtout de ne pas nier, de ne pas nier qu’il y eut, qu’il fut, que cela a été, et que des ruines du passé, nous pourrons rendre hommage et (re)construire.

Lire l’article de Marc Knobel: Lorsque la splendide ville d’Essaouira célèbre son judaïsme, HuffPost Maroc, 31/10/17

Élimination de toutes les formes d ’intolérance religieuse (Nations Unies – Assemblée générale, 28/08/17)

 

 

Rapport d’activité du Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction (pdf, 28 p.)

 

Résumé
Le présent rapport du Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction, Ahmed Shaheed, donne un aperçu des activités qu’il a menées au titre de son mandat depuis qu’il a pris officiellement ses fonctions en novembre 2016.
Le Rapporteur spécial met en évidence la montée de l’intolérance religieuse dans le monde et examine l’écart entre les engagements internationaux pris pour combattre les actes d’intolérance et les pratiques nationales. Il engage les pays à utiliser davantage les mécanismes des Nations Unies pour lutter contre l’intolérance religieuse et conclut par des recommandations que les États, les dirigeants religieux, la société civile et les médias devraient envisager pour promouvoir et protéger la liberté de religion ou de conviction.

Table des matières
 
I. Activités du Rapporteur spécial- p.4
II.Introduction-p. 4
III.Tendances générales et manifestations spécifiques de l’intolérance religieuse-7
A.Discrimination fondée sur la religion ou la conviction, en droit ou dans la pratique-9
B.Lois réprimant le blasphème et l’apostasie-10
C.Intolérance religieuse: acteurs non étatiques-12
D.Instrumentalisation de la religion ou de la conviction à des fins sécuritaires-13
E.Politisation de la religion ou de la conviction-15
IV.Rappel du cadre et des outils juridiques internationaux permettant de combattre l’intolérance religieuse-15
A.Cadre juridique international-15
B.Résolution 16/18 et Processus d’Istanbul «Au cœur de l’Asie»-17
C.Plan d’action de Rabat-18
D.Nouveaux outils et processus-19
V.Évaluation de la mise en œuvre par les mécanismes des Nations Unies chargés des droits de l’homme-19
A.Application de la résolution 16/18-p.20
B.Examen périodique universel-21
VI.Conclusions et recommandations.-25

Exposition: du 24 oct. au 21/01/18 :
Lieux saints partagés

 

Du 24 octobre 2017 au 21 janvier 2018, le Musée national de l’Histoire de l’Immigration au Palais de la Porte dorée (Paris) présente l’exposition itinérante « Lieux saints partagés« , qui a déjà été montrée au Mucem de Marseille (2015) et au musée du Bardo à Tunis (2016). Elle a été récrite et réadaptée pour les besoins du lieu et présente ainsi certaines nouveautés.

Une exposition qui fait du bien
« Nous le savons, il y a beaucoup de tensions dans la société française qui ont pour origine les questions religieuses. Malheureusement, il y a des discours de séparation et de haine alors qu’il existe des espaces de partage et de circulation » explique l’historien Benjamin Stora. Le président du Conseil d’orientation du musée de l’Histoire de l’immigration explique que le rôle de son établissement est de « faire connaitre les autres, de faire connaitre l’étranger, de faire connaitre les immigrés, de faire connaitre leurs cultures pour atténuer les préjugés négatifs. On montre les possibilités d’harmonie sans naïveté parce qu’il a existé et existent des situations de conflit et on le montre ». Lire la présentation détaillée de l’exposition: « Lieux saints partagés : une ode à la coexistence des cultes » par Samba Doucouré, Saphir News, 27/10/17

ou consulter la page officielle de l’exposition « Lieux saints partagés. Coexistences en Europe et en Méditerranée » sur le site du MNHI

Protestantisme et laïcité

logo bibliobs Jules Ferry parlait déjà de «religion laïque» pour signifier qu’il ne figurait pas parmi ses adeptes. Mais celles et ceux qui entretiennent un rapport religieux à la laïcité sont, en fait, des monothéistes séculiers, et leur Déesse-laïcité exige de ses fidèles qu’ils n’aient pas d’autres divinités devant Sa face.

Quantitativement minoritaires, ils dominent pourtant la scène médiatique et se croyaient,  il y a quelques mois encore, hégémoniques sur la scène politique. Ces religieux de la laïcité, en dépit de leurs proclamations d’un égal respect de «la liberté de croire et de ne pas croire», montrent souvent par leurs propos, leurs comportements que, pour eux, un «vrai laïque», c’est un agnostique ou un athée d’origine catholique. Et seulement cela.[…]

[…] affirmons tranquillement : sans d’autres pays, notamment les pays de «culture protestante», la laïcité française n’aurait tout simplement jamais existé (bis).[…]

Lire le discours de l’historien Jean Baubérot proclamé à l’occasion des 500 ans de la Réforme :
« Les protestants ont-ils inventé la laïcité ? » sur Bibliobs, 21/10/17.