Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Togo : la DMK s’insurge contre l’interdiction de son meeting par le gouvernement

 

Le gouvernement togolais a une nouvelle fois interdit un meeting de l'opposition, invoquant cette fois des raisons « sécuritaires » contre un rassemblement prévu pour samedi à Lomé, selon un communiqué du ministre de la Sécurité, le général Yark Damehame. La Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) - qui regroupe sept partis politiques de l'opposition et six organisations de la société civile - a appelé à ce meeting pour dénoncer notamment la vie chère, la mauvaise gouvernance et l'impunité.

Avec notre correspondant à Lomé, Peter Sassou Dogbe

Le gouvernement a interdit le meeting de la Dynamique Monseigneur Kpodzro, prévue pour le 25 juin contre toute attente. La Dynamique Monseigneur Kpodzro a soutenu la candidature de Gabriel Agbéyomé Kodjo et qui continue de contester les résultats des présidentielles de février 2020, tire les conséquences de cette interdiction de se rassembler et ne compte pas baisser les bras.

Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson, coordinatrice de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) : « Dans ce pays, nous pourrons bientôt exercer notre droit d’organiser des meetings, notre droit d’organiser des marches ou toutes formes d’activités pour manifester notre mécontentement. Nous avons reprogrammé le meeting pour le samedi 16 juillet prochain et il aura toujours lieu dans le Golfe 1, à Bè Kondjindji. Jamais nous ne laisserons nous supprimer le droit d’organiser des activités politiques. On se croirait dans une République bananière et de penser que notre sort est entre les mains de ce gouvernement, je vous assure que cela inquiète beaucoup de Togolais. Nous n’entendons plus laisser ceux qui se sont imposés à la tête de ce pays continuer tranquillement à dormir, à ne pas du tout s’occuper sinon que de détourner les ressources, et de prendre des décisions inadéquates qui ne font que souffrir les Togolais ».

Dans un communiqué publié mercredi 22 juin au soir, le général Damehame a jugé que « l'organisation d'une telle manifestation dans un contexte sécuritaire sous-régional et national actuel très préoccupant (était) de nature à compromettre les efforts pour préserver l'ordre public et la sécurité nationale ».

L’inquiétude grandit sur la hausse des prix

vu du Sénégal

Dépendant du blé russe, le Sénégal subit les contrecoups de la guerre en Ukraine qui se répercutent sur le prix du pain.

  • Clémence Cluzel, 

 

L’inquiétude grandit sur la hausse des prix

Dakar (Sénégal)

 

De notre correspondante

Dans son kiosque de tôle logé dans une ruelle de Dakar, Amy vend des sandwichs, base des petits-déjeuners sénégalais. Depuis plusieurs semaines, cette maman de 24 ans constate l’inflation des prix. « Tout augmente, c’est dur. Je proposais des steaks, du poulet mais maintenant je fais juste des sandwichs », explique-t-elle. « Pour gagner un petit quelque chose », elle a augmenté leur prix : 200 francs CFA contre 150 (0,30 contre 0,22 €). « Les clients sont moins nombreux et certains se plaignent. Avec la Tabaski (Aïd-El-Kébir, NDLR), début juillet, ils font aussi deséconomies », ajoute-t-elle. « Certains Sénégalais ont supprimé le petit-déjeuner à cause de l’effritement du pouvoir d’achat », confirme Momar Ndao, président de l’Association des consommateurs du Sénégal. Si l’inflation (7,4 % en juin) touche tous les produits, le blé est particulièrement concerné, le Sénégal dépendant entièrement des importations pour ses approvisionnements.

 

Chaque année, plus de 700 000 tonnes sont importées, dont 60 % en provenance de Russie et d’Ukraine, selon l’Agence nationale de la statistique. Depuis décembre, la baguette (200 g) est passée de 150 à 175 francs CFA (0,22 à 0,26 €). Or « le pain est un produit social, le deuxième poste de dépenses des ménages », rappelle Amadou Gaye, le président de la Fédération des boulangers du Sénégal. Déjà au dernier trimestre 2021, la région Afrique de l’Ouest et centrale était en alerte avec la hausse des denrées de première nécessité liée à la reprise post-Covid mais aussi à l’augmentation du fret et aux mauvaises conditions météorologiques. Des mesures avaient été prises par le gouvernement, dès décembre, pour subventionner le sucre, le riz, l’huile et le blé et stabiliser leurs prix. Mais les sept minoteries du pays attendent toujours le règlement de cette dette d’un peu plus de 4 milliards de francs CFA (quelque 6 millions d’euros). «On tire le diable par la queue, les gens sont essoufflés », confesse Claude Demba Diop, président de l’Association des meuniers industriels du Sénégal (Amis).

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La situation s’est aggravée avec la guerre en Ukraine, accentuée par l’embargo sur les exportations de blé en Inde, deuxième producteur mondial, en mai 2022. Le cours du blé s’est envolé à 500€ la tonne contre 325 € en janvier. Le Sénégal a aussitôt pris de nouvelles mesures en subventionnant l’importation sur le blé pour un montant de 15 milliards de francs CFA (22 millions d’euros). «L’État veut maintenir le pouvoir d’achat des ménages, mais la situation perdure sans qu’on sache quand cela prendra fin », dit, inquiet, Claude Demba Diop. Le prix du sac de 50 kg de farine de blé pourrait aller jusqu’à 27 000 francs CFA (41 €). La spirale inflationniste touche également les autres produits de base : 20 % d’augmentation sur le bidon de 20 litres d’huile, tandis que les stocks de sucre local se terminent à la fin du mois, rendant obligatoires les importations. «Ce n’est pas notre guerre, mais on la subit. On ne peut pas en vouloir aux Occidentaux car tout le monde souffre », souffle Amy. Pour l’heure, cette inquiétude de la population ne s’est pas traduite par une grogne sociale, mais le gouvernement reste sur le qui-vive avant les élections législatives de la fin juillet.

Conscient de cette fragilité, le président sénégalais Macky Sall a appelé, début avril, à « produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons » pour « gagner la bataille de la souveraineté alimentaire ». L’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA), qui travaille sur la culture du blé dans la vallée du fleuve Sénégal (Nord), a homologué en 2020 huit variétés, pour la boulangerie et des pâtes alimentaires. Si la culture locale est possible sous certaines conditions, elle nécessite surtout un programme de soutien étatique pour son développement. Les céréales locales (mil, sorgho, niébé), très riches en protéines, offrent une alternative de choix au blé. «Le patriotisme économique doit prévaloir. Les céréales locales pourraient être une solution de sortie de crise. Mais elles ont besoin d’être subventionnées », rappelle Amadou Gaye.

Bénin: encore trop d'enfants sans état civil, alerte Amnesty International

 

L'ONG mène actuellement une campagne de lutte contre l'apatridie, en partenariat avec le HCR, le Haut-commissariat pour les réfugiés. L'organisation sensibilise les populations des communes de Karimama et de Ouidah à l'importance d'enregistrer leurs enfants à la naissance pour qu'ils puissent avoir une nationalité et bénéficier de tous leurs droits.

« Enregistrer une naissance est le premier pas pour éviter à l'enfant de devenir apatride, et lui assurer ainsi la jouissance de tous ses droits », peut-on lire sur une affiche d'Amnesty International. Dans les communes de Ouidah et de Karimama, à la frontière avec le Niger, Amnesty distribue gratuitement des actes de naissance. Un document de base qui permet à toute personne d'avoir une existence légale et une nationalité. 

L'organisation fait aussi de la sensibilisation auprès des populations. À Karimama, à la frontière avec le Niger, ces actions sont nécessaires en raison de la ruralité de la zone, explique Pricilia Acapovi, responsable administration d'Amnesty International Bénin.

« Déjà on vous dira : " les filles ce n’est pas la peine qu’elles aillent à l’école " ou " on préfère envoyer les enfants dans les champs ", du coup on ne ressent pas vraiment l’importance de faire enregistrer. Je pense qu’en grande partie, ce ne sont pas des personnes qui vont systématiquement dans les hôpitaux pour se faire accoucher. On ne trouve pas l’importance d’aller déclarer, d’avoir un document qui ne servira plus tard », explique-t-elle.

Ne pas avoir été enregistré à la naissance pose pourtant de nombreux problèmes par la suite, assure Pricilia Acapovi. Il est difficile de prouver son appartenance à un pays, d'obtenir un document d'identité, de scolariser un enfant ou bien d'accéder à des soins. « Ça pose le souci d’inscription à l’école : par la suite pour participer un à examen il faut forcément une pièce d’identité. C’est aussi la preuve de l’appartenance à tel ou tel pays au monde », affirme la responsable administration d'Amnesty International Bénin, joint par Magali Lagrange du service Afrique.

Amnesty International insiste aussi sur l'importance d'aller chercher l'acte de naissance, une fois qu'il est établi. L'organisation doit poursuivre sa campagne jusqu'à la fin de l'année.

Guinée : comment Doumbouya entend renforcer sa coopération sécuritaire avec Paris

Figure de la junte au pouvoir depuis le 5 septembre 2021 et proche du président de la transition, le ministre délégué à la Défense, Aboubacar Sidiki Camara, dit Idi Amin, était à Paris du 14 au 18 juin dernier.

Mis à jour le 20 juin 2022 à 19:05
 

 

Mamadi Doumbouya. © JOHN WESSELS / AFP

 

Le général à la retraite Aboubacar Sidiki Camaradit Idi Amin, est arrivé lundi 14 juin à Paris. Officiellement, le ministre guinéen délégué à la Défense répondait à une invitation officielle de son homologue français à participer au salon Eurosatory. Cet évènement bisannuel d’exposition de matériel et d’équipement militaire, qui s’est tenu du 13 au 17 juin à Villepinte (région parisienne), est le premier salon dédié à l’armement terrestre dans le monde.

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L’ancien ambassadeur de Guinée à Cuba, qui était rentré à Conakry au lendemain du coup d’État du 5 septembre, est un intime de Mamadi Doumbouya. C’est aussi un rouage clé de sa politique sécuritaire. Alors que le gouvernement guinéen achève sa tournée « immersive » à l’intérieur du pays, Idi Amin a donc quitté la Guinée pour Paris dans le but de renforcer la coopération militaire bilatérale.

Lutte contre le terrorisme

Le ministre a ainsi rencontré, le 14 juin au matin, le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard. Les deux hommes ont évoqué la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest et la contagion terroriste, du Sahel au golfe de Guinée. L’entretien a également porté sur la coopération bilatérale entre la Guinée et la France dans la lutte contre le terrorisme.

Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées et le ministre Aboubacar Sidiki Camara, à Paris, le 14 juin 2022. © Chef d’état major des armées/facebook

 

Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées et le ministre Aboubacar Sidiki Camara, à Paris, le 14 juin 2022. © Chef d’état major des armées/facebook

 

Le coup d’État du 5 septembre a eu peu d’effet sur la coopération sécuritaire entre la France et la junte de Mamadi Doumbouya – elle a d’ailleurs rapidement repris après le putsch. Des coopérants français sont ainsi intégrés aux structures de commandement de l’armée guinéenne, où ils dispensent des formations à leurs homologues, notamment en matière de gestion des ressources humaines.

Paris reste soucieux de préserver ses bonnes relations avec le président de la transition, plus fréquentable que son voisin malien Assimi Goïta, et tente de contrer l’offensive russe dans la sous-région.

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Diplômé de Saint-Cyr et de l’École de guerre de Paris, Idi Amin est bien connu des officiels de l’armée française – et apprécié. Le ministre a fait le choix de se déplacer uniquement avec son conseiller juridique Me Abdoulaye Touré. À Paris, le chargé d’affaires nommé après le départ de l’ancien ambassadeur Amara Camara, révoqué en février dernier, n’était pas informé de cette visite.

Sénégal: des heurts à Dakar entre manifestants et forces de l'ordre

 

Yewwi Askan Wi avait maintenu son appel à la mobilisation malgré l'interdiction décrétée par le préfet et des échauffourées dans plusieurs quartiers. La principale coalition de l'opposition conteste le rejet de sa liste nationale menée par Ousmane Sonko pour les législatives prévues le 31 juillet. Trois personnes sont décédées vendredi, selon plusieurs sources, un chiffre non confirmé par les autorités

Avec nos correspondantes à Dakar, Charlotte Idrac et Théa Ollivier

Des heurts et des rassemblements ont éclaté de manière éparse dans la capitale. D’abord à Cité Keur Gorgui près du domicile d’Ousmane Sonko, ou un important dispositif de sécurité a été déployé vendredi. Là-bas, des partisans de l’opposant ont été dispersés avec des gaz lacrymogènes après la prière, en tout début d’après-midi. L'opposant lui était bloqué à son domicile, encerclé par les forces de sécurité.

Des échauffourées se sont également produites aux abords de la place de la Nation, où le rassemblement de l’opposition était annoncé à partir de 15h. Pneus brûlés, poubelles incendiées, puis, là encore, des tirs de gaz lacrymogènes. Une épaisse fumée noire s'est déclarée autour de l’obélisque. Il y a eu ensuite des va-et-vient entre forces de l’ordre et groupes de manifestants, parfois munis de masques et de vinaigre pour se protéger les yeux.

« Nous voulons, en tant que citoyen sénégalais, dire ici au président de la République qu'il n'est pas question de choisir ses adversaires puisque le champ politique est libre et accessible à tous ceux qui le veulent. S'il continue à barrer la route aux listes de Yewwi Askan Wi et aux autres listes, les Sénégalais sortiront dans la rue pour manifester », clame un jeune manifestant.

Amadou Samba Guèye, 27 ans, s'est déplacé car il craint surtout une éventuelle troisième candidature du président Macky Sall en 2024 : « Nous on ne veut pas d'un troisième mandat, mais c'est leurs intentions. Pourquoi ils ne nous laissent pas manifester ? C'est notre droit ! C'est hyper injuste. »

Des femmes, elles, sont venues pour défendre le pouvoir d’achat : « On est fatiguées ! tout est cher ! », disent-elles en écho dans le micro. 

À quelques mètres du face à face, Mohammed, mécanicien, est impassible. Il ne comprend pas cette montée de tensions et veut simplement pouvoir travailler.

Trois morts 

Des tensions ont aussi eu lieu dans le périmètre de l’axe routier de la VDN, où se trouve le siège du parti de Déthié Fall, mandataire de Yewwi Askan Wi. Selon la coalition, Déthié Fall a été arrêté aux alentours de 16h. Il est en garde à vue à la section de recherches pour « appel et participation à une manifestation interdite », précise son avocat.

Concernant le bilan des échauffourées, à ce stade, la Croix-Rouge sénégalaise confirme avoir pris en charge un corps sans vie, calciné, d’un adolescent décédé dans l’incendie d’une gargote dans le quartier de Colobane. Le défunt a d’abord été emmené au commissariat de police des HLM avant d’être déplacé à la morgue de l’Hôpital principal de Dakar.

La coalition Yewwi Askan Wi avait également appelé à un rassemblement à Ziguinchor en Casamance, au sud du pays. Là encore, la manifestation avait été interdite par la préfecture. Le bilan dans cette région du Sénégal est de deux morts, selon l'opposition. L’activiste Guy Marius Sagna - de Frapp France Dégage - a assuré que l’un d’entre eux avait reçu une balle dans le cou lors de la manifestation. Dans sa déclaration de vendredi soir, Ousmane Sonko a promis que « ces crimes de plus ne resteront pas impunis »

Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, a demandé sur Twitter à ce que « tous les corps des personnes décédées suite aux manifestations soient autopsiés avant d'être remis aux familles pour inhumation ». « Une étape importante de la recherche de la vérité sur les causes et les circonstances de leur décès », ajoute-t-il.

Réactions des coalitions

« Nous venons de vivre une journée qui s’inscrit dans la droite ligne de ce qu’on a vécu il y a peine un an et demi », a déclaré Ousmane Sonko vendredi soir, en référence aux émeutes meurtrières de mars 2021. L’opposant à dénoncé des violations du droit de manifester, de sa liberté de mouvement, et de la liberté de culte. 

De son côté, la coalition au pouvoir Benno Bokk Yaakaar a salué dans un communiqué « la maturité démocratique » du peuple sénégalais « qui n’a pas répondu à l’appel insurrectionnel de la coalition Yewwi Askan Wi », accusée « d’irresponsabilité et d’immaturité ». Benno Bokk Yaakaar a félicité « l’efficacité de l’action publique à faire respecter la loi et maintenir l’ordre ». « Les Sénégalaises et Sénégalais iront aux urnes, normalement et en toute sécurité », a poursuivi la majorité.