Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Le PE met en garde contre la détérioration des droits fondamentaux dans l’UE | Actualité | Parlement européen

Les députés condamnent fermement les efforts de certains États membres pour affaiblir la séparation des pouvoirs et l’indépendance du pouvoir judiciaire. Ils rappellent la nécessité cruciale d’un mécanisme de l’UE sur la démocratie, l’État de droit et les droits fondamentaux. Ils font remarquer les attaques contre la liberté, l’indépendance et le pluralisme des médias, soulignant le rôle démocratique des journalistes et des lanceurs d’alerte. Par ailleurs, ils appellent les États membres à s’abstenir d’adopter des législations qui restreignent la liberté de réunion et à mettre un terme aux interventions disproportionnées et violentes des autorités répressives.

Protéger les personnes défavorisées

Les groupes vulnérables (en particulier les femmes, les personnes handicapées, les personnes âgées, les enfants, les migrants, les Roms, les gens du voyage et les personnes LGBTI+) ont été touchés de manière disproportionnée par les réductions des dépenses publiques, estiment les députés. Ils demandent des politiques qui prennent en compte les droits de l’homme, économiques et sociaux. Ils attirent aussi l’attention sur l’importance d’une transition environnementale juste, de la protection des jeunes (qui n’ont pas accès au logement en raison de prix exorbitants) et des enfants en situation de pauvreté.

Le rapport condamne le “recul organisé” de l’égalité des sexes et des droits des femmes, notamment dans le domaine de la santé et ses droits sexuels et reproductifs, soulignant le droit à des méthodes contraceptives modernes et à des avortements sûrs et légaux. De plus, il condamne fermement le taux alarmant de féminicides dans l’UE et la ségrégation des femmes roms dans les soins de santé maternelle, demandant l’interdiction immédiate de cette pratique discriminatoire ainsi que des voies de recours pour les victimes de stérilisation forcée.

Le Parlement se dit très préoccupé par les signalements selon lesquels les demandeurs d’asile sont confrontés à de violents refoulements et par la situation humanitaire dans les centres d’accueil. Il faut mettre fin aux intimidations, arrestations et poursuites pénales contre des organisations et des individus ayant fourni une aide humanitaire. Des couloirs humanitaires et des programmes de visas humanitaires doivent être mis en place.

Lutter contre l’extrémisme

Les députés mettent en garde contre le fait que les discours de haine et les différentes formes de racisme se normalisent, non seulement de la part des extrémistes mais aussi de certains représentants gouvernementaux ou de dirigeants politiques. Ils demandent une interdiction réelle des groupes néofascistes et néonazis. Par ailleurs, ils condamnent toutes les attaques contre des chrétiens et demandent leur égalité de traitement en Europe et dans le monde, suite aux attaques survenues dans des lieux de culte chrétiens.

De plus, le Parlement:

– souligne le lien entre la criminalité organisée, la corruption et la liberté d’expression, les lieux de détention, l’accès aux droits sociaux et la traite des êtres humains;

– est préoccupé par l’espace toujours plus restreint dévolu à la société civile;

– souligne les risques liés à l’utilisation de l’intelligence artificielle et du traitement des données pour la manipulation comportementale; et

– met l’accent sur les conditions de détention, appelant à des normes européennes communes conformes au droit international.

Le rapport a été adopté par 330 voix pour, 298 contre et 65 abstentions.

Source: https://www.europarl.europa.eu/news/fr/press-room/20201120IPR92131/ , 26.11.20

[Tribune] Wilfrid Lauriano do Rego : « Les diasporas sont une chance pour notre avenir »

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Par  Wilfrid Lauriano Do Rego

Coordonnateur du Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA)

Emmanuel Macron à l'université de Ouagadougou, Burkina Faso, le 28 novembre 2017.

Emmanuel Macron à l'université de Ouagadougou, Burkina Faso, le 28 novembre 2017. © Sophie Garcia/hanslucas.com.

 

Des intellectuels africains répondent à Emmanuel Macron (4/4). Suite à l’interview accordée par le chef de l’État français à Jeune Afrique, le 20 novembre, plusieurs intellectuels ont souhaité lui répondre. Jeune Afrique a choisi de publier quatre de leurs contributions.

L’interview accordée le 20 novembre à Jeune Afrique par Emmanuel Macron s’inscrit dans le prolongement de son discours de Ouagadougou. Le président y dit sa conviction que la refondation des relations entre la France et l’Afrique sera l’œuvre des nouvelles générations. Il y défend une nouvelle approche, fondée sur la centralité du rôle des diasporas – érigées avant-gardes de ce nouveau partenariat -, débarrassée des pesanteurs du passé, en phase avec son temps, et tournée vers l’avenir. On peut regretter que certains commentateurs acerbes n’aient pas saisi, ou n’aient pas voulu mesurer toute la portée de cette reconnaissance symbolique.

Institué en juillet 2017, consulté sur les sujets au cœur de la relation entre la France et l’Afrique, le Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA) incarne cette vision renouvelée du partenariat avec le continent, qui place en première ligne les sociétés civiles. La France est riche de sa part d’Afrique, le président Emmanuel Macron l’a répété dans son interview le 4 décembre au média social Brut : « l’histoire individuelle de chacun des Français issus de la diaspora africaine est une partie de notre histoire collective et doit être reconnue ». L’examen critique du passé permettra la réconciliation des mémoires. L’idée que les diasporas sont une chance pour notre avenir, et que cet avenir s’écrira avec l’Afrique, est ce qui nous réunit. L’empreinte des diasporas africaines de France est profonde, leur apport est évident. Sur le plan culturel – la Saison Africa 2020, qui s’ouvrira mi-décembre, nous le rappellera -, sur le plan sportif, ou dans le domaine de la santé.

Relation équilibrée

Nous avons la ferme conviction que le nouveau partenariat avec l’Afrique doit avoir une dimension économique. L’entrepreneuriat des diasporas africaines crée des passerelles entre la France et l’Afrique. Il crée des « solidarités de fait » et représente la meilleure des réponses aux logiques de repli et d’affrontement attisées par les convulsions de l’actualité. Cet entrepreneuriat des diasporas peut impulser une nouvelle dynamique à notre relation avec le continent et représente un vecteur de transformation profonde.

Nous croyons à la valeur de l’exemple. Nous militons pour une meilleure visibilité des succès des Français issus des diasporas africaines, et tout spécialement ceux des entrepreneurs. Ils peuvent devenir à la fois des modèles inspirants, à l’intérieur de nos frontières, et les porte-drapeaux d’une relation avec l’Afrique que nous souhaitons plus équilibrée, et plus équitable.

Les diasporas, acteurs incontournables

Depuis septembre 2020, le CPA a engagé une vaste consultation pour promouvoir l’entrepreneuriat de la diversité et des diasporas.  Cette initiative a rencontré un très fort écho et débouchera sur un ensemble de propositions qui seront bientôt remises au président de la République et à la ministre de l’Égalité des chances. Les « remontées du terrain », que nous avons pu enregistrer à l’occasion de ce cycle de débats sur l’entrepreneuriat des diasporas montrent qu’il existait une attente forte et partagée à ce sujet. Notamment auprès des plus jeunes.

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NOUS ASSISTONS À UN PHÉNOMÈNE REMARQUABLE : L’ÉMERGENCE D’UNE SOCIÉTÉ CIVILE AFRICAINE, CONSCIENTE, DYNAMIQUE, ENTREPRENANTE, DISRUPTIVE ET RÉSILIENTE

Ici, une mise au point s’impose. Elle vise certains intellectuels qui semblent – sciemment ? – se tromper d’époque et de logiciel en assimilant l’entrepreneuriat à l’affairisme, à la course aux rentes, à la prédation des ressources du continent. Cette vision, anachronique et éculée, est un contresens majeur.

En France, comme dans les pays d’Afrique, les diasporas sont des acteurs incontournables du développement économique. Et les entreprises sont le moteur de la création de richesses ! Nous assistons, depuis environ deux décennies, à un phénomène remarquable : l’émergence d’une société civile africaine, consciente, dynamique, entreprenante, disruptive et résiliente, qui s’est autonomisée de l’État et agit comme un moteur du changement.

Il ne pourra y avoir de réduction de la pauvreté sans création massive d’emplois, et cela, seuls les entrepreneurs sont à même de le faire. Ce mouvement doit être accompagné, nos entreprises, à travers les partenariats qu’elles développent avec le continent, doivent y prendre part, sans nourrir aucun complexe, ni regarder dans le rétroviseur. C’est ainsi, et seulement ainsi, qu’elles répondront aux attentes des Africains, qui veulent plus de partenariats, et qui ont pu parfois critiquer les entreprises françaises pour leur frilosité.

Financement du secteur privé africain

Ne nous méprenons pas sur le sens de l’Histoire. L’Afrique vit un moment charnière. Elle est aujourd’hui durement éprouvée par les conséquences de la crise du Covid-19, qui a entraîné une contraction inédite de l’activité. L’heure est à la relance économique. Oui, il faut traiter le sujet de la dette, qui asphyxie certains États dans le contexte actuel, mais les allégements – déjà consentis ou à venir -, ne sont pas la panacée. En se focalisant sur la dette, nous laissons entièrement de côté le débat sur le financement du secteur privé africain, sur les mécanismes financiers adaptés au secteur informel, qui est une part dominante du secteur privé sur le continent. Les bailleurs de fonds et les partenaires au développement doivent s’en emparer, car c’est le levier qui permet d’avoir le plus d’impact.

La France a su se montrer pionnière, en organisant, début novembre, à l’initiative de l’Agence française de développement (AFD), le sommet « Finance en Commun », largement consacré à cette thématique du renforcement de l’appui au secteur privé africain. Les pouvoirs publics ont montré le chemin. Il appartient maintenant au secteur privé français, et notamment les banques, d’accompagner et d’amplifier cette dynamique au service d’un partenariat rénové avec l’Afrique à la hauteur des enjeux du moment.

[Tribune] Afrique-France : et si on voyait plutôt le verre à moitié plein ?

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Mis à jour le 04 décembre 2020 à 14h37
 
 

Par  Khaled Igue

Président du Club 2030 Afrique, Young global leader, associé en charge de l'Afrique à B&A Investment Bankers

Idriss Déby Itno, Emmanuel Macron et Mahamadou Issoufou, lors du sommet de Pau, en France, le 13 janvier 2020.

Idriss Déby Itno, Emmanuel Macron et Mahamadou Issoufou, lors du sommet de Pau, en France, le 13 janvier 2020. © Guillaume Horcajuelo/AP/SIPA

Des intellectuels africains répondent à Emmanuel Macron (2/4). Suite à l’interview accordée par le chef de l’État français à Jeune Afrique, le 20 novembre, plusieurs intellectuels ont souhaité lui répondre. Jeune Afrique a choisi de publier quatre de leurs contributions.

L’interview d’Emmanuel Macron dans Jeune Afrique a provoqué de nombreuses réactions, souvent hostiles ou critiques. J’en mesure les enjeux. Mais pour ma part, j’estime que le ton du président français était direct et vrai.

Certains Africains, je le comprends, sont restés sur leur faim car ils attendaient une fois de plus des paroles qui les rassurent et les valorisent. Emmanuel Macron a opté pour la Realpolitik : il est le président de la France et, à ce titre, défend les intérêts de son pays.

Realpolitik

Quoi de plus légitime ? Dans le monde entier, tous les dirigeants se comportent ainsi, nous sommes à l’heure de l’« État stratège » et nous-mêmes, Africains, devrions adopter la même posture, que ce soit envers les pays occidentaux ou vis-à-vis de nos autres partenaires. Définir nos besoins stratégiques, identifier les leviers qui permettront d’atteindre nos objectifs. Bref : faire de la Realpolitik.

En lisant les propos d’Emmanuel Macron, ce qui me frappe avant tout c’est leur cohérence : depuis le discours de Ouagadougou, il est le premier président français à parler de l’Afrique d’une façon spontanée, pragmatique, emblématique de la nouvelle génération qu’il incarne.

Allant à l’essentiel, il estime – et il affirme – que le nouveau partenariat entre les Africains et les Français doit être bâti par les peuples plus que par leurs dirigeants. Il croit au potentiel de la nouvelle génération – sans pour autant l’opposer à l’ancienne -, de la société civile, des entrepreneurs…

En tant qu’Africain, je souhaite donner sa chance à cette démarche qui n’avait jamais été tentée auparavant. Essayons de voir le verre à moitié plein. Et essayons de remplir la seconde moitié avec de la volonté, du dialogue et de la bienveillance.

Respect des valeurs de chacun

Chaque génération, écrivait Frantz Fanon, doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou la trahir. La mission des Africains et des Français de notre génération, si elle existe, est de construire, dans les dix prochaines années, un partenariat respectant les valeurs de chacun. Et s’il est trop difficile de partager ces valeurs, faisons au moins en sorte de partager nos intérêts : intérêt à préserver la paix et le climat, à construire des Etats de droit, à établir la liberté de pensée et d’expression, l’égalité des genres…

Je retiens aussi de l’interview du président Macron la volonté affichée de prendre des mesures symboliques fortes. Une volonté qui s’illustre d’abord par une décrispation sur le dossier du franc CFA : si je salue l’activisme constructif d’une frange importante de la jeunesse africaine qui a mené sur tous les fronts cette bataille, je remarque aussi que notre partenaire, la France, veut visiblement vivre avec son temps et changer d’épistémè.

Certes, un long chemin reste à parcourir, mais les propos d’Emmanuel Macron sont un bon début et vont dans le sens de l’histoire. D’une manière ou d’une autre, cette monnaie finira par disparaître et laissera la place à une devise commune au niveau de la CEDEAO. Cela ne va pas aussi vite que nous le souhaiterions mais le discours évolue, ce qui semblait impensable il y a encore cinq ans.

Le vote de la loi sur la restitution des biens au Bénin, au Sénégal et à Madagascar est un autre signe très positif. En tant que Béninois, je vous dis ma fierté et je salue l’offensive diplomatique de mon pays et de toute sa jeunesse sur ce sujet.

C’est une victoire, ce sont des avancées symboliques et des réalisations concrètes qui nourrissent l’espoir d’un avenir plus serein, placé sous le signe du dialogue.

Maturité intellectuelle

Les contentieux avec la France existent, mais nous devons être capables d’en parler, d’évoluer vers une relation comparable à celle que nous avons avec d’autres pays. Je reste convaincu que ma génération a la maturité intellectuelle pour cela.

Je note aussi, et c’est un point majeur, qu’Emmanuel Macron propose un dialogue franc à la nouvelle génération africaine qui est en train de prendre ses responsabilités. Conscient que l’avenir ne saurait se construire sereinement sans dialogue constructif, il souhaite aborder les questions du passé sans tabou. On ne résout pas en trois ans les problèmes hérités de trois siècles d’histoire commune, mais la démarche est le signe d’une ouverture d’esprit qui honore le président français.

Bien sûr, certains rétorqueront que si la France se montre aujourd’hui si conciliante, c’est parce qu’elle est en perte de vitesse sur notre continent et tente de retrouver son influence. Je ne formulerais pas les choses ainsi, et je ne pense pas non plus qu’il soit de l’intérêt de la France de se placer dans cette posture.

Le passé ne reviendra pas, et c’est heureux. Il est l’heure pour Paris, je pense, d’entrer dans une dynamique de co-construction, de s’appuyer sur les diasporas et sur un écosystème – économique, social, culturel, linguistique – qu’elle est le seul pays européen à posséder.

Besoin d’initiatives

Contrairement aux idées reçues, la France a elle aussi besoin de se développer, de retrouver un nouveau souffle, de la croissance, et les pays africains peuvent lui apprendre beaucoup en la matière. Il ne s’agit plus d’assurer une influence mais de construire des partenariats de long terme, équilibrés, soucieux du bien-être des populations africaines et française. Les chantiers possibles ne manquent pas : éducation, santé, énergie, agriculture, nouvelles technologies…

Pour bâtir ce partenariat, de nouveaux outils sont nécessaires. La French-African Foundation, qui a fait le pari de créer un réseau de jeunes africains et français œuvrant sur l’Afrique et qui partagent des valeurs et des intérêts dans une relation décomplexée, et dont je suis le co-fondateur et le co-président, peut être l’un de ces outils. Parmi d’autres.

Nous avons besoin d’initiatives qui fédèrent. D’autres institutions, d’autres initiatives, d’autres projets concrets créés en Afrique ou en France, pour améliorer la vie des populations.

C’est lorsque ces outils existeront, que ces projets se mettront en place, et seulement à ce moment-là, qu’une nouvelle histoire de la relation franco-africaine émergera et prendra tout son sens.

Au moins 110 civils tués dans une attaque jihadiste au Nigeria

| Par Jeune Afrique avec AFP
Mis à jour le 29 novembre 2020 à 17h32
Les funérailles des personnes tuées dans une attaque à Zaabarmar, au Nigeria, le 29 novembre 2020.

Les funérailles des personnes tuées dans une attaque à Zaabarmar, au Nigeria, le 29 novembre 2020. © Jossy Ola/AP/Sipa

 

Au moins 110 civils ont été tués samedi par des membres présumés de Boko Haram dans un village du nord-est du Nigeria, selon un bilan des Nations unies, ce qui en fait une des attaque les plus meurtrières dans cette région, en proie à une sanglante insurrection jihadiste.

L’attaque s’est déroulée le jour des élections locales dans cet État, les premières organisées depuis le début de l’insurrection de Boko Haram en 2009. Depuis cette date, on dénombre plus de 36 000 tués et plus de deux millions de personnes ont dû fuir leur foyer.

« Le 28 novembre, en début d’après-midi, des hommes armés sont arrivés à moto et ont mené une attaque brutale sur des hommes et des femmes qui travaillaient dans des champs à Koshobe », a déclaré dimanche le coordinateur humanitaire de l’ONU au Nigeria, Edward Kallon.

« Au moins 110 civils ont été froidement tués, et de nombreux autres blessés dans cette attaque », a-t-il ajouté.

Le communiqué de l’ONU ne mentionne pas le groupe jihadiste Boko Haram, qui multiplie les attaques dans cette région depuis plus de dix ans et contrôle une partie du territoire.

L’attaque s’est produite dans une rizière située à moins de dix kilomètres de Maiduguri, la capitale de l’État du Borno, épicentre de l’insurrection islamiste. Le mois dernier, 22 agriculteurs avaient déjà été tués dans leurs champs, non loin de cette ville.

« Egorgés »

Samedi, le responsable d’un groupe d’autodéfense pro-gouvernemental avait fait état de 43 morts.

« Nous avons retrouvé 43 corps sans vie, tous ont été égorgés », avait déclaré Babakura Kolo. « C’est sans aucun doute l’oeuvre de Boko Haram qui opère dans la région et attaque fréquemment les agriculteurs ».

Les funérailles des personnes tuées dans une attaque à Zaabarmar, au Nigeria, le 29 novembre 2020.
Les funérailles des personnes tuées dans une attaque à Zaabarmar, au Nigeria, le 29 novembre 2020. © Jossy Ola/AP/Sipa


Ces 43 premières victimes ont été enterrées dimanche dans le village voisin de Zabarmari, en présence du gouverneur de l’État du Borno, Babaganan Umara Zulum. Les recherches d’autres victimes dans ces eaux marécageuses et difficile d’accès se poursuivaient.

Le gouverneur avait affirmé dimanche que 70 agriculteurs avaient été tués, tout en prévenant que ce bilan pourrait s’alourdir dans les prochaines heures.

Figurent notamment parmi les victimes des dizaines d’ouvriers agricoles originaires de l’État de Sokoto, à environ 1 000 km à l’ouest, qui s’étaient rendus dans l’Etat de Borno pour trouver du travail dans les rizières.

Le président du Nigeria Muhammadu Buhari a « condamné » samedi soir « le meurtre de ces agriculteurs dévoués à leur travail par des terroristes « , dans un communiqué. « Le pays entier est blessé par ces assassinats insensés », a-t-il ajouté.

« Devoir de voter »

L’attaque est survenue le jour des élections des représentants et conseillers régionaux des 27 circonscriptions de l’État du Borno, un scrutin repoussé depuis 2008 pour des raisons de sécurité.

« C’est mon devoir de venir et de voter pour les représentants et les conseillers régionaux car ils sont les responsables de ma localité », avait témoigné samedi Bukar Amar, un déplacé du conflit qui a voté pour sa localité depuis le camp de Bakassi.

Depuis plusieurs mois, les autorités encouragent les personnes déplacées à retourner dans leur village, affirmant qu’il n’est plus possible financièrement de les prendre en charge, les déplacés – qui n’ont plus accès à leurs champs – dépendant presque entièrement de l’aide humanitaire pour survivre.

Un nombre important de déplacés ont ainsi regagné leurs villages, pourtant ravagés par les violences.

[Chronique] Le dernier coup bas de Trump envers l’Afrique

| Par 
Damien Glez

En plein baroud d’honneur, le président sortant, Donald Trump, impose aux ressortissants de 15 pays africains le versement d’une caution de 5 000 à 15 000 dollars avant tout voyage aux États-Unis.

Donald Trump a le mérite de la cohérence, même si celle-ci frise l’entêtement, voire l’obsession. Après avoir qualifié Haïti, le Salvador ou certains États africains de « pays de merde » (« shithole countries »), en janvier 2018, rien d’étonnant à ce que le président sortant rechigne à voir débarquer les ressortissants de ces contrées dans ses plaines qu’il juge, elles, « great again ».

Dès son arrivée au pouvoir en 2017, l’iconoclaste président adepte de l’emmurement avait fait de la restriction de l’immigration un axe central de son mandat, notamment lorsque les pays d’origine étaient qualifiables de « musulmans ». Dans son attirail de brimades figurait une règle dont il entend user encore davantage avant de quitter le bureau ovale, celle qui permet aux agents consulaires américains d’exiger des touristes et des voyageurs d’affaires originaires de certains pays aux « taux de dépassement de séjour » excessifs le paiement d’une caution remboursable.

Une somme exorbitante

À partir du 24 décembre, quinze États seront concernés par ces nouvelles règles temporaires, dans le cadre d’un « programme-pilote de six mois » : l’Angola, le Burkina Faso, le Tchad, la RDC, Djibouti, l’Érythrée, la Gambie, la Guinée-Bissau, le Liberia, la Libye, la Mauritanie, le Soudan, Sao Tomé-et-Principe, le Cap-Vert et le Burundi.

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UNE CAUTION QUI REPRÉSENTE 29 ANS DE REVENU MOYEN EN RDC ET 53 ANS DE SALAIRE AU BURUNDI

Les ressortissants de ces pays devront débourser pour la caution de 5 000 à 15 000 dollars, un plafond qui représente 29 ans de revenu moyen en RDC ou encore 53 ans de salaire au Burundi.

Si la mesure risque de faire suer les voyageurs traditionnellement approximatifs dans le respect des dates de visa, elle risque de faire également transpirer les agents consulaires américains, qui ont toujours jugé cette pratique fastidieuse sur le plan administratif.

Indésirable à son tour ?

Évidemment, le principe de l’alternance consistant – souvent – à détricoter la politique de son prédécesseur, le président élu pourrait venir soulager les employés des consulats américains et les globetrotters africains. Pendant sa campagne, à l’occasion de l’Immigrant Heritage Month, qui rend hommage aux immigrés et souligne leur contribution à l’histoire, l’économie et la culture américaines, Joe Biden avait twitté : « Les immigrants ont toujours rendu notre nation plus forte. Notre diversité est et a toujours été notre plus grande force. Donald Trump ne comprend pas cela ».

Ce que devrait rapidement comprendre Donald Trump, s’il décide, comme il l’a déjà évoqué, de quitter les États-Unis après la victoire de celui qu’il qualifiait de « pire candidat de tous les temps », c’est que tous les pays ne seront pas accueillants à son égard. Avec ou sans caution…