Témoignages

 

Ce confrère décédé le 1er janvier a été inhumé le 6 janvier à Bry-sur Marne

 

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Christiane Taubira : « La France doit regarder son passé esclavagiste en face »

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Une oratrice charismatique dont deux lois françaises portent le nom.

Une oratrice charismatique dont deux lois françaises portent le nom. © JOEL SAGET/AFP

 

À l’occasion de la parution de son premier roman, « Gran Balan », dont l’action se situe dans sa Guyane natale, l’ex-ministre française de la Justice s’est confiée à Jeune Afrique. Avec la verve et le franc-parler qui la caractérisent.

Elle est aujourd’hui la figure la plus charismatique de la gauche française, au point qu’une pétition en ligne a circulé pour l’inviter à se présenter à la prochaine élection présidentielle française. L’ancienne garde des Sceaux, la première femme à être députée de Guyane, l’oratrice dont deux lois françaises portent le nom, offre une œuvre polyphonique ancrée dans sa terre natale.

Dans la continuité de ses essais et de ses préoccupations politiques, le premier roman de Christiane Taubira, Gran Balan, s’adresse à la jeunesse. Depuis Cayenne, elle a répondu à nos questions.

Jeune Afrique : Gran Balan porte des paroles de jeunes représentant le multiculturalisme guyanais. Comment est né ce roman ?

Christiane Taubira : C’est une expérience singulière pour moi. Mes premiers écrits étaient des nouvelles qui restaient dans mes tiroirs. Sauf lors d’expériences militantes pour un ouvrage collectif, en solidarité avec les réfugiés, avec renoncement aux droits d’auteur. J’écris des essais, des textes de chansons comme celle avec Gaël Faye récemment.

J’étais persuadée que je ne serais pas capable d’écrire un roman. Le confinement a imposé à la semi-nomade que je suis une vie sédentaire et j’ai découvert que j’étais en mesure de commencer un roman, de le tenir et de l’achever. Je n’avais aucune pression. Personne ne savait que je l’écrivais. C’est une écriture totalement libre, sans concession, sans finalité. J’écris des essais pour convaincre. Là, ce n’est pas le cas.

En ouverture du roman, deux phrases : « À cette jeunesse dont on obstrue l’horizon. En indifférence. Impunément. » Et une citation de Frantz Fanon : « Il y a ma vie prise au lasso de l’existence. Il y a ma liberté qui me renvoie à moi-même. » Pourquoi ?

C’est un roman pour la jeunesse. Faire vivre ces jeunes est une façon de les faire monter sur scène, d’éclairer leur existence qui peut être ternie par le manque d’opportunités, la confiscation de destinée. Tous les personnages sont inventés, composés à partir des jeunes que j’ai vus et entendus. J’ai imaginé leurs pensées.

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J’AI ÉCRIT UN ROMAN COMME QUELQU’UN AYANT UNE VIE D’ENGAGEMENTS ET DE COMBATS

Vous racontez vos personnages en choisissant de ne pas les décrire ­physiquement. Pourquoi ?

L’apparence ne dit rien de personne. J’ai écrit un roman comme quelqu’un ayant une vie d’engagements et de combats. Donner une invisibilité totale à l’apparence physique est un choix délibéré et chargé de sens. Je rends aussi hommage à Toni Morrison qui a posé la question de son obligation, en tant qu’africaine-américaine, de décrire les personnages, et notamment leur couleur. Deux fois, dans un roman et une pièce de théâtre, elle a dit avoir écrit sans définir cette couleur. Et l’éditeur l’a contrainte, d’une certaine façon, à le faire.

Ce roman qui traverse toute la Guyane dépeint une jeunesse lucide, connectée, créative mais aussi désillusionnée.

Je décris un pays réel, même si je pose parfois une vision rêvée. Ce n’est pas une traversée mythique ou mystique. C’est une traversée physique de lieux que je connais, y compris certains auxquels la majorité de la population n’a pas accès, comme les zones protégées.

Je ne dirais pas que ces jeunes sont désillusionnés. Parce qu’il n’y a pas un idéal, un rêve auquel ils ont été obligés de renoncer. Je trouve cela terrible. Ce n’est pas qu’ils ont perdu des illusions : il y a comme l’impossibilité d’un idéal. Cette jeunesse a de l’énergie, la même vitalité qu’à mon époque, les mêmes impertinences, le même sens de la dérision et de l’autodérision. Mais il ne lui est pas possible de les investir dans un idéal.

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LA GUYANE ÉTAIT UNE COLONIE ESCLAVAGISTE, PUIS UNE COLONIE. IL Y A DES TRACES DE CES RAPPORTS DE COLONISATION

Ma génération a eu des idéaux. Nous avons mené des luttes au collège, au lycée, avec de belles conquêtes. Nous avons imposé l’enseignement du portugais, la langue du Brésil voisin, et celui de la littérature africaine et africaine-américaine. À mon retour en Guyane, après mes études, je me souviens d’une déception : une grève pour des aménagements logistiques, des équipements de laboratoire, la réparation d’un abri de bus… J’en étais désespérée. Que la jeunesse doive se mobiliser pour exiger de telles choses, c’est abominable ! Je continue à rêver d’un monde plus fraternel malgré les désillusions.

Dans votre vingtaine, vous étiez engagée dans les luttes indépendantistes de la Guyane. La jeunesse de votre récit semble éloignée de ces combats.

Je n’ai pas envie de céder à la facilité des rapports coloniaux. Ils étaient d’une telle brutalité, y compris en termes de possibilité de parole, que par respect pour les personnes qui ont supporté cela, je ne peux pas dire que la vie que je mène aujourd’hui est la même qu’au temps où la Guyane était une colonie esclavagiste, puis une colonie.

Mais il y a des traces de ces rapports de colonisation. Les institutions n’échappent pas à leur histoire. Vous avez évoqué la question foncière : il y a eu une prédation officielle d’État, non légitime mais légale. Charles X a octroyé toutes les terres à la monarchie. Puis, quelques années après, le pouvoir a conservé le patrimoine foncier et l’a placé dans le domaine privé.

Aujourd’hui encore, l’accession foncière est très compliquée. Il existe encore des traces de grandes concessions qui ont été offertes à des descendants de maîtres, puis à des colons. Certaines personnes possèdent des centaines ou milliers d’hectares depuis des générations, elles les morcellent, les vendent, etc. Le désordre foncier actuel est lié à l’histoire coloniale. Les codes mis en place de l’extérieur, depuis la France, s’imposent et se reproduisent. Or la population n’a pas forcément les clés. Ce n’est pas une relation purement coloniale, mais ce sont des empreintes qui rendent les relations difficiles.

Dès le premier chapitre, Kerma, jugé pour complicité de meurtre, s’interroge : « Comment leur expliquer à ceux-là qui viennent d’ailleurs ? » Vous êtes-vous posé cette question ?

C’est une question fondamentale. Kerma vit dans un lieu, sa vie est très locale et localisée sauf qu’elle est exposée au monde. C’est la réalité tangible et quotidienne de la mondialisation : on est en son lieu et le monde entier peut atteindre ce lieu. En Guyane, les positions d’autorité sont instaurées par des fonctionnaires venus de métropole, qui ne sont pas sociologiquement de plain-pied dans la société.

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J’AI GRANDI DANS UN ENVIRONNEMENT OÙ PARLER CRÉOLE ÉTAIT INTERDIT, OÙ TOUT CE QUI N’ÉTAIT PAS BIEN ÉTAIT DES TRUCS DE NÈGRES

Cela ne les rend pas illégitimes, mais cela éclaire l’incompréhension entre la société qui bouillonne, qui vit au quotidien et à laquelle appartient Kerma, et les sanctions qui peuvent tomber sur cette société, les règles élaborées pour la faire fonctionner, les codes à partir desquels on y navigue. La Justice n’est pas une administration. C’est une institution et c’est sans doute celle qui plus que toute autre doit savoir qui elle juge. Or les circonstances et les relations dans la société guyanaise font que la justice ne sait pas qui elle juge.

L’empreinte de l’histoire africaine figure dans le roman à travers les Nègres marrons, mais aussi les langues, la musique, les références aux figures de la reine Nzinga, des Amazones du Dahomey… Quels liens tisser aujourd’hui entre la Guyane et l’Afrique ?

Le rapport à l’Afrique et aux traces africaines est ambigu. Les jeunes du roman rencontrent les Bushinengue à la frontière du Maroni, où ils sont majoritaires. J’ai voulu rappeler ces présences même si elles ne sont pas toujours assumées. C’est la trace de l’Afrique : un grenier de savoirs, de pratiques, de rituels. Ce n’est pas l’Afrique originelle, fantasmée, c’est l’Afrique telle qu’elle s’est prolongée, telle qu’elle a traversé les océans et le temps, et telle qu’elle s’est métamorphosée en restant elle-même.

Je veux que ce soit perçu ainsi. Pendant plusieurs générations, les traces africaines ont été rejetées, l’oppression coloniale étant d’abord une oppression culturelle, de représentations. Frantz Fanon, Albert Memmi et d’autres l’ont très bien décrit. Des oppressions qui « défigurent la culture, le passé des peuples colonisés ». Le passé est rejeté, dévalorisé de sorte que vous ne vous projetez pas dans ceux qui vous ressemblent, mais dans l’image de l’autre.

Christiane Taubira, ancienne ministre de la justice, prononce un discours lors d’une convention d’investiture du Parti socialiste français pour l’élection présidentielle à Paris, dimanche 5 février 2017.
Christiane Taubira, ancienne ministre de la justice, prononce un discours lors d'une convention d'investiture du Parti socialiste français
pour l'élection présidentielle à Paris, dimanche 5 février 2017. © Kamil Zihnioglu/AP/SIPA

Pendant des générations, en Guyane, cette aliénation était entretenue. J’ai grandi dans un environnement où parler créole était interdit, où tout ce qui n’était pas bien était des « trucs de nègres ». L’ambiguïté, aujourd’hui, c’est le retour, minoritaire, du fantasme. Des personnes qui prennent des noms africains, qui réfutent le reste de leur identité pour ne retenir, comme au temps de la négritude, que la part africaine.

Au sujet de l’histoire coloniale et de l’esclavage, Emmanuel Macron parle d’une volonté d’instaurer un rapport « décomplexé » à l’Histoire. Qu’en dites-vous ?

La notion de rapport « décomplexé » à l’Histoire est hors sujet. Ce n’est pas une question de se complexer ou de se décomplexer. C’est une question d’accepter que le passé a eu lieu et qu’il a des conséquences lourdes, comme ces préjugés, ces représentations qui ont un effet au quotidien sur la vie de millions de gens.

« Il y a souvent une chanson pour faire béquille à la mémoire nationale », écrivez-vous. Dans quelle mesure ce « bagage populaire » peut pallier l’absence de transmission dans les manuels scolaires, l’espace public, le récit national ?

Dans toutes les situations, qu’elles soient de joie incommensurable ou de tristesse infinie, il y a toujours des chansons. La société guyanaise est une société de tradition orale. Nous transmettons par les chants, les contes, les histoires, les dolos – ces proverbes de philosophie populaire péremptoire. J’ai aimé jouer, dans le roman, avec cette transmission.

Vous êtes présidente du comité de soutien de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage. Quel est votre rôle dans cette fondation ?

Je veux que cette fondation vive sa vie. Je lui apporte mon soutien à chaque fois qu’elle me sollicite, j’accepte que mon nom et mon image y soient associés. Je garde aussi ma liberté d’interroger certaines initiatives et prises de positions. Il est important qu’au cœur de Paris, il y ait des initiatives comme la promotion actuelle des imaginaires créoles dans le métro.

Dans nos pays, nos territoires, nos départements – quel que soit le nom donné – nous avons installé cette Histoire. Au retour de mes études, j’ai organisé des expositions, des événements culturels dans l’espace public de Guyane. Nous avons obtenu, au début des années 1980, un jour férié de commémoration de la traite négrière et de l’esclavage. Pas des abolitions, mais du souvenir. En 1998, ce n’était pas le même combat.

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LA FRANCE QUI A ÉTÉ ABOLITIONNISTE A D’ABORD ÉTÉ ESCLAVAGISTE

Je ne refais jamais les mêmes choses dans ma vie. À l’époque, je me battais pour dire aux institutions françaises : c’est joli de parler d’abolition sans cesse mais l’abolition de quoi ? Il faut parler du « quoi ». J’ai beaucoup bataillé pour cet article de loi qui impose une commémoration nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et leur abolition. J’ai été insultée. Je me souviens d’un duplex avec France Culture où un auditeur m’a invectivée : « La France a aboli l’esclavage. Vous mentez sur la France ! » Je lui ai répondu tranquillement : « Elle a aboli l’esclavage qu’elle a pratiqué. »

La France qui a été abolitionniste a d’abord été esclavagiste. Et c’est pour ça qu’il ne s’agit pas de dire « c’est le passé, il ne faut pas s’enfermer dans le passé ». Quelque temps après, il y a quand même eu une espèce de revanche législative de ceux qui n’ont pas digéré la loi de 2001. La loi de 2005 évoquant les bienfaits de la colonisation. Les clés sont dans le passé et dans les représentations que les gens en ont. Il faut regarder ce passé en face. Il ne s’agit ni de se flageller ni de flageller qui que ce soit, mais fini la dissimulation et le déni.

Quel est votre regard sur l’usage du terme « pays de la créolisation » utilisé par Emmanuel Macron ?

La créolisation est une conception littéraire et philosophique. Ce n’est pas de l’exotisme. C’est un processus identifiable, des dynamiques collectives à l’œuvre. La créolisation en Guyane n’est pas le même processus que dans les Caraïbes. C’est l’un des rares territoires dans les Amériques où il y a encore des populations amérindiennes.

Christiane Taubira, le 27 janvier 2016.
Christiane Taubira, le 27 janvier 2016. © Jacques Brinon/AP/SIPA
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JE SAIS QUE LES LUTTES POUR LES LIBERTÉS ONT ÉTÉ RUDES ET QUE DES PERSONNES EN SONT MORTES

La question de la créolité, de la créolisation ou des sociétés créoles, est complexe. Elle est majeure et ne doit pas faire diversion. Elle conduit à étudier ces sociétés qui se sont organisées à travers différents stratagèmes pour survivre, se structurer, se reproduire. Si le président de la République en parle, il ouvre quelque chose de passionnant. Dès lors, qu’est-ce qu’on en fait ?

En ce moment est débattue la loi dite de sécurité globale dans un contexte de violences policières. Quel est votre regard sur cette loi ?

Je trouve cela très inquiétant. J’ai signé l’appel des journalistes et j’ai envoyé un texte de soutien. Je pense effectivement qu’il n’y a pas de nécessité à cette loi, qu’il y a derrière des projets honteux, inavouables, dangereux pour la démocratie et pas seulement. Quand on autorise les abus, ce sont des gens qui meurent. Je crois qu’il y a quelques petites victoires du côté de celles et ceux qui protestent et j’espère que l’on va aboutir à un retrait total.

Si vous remontez à plus d’un siècle, les restrictions de liberté sont toujours restées dans la loi. Il y a toujours des freins terribles au rétablissement des libertés. Une fois qu’on l’a compris, il faut être très prudent. J’aime l’histoire des conquêtes de droits et je sais que les luttes pour les libertés ont été rudes et que des personnes en sont mortes. Pour cette raison, j’estime qu’on ne doit pas prendre les libertés à la légère. Quand j’étais garde des Sceaux, j’y étais très attentive. Mon rôle, je le disais, était d’être la vigie des libertés individuelles et publiques. J’étais prête à subir toutes les injures sauf celle qui dirait que lâchement, en tant que ministre de la Justice, j’aurais laissé faire.

Grande lectrice et oratrice, que lisez-vous actuellement ?

Je lis les livres de jeunes femmes très prometteuses comme Yaa Gyasi ou Brit Bennett. J’ai aussi beaucoup aimé La Discrétion de Faïza Guène. Il y a certains auteurs que je lis sans cesse puisque je rôde dans ma bibliothèque toutes les nuits : Toni Morrison, Gabriel García Márquez, Alejo Carpentier, Yaşar Kemal, Cheick Anta Diop, Zora Neale Hurston… Je lis aussi des essais.

Mon rapport aux livres et à la lecture est très désordonné (rires). Hier soir, j’ai parcouru une demi-douzaine de livres : quelques pages de Erri De Luca, de Richard Powers, un livre sur la musique… Et puis il m’arrive à certaines périodes de ne pas réussir à lire certains livres que je reprendrai cinq ans plus tard et finirai en une nuit. Il faut parler de ces expériences-là aux jeunes, leur dire que le rapport à la lecture peut être cette liberté-là aussi.

Couverture de livre de Christiane Taubira « Gran Balan »© DR
Couverture de livre de Christiane Taubira « Gran Balan »© DR © DR

[Hommage] Soumaïla Cissé, un défenseur acharné de l’intégration africaine

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Mis à jour le 28 décembre 2020 à 18h19



Par  Gilles Dufrénot

Professeur d’économie à l’université d’Aix-Marseille, ancien conseiller technique à la Commission de l’UEMOA et chercheur au CEPII.



Par  Kako Nubukpo

Professeur d’économie à l’université de Lomé, ancien ministre de la prospective et de l'évaluation des politiques publiques du Togo, et ancien conseiller technique à la Commission de l’UEMOA.

L’ancien chef de file de l’opposition malienne Soumaïla Cissé, à Paris en octobre 2020.

L'ancien chef de file de l'opposition malienne Soumaïla Cissé, à Paris en octobre 2020. © Vincent FOURNIER pour La Revue/JA

 

Avec la disparition de Soumaïla Cissé, l’intégration régionale africaine perd l’un des ses plus fervents partisans, qui en fut également l’un des artisans, en tant que président de la Commission de l’UEMOA.

Soumaïla Cissé nous a quittés trop tôt. Au-delà de son engagement politique pour le Mali, il était un partisan infatigable de l’intégration régionale africaine. Nul n’oubliera sa contribution à l’émergence d’une zone économiquement intégrée en Afrique de l’Ouest, dont il fut l’un des pilotes en tant que président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) de 2004 à 2011.

Son obsession était la jeunesse africaine, qu’il souhaitait voir délivrée de ce qu’il appelait ses « maux » : le chômage massif, les taux de scolarisation encore trop faibles des jeunes filles, les obstacles rencontrés par les femmes dans l’accès à des emplois décents, les situations de détresse poussant nombre de jeunes à tenter l’aventure risquée des routes de l’immigration, les sorties précoces du système éducatif.

Son point de vue était que, pour améliorer leur sort, les responsables politiques devaient actionner les leviers des politiques communes définies à l’échelle régionale.

À ses collaborateurs et à ses visiteurs, il exprimait fréquemment son souhait que les institutions régionales soient d’abord un instrument au service des populations. Au-delà des rouages administratifs, de son fonctionnariat, de la bureaucratie, il souhaitait qu’elles puissent répondre aux préoccupations quotidiennes des personnes : mobiliser les leviers de financement pour la construction de puits dans les villages afin d’accélérer l’accès à l’eau potable, soutenir l’émergence de champions industriels régionaux par la délivrance de labels de qualité aux entreprises, fluidifier les flux de marchandises en simplifiant les procédures douanières, favoriser l’accès à une éducation d’excellence par la construction d’écoles africaines régionales… Sous son leadership, la Commission de l’UEMOA fonctionnait sur deux « jambes » : les politiques sectorielles et macroéconomiques.

Pragmatisme

Les premières, pensait-il, sont cruciales pour l’amélioration socioéconomique de la sous-région ainsi que son développement durable. À une époque où les préoccupations environnementales n’étaient pas encore au cœur des débats politiques, Soumaïla Cissé poussa pour l’adoption en 2008 de la PCAE (Politique commune d’amélioration de l’environnement) dans la zone UEMOA. Il voulait prendre sa part dans la bataille liée à la globalisation des échanges en couplant la compétitivité des économies africaines à la solidarité envers les plus démunis et à la préservation des ressources naturelles, de la biodiversité, des forêts.

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LA CROISSANCE NE SE MANGE PAS

Sur les politiques macroéconomiques, son approche fut pragmatique. À des collaborateurs qui lui présentaient les chiffres des prévisions de croissance, il rétorquait parfois que « la croissance ne se mange pas ». Une façon d’exprimer le fait que les chiffres, même encourageants des modèles, n’ont de sens que si la croissance est pro-pauvre et que si la richesse globale ruisselle vers les plus démunis.

Le PER (Programme économique régional) mobilisa toute son énergie de 2004 à 2008. Une cellule dédiée au suivi de l’exécution des programmes fut créée au sein de la Commission de l’UEMOA, des équipes furent activées sur le terrain pour accompagner leur réalisation. Car, l’enjeu était de taille, celle de l’amélioration des indicateurs de bien-être, le PER se voulant une déclinaison du NEPAD (Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique) à l’échelle de la sous-région.

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IL VOULAIT DÉPASSER « LA DICTATURE DES URGENCES » QUI EST LE LOT DE LA GOUVERNANCE QUOTIDIENNE AFRICAINE

Le « panel de haut niveau » qu’il mit en place à partir de 2008 pour élaborer une vision stratégique à l’horizon 2020 pour l’espace UEMOA fut, sans nul doute, la concrétisation de l’esprit de prospective dont il était animé. Ironie du destin, le scénario le plus pessimiste de ce travail, « Les seigneurs de la guerre : le temps des hyènes », se matérialisa quelques années plus tard dans son propre pays le Mali, avec les attaques jihadistes et le morcellement du territoire malien. Soumaïla Cissé pouvait-il également imaginer, en impulsant cette vision 2020, que cette année serait sa dernière passée sur terre ? Certainement pas, mais en voulant se projeter sur le moyen terme, il voulait dépasser « la dictature des urgences » qui est malheureusement le lot de la gouvernance quotidienne africaine.

Vision panafricaine

Soumaïla Cissé préférait le style simple, direct et dépouillé de tout artifice lorsqu’il s’agissait de discuter d’intégration régionale. Ce qui explique sans doute pourquoi la Commission de l’UEMOA fut un lieu propice pour prendre le pouls de la situation socioéconomique dans la sous-région, notamment pendant les périodes de crise.

Ainsi, en pleine envolée des prix des denrées alimentaires, en 2008, le président de la Commission reçut le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, à Ouagadougou pour discuter des mesures à mettre en œuvre pour endiguer la crise.

De même, en juillet 2011, autorisa-t-il les économistes de l’Unité de prospective stratégique de l’UEMOA à organiser le colloque international « dynamiques de croissance au sein de l’UEMOA », au cours duquel furent discutés sans tabou les avantages et inconvénients du Franc CFA.

Ainsi en fut-il de la « note monétaire confidentielle » qu’il fit rédiger et distribuer à l’ensemble des chefs d’États de l’UEMOA, dont le contenu entrait en résonance avec sa décision de ne jamais siéger au Comité de politique monétaire de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) tant qu’il ne serait pas autorisé à y prendre part au vote, au même titre que le représentant de la France…

La vision panafricaine de l’homme politique qu’il fut le conduisit à témoigner de ses années passées au service de l’intégration régionale auprès du grand public, afin écrivait-il, de permettre à la jeunesse « d’avoir des racines et des ailes ». On pourra relire à cet égard son livre paru en 2013 aux éditions Eburnie, titré De belles années au service de l’intégration régionale, qui reste d’une étonnante actualité.

À ceux qui ont croisé sa route, l’aventure professionnelle au service de l’intégration africaine fut passionnante. Au-delà de l’engagement à servir au mieux les intérêts de l’Afrique, il était d’abord un homme simple, dont on pourrait résumer la démarche par une audace à poser les vraies questions et à agir de façon pratique pour réaliser ses rêves.

Kiye2019
L'hebdomadaire de la paroisse de Dyou n°92. Retour sur la solennité de la sainte famille 2020: La foi, fondement de la famille. 
Textes du jour :
1ère Lecture: Gn 15, 1-6 ; 21, 1-3
2ème lecture : He 11, 8.11-12.17-19
Evangile : Lc 2, 22-40
Bien-aimés dans le Seigneur, recevez nos salutations fraternelles depuis la paroisse de Dyou dans le diocèse de Sikasso au Mali.
« Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : "Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut
que tu préparais à la face des peuples..."» (Lc 2, 22-40)
Bien-aimés dans le Seigneur, qu'il nous plaise de le dire sans peur d'être contredit que le fruit de la foi fait éclater l'homme de joie et lui ouvre l'esprit à l'action de grâce devant les merveilles de Dieu pour laisser monter sa voix vers ce dernier. Telle a été l'attitude du vieux Syméon que nous lisons dans l'Evangile de ce dimanche.
Frères et sœurs en Christ, comme Syméon, Abraham, et Sarah, nous avons nous aussi des raisons de nous réjouir en Dieu pour ses bienfaits envers chacun de nous. Car nous avons nous aussi, à un moment de notre vie, contemplé les merveilles de Dieu ; nous avons nous aussi fait l'expérience de la bonté de Dieu dans notre vie. Comment avons-nous réagi devant tout cela ? Quelle attitude avons-nous ou adoptons-nous devant les merveilles de Dieu lorsque notre conscience s'en aperçoit ?  Syméon a laissé éclater sa voix en action de grâce. La foi authentique ouvre à la reconnaissance des merveilles de Dieu dans notre vie et pousse à l'action de grâce, comme le témoignage l'expérience d'Abraham,  de Sarah et de Syméon. Sans la foi, il est impossible de reconnaître la présence de Dieu dans notre histoire. Et la foi pousse à l'engagement sans complexe et nous obtient en retour, la surabondance des grâces. Abraham quitta son pays pour une destination inconnue et en récompense, il devint le Père d'une multitude. Grâce à la foi, Sarah conçu un fils alors qu'elle était avancée en âge.
Frères et sœurs en Christ, comme vous pouvez le remarquer, la liturgie de ce dimanche 27 décembre 2020 à l'occasion de la sainte famille, nous parle de la foi et  est centrée sur la foi d'Abraham. Quel enseignement pouvons-nous en tirer en rapport avec la célébration du jour, la fête de la sainte famille sinon dire d'emblée que la foi éclaire l'agir humain peu importe sa forme de vie.
Deux points retiennent notre attention :
1. La foi éclaire l'agir humain dans ce sens que la foi étant le véritable fondement de la famille, donne au différents partenaires d'écouter résonner au fond d'eux-mêmes, cette parole du Seigneur qui leur dit : l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme et tous deux deviendront une seule chair; et cette autre parole qui dit : Dieu vit qu'il n'est pas bon que l'homme soit seul. De l'homme, Il tira la femme qui lui soit une aide.  Ces paroles sont gravées dans la conscience de chacun de nous et nous portent mystérieusement, l'un vers l'autre sous des formes multiples (d'attirance, d'affection, d'appréciation, de sympathie, d'amour, etc). Nous n'avons pas besoin d'être chrétiens pour que ces paroles résonnent au fond de notre conscience. Dieu les a gravées dans le cœur de chacun de nous. La religion quant à elle, nous permet de les mettre à jour et de les rationaliser pour notre sanctification.
2. Étant éclaireuse de l'agir humain, la foi purifie l'engagement de l'homme et le conduit à sa plus haute expression morale. Elle devient éclaireuse des pistes à prendre. Lorsque l'homme croît au don de Dieu dans sa vie, il agit en connaissance de cause et prend soin du don de Dieu dans sa vie avec considération et respect, toujours tourné vers l'Auteur de la vie et de tout don. Et dans le cadre de la famille, chaque membre joue son rôle et s'acquitte de leur devoir l'un envers l'autre. Le mari envers son épouse, la femme envers son époux, les parents envers leurs enfants, ces derniers envers leurs parents. La famille devient ainsi, le signe visible de la présence du règne de Dieu en ce que les actes de chaque membre rendent possible et hâtent l'avènement du règne de Dieu parmi les hommes. Là où la foi est effective, la vie devient agréable. Chacun recherche le beau, le bien, le vrai avec la conscience du devoir. Les crimes et l'escroquerie cèdent la place à la vérité, l'indiscipline cède à un comportement responsable. Le goût du beau, du vrai, de l'excellence, le sens de la justice qui sont des attributs de Dieu, deviennent la norme de l'agir. La négligence disparaît.
Et toi, qu'est-ce qui guide tes actions ou ton engagement chrétien? Est-ce le goût du vrai, du beau, du bien, de l'excellence, etc ou bien l'arbitraire ?
Une famille, quelle qu'elle soit ne devient un espace de vie agréable que lorsque le goût du vrai, du bien, du beau, de la justice et de l'excellence reste la règle du jeu et la norme de l'agir. C'est alors que nos actes éclairés par la lumière de la foi, ouvrent à l'action de grâce de sorte que par le bien que nous faisons, ils rendent gloire à notre Père qui est aux Cieux.
Le Seigneur soit avec vous !
✍🏽 Père KIYE M Vincent, Missionnaire d'Afrique (Père Blanc)
Paroisse de Dyou
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L’hebdomadaire de la paroisse de Dyou n°93 du lundi 04 janvier 2021: Retour sur le premier jour de l'année dédié à la Vierge Marie, Mère de Dieu: Une lecture du Père Vincent KIYE, Missionnaire d'Afrique (Père Blanc)

Bien-aimés dans le Seigneur, recevez nos salutations fraternelles depuis la paroisse de Dyou dans le diocèse de Sikasso au Mali 

« Mais lorsque fut arrivée la plénitude des temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme… » (Gal 4,4)

Bien-aimés dans le Seigneur, chaque premier jour de l'année, nous célébrons la Sainte Marie, Mère de Dieu. Une façon pour l’Eglise de nous rappeler le poids sémantique de la maternité de Marie. Quelle lecture pouvons-nous faire de la place qu'occupe cette fête dans le calendrier liturgique de notre Église ? Pourquoi la sagesse de l'Eglise aurait-elle privilégié cette femme à des nombreux autres saints ayant sans doute aussi,  marqué l'histoire de l'Eglise ? Pourquoi Marie, Mère de Dieu en ce premier jour de l’année pendant que plusieurs célébrations lui sont encore réservées au cours de l'année liturgique?

  L'analogie à cette préférence est à retrouver dans la vie ordinaire. La place qu'occupe cette fête dans le calendrier liturgique, nous a poussés à nous pencher sur son intelligibilité. Et voici comment.

Disons-le sans peur d'être contredit, que la vie naît d'une femme. Peu importe le concours de l'homme, la femme est la matrice de la vie, c'est la femme qui donne la vie. C'est ce que nous reprend Saint Paul dans l'épître aux Galates lorsqu'il dit : « …lorsque fut arrivée la plénitude des temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme… » (Gal 4,4)

La femme est le seul témoin de la naissance de l'enfant. Elle le porte dès cet instant, lui assure tous les soins voulus, jusqu'à l'âge adulte. A la naissance, l'enfant ne se nourrit ni ne se déplace de lui-même. Il reçoit toute cette grâce de sa mère, pendant que l'homme vague tranquillement à ses occupations, oubliant parfois même l'incontournable rôle qu'il a joué à la conception dudit enfant. C'est la mère de l'enfant qui le porte, qui sans se lasser, prend soin du nouveau-né. Ayant parfaitement accomplit tout cela depuis la conception de l’enfant Jésus jusqu'à nous le donner comme Seigneur et Sauveur, mais surtout comme la Lumière qui vient éclairer nos ténèbres, il s’avère logique que cette femme porte également le monde entier sous le regard bienveillant de Dieu, afin que par la grâce qu’elle a trouvé auprès de Dieu, ses intercessions assouplissent les peines de notre monde et lui obtienne la grâce d’être un monde sans cesse renouvelé.

Marie est cette figure par excellence de la femme qui depuis la conception de l'Enfant n'a cessé de surprendre l'entendement humain. Elle est la figure de la femme qui se laisse guider par la volonté de Dieu : « que tout se fasse pour moi selon ta volonté», le lisons-nous dans son dialogue avec l'Ange du Seigneur à la conception de Jésus.

Ce rôle qu'elle a assumé depuis la conception et la maternité de Jésus suffit largement à  faire d'elle la mère de l'humanité toute entière, en quête d’une mère qui la porte et lui assure les soins appropriés comme elle l’a assuré au nouveau-né de Bethléem.

Oui chers frères et sœurs en Christ, à chaque nouvelle année nous ressemblons nous aussi à des nouveau-nés, car nous commençons une nouvelle année, une nouvelle vie. Et comme des nouveau-nés, nous avons également besoin d'une assistance maternelle pour porter notre destin à sa maturation.  Il fallait bien que la sagesse de l'Eglise, guidée par l'Esprit Saint situe cette fête au tout début de l'année pour confier toute l'année ainsi que nos multiples soucis à la Vierge Marie dont la profondeur de cœur  et l'efficacité de ses intercessions ne sont plus à démontrer depuis les noces de Cana.

Dieu ne peut jamais passer outre, l'intercession de celle qu'il a choisie et disposé à être la Mère de son Fils et de surcroît, de toute l'humanité. C'est ainsi qu'à l'adresse de la Vierge Marie : « Ils n'ont plus de vin » (Jn 2, 3) aux noces de Cana, bien que son heure n'avait pas encore sonné, Jésus ne pouvait pas lui opposer un refus. Jésus donna satisfaction à sa demande.

Oui Chers frères et sœurs en Christ, nous ouvrons chaque année par cette fête, pour confier nos soucis et nos joies, nos préoccupations les plus intimes à cette femme qui a trouvé grâce devant Dieu afin qu'elle nous porte, nous et nos préoccupations et les présente au Seigneur, comme elle a porté le souci des convives de Cana. Puisse Dieu exaucer les prières de cette femme à notre faveur. Amen

Le Seigneur soit avec vous !

✍🏽 Père KIYE M Vincent, Missionnaire d'Afrique (Père Blanc)

Paroisse de Dyou dans le diocèse de Sikasso

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P. Pierre RICHAUD

Séminaire sma Mgr Strebler

012 BP 345

Baguida – Lomé

TOGO

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Chers parents et amis,

C’est depuis le Togo que je vous envoie mes vœux cette année. Mais avant de revenir sur cette nouveauté, je veux commencer par vous souhaiter une bonne année 2021. Il y a un an, personne ne pouvait souhaiter une année comme elle s’est déroulée. Qui eut cru que nous allions nous promener en ville avec des masques sur le nez ? Et les conséquences ont été graves pour beaucoup : décès dans les familles, perte de travail… C’est loin d’être 20/20.

Que peut-on espérer pour cette année ? Bien sûr que cette maladie soit maîtrisée. Que la vie normale puisse recommencer. On a fait l’expérience que l’homme, même s’il réussit de belles choses, est loin de maitriser tout ce qui se passe en ce monde. Je voudrais vous partager une conviction qui m’anime toujours. Dans toute cette épreuve, Dieu était présent qui nous a soutenus. Il ne fallait pas attendre de lui qu’il règle le problème d’un coup de baguette magique, ce n’est pas sa méthode, c’est aux hommes de chercher les solutions. Mais il est là pour nous aider à franchir les obstacles qui se présentent sur notre route. Et je crois vraiment qu’il était là. Je souhaite à chacun de pouvoir apprécier cette présence qui réconforte. C’est là mon plus grand souhait.

Cependant cette année, nous, Pères des Missions Africaines, avons vécu un très bel événement. Depuis le 17 septembre 2018, un de nos frères prêtre italien, P. Luigi Maccalli, était retenu en otage dans le désert. Il a été libéré début octobre 2020, en même temps que la française Sophie Pétronin. Ça a été pour nous une grande joie. Ce qui m’a surpris c’est que le P. Luigi Maccalli parle avec beaucoup de sérénité de ce temps d’épreuve. Il n’exprime aucune rancune vis-à-vis de ses ravisseurs. Mais notre tristesse continue quand même : il reste encore beaucoup d’otages retenus au Mali (une vingtaine ?).

Depuis le 8 novembre je me retrouve à Lomé. Avant de quitter la France, je me disais que j’avais trois défis à relever.

  • Être envoyé dans un nouveau pays. Je m’aperçois que Togo et Bénin ont de nombreux points communs. Aussi je ne suis pas tant dépaysé que ça.
  • Faire un nouveau travail. Je n’avais jamais été formateur dans un grand séminaire. Oui beaucoup de choses sont nouvelles. Et pour le moment je ne me sens pas dépassé par la tâche à accomplir.
  • Travailler avec une température humide autour de 30°, c’est moins simple. Je dois avouer que les premiers jours ont été un peu difficiles. Mais il semble que mon expérience ancienne du Bénin m’aide à prendre le dessus. La température reste pénible, mais mon corps réagit bien. Je peux espérer finir l’année scolaire en bonne santé.

Je vis donc dans un grand séminaire. Nous sommes 42 : 3 prêtres, un Ivoirien, un Tanzanien et moi ; et 39 séminaristes venant de Côte d’Ivoire, du Togo, du Bénin et de Centrafrique. Ça fait une équipe très fraternelle.

La formation pour être missionnaire sma est longue. Après une année de propédeutique, jointure entre la vie au lycée et la vie au séminaire, ceux de la région viennent ici pour 3 ans de formation en philo. De là, ils vivent au Bénin une année spirituelle qui les prépare à leur premier engagement dans la Société des Missions Africaines (SMA). Puis, après une année de stage sur le terrain, ils sont répartis en 3 lieux pour la formation théologique : Nairobi au Kenya, Ibadan au Nigeria, Abidjan en Côte d’ivoire. A ce stade-là tous ou presque sont capables de suivre des études aussi bien en français qu’en anglais. C’est après qu’ils sont ordonnés prêtres. Ils sont autour de 300 à suivre cette formation (en Afrique surtout, en Inde et en Pologne). Cette année a été un bon ‘cru’ : 30 ont été ordonnés prêtre pour les Missions Africaines. Mais la normale se situe en dessous de 20. C’est déjà bien.

Ici à Lomé, les jeunes suivent la philosophie. Pour cela ils vont dans un institut supérieur qui donne ces cours. Mais en dehors des cours, le reste du temps nous sommes ensemble. C’est là que mon passé de missionnaire au Bénin est utile pour les préparer à leur futur travail de missionnaire. C’est de l’accompagnement spirituel et humain que je fais. Jusqu’à présent je m’en sors pas mal. Et je ne me fais pas de souci pour la suite.

Et le (ou la) Covid ? Ne vous faites pas de soucis pour moi. J’ai moins de risques que vous de l’attraper. Ici je ne connais encore personne victime de cette maladie. On se protège quand même : port du masque, distances réglementaires, etc. Il y a aussi des choses curieuses. La presque totalité des églises, après un temps de fermeture a rouvert, sauf quelques-unes à Lomé, dont la nôtre. Pourquoi ces différences ? Je n’ai pas encore compris.

Quelques-uns parmi vous m’ont fait connaître leur souhait d’envoyer une participation à la vie du séminaire de Lomé. Je ne peux que les encourager. Inutile de m’envoyer un chèque ici au Togo, il faudrait que je le renvoie en France pour le retirer. Mais vu que, maintenant, je suis en Afrique la SMA peut vous envoyer un reçu fiscal en vue d’une déduction sur vos impôts de 66% du montant envoyé

Comment faire concrètement ?

  • Vous rédigez un chèque à l’ordre de ‘Missions Africaines Partage’ sans mettre mon nom sur le chèque.
  • Vous l’envoyez à l’adresse suivante : Missions Africaines Partage / 150 Cours Gambetta / 69361 LYON Cedex 07. Dans l’enveloppe vous mettez votre chèque. Vous y joignez aussi une petite note pour dire que ce chèque est destiné à Pierre Richaud. Celui qui recevra votre courrier inscrira le montant de votre chèque sur le compte que j’ai aux Missions Africaines. Sur la note vous indiquez aussi votre désir de recevoir un reçu fiscal, s’il peut vous être utile. Ce dernier sera daté en 2020 si vous avez daté le chèque en décembre 2020.
  • Et vous m’envoyez une lettre ou un mail pour m’indiquer à quoi correspond la somme concernée.

Je vous remercie d’avance.

En principe, une partie de l’été 2021 je serai en Haute-Loire pour prendre un peu des vacances au frais. J’espère avoir l’occasion de voir un certain nombre d’entre vous.

Bonne année 2021   !

 

                                   Pierre Richaud

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Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)