Témoignages

 

Dans le Petit Echo n° 1082 ce témoignage d'une Soeur Missionnaire de Notre Dame d'Afrique, en mission en Sicile.

 Sr Vicky

 Depuis plus de 8 mois, je travaille avec d’autres religieuses de différentes Congrégations dans un centre d’accueil des migrants fraiche- ment venus de Libye après la traversée du désert et de la mer Méditerranée. Avec cette petite expérience, je ne me permettrais plus jamais de parler des causes générales de la migration telles que le font les théoriciens à partir de leurs bureaux climatisés. Car on ne peut regarder dans les yeux des frères et sœurs traumatisés et continuer à spéculer sur eux. La plupart d’entre eux ont été vendus en gros pour être revendus en détail au marché d’esclave en Libye. Torturés dans les prisons ou des maisons privées, forcés à travailler sans salaires ou tués pour la simple raison qu’ils sont noirs, etc… Et pourtant ce sont en général des jeunes bien formés. Il arrive qu’il y ait des analphabètes dans les groupes mais ce sont des minorités. Permettez-moi de vous parler de cette expérience traumatisante pour nous qui côtoyons cette effroyable réalité jour après jour.

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Sr Vicky, entourée de jeunes migrants dont elle s’occupe avec d’autres Soeurs

Une lettre envoyée par nos deux Conseils généraux en mai 2015 nous donnait les causes de la migration qui sont encore très valables aujourd’hui. Je ne parlerai pas de théories dans ce partage…

Pourquoi quittent-ils leurs familles et leur Bangladesh, Pakistan, Afghanistan, Syrie, Irak, Maroc, Tunisie, Egypte, Sénégal, Nigeria, Gambie, Cameroun, Togo, Guinée Conakry, Côte d’Ivoire, RDCongo, Erythrée, Soudan, Ethiopie… pour mourir au désert, en Libye, en Méditerranée ou en Europe ? Pourquoi ne peuvent-ils pas retourner chez  eux  malgré  la  méfiance  ou  le  mépris  qui  les  accueillent  en Europe ? Tous cherchent bien-être et sécurité. Pas de réponses théo- riques car chacun a ses raisons qui ne sont pas celles de son compa- gnon de malheur. Voici quelques cas :

Elle s’appelle Godaines, a 19 ans et est très brillante en classe. Un jour une amie de sa maman lui propose de la faire étudier en Europe où elle a des bourses d’études pour les filles intelligentes. Heureuse, la maman vend tout pour que sa fille ne perde pas une telle opportunité. Pour lui éviter les dangers du désert, elle lui achète un billet d’avion pour Tunis car de Tunisie on "pousse" les gens en Italie. Aussitôt que tout est en ordre, Godaines prend l’avion pour Tunis. A Tunis, l’amie de la bienfaîtrice est gentille assez pour lui dire qu’elle ira en Italie pour la prostitution. Rusée, elle entre dans le jeu, prend le numéro de téléphone de la dame qui l’attend en Italie, mais aussitôt arrivée à Lampedusa, elle se confie à l’Organisation International pour la Migration (OIM), pleurant et suppliant d’être sauvée de cet enfer. Aussitôt dit, aussitôt fait, car on l’enverra chez nous sous bonne escor- te (très discrète), et le lendemain elle est dépêchée dans un centre de l’OIM où elle est bien protégée. Poursuivra-t-elle ses études ? Nous ne le savons pas mais nous sommes heureuses qu’elle est en sécurité.

Il s’appelle Adama, fils d’un général de l’armée. Le papa est assas- siné par le pouvoir en place dans une fausse embuscade organisée sous ordre du chef de l’Etat. Il a 16 ans quand son père est assassiné, et toute sa famille croit la théorie avancée par le pouvoir. Trois ans plus tard, un complice de l’assassinat se décide de parler et Adama est menacé de mort. Il doit disparaître pour qu’il ne demande jamais qui a tué son père. C’est le témoin qui l’aide à fuir de nuit puis, après beaucoup d’horreurs au désert et en Libye. En prison, il a passé 4 nuits avec 6 cadavres de ses amis qui avaient tenté de se sauver. Il nous arrive tota- lement déséquilibré. Je ne sais où il est aujourd’hui mais je prie tou- jours pour lui.

Elle s’appelle Miriam, troisième fille d’un jeune médecin. Quand Ebola éclate en Guinée, son papa est parmi les premières victimes de la maladie. La Croix Rouge vient chercher sa maman et sa grande sœur. Elle a 12 ans. La maman part avec l’aîné et le cadet. Miriam et son frère de 8 ans sont mis en quarantaine. N’ayant pas vu la maman depuis 5 jours, ils décident de fuir chez un oncle. L’oncle n’en veut pas par peur d’Ebola. Les deux enfants marchent 3 jours dans la forêt jusque chez une vielle dame vivant seule. Elle les accueille mais Miriam ne s’habitue pas à la misère de cette femme. Elle décide de fuir et rencontre un groupe de jeunes qui vont en Libye. Fatigué, le petit frère décide de retourner chez la vieille mais elle continue. Elle nous arrive à 18 ans, victime de viols à répétition. Elle n’a pas de nouvelles de son petit frère…

David a 35 ans. Il est maître couturier et gagnait bien sa vie au Sénégal dans son atelier avec ses 3 ouvriers. Un ami vivant en Algérie vient le trouver pour lui demander de le rejoindre parce qu’il vient de signer un contrat et a besoin d’un bon couturier pour les rideaux de la maison qu’il construit. David parle avec sa femme qui l’encourage et il ne se doute de rien

 Sr Vicky3

 La fraternité partagée lors d’une cérémonie

L’ami lui dit qu’ils traverseront le désert car il connait les chauffeurs qui amènent les gens en Algérie. A sa grande surprise, David se trouve en Libye 3 jours après. Son ami le rassure en disant qu’ils partiront pour l’Algérie le lendemain, mais au lieu d’aller en Algérie, il se retrouve esclave d’un Libyen à qui il a été vendu. Il nous est arrivé avec une main paralysée à cause des tortures que lui infligeait son maître. Son dos est écorché coups de fouet qu’il recevait lorsqu’il n’avait pas fini le travail assigné aux champs. Il ne demande qu’une chose, retourner dans son pays pour reprendre son travail.

Fils et filles de Lavigerie, que devons-nous faire devant ces cris qui ont fait de notre Fondateur l’avocat des esclaves ? Comme lui, crions haut et fort, que personne ne peut être étiqueté migrant économique parce qu’il vient d’un pays pauvre. Dénonçons les accords que l’EU a signés avec des pays pauvres dont la Libye, pour rapatrier de force des gens qui fuient pour sauver leur vie ! Nous sommes humains, et les horreurs infligées à tant de nos semblables aujourd’hui doivent nous indigner et nous pousser à agir. Dénonçons les régimes criminels d’Afrique et d’ailleurs qui tuent et vendent leurs administrés pour se remplir les poches. Le Christ a payé de sa vie son annonce de la véri- té… Puisse le Ressuscité que nous célébrons aujourd’hui nous donner la force d’être témoins de sa vérité !

Vicky Chiharhula, SMNDA en mission en Sicile

   

Avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries

qui ont besoin de la lumière de l’Évangile

 

martin grenier

Pendant mes huit années de formation chez les Missionnaires d’Afrique, les deux années de mon stage ont nul doute été pour moi une période marquante. Tout d’abord, le stage faisait suite à l’année spirituelle que j’ai vécue à Fribourg. Lors de celle-ci, je n’avais eu d’autres choix que de restreindre mes activités sociales extérieures afin de mieux entrer dans le silence, de relire ma vie antérieure et de me donner corps et âme aux Exercices spirituels qu’on nous proposait. À la fin de cette année j’avais découvert que la vie monastique n’était probablement pas pour moi et que l’attrait d’aller en Afrique pour y partager ma foi se faisait plus pressant.

C’est donc avec joie que je pris mon envol pour la Zambie en juillet 1989. Quelques jours après mon arrivée à Lusaka, j’étais rendu au Nord du pays à la mission d’Ilon- dola pour y faire l’apprentis- sage du « cibemba » en com- pagnie d’un autre candidat, de prêtres missionnaires, de coopérants et de 4 missionnaires Baptistes. Il y avait tant à apprendre, à découvrir. Cela demandait de la patien- ce, beaucoup d’écoute et le goût de communiquer et de se lancer vers l’inconnu.

Après mon cours de langue je me suis retrouvé à Serenje, une paroisse de 200 km de diamètre avec 10 sous-paroisses, environ 70 cent- res et une équipe dynamique de confrères, catéchistes, animateurs pour la prière dominicale et tant de groupes paroissiaux pour hommes, femmes et jeunes. La diversité des engagements pastoraux ne manquait pas et les confrères n’hésitaient pas à m’envoyer ici et là dans la paroisse avec l’un des catéchistes. À ce rythme je n’ai eu autres choix que de mieux maîtriser le « cibemba » d’une part mais surtout de mieux ap- précier ce que les gens disaient et vivaient quotidiennement. De fait, mon apprentissage était plus que linguistique

J’ai alors aperçu une nouvelle façon de concevoir les choses, i.e. les événements qui ponctuent le quotidien de tout être humain et ceux associés aux grandes étapes de la vie tels le choix d’un conjoint(e), la venue d’un enfant, le départ d’un être cher. Pour ces moments particu- liers il semblait toujours y avoir un proverbe en « cibemba » qui offrait une sagesse et un savoir-faire permettant de guider les choix des gens ou de les encourager à persévérer. Mais surtout rien n’égalait les moments où j’étais témoin de la façon dont les gens faisaient face à des défis existentiels, comme comment prendre soin d’un membre de la famille qui a perdu la tête et qui ne cesse de créer des problèmes de toutes sortes. Bref, mon stage a été le moment idéal de m’ouvrir les yeux et de me rendre compte de la diversité des situations et agissements des gens. Je peux donc dire que le stage m’a initié à aller vers la périphérie suivant l’exemple stimulant de mes formateurs i.e. les confrères de ma communauté de Serenje.

Allez vers la périphérie est intrinsèque à notre vocation missionnaire. Comme le dit si bien le pape François, « la joie de l’Évangile qui remplit la vie de la communauté des disciples est une joie missionnaire »

Et il ajoute : « Tout chrétien et toute communauté discernera quel est le chemin que le Seigneur demande, mais nous sommes tous invités à accepter cet appel : sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile ».   Oui, sortir pour aller à la rencontre de l’autre mais sans perdre de vue le but ultime, être témoin du Christ. Donc dans nos échanges, la communication est essentielle et notre savoir linguistique, notre expérience de la vie des gens, des défis auxquels ils font face, nous offre le terreau idéal pour permettre de mieux exemplifier la Parole de Dieu et de permettre à cette Parole de prendre racine et de porter ses propres fruits.

Le pape François fait également ressortir que ce mouvement d’aller vers la périphérie signifie être prêt à se laisser bousculer, déranger, de ne pas être en mesure d’avoir nécessairement la solution au défi et d’admettre et reconnaître que bien souvent d’autres ont déjà trouvé de nouvelles pistes porteuses d’espoir. Oui, bien souvent, il n’est pas nécessaire de réinventer la roue. Quelqu’un d’autre a déjà trouvé une voie, d’où l’importance de s’unir aux autres qui, tout comme nous, ont le souci de répondre aux cris de douleur qui nous interpellent.

À ce mouvement de sortir s’ajoute aussi celui d’être accueilli. Parfois, il y a des bras tendus qui nous attendent. Par contre, il ne faut pas s’attendre à être toujours les bienvenus. De nombreux épisodes des Actes des Apôtres nous rappellent comment Paul a bien souvent été rejeté (Ac 13, 50), emprisonné (Ac 16, 23) et parfois même lapidé (Ac14, 19). Aller vers la périphérie demande donc beaucoup de courage en sachant prendre appui sur du solide i.e. sur la prière par laquelle Dieu nous offre sa grâce nous permettant de continuer notre vocation d’être témoin du Christ.

Oui, être accueilli est parfois tout un défi. Mais à cela s’ajoute la nécessité de savoir être aussi celui qui accueille. Comme le dit le pape François :

« L’Église en ‘sortie’ est une Église aux portes ouvertes. Sortir vers les autres pour aller aux périphéries humaines ne veut pas dire courir vers le monde sans direction et dans n’importe quel sens. Souvent il vaut mieux ralentir le pas, mettre de côté l’appréhension pour regarder dans les yeux et écouter, ou renoncer aux urgences pour accompagner celui qui est resté sur le bord de la route. Parfois c’est être comme le père du fils prodigue, qui laisse les portes ouvertes pour qu’il puisse entrer sans difficultés quand il reviendra » .

Dans cette numéro du Petit Écho, quelques-uns de nos confrères ont bien voulu nous partager leur vécu face à cet aspect de notre vocation missionnaire. Que ce partage de vie nous stimule à continuer à nous engager « auprès des personnes vivant dans les périphéries pour un monde plus juste ».

 

Martin Grenier

Assistant général  (article tiré du Petit Echo n° 1083)

 Il y a peu de temps, nous avions publié sur ce site une lettre de Théophile qui racontait son retour au Burkina après un long temps de formation. Il s'est de nouveau manifesté et voici le texte de sa lettre. Il est devenu l'économe du séminaire de philosophie à Ouagadougou.

 

      Bonjour,

Theo Dabilgou 
Je vais bien et apprends à m’approprier des tâches de ma nouvelle fonction d’économe  du grand séminaire national Saint Pierre - Saint Paul à Ouagadougou. Depuis le 1er septembre, je suis officiellement nommé  dans cette maison de formation des séminaristes futurs prêtres. Le déménagement m’a pris  du temps  et explique en partie mon silence. Aussi la connexion internet est affreuse ici mais on fait avec en attendant l’amélioration du réseau  avec la fibre optique.

Au sujet du séminaire : les séminaristes viennent des 15 diocèses du Burkina Faso. C’est le cycle de philosophie pour 3 ans qui commence après la propédeutique qui a eu lieu l’année dernière au séminaire saint Iréné dans la région de Koupela. Ils sont au nombre de 245 (en moyenne 16 séminaristes par diocèse) pour la rentrée 2017-2018, tous vivant en internat. Ce cycle de philosophie dure 3 ans et est sanctionné par  la licence en philosophie. Les candidats qui continuent leur idéal sacerdotal font, au bout des 3 ans la prise de soutane. Ensuite chaque promotion est divisée en 2 et envoyée dans 2 grands séminaires nationaux pour la partie théologique de leur cheminement.

Le rythme de la maison est ponctué de cours magistraux (philosophie,latin… ) de prières ( offices, messes, chapelet, adoration, méditations personnelle, accompagnement spirituel) du sport (football, marche, volley ball, basket ball, des arts martiaux) du travail manuel (  élevage-jardinage-coiffure, dessin, décoration, électricité, archives, reliure) Restauration ( propreté réfectoire, préparation de mets spéciaux….) sonorisation-télévision, maintenance informatiques, cultures –loisir (théâtres, danses, …) bibliothèques (enregistrement de livres, distribution de livres et manuels..). Le gros du budget est dévoré par la restauration et la santé des séminaristes.

Votre contribution de toute nature (assistance techniques, humaine, financière…..) pour la réussite les différentes activités  est la bienvenue.  

Nous sommes 29 formateurs : 16 laïcs et 13 prêtres résidents.

En ce qui me concerne; j’ai la responsabilité de :

La gestion matérielle de la maison : finances, recouvrement des contributions des diocèses, la recherche de parrainage pour la formation des séminaristes démunis, la couverture de la santé des séminaristes et des formateurs, l’entretien de la maison qui fait plus de 12 hectares, la restauration quotidiennes des séminaristes,

La gestion du personnel: au nombre de 13, les employés  nous sont un grand service: 1 lingère, 3 gardiens de nuit 2 gardiens du  jour, 1 chauffeur pour les courses 1 secrétaire 1 bibliothécaire, 1 bouvier, 1garçon de ménage, 2 aide- cuisiniers pour l’équipe des formateurs.

 Les semaines liturgiques  pour les offices et messes. A l’extérieur je suis sollicité comme les autres prêtres à célébrer des messes tous les weekends pour les paroisses et communautés.

Nos projets immédiats et urgents :

 La climatisation de15 bureaux et chambres: en effet il est intenable  dans les bureaux à certaine périodes de la journée. Le travail n’est donc pas  efficace à des températures élevées. Personnellement, je tiens difficilement et cherche de tout cœur à climatiser mes pièces, autrement  je risque de passer des journées à l’hôpital. Depuis hier la température a baissé (18-25°) et devrait être ainsi jusqu’en fin janvier après suivra la période chaude.

1 château d’eau de boissons et de jardinage. Avec l’effectif élevé de séminaristes notre château d‘eau actuel avec ses 17m3 se révèle petit. Il nous faut dans l’urgence  un autre de 30 -40m3 et haut de 20m pour servir tout le séminaire surtout les bâtiments à niveau.

 Ordinateurs pour équipement de la salle informatique du séminaire : en effet les étudiants de la première année n’ont pas tous des notions en informatique et cela handicape leur recherches. Nous recherchons impérativement des équipements informatiques (ordinateurs, unités centrales, écrans….) Nous disposons des salles qui pourront être aménagés à cet effet.

1 Car de  12-48 places. En effet les manifestations extérieures au séminaire nécessitent des déplacements  qui occasionnent des frais  énormes. Un mini car de 30 à 40 places nous serait d’un grand secours et déduirait de manière significative les  dépenses liées aux déplacements.

Des kits ou trousseaux  de clefs- tourne vis – testeurs pour la mécanique  et le dépannage en électricité-plomberie. Certains étudiants ont une formation professionnelle mais le séminaire ne dispose pas d’outils à propos.

Du matériel sportif : ballons-filets –sifflets- degonfleur : « Mens sana in corpore sano » (un esprit sain dans un corps sain) dit-on. Les séminaristes et les formateurs font du sport 4 fois par semaine. Mais force est de constater qu’ils manquent d’équipement minimal dans bon nombre de disciplines : ballons de foot, basket, hand, des filets des jeux de maillot……….

Des livres et manuels de philosophie pour la bibliothèque qui est pratiquement vide. La bibliothèque est pauvre en manuels de philosophie  ainsi de dictionnaires. Nous recherchons à cet effet tout livre ou manuel de philosophie.

La formation continue des prêtres : C’est un véritable manque le cadre de formation continue des prêtres. Nous recherchons des financements pour leur permettre de s’abonner à certaines revues.

Honoraires de messe : Ils sont au compte goutte au séminaire. Nous sommes preneurs de tous gestes dans ce domaine.

Je trouve le temps de faire du sport avec les jeunes mais j’ai oublié que je suis moins jeune qu’eux. Mes 2 sorties au terrain de foot se sont soldées par 2 claquages de muscles de la cuisse droite. Je suis préoccupé actuellement de l’organisation de mon travail car  dit –on  une entreprise est pérenne s’il est bâtit sur 3 piliers : l’organisation-le savoir faire-la volonté.

La difficulté actuelle qui peut être aussi perçue comme un atout : je n’ai pas eu de passation de service car mon prédécesseur était déjà parti pour des études à Rome. Cependant, méthodiquement il a savamment archivé les dossiers et documents, ce qui me permet de me retrouver sans grande difficulté. Pour le reste, je découvre  dans l’exercice quotidien.

En ce qui concerne ma vie personnelle

Tous les samedis sont réservés  pour les activités de mon association Lagmtaaba, le courrier, les rencontres avec les amis et familles. Je termine à distance ma licence en coaching et en sociologie politique.

Comme vous le constatez, le début de l’année est bien mouvementé mais je reste convaincu  que je parviendrai à une organisation à la Théophile pour rester en contact avec vous. D’ores et déjà je puisse vous assurer de mes prières quotidiennes notamment la messe tous les matins à 6h30 (8 h 30) en France.

Autres nouvelles : la saison pluvieuse de 3 mois se termine en catastrophe pour les populations à 98% paysannes qui comptent sur la pluie pour récolter. Certaines régions sont sorties bredouilles de la saison. Quand nous étions plus jeunes dans les années 1982 il pleuvait du mois de mai à octobre. Aujourd’hui les pluies commencent en juillet et se terminent passablement en fin septembre. En tout cas une traversée difficile commence pour les populations. Les uns (les grands pollueurs de la planète)  réchauffent la planète et d’autres subissent les conséquences. Faut-il s’étonner dans ces conditions que des populations (jeunes) en désespoir de causse décident d’affronter la mort pour rallier la méditerranée ou les groupes extrémistes? Ils le feront tant que les décideurs, ceux qui tiennent la destinée des nations continueront à vivre dans les illusions des ballets diplomatiques des cop 20-21-22……..sans agir.     

Certes le séminaire prépare des futurs prêtres, mais c’est avant tout  des hommes de  valeur bien formés pour la société. Après la licence bon nombre se réoriente dans la vie civile et constituent l’élite du pays. Ce sont ces derniers qui occupent les ministères et défendent vaillamment les causes nobles telles l’émancipation des  femmes, la scolarisation des enfants, l’autonomie financière des pays pauvres. Grâce à eux les valeurs occidentales telles la liberté, le respect de la vie, la probité, se propagent à travers les réseaux sociaux et les opportunités de rencontres.  


N’hésitez pas à parrainer la formation d’un grand séminariste qui coûte 637 487  FCFA soit 973€ par année scolaires  (9 mois). C’est un investissement utile et durable au profit du bénéficiaire et de toute la société.

Merci de l’amitié. Hâte de vos  nouvelles.

Théophile

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Un Jésuite en terre d’Islam – Autobiographie (Compte-rendu)

Reille Jésuite en terre d'islam

Christian Reille

Un Jésuite en terre d’Islam – Autobiographie

Lessius 2017 – 230 pages – 22,50€

ISBN 978-2-87299-326-0

Nous sommes là devant un livre remarquable que toute personne, intéressée par l’Algérie ou le Maghreb, se doit de lire. Il s’agit d’une autobiographie ou témoignage de Christian Reille sur sa vie, déjà longue, au service des Algériens, musulmans pour la majorité.

Après une évocation de sa jeunesse et de ses racines, il nous parle de ses premières années chez les Jésuites et son souci d’une orientation vers le différent, vers les non-chrétiens avec lesquels il veut rechercher des relations conviviales. Pour lui, cette convivialité est une composante « intrinsèque » de sa relation à Dieu (p.40-45). Il arrivera à Constantine (Algérie) et commence son insertion comme professeur universitaire de physique. C’est ainsi qu’il peut mesurer les enjeux de la rencontre avec ce monde si différent. « On est à la fois sur le seuil et à l’intérieur ! » nous dit-il (p.60). Mais la convivialité est toujours là et « elle va déborder, bousculer les réticences religieuses » (p.147) Pour lui, « Cette transformation des différences culturelles ou religieuses en une vie conviviale enrichissante, était une des grandes œuvres à accomplir dans notre monde d’aujourd’hui. » (p.67)

Comment gérer ces différences religieuses ? Dans la rencontre avec les musulmans, il s’agissait d’abord de respecter « leur foi qui avait sa propre cohérence » (p.81). En plus, pour beaucoup d’entre eux, « Etre chrétien était étrange et incompréhensible » Néanmoins l’auteur prend soin de préciser : « Paradoxalement, j’ai ressenti une paix intérieure à vivre dans un contexte où se manifestait une telle incompréhension face à ma foi. »(p.142) Ensuite, par un approfondissement progressif, il va sentir qu’une grande richesse s’offre à l’Eglise, « celle de pouvoir contempler en dehors d’elle, sur ses frontières, un Christ qui prends corps comme la parole semée sur les routes de Galilée. » (p.151)

Puis viendra le jour, où Christian Reille devra laisser son poste d’enseignant pour devenir le responsable des jésuites en Algérie et au Maroc. Il laissera Constantine en 2002 pour se retrouver au centre de Ben Smen. C’était un centre spirituel, d’une certaine manière, dont l’objectif majeur n’était pas tant la propagation de la foi chrétienne mais plutôt la croissance humaine de l’individu (p.178). C’est aussi l’époque où l’auteur revient sur la gestion des différences religieuses. Il évoque alors, mais de manière trop brève, les sujets qui secouent la jeune Eglise de l’Algérie indépendante. Ainsi, il traite en seulement deux pages le sujet souvent épineux de « Prosélytisme ou écoute ? » (p.186-187). Comme toujours la conversion des musulmans n’est pas une de ses priorités mais il nous confie : « J’ai eu la grâce de connaître des Algériens et des Algériennes vivant leur foi chrétienne avec une paix intérieure et un grand respect de leur environnement. » (p.190)

En conclusion de sa longue expérience, Christian Reille affirme : « Je vois cette vie de Dieu en germe dans chaque homme que je rencontre » (p.207) Il y a pour lui une joie à reconnaître que Dieu est à l’œuvre. Mais il affirme également comme une profession de foi : « Le seul roc sur lequel je m’appuie, c’est bien le regard de Jésus qui habite les Evangiles et qui est toujours ouvert à ceux qui se trouvent sur son chemin » (p.214) La dimension missionnaire de son travail et de sa vie peut alors se résumer dans cette phrase : « Je me sens appelé à collaborer à la vie de Dieu qui se partage, à être un artisan de sa croissance dans le cœur de tous ceux qui consciemment ou non, accueillent la vie divine en eux. » (p.215)

Il ne faut donc pas chercher dans ce livre un traité exhaustif de la théologie missionnaire en pays musulman. L’auteur nous offre son témoignage d’une vie donnée à l’autre, au différent, à l’Algérien musulman. C’est un témoignage sur la force de l’amour et du respect de l’autre ; un amour qui devient chemin vers la rencontre de celui qui est tout Amour. Sachons recevoir et accepter ce témoignage.

Gilles Mathorel

Eloi Bamogo

Créhange ce 14 octobre 2017

 

Bien chers tous,

Pour ceux qui ne le savaient pas je suis en France depuis le 31 août, dans le diocèse de Metz où je suis envoyé par mon évêque en mission pastorale dans le cadre de la collaboration entre Eglises.

J’ai commencé par observer un petit temps de silence d’une part, pour me reposer un peu des fatigues des passations de services et des déménagements ; d’autre part pour me concentrer sur le lancement de ma nouvelle mission. Cette petite coupure avait pour but aussi de m’aider à couper avec ce que je faisais et d’aider ceux avec qui j’avais collaboré à se tourner rapidement vers ceux qui assument désormais les différentes charges que j’avais … Je crois que c’est chose désormais faite… 

Autrement tout se passe bien depuis mon arrivé en France.  J’ai d’abord passé 10 jours à Metz pour faire les formalités relatives à mon séjour et pour permettre aussi à la paroisse qui m’accueille d’apprêter mon logement. Ça y est ! j’y suis installé depuis samedi 9 septembre et le travail a commencé sans attendre. J’ai le statut de prêtre coopérateur et j’habite seul dans le presbytère de Créhange à 5 km de mon curé qui lui est à Faulquemont. Nous nous occupons à deux d’un ensemble de regroupements de paroisses soient au total 22 clochers. 

Nous sommes à 35 km de Metz dans une ancienne région minière devenue rurale. Les gens sont simples et accueillants… Nous allons de village en village pour dire la messe. En semaine chacun célèbre dans un des villages et le week-end chacun dit 3 messes (une samedi soir et 2 dimanche matin (9h30 et 11h00) mais chaque fois dans des villages différents.

Les laïcs s’occupent de l’aspect matériel et une grande partie de l’administration. Le travail est beaucoup plus relaxe qu’à Kaya mais pour ce premier mois, ça n’a pas été du repos à cause de l’installation et du lancement de l’année pastorale.  

Pour l’installation il me fallait équiper et meubler mon appartement (3 chambres, salon, cuisine, bureau). Du coup ça fait beaucoup d’appareils nouveaux et il faut lire les notices pour savoir comment les faire fonctionner : lave-linge, chaudière, cuisinière, micro-onde, cafetière… imprimante, scanner, Livebox ... Même pour les produits alimentaires, il faut lire les notices pour savoir comment les préparer ou comment les conserver...  En plus de cela, il faut faire le marché pour les condiments, faire sa cuisine, faire sa vaisselle, son ménage... Mine de rien ces petites choses qu’on n’est pas habitué à faire, même si elles ne fatiguent pas les méninges, nous prennent beaucoup de temps…

Je m’habitue tout doucement à cette nouvelle vie et me prépare pour affronter le froid qui s’installe à grands pas.  Cette région a la réputation d’avoir des Hivers particulièrement rude.

Je suis en mission pour 3 ans minimum et 6 ans maximum.

Bien à vous !

Eloi.

Abbé T. Eloi BAMOGO

Presbytère

6 rue de METZ

57690 CREHANGE / FRANCE

Tel : (0033) 7 85 52 32 99

       (0033) 3 87 94 37 85

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Sous-catégories

Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)