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Au Burkina Faso, dans les coulisses du départ de Sabre

L’évacuation des forces spéciales françaises de leur base de Kamboinsin, près de Ouagadougou, a été officiellement entérinée le 18 février. Mais plusieurs dizaines de militaires vont encore rester quelques semaines dans le pays.

Mis à jour le 21 février 2023 à 17:08
 
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Le 18 février, à Ouagadougou, lors de la cérémonie marquant la fin officielle des opérations de la task force Sabre. © The General Staff of the Armed Forces of Burkina Faso / AFP

 

La cérémonie se voulait très solennelle. Le 18 février, dans l’enceinte du camp militaire Bila-Zagré de Kamboinsin, dans les faubourgs nord-ouest de Ouagadougou, les militaires français et burkinabè ont descendu leurs drapeaux respectifs pour marquer la fin officielle des opérations de la task force Sabre, le détachement des forces spéciales françaises au Burkina Faso. Ils étaient dirigés par le chef de l’armée de terre burkinabè, le colonel Adam Néré, et le lieutenant-colonel français Louis Lecacheur, qui représentait le commandant de la force.

Discrète cérémonie de remise de médailles

Depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, début octobre 2022, le Burkina Faso a nettement pris ses distances avec la France et tend à se rapprocher de la Russie, à l’instar de la trajectoire prise par le Mali. Dans un courrier daté du 18 janvier, le gouvernement de transition burkinabè avait dénoncé l’accord relatif au statut des forces françaises dans le pays, leur laissant un mois pour quitter le pays. La cérémonie à Kamboinsin, le 18 février, ne signifie pas pour autant le départ des militaires français du Burkina Faso.

L’ÉLYSÉE SUIT TOUT ÇA DE TRÈS PRÈS

Selon nos informations, plusieurs dizaines d’entre eux – sur les quelque 300 qui étaient présents – vont encore rester quelques semaines sur place. Ils y demeureront pour démonter leurs dernières installations et superviser le départ de leurs containers de matériel, qui doivent rallier Abidjan sous peu. Le matériel sensible a, lui, déjà été évacué par avion vers la France. Ces opérations délicates, tant du point de vue militaire que politique, sont directement supervisées depuis Paris. « L’Élysée suit tout ça de très près », confie une source militaire française.

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Malgré les tensions perceptibles entres les autorités françaises et burkinabè, le départ de Sabre est, jusqu’à présent, mené en bonne collaboration entre les militaires des deux pays. Preuve de cette entente cordiale, une cérémonie de remise de médailles a été discrètement organisée le 13 février à l’état-major, à Ouagadougou. Quelques personnels du détachement Sabre y ont reçu, des mains de hauts gradés burkinabè, l’ordre de l’Étalon, la plus haute distinction destinée à récompenser des services éminents rendus à la nation.

Sanction de la CEDEAO contre Burkina-Guinée-Mali : « Il ne faut pas aller dans une logique de défiance », conseille Oumarou Paul Koalaga

Accueil > Actualités > Diplomatie - Coopération • • lundi 20 février 2023 à 22h28min 
 
Sanction de la CEDEAO contre Burkina-Guinée-Mali : « Il ne faut pas aller dans une logique de défiance », conseille Oumarou Paul Koalaga

 

Au cours de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) tenue le samedi 18 février 2023, à Addis-Abeba, l’organisation a pris de nouvelles mesures contre le Burkina Faso, la Guinée et le Mali. Il s’agit de l’interdiction de voyager faite aux membres du gouvernement et autres hauts fonctionnaires des trois pays. Le diplomate de formation et spécialiste des relations internationales, Oumarou Paul Koalaga, a répondu à nos questions par rapport à ces sanctions. Il est par ailleurs le directeur exécutif de l’Institut de stratégie et de relations internationales (ISRI).

Lefaso.net : Fallait-il s’attendre à des telles sanctions ? Le mini-sommet des trois ministres des affaires étrangères à Ouagadougou a-t-elle conduit la CEDEAO à durcir ces sanctions ?

Oumarou Paul Koalaga : En termes de sanctions, il faut préciser qu’il y a deux types. Premièrement, il y avait les sanctions qui étaient en vigueur. Ce sont notamment les sanctions politiques qui étaient la suspension de ces Etats des instances politiques. Elles ont été maintenues alors qu’on a vu les trois ministres des affaires étrangères dans une démarche de plaidoyer pour que ces sanctions soient levées afin que ces Etats participent aux instances politiques, quand bien même les textes prévoient que lorsqu’une situation de coup d’Etat intervient, de façon principielle, il y a automatiquement des sanctions politiques qui sont enclenchées. Donc cela est en cohérence avec les textes auxquels ces pays font partie souverainement.

Ce qui est un peu surprenant pour l’opinion, c’est surtout la démarche du plaidoyer. Sinon les sanctions, au regard des différents discours qui ont été tenus quelques temps avant et les actions ou les actes qui ont été posés çà et là, notamment dans les déclarations d’un certain nombre de dirigeants politiques, je pense notamment au Premier ministre du Burkina, qui à l’occasion de rencontres avec un certain nombre d’acteurs notamment la CENI [Commission électorale nationale indépendante], qui a laissé transparaître dans ses propos une volonté très claire de respecter le calendrier.

Donc on peut être surpris si on regarde en arrière la démarche des acteurs de la CEDEAO qui étaient venus avec le président de la commission, qui avait promis de revoir la situation du Burkina et d’aider les autres Etats à sortir de cette situation. Mais si on met l’un à côté de l’autre, il fallait plus ou moins s’attendre à ces sanctions.
Le deuxième type de sanctions, ce sont les interdictions de voyage ciblant les autorités de la transition, notamment le gouvernement.

Ce sont des options qui sont souvent sur la table parce qu’au niveau de la CEDEAO, même dans les autres organisations, il y a une série de sanctions qui se font de façon graduelle lorsqu’on ne sent pas une volonté des autorités de la transition d’aller vers la fin du processus. Donc je crois que ces sanctions sont là pour mettre la pression sur les autorités pour qu’elles comprennent qu’il n’y a pas à faire du dilatoire et les engagements qui ont été pris avec la CEDEAO doivent être respectés. Tous les discours, tout ce qu’il y a comme acte doivent aller dans ce sens.

Les trois doivent revoir leurs ambitions affichées clairement à Ouagadougou ou continuer avec les projets annoncés ?

 

Les ambitions affichées par les trois Etats entrent dans le cadre d’une stratégie de coopération interétatique dans le sens de développer ou de renforcer les axes entre ces trois Etats. L’objectif par exemple de construire un chemin de fer, d’exploiter un certain nombre de ressources ensemble dans un cadre, ne devrait pas poser de problème tant que cela entre dans le cadre des prérogatives des Etats souverains et le cadre envisagé est un cadre qui permet de pouvoir coopérer sur certain nombre d’aspects.

On peut penser par exemple à une sorte de traité d’amitié comme ce qu’on a vu avec la Côte d’Ivoire. Si c’est dans cette perspective, je ne vois pas de problème. Il faut bien définir les cadres et pouvoir travailler dessus et impliquer les acteurs pour que cela voit le jour. Je crois que c’est ce qui se faisait avec le G5 Sahel, qui aujourd’hui, est dans une situation de léthargie.

Sinon cela ne devrait pas gêner la CEDEAO dans ses missions et dans son mandat en tant qu’organisation d’intégration économique mais aussi soucieuse des pratiques de la bonne gouvernance.
Je crois qu’en termes de prospective, en termes de stratégie, en allant à trois en annonçant ces grands chantiers, ça participait à mettre la pression sur la CEDEAO mais malheureusement, pour le moment, il n’y a pas les résultats escomptés. Jusqu’à présent, il n’y a pas de motivation pour expliquer pourquoi on a reconduit les sanctions. Et mieux, pourquoi on a ajouté les sanctions d’interdiction de voyage.

Quelles peuvent être les conséquences de ces sanctions pour les trois pays concernés et surtout le cas du Burkina Faso ?

Le fait de ne pas vous acquitter des sanctions politiques vous exclut des instances politiques donc du coup, vous ne pouvez pas participer à un certain nombre de décisions qui peuvent vous concerner. Quand je prends le Mali et le Burkina actuellement, il y a un certain nombre de décisions par rapport aux réformes qui vont être entreprises pour pouvoir apporter des réponses par rapport à la l’insécurité dans cette région. Ensuite, il y a la question liée à l’action humanitaire. Des réformes sont envisagées pour donner à la CEDEAO beaucoup plus de capacités à agir sur certains leviers pour lui permettre d’avoir des moyens d’action.

Ça, c’est un tournant assez important parce que ne pas participer aux instances politiques, à mon sens, c’est rater un tournant décisif dans la vie de cette organisation. Même si vous retournez, les décisions qui ont été prises vous seront appliquées. C’est un moment historique et je pense que c’est ce qui fait que les trois Etats s’étaient engagés dans le plaidoyer.
Au niveau des sanctions actuellement, il n’y a pas de sanctions économiques qui sont imposées à ces trois Etats.

C’est vrai que le Mali l’a expérimenté mais la Guinée et le Burkina ne se sont pas encore vus appliquer ces sanctions économiques. On souhaite qu’on n’en arrive pas à cela parce qu’après, cela va porter préjudice aux Etats dans les rapports à l’interne et à l’externe avec les autres partenaires. On sait que ces sanctions économiques, quoique l’on dise, ont toujours des effets sur les Etats avec leurs partenaires. Pour le moment, nous sommes encore sur des sanctions ciblées sur les personnalités ou des autorités qui dirigent les pays.

Que doivent faire ces pays afin de parler le même langage avec la CEDEAO ?

Je crois que ces Etats ont essayé de se rencontrer pour avoir un seul langage et faire un plaidoyer afin de faire lever les sanctions, d’aller en rangs serrés afin de mettre la pression sur la CEDEAO. Pour le moment, ça n’a pas marché. Il faut peut-être davantage réviser les stratégies et voir de façon très froide, avec un peu de recul, qu’est-ce qu’on met en retour de façon très réaliste en tenant compte des engagements pris avec la CEDEAO individuellement avec chaque Etat.

A mon sens, ils devraient aussi engager des échanges avec l’organisation. Et après sur certaines questions, ces Etats peuvent se réunir. Mais il ne faut pas aller dans une logique de défiance parce que depuis un certain temps, la CEDEAO joue sa légitimité vis-à-vis de la population donc elle n’est pas dans une logique de se laisser dicter un certain nombre de choses. Je pense qu’il faut faire un peu plus de diplomatie, négocier et surtout éviter un bras de fer avec la CEDEAO parce qu’il n’y a pas que la CEDEAO.

 

Il y a également l’Union africaine et les nations unies qui, évidemment dans cette situation elles laissent la main au niveau opérationnel, puisque c’est la région de l’Afrique de l’Ouest, à la CEDEAO de prendre des décisions et ces décisions seront endossées par l’Union africaine et par les nations unies et bien sûr par les autres partenaires du Burkina, du Mali et de la Guinée.

Lire aussi Suspension du Burkina de la CEDEAO : « La junte doit négocier afin d’éviter des sanctions plus lourdes », estime Oumarou Paul Koalaga

Propos recueillis par Cryspin Laoundiki
Lefaso.net

 

La Côte d'Ivoire annonce la réouverture de ses frontières terrestres

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La réouverture des frontières terrestres entre en vigueur ce jeudi matin. Elles étaient fermées depuis le 22 mars 2020 pour lutter contre la propagation du Covid-19.

 

Avec notre correspondante à Abidjan, Bineta Diagne

La fermeture des frontières terrestres en vigueur depuis bientôt trois ans est désormais levée, en raison de « l’évolution sanitaire et économique favorable », indique le Conseil des ministres. Le mois dernier déjà, le Conseil national de sécurité avait annoncé une levée progressive de ces mesures de prévention. 

Cette décision vise à mettre fin aux voies de passage clandestin et réorienter les voyageurs vers les passages officiels. Car jusque-là, les gens empruntaient des pistes non surveillées, selon plusieurs habitants de Ouangolodougou, ville proche de la frontière avec le Burkina Faso. « Cela devrait permettre une redirection de ces flux de personnes vers les passages officiels de traversée, afin d’assurer un meilleur contrôle des flux migratoires », explique Amadou Coulibaly, le ministre porte-parole du gouvernement. Le dernier Conseil national de sécurité a noté un « afflux récent » de 8 700 réfugiés burkinabè fuyant les violences dans leur pays. Les autorités ivoiriennes veulent les identifier et aménager des sites d’accueil.

La réouverture des frontières terrestres est aussi un soulagement pour les transporteurs dont les activités s’étaient drastiquement réduites ces dernières années. L’Ucrao, l’Union des chauffeurs routiers d’Afrique de l’Ouest (Ucrao) mise ainsi sur une reprise progressive du trafic routier pour près de 300 compagnies de transport. « Il faut reconstituer la main d’œuvre dans les gares routières, car les conducteurs s’étaient retrouvés au chômage », explique Daouda Bamba, le secrétaire général de cette organisation. Ce responsable table sur une reprise du travail en douceur des conducteurs et des assesseurs des gares, soit près de 24 000 personnes.

Côte d’Ivoire, Burkina, Mali… Sombre année pour le coton ouest-africain

La production d’or blanc est en recul dans la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest en raison de l’invasion d’un nouveau parasite. Des mesures de soutien aux cotonculteurs ont été annoncées.

Mis à jour le 14 février 2023 à 16:43
 

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Fibres de coton après la première filature à l’usine de la Compagnie malienne des textiles (COMATEX) à Ségou, le 12 décembre 2018. © MICHELE CATTANI/AFP

 

C’est un coup dur pour la filière cotonnière ouest-africaine. Solide contributrice au produit intérieur brut (PIB) à hauteur de 3 à 15 % selon les pays, la production d’or blanc marque le pas en cette campagne 2022-2023. Elle est en recul de 20 % en moyenne dans les sept principaux pays producteurs de la zone, selon les derniers chiffres publiés en février par le département américain de l’Agriculture (USDA).

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La Côte d’Ivoire est la plus touchée avec une production en recul de 47 % à 269 000 tonnes pour 2022-2023 contre 522 000 tonnes lors de la campagne précédente (2021-2022). Viennent ensuite le Mali et le Sénégal, qui accusent chacun une baisse de 30 % de la production, puis le Tchad, dont la récolte est en repli de 18 % (à environ 130 000 tonnes).

Les autres pays limitent la casse avec des diminutions de 8 % au Bénin, de 6 % au Burkina Faso et de 5 % au Togo. Alors que le Nigeria doit maintenir un niveau de récolte identique à celui de la campagne passée, seul le Cameroun, autre producteur africain important, enregistre une hausse de sa récolte bien que modeste (+ 1 %), toujours selon les données de l’USDA.

Le Bénin toujours numéro un

Dans cette configuration, le Bénin confirme sa place de premier producteur de coton du continent, avec quelque 700 000 tonnes de coton graines, suivi du Burkina Faso, avec environ 482 000 tonnes, puis du Cameroun (350 000 tonnes). Le Mali, en compétition ces dernières années avec le Bénin et le Burkina Faso pour la place de numéro un, voit ses ambitions douchées sur fond de bataille de chiffres, qui laisse planer une incertitude sur sa position dans le classement.

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Si la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT), acteur public clé du secteur dirigé depuis fin 2020 par l’ancien ministre de l’Agriculture Nango Dembélé, a annoncé une prévision de production à 526 000 tonnes – ce qui placerait le pays en deuxième position continentale, les cotonculteurs locaux et d’autres connaisseurs de la filière tablent plutôt sur une récolte autour de 350 000 à 400 000 tonnes, une prévision synonyme de troisième, voire quatrième, place africaine, au coude-à-coude avec le Cameroun.

Invasion

Cette mauvaise année au niveau régional, qui contrarie la tendance à la hausse de la production ouest-africaine depuis les années 2000, s’explique par l’invasion d’une nouvelle espèce de jasside – insecte piqueur suceur qui s’attaque à la plante une fois développée – à savoir la Amrasca biguttula, surnommée la « jasside du coton indien ».

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Cette espèce est plus mobile que celles rencontrées par le passé, ce qui explique l’importance des dégâts actuels. Arrivée d’Inde et identifiée sur le continent il y a quelques années, notamment à Madagascar en 2019, elle était latente en Afrique de l’Ouest jusqu’à l’invasion massive constatée durant cette campagne.

Si les filières ont été prises de court, elles ont aussi pâti du fait que les traitements habituellement appliqués sont peu ou pas efficaces sur cette nouvelle espèce. Une difficulté conjoncturelle qui s’ajoute aux défis plus structurels auxquels est confrontée la filière en raison notamment de l’impact du changement climatique qui réduit la fréquence des pluies ou modifie leur saisonnalité.

Mesures de soutien

Face à cette crise, les autorités des différents pays ont réagi. Au Burkina Faso, un décret a été adopté le 8 février en conseil des ministres, dirigé par le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, déclarant l’espèce de jasside « fléau agricole » et autorisant « l’importation et l’utilisation de pesticides non homologués pour lutter contre ce ravageur ». Selon nos informations, d’autres pays, dont la Côte d’Ivoire et le Bénin, réfléchissent aussi à mettre en place des dérogations pour la prochaine campagne afin de permettre l’usage de produits phytosanitaires non autorisés pour l’heure en Afrique mais actifs contre la « jasside du coton indien ».

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En Côte d’Ivoire, l’exécutif a annoncé début février le déblocage d’une subvention de 34 milliards de francs CFA aux cultivateurs pour compenser les pertes de revenus attendues au terme de la campagne actuelle.

Au Sénégal, où la production est estimée entre 15 000 et 17 000 tonnes contre un objectif de 30 000, le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Sécurité alimentaire, Aly Ngouille Ndiaye, a promis fin janvier un appui de l’État pour aider les paysans à rembourser leurs crédits. Dans la majorité des pays, les cotonculteurs bénéficient de prêts en début de saison pour acheter semences et intrants, ce qui leur permet de lancer la culture. Ils remboursent ces prêts en fin de campagne après avoir vendu leur récolte.

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Au Mali, où le secteur du coton représente 15 % du PIB, les difficultés liées à la chute de la production viennent s’ajouter à des tensions au sein de la filière entre la CMDT et les cotonculteurs après l’interruption en fin d’année dernière du processus d’élection des représentants de l’organisation de producteurs du secteur, la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton (C-SCPC). Les cultivateurs accusent la direction de la CMDT, et en particulier son patron Baba Berthé, de vouloir politiser la confédération, ce que nie la direction de la CMDT.

Au Burkina Faso, des attaques jihadistes sans répit

Le pays a été la cible de plusieurs attaques meurtrières ces dernières semaines. Leur bilan total pour le seul mois de février dépasse les 90 morts.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 13 février 2023 à 10:13

 

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Des soldats burkinabè déployés à Ouagadougou. © Olympia DE MAISMONT / AFP.

 

 

Nouvel épisode sanglant au Burkina Faso. Une quarantaine de personnes ont été tuées dans des attaques visant civils et militaires attribuées à des jihadistes. Depuis le début de l’année, plus de 150 personnes sont mortes dans ces raids, essentiellement perpétrés dans la moitié nord du pays.

La dernière en date a visé, dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 février, le village de Sanakadougou, situé dans la commune de Kombori (nord-ouest), tout près de la frontière malienne.

Selon des habitants, douze à treize civils ont été tués par des hommes armés arrivés à moto dans le village. Le bilan pourrait s’alourdir après l’attaque « par des groupes armés » d’une autre localité voisine, Yaran, dans la matinée du dimanche 12 février, d’après l’un des témoins.

« Presque tout le village [de Sanakadougou] a été incendié. Les greniers et les habitations ont été incendiés », a-t-il expliqué, affirmant que « les populations ont commencé a quitté la zone depuis vendredi ». Les habitants « n’ont rien pu emporter, car les assaillants ont tout incendié ou pillé et emporté les rares biens et le bétail des villageois », a poursuivi ce témoin qui dit avoir trouvé refuge à Nouna, chef-lieu de la province de la Kossi, où se trouve le village attaqué.

Raids à répétitions

Les attaques meurtrières attribuées à des jihadistes se multiplient ces dernières semaines au Burkina Faso. Le 8 février, quinze personnes – huit Volontaires pour la défense de la Patrie (VDP, supplétifs civils de l’armée) et sept gendarmes – ont été tuées lors d’une attaque dans la région du Centre-nord, selon des sources sécuritaires. Le même jour, huit personnes, dont deux employés burkinabè de Médecins sans frontières (MSF), ont trouvé la mort dans les régions du Nord-ouest et du Centre-est, dans deux attaques distinctes.

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En début de semaine, le 6 février, six civils avaient péri dans un raid mené dans la région du Centre-ouest. La semaine dernière, ce sont une cinquantaine de personnes qui avaient été tués, dont 31 dans une commune du nord du pays. En janvier déjà, sur la seule journée du 19, une trentaine de personnes avaient été tuées dans plusieurs régions du nord et du nord-ouest, lors de quatre attaques distinctes.

Recrutement de milliers de volontaires

Face à cette violence, la junte dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis la fin de septembre après le deuxième coup d’État militaire en huit mois, revendique sa volonté de retrouver sa « souveraineté ». Elle a demandé aux forces spéciales françaises de l’opération Sabre, basées à Ouagadougou, de quitter le pays d’ici à la fin de février. Précédemment, une vaste opération de recrutement de dizaines de milliers de VDP a été lancée pour défendre le territoire. Quelque 90 000 étaient engagés à la fin de novembre dans la lutte contre le jihadisme.

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Dans la sous-région, le Mali et le Niger voisins sont également frappés. Le 10 février, au moins dix soldats sont morts lors d’une embuscade dans l’ouest nigérien, à la frontière avec le Mali. C’est de ce dernier que s’est notamment rapproché le Burkina Faso, soucieux de diversifier ses partenariats dans la lutte antijihadiste. Pour l’heure, le capitaine Traoré semble résister aux demandes pressantes de son allié malien, le colonel Assimi Goïta, de se tourner vers Moscou et de s’appuyer sur les mercenaires de Wagner.

(avec AFP)