Cette conversation a eu lieu deux jours après le déplacement à Bamako d’une délégation ivoirienne conduite par le ministre de la Défense – et frère du président -, Téné Birahima Ouattara, laquelle était composée notamment de plusieurs membres du Conseil national de sécurité (CNS) ivoirien.
Rétablissement de relations diplomatiques « normales »
Au terme de cette visite décisive dans la résolution de l’affaire des 46 soldats ivoiriens incarcérés pendant six mois au Mali, Abidjan et Bamako avaient signé un mémorandum d’accord. Quelques jours plus tard s’ouvrait dans la capitale malienne le procès de ces militaires présentés par Abidjan comme étant en mission dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Mission des Nations unies au Mali (Minusma), mais considérés par les Maliens comme étant des mercenaires.
Préalablement à cet hypothétique déplacement du président de la transition malienne en Côte d’Ivoire, une délégation ivoirienne pourrait se rendre à Bamako dans le cadre d’une commission mixte Côte d’Ivoire-Mali afin de redéfinir des accords de coopération liant les deux pays et d’en signer de nouveaux. Pour l’heure, le ministère ivoirien des Affaires étrangères n’a pas été formellement sollicité pour un tel événement. Abidjan n’en espère pas moins renouer des relations diplomatiques « normales » avec Bamako, lesquelles ont été fortement détériorées par ce long feuilleton politico-diplomatique.
Grâce présidentielle
Après deux jours d’audiences devant la Cour d’assises de Bamako, les militaires avaient été condamnés à 20 ans de prison et à une amende de deux millions de F CFA chacun. Ils avaient été reconnus coupables, entre autres, d’« attentat et complot contre le gouvernement et atteinte à la sûreté extérieure de l’État ». La sentence avait été encore plus lourde pour les trois femmes militaires, précédemment libérées en septembre dernier, qui ont été condamnées par contumace à la peine de mort et à une amende de 10 millions de F CFA chacune.
Le 6 janvier, le chef de la junte malienne a finalement accordé une grâce « avec remise de peine totale » à ces soldats, de retour dès le lendemain en Côte d’Ivoire. Une mesure qui « symbolise le souci d’Assimi Goïta de promouvoir la bonne gouvernance », d’après un communiqué du gouvernement.
Décompression à Assinie
Les soldats, accueillis comme des héros à leur arrivée à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, dans la soirée du 7 janvier, se trouvent actuellement à Assinie, une station balnéaire huppée à une centaine de kilomètres à l’est d’Abidjan, « où ils sont pris en charge par [des] spécialistes en réarmement moral de l’armée de Côte d’Ivoire », a indiqué Téné Birahima Ouattara sur les réseaux sociaux.
Ce dernier, qui a rendu visite aux soldats, ce 10 janvier, et s’est dit « heureux de les voir en pleine forme », était porteur d’un message du président Ouattara leur réitérant « la fierté de toute la nation ivoirienne ». Le ministre de la Défense était accompagné du chef d’état major des armées, le général Lassina Doumbia.