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Programme d’appui au développement des économies locales : Le directeur général visite les stands d’exposition des artisans au SIAO

Accueil > Actualités > Culture • Lefaso.net • vendredi 3 février 2023 à 22h00min 
 
Programme d’appui au développement des économies locales : Le directeur général visite les stands d’exposition des artisans au SIAO

 

Le Programme d’appui au développement des économies locales, dans sa mission d’œuvrer au bien-être des populations, a effectué une visite sur le site du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou ce vendredi 03 février 2023, où exposent des artisans ayant bénéficié de son soutien. L’objectif était de s’enquérir de leurs conditions d’installation ainsi que de l’état d’avancement de leur commerce au niveau de la biennale.

Le PADEL est un programme du gouvernement dont l’objectif premier est de veiller à l’amélioration des conditions de vie
des couches vulnérables de la société.

Ainsi, offre t’elle des séries de formations aux populations dans les filières porteuses
telles que la transformation des unités de production informelle.
A cet effet, des artisans ayant bénéficié de l’accompagnement du PADEL
ont présenté leurs produits aux acheteurs à l’occasion de la 16e édition du SIAO.
Dans la soirée du vendredi 03 février, le directeur général du PADEL Charles Dalla,
accompagné du premier vice-président de la délégation régionale du Centre,
Djibril Bamogo, ont visité les stands de ces artisans.

 



Le soutien du PADEL dans le cadre de l’artisanat se manifeste aussi à travers la construction
d’infrastructures pour soutenir l’économie locale, la participation des artisans aux évènements commerciaux, etc.

Dans l’ensemble, ces derniers disent vendre aisément leurs produits.
« Nous avons participé à des formations organisées par le PADEL.
Bien avant cela, il y avait des couleurs qui dégorgeaient notamment le bleu et le noir.

Mais après, toutes les tisseuses de la région du Centre ayant bénéficié de ce soutien
sont devenues très aguerris en la matière.
Certaines sont même devenues des formatrices dans d’autres régions.

Nous avons pu présenter nos produits à plusieurs évènements.

 

 

Une vue des pagnes vendus par les artisans soutenus par le PADEL :

Nos pagnes se vendent bien et sont fortement appréciés » a confié Adama Traoré, président de la grappe textile et habillement.
Cas similaire pour le stand de Franck Kéré, qui évolue dans la grappe agro-alimentaire.
« Ici nous vendons les grumeaux de petit mil, du couscous assaisonné, simple, les anacardes, les noix d’acajou,
des biscuits à base de maïs, de petit mil, de sorgho rouge et blanc, de riz, de fonio, des chips à base de patate douce, etc.
Pour le moment on arrive à vendre et les gens achètent. En tout cas on ne se plaint pas » a-t-il lâché.

 


Une vue des biscuits à base de céréales vendus par Frank Kéré

Du coté des initiateurs du projet, on note un satisfecit général, preuve que les investissements qui ont été faits ont porté fruits.
« En échangeant avec les artisans, on voit bien qu’il y a eu des achats, il y a eu aussi des contacts qui ont été échangés.
Cela voudrait dire qu’après le SIAO, les gens continueront à vendre à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Nous sommes satisfaits » dit-il.


« Le partenariat entre la délégation spéciale et le PADEL est un partenariat fructueux » Djibril Bamogo

Même son de cloche pour Djibril Bamogo, qui apprécie que les potentialités de la région aient été mises en valeur. Son message à l’endroit du PADEL sera que les initiatives de ce genre soient multipliées car dit-il : « cela contribue au rayonnement de notre culture. »

Erwan Compaoré
Lefaso.net

Le Burkina Faso et le Mali bientôt unis dans une fédération ?

Les marques réciproques d’affection idéologique n’ont pas manqué lors du séjour d’Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla au pays de son homologue malien Choguel Kokalla Maïga. Reste à savoir jusqu’où ce rapprochement entre Ouagadougou et Bamako pourrait aller.

Mis à jour le 2 février 2023 à 12:51
 
 
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Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabe>

 
 
 
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Le Premier ministre burkinabè a évoqué, lors de sa visite à Bamako, la création d’une « fédération » entre son pays et le Mali. © Damien Glez

 

Monsieur Ibrahim Cissé, un Malien, a fait le trajet à pied, de Bamako jusqu’à Ouagadougou, pour venir nous présenter les drapeaux malien et burkinabè et nous appeler à la fédération. Nous n’allons pas laisserson acte sans suite. » Ainsi parlait Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla dès son arrivée à l’aéroport international Modibo-Keïta, évoquant des échanges imminents avec son homologue Choguel Kokalla Maïga et le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop, « des panafricanistes convaincus ».

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Bien estompé est le souvenir de la Guerre de Noël, ce conflit de la bande d’Agacher qui opposa le Mali et le Burkina Faso, en décembre 1985, autour d’une langue de terre, dans l’extrême Nord-Ouest du territoire burkinabè.

Fédéralisme et souverainisme

Nul doute que les autorités actuelles du Burkina Faso se sentent en phase avec le Mali d’aujourd’hui. En novembre, l’homme fort du Burkina, le capitaine Ibrahim Traoré, avait réservé sa première visite à l’étranger au pays du lieutenant-colonel Assimi Goïta. Et c’est déjà par les contrées de Modibo Keïta qu’Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla se serait rendu en Russie, au début du mois de décembre. « J’ai quitté chez moi, je suis venu chez moi… », a déclaré, à Bamako le 31 janvier dernier, le chef du gouvernement burkinabè.

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Si les ressemblances entre les deux juntes ne manquent pas, de leur style vestimentaire « masqué » à leurs tentations « poutinistes », est-il envisageable que les deux pays plongent dans le grand bain de la fédération ? Chaque constitutionaliste mettra dans la coquille fédérale le contenu qu’il souhaite y voir, même si le terme évoque formellement un « groupement », une « union de plusieurs États en un État fédéral ». Une structuration étatique qui suppose peu ou prou des concessions de souveraineté, au moment même où le « souverainisme » constitue la charpente des discours politiques des deux pays…

Certes, l’apparent repli sur soi qui consiste à indiquer la porte aux militaires français ou à glorifier les solutions sécuritaires endogènes est frotté, au Mali comme au Faso, de panafricanisme. Le casse-tête idéologique actuel des régimes africains issus de coups d’État ne consiste-t-il pas à tisser le nationalisme – « de droite » – et l’internationalisme – « de gauche » ?

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Désormais politicien aguerri, Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla a peut-être simplement cédé à un bon mot et à un message ciblé. Un bon mot de fiançailles fantasmées entre l’hôte et l’invité ; un message subliminal adressé à d’autres regroupements sous-régionaux non-fédéraux comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) : « oui » à l’intégration, « non » à celle qui boude les putschistes. La dernière fois que le Premier ministre burkinabè avait semblé annoncer une nouvelle depuis l’étranger, c’était à la Conférence internationale sur l’initiative d’Accra. Il avait été rapidement recadré…

Le prytanée militaire de Saint-Louis du Sénégal, la fabrique des élites

L’école militaire sénégalaise, qui fête en février ses 100 ans, forme des élèves triés sur le volet appelés à exercer les plus hautes fonctions civiles et militaires. Reportage.

Par  - à Saint-Louis
Mis à jour le 30 janvier 2023 à 11:08

 
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Défilé des élèves du prytanée militaire de Saint-Louis, le 9 janvier 2023. © Annika Hammerschlag pour JA

 

Il n’est pas encore 8 heures, ce lundi, et le jour se lève à peine sur la cour principale du prytanée. Réunis autour du colonel Mamour Sarr, le commandant de l’école, une quarantaine d’hommes en tenue font leur premier « point de situation » de l’année 2023. Les militaires, chargés d’encadrer les 483 élèves, évoquent les examens qui se tiendront bientôt. En ce matin de janvier, la brise est fraîche à Bango, le village de la commune de Saint-Louis où se situe l’établissement. Certains encadrants frissonnent sous leur treillis.

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Derrière eux, les élèves attendent le coup d’envoi de la « cérémonie des couleurs ». « C’est une nouvelle année qui débute, il faut bien la commencer, lance le colonel Sarr. Il y a toujours des gens qui traînent, c’est le moment de se réveiller ! » Puis, comme chaque lundi, tout le monde entame la semaine en entonnant l’hymne national. Ce 9 janvier, le drapeau vert-jaune-rouge ne sera pas hissé comme à l’accoutumée : après l’accident de la route qui, la nuit précédente, a coûté la vie à 41 personnes à Sikilo, dans le département de Kaffrine, le Sénégal est en deuil.

Fierté de l’uniforme

Pas question, cependant, d’annuler le défilé. Les rangs se forment. Menés par la « clique », la fanfare de l’école, les premiers à s’élancer sont les élèves de sixième. Hauts comme trois pommes, ils marchent avec entrain, visiblement ravis de porter l’uniforme et de marquer la cadence. Ils lèvent les bras et froncent les sourcils d’un air appliqué en passant devant le panneau où est inscrite la devise de l’école : « Savoir pour mieux servir. »

Tous ou presque ont rêvé de cet habit qu’ils portent désormais fièrement et attendent avec impatience le défilé du 4 avril, qui marque la fête nationale et auquel les enfants de troupe participent depuis l’indépendance – une décision de l’ancien président du Conseil, Mamadou Dia, qui fut enseignant au sein de l’établissement.

À LIRESénégal : la part d’ombre de Senghor

Les « chefs de classe », ces gradés chargés de veiller sur les plus jeunes, prodiguent à voix basse leurs instructions : « Rattrapez un peu les autres ! C’est trois pas, pas cinq ! », gronde l’un d’eux. Le défilé terminé, les uns et les autres s’empressent d’aller se changer pour rejoindre leur salle de cours. Ces enfants de troupe aux uniformes bien repassés, en plus de recevoir un enseignement militaire, sont avant tout des élèves studieux, promis à un grand avenir.

Établissement d’excellence dans le paysage éducatif sénégalais, le prytanée de Saint-Louis forme chaque année 50 jeunes hommes, choisis parmi plusieurs milliers de candidats à l’issue d’un concours très sélectif. Les élèves s’engagent à suivre pendant sept ans, de la sixième à la terminale, le programme éducatif national auquel vient s’ajouter une instruction militaire. Environ 20% d’entre eux décideront de rester dans l’armée une fois leur baccalauréat en poche.

Tous les matins, le décrassage

Civil ou militaire, peu importe : le jeune El Hadj Rawane Seck, 18 ans, est convaincu qu’il sera médecin. Major de sa promotion, l’élève loue la « rigueur et l’excellence » de l’école qu’il quittera à la fin de l’année, sous l’œil attentif du colonel Sarr. Il défend même le fastidieux « décrassage » quotidien, honni par l’ensemble des élèves : trente minutes d’échauffement musculaire, après un réveil à 5h30. « Un mal pour un bien », sourit-il.

« Bien sûr, ils râlent face aux contraintes, pensent parfois que l’on s’acharne contre eux. Mais, avec le recul, ils finissent par comprendre que nous les préparons à la vie qui les attend », insiste le lieutenant Issa Diouf, commandant de la deuxième brigade, qui, au prytanée, correspond aux classes de lycée. « Quand ils sortent de l’école, ce sont avant tout de bons citoyens », renchérit Mamadou Ba, le directeur des études.

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Levés à l’aube, constamment surveillés, soumis à un rythme soutenu, les enfants de troupe doivent s’adapter à la rigueur de la vie militaire. Privés de téléphone portable en semaine jusqu’en terminale – année durant laquelle l’appareil reste uniquement « toléré », précise le colonel Sarr –, les élèves ne peuvent sortir de l’école que les week-ends, et à certaines conditions. Chez les « grands » de la deuxième brigade, cette condition est fixée par le lieutenant Diouf : au moins 15 de moyenne générale. « J’ai mis la barre haut pour les pousser à dépasser leur limites. »

 

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Une classe au prytanée militaire de Saint-Louis, le 9 janvier 2023. © Annika Hammerschlag pour JA

 

La rigueur de l’instruction autant que l’excellence de l’enseignement prodigué font du prytanée un établissement d’exception. Les effectifs des classes y sont réduits (25 élèves en moyenne, un luxe au Sénégal) et les frais de scolarité sont intégralement pris en charge par le ministère des Armées. La rémunération des enseignants, eux aussi triés sur le volet, est assurée par l’Éducation nationale. Les élèves reçoivent même un pécule mensuel allant de 20 000 à 30 000 F CFA (30 à 45 euros), avec des primes pour les plus méritants, majors de leur promotion, membres du « gouvernement scolaire » ou de la « clique »… Une chance pour les plus brillants, qui bénéficient d’un enseignement de qualité quels que soient les revenus de leurs parents.

Ce qui fait la particularité de l’endroit, c’est aussi son absence totale de mixité parmi les élèves. Le prytanée est une école d’hommes, dirigée par des hommes, et pourrait le rester encore longtemps. Les femmes n’ont d’ailleurs été acceptées au sein de l’armée sénégalaise qu’en 2008.

Création coloniale

Beaucoup de choses ont néanmoins évolué au sein de l’établissement depuis sa création, en 1923, par l’administration coloniale française. Ce qui s’appelle alors l’École militaire préparatoire africaine (EMPA) de Dakar-Bango est le premier des quatre établissements du genre, conçus pour former les enfants de militaires (d’où le terme prytanée, qui restera) et en faire des sous-officiers au service des troupes coloniales. Après Saint-Louis, il y aura Bingerville (en Côte d’Ivoire), Ouagadougou (au Burkina Faso), Kati (au Mali) et Brazzaville (au Congo). Aujourd’hui encore, les 13 élèves qui manquent de justesse d’être reçus à Saint-Louis sont envoyés dans l’un des prytanées de la sous-région.

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De l’école de Bango, l’ancien ministre sénégalais Abdoulaye Bathily, membre de la promotion 1959, dira qu’elle était une sorte « d’Afrique en miniature ». « C’est à Bango que j’eus pour la première fois le sentiment de l’unité et de la diversité de l’Afrique », confie le diplomate dans ses Mémoires, parus en 2022. À l’époque où Abdoulaye Bathily intègre ce qui s’appelle encore l’EMPA, à la veille des indépendances, le commandant de l’école est un Français, le capitaine Arrighi, qui défend la position de Paris face à l’éveil nationaliste – ce qui lui vaudra d’être décrit comme un « colonialiste attardé » par certains élèves.

En 1966, accusé d’avoir mené avec d’autres camarades une grève pour demander l’amélioration de leurs conditions de vie, Abdoulaye Bathily est exclu pour « faute lourde ». « Malgré [cet épisode], la formation que j’ai reçue [à l’EMPA] sur le plan académique et sur le plan humain influence encore ma vie », confie celui qui est désormais émissaire de l’ONU en Libye. L’école sera plus tard rebaptisée Charles N’Tchoréré, du nom de ce capitaine d’origine gabonaise, premier commandant noir de l’établissement, que les nazis fusillèrent en 1940.

Des présidents, des ministres et même un Goncourt !

Les personnalités sorties de ce prestigieux établissement sont nombreuses. Au moins cinq président africains ont été formés entre ses murs – de Jean-Bedel Bokassa à Seyni Kountché, en passant par Ali Saïbou, Mathieu Kérékou et Lansana Conté –, ainsi qu’un nombre incalculable de ministres, de généraux… et même un prix Goncourt : l’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, qui a reçu le prestigieux prix littéraire français en novembre 2021. De quoi faire la fierté de ceux qui sont passés par le prytanée, qui n’a pas la réputation de son voisin malien de Kati, dont est issue une bonne partie de la junte aujourd’hui au pouvoir. « Ici, nous ne formons pas de putschistes ! », assure un gradé de l’école.

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Au sein de l’actuel gouvernement sénégalais, ils sont trois à l’avoir fréquenté : Mamadou Ba, le ministre du Budget, Alioune Ndoye, celui des Pêches et de l’Économie maritime, et le « patriarche » de l’équipe, Serigne Mbaye Thiam, le ministre de l’Eau. Ce dernier reçoit Jeune Afrique dans son bureau flambant neuf, dans la nouvelle cité ministérielle de Diamniadio, avec un sourire nostalgique. « Alors, vous avez visité le royaume de mon enfance ? » L’ancien enfant de troupe – promotion 1970 – évoque « des souvenirs ineffables ». Il n’a pas oublié son entrée au prytanée, son « premier choc » quand on lui a mis « la boule à zéro », la fierté d’avoir obtenu son diplôme de parachutiste à 18 ans – « celui dont je suis le plus fier », confie-t-il – ni le fait qu’il a passé sept jours « aux arrêts » dans le camp militaire El Hadj Oumar, sur l’île de Saint-Louis.

Seau d’eau glacée

Le colonel Sarr ne fait pas visiter aux journalistes les « locaux disciplinaires » – et pour cause : ils n’existent plus et ont été remplacés par des heures de colle –, mais plusieurs anciens élèves confient être passés par la « prison » de l’école, où l’on envoyait les turbulents. Indiscipline, insolence, mouvements d’humeur… Nombreuses étaient les raisons de punir ceux qui ne respectaient pas les règles. Gare à ceux qui tentaient de tromper la surveillance de leurs chefs de classe en installant des traversins sous leurs couvertures lorsqu’ils partaient faire la fête à Saint-Louis sans permission de sortie, ou à ceux qui plaçaient sur le rebord de la porte de leur chambre un seau d’eau glacée pour surprendre le militaire venu les réveiller pour le décrassage.

La discipline s’est toutefois beaucoup assouplie ces dernières années, assure le commandant de l’école, tout comme le confort des élèves : hébergement, alimentation, infrastructures sportives et éducatives. « Cela donne une meilleure image de l’armée, qui attire davantage d’élèves qu’auparavant », insiste le colonel Sarr.

« Depuis l’accession de Macky Sall à la présidence, l’armée est devenue très attrayante, et les conditions de vie des militaires se sont améliorées. La montée en puissance de notre armée se traduit également par une offre plus étendue en matière de formation », renchérit le général Mbaye Cissé. Cet ancien enfant de troupe – promotion 1977 – est, depuis novembre dernier, le chef d’état-major particulier du chef de l’État. « L’armée est toujours ravie d’accueillir des élèves du prytanée. Leur formation les prédispose au respect de la hiérarchie », ajoute-t-il.

À LIRESénégal : une armée pas comme les autres ?

Comme tous les enfants de troupe, le gradé évoque la solidarité sans faille qui lie les élèves du prytanée. « Nous avons tissé nos liens d’amitié dans les plis vierges de l’adolescence, sans savoir qui allait occuper telle ou telle fonction. C’est un peu fou que nous ayons réussi à les garder jusque-là. Je suis fier de voir mes camarades qui ont percé », glisse le général, qui se rend chaque année en « pèlerinage » au prytanée.

LE FILS DE L’AGRICULTEUR S’ASSOIT À CÔTÉ DU FILS DU MINISTRE. AUCUN PASSE-DROIT

Comme beaucoup d’anciens, le conseiller présidentiel se rendra à nouveau à Bango, le 10 février, où le centenaire de l’école sera célébré en grande pompe. Le chef de l’État lui-même sera de la partie. Le général Mbaye Cissé aurait sans doute apprécié de se rendre aux célébrations avec ses fils, qui ont tous tenté le concours mais ont échoué. « Le prytanée réunit les meilleurs des meilleurs de chaque génération. Le fils de l’agriculteur s’assoit à côté du fils du ministre, loue-t-il malgré tout. Pas de passe-droit. C’est l’école la plus transparente [du pays], de ce point de vue. » Une autre particularité, sans doute, de cet établissement d’exception.

« Une histoire du franc CFA », ce passé qui ne passe plus

Un nouveau documentaire consacré à la monnaie ouest-africaine en explore méthodiquement les ambiguïtés et chausse-trappes. Sans – trop – céder à la polémique.

 
Mis à jour le 27 janvier 2023 à 18:08
 
 
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Par Joël Té-Léssia Assoko

Joël Té-Léssia Assoko est journaliste spécialisé en économie et finance à Jeune Afrique

 

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Le documentaire de la cinéaste sénégalaise Katy Léna N’diaye « Une histoire du franc CFA, l’argent, la liberté » sera diffusé sur la chaîne française LCP le 4 février. © Adria Fruitos pour JA

« Qui a découvert l’eau ? » interroge une vieille devinette yiddish. « Je l’ignore, mais ce n’était certainement pas un poisson. » Katy Léna N’diaye est dans tout sauf un univers familier quand il s’agit du grand bain des controverses économiques africaines. Ce décalage est probablement pour beaucoup dans la distance critique que la cinéaste multiprimée* sénégalaise arrive à imposer tout le long de Une histoire du franc CFA, qui sera diffusé le 4 février sur la chaîne française Public sénat (à 21 heures à Paris, 20 heures GMT).

À LIREFranc CFA : au Sénat français, des interrogations sur la fin des « irritants »

Intercalées entre images d’archives et scènes de la vie urbaine en Afrique, les interviews réalisées dans un cadre sobre déploient de façon didactique et pointue les arguments quant aux faiblesses – le plus souvent – de cette monnaie. On retrouve les économistes Kako Nubukpo (Togo) et N’Dongo Samba Sylla (Sénégal), ainsi que le sociologue camerounais Martial Ze Belinga, l’universitaire et écrivain sénégalais Felwine Sarr. En contrepoids, la parole est donnée au financier et ex-Premier ministre béninois Lionel Zinsou.

Aspects troublants

Après avoir exploré l’art pictural domestique féminin au Burkina (Traces : empreintes de femmes, 2003), la vie quotidienne des femmes mauritaniennes (En attendant les hommes, 2007), mais aussi la chute de Blaise Compaoré (On a le temps pour nous, 2014), Katy Léna N’diaye se penche sur un sujet autrement plus complexe et controversé.

Dans son quatrième documentaire comme réalisatrice – elle a également produit en 2022 Le Fleuve n’est pas une frontière, réalisé par Alassane Diago sur l’accrochage meurtrier de 1989 à la frontière sénégalo-mauritanienne –, Katy Léna N’diaye explore l’histoire du franc CFA. Et ce, depuis l’abolition de l’esclavage jusqu’aux dernières décennies coloniales, des indépendances à la dévaluation de 1994, du rattachement à l’euro à l’annonce de la création de l’éco.

L’EXCÉDENT FRANÇAIS VIS-À-VIS DU SÉNÉGAL FRÔLE RÉGULIÈREMENT 1 MILLIARD D’EUROS

Elle décrypte la « double extraversion » subie par les colonies françaises, selon la formule de Kako Nubukpo. « On ne peut pas comprendre l’histoire du CFA si on ne comprend pas l’histoire de l’insertion primaire de l’Afrique au sein du commerce international », insiste le désormais commissaire de l’Uemoa. Les fausses promesses de l’indépendance sont également finement décortiquées, ainsi que le maintien à peine camouflé des liens entre Paris et les exécutifs africains.

 

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© Katy Léna N’diaye © DR

 

Évitant le registre polémique, le documentaire clarifie des aspects troublants du franc CFA. L’Afrique subsaharienne représente moins de 1,5 % des exportations comme des importations françaises, mais l’excédent français vis-à-vis du Sénégal frôle régulièrement le milliard d’euros, souligne N’Dongo Samba Sylla, alors que les ventes vers Paris sont marginales. Il en va de même pour la Côte d’Ivoire.

À LIREDévaluation : le jour où le franc CFA est tombé

Entre 2010 et 2020, les exportations françaises vers 54 pays africains ont baissé en moyenne de 197 millions de dollars (près de 181 millions d’euros). Celles vers les 14 pays de la zone CFA ont reculé de 78 millions de dollars en moyenne par pays. Celles à destination de l’Éthiopie ont pourtant crû de 340 millions de dollars. Quelle est la part du franc CFA – tel qu’il existe aujourd’hui – dans cette situation ? Quelle est celle des dynamiques économiques que cette monnaie a facilité dès l’époque coloniale ? Que changerait une sortie du franc CFA ? Que ces questions soient complexes ne justifie pas qu’elles soient évitées.

Aussi, comme le rappelle justement Kako Nubukpo, le passage du franc français à l’euro a fait l’objet d’un référendum en France, celui du traité de Maastricht. Le transfert de parité du CFA vers l’euro a été imposé sans consultation aux citoyens des zones Uemoa et Cemac. Qu’il soit marginal ou important, l’avantage que Paris dériverait de l’existence du CFA a été de fait étendu à l’Allemagne, à l’Italie, à la Grèce comme aux Pays-Bas. Pour quelles conséquences ?

Les challenges de la sortie

Katy Léna N’diaye amène également ses interlocuteurs à aborder plus clairement la complexité même de la « sortie ». « La question n’est pas de ‘sortir du franc CFA’. La question est [plutôt] : De quelle monnaie avons-nous besoin pour transformer nos économies et nos sociétés ? » admet Martial Ze Belinga.

« La monnaie que nous voulons est une monnaie au service du crédit, de l’emploi et de l’écologie. C’est tout un agenda, tout un paradigme qui se met en place, qui ne peut pas être le paradigme actuel, dont la rationalité est l’économie de rente et l’économie de prédation », complète Kako Nubukpo. Pour sa part, N’Dongo Samba Sylla pointe cette autre réalité : « Il est difficile pour les francophones qui utilisent le franc CFA de s’imaginer battre monnaie. C’est un legs du colonialisme. […] Ils n’ont pas confiance dans les monnaies nationales. »

ÉVITER UNE MONNAIE MINUSCULE, LIVRÉE À TOUS LES VENTS DE LA SPÉCULATION

La version de 58 minutes du documentaire que diffusera Public sénat est plus ramassée que celle de 1 h 42, « diffusée uniquement dans les festivals, et pour la première fois à Amsterdam » en novembre 2022, selon les informations reçues par Jeune Afrique. Cela explique peut-être la part congrue consacrée aux interventions de Lionel Zinsou, pour qui « ce qu’il y a de plus sacré dans le système, c’est d’avoir le plus de pays possible et la taille critique ». Selon le financier franco-béninois, il est crucial d’éviter « une monnaie minuscule, livrée à tous les vents de la spéculation ». Ce point aurait pu être développé davantage.

Approximations

Le revers de la distance de la réalisatrice vis-à-vis du sujet est la persistance de raccourcis historiques et d’approximations économiques qui auraient mérité d’être challengés.

Ainsi, la dévaluation de 1994 négociée entre Paris, le FMI et les pays africains marquerait une abdication de souveraineté, regrette Felwine Sarr. Faudrait-il donc se féliciter des dépréciations parfois plus fortes imposées par le marché et les spéculateurs ? « Si vous n’avez pas le contrôle de votre taux de change, d’une certaine manière, vous ne pouvez pas avoir le contrôle […] de la politique industrielle », affirme N’Dongo Samba Sylla. La Banque centrale du Nigeria contrôle le taux de change (officiel au moins). Le pays contrôle-t-il vraiment sa politique industrielle ? Pour quels résultats ?

À LIREFranc CFA : Kako Nubukpo-Lionel Zinsou, la paix des braves ?

« Il serait fortement hypocrite de défendre l’intérêt général et la démocratie dans les pays du Nord et d’accepter que se perpétue un système comme le système CFA à quelques milliers de kilomètres de Paris », s’interroge Kako Nubukpo, interpellant les « démocrates du monde entier ». N’est-ce pas là ouvrir la porte à une sorte de droit d’ingérence économique ?

Il aurait été impossible – en 58 minutes ou en 1 h 42 – d’épuiser le thème du franc CFA. Saisir la substance de ce débat, ses racines historiques et les questions de fond qu’il soulève pour l’avenir des pays africains qui utilisent cette monnaie était une gageure. Y parvenir tout en créant l’espace permettant aux différents intervenants de clarifier et d’étayer leurs positions est remarquable.

* »Une histoire du franc CFA » a reçu les prix Fopica et Pathé BC au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), en octobre 2021.

Mali: le Haut-Commissariat aux réfugiés alerte sur de nouveaux déplacements de populations

 

Le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) pointe des mouvements en cours, notamment dans la région de Gao, et « appelle à un soutien accru en faveur des personnes récemment déplacées » dans le pays.

Plus de 3 700 personnes ont fui N'tililt pour se mettre en sécurité à Gao, dans le nord du Mali. Le HCR précise dans son communiqué publié mardi 24 janvier qu'il s'agit à la fois de Maliens et de Burkinabè, arrivés par vagues successives depuis 2018.

Ultimatum

Mais l'insécurité n'est pas moindre de ce côté de la frontière : selon des sources locales et internationales jointes par RFI, au début du mois, la branche sahélienne du groupe État islamique a lancé un ultimatum aux habitants de N'tililt, exigeant leur départ. Des menaces qui s'inscrivent dans la violente offensive menée depuis près d'un an par ce groupe pour prendre le contrôle de zones jusqu'ici dominées par leurs rivaux du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (le Jnim, son acronyme arabe), lié à al-Qaïda au Maghreb islamique.

« La population restante craint des représailles », précise le HCR, qui ajoute que les déplacés, en majorité des femmes et des enfants, « vivent actuellement sous des arbres ou dans des abris de fortune avec peu de nourriture ou d'eau ». 

Violences

De sources sécuritaires malienne et onusienne, la région de Tombouctou connaît également de nouveaux déplacements de populations. Cette fois, ce sont les menaces du Jnim qui contraignent depuis plusieurs jours les habitants d'Acharane à fuir leur village pour se réfugier à Tombouctou. Il y a une dizaine de jours, des habitants du cercle de Niono, dans le centre du Mali, fuyaient vers la Mauritanie. Ils voulaient échapper aux violences de l'armée malienne et de ses supplétifs russes après une opération menée à Bokal près de Nampala au cours de laquelle de nouvelles allégations d'exactions ont été rapportées.

À ce jour, le Mali compte plus de 60 000 réfugiés venus des pays voisins, et plus de 440 000 déplacés internes, selon les chiffres du HCR. C'est 100 000 de plus qu'il y a deux ans, une augmentation de plus de 25%. En janvier 2021, le HCR recensait 346 864 déplacés internes au Mali.

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