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Guinée : le président Alpha Condé
met en garde les journalistes

Le président guinéen, Alpha Condé, a mis en garde les journalistes lors de la clôture des Assises de l’Union de la presse francophone, le 25 novembre, à Conakry. (Photo d’illustration)
© AFP/CELLOU BINANI
 

En Guinée, les 46e assises de l'Union de la presse francophone qui avaient lieu du 20 au 25 novembre, à Conakry, se sont clôturées samedi, en présence du président guinéen, Alpha Condé. Le chef de l'Etat a pointé ce qu'il a qualifié de « manque de professionnalisme » des journalistes guinéens et s’est également exprimé sur la crise qui secoue le secteur de l'éducation. Il a alors mis en garde la presse sur le traitement médiatique de cette grève.

Lors de la clôture des Assises de l'Union de la presse francophone, le ton est dur et sévère. Devant un parterre de journalistes étrangers, le chef de l'Etat, Alpha Condé, cherche à remettre de l'ordre.

S'exprimant sur la crise qui secoue l'enseignement dans son pays, le président assure que les leaders du mouvement sont des dissidents. Il invite, avec force, la presse à suivre son angle pour traiter cette information.

 

« Toute radio qui fera passer désormais les communiqués de Souma [Aboubacar Souma, secrétaire général adjoint du syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée], un syndicaliste en rébellion, sera considérée comme complice de la rébellion contre l’Etat et sera fermée, pour que l’on respecte l’Etat, pour que l’on respecte la loi », a déclaré le président Alpha Condé.

« Inacceptable que la presse soit baillonnée »

De son côté, Madiambal Diagne, président de l'Union de la presse francophone (UPF), appelle à une amélioration de l'environnement pour les médias en Guinée.

« Pour moi, il est inacceptable que la presse soit bâillonnée, que la presse soit menacée, que la presse soit confinée dans un rôle. Ceci étant, le président de la République peut avoir son sentiment que je peux ne pas partager mais je lui reconnais le droit d’exprimer son sentiment », précise Madiambal Diagne.

Cette mise en garde intervient suite à l'arrestation d'un patron de presse pour diffusion de fausses nouvelles, aux violences physiques contre des journalistes et à la suspension d'une radio privée pour diffusion de propos portant atteinte à la sureté de l'Etat.

Accusations de corruption:

les soutiens d'Idriss Déby dénoncent un «acharnement»

Le président tchadien Idriss Déby Itno lors d'une conférence sur la crise des migrants, à Paris, le 28 août 2017.
© Ludovic MARIN / AFP
 

Au Tchad, une importante manifestation de soutien à Idriss Déby Itno s'est déroulée ce dimanche, quelques jours après les accusations de la justice américaine impliquant le chef de l'Etat tchadien dans une affaire de pots-de-vin. Une manifestation qui démontre l'agacement des politiques tchadiens face à des révélations compromettantes venants régulièrement des Etats-Unis ces derniers temps.

Fin septembre, un décret du président des Etats-Unis d’Amérique ajoute le Tchad sur la liste des pays dont les ressortissants sont interdits de visa. Une décision qui surprend en raison de l’engagement du Tchad dans la lutte contre le terrorisme, surtout que la raison évoquée est le manque de collaboration en matière de lutte contre le terrorisme.

Histoire d'avions faussement immatriculés

 

Quelques semaines plus tard, c’est une histoire d’avions circulant avec une fausse immatriculation tchadienne qui a été révélée par les services américains. L’affaire qui implique des officiers tchadiens a fait des vagues.

Plus récemment dans la nuit du 20 novembre, le ministère américain de la Justice a annoncé dans un communiqué que le chef de l’exécutif tchadien Idriss Déby Itno était cité dans une affaire de pots-de-vin, et aurait perçu deux millions de dollars.

«  Injustice  »

Mahamat Djigadimbaye coordinateur de la coalition Touche pas à mes acquis ne comprend pas cet acharnement contre son pays : « Si aujourd’hui, un chef d’Etat africain accuse officiellement un président d’une puissance occidentale de "corrompu" ou encore de "terroriste", il fera face à une résolution contraignante du Conseil de sécurité [de l’ONU]. Dans le pire des cas, il fera face aux foudres de l’Otan. C’est ça aussi l’injustice qui gouverne les relations internationales et que nous dénonçons. »

Dans les rangs des politique tchadiens, la gêne est perceptible, mais on acquiesce en privé cette sortie sans prendre le risque de s’afficher.

 

Sénégal: «M. Sall aura l’occasion de répondre des faits qui lui sont reprochés»

Khalifa Sall, ici en mars 2011.
© SEYLLOU / AFP
 

Au Sénégal, Khalifa Sall a perdu son immunité parlementaire suite à un vote de l’Assemblée nationale samedi soir. Les réactions à cette décision sont contrastées.

Pour les autorités, la procédure a été menée dans la légalité et cette décision ne remet pas en cause la présomption d’innocence du maire de Dakar. Elle permet en revanche d’aller vers un procès.

« Ce que je peux vous dire, c’est que c’est dans l’intérêt même de Monsieur Khalifa Sall d’être fixé sur son sort parce qu’il ne peut pas indéfiniment rester en détention préventive, affirme l'avocat de l'État, Baboucar Cissé. Parce que depuis le mois de mars il a été placé sous mandant dépôt. Aujourd’hui, nous sommes au mois de novembre. Le doyen des juges d’instruction qui était chargé d’instruire ce dossier a bouclé l’instruction. Si on le renvoie au tribunal correctionnel pour être juger, Monsieur Khalifa Sall aura l’occasion rêvée de répondre des faits qui lui sont reprochés. »

 

Mais le camp de l’élu, accusé notamment de détournement de fonds public et incarcéré depuis mars, affirme que ce dernier rebondissement n’est que la poursuite d’un vaste complot politico judiciaire.

L’heure n’est pas à la tenue d'un procès estime Maître Demba Ciré Bathily, avocat de Khalifa Sall : « Nous estimons que l’enquête n’est pas terminée, explique ce dernier, nous avons demandé à ce qu’un certain nombre de personnes soient entendues, ce qui n’a pas été le cas. »

« Il y a les rigueurs et les exigences d’une procédure judiciaire qui ne cadrent pas avec les rigueurs d’un calendrier politique qui veut que Khalifa Sall soit éliminé de l’élection présidentielle, par conséquent il faut absolument le juger pour invalider sa candidature. »

 

Zimbabwe: Emmerson Mnangagwa
succède officiellement à Robert Mugabe

Le nouveau président Emmerson Mnangagwa lors de son investiture officielle à Harare, le 24 novembre.
© REUTERS/Mike Hutchings
 

Des dizaines de milliers de personnes se sont réunies ce vendredi 24 novembre 2017 au stade national d'Harare, au Zimbabwe. Un rassemblement pour suivre en direct la cérémonie d'investiture du nouvel homme fort du pays, Emerson Mnangagwa. Un moment historique après les 37 ans de règne de Robert Mugabe.

Devant plusieurs dizaines de milliers de personne, le nouveau président a prêté serment dans le plus grand stade de Harare. « Moi, Emmerson Dambudzo Mnangagwa, jure qu'en tant que président de la République du Zimbabwe je serai loyal à la République du Zimbabwe et obéirai, soutiendrai et défendrai la Constitution et les lois du Zimbabwe. »

Dans le discours d'investiture qui a suivi, il a rendu un hommage appuyé à son prédécesseur, le « père de la nation » Robert Mugabe : « Laissez-moi rendre un dernier hommage à l'un des seuls pères fondateurs de notre nation toujours en vie : le commandant Robert Gabriel Mugabe. Il nous a guidés dans notre lutte pour l'indépendance nationale. Il a assumé la responsabilité du leadership dans cette période très difficile de formation de notre nation. Cela doit être salué et célébré pour toujours ! Quelques soient les erreurs, quoi qu'il ait fait et quoi qu'il n'ait pas fait, durant cette période critique de l'histoire de notre nation, il faut tous que l'on reconnaisse son immense contribution à la construction du pays. Pour moi, personnellement il reste un père, un mentor, notre compagnon d'armes et mon leader ».

 

Emmerson Mnangagwa a également promis que des élections se tiendraient l'année prochaine, en 2018, conformément à l'agenda politique.

Il a dit vouloir « réduire la pauvreté » dans le pays, créer des emplois et lutter contre la corruption. Emmerson Mnangagwa a aussi assuré que les fermiers blancs expulsés de leurs propriétés au début des années 2000 seraient indemnisés.

Le nouveau chef de l'Etat a lancé un appel aux investisseurs afin de redynamiser l'économie du pays. « Les investissements étrangers seront en sécurité » au Zimbabwe, a-t-il garanti, précisant qu'il voulait que le pays « renoue » avec les autres nations du monde.

Emmerson Mnangagwa et son épouse arrivent au National Sport Stadium de Harare pour sa cérémonie d'investiture en tant que président du Zimbabwe, le 24 novembre 2017. © Marco Longari / AFP

Cette cérémonie historique, organisée en grande pompe, a commencé aux environs de 9 h, heure locale, au National Sport Stadium of Zimbabwe de Harare, qui peut accueillir plus 60 000 personnes.

Dès l'aube, les habitants de la capitale se sont pressés aux portes du National Sports Stadium pour acclamer leur nouveau chef de l'Etat. Emerson Mnangagwa a ensuite prêté serment officiellement.

Le nouveau président promet de maintenir la Constitution et de protéger les droits des 16 millions de citoyens zimbabwéens. Son épouse Auxillia Mnangagwa, la nouvelle première dame, est apparue à ses côtés. Après la prestation de serment, plusieurs responsables militaires sont venus saluer le nouveau président  dont le chef d'état-major de la ZDF, le général Constantino Chiwenga, qui a prêté allégeance au président Mnangagwa

Dans le stade : le vice-président de Namibie, Nickey Iyambo, mais aussi le chef de l’Etat du Mozambique, Phillip Nyusi et les présidents du Botswana et de la Zambie, Ian Khama Seretse Khama et Edgar Lungu. Les partis d’opposition étaient aussi représentés par Joice Mujuru pour le NPP et Morgan Tsvangirai pour le MDC. L'ancien vice-Premier ministre Arthur Mutambara est également présent au stade.

Cette cérémonie intervient trois jours après la démission historique de Robert Mugabe, poussé vers la sortie par un coup de force de l'armée après 37 ans de règne autoritaire sur le Zimbabwe. Robert Mugabe n'était d'ailleurs pas présent. Un temps annoncée, sa venue a finalement été annulée de peur qu'il se fasse huer par la foule.

La Côte d'Ivoire veut mieux exploiter sa mangue

La Côte d'Ivoire peut produire jusqu'à 150 000 tonnes de mangue chaque année, un atout pour son économie agricole.
© wikipedia
 

La quatrième édition du Salon international de l'Agriculture et des ressources animales (Sara) se tient jusqu'au 26 novembre à Abidjan. Organisé tous les deux ans, c'est la plus grande manifestation du genre d'Afrique de l'Ouest. Elle rassemble plus de 3 000 exposants et 600 entreprises. Le thème de cette année traite de la « transformation structurelle de l'économie agricole face aux changements climatiques ». Focus sur un produit phare de Côte d'Ivoire : la mangue.

La transformation de son agriculture, c'est bien là l'objectif des autorités ivoiriennes qui souhaitent miser notamment sur la valorisation de ses produits agricoles. Outre le cacao, la noix de cajou, la Côte d'Ivoire est un grand producteur de mangue, il est même le premier en Afrique. Cependant, il ne transforme qu'environ 1% de sa production.

Un produit à forte valeur ajoutée

De la mangue, mais de la mangue séchée et de surcroît issue de l'agriculture biologique, c'est le créneau choisi depuis un an par la PME les Jardins de Koba située à Korhogo dans le nord de la Côte d'Ivoire. Un produit à forte valeur ajoutée et qui s'exporte très bien en Europe, comme l'explique Dominique Davaille responsable de la production.

« Ce kilo-là est vendu aux alentours de 22 euros en Europe. Il faut savoir que sur place ici, il est vendu entre 7 et 8 euros. On surfe sur la tendance bio mais l'avantage de l'avoir transformé et de le faire bio c'est qu'on le vend forcément plus cher. »

Bio ou pas bio, en jus ou en confiture... selon Emmanuel Dolly, secrétaire exécutif de l'organisation OBAMCI, outre une amélioration des revenus des producteurs, la transformation des mangues, fruit très fragile, peut aussi permettre de réduire les pertes post-récoltes, estimées à environ 40% de la production annuelle.

Attirer les investisseurs

« Aujourd'hui, le potentiel de production tourne autour de 150 000 tonnes. Environ 30 000 sont exportées. Vous avez un gap de 120 000 tonnes. Ce gap rentre (en partie) dans la consommation locale, mais qu'en est-il ? Il faut pouvoir le transformer. » Reste à attirer les investisseurs.

Pour ce qui est de la mangue séchée, depuis deux ans, six unités de séchage ont été installées dans des coopératives dans le nord du pays. Un projet à l'initiative du Fonds interprofessionnel pour la recherche et le conseil agricoles (Firca) via un financement de la Banque mondiale.