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Élection présidentielle au Mali :
l’Union européenne pose ses conditions

Par Jeune Afrique
 
 

L'Union européenne a posé une série de conditions aux autorités maliennes pour l'envoi d'une mission d'observation lors du scrutin présidentiel de juillet 2018. Au premier rang de celles-ci : en finir avec « l'opacité » du recensement général des votes à la Cour constitutionnelle.

Lors de sa rencontre, le 22 janvier, avec Sékou Gaoussou Cissé, ambassadeur du Mali en Belgique, Birgitte Markussen, directrice générale adjointe pour l’Afrique au Service européen pour l’action extérieure, a exposé les conditions que posait l’UE pour envoyer une mission d’observation à l’occasion de la présidentielle, dont le premier tour est prévu le dimanche 29 juillet 2018.

>>> A LIRE – Ibrahim Boubacar Keïta : « Le Mali est une digue. Si elle rompt, l’Europe sera submergée »

Dans ce rapport, que Jeune Afrique a pu consulter, l’Union européenne fait dix-huit recommandations. « Le plan de ramassage des enveloppes destinées à la Cour constitutionnelle devrait être public, supervisé et garanti par l’administration, afin d’éviter la non-prise en compte des voix valablement exprimées dans les résultats définitifs proclamés », stipule notamment ce rapport.

Manque de transparence à la Cour constitutionnelle

« Le recensement général des votes par la Cour constitutionnelle constitue une étape opaque du processus électoral. Il devrait bénéficier d’une clarification de ses procédures [et apporter] toutes les précisions nécessaires pour le rendre transparent. »

Des observations ciblant le rôle de la Cour constitutionnelle qui correspondent aux conclusions des experts de la Mission d’observation électorale de l’UE au Mali de 2013. Une Cour constitutionnelle qui « joue un rôle crucial dans l’élection présidentielle », soulignait notamment le rapport final de l’UE, publié en octobre 2013.

« Elle statue sur la régularité du processus électoral, sur l’enregistrement des candidatures, et proclame les résultats définitifs lors de son recensement général des votes », listait alors les experts, avant de regretter qu’« aucune précision procédurale n’est mentionnée dans les textes concernant cette dernière étape qui reste opaque. »

Lors du dernier scrutin présidentiel, la Cour constitutionnelle avait, selon l’UE « procédé à diverses rectifications d’erreurs matérielles et aux redressements qu’elle a jugés nécessaires », mais les auteurs du rapport jugeaient alors « utile » de rendre public l’ampleur de ces rectifications et la méthodologie adoptée. La raison ? « Cela garantirait une meilleure transparence du processus électoral. »

Lire aussi :

* Comment l'opposition se met en ordre de marche pour la présidentielle de 2018   http://www.jeuneafrique.com/532163/politique/mali-comment-lopposition-se-met-en-ordre-de-marche-pour-la-presidentielle-de-2018/

Togo: au menu du dialogue, situation des détenus et échéances électorales

Au Togo, le dialogue inter-togolais s'est ouvert à Lomé, ce lundi 19 février 2018.
© RFIHAUSA/Abdoulaye Issa
 

Les discussions politiques reprendront vendredi au Togo. Après quelque six mois de crise, ce dialogue s’est ouvert, hier, lundi 19 février, sous facilitation ghanéenne. Mais il est déjà suspendu et ne reprendra que vendredi. Le point de discorde majeur autour de ces discussions : l’opposition, qui réclame toujours le retour à la Constitution de 1992 limitant à deux le nombre de mandats présidentiels. Hier, les discussions se sont concentrées sur les mesures d’apaisement.

Un certain nombre de détenus doivent être libérés dans les prochains jours. A commencer par 47 personnes arrêtées dans le cadre des manifestations, qui bénéficieront d'une grâce présidentielle. Quarante-sept, c'est à peu près la moitié des détenus interpellés lors des marches.

Sept autres personnes doivent également être libérées. Dans une toute autre affaire, elles avaient été arrêtées en 2013 après les incendies des marchés de Lomé et Kara. Les autorités togolaises ont indiqué que ces sept détenus pourraient déposer le plus rapidement possible une demande de mise en liberté provisoire. Les procédures en cours concernant ces incendies ne seront pas abandonnées.

Echéances électorales

L'opposition a également tenu à parler hier des prochaines échéances électorales. Des locales et des législatives sont prévues cette année au Togo et l'opposition avait des réclamations concernant ces scrutins, comme l'explique la facilitation ghanéenne, par la voix de son ambassadeur, Daniel Osei : « Ils ont demandé à ce que la partie gouvernementale fasse un effort pour suspendre ces activités jusqu’à ce que la partie de l’ordre du jour qui discute des réformes électorales soit terminée. La partie gouvernementale a accepté de considérer la demande. Ils donneront suite à cette demande à la prochaine réunion ». Pouvoir et opposition se retrouvent vendredi pour reprendre les discussions.

Procès Boko Haram au Nigeria:
des libérations et des «dysfonctionnements»

Un soldat nigérian à proximité du camp de Diffa, au Niger, qui accueille 300.000 personnes ayant fui Boko Haram, le 17 août 2016.
© BOUREIMA HAMA / AFP
 

Au Nigeria, la deuxième et dernière vague des procès de membres présumés de Boko Haram a pris fin devant le tribunal de Kainji. Les audiences avaient démarré au mois d'octobre. Sur les 1169 personnes présentes à la barre, 45 ont été condamnées à des peines allant de 2 à 15 ans de prison, et 468 ont été libérées. Les procès ont ensuite été suspendus. Ils ont repris la semaine dernière. Bilan : de lourdes peines et 475 nouvelles libérations.

Des centaines de membres présumés du groupe islamiste Boko Haram comparaissaient cette semaine devant un tribunal dans la base militaire de Kainji, dans l'Etat du Niger. 475 suspects ont été libérés après que la justice a estimé qu'il n'existait pas de preuves suffisantes de leur culpabilité.

Abdulrahman Yakubu, directeur de l'unité Protection et investigation à la Commission Nationale des Droits Humain (NHRC), estime que ces procès ont été justes même s'il pointe des dysfonctionnements. « Pour ce qui est du déroulement des procès, je considère, dans l'ensemble qu'ils ont été justes. Le tribunal a donné la possibilité aux prisonniers d'expliquer leurs cas et de prouver leur innocence. Ils ont eu accès à un avocat pour leur défense. Les jugements et les peines prononcées l'ont été en accord avec la constitution et la loi nigériane », détaille-t-il.

Des « dysfonctionnements »

« En amont des procès en revanche, il y a tout de même eu des disfonctionnements. Il y a d'une part, le problème de la durée entre les arrestations et la comparution devant les juges. Dans ces cas, la plupart des suspects ont été en détention au moins deux à trois ans avant leur procès. L'autre problème, c'est le laps de temps très court qui est octroyé aux avocats pour qu'ils puissent préparer la défense de leur client. Ce sont des points préoccupants », a-t-il déclaré.

À l’ouverture du procès en octobre dernier, 1 600 personnes étaient présentes à la barre. Les audiences n’étaient alors pas publiques et avaient soulevé de nombreuses critiques de la part des organisations de défenses des droits de l'homme.

Burkina Faso : Sakandé prend ses marques à l’Assemblée

 

À la mort de Salif Diallo, le choix s’est naturellement porté sur Alassane Bala Sakandé pour diriger l’Assemblée. En poste depuis six mois, ce proche de Kaboré tente d’affirmer son style et son indépendance.

Pas simple de succéder à une telle personnalité. Figure emblématique de la politique burkinabè pendant plus de trois décennies, aussi bien tombeur que « faiseur » des rois de Ouaga, Salif Diallo est mort le 19 août 2017 à Paris, laissant vide le fauteuil de président de l’Assemblée nationale.

Pour le remplacer, un seul candidat s’était présenté : Alassane Bala Sakandé, 48 ans. En poste depuis six mois, celui-ci souffre inévitablement de la comparaison avec son défunt aîné. Moins influent, moins charismatique, moins redouté, mais aussi moins clivant et donc plus consensuel…

« Il est surtout beaucoup plus jeune que Diallo et n’a donc pas le même vécu. En comparaison, il affiche encore une certaine virginité politique », analyse Lassané Savadogo, secrétaire exécutif du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le parti du président Roch Marc Christian Kaboré, dont est issu Sakandé.

Le « petit » de Kaboré

Le nouveau président de l’Assemblée est un proche de longue date du chef de l’État ­ – certains vont jusqu’à dire qu’il est « son petit ». Il fait sa connaissance au tournant des années 1990, alors qu’il est étudiant à Ouagadougou. Après un début de carrière à la Banque internationale du Burkina, institution financière dirigée quelques années plus tôt par Kaboré, Sakandé devient conseiller municipal à la mairie de la capitale.

Au début de 2014, lorsque son mentor fonde le MPP, il décide de le suivre et quitte le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) de Blaise Compaoré. Moins de deux ans plus tard, le pari est payant. Kaboré entre à Kosyam, lui est élu député et devient président du groupe MPP à l’Assemblée.

Franc-parler

Lorsque Salif Diallo décède brutalement, le choix de son remplaçant se fait naturellement. « Il était le seul cadre du parti à cocher toutes les cases », résume un député du MPP. Outre son expérience à la tête de la majorité, Sakandé a toute la confiance du président.

Comme Diallo, il est originaire de Ouahigouya (Nord), et est réputé pour son franc-parler, qui lui vaut parfois l’image d’une personne arrogante, voire cassante. « Il n’a pas froid aux yeux, poursuit notre député. Après la création du MPP, c’est lui qui a conduit la mission du parti à Ziniaré, le village natal de Compaoré. »

Contrôle gouvernemental

Pour Kaboré, oublié le temps des prises de bec avec Diallo, les relations avec son successeur sont plus apaisées, si ce n’est amicales. « Ils se voient ou s’appellent régulièrement », précise un collaborateur du président. À la mi-septembre, soucieux de ne pas paraître trop inféodé au chef de l’État, Sakandé assurait néanmoins qu’il « était là pour laisser son empreinte à la tête de l’Assemblée nationale » et qu’il n’avait « pas d’ordre à recevoir » de l’exécutif.

Pour l’instant, les députés se disent plutôt satisfaits de ses débuts et saluent sa volonté de s’inscrire dans la lignée de Diallo, qui voulait faire de l’Assemblée une institution forte jouant son rôle de contrôle gouvernemental. « Il est encore trop tôt pour le juger, laissons-lui le temps d’imprimer sa marque », conclut Zéphirin Diabré, président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) et chef de file de l’opposition.


Des actes généreux : un coup de com ?

Alassane Bala Sakandé entretient son image d’élu proche de la population.

Lors d’une visite dans un orphelinat de Bobo-Dioulasso, à la mi-décembre, il avait annoncé qu’il verserait 50 % de son salaire de base aux orphelins burkinabè jusqu’à la fin de son mandat. Un mois plus tard, il signait devant des journalistes un ordre de virement permanent au profit du ministère de la Solidarité nationale.

Côte d’Ivoire: vive tension à Bloléquin
dans l’ouest du pays

Militaires et forces de l'ordre ivoiriennes, le 13 janvier 2017 (photo d'illustration).
© Sia KAMBOU / AFP

Un gendarme et un civil ont été tués, dans la matinée du samedi 17 février, après un contrôle routier qui a mal tourné à Bloléquin, dans l’ouest du pays. La ville est entrée en ébullition et les forces de l’ordre ont été déployées. Les circonstances du contrôle du jeune moto-taxi restent floues. Une enquête a été ouverte.

Encore une histoire banale aux conséquences tragiques. Dans la matinée du samedi 17 février à Bloléquin, un agent de la gendarmerie arrête un jeune moto-taxi, a priori pour un simple contrôle de routine. Le dialogue est très tendu entre le motard et le gendarme. Ce dernier, tout à coup, sort son arme. Le coup part et le jeune tombe de son deux-roues, mortellement touché.

Le gendarme battu à mort par la foule en colère

Alertée, une partie de la population crie vengeance et se jette sur l'homme en uniforme. Le gendarme est mis à nu, lynché et battu jusqu'à ce que mort s'en suive. La foule en colère, qui grossit à vue d'œil, ne s'arrête pas là. Elle installe des barricades dans les rues, saccage et incendie les locaux de la brigade de la gendarmerie avant de s'attaquer au domicile du préfet local. Le calme ne revient qu'en fin de journée, après un déploiement des forces de l'ordre.

Les circonstances restent floues sur la mort du jeune moto-taxi. La police parle d'un refus d'obtempérer et d'une tentative de fuite. Les sources civiles, en revanche, expliquent que le motard se faisait racketter par le gendarme. Devant son refus, l'officier aurait sorti son arme pour impressionner le jeune homme. C'est là que le coup serait parti tout seul. On attend désormais les résultats de l'enquête actuellement en cours.