par Malick Fall
Expert organisation & finance digitale, Membre fondateur de Wari.
Le point de rassemblement d’où devaient partir les marches dans les dix arrondissements de la ville ont été quadrillés dès les premières heures du jour par les forces de l’ordre. Impossible de s’en approcher. Tout de même, dans le VIIe arrondissement, une dizaine d’activistes, accompagnés d’artistes ont tenté de braver les forces de l’ordre. Le petit groupe a été rapidement dispersé.
Au bout de la course-poursuite, cette syndicaliste, qui faisait partie du groupe, estime avoir passé son message : « Je suis dans la rue parce que je suis révoltée. Révoltée, premièrement, parce que les conditions de vie dans lesquelles je vis ne sont pas bonnes. Et en tant que travailleuse, je proteste contre tous les projets d’abattement de salaire et d’augmentation que le gouvernement projette sur mon salaire. Déjà que le salaire que j’ai ne me permet pas de vivre, de subvenir normalement à mes besoins ».
Dans une vidéo diffusée ce mercredi soir, un rappeur a appelé les Tchadiens à sortir. Il était ce matin de la partie. Pour lui, le gouvernement doit respecter près du peuple : « Tout ce que je revendique c’est le respect. Le respect dans les prises de décision, le respect dans le vote des lois, le respect, le respect… On est un pays. On n’est pas un clan, on n’est pas un village où le chef du village fait tout ce qu’il veut, quand il veut, comme il veut. Il faudrait qu’il y ait de la concertation. Et aujourd’hui, ma cause est là. C’est le manque de respect qui m’a poussé à me joindre à la société civile. Je suis descendu dans la rue ce matin, j’ai manifesté, et voilà ».
Par ailleurs, le président du Collectif tchadien contre la vie chère et un de ses compagnons ont été brutalement interpelés pendant cette tentative de marche, avant d’être relâchés.
Depuis près de deux semaines, de longues files d'attente s'observent devant les établissements bancaires de Mauritanie. Les Mauritaniens viennent changer leurs anciens ouguiyas pour les nouveaux qui ne plaisent guère.
« Il y a trop de pièces », confie Aminetou Mint el Moctar, présidente de l'Association des femmes chefs de famille. « Déjà qu'il est difficile pour le citoyen lambda de comprendre cette nouvelle monnaie, ces pièces n'ont aucun sens pour nous », conclut-elle.
De fait, la plupart des petits commerçants, les chauffeurs de taxi, les vendeurs de crédit de téléphone refusent la nouvelle monnaie. Ironie du sort, les Mauritaniens se mettent donc à rechercher avidement des anciens ouguiyas pour pouvoir faire leurs courses.
D'autre part, à la faveur de cette confusion, les commerçants en ont profité pour augmenter leurs tarifs. Le sac de 50 kilos de riz par exemple est ainsi passé de 14 000 anciens ouguiyas à 15 000. Le paquet de cigarettes de 800 à 1 000 ouguiyas.
Cette hausse des prix augmente la confusion générale, car les Mauritaniens ont le sentiment qu'en perdant un zéro, leur monnaie a aussi perdu du pouvoir d'achat. Certains parlent même de dévaluation cachée.
L'annexe fiscale de la loi de finances 2018 suscite de nombreuses critiques dans le secteur privé ivoirien. Malick Fall, cofondateur de la plateforme de transfert d'argent Wari, proteste en particulier contre la création d'une taxe sur les transactions via mobile qu'il juge incohérente à l'heure de l'UEMOA et de la libre circulation des capitaux.
Il est surprenant d’apprendre qu’une taxe sur les transactions via mobile vient d’être instituée en Côte d’Ivoire, au moment où tous les efforts de la BCEAO et des États de l’UEMOA convergent vers la promotion de l’inclusion financière et des services financiers digitaux.
Il est mis en avant dans l’exposé des motifs que c’est, entre autres, dans le but de maîtriser les transactions financières réalisées à travers les services en ligne et par téléphones mobiles qu’a été instituée cette taxe et qu’il s’agit d’une activité en plein essor, extériorisant une volumétrie estimée à plusieurs centaines de milliards par an pour des recettes fiscales vraisemblablement insuffisantes.
Pour le premier point, la solution est donnée par l’Instruction 008-05-015 de la BCEAO qui soumet les acteurs du secteur à l’obligation d’informations, via les statistiques mensuelles sur leurs volumes d’activités.
De plus, cette taxation revient à dire : « Envoyez de l’argent main à main (incognito), vous ne paierez pas de taxes ! Envoyez de l’argent via réseau formel (traçabilité), vous paierez des taxes ! » Une logique pour le moins difficile à comprendre et qui, implicitement, pose les conditions d’une « ré-exclusion financière ».
S’agissant du second point, il y a peut-être une erreur de jugement : la base imposable ayant toujours été la commission et non le montant, une absence de corrélation linéaire entre le volume et l’impôt perçu tombe sous le sens, d’autant que les modes de facturation sont dégressifs par palier.
Tout laisse à croire que les réalités du secteur n’ont pas été bien prises en compte. Taxer à hauteur de 0,5 % du volume transféré peut de prime abord paraître insignifiant, mais une analyse des conditions de banque en donne une toute autre lecture : c’est 20 fois plus cher que ce qui est demandé en Bourse. Une Taxe sur les opérations de bourse (TOB) de 10 % sur 0,025 % de commissions de mouvements donne ainsi un taux de 0,0025 % sur les volumes échangés.
D’autre part, il semble être occulté qu’à l’instar des banques, la plupart des transactions de mobile à mobile sont gratuites : l’État gagnera donc 0,5 % là où le prestataire ne gagne pas.
Un paiement par mobile chez un commerçant sera doublement taxé, sur la TVA d’une part et sur le transfert d’argent d’autre part
En 2015, une note de service salutaire de la DGI (N° 1265 /MPMB/DGI/DLCD) a permis d’harmoniser les règles entre les banques et les sociétés de transfert d’argent. L’esprit d’équité qui la sous-tendait n’aurait-t-il pas aussi pu prévaloir ici ? Le mobile money n’aurait-il pas pu s’aligner au régime fiscal bancaire ?
Quoi qu’il en soit, force est de constater que les paradoxes demeurent, avec d’une part une distorsion fiscale qui privilégie la banque au détriment du mobile money (quid des virements bancaires ordonnés par web ou mobile ? Entreront-ils dans le champ d’application de cette taxe ?) ; et d’autre part une double imposition : en payant un marchand par mobile, on supportera outre la TVA (acte commercial), cette nouvelle taxe (acte de paiement).
Pour conclure, je dirais que cette taxe sur la « circulation de l’argent » se justifie difficilement dans l’UEMOA où la monnaie censée circuler librement.
Pendant que la BCEAO prend de courageuses mesures visant la gratuité de services bancaires, la Côte d’Ivoire taxe le mobile money !
Elle prend à contrepied la BCEAO et les États de l’UEMOA qui s’attèlent depuis des années à l’élaboration d’une stratégie régionale d’inclusion financière cohérente. Pendant que la BCEAO prend de courageuses mesures visant la gratuité de 19 types de services bancaires, dont les virements compte à compte, le mobile money se voit frappé d’une nouvelle taxe sujette à caution.
Il est donc souhaitable que les autorités reviennent sur cette décision, et qu’en bon fleuron du secteur, la Côte d’Ivoire coordonne avec les autres États de l’UEMOA une réflexion globale sur les conditions de promotion des services financiers digitaux. Cette démarche contribuera non seulement à consolider les actions de la BCEAO, mais aussi à révéler toutes les niches fiscales connexes de l’écosystème de la finance digitale.
Le secteur des services financiers digitaux est sans nul doute l’un des principaux leviers d’émergence de l’Afrique. Consolidons-le, ne l’affaiblissons pas !
Après avoir longuement fait état de ses qualités d'enseignant, d'universitaire, de vice-président du FPI, d'ex-ministre de la Défense devant le président de la Cour d'assises, Moïse Lida Kouassi a légèrement ironisé en soulignant que malgré ses connaissances d'homme d'Etat et en dépit de ses compétences d'ex-ministre des Armées, il n'avait aucune « qualité en tant qu'expert en coup d'Etat ».
C'est pourtant pour complot contre l'autorité de l'Etat qu'il comparait avec trois militaires depuis lundi à la Cour d'assises d'Abidjan. L'accusation le soupçonne d'avoir pis part en 2012, alors qu'il était en exil au Ghana et au Togo, à une plateforme visant à déstabiliser la présidence d'Alassane Ouattara.
S'il ne nie pas avoir rencontré certains membres de cette plateforme, il précise que, très vite, il a pris ses distances avec celle-ci. Pourquoi a-t-on alors retrouvé a son domicile togolais des documents écrits en rapport avec ce complot (CD, des carnets de notes critiquant le régime d'Alassane Ouattara) ?
A cela, Lida Kouassi, réputé pour être l'un des plus fervents défenseurs de Laurent Gbagbo, répond que d'une part, la DST a joué aux tortionnaires lors de ses interrogatoires et s'est arrangée avec ses déclarations, et que d'autre part
ce n'est pas parce que l'on réprouve un pouvoir et qu'on l'écrit qu'on devient nécessairement un potentiel putschiste.
L'opération ville morte à Tombouctou, lancée pour dénoncer l'enclavement de la ville était, semble-t-il suivie, ce mercredi 17 janvier. Depuis la fin des liaisons fluviales en raison de la décrue du fleuve Niger, la ville est tributaire des routes. Mais le problème est que ces routes sont infestées de bandits et les braquages de véhicules sont quasiment systématiques.
« Les bateaux qui assuraient la navigation entre Tombouctou et Mopti sont arrêtés. Donc, il n’y a plus de bateaux. Alors que c’est par les bateaux que les populations se déplaçaient récemment. Les routes ne sont pas sécurisées. Donc la route qui relie Tombouctou à Mopti est infestée de bandits. Nous sommes bloqués. Dans un rayon de 100 kilomètres nous ne pouvons pas sortir sans être braqués. Aujourd’hui, si tu n’as pas d’avion tu ne peux pas sortir de Tombouctou sans être braqué », dénonce Baba Moulaye, président du Cadre de concertation et d'action pour la sécurité à Tombouctou.
« Ça pose des problèmes pour l’approvisionnement de la ville. Donc, nous avons interpellé le gouvernement pour qu’il prenne des dispositions pour que nous puissions vaquer librement à nos affaires. Nous demandons aux autorités de donner plus de moyens, plus d’hommes pour assurer notre sécurité, gendarmes, militaires, tout ce qui manque, il faut le faire. Nous ne sommes pas satisfaits de ce qui est dit, parce qu’on ne nous a pas dit concrètement ce qu’on va faire. Parce que, tout ce qui se dit à haut niveau ne se répète pas chez nous, en bas. Pour que je sente que ça change, il faut que je puisse prendre une voiture, aller à Mopti et revenir sans être inquiété. Mais cela ne se passe pas », conclut-il.