Vu au Sud - Vu du Sud

Burkina Faso: un poste de douanes
attaqué à la frontière malienne

(Photo d'illustration) Des officiers de police burkinabè durant les funérailles de trois de leurs collègues, le 21 mai 2016 à Ouagadougou.
© AHMED OUOBA / AFP
 

Au Burkina Faso, des agents de douanes du poste de Di, situé à 280 kilomètres de Ouagadougou la capitale, ont été attaqués par un individu armé. Après avoir blessé un douanier et emporté des armes, l'assaillant a été abattu par la police des frontières alors qu'il tentait de rejoindre le Mali voisin.

Selon un communiqué de la police nationale, l'homme armé s'est attaqué à une équipe du poste de douanes de Di, situé dans la province du Sourou à l'ouest du pays. L'équipe de douaniers s'était rendue au marché pour un contrôle. C'est au cours de cette opération que l'homme avec une arme blanche s'est attaqué aux agents.

Après avoir blessé un douanier, l'assaillant a pris la fuite avec des armes leur appartenant. Pris en chasse par une équipe du poste de police frontière de la localité, l'assaillant a immédiatement ouvert le feu sur les policiers à l'aide d'une Kalachnikov et d'un pistolet automatique. Selon la police nationale, il a ensuite tenté de traverser un fleuve à la pirogue pour rejoindre le Mali, mais il a été abattu. Côté police aux frontières, aucun blessé n'est à déplorer.

C'est la deuxième attaque contre les forces de sécurité burkinabè cette semaine. Jeudi dernier, huit assaillants armés de Kalachnikov avaient attaqué un poste forestier à l'est du pays. L'attaque avait fait un mort dans les rangs des forces burkinabè et les assaillants avaient réussi également à emporter des armes.

A (RE)LIRE → Barkhane utilise les grands moyens à la frontière entre le Mali et le Burkina

 

Niger: des étudiants exclus de l'université
sur fond de climat d'insécurité

Des étudiants au travail à Niamey.
© Ute Grabowsky/Photothek via Getty Images

Au Niger, les enseignants de l'université sont toujours en grève suite à l'agression de l'un d'entre eux le 7 février dernier. Le syndicat dit vouloir en finir définitivement avec l'insécurité qui règne sur le campus. Suite à cette agression, un conseil d'université vient de se réunir cette semaine. Il a été décidé mercredi d'exclure définitivement cinq étudiants, qui ont tous des responsabilités au sein de l'Union des étudiants nigériens de l'université de Niamey (UENUN).

Les étudiants auraient pu écoper d'un blâme ou d'un avertissement, mais c'est finalement l'exclusion définitive, la sanction la plus dure, qui a été décidée.

Le premier visé est Sita Diabri, le secrétaire général de l'UENUN. Sont aussi exclus son adjoint et le délégué général de la Caso et deux autres représentants de cette organisation qui gère les oeuvres sociales de la faculté, mais qui fait aussi du maintien de l'ordre. Une prérogative que contestent précisément les enseignants en grève qui accusent la Caso d'être une organisation qui sème la terreur sur le campus.

Sida Diabri se dit surpris par cette sanction et dénonce un acharnement de la part du rectorat, mais aussi du syndicat des enseignants chercheurs. Pour lui, le 7 février, il n'y a pas eu d'agression avec un enseignant, mais une altercation. Et surtout, ajoute-t-il, les étudiants présents physiquement n'ont pas été identifiés.

Il annonce son intention de déposer un recours dès que la décision d'exclusion lui sera notifiée formellement

Afrique du Sud: l’ex-président Jacob Zuma va être inculpé pour corruption

Le président sud-africain Jacob Zuma avait annoncé sa démission en direct à la télévision, le 14 février 2018.
© Phill Magakoe / AFP
 

En Afrique du Sud, l’ex-chef de l’Etat Jacob Zuma sera poursuivi pour corruption. Une annonce faite ce vendredi par le procureur général. Des charges liées à un contrat d’armement qui remonte aux années 1990. Cette décision du parquet intervient tout juste un mois après la démission du président Zuma, contraint de céder sa place sous la pression de son parti, l’ANC. La filiale sud-africaine de l'industriel français Thales sera également poursuivie pour corruption avec l'ex-président Zuma, a annoncé le parquet.

L’ancien président sud-africain va devoir répondre de 16 chefs d’inculpation pour corruption. L’affaire remonte à la fin des années 1990 lorsque Jacob Zuma est soupçonné d’avoir touché des pots-de-vin dans le cadre d’un contrat d’armement de 4,2 milliards d’euros signé par l’Afrique du Sud avec plusieurs entreprises étrangères, dont la Française Thalès

A l’époque, il était le chef du parti au pouvoir, l’ANC et avait été inculpé pour corruption, fraude fiscale et racket. Mais quelques semaines seulement avant son élection à la tête du pays, les 783 chefs d’inculpation avaient été abandonnés pour vice de procédure.

Depuis, l’opposition et la société civile se battent pour obtenir que ces charges soient rétablies. C’est désormais chose faite ce vendredi après-midi. Le parquet a confirmé que l’ex-chef de l’Etat allait devoir répondre de ces accusations, du moins en partie.

Le procureur Shaun Abrahams s’est dit « soucieux que tout le monde soit égal devant la loi ». Jacob Zuma, qui avait jusqu'à présent toujours réussi à éviter des poursuites, se voit rattrapé par la justice. Mais l’affaire est loin d’être bouclée, car Jacob Zuma peut encore faire appel de cette dernière décision.

Réactions

C'est d'abord une victoire pour l'Alliance démocratique (DA), le principal parti d'opposition sud-africain, qui se bat depuis près de 20 ans pour que Jacob Zuma rende des comptes dans l'affaire de l'« Arms Deal », ce contrat d'armement signé en 1999.

Le chef de la DA, Mmusi Maimane, est allé jusqu'à déboucher une bouteille de champagne devant les caméras pour célébrer cette victoire. « Nous voulons nous assurer que Jacob Zuma soit poursuivi au plus vite », a-t-il indiqué, en ajoutant « et qu'il paiera tous ses frais de justice lui-même ».

La maire du Cap, Patricia de Lille, a rappelé qu'elle avait plaidé devant le Parlement dès septembre 1999 pour qu'une enquête soit ouverte dans cette affaire. « Après tant d'années, je me sens récompensée », a-t-elle déclaré.

Du côté du parti EFF de Julius Malema, on salue aussi la décision du parquet qui envoie « un message fort à tous les kleptomanes, à l'intérieur et à l'extérieur du gouvernement, ils sauront qu'ils ne peuvent pas impunément piller l'Etat ».

Les responsables de l'ANC ont quant à eux pris « bonne note » de cette décision. Le secrétaire général du parti Ace Magashule, un proche de Jacob Zuma, a rappelé que tous les citoyens sont égaux devant la loi, et que l'ancien président bénéficie de la présomption d'innocence.

Côte d’Ivoire : Sékou Touré,
le chef d’état-major qui veut réformer l’armée

Les soulèvements des forces armées ivoiriennes de début janvier ont déstabilisé les autorités en place. Le nouveau chef d'état-major Sékou Touré, décrit comme un homme humble et discret par certains, doit faire preuve de fermeté et remettre de l'ordre dans ses troupes, qui traversent une crise en interne.

le général Sékou Touré passe toujours inaperçu. Voir sans être vu, n’est-ce pas une qualité pour un militaire ? Oui, sauf que lui n’est autre que le patron de l’armée ivoirienne.

Humble et discret pour les uns, l’homme manque de charisme et d’autorité, selon les autres. « Sékou Touré ? Qui ça, le président guinéen ? », rit un bon connaisseur de l’armée, soulignant l’anonymat dans lequel demeure le chef d’état-major. Son port altier et son corps svelte ne parviennent pas à faire oublier son allure frêle et ses épaules qui, pour certains, ne sont décidément pas assez larges pour une si sensible fonction.

Formé en France

À 61 ans, Sékou Touré a pourtant quarante années de service à son actif et le CV d’un des gradés les plus capés du pays. « Il aurait pu devenir chef d’état-major bien plus tôt, mais il s’est fait doubler plusieurs fois. Comme s’il lui manquait ce petit truc en plus qui fait d’un homme un chef », poursuit le spécialiste.

Si Sékou Touré n’a rallié Alassane Ouattara qu’à la fin de la guerre, il est bien plus républicain que gbagboïste

Formé en France sur les bancs de la prestigieuse École supérieure de guerre puis de l’Institut des hautes études de défense, il a gravi tous les échelons. Commandant de brigade puis de division, passé pendant six ans par la garde républicaine, il est nommé commandant des forces terrestres au sortir de la crise, en 2011.

Un militaire « normal »

Le président Alassane Ouattara a alors besoin de militaires, des vrais, pour encadrer les anciens rebelles, souvent recrutés dans le civil et dont beaucoup font preuve d’un amateurisme patent. Ils ne sont pas nombreux à pouvoir faire l’affaire : la Côte d’Ivoire ne compte qu’une dizaine de généraux, dont la plupart s’étaient rangés derrière Laurent Gbagbo.

Sékou Touré semble alors avoir le meilleur profil. S’il est toujours resté dans les rangs des Forces de défense et de sécurité et n’a rallié Alassane Ouattara qu’à la fin de la guerre, il est bien plus républicain que gbagboïste. Pendant les dix années de pouvoir de l’ancien président, il est d’ailleurs resté loin des combats, formant les futurs officiers.

"Les maux d’une armée écartelée entre anciens rebelles et militaires fidèles à Laurent Gbagbo éclatent au grand jour"

Loyal, efficace, le général est décrit comme un professionnel sans aspérités. « Dans une armée normale, ce militaire normal aurait un très bon profil. Le problème, c’est que le bourbier ivoirien n’a rien de normal », résume un expert des questions sécuritaires à Abidjan.

Arrivé en pleine crise

L’intéressé est bien placé pour le savoir. C’est le 9 janvier 2017, au lendemain de plusieurs jours de mutineries, qu’il accède au sommet de l’armée. D’anciens rebelles ont bloqué pendant plusieurs jours Bouaké puis Korhogo, Daloa et même Abidjan.

Le pays titube, le pouvoir est en plein doute : les maux d’une armée écartelée entre anciens rebelles et militaires fidèles à Laurent Gbagbo éclatent au grand jour. À coups de tirs de sommation, les mutins ont obtenu 12 millions de FCFA (plus de 18 000 euros) de primes et fait entendre leur défiance vis-à-vis de leurs chefs, accusés d’avoir « mangé » tout l’argent qui leur était destiné, notamment celui obtenu après de premiers soulèvements en novembre 2014.


>>> A LIRE – Côte d’Ivoire : comment l’état-major tente de gérer la crise interne dans les forces armées


Premier visé : Soumaïla Bakayoko. L’ancien patron des Forces armées des Forces nouvelles, devenu en 2011 chef d’état-major, est débarqué sans même attendre son départ à la retraite, prévu quelques mois plus tard. Cela faisait longtemps que la confiance était rompue avec le président ivoirien.

On parle alors du général Vagondo Diomandé, le chef d’état-major particulier d’Alassane Ouattara, ou du général Lassina Doumbia, commandant des forces spéciales, pour le remplacer. Mais Sékou Touré, adjoint de Bakayoko chargé des opérations depuis 2013, est finalement logiquement promu.

Proche de ses hommes

D’autant que, si les deux hommes s’entendaient bien, ils n’ont pas grand-chose en commun. Les qualités du nouveau chef d’état-major, humble et à l’écoute, dessinent en creux les défauts de son prédécesseur. « Le général vient en personne aux réunions importantes, il ne délègue pas », note ainsi une source au ministère de l’Intérieur. « Il est accessible et, lorsqu’on l’appelle, c’est lui qui répond, pas son aide de camp », souligne une autre, à la Défense.

"C’est un homme de dialogue. Il n’est pas adepte de la manière forte, confie un ancien rebelle

« Il a commandé deux des trois écoles militaires de Côte d’Ivoire. Tous les soldats ou presque le connaissent. C’est un homme proche du terrain », souligne Arthur Banga, chercheur, spécialiste de l’armée ivoirienne. Il a ainsi gardé des relations avec certaines figures du régime de Laurent Gbagbo, comme Philippe Mangou, le chef d’état-major de l’ancien président devenu ambassadeur au Gabon. « Ils sont issus du même creuset », ajoute notre expert.

Au cœur du conflit

Mais ce Malinké originaire du nord du pays, musulman, qui a officié tant à Bouaké qu’à Korhogo, a aussi les atouts pour discuter avec les anciens rebelles. Certains meneurs des mutineries assurent même avoir sa ligne directe. « C’est un homme de dialogue. Il n’est pas adepte de la manière forte », confie l’un d’eux.

Sékou Touré a un avantage : il n’est d’aucun camp politique. L’inconvénient, c’est aussi qu’il n’a aucun soutien de poids, estime un diplomate

Dès sa nomination, il n’hésite pas à entrer dans les casernes pour se frotter aux hommes, même aux plus vindicatifs. À plusieurs reprises, il se rend au cœur du chaudron, au troisième bataillon d’infanterie de Bouaké, là où les aigreurs sont les plus vives et les effrontés les plus nombreux.

Mais quatre mois seulement après sa nomination, le général est surpris par de nouvelles mutineries, plus graves encore que les premières. Incapable de les anticiper, il ne parvient pas à les faire cesser. Très vite, il est court-circuité par les politiques, la crise est gérée en direct par le président et le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly.

« Sékou Touré a un avantage : il n’est d’aucun camp politique. Il n’est ni l’homme de Gon, ni celui de Guillaume Soro, ni celui de Hamed Bakayoko. L’inconvénient, c’est aussi qu’il n’a aucun soutien de poids », estime un diplomate. Le chef d’état-major est un homme seul, pas toujours écouté, comme lorsque des primes sont versées aux mutins bien qu’il y soit défavorable. Après cette crise, le général songe à démissionner. Mais l’hypothèse est vite écartée.

Réformer l’armée

Avec sa méthode douce, il a décidé de s’attaquer à l’indispensable réforme de l’armée. Annoncée depuis plusieurs années et sans cesse reportée, elle s’est révélée urgente après les derniers soulèvements. Objectif : dégraisser et professionnaliser le millefeuille militaire ivoirien. Fin décembre, le départ volontaire de 991 hommes a ainsi été annoncé.

"Un an après son arrivée à la tête de l’état-major, Sékou Touré n’a pas réussi à reprendre en main l’armée

Selon nos informations, plusieurs centaines d’entre eux étaient impliqués dans les mutineries. « Ce plan de départ n’a pas été proposé à tout le monde, il a été ciblé », confie un gradé. Face à l’appât du gain – 15 millions de FCFA et un plan de réinsertion professionnelle, selon plusieurs sources –, beaucoup ont cédé. Des conditions que même un membre de la garde rapprochée de Guillaume Soro a acceptées.

« Plus personne n’a de réelle prise sur la troupe »

Un succès quelque peu terni par les derniers soubresauts, qui début janvier, ont à nouveau agité Bouaké. « Cela a prouvé que Sékou Touré n’avait qu’une autorité toute relative sur l’armée. Un an après son arrivée à la tête de l’état-major, il n’a pas réussi à la reprendre en main », estime Arthur Banga.

« En réalité, malgré ce qui se raconte, plus personne n’a de réelle prise sur la troupe. Touré n’est pas le seul. Ni Gon, ni Soro, ni Bakayoko ne la contrôlent entièrement », assure un spécialiste des questions sécuritaires ivoiriennes.

Qui peut alors en vouloir au chef d’état-major ? Pas Alassane Ouattara en tout cas. Sur décision du président ivoirien, une quatrième étoile brille depuis un mois à l’épaule du général.

Présidentielle au Mali : autour d’IBK,
une coalition en quête d’unité

 

À quelques mois de l’élection présidentielle du 29 juillet au Mali, les 64 partis politiques de la Convention de la majorité présidentielle (CMP) commencent à mobiliser leurs militants. Mais sur le terrain, c'est une unité à deux vitesses qu'on observe, entre ceux qui soutiennent déjà la candidature du président sortant IBK, et les autres...

Fin février, Bokary Tréta, président du Rassemblement pour le Mali (RPM), le parti du président Ibrahim Boubacar Keita, véritable colonne vertébrale de la majorité présidentielle, rentre à Bamako après un passage de quelques jours au Sénégal. « J’étais au festival Soninké, à Dakar, pour rencontrer les Soninkés maliens. Demain, je vais à Mopti, dans le centre, pour le festival des Dogons, afin de les rencontrer eux-aussi », explique-t-il entre deux coups de téléphone. Dans son bureau du quartier des affaires Hamdallaye-ACI 2000, Bokary Tréta, la voix cassée, visiblement fatigué, il nous expose la stratégie de la mouvance présidentielle : « Nous sommes à la phase de la revue des troupes, comme on dit dans le jargon militaire ».

IBK, « en phase avec la population malienne » ?

Nous avons les ressources pour porter le président IBK vers un second mandat, assure Bokary Tréta

En 2013, le président Ibrahim Boubacar Keïta avait été élu sur la base d’une série de promesses : parvenir à libérer le pays de l’emprise des groupes armés, rétablir la sécurité sur l’ensemble du territoire, reconstituer du « vivre ensemble » et relancer l’économie.

« Nous avons réussi à réaliser des choses essentielles », affirme Bokary Tréta, qui fut notamment ministre de l’Élevage et de la Pêche sous la primature de Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, avant le coup d’État de mars 2012, et ministre de l’Agriculture dans le gouvernement de Oumar Tatam Ly à partir de 2013.

Le président malien « est en phase avec la population malienne, malgré le chant de quelques Cassandre, et nous avons les ressources pour porter le président IBK vers un second mandat », assure encore Bokary Tréta.


>>> A LIRE – Ibrahim Boubacar Keïta : « Le Mali est une digue. Si elle rompt, l’Europe sera submergée »


« Malgré ce qu’on dit ici et là, c’est le président IBK qui a réussi à faire signer l’accord de paix [d’Alger, signé en juin 2015, NDLR]  entre le gouvernement et les groupes armés », abonde également Younous Hamey Dicko, 78 ans, président du Rassemblement pour le développement et la solidarité (RDS). Pour lui, « il est dangereux pour le pays de changer quelqu’un comme lui, à un tel niveau d’avancement du processus de paix ».


>>> A LIRE – Mali : dernière ligne droite avant la présidentielle


Comme la plupart de 64 partis politiques de la majorité présidentielle, le Rassemblement pour le Mali (RPM) a déjà son plan de campagne en vue de l’élection présidentielle. Des missions de mobilisation des militants sont même déjà en cours à l’intérieur du pays, assure son président.

En janvier, lors d’une réunion du bureau politique national, décision a été prise d’appeler le président Ibrahim Boubacar Keïta à se présenter à un second mandat. « Cette décision sera entérinée à la suite d’une réunion du comité central du parti, à la fin mars », confirme Bokary Tréta. Et ce n’est qu’après cette investiture officielle que le RPM se tournera vers les partis alliés, pour leur demander de soutenir le candidat IBK à sa propre succession.

Les hésitants et les activistes

Mais, à cinq mois de l’échéance électorale, deux camps se dessinent au sein de la majorité présidentielle : d’un côté les hésitants, de l’autre les activistes.

Younouss Hamey Dicko est à ranger parmi les seconds. Samedi 24 février, il s’est entretenu avec des leaders de son parti venus du nord du pays. Ce supporter inconditionnel du président Ibrahim Boubacar Keïta ne compte pas présenter de candidat et relaie auprès de ses militants un seul mot d’ordre : il faut voter IBK.

"Si on ne trouve pas un candidat de consensus pour l’Adema,
nous soutiendrons le président IBK"

Dans le camp de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema-PASJ), deuxième force politique au sein de la majorité présidentielle, la situation est déjà plus flottante. Mercredi 21 février, le bureau exécutif a pris la décision de trouver « un candidat de consensus et rassembleur » issu du parti.

« Si on ne trouve pas ce candidat, nous soutiendrons le président IBK », affirme Tiémoko Sangaré, président de l’Adema-PASJ et ministre malien du Pétrole et des Mines. Le week-end dernier, celui-ci était dans son village Bazana, à quelques centaines de kilomètre au sud de Bamako, où il a tenu meeting avec sa base. Si l’Adema-PASJ décide finalement de soutenir IBK, ses militants poseront des conditions, assure le ministre. « Il faut que nous nous retrouvions dans le programme du président IBK, dans son plan de gestion du pouvoir et dans le rôle que nous aurons à jouer dans sa gouvernance », prévient Tiémogo Sangaré, qui compte tenir le congrès de son parti fin mars pour fixer ses militants sur la décision finale que prendra le parti.

Objectif commun : éviter un « glissement » du calendrier électoral

"Nos militants n’ont pas aimé que certains, au sein de la majorité présidentielle, me traînent dans la boue"

Si l’Adema-PASJ hésite encore, la Convergence pour le développement du Mali (CODEM), troisième force politique de la majorité présidentielle, en est encore, pour sa part, à l’heure de la « réconciliation » avec le RPM.

Son président, Housseini Amion Guindo – dit « Poulo » -, 48 ans, a été nommé ministre de l’Éducation en décembre, après avoir été en charge des Sports – un ministère où il a (mal) vécu les turbulents épisodes de la crise interminable qui secoue la Fédération malienne de football.

« Nous sommes dans une phase de réconciliation avec le reste de la majorité présidentielle. Nos militants n’ont pas aimé que certains, au sein de la majorité présidentielle, me traîne dans la boue parce que je n’ai pas accepté qu’ils imposent au football malien leur candidat, au détriment des lois et texte en vigueur », lâche ce natif de Bandiagara, grand de taille, qui se déplace parfois pieds nus dans son bureau ministériel.

Depuis sa nomination au ministère de l’Éducation, les relations entre la Codem et le RPM se sont sensiblement détendues. Mais cela suffira-t-il pour que « Poulo » appelle ses militants à voter IBK en 2018 ? « Il faut d’abord que le RPM investisse le candidat IBK. Et c’est après son discours d’investiture que nous donnerons notre mot d’ordre », pose le président de la Codem.

Une chose est sûre, les partis politiques de la majorité présidentielle, tout comme ceux de l’opposition, sont unanimement d’accord pour mettre la pression sur l’État afin que la présidentielle – dont le premier tour est prévu le 29 juillet – se tienne dans les délais. Objectif : éviter un « glissement » du calendrier électoral, et donc une situation de vide constitutionnel qui serait dangereuse pour la stabilité du pays.