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Mali: l'Assemblée vote la déclaration de politique générale
du Premier ministre

L'Assemblée nationale du Mali à Bamako (image d'illustration).
© HABIBOU KOUYATE / AFP
 

Les députés de l’Assemblée nationale du Mali ont approuvé lundi 23 avril, à une large majorité (109 voix pour, 35 contre), la déclaration de politique générale du Premier ministre. Le vote s’est déroulé après une séance de questions-réponses entre les députés et Soumeylou Boubeye Maïga.

L’examen est plutôt réussi pour Soumeylou Boubeye Maïga. 109 députés approuvent sa déclaration de politique générale (DGP), 35 autres désapprouvent et votent non. Le texte est largement adopté. Officiellement le chef du gouvernement a désormais dans les faits une majorité à l’Assemblée.

Lors de la séance de questions-réponses à l’Assemblée, le Premier ministre, nommé fin décembre 2017, a semble-t-il tiré son épingle du jeu. L’opposition, de son côté, a rempli son rôle. L’un de ses représentants a par exemple jugé le programme d’action du Premier ministre inefficace. « C’est de bonne guerre », ont déclaré des députés de la majorité. L'un d'eux a même jeté des fleurs au Premier ministre malien en le comparant à Georges Clemenceau, un célèbre homme d’État français.

Parmi les projets de Soumeylou Boubeye Maïga, il y a notamment la relance du processus d’Alger. Sur ce point, il a affirmé devant les députés qu’il assigne une nouvelle feuille de route avec les groupes armés du nord du Mali, et qu’il entend la respecter.

Outre les accords de paix d’Alger, il y a également le dossier de la bonne organisation de l'élection présidentielle de juillet prochain. Sur ce point l’opposition l’attend au tournant, alors que de son côté, la majorité à l’Assemblée affirme faire confiance au chef du gouvernement.

Des « vœux pieux » selon l’opposition

L'Union pour la République et la démocratie (URD), qui dispose de 15 députés à l'Assemblée, a voté contre la déclaration de politique générale du Premier ministre. Le principal parti d'opposition juge notamment que les délais sont trop courts.

« Nous, nous pensons que vu le temps imparti d’ici les élections, tout ce qu’on dit là, ce sont des vœux pieux et cela ne rime pas à une réalité quelconque, estime Kalifa Doumbia, un des vice-présidents du parti. Donc nous sommes déjà à deux mois des élections. Un Premier ministre vient nous étaler toute une litanie de vœux pieux. Nous, nous n’y croyons pas ».

Pour Kalifa Doumbia, les projets du Premier ministre ne sont pas réalistes. « Il serait mieux de donner peut-être un programme strict minimum pour dire : "d’ici les élections jusqu’à ce que le président soit installé, c’est ainsi que nous pouvons faire et voilà comment nous pouvons faire, et voilà les moyens". Mais un Premier ministre qui n’a que trois mois à faire et qui donne des programmes jusqu’en l’an 2020, ça nous paraît trop gros. Ça ne nous donne même pas l’essence même de ce qu’on veut aujourd’hui pour la sécurité de nos citoyens, pour nous permettre de faire une élection libre et transparente ».

Côte d’Ivoire: l’ex-président Bédié
clarifie la position du PDCI-RDA

Henri Konan Bédié, le 6 octobre 2013.
© AFP PHOTO / SIA KAMBOU
 

Les remous de l'accord politique en Côte d'Ivoire. Le PDCI et le RDR sont prêts à fusionner, mais à quel prix et pour quel candidat ? Henri Konan Bédié était ce vendredi invité de la rédaction. L’ancien président s’est attaché à clarifier sa position.

Il fallait clarifier, rassurer et apaiser. En dire suffisamment, mais pas trop non plus, pour que les troupes du PDCI-RDA – que ce soit du plus jeune militant jusqu’au cadre le plus chevronné –, cessent de s’inquiéter sur l’avenir de ce nom du PDCI-RDA et calme aussi leurs angoisses existentielles. A savoir, l’incertitude d’avoir un candidat issu de ce parti pour l’élection présidentielle de 2020.

En l’occurrence, la mission du président Bédié est presqu'un sans-faute. Pour lui cela ne fait pas l’ombre d’un doute, au nom de l’alternance et du renvoi d’ascenseur avec le parti allié du RDR, après s’être sacrifié électoralement parlant, à leur profit en 2010 et en 2015, l’alternance ne peut avoir lieu, cette fois, qu’au bénéficie du PDCI. Le RDR, s’il a un champion pour 2020, devra passer son tour.

C’est le nœud des querelles qui agitent en ce moment le petit Landerneau politique ivoirien, le PDCI et son président Bédié veulent cette assurance, avant la constitution effective du RHDP. Le RDR d’Alassane Ouattara, lui, laisse planer un doute, une sorte de flou artistique, en laissant entendre que l’on ira vers des primaires, après que tous les partis de la majorité - ils sont six -, se soient fondus dans le rassemblement des houphouëtistes pour désigner leur candidat pour 2020.

C'est un sentiment légitime qu'il a exprimé. Chacune de nous doit exprimer ses sentiments.
Albert Toikeusse Mabri, président de l'UDPCI qui fait aussi partie de la majorité
20-04-2018 - Par Jean-Jacques Louarn
 

Quelle sera donc leur méthode, quel sera le calendrier, les exigences des uns et des autres des six partis ? Le président Bédié ne répond pas et s’en tient à une déclaration : « Il faut s’en tenir à l’accord politique et à ce qu’il contient et rien d’autre ».  Le problème de ce document c’est qu’à part l’idée d’un parti unifié qu’il semble vouloir, il n’y a rien d’autre.

 

U

Afrique de l’Ouest: 8 millions de personnes
en insécurité alimentaire

Episode de sécheresse en Mauritanie. (Image d'illustration)
© Xavier TESTELIN/Gamma-Rapho via Getty
 

Une réunion du Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) s'est achevée, mercredi 18 avril 2018 à Paris, au siège de l'Organisation de coopération et de développement économique. Ce réseau est composé des Etats d'Afrique de l'Ouest, d'institutions régionales, d'ONG ou de partenaires au développement. Son objectif est d'assurer une veille de la production agricole dans la région afin de prévenir l'insécurité alimentaire.

Pour agir, il faut d'abord savoir. C'est pourquoi le premier objectif du RPCA est de récolter les résultats des campagnes agricoles pays par pays. A partir de là, les plans de réponse d'urgence sont élaborés.

« Nous avons les plans nationaux de réponse qui permettent de prévoir les zones à risque qu’il faut cibler. Nous avons, au niveau de la Cédéao, un stock régional qui permet de faire face à ces situations. Mais la solution ce n’est pas de faire face aux crises. Il faut prévenir les crises. Et c’est pour ça que nous avons discuté sur comment investir dans l’agriculture », explique Jonas Gbian, le commissaire à l'agriculture de l'UEMOA.

Cette année, la campagne agricole souffre de la sécheresse. Des pluies précoces ou trop courtes ont nui à la production céréalière. Les fourrages viennent également à manquer ce qui provoque une transhumance prématurée.

Pour Mamadou Cissokho, président d'honneur du Réseau des organisations paysannes et des producteurs d'Afrique de l'Ouest, il y a urgence, mais les réponses tardent à venir : « Malgré toute la disponibilité des informations, les réponses n’ont pas été actionnées pour le moment. Le problème, c’est que d’abord, il y a plusieurs acteurs. Il y a des acteurs nationaux - les gouvernements, leurs services -, il y a les organisations de producteurs, des ONG et il y a des acteurs internationaux comme le PAM, l’Unicef, et puis les partenaires au développement. Donc, il faut une entente. Vous savez, les administrations ne sont pas rapides. »

Aujourd'hui, près de 8 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire en Afrique de l'Ouest.

 

Afrique subsaharienne : près d’un quart des réserves de sang contaminées par le paludisme

 

Dans certaines zones d’Afrique subsaharienne, près d’un quart des réserves des banques de sang sont contaminées par des parasites à l’origine du paludisme, révèle une étude publiée lundi à l’occasion de l’ouverture à Dakar de l’Initiative multilatérale sur le paludisme.

Pour parvenir à ce résultat, le docteur britannique Selali Fiamanya et ses pairs du Réseau mondial de surveillance de la résistance aux antipaludiques (WWARN) ont compilé les données de 26 études existantes, portant sur un total de 22 508 donneurs de sang.

Parmi eux, très exactement 23,46 % présentaient des traces des parasites provoquant le déclenchement du paludisme. Une prévalence très importante, qui représente autant de possibilités d’infections à l’occasion des transfusions sanguines et témoigne de la nécessité d’administrer aux patients des médicaments antipaludiques préventifs.

Femmes enceintes et enfants

« En Afrique subsaharienne, les femmes enceintes et les enfants reçoivent la majorité des transfusions », précise dans un communiqué le docteur Selali Fiamanya. Pire encore, certains enfants déjà infectés par le paludisme ont besoin d’être transfusés pour lutter contre l’anémie provoquée par la maladie. Et peuvent donc se retrouver avec du sang infecté.

Une étude publiée concomitamment lundi montre aussi les difficultés relatives à l’identification des porteurs du paludisme parmi les donneurs. Des chercheurs de l’Institut tropical de santé publique suisse ont ainsi examiné 200 poches dans la banque de sang de Malabo, la capitale de la Guinée équatoriale.

Résultat de leurs investigations : 29,5 % des échantillons étaient contaminés. Faut-il y voir une faille de la banque dans le tri des donneurs de sang ? « Non, pas vraiment, estime Carl Maas, coauteur de l’étude. La sélection est solide, avec un questionnaire très détaillée et des tests pour déceler le virus du VIH, parfois des hépatites, et même le paludisme. »

Un véritable fléau

Seul problème : plus de 80 % des cas recensés à la banque de sang de Malabo sont impossibles à détecter grâce aux tests de diagnostic utilisées couramment. « La technologie, que nous avons mis en oeuvre dans le cadre de notre étude, a un prix : entre 10 000 et 30 000 dollars, explique Carl Maas. Celle des banques de sang coûte seulement entre 3 et 5 dollars, mais elle ne permet pas de déceler s’il y a moins de 100 parasites du paludisme par millilitre de sang. »

Véritable fléau, qui touche à 90 % le continent africain, le paludisme tue chaque année un peu moins d’un demi-million de personnes – dont environ 70 % sont des enfants de moins de cinq ans. Pour faire le point sur la lutte contre la maladie, près de 3 000 experts sont conviés depuis lundi à Dakar à l’occasion de la septième édition de l’Initiative multilatérale sur le paludisme (MIM).

Burkina Faso: les autorités prennent les devants face à un déficit céréalier

Le Burkina Faso s'organise face à un important déficit céréalier (photo d'illustration).
© FAO/Alessandra Benedetti
 

Le Burkina Faso s'apprête à faire face à une grave crise alimentaire en raison d'un déficit céréalier. Les autorités ont pris les devants et ont prévu l’acquisition de plus de 95 000 tonnes de céréales. La société nationale de gestion des stocks de sécurité alimentaire a multiplié le nombre des points de vente des céréales aux personnes les plus vulnérables.

Pour venir à bout de ce déficit céréalier, le gouvernement burkinabè a décidé d'approvisionner les boutiques témoins. L'opération a déjà commencé dans la capitale, ainsi que dans les autres localités du pays. La Société nationale de gestion des stocks de sécurité alimentaire a multiplié le nombre des points de vente de céréales, à prix social.

Durant toute l'année, plus deux cents boutiques seront approvisionnées. Chaque boutique recevra 30 tonnes de céréales par mois. Une quantité qui passera à 40 tonnes à la période de soudure, entre juin et septembre, selon le ministère de l'Agriculture. Pour l'ensemble de l'année 2018, le gouvernement a annoncé un apport de plus de 25 milliards de francs CFA pour l'acquisition d'environ 95 000 tonnes de céréales.

Sur le plan agricole, le ministère a également prévu une distribution de semences améliorées aux personnes vulnérables ainsi que la remise d'intrants et d'équipements agricoles aux producteurs, pour la culture de saison sèche.

Un déficit céréalier aux causes multiples

Selon les Nations unies, le déficit céréalier est très important. En cause, une saison pluvieuse plus courte que d'habitude et entrecoupée de périodes de sécheresses mais ce n'est pas là la seule raison.

Joint par RFI, Aristide Ongone Obame, représentant de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), au Burkina Faso, explique que le pays, comme la plupart des pays africains, s’est vu confronté, cette année, à une invasion de chenilles légionnaires.

« C’est une chenille qui se déplace très rapidement, attaque toutes les céréales et qui, en quelques mois, a envahi tout le Burkiana », précise-t-il avant d’évoquer une autre raison, celle d’une « invasion d’oiseaux carnivores » que le pays connaît depuis environ trois ans.

Le représentant de la FAO au Burkina Faso préconise des mesures pour faire face à cette année qui s’annonce très difficile sur le plan alimentaire.

« Il faut pouvoir trouver des aliments et les mettre à la disposition des populations vulnérables qui n’ont plus rien à manger. Il faudrait également recréer et renforcer à nouveau les moyens de production que les populations ont perdu. On peut aussi renforcer les capacités des populations par ce que l’on appelle le transfert monétaire, c’est-à-dire mettre à la disposition de ces populations du cash pour leur permettre d’acheter ce dont ils ne disposent pas. Si vous faites, en effet, du relèvement en distribuant les intrants, sans apporter du cash ou des aliments, les populations auront tendance – tellement le besoin est important – à consommer directement les semences et on ne règle pas le problème », a souligné Aristide Ongone Obame.