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Tchad: la IVe République plus que jamais en marche

Le président tchadien Idriss Déby, à Paris, le 28 août 2017.
© Ludovic MARIN / AFP
 

Le Tchad s'apprête à se doter d'une nouvelle Constitution. Ce sont les conclusions d'un forum organisé en mars sur les réformes institutionnelles. La rencontre, boycottée par les principaux partis d'opposition et la société civile, a consacré plusieurs modifications dont une présidence intégrale. La polémique enfle depuis quelques jours parce que la prochaine Constitution risque d'être amendée par voie parlementaire. Une option qui ne fait pas l'unanimité.

Le président du Forum national inclusif sur la réforme des institutions a été chargé depuis le début de cette semaine de mettre en œuvre les recommandations de ladite réunion. Il s’agit concrètement de rédiger une Constitution à soumettre au vote du Parlement d’ici la fin avril. Un procédé qui ne convient pas au député Saleh Maki qui ne comprend pas qu’on veuille passer d’une République à une autre par un simple vote parlementaire : « On ne peut pas refonder une République sans passer par la volonté populaire. Et la volonté populaire, c’est le référendum. Le président de la République est élu direct, il peut dissoudre l’Assemblée. Nous voulons donner cette légitimité directe du peuple à ce référendum ».

« C'est le peuple qui décide »

Pour le député Kassire Coumakoye qui préside la commission chargée de rédiger la future Constitution, il n’y aura pas de problème de légitimité : « Que l’Assemblée nationale soit mauvaise, qu’elle soit bonne, ça c’est un problème de qualification. Si le Parlement décide, c’est le peuple qui décide. La légitimité du Parlement à terme reste fondé. Il n’y a pas d’hésitation ».

Selon les informations de RFI, l’équipe chargée de la rédaction a été priée de faire vite pour qu’au plus tard, à la mi-mai, la Constitution dite de la IVème République soit votée par le Parlement.

En Côte d’Ivoire, qui sont réellement
les classes moyennes ?

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Le supermarche Hayat, à Abidjan.
Hanay/Wikimedia, CC BY-SA

Jean-Philippe Berrou, Sciences Po Bordeaux

Christian Bouquet (LAM CNRS, Sciences Po Bordeaux), Anne Bekelynck (PAC-CI, ANRS Côte d’Ivoire) et Dominique Darbon (LAM CNRS, Sciences Po Bordeaux) ont participé à la rédaction de cet article.


Certains auteurs estiment que 80 % des membres de la classe moyenne mondiale vivront en dehors des pays riches en 2030. Or, on attend beaucoup de cette « classe moyenne » pour le développement des pays émergents, notamment parce qu’elle est censée doper la consommation, donc favoriser la croissance, et contribuer à une stabilisation politique sans laquelle l’émergence économique n’est guère possible.

Pour le continent africain, l’engouement autour des classes moyennes est plus récent que pour les autres régions en développement. En 2011, la Banque africaine de développement (BAD) a estimé que près d’un tiers de la population du continent africain appartenait à la classe moyenne. Les magazines économiques et les cabinets internationaux de marketing lui ont emboîté le pas.

Mesurer un essor présupposé

La Côte d’Ivoire n’a pas échappé à ce phénomène. Si la notion de classe moyenne est quasi absente des documents officiels, elle est en revanche très présente dans la presse économique et généraliste. En témoignent les deux récentes études de marché sur la classe moyenne abidjanaise conduite par Ipsos en 2015 et en 2017 pour le compte de la CFAO et de Unilever. Les ouvertures récentes de grands centres commerciaux à Abidjan illustrent cet engouement du secteur privé autour de l’essor présupposé des classes moyennes.

C’est sur la base de ces hypothèses que l’AFD (Agence française de développement) a commandé une étude sur les classes moyennes dans quatre pays considérés comme émergents et choisis dans des aires géographiques différentes : le Brésil, le Vietnam, la Turquie et la Côte d’Ivoire. Cette étude a été pilotée par une équipe de chercheurs en économie et science politique du GREThA (Université de Bordeaux) et du LAM (Sciences Po Bordeaux).

Pour la Côte d’Ivoire, à partir des données de l’enquête Niveau de Vie (ENV) des ménages ivoiriens, menée en 2015 par l’INS (Institut national de la Statistique) et portant sur un échantillon représentatif d’environ 13 000 ménages, l’équipe de chercheurs a tenté d’identifier et de caractériser les classes moyennes ivoiriennes et de mesurer les conséquences de leur éventuel « réveil » sur les politiques publiques.

Après le « miracle » des années 1960-1980, le long déclin des classes moyennes

Évoquer le réveil des classes moyennes prend un sens particulier en Côte d’Ivoire. Chacun a en effet en mémoire les « vingt glorieuses » des années 1960-1980, cette période du « modèle » ou du « miracle » ivoirien qui avait permis à Félix Houphouët-Boigny de narguer son voisin ghanéen Kwamé N’Krumah en lui démontrant qu’il avait eu tort de choisir le « modèle communiste ».

Boulevard de Gaulle, à Abidjan.
fr.zil/Flickr, CC BY-SA

À cette époque, grâce à la fameuse Caisse de stabilisation, des dizaines de milliers de planteurs, de la filière cacao notamment, appartenaient à la classe moyenne, ainsi que bon nombre de fonctionnaires bien calés derrière des rémunérations avantageuses, et de salariés d’un secteur privé florissant, en particulier à Abidjan.

Et puis la machine s’est enrayée au début des années 1980. D’abord sous l’effet des premiers programmes d’ajustement structurel (PAS) qui eurent pour conséquence principale un sérieux tour de vis sur les salaires de la fonction publique, malgré le combat d’arrière-garde du Président Houphoüet-Boigny pour « décrocher » les enseignants, les magistrats et les militaires de la grille salariale imposée par les institutions de Bretton Woods.

Puis le « père de l’indépendance », ancien fondateur du puissant syndicat des planteurs, perdit la « guerre du cacao » avec à la clé une réduction par deux du prix garanti aux producteurs. Enfin, la dévaluation du franc CFA décidée en janvier 1994 – juste après sa mort en décembre 1993 car il s’y était toujours opposé – et la période qui suivit acheva de « déclasser » ceux qui avaient commencé à goûter à l’aisance et contribua à une « séparation irréversible » entre l’élite dominante et le reste de la population.

Instabilité politique et esquisse de redressement

Comme souvent, l’instabilité politique accompagna cette évolution. Celle-ci commença avec la succession d’Houphoüet, disputée entre Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, rapidement envenimée par des tensions ethniques autour de l’« ivoirité ». La Côte d’Ivoire connut alors son premier coup d’État militaire fin 1999 et fut aspirée dans une spirale de turbulences que le régime de Laurent Gbagbo (2000-2011) ne parvint pas à juguler.

Dans le même temps, et même si les fondamentaux de l’économie ivoirienne ne s’effondrèrent pas, les taux de croissance jusque-là prometteurs finirent pas passer dans le rouge. Autant dire que la classe moyenne n’existait pratiquement plus à la sortie de la crise post-électorale (avril 2011).

Depuis, le pays s’est redressé et a retrouvé un rythme moyen de croissance du PIB autour de 8 à 9 % par an, grâce à des investissements ambitieux, à un soutien sans faille de la communauté internationale et au retour des gros opérateurs étrangers. Cette croissance a contribué à booster le pouvoir d’achat et la consommation des ménages, ce qui pourrait laisser penser que la classe moyenne est en cours de reconstitution.

Il était donc intéressant d’entreprendre des investigations approfondies dans ce domaine, et les chercheurs bordelais, avec l’appui d’une équipe ivoirienne rattachée à l’ENSEA (École nationale supérieure des statistiques et des études économiques), s’y sont lancés en adoptant une méthodologie originale qui combine des méthodes quantitatives et qualitatives.

Une « classe moyenne » limitée à 26 % de la population en 2015

Le calibrage de la catégorie « gens du milieu » a été effectué sur des critères de revenus. On a estimé que la classe moyenne en Côte d’Ivoire se situait entre une borne inférieure fixée à 4 dollars par jour et par tête en parité de pouvoir d’achat (soit un niveau deux fois supérieur au seuil de pauvreté de 2$) et une borne supérieure qui exclut les 5 % les plus riches.

La taille moyenne des ménages de cette classe étant de 3 personnes et le chef de famille contribuant pour 90 % aux revenus du ménage, on obtient un revenu mensuel moyen par ménage approximativement compris entre 95 500 FCFA (400 dollars) et 455 000 FCFA (1 900 dollars). Cela concerne donc une large gamme de revenus, mais, cette fourchette ne représente qu’une proportion relativement limitée de la population ivoirienne : 26,4 %.

Cette « classe moyenne » ivoirienne présente quelques caractéristiques globales intéressantes. D’abord, les chefs de ménage de cette catégorie sont analphabètes à 48,1 %, ce qui apparaît en décalage avec les représentations habituelles. Ensuite, si 60 % habitent en ville, seuls 16 % sont abidjanais.

Ils affichent des comportements communs, notamment la même importance accordée à l’éducation des enfants – ce qui conduit la plupart de ces familles à opter pour l’enseignement privé, et donc à consacrer à ce poste budgétaire une part importante des revenus, passant souvent par un effort d’épargne conséquent.

Un « monde du milieu » très hétéroclite

Reste alors à étudier la cohérence de ce groupe qui formerait donc un quart de la population du pays. Force est de constater que l’on passe d’une catégorie limitée de « gens du milieu » à une catégorie éclatée de « gens de milieux différents ». Ainsi ont pu être identifiés cinq grands groupes qui apparaissent sur la figure 1 selon leur niveau moyen de revenu, leur degré d’informalité dans l’emploi et le poids du salariat en leur sein.

La classe moyenne des travailleurs de l’informel constitue la part la plus importante (39 % du total). Les chefs de ménage y sont plutôt jeunes et leur famille est plus petite. Pour la plupart, ils sont entrepreneurs indépendants dans le secteur des transports routiers, du commerce et de la petite industrie manufacturière non déclarée. Une part significative de leurs revenus (plutôt faibles), est dédiée aux transferts (redistribution à la famille élargie). Beaucoup aspirent à devenir de véritables entrepreneurs.

La classe moyenne des agriculteurs – et en particulier des planteurs du Sud-Ouest – représente 25 % du total. Naturellement installés en milieu rural, ils sont relativement âgés et, s’ils attachent beaucoup d’importance à la scolarisation de leurs enfants, leur faible revenu ne leur permet pas d’y consacrer beaucoup d’argent. Ils apparaissent très vulnérables et se plaignent notamment d’être à la merci des fluctuations du marché sur les produits d’exportation (café et cacao). Ils « vivent selon la courbe ».

Les dirigeants, cadres et professions intermédiaires du secteur public constituent le troisième sous-groupe (17 %). Ils affichent les plus hauts niveaux moyens de revenu et d’éducation, et appartiennent pour beaucoup d’entre eux au secteur de l’éducation et de l’enseignement supérieur où les salaires sont relativement élevés. Mais une part substantielle de leurs revenus peut provenir d’une ou de plusieurs autres activités, notamment comme « planteurs absentéistes » (fonctionnaires investissant dans les activités de plantation).

La classe moyenne des retraités et inactifs (15 %), souvent représentée par des femmes, apparaît comme vulnérable et dépendante des transferts familiaux. Elle se singularise par le fait que ses membres sont souvent propriétaires de leurs logements. Mais leurs revenus sont en moyenne les plus bas de cette classe moyenne et l’augmentation de l’espérance de vie risque arithmétiquement de dégrader leur condition.

Enfin, la classe moyenne intermédiaire du secteur privé formel (4 %) rassemble des employés et salariés bien rémunérés, représentés surtout dans les secteurs de l’immobilier, du commercial et de la finance. Ils sont davantage que les autres connectés à l’Internet et dépensent beaucoup dans l’éducation des enfants, la santé et les communications. Eux aussi investissent volontiers dans l’immobilier ou les plantations.

« Classe moyenne » : une expression avant tout performative

Au-delà de ces cinq groupes, un fort dualisme se dégage. D’un côté, on trouve en minorité (21 %) une strate haute et stabilisée de la classe moyenne, constituée plutôt d’héritiers des groupes intermédiaires des années 1960-1970. De l’autre, on observe une strate basse majoritaire (79 %) et instable, composée de ménages en situation de petite prospérité en même temps que de grande vulnérabilité et dont les trajectoires sociales ascendantes et descendantes alternent au gré des différents chocs (économiques, sociaux, politiques, climatiques, etc.) auxquels ces populations sont confrontées.

« Cabine téléphonique cellulaire » à Abidjan (en 2012).
Serein/Wikimedia, CC BY-SA

La société est ainsi divisée en trois strates majeures : une majorité de pauvres, une strate instable de petite prospérité en expansion et les plus aisés de la petite Upper middle class et de la classe des 5 % les plus riches.

L’hétérogénéité du groupe « du milieu » conduit à une très faible et inégale politisation, dont l’expression lorsqu’elle existe repose davantage sur l’identité socioprofessionnelle (fonctionnaires notamment) que sur l’appartenance à une quelconque classe moyenne.

The ConversationEn Côte d’Ivoire, comme presque partout ailleurs en Afrique, l’expression « classe moyenne » apparaît ainsi très largement comme une expression performative, c’est-à-dire une expression permettant de créer des représentations de la réalité sociale qui ne sont que partiellement vraies mais qui intéressent – ou sur lesquelles jouent à des degrés divers – les politiques, les investisseurs et les bailleurs de fonds.

Jean-Philippe Berrou, Maître de conférences en sciences économiques (LAM, CNRS), Sciences Po Bordeaux

This article was originally published on The Conversation. Read the original article.

Mali: Al-Hassan devant la CPI. Et les autres?

Vue de Tombouctou, au Mali. (Photo d'illustration)
© Peter Langer/Getty Images

Al-Hassan a été remis samedi dernier à la CPI par Bamako. Il avait été arrêté par Barkhane en avril 2017 et emprisonné dans un lieu tenu secret. En 2016, la CPI a condamné le jihadiste de Tombouctou Al-Faqi Al-Madhi à neuf ans de prison pour destruction de mausolées. Al-Hassan appartenait à ce deuxième cercle dit « local » de Tombouctou, qui menait ou ordonnait des actes de torture, de viols, d'esclavage sexuel au nom de la charia. Le premier cercle des responsables et inspirateurs comprend des gens comme Iyad Ag Ghali. Que sont devenus les autres responsables très importants de Tombouctou ?

Al-Hassan avait été nommé chef de la police islamique et des moeurs fin 2012. Son transfèrement marque une étape, car il devrait être jugé pour des crimes commis contre des personnes. Première comparution demain devant la CPI pour une validation procédurière de son identité.

Entre 2012 et 2013, il y a eu trois chefs de la « brigade islamique des moeurs », de la police : Al-Faqi Al-Madhi, condamné en 2016 par la CPI ; Al-Hassan, qui comparaît devant la CPI pour la première fois demain pour une validation procédurière de son identité ; et enfin Amar Moussa qui, lui, sillonne notamment le sud-algérien et qui est venu, en toute impunité, à Bamako, en 2015, signer les Accords d'Alger. Il est toujours dans la nature.

Autre membre très important de ce cercle local, Houka Houka, le chef du tribunal islamique, libéré par le pouvoir en août 2014. Depuis, il fait l'intermédiaire entre certains groupes armés et le palais de Koulouba. Aussi dans la nature, Sanda Ould Boumama, ancien porte-parole d'Ansar Dine, il a été libéré en 2015 par Nouackchott.

Sénégal: le maire de Dakar, Khalifa Sall,
condamné à cinq ans de prison

Le maire de Dakar Khalifa Sall, ici en mars 2011.
© SEYLLOU / AFP

Au Sénégal, le verdict est enfin tombé dans le procès du maire de la ville après une année de procédure. Khalifa Sall est condamné à cinq ans de prison ferme.

Cinq ans de prison ferme pour Khalifa Sall. Le parquet avait requis sept ans. Et à peine la sentence annoncée par le juge Malick Lamotte, les partisans du maire de Dakar se sont levés, ont crié, pleuré. Cohue, manifestation, la salle a été évacuée immédiatement. Le juge n’a pas eu le temps de finir la lecture du délibéré.

Cinq ans de prison et cinq millions de francs CFA d’amende aussi pour Khalifa Sall, condamné précisément pour « escroquerie sur des deniers publics ». Le maire de Dakar a été relaxé pour le « détournement de deniers publics ». On a pu lire la déception évidemment des avocats de Khalifa Sall.

J'ai mal d'abord en tant que député, j'ai mal en tant qu'acteur judiciaire. Pour moi, aujourd'hui, la justice aurait dû seulement annuler la procédure.
Madické Niang, opposant et cadre du parti démocratique sénégalais
30-03-2018 - Par Jean-Jacques Louarn

Maître François Sar qui affirme aussi que ce combat judiciaire n’est pas terminé : « Bien évidemment, c’est une déception parce que c’est cela la réalité. En deux mots, je dirais que toute la décision repose sur la négation du caractère politique des fonds qui ont été gérés. Nous vous indiquerons la suite que les avocats de la défense donneront à ce dossier. Mais bien évidemment que le combat va se poursuivre ».

Abattement dans le camp Khalifa Sall, satisfaction au contraire du côté de l’Etat, partie civile dans ce dossier. L’Etat qui a par contre été débouté de sa demande de dommages et intérêts.

Le droit a été dit, conformément aux chefs d'inculpation retenus et aux peines qui étaient prévues. On ne peut pas cautionner une théorie qui vise à accréditer, l'immunité politique, ce n'est pas acceptable dans notre démocratie.
Seydou Guèye, secrétaire général du gouvernement et porte-parole
30-03-2018 - Par Jean-Jacques Louarn

Mais pour maître Baboucar Cissé, les condamnations du directeur administratif et financier de la mairie et de Khalifa Sall sont une victoire : « Nous sommes plus que satisfaits. Monsieur Mbaye Touré, directeur administratif financier, et monsieur Khalifa Sall ont été retenus dans les liens de la prévention et ils ont été déclarés coupables, et condamnés chacun à cinq ans de prison ferme pour escroquerie portant sur des deniers publics encore une fois ».

Des manifestations, des mouvements de foule se sont produits devant le tribunal de Dakar. Les partisans de Khalifa Sall ont fait face aux forces de l’ordre en criant leur colère avant d'être repoussés vers le centre-ville. Les avocats de l’Etat comme ceux de Khalifa sall ont désormais un mois pour faire appel.

C'est un cinéma que les gens sont en train de faire au tribunal. C'était une question de formalité. Macky ne voulait pas que Khalifa se présente, point barre !
Les habitants de Grand Yoff, où vit toujours la famille de Khalifa Sall, ne comprennent pas la condamnation du maire de Dakar
30-03-2018 - Par Guillaume Thibault
 

Côte d'Ivoire: un tiers des sénateurs
toujours pas nommé

L'Assemblée nationale ivoirienne, le 18 décembre 2015, lors d'un discours de son président Guillaume Soro.
© SIA-KAMBOU / AFP

L'annonce en a été faite à la sortie du Conseil des ministres, le 28 mars. Le nouveau Sénat ivoirien siègera à Yamoussoukro le 10 avril prochain après l'élection de son président le 5 du même mois. Or, cette élection et cette session auront lieu avec les deux tiers du Parlement puisque les 33 sénateurs qui doivent être nommés par le président ne le seront pas à cette date, indique le gouvernement. Cette manière pour le moins inhabituelle de procéder se déroule toujours sur fond de querelles et de tensions au sein de la majorité.

Le premier Sénat de l'histoire ivoirienne tiendra sa première session avec deux tiers seulement de ses membres. A moins que, entre le 5 avril, date de la désignation du président du Sénat, et le 10 avril, le chef de l'Etat Alassane Ouattara ne décide de nommer le tiers manquant, nomination qui reste à son entière discrétion.

Interrogé sur cette méthode pour le moins inhabituelle, le porte-parole du gouvernement Bruno Koné répond avec une certaine candeur. « La question que vous évoquez a été sans doute regardée par les juristes, déclare-t-il. Il est tout à fait possible aujourd’hui d’installer le Sénat avec les sénateurs élus. Dans un deuxième temps évidemment, à une date que le président décidera, il pourra compléter ce Sénat avec les personnes qui seront nommées. Il est d’ailleurs préférable que le président du Sénat soit parmi les membres élus du Sénat ».

Remaniement de la CEI

Les déclarations de Jean-Louis Billon sur la nécessité selon le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), parti de la majorité présidentielle, de remanier la Commission électorale indépendante (CEI) avant 2020, n'ont pas plus du succès auprès du représentant de ce gouvernement fortement dominé par le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).

« Epiloguer tous les jours sur la composition de la CEI, cela finit par lasser tout le monde et cela finit même par amener des questions sur ce que veulent réellement ceux qui demandent tous les jours la réforme de la CEI », poursuit Bruno Koné.

Au sortir du conseil des ministres, le porte-parole du Rassemblement des républicains (RDR), Mamadou Touré, ironise sur les contradictions de son homologue Jean-Louis Billon, porte-parole adjoint du PDCI qui dit « une chose puis une autre ». Ces querelles et bisbilles au sein du RHDP n'ont pas fini de faire sourire ou grincer des dents au sein des deux partis frères.