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Mali: création d’un nouveau front anti-IBK avant la présidentielle de juillet

Maître Mountaga Tall du Congrès national d'initiative démocratique (Cnid), candidat à la prochaine élection présidentielle malienne prévue en juillet 2013.
© AFP/HABIBOU KOUYATE

Composé de partis politiques et d’associations, le regroupement « Unis pour le Mali » (UMA) dit souhaiter l’alternance à l’occasion de l'élection présidentielle de juillet prochain.

Ancien ministre, président du Congrès national d'initiative démocratique (CNID), le parti de la majorité présidentielle au Mali, Me Mountaga Tall, ne mâche pas ses mots.

Pour lui, le pouvoir actuel du président Ibrahim Boubacar Keïta, plus connu sous le surnom d'IBK, a échoué. « Aujourd’hui, le Mali est menacé dans son existence même, estime-t-il. Et cela dans tous les domaines, qu’il s’agisse de sécurité, d’économie, d’éthique, de perspectives pour les jeunes ».

Société civile

Au sein du parti Unis pour le Mali (UMA), dont il est le coordinateur national, il existe, selon lui, des partis politiques et de nombreuses associations maliennes, issues notamment de la société civile.

Objectif : réaliser l’alternance lors de la présidentielle de juillet prochain. Pour Mountaga Tall, « l’UMA, c'est le refus de la gouvernance actuelle et la volonté d’y mettre un terme lors des élections à venir ».

L’ancien ministre du président IBK sera-t-il candidat contre lui ? « On ne peut pas passer par une élection présidentielle, l’UMA sera présente avec son candidat à l’élection présidentielle de juillet 2018 », répond-il. Le candidat, est-ce Mountaga Tall ? « Je l’espère », déclare le principal intéressé. Avant la fin de cette semaine, Unis pour le Mali descendra sur le terrain à la rencontre des Maliens.

Libération des lycéennes de Dapchi: un éventuel paiement de rançon fait parler

Les jeunes filles de Dapchi avec les militaires nigérians après leur libération mercredi 21 mars 2018.
© REUTERS/Afolabi

Une centaine d'écolières enlevées le 19 février dernier par des militants islamistes de Boko Haram à Dapchi, dans le nord-est du Nigeria, ont été ramenées mercredi matin à leur école par leurs ravisseurs. 106 adolescentes sur les 110 enlevées le 19 février dernier ont été déposées mercredi au petit matin non loin de leur école. Les circonstances de cette libération soulèvent de nombreuses interrogations, notamment sur un éventuel paiement de rançon.

Qu’importe si les autorités martèlent n’avoir pas versé de rançon pour la libération des jeunes filles de Dapchi, les Nigérians sont persuadés du contraire. La question a d’ailleurs animé les débats au Sénat ces dernières semaines.

« La réaction du gouvernement est louable, quoi qu’il ait fait pour récupérer les filles. En tant que politicien, je ne peux pas imaginer que le gouvernement n’ait pas agi. Je ne suis pas un inconditionnel du paiement de rançons, mais dans des cas critiques, c’est mieux de payer pour retrouver les gens en vie », estime Mohammed Ali Ndume, sénateur du district Sud de l’Etat de Borno, une zone qui comprend la ville de Chibok où plus de 200 lycéennes avaient été enlevées en avril 2014.

Deux à trois millions d'euros pour les filles de Chibok ?

Depuis l’arrivée au pouvoir de Muhammadu Buhari, la quasi-totalité des enlèvements s’est soldée par une libération des captifs. Les éléments de négociation – le plus souvent l’échange de prisonniers et une rançon–– sont très rarement révélés et cela commence à faire des vagues.

« Bien sûr, chaque action a des conséquences et il y aura une escalade de l’activité de Boko Haram, reconnaît Mohammed Ali Ndume. Mais je pense que cela doit servir de leçon pour le gouvernement. Si paiement de rançon il y a vraiment eu pour les filles de Chibok et maintenant pour les filles de Dapchi, on ne peut pas imaginer qu’un troisième enlèvement se produise sans que l’on n’aborde le sujet. »

Après à la libération de 82 lycéennes de Chibok en mai 2017, la presse nigériane avait évoqué à plusieurs reprises le paiement d’une rançon allant de 2 à 3 millions d’euros. Un montant qui inciterait désormais Boko Haram à multiplier les enlèvements de masses d’adolescentes pour se financer.


 
 

Union africaine : l’Afrique face aux défis de la Zone de libre-échange continentale

 

Les chefs d’État africains doivent signer mercredi l’accord-cadre de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC), à l’occasion du sommet extraordinaire de l’Union africaine (UA), du 17 au 21 mars à Kigali, au Rwanda. Un projet ambitieux, dont les modalités ne font pas encore totalement l’unanimité.

La nouvelle est tombée en début de soirée, ce dimanche 18 mars. Un communiqué de la présidence nigériane, annonçant l’absence du président Muhammadu Buhari au sommet extraordinaire de l’Union africaine à Kigali, au Rwanda, qui doit aboutir à la signature de l’accord sur la mise en place de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC), est venu doucher l’enthousiasme autour du projet.

« Monsieur le président ne voyagera plus vers Kigali pour cet événement parce que certains actionnaires nigérians ont fait savoir qu’ils n’ont pas été consultés », explique ainsi le texte, qui met en avant « quelques réticences quant aux conditions de ce traité ». Un retrait de dernière minute qui s’expliquerait également par un besoin de ménager les acteurs du milieu économique à moins d’un an de la présidentielle, prévue en février 2019.

PIB cumulé de 2 500 milliards de dollars

L’information a vraisemblablement surpris les délégations sur place. « Nous avons un peu été pris de court. Nous avons terminé nos réunions à 4h du matin [ce lundi 19 mars, ndlr], il reste quelques points à négocier », glisse ainsi un diplomate.

Alors que les déclarations des chefs d’État et des représentants de l’Union africaine se multiplient depuis plusieurs jours pour saluer, comme l’a fait le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, un « moment historique », l’absence du président d’une des plus importantes économies du continent semble être révélatrice des points de friction qui persistent autour de l’accord.

Ce projet, un des étendards de l’agenda 2063 de l’UA, est en discussion depuis 2012 et avoisinerait 2 500 milliards de dollars de PIB cumulés.

Censé intégrer les 55 pays membres de l’UA à une zone de libre-échange commerciale et, à terme, regrouper les zones régionales commerciales, l’accord doit être officiellement signé ce mercredi 21 mars, en clôture du sommet de Kigali.

L’enjeu de la ratification

Si quelque 27 chefs d’État sont attendus dans la capitale rwandaise, le nombre de pays qui signeront l’accord officialisant la création de la ZLEC reste encore inconnu.

Pour entrer en vigueur, l’accord devra ensuite être ratifié à l’échelle nationale par un minimum de 22 pays. Un processus qui pourrait prendre du temps, compte tenu du fonctionnement différent d’un pays à l’autre.

L’enjeu semble pourtant important. Seulement 16 % du commerce des pays africains s’effectue ainsi avec d’autres pays du continent, loin derrière l’Asie (autour de 50 %) et l’Europe (près de 70 %)

Annoncé en janvier par le président rwandais Paul Kagame, qui a pris la tête de l’organisation panafricaine lors du dernier sommet, ce rendez-vous se veut la consécration de deux ans de travaux menés sous l’égide du « champion » désigné de cette ZLEC, le président nigérien Mahamadou Issoufou.

« Difficile de savoir qui seront les gagnants, qui seront les perdants »

Pour autant, le consensus autour du projet semble moins important qu’exprimer dans le discours officiel. « Les autres zones de libre-échange viennent formaliser des zones où le flux des échanges est déjà présent. Ici, nous partons du principe que cela va stimuler les échanges », constate ainsi un observateur. « Difficile de savoir qui seront les gagnants, qui seront les perdants », poursuit-il.

Il nous reste encore beaucoup de choses à négocier », explique un diplomate nigérien

« Nous ne sommes pas contre le projet mais nous n’avons pas vu d’études d’impact, nous n’avons pas beaucoup été consultés. Ce ne sont pas des manières, il ne faut pas essayer de pousser les choses trop vite si des États ne sont pas prêts », commente un membre de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC).

Parmi les questions qui devront être adressées lors du sommet figure notamment celle de la mise en place d’un mécanisme de règlement des conflits concernant de potentiels abus du système. Les réunions ont déjà pris du retard, « il nous reste encore beaucoup de choses à négocier », explique un diplomate nigérien.

Côte d’Ivoire : Soro, « témoin » de la promesse d’alternance
entre Ouattara et Bédié

Par Jeune Afrique
 
 

Le secrétaire général du PDCI assure qu'un « pacte » a été conclu en 2014 entre Bédié et Ouattara pour assurer une alternance. Un « témoin » aurait même été présent : Guillaume Soro.

Les tensions restent vives entre le Rassemblement des républicains (RDR) d’Alassane Ouattara et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) d’Henri Konan Bédié.

Les tensions restent vives entre le Rassemblement des républicains (RDR) d’Alassane Ouattara et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) d’Henri Konan Bédié.

Lors d’un meeting à Yamoussoukro, le 10 mars, Maurice Kakou Guikahué, le secrétaire exécutif du PDCI, a assuré qu’un homme pouvait mettre fin aux disputes qui minent les relations entre ces deux formations, unies depuis 2005 au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP).

>>> À LIRE – Côte d’Ivoire : le RDR et le PDCI iront ensemble aux sénatoriales

« 2015, c’est Ouattara. 2020, c’est le PDCI. Il y a bel et bien eu promesse d’alternance entre Bédié et Ouattara. Le moment venu, le président Bédié vous dira le lieu où cette promesse a été faite et le nom du témoin de cette scène », a-t-il déclaré.

Le « pacte » de Daoukro

Selon les informations de Jeune Afrique, ce « pacte » a été conclu à Daoukro peu avant le 17 septembre 2014, date à laquelle Bédié appela ses partisans à se ranger derrière Ouattara dès le premier tour de la présidentielle de 2015, assurant qu’en échange le RDR se rallierait en 2020 au candidat du PDCI.

Arrivé dans la ville natale du « Sphinx » le 14 septembre 2014, ADO est reçu à dîner dans sa résidence. Trois hommes sont autour de la table : Bédié, Ouattara, et… Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale.

Préférant rester en petit comité, Bédié prie Hamed Bakayoko, alors ministre de l’Intérieur, de quitter les lieux. Dans son antichambre, et en présence de Soro, le chef du PDCI remet à Ouattara le texte de son discours du 17, dans lequel il évoque la promesse d’alternance.

>>> À LIRE – Côte d’Ivoire : dix dates pour comprendre la relation entre Henri Konan Bédié et ADO

Après l’avoir lu, le chef de l’État ne demande ni ajouts ni suppressions. Dans son esprit, les deux partis auraient fusionné avant 2020. La question se serait donc posée différemment…

 

Mali: le Premier ministre évoque l’insécurité
dans le Centre avec des députés

Soumeylou Boubèye Maïga, Premier ministre malien.
© HABIBOU KOUYATE / AFP
 

Au Mali, pour tenter d’apaiser le climat toujours tendu dans la région du centre, le Premier ministre malien, Soumeylou Boubèye Maïga, a reçu, samedi 17 mars, à Bamako, les députés locaux de la majorité et de l'opposition.

Devant les députés et élus du centre du Mali, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a tenu à rassurer : l’Etat prend les dispositions pour que le calme règne à nouveau entre les communautés.

Il a également tenu à évoquer la question des armes de guerre aux mains des milices.

« Tous les groupes armés signataires ou non signataires de l’accord ont utilisé les communautés du centre pour renforcer leurs effectifs. A un moment donné, les populations elles-mêmes, pour se défendre, ont mis en place des groupes d’auto-défense et tout cela a abouti à une militarisation de la société civile. Mais nous, nous allons non seulement combattre les groupes que nous combattons mais nous allons aussi désarmer tous ceux qui ne doivent pas porter des armes. Je le répète : l’Etat n’a armé aucune communauté », a déclaré le Premier ministre.

Présente à la rencontre, Diallo Aissata Touré, députée de la localité de Youwarou, dans le centre du pays, se dit satisfaite des entretiens. « Satisfaite et rassurée. A toutes les questions qui ont été soulevées, nous avons essayé de trouver des réponses », précise-t-elle.

Son collègue de l’opposition, Amadou Cissé, élu de la localité de Ténenkou, insiste sur une demande : « Certes la décision est très claire : celui qui sort avec sa moto est une cible pour les militaires mais qu'on ne brûle pas les motos des gens que l'on trouve dans leurs maisons, qu'on ne vole pas les bijoux des gens, le matériel des gens dans leurs maisons et que l'on ne crée pas l'amalgame. »

Et le Premier ministre a été clair, ceux qui n’honorent pas l’armée malienne seront durement sanctionnés.