Vu au Sud - Vu du Sud

Au Sahel, entre crise sécuritaire et sécheresse,
les éleveurs se sentent oubliés

Carcasse de vache au Sahel (mars 2016), région durement touchée par une sécheresse qui pénalise les éleveurs.
© DeAgostini/Getty
 

Une réunion de consultation sur la situation pastorale à l'initiative d'organisations régionales comme le CILSS ou l'UEMOA s'est terminée ce week-end à Niamey, au Niger. L'occasion de parler de la crise liée à un déficit de pluies historique. Le manque de pâturage combiné à l'insécurité liée aux groupes terroristes dans le Sahel rend les éleveurs de la région particulièrement vulnérables. Au lendemain de la grande réunion sur le Sahel qui s'est tenue à Bruxelles vendredi et qui a promis la mise en place par l'Alliance Sahel de 500 projets de développement dans la région, les éleveurs font part de leur déception. Ils estiment ne pas avoir été consultés par ce nouveau partenaire de développement

Huit milliards d'euros... C'est le budget que l'Union européenne entend consacrer aux projets de l'Alliance Sahel jusqu'en 2022. L'engagement est colossal mais pour faire quoi ?

Abdoul Aziz Ag Alwaly, le responsable de l'association d'éleveurs Tassaght [«lien» en tamasheq], à Gao au Nord du Mali, redoute que ces projets de développement ne soient pas adaptés. « Nous aimerions, justement, que l’on se penche, pour une fois, sur le mode de vie de ces communautés pastorales, le contexte qui les rend plus vulnérables, qu’elles ne l’étaient. Je fais allusion, entre autres, à des trajets de commerce, des recherches de pâturages… Toute cette mobilité se retrouve entravée par le contexte actuel d’insécurité », explique t-il à RFI.

« Les éleveurs se retrouvent piégés dans un champ de bataille entre des éléphants et même si ce n’est pas un acteur en antagonisme avec les autres, ils l’écrasent » conclut-il.

Pour Dodo Boureima, du réseau d'éleveurs Bilital Maroobé au Niger, stabiliser le Sahel ne sera possible qu'en soutenant l'élevage, dernière activité dans ces régions délaissées. « Dans ces zones encore vidées des autres populations et même de l’administration, c’est les éleveurs qui mettent ces grands espaces-là en valeur. Sinon, c’est aussi laisser ces espaces-là à des bandits armés ou à ces rébellions… »

Au Sahel on a de l’eau, insiste t-il, aussi faut-il « faire des investissements pour (que) le maximum d’éleveurs (puissent retourner) autour de certains sites stratégiques ».

Rappelons que l'élevage est l'une des principales activités économiques des pays sahéliens et représente entre 30 à 40% de leur produit intérieur brut agricole.

sur le même sujet, (ré)écouter les émissions spéciales de RFI

«développement du Sahel pour lutter contre le terrorisme»

«Sahel, nouvelle poudrière de l'Afrique»

Mali: Barkhane mène des opérations anti-terroristes
dans la région de Gao

Hélicoptère de la force Barkhane, ici au-dessus du camp de Tessalit. (Photo d'illustration)
© © RFI/David Baché
 

Depuis jeudi 22 février, la force française Barkhane mène des opérations anti-terroristes dans la région de Gao, vers la frontière nigérienne, avec les mouvements Gatia et MSA. Un groupe de terroristes est particulièrement visé, celui d'Adnan Abu Walid al-Sahraoui, chef de l’« Etat islamique du Grand Sahara ».

Dans le collimateur des forces opérationnelles : Adnan Abu Walid Al-Sahraoui et ses hommes, installés à la frontière Mali-Niger, dans l'une des forêts de ce secteur. De là, il mène par exemple des opérations dans le territoire nigérien. De cette forêt, il mène également des opérations cinglantes sur le territoire malien.

Adnan Abu Walid al-Sahraoui, chef de l’« Etat islamique du Grand Sahara », aurait échappé de justesse soit à une capture, soit à une neutralisation. Bilan provisoire des opérations : au moins deux nouvelles arrestations ce vendredi, des très proches du leader. Au total au moins six jihadistes ont été capturés. En outre, du matériel roulant a été saisi, ainsi qu’une quantité importante d’armes et surtout l’une des bases jihadistes détruite.

Les jihadistes auraient déclaré qu'effectivement, il était avec eux peu avant le début des attaques, menées par la force française Barkhane et deux groupes armés impliqués dans le processus de paix dans le nord du Mali.

De source militaire française, les opérations se poursuivaient vendredi, au sol et dans le ciel, et se prolongera au moins ce samedi. Deux groupes armés impliqués dans le processus de paix sont également sur le terrain. Il y a le Gatia, groupe armé des Touaregs de la tribu des Imerades et alliés, proches du gouvernement malien, et une branche du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA), un mouvement désormais divisé.

Quels investissements pour l’accès à l’eau ?

L'accès à l'eau potable est l'un des enjeux majeurs de l'Afrique du 21e siècle. Alors que l'urbanisation appelle à davantage de capacités de production et de distribution, une des priorités pour les grandes entreprises est souvent la réparation des installations.

 
 

Cédéao: la monnaie unique à horizon 2020

De gauche à droite: les présidents Buhari (Nigeria), Gnassingbé (Togo), Issoufou (Niger), Ouattara (Côte d'Ivoire), Akufo Ado (Ghana), et le président de la Commission de la Cédéao Marcel De Souza, à Niamey, le 24 octobre 2017.
© BOUREIMA HAMA / AFP

Les quatre chefs d'Etats membres du groupe de travail sur la monnaie unique de la Cédéao ont adopté, le 21 février à Accra, une nouvelle feuille de route afin d'accélérer la mise en oeuvre de cette monnaie. La date de lancement est fixée à 2020. Le principe étant que les pays qui sont prêts pourront démarrer en attendant d'être rejoints par les autres. Dès cette année, un institut monétaire commun à l'espace Cédéao devrait voir le jour. Mais au-delà de cette volonté affichée, il reste beaucoup de questions à résoudre.

Les mots prononcés à Accra lors de la réunion du groupe de travail sur la monnaie unique traduisent bien l'optimisme ambiant. Le vice-président ghanéen a affirmé que son pays serait prêt à adopter cette monnaie dès 2020. Le président ivoirien s'est vanté que le sien respecterait dès 2019 les critères de convergence. Après des décennies d'immobilisme, les dirigeants ouest-africains font preuve d'un étonnant volontarisme, qui cadre avec l'air du temps et le débat sur l'avenir du franc CFA.

Sur le plan technique, un grand pas a été fait avec l'annonce de la création dès cette année d'un Institut monétaire de la Cédéao. Il sera chargé de fédérer les institutions existantes et réduire les critères de convergence. Ils vont passer de 11 à 6 ce qui devrait faciliter l'adoption de la monnaie commune.

Pourtant, les incertitudes demeurent. Et c'est le géant nigérian qui exprime les plus vives inquiétudes. le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria a rappelé la position du président Buhari : la convergence des économies n'est pas suffisante, les objectifs en termes d'inflation sont irréalistes. Les Nigérians soulignent en outre que la zone franc devrait commencer par couper les liens avec le Trésor français, et au moins indiquer les échéances de désengagement. Face aux volontaristes, les Nigérians se veulent réalistes.

 

Côte d’Ivoire : hausse de 5 % de la production d’anacarde
prévue lors du lancement de la campagne 2018

 

Premier exportateur mondial de noix de cajou, la Côte d'Ivoire a lancé la campagne de commercialisation de l'anacarde le 15 février dernier. Tablant sur une production en hausse de 5 % en 2018, le gouvernement vient de créer une taxe sur les exportations afin d'inciter à la transformation locale, dans un contexte où moins de 7 % de la récolte est broyée sur le territoire.

La campagne de commercialisation de la noix de cajou 2018 s’est ouverte le 15 février dernier en Côte d’Ivoire. Le Conseil du coton et de l’anacarde (CCA), l’autorité de régulation du secteur, table sur une récolte de 750 000 tonnes, ce qui représenterait une hausse de presque 5 % par rapport à la campagne précédente.

La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial d’anacarde, comptant pour la moitié de la production de l’Afrique de l’Ouest, et 22 % de la production globale. Le prix plancher bord champ au producteur a été fixé à 500 francs CFA le kilogramme, contre 440 FCFA en 2017.

Création d’une taxe sur les exportations d’anacarde

Pour l’exportation, ce conseil a agréé une quinzaine d’entreprises et vingt coopératives. Principale nouveauté cette année : la mise en place d’une taxe sur les exportations d’anacarde, fixée à 10 % de leur valeur CAF, afin d’inciter à la transformation sur place.

Environ 86 % de la production ivoirienne est exportée, principalement à destination du Vietnam (68 %), de l’Inde (28 %) et du Brésil (3 %).

>>> A LIRE – Côte d’Ivoire : l’anacarde, de la plantation à l’usine

Alors que le pays a pour objectif de transformer 100 % de la production de noix de cajou d’ici à 2020, seul 6,62 % des 711 236 tonnes récoltées en 2017 – sur une prévision de 715 000 tonnes – ont été broyées localement. La capacité de broyage ivoirienne s’établit actuellement à 109 500 tonnes, avec 29 unités de transformation.