Vu au Sud - Vu du Sud
Problèmes politiques au Tchad
Nouvelle Constitution au Tchad:
l'opposition boycotte l'Assemblée nationale
Au Tchad, l'opposition annonce qu'elle se met en congé de l'Assemblée nationale pendant deux semaines. Deux semaines, c'est le temps qu'il faudra à la commission spéciale, installée ce lundi, pour examiner et faire adopter le projet de Constitution devant permettre au pays d'entrer dans une IVe République. Pour l'opposition qui a boycotté la séance, c'est une question de constance.
C’est une Assemblée nationale monocolore ou presque qui a adopté ce lundi la résolution mettant en place la commission spéciale chargée de requérir les amendements aux projets de Constitution, et qui devrait aboutir à la mise en place d’une nouvelle République. Pour le député de la majorité, Djidengar Ndjendi Bassa, l’opposition est rétive aux changements : « Je trouve que c’est normal. Nous sommes à un virage décisif de l’histoire de notre pays. Nous voulons mettre en place une IVe République. C’est un changement. Un changement, ce n’est pas tout le monde qui opte pour le changement ».
Mais pour le chef de file de l’opposition, Saleh Kebzabo, c’est par devoir politique que l’opposition refuse de participer à un jeu où les dés sont déjà pipés : « Nous connaissons très bien la machine infernale qui a été lancée contre nous et contre la population tchadienne. Déby veut les pleins pouvoirs. Il ne se satisfait pas de ce qu’il a obtenu jusqu’ici. Il a une majorité écrasante à l’Assemblée nationale, il fera ce qu’il voudra. Nous allons faire de la figuration. Et je peux vous assurer qu’en la matière, il n’y a pas de chaise vide parce que si la chaise était vide, on n’aurait pas parlé de nous. C’est parce que justement on a posé un acte majeur que la population approuve, que nous avons décidé de ne pas aller à l’Assemblée nationale pendant les deux prochaines semaines où ces questions vont être débattues ».
Le nouveau projet sera adopté le 30 avril prochain par le Parlement pour une promulgation début mai. Pour l’opposition, il faut passer par un référendum pour mettre en place une République, au lieu de se contenter d’un simple vote par une Assemblée nationale dont le mandat est arrivé à terme depuis trois ans.
Assaut terroriste au Mali
Assaut contre la Minusma et Barkhane
au Mali: «une attaque sans précédent»
© Sebastien RIEUSSEC / AFP
Au Mali, le camp de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) et celui de la force française Barkhane, à Tombouctou, ont été la cible d’une attaque « sans précédent » en plein après-midi du samedi 14 avril. Un casque bleu a été tué. Au moins sept autres sont blessés. Sept militaires français ont également été blessés et pris en charge médicalement, confirme l'état-major français qui précise par ailleurs que quinze assaillants ont été tués.
L’assaut a été lancé en plein jour, à 14 heures, heure locale. Tout comme la Minusma, Barkhane parle ce dimanche d'une attaque « complexe, sans précédent ». Les assaillants ont tout d'abord tiré des roquettes contre le camp de Minusma et de Barkhane. Ils ont ensuite lancé plusieurs véhicules piégés, des véhicules-suicide, à des points différents du camp. Barkhane ne précise pas combien.
Les procédés utilisés sont également inédits puisque les assaillants ont utilisé au moins un véhicule estampillé UN. Le ministère malien de la Sécurité affirme qu'un autre véhicule portait les couleurs des Forces armées maliennes. Certains assaillants portaient également des casques bleus.
Une attaque sans précédent enfin par sa durée. Du premier au dernier, les échanges de tirs ont duré plus de quatre heures. « Les assaillants étaient organisés et déterminés. Ils ont tenu. Ils n'ont pas fui le combat », explique le porte-parole de l'opération française. Aux yeux d’Andrew Lebovich, chercheur associé au sein du think-tank ECFR (Conseil européen des relations internationales), « ce qui parait assez unique » dans cet attentat, c’est que ses auteurs ont « rassemblé et ont utilisé plusieurs tactiques à la fois », mélangeant tirs de mortiers et emploi de camions piégés.
« Malgré tout, notre système de défense a fonctionné »
Du côté de la Minusma tout comme du côté français, on estime toutefois que l'attaque a été mise en échec. « Malgré tout, notre système de défense a fonctionné », estime une source de la Minusma.
Vu l'ampleur de l'attaque, « le bilan aurait pu être plus lourd », ajoute-t-on du côté de Barkhane. Un avis partagé par Amadou Koïta, porte-parole du gouvernement malien, qui « salue l’engagement des forces françaises et de la Minusma pour leur réaction rapide, qui a permis de neutraliser ces forces terroristes ».
Au nom de son gouvernement, le porte-parole « condamne avec la dernière rigueur » l'attaque et l'assure : le Mali « reste engagé dans la lutte contre le terrorisme ». Amadou Koïta refuse en revanche de parler d'une aggravation de la situation sécuritaire du pays. Il affirme que Bamako « est en train de reconstruire l’armée malienne, qui monte en puissance » et que le gouvernement « fait de son mieux ».
Dans un tweet, le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré déplore la mort du casque bleu, un caporal burkinabè.
Et les jeunes filles enlevées au Nigéria ?
Chibok: quatre ans après,
encore une centaine de lycéennes prisonnières
© Sunday AGHAEZE / PGDBA & HND Mass Communication / AFP
Cela fait quatre ans que 276 lycéennes de Chibok, ville de l'extrême nord-est du pays, ont été enlevées par des membres de Boko Haram. Le pays commémore ce samedi 14 avril ce triste anniversaire, tandis que près d'une centaine de lycéennes sont encore retenues captives par le groupe islamiste. Le drame de Dapchi en février dernier est venu rappeler que la menace des enlèvements plane toujours sur les écoliers du Nord-Est.
C'était il y a quatre ans. Au beau milieu de la nuit, des membres de Boko Haram avaient pris d'assaut le dortoir du lycée de la localité Chibok, enlevant 276 jeunes filles.
Plus tard, 57 ont réussi à s'échapper, 107 ont été retrouvées, secourues ou échangées avec leurs ravisseurs. Mais 112 sont encore captives. Et leur sort reste un mystère.
Les familles accusent le gouvernement de passivité
La dernière preuve de vie remonte à début janvier. Plusieurs d'entre elles apparaissaient dans une vidéo diffusée par Boko Haram où elles affirmaient ne pas vouloir quitter le « califat ». Les autorités disent oeuvrer à leur libération.
Dans son discours de Pâques, le chef de l'Etat Muhammadu Buhari s'est dit « très optimiste ». Il a assuré que toutes les filles encore captives seraient bientôt « rendues sans condition à leurs familles ».
Pas de quoi convaincre Sesugh Akume, le porte-parole de l'organisation Bring Back Our Girls : « Le gouvernement n'a pas fait assez, c'est décevant, d'autant que les parents sont maintenus dans le flou. C'est le plus affligeant ! Nous n'attendons pas du gouvernement qu'il dise tout au public, mais il doit tenir les parents informés ainsi que leurs communautés, qu'ils sachent que le gouvernement travaille dessus, qu'ils sachent ce qu'il fait. »
Un anniversaire au goût amer
Les familles déplorent l'absence totale d'information sur l'avancée du dossier. Quatre ans après l'enlèvement de masse, les jeunes filles ne font plus la Une des journaux, ne suscitent plus de débats passionnés. L'enlèvement de 111 jeunes filles de Dapchi, mi-mars, puis leur libération un mois après, a pourtant prouvé que les écoliers demeuraient une cible majeure des islamistes.
Pour le mouvement, cet anniversaire a donc un goût amer. « Nous espérions que les filles de Chibock seraient de retour avant le quatrième anniversaire de leur enlèvement, mais on attend toujours ! La plupart d'entre elles manquent encore à l'appel. C'est un jour très triste. Notre message demeure : "ramenez-nous nos filles !" »
Afin de poursuivre le combat, le mouvement organise ce samedi, des débats et des marches dans les métropoles de Yola, Lagos et Abuja.
Selon un rapport de l'Unicef, plus de 1 000 enfants au total ont été enlevés, depuis 2013, par Boko Haram.
Liberté d'expression au Togo ?
Togo: trois directeurs de publication
entendus par les autorités
© REUTERS
Les directeurs de publication des journaux togolais Liberté et Triangle des enjeux ont été entendus ce jeudi 5 avril par les services de renseignements et d'investigation de la gendarmerie nationale de Lomé. Ils ont ensuite été relâchés. Ces convocations font suite à la publication, en février, d'un rapport sur la répression des manifestations au Togo.
Médard Amétépé et Jérôme Sossou, respectivement directeurs de publication de Liberté et du Triangle des enjeux sont retournés libres chez eux ce jeudi, après un peu plus d’une heure d’interrogatoire pour le premier et une trentaine de minutes pour le second.
Selon les deux directeurs de publication, les gendarmes du service de renseignements et d’investigation veulent connaître les raisons pour lesquelles leurs organes respectifs ont publié le rapport conjoint du Réseau des jeunes Africains pour la démocratie et le développement et le Réseau africain pour les initiatives des droits de l’homme et la solidarité.
Le gouvernement a fondamentalement rejeté les allégations de ce rapport et averti qu’il se réservait le droit de donner une suite judiciaire au moment opportun au contenu du document.
Le président du Rejadd arrêté
Assiba Johnson, président du Rejadd (Regroupement des jeunes Africains pour la démocratie et le développement) et co-signataire de ce rapport, est en garde à vue depuis mercredi pour « propagation de fausses nouvelles », « outrage aux autorités » et « appel au génocide ». Le bureau de son association perquisitionné
Pour son avocat Me Claude Amégan, tout est parti de la publication en février dernier d'un rapport sur la répression des manifestations par les forces de sécurité togolaises. Le texte fait état de « plus de 100 morts entre le 19 août 2017 et le 20 janvier 2018 ». Photos à l'appui, ses auteurs dénoncent des décès par balles, des passages à tabac, des milliers d'arrestations, d'enlèvements et de disparitions.
Enquête préliminaire
Il ne s'agit que d'une enquête préliminaire. Un travail qui « avait vocation à se poursuivre », précise Me Claude Amégan. Pour lui, l'arrestation d'Assiba Johnson peut être interprétée comme une tentative d'intimidation.
Le président du Rejadd s'attendait à être arrêté. « Il s'était plaint de filatures, de menaces et d'appels anonymes » après la publication du rapport, poursuit l'avocat. L'autre signataire, la présidente du Réseau africain pour les initiatives de droits de l'homme et de solidarité, Afiavi Kafui Doh-Egueli, n'a pas été arrêtée.
Un troisième directeur de publication doit être entendu par les services de renseignement et d'investigation de la gendarmerie de Lomé ce vendredi 6 avril. Il s'agit d'Abi Alfa, le directeur du journal togolais Le Rendez-Vous.
Difficultés au Mali
Mali: attaque meurtrière contre un camp de la Minusma près de Kidal
© RFI/Anthony Fouchard
Deux casques bleus ont été tués et au moins dix blessés jeudi 5 avril dans l'attaque du camp de la Minusma à Aguelhok au nord de Kidal, a annoncé la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) dans un communiqué.
Selon une source militaire africaine au sein de la Minusma à Aguelhok, les tirs sont venus d'une zone à l'est du camp où avait été détecté plus tôt dans la journée un « attroupement » suspect.
« A 18H45 (locales et GMT), les soldats de la paix ont essuyé des tirs de mortier, dont plusieurs ont atteint leur camp », a indiqué la Minusma, qui a « immédiatement organisé les évacuations médicales nécessaires et renforcé la sécurisation du camp », selon le communiqué, qui ne précise pas la nationalité des casques bleus touchés. Le camp de la Minusma est occupé entre autres par des soldats du Tchad et du Bangladesh. La sécurité du camp a rapidement été augmentée.
La Mission de l'ONU « rappelle que les attaques visant les forces de maintien de la paix des Nations unies peuvent constituer des crimes de guerre en vertu du droit international et que leurs auteurs doivent être appréhendés et poursuivis ». Elle réaffirme sa détermination « à appuyer les efforts pour rétablir une paix et une sécurité durables au Mali ».
Par ailleurs, quatre hommes à moto ont attaqué jeudi un poste de police dans la région de Mopti, dans le centre du Mali, sans faire de victimes, selon une source policière malienne.
Retour des attaques au mortier
Ce n'est pas la première attaque au mortier dans la région. Récemment, le 22 mars, cinq soldats français ont été blessés lors d'une attaque au mortier contre le camp de la Minusma de Kidal où résident également des membres de Barkhane. C'était le jour même de la visite du Premier ministre malien Soumeylou Boubeye Maïga. Même scénario en juin dernier, dans le camp de la Minusma de Tombouctou.
En réalité, l'usage du mortier par les groupes jihadistes n'est pas nouveau. Dès 2014, les terroristes tuent avec cette arme. Plutôt léger, facilement dissimulable, le mortier permet d'attaquer depuis une longue distance ce qui en fait donc une arme de choix. Les attaques au mortier n'ont pas augmenté numériquement selon la Minusma, mais la force des Nations unies a noté une complexification des attaques qui sont de plus en plus sophistiquées avec un usage plus efficace notamment des armes lourdes comme le mortier.
Aujourd'hui, les forces armées maliennes et les soldats de Barkhane s'inquiètent donc de voir les jihadistes mieux maîtriser l'usage du mortier. Le week-end dernier, Barkhane a attaqué une position d'AQMI au nord de Tombouctou pour neutraliser Saïd Dagdag, un Marocain spécialiste des armes lourdes et formateur au tir de mortier.