Vu au Sud - Vu du Sud

Guinée: peu de surprises
dans le nouveau gouvernement

Alpha Condé.
© AFP/CELLOU BINANI

La liste du nouveau gouvernement guinéen a été rendue publique samedi 26 mai 2018. Sans grand bouleversement, l'équipe enregistre néanmoins l'arrivée de deux opposants, qui dirigeaient deux petites formations politiques et qui étaient, jusqu'à un passé récent, très virulents vis-à-vis du chef de l'Etat Alpha Condé et de son régime.

La plupart des figures du précédent gouvernement ont été reconduites dans l'équipe d'Ibrahima Kassory Fofana.

C’est le cas notamment du fidèle parmi les fidèles, Mohamed Diané, confirmé à la Défense et qui récupère également les Affaires présidentielles. Un vice-président qui ne dit pas son nom.

On retrouve aussi Me Cheick Sako à la Justice, le général Bouréma Condé à l’Administration du territoire et le diplomate Mamadi Touré aux Affaires étrangères.

Un autre fidèle du chef de l’Etat, Tibou Kamara, anciennement conseiller spécial, hérite en plus de l’Industrie et des Petites et moyennes entreprises (PME).

Les jeunes techniciens et fidèles n’ont pas bougé non plus, à l'instar d'Andoulaye Yéro Baldé à l'Enseignement supérieur et à la Recherche.

Mais aussi Moustapha Mamy Diaby aux Télécommunications, Ibrahima Kourouma en charge de la Ville et de l’Aménagement du territoire, sans oublier le bouillant Bantama Sow aux Sports et à la Culture.

Par contre, d’autres personnalités font les frais des récentes grèves dans le système éducatif et quittent le gouvernement.

Comme le porte-parole Albert Damantang Camara, ministre de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle, du Travail et de l'Emploi, et qui avait réussi à se maintenir depuis 2011.

Ou encore Ibrahima Kalil Konaté, ministre de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation.

Enfin, il faut signaler l’entrée de deux opposants qui jusque là, dirigeaient deux petites formations politiques : Aboubacar Sylla et Mamadou Mouctar Diallo.

Le Burkina Faso rétablit les relations diplomatiques
avec la Chine

Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi (d) et son homologue burkinabè Alpha Barry lors de la cérémonie de rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays, à Pékin, le 26 mai 2018.
© THOMAS PETER / POOL / AFP

La reprise des relations diplomatiques entre le Burkina Faso et la Chine a été actée samedi à Pékin par les ministres des Affaires étrangères des deux pays, Alpha Barry et Wang Yi côté chinois. Des missions seront rapidement envoyées dans les deux pays pour les ouvertures d'ambassades. Un accord-cadre de coopération sera signé entre Ouagadougou et Pékin en septembre prochain au moment de la visite du président Roch-Marc Christian Kaboré à Pékin, en marge du sommet Chine-Afrique. Dans quels domaines, les deux pays vont-ils maintenant coopérer ?

Energie, logement, éducation... C'est dans ces domaines que devrait se développer la coopération entre les deux pays, avec une priorité donnée à la santé côté burkinabè, comme l'explique Alpha Barry, le ministre des Affaires étrangères : « Nous avons convenu qu'un grand hôpital devait être érigé à Bobo-Dioulasso. Le domaine de la santé est celui que nous avons mis en priorité dans notre coopération avec la Chine et on devrait commencer par la construction de cet hôpital. »

La reprise de ces relations avec la Chine devrait également entraîner des répercussions à l'échelle régionale, car jusque-là, Pékin refusait de participer à des projets de grande ampleur qui impliquaient Ouagadougou en raison de ses liens avec Taïwan. « Maintenant, il n'y a plus d'obstacles. Des projets comme la boucle ferroviaire Cotonou-Abidjan, des projets comme le chemin de fer Abidjan-Ouagadougou, ou encore le G5 Sahel. La Chine devrait pouvoir être présente sans qu'il y ait de soucis à cause de la position du Burkina Faso », reprend Alpha Barry.

Selon le ministre, Pékin s'est également engagé à aider le Burkina Faso à s'équiper sur le plan militaire pour faire face à la menace jihadiste.

→(Re)lire: Le Burkina Faso rompt ses liens diplomatiques avec Taiwan


 
 

Burkina Faso : Roch Marc Christian Kaboré,
Marathon Man

Le président burkinabè est à mi-parcours d'un mandat entamé fin 2015. Dans un pays confronté à de sérieux handicaps économiques et à la montée du péril terroriste, Roch Marc Christian Kaboré doit désormais mener la seconde partie de son quinquennat de manière plus concrète et plus dynamique.

Édito. Roch Marc Christian Kaboré, 61 ans, aborde la seconde moitié de son mandat comme un coureur de fond qui sait qu’il doit désormais accélérer et que le sprint final déterminera en grande partie l’issue de la course. Il a hérité, fin 2015, d’un champ de ruines sur le plan économique, dans un pays où tout était à reconstruire. Il doit désormais gérer l’impatience de ses compatriotes, assoiffés de changement.

Comme il a dû composer, lors de son arrivée au pouvoir, avec les inévitables périodes de chasse aux sorcières (vis‑à-vis des anciens pro-Compoaré) et les règlements de comptes qui font perdre du temps, la restructuration de l’armée ou des services de renseignements, le manque de confiance initial des investisseurs, les inévitables renvois d’ascenseur qui ne permettent pas toujours d’effectuer de vrais choix, etc.

Plus grave, le Burkina est désormais confronté à ce qui sera probablement l’un des principaux enjeux de son quinquennat : la lutte contre le terrorisme. Pour la troisième fois en deux ans, le 2 mars, Ouaga a été la cible d’une attaque jihadiste venue confirmer que le pays se trouve dans le viseur des groupes armés qui sévissent notamment au Mali.


>>>– A Lire : Attaques de Ouagadougou : des soupçons de complicités dans l’armée


Sur le front économique, les résultats sont plutôt encourageants : 6,4 % de croissance en 2017, plus que prévu. Une inflation maîtrisée (2 % par an) et un système bancaire solide. Mieux, la confiance des partenaires internationaux est enfin une réalité.

En décembre 2016, à Paris, lors de la conférence pour le financement du Plan national de développement économique et social (PNDES), le gouvernement a pu récolter 12,2 milliards d’euros de promesses de dons de la part des bailleurs internationaux et 16 milliards d’euros d’engagements d’investissements du secteur privé. La preuve que le Burkina, malgré tout, est attractif. La preuve aussi d’un potentiel longtemps sous-estimé.


>>>– A Lire : Burkina Faso : le plan Marshall de Kaboré pour le Sahel


Il était évident, après la chute de Blaise Compaoré, que la suite ne serait pas un chemin pavé de roses. Il en va ainsi de toutes les « révolutions ». Il suffit, pour s’en persuader, d’analyser les trajectoires et les situations actuelles, bien que différentes, de la Tunisie, de la Libye ou de l’Égypte.

Trois constantes : une révision de fond en comble du contrat qui lie les dirigeants aux citoyens, d’inéluctables difficultés économiques exacerbant les tensions et des attentes telles que la population aura toujours l’impression qu’elles ne sont guère, ou pas assez vite, assouvies.

Placer l’accélération

Dans le cas du Burkina, malgré tous les obstacles rencontrés, force est de constater que le pays progresse mieux que ceux d’Afrique du Nord. Il n’en demeure pas moins qu’il est indispensable que la seconde partie du quinquennat soit plus concrète et plus dynamique.

Kaboré en a conscience : il a lancé en août, par exemple, le Programme d’urgence pour le Sahel (PUS), doté de 694 millions d’euros et destiné à financer, d’ici à 2020, la construction de centres de santé, de bâtiments administratifs et d’écoles.

La réussite du complexe agro-industriel de Bagré (Centre-Est) et son corollaire – emplois, infrastructures, amélioration des conditions de vie – représentent d’ailleurs la meilleure réponse aux terroristes, qui ont beau jeu d’exploiter misère ou sentiment d’abandon.

Kaboré n’a que peu de goût pour la précipitation. Il est calme, pondéré, préférant toujours convaincre qu’imposer ses oukases. Et il ne changera pas. C’est d’ailleurs ce profil de président « normal » et rassurant, un peu comme Macky Sall au Sénégal, qui avait séduit en 2015. Mais en 2020, son bilan sera examiné à la loupe. S’il entend obtenir un deuxième mandat, et dans l’intérêt des Burkinabè, c’est le moment de placer son accélération…

Lire les autres articles du dossier

«Burkina Faso : sur tous les fronts»

* Burkina Faso, Kabore au milieu du gué   http://www.jeuneafrique.com/mag/553242/politique/burkina-faso-kabore-au-milieu-du-gue/ 

* Burkina Faso : Simon Compaoré toujours prêt   http://www.jeuneafrique.com/mag/553234/politique/burkina-faso-simon-compaore-toujours-pret/

* Burkina : Paul Kaba Thiéba "le PNDES est ma boussole"  http://www.jeuneafrique.com/mag/553135/politique/burkina-paul-kaba-thieba-le-pndes-est-ma-boussole/

* Burkina Faso : la Nafa de Djibrill Bassolé s'y voit déjà   http://www.jeuneafrique.com/mag/553165/politique/burkina-faso-la-nafa-de-djibrill-bassole-sy-voit-deja/

* Burkina : Tahirou Barry "J'ai préféré restr fidèle à mes engagements plutôt qu'à un chef d'état"   http://www.jeuneafrique.com/mag/553206/politique/burkina-tahirou-barry-jai-prefere-rester-fidele-a-mes-engagements-plutot-qua-un-chef-detat/

* Burkina Faso : très chère fonction publique   http://www.jeuneafrique.com/mag/553231/politique/burkina-faso-tres-chere-fonction-publique/

* Burkina Faso : Kabore, la chèvre et le chou   http://www.jeuneafrique.com/mag/553262/politique/burkina-faso-kabore-la-chevre-et-le-chou/

* Burkina Faso : le FMI soumet le pays à un test d'effort   http://www.jeuneafrique.com/mag/553189/economie/burkina-faso-le-fmi-soumet-le-pays-a-un-test-deffort/

* Burkina Faso : "Notre économie a prouvé sa résilience"   http://www.jeuneafrique.com/mag/553257/economie/burkina-faso-notre-economie-a-prouve-sa-resilience/

* Burkina Faso :pleins feux sur l'énergie  http://www.jeuneafrique.com/mag/553209/economie/burkina-faso-pleins-feux-sur-lenergie/

Pour tous les nombreux autres dossiers sur le sujet, aller sur http://www.jeuneafrique.com/mag/553251/politique/burkina-faso-roch-marc-christian-kabore-marathon-man/

Vers une Zone économique spéciale entre le Mali,
le Burkina et la Côte d'Ivoire

Les entreprises qui voudront investir dans les régions frontalières de Korogho, Sikasso et Bobo-Dioulasso (photo) se verront offrir des avantages.
© Photo: Semiliki, source: Wikipédia

Une Zone économique spéciale va voir le jour prochainement entre les régions de Sikasso au Mali, Korogho en Côte d'Ivoire et Bobo-Dioulasso au Burkina Faso. Le principe a été entériné lundi 14 mai à Sikasso entre les trois Premiers ministres de ces pays. Le but est de dynamiser l'activité économique transfrontalière en offrant aux entreprises de la région des conditions avantageuses.

Transformer les frontières en des moteurs de croissance, voilà l'ambition affichée par le Mali, le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire. En d'autres termes, les entreprises qui voudront investir dans les régions frontalières de Korogho, Sikasso et Bobo-Dioulasso se verront offrir des avantages.

Pour l'instant, les trois pays ont posé le cadre de la Zone économique spéciale et devraient dans les mois qui viennent en définir les modalités précises. Il s'agira probablement d'avantages fiscaux et d'incitations financières, et sans doute aussi de projets communs aux trois pays, projets publics ou partenariat public-privé.

Ces trois pays qui appartiennent à l'espace UEMOA appliquent déjà la libre circulation des hommes et des biens, mais les échanges transfrontaliers ont encore un fort potentiel de développement, explique un haut fonctionnaire ivoirien. Agriculture, mines, mais aussi industries de transformation et services pourraient largement bénéficier d'une intégration accrue. Ira-t-on vers une zone franche ? C'est-à-dire exempte de taxes et impôts ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais l'idée est sur la table. Ce serait en tous cas un signal fort, estiment des chefs d'entreprise de la région.

Côte d’Ivoire : au moins deux morts
après des pluies diluviennes à Abidjan

Par AFP
 

Les fortes pluies qui se sont abattues ces derniers jours sur Abidjan, la capitale économique ivoirienne, ont tué au moins deux personnes et occasionné de nombreux dégâts, a annoncé samedi le ministère ivoirien de la Sécurité.

« Faisant le point de la situation des pluies qui se sont abattues (jeudi et vendredi) dans le district de la ville d’Abidjan (…), le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité a fait état de zones inondées et de dégâts matériels enregistrés », selon un communiqué.

Ces intempéries ont fait « deux décès confirmés et enregistrés à Abidjan ». Un adulte a été emporté par les eaux et son corps sans vie a été retrouvé par les pompiers dans un caniveau. La deuxième victime est une élève de 16 ans.

Appel à la prudence

Vendredi, plusieurs voitures, dont des taxis, ont été bloquées par les eaux dans la zone de l’Indénié, un important carrefour menant au quartier des affaires du Plateau.

Le ministre ivoirien de la Sécurité, Issa Diakité, a lancé un appel « à la prudence à l’endroit des populations qui sont installées dans les zones inondables, dans les bassins d’orage, sur les flancs des collines ».

Les victimes de ces intempéries sont essentiellement des habitants de quartiers précaires, pauvres en infrastructures et adossés à des collines instables en cas de fortes pluies.

Les pluies diluviennes provoquent régulièrement des pertes humaines à Abidjan. En 2017, elles ont coûté la vie à au moins 15 personnes et fait de nombreux blessés. En 2016, 16 personnes ont été tuées et 39 en 2014.