Vu au Sud - Vu du Sud

Mauritanie: la sécheresse fait des morts
à l'est du pays

Femme au champ en Mauritanie (illustration)
© Thomson Reuters Foundation/Zoe Tabary

Le gouvernement révèle des cas de malnutrution sévère qui touchent plusieurs dizaines d’enfants dans l’est du pays. La région la plus touchée est celle du Hod Ech Chargui non loin de la frontière avec le Mali. Mais l’opposition mauritanienne parle elle de famine, depuis plusieurs mois déjà. Deux personnes sont décédées ces derniers jours à l’est du pays.

Famine ou malnutrition ? La  polémique s’installe autour de ces cas de décès. Des médecins et experts en nutrition ont été dépêchés à l’est pour y voir plus clair. Hamada ould Moimou, directeur général de l’administration territoriale, dresse le bilan de leur mission : « Ils ont répertorié à peu près six enfants atteints de malnutrition aiguë, et 72 enfants atteints de malnutrition modérée. »

Après le passage des experts, des vivres ont été acheminés vers les villages où sévit la malnutrition, « chaque famille recevant un kit alimentaire composé d'un sac de riz, de blé, de sucre, et d'un litre d'huile pour assistance aux plus démunis du village », poursuit Hamada ould Moimou.

Pour Mohmamed ould Maouloud, président du Front de l’opposition FNDU, le pouvoir aurait dû faire plus pour les populations au lieu de dépenser des milliards d’ouguiyas dans l’organisation du 31e sommet de l’Union africaine : « Il est absolument scandaleux qu'au moment où le peuple mauritanien vit une sécheresse sans précédent, où nos populations rurales sont confrontées à la famine, où notre richesse animale est en train d'être décimée, le pouvoir concentre tous les moyens pour une opération de prestige qui est l'accueil du sommet ».

La crise alimentaire dans l’est mauritanien cette année est accentuée par le déficit pluviométrique de l’année dernière.

La Minusma confirme une bavure
de militaires maliens du G5 Sahel à Boulikessi

Les militaires de la force conjointe du G5 Sahel, dans la région d'In Tillit, au Mali, lors de leur première opération, Hawbi, début novembre 2017.
© RFI / Anthony Fouchard

La mission des Nations unies clôt son enquête sur les évènements de Boulikessi, dans le centre du pays. La Minusma conclut à des exécutions de civils par les militaires maliens de la force conjointe du G5 Sahel, le mois dernier. Le 19 mai, au moins douze personnes avaient été retrouvées mortes au marché au bétail de cette localité, proche de la frontière avec le Burkina Faso après la mort d'un soldat malien.

Au lendemain des évènements de Boulikessi en mai dernier, la thèse de la bavure de l'armée malienne circulait. De son côté, le ministère de la Défense décrivait plutôt un « accrochage lors d'une patrouille de sécurisation » causant la mort d'un militaire malien et confirmait ensuite la « neutralisation de douze terroristes ».

Faux, rétorquent les familles des victimes qui assurent que les douze personnes étaient en fait des civils. Une thèse confirmée par les enquêteurs de la mission des Nations unies au Mali. « Des éléments du bataillon malien de la Force conjointe du G5 Sahel ont sommairement et/ou arbitrairement exécuté 12 civils au marché de bétail de Boulikessi », peut-on lire dans le rapport, communiqué au gouvernement du Mali ce mardi.

Contacté par RFI, le ministère de la Défense n'a pas souhaité réagir pour le moment. Il y a trois semaines, les autorités avaient reconnu des zones d'ombres. Pour les éclaircir, elles avaient instruit l'ouverture d'une enquête au procureur militaire.

Côte d'Ivoire: plus de 400 000 nouveaux inscrits
sur les listes électorales

Un Ivoirien consulte les listes électorales (image d'archives).
© Issouf Sanogo/AFP

Après la semaine d'enrôlement des électeurs, les nouvelles inscriptions sur les listes s’élèvent à un peu plus de 400 000. Un chiffre relativement faible, alors que près de 3 millions d’Ivoiriens en âge de voter ne seraient toujours pas enrôlés, selon la Commission électorale.

Tout en réduisant la période d’enrôlement sur les listes électorales à une seule semaine, la Commission électorale a voulu, par ailleurs, innover en multipliant les bureaux d’inscription sur le territoire. En théorie, ces 10 500 bureaux devaient faire jouer la proximité auprès des électeurs et motiver ces derniers à s’inscrire.

On ne sait si le résultat, avec 428 233 nouveaux inscrits, est à la hauteur des espérances de la Commission, mais désormais on dénombre 6 746 544 Ivoiriens en droit de voter aux prochaines élections locales et municipales.

Toutefois, selon le deuxième vice-président de la Commission électorale, il y aurait près de 3 millions d’Ivoiriens en âge de voter qui ne seraient toujours pas enrôlés.

Si le niveau d’inscription est relativement faible, on peut supposer que le temps de l’opération était trop court ou que le mot d’ordre d’une partie de l’opposition, qui a appelé à boycotter cette campagne, a été suivi. Dernière hypothèse, plus prosaïque : le potentiel désintérêt des Ivoiriens pour la chose politique.

Sur ce dernier point on en saura plus fin septembre ou courant octobre, lorsque les élections municipales et locales auront lieu. Le taux de participation sera alors un précieux indicateur.

Togo: les médiateurs appellent pouvoir et opposition à faire des concessions

La candidature du président Faure Gnassingbé en 2020 est le sujet central de la crise que traverse le pays (photo)
© ISSOUF SANOGO / AFP

Les présidents de la Guinée et du Ghana, Alpha Condé et Nana Akufo-Addo, sont dans la capitale du Togo en tant que médiateurs de la Cédéao. Ils rencontrent ce mercredi 27 juin les représentants du pouvoir et de l’opposition, pour discuter de la crise que traverse le pays depuis près d’un an.

Les discussions ont commencé après une cérémonie inaugurale très brève à l’hôtel du 2 Février. Une cérémonie au cours de laquelle les facilitateurs ont appelé les deux parties à faire des concessions pour aboutir à un résultat consensuel.

Au cours de la cérémonie, le président de la Commission de la Cédéao, a déclaré que « les facilitateurs soutiendront les acteurs politiques togolais dans la réalisation des réformes constitutionnelles, dans le respect des délais légaux des réformes de la démocratie et des principes de l’Etat de droit ».

L’enjeu est d’ouvrir la voie à un climat socio-politique décrispé et apaisé, entre pouvoir et opposition. Et pour y arriver, il est donc demandé à chaque camp de faire des concessions.

La rencontre a commencé à la mi-journée entre la mouvance présidentielle et les présidents Nana Akufo-Addo et Alpha Condé dans l’auditorium de l’hôtel 2 Février. La coalition des 14 partis de l’opposition s’est retirée dans une salle aménagée pour la circonstance en attendant son tour. Un débat général interviendra après la clôture prévue à 16 heures.

Mali: tensions et violences
dans le sud du pays à Kéniéba

Des heurts ont opposés population et forces de l'ordre au chef-lieu de la préfecture de Kéniéba, dans le sud-ouest du Mali.
© Google Maps

Au Mali, explosion de violences au chef-lieu de la préfecture de Kéniéba, dans le sud-ouest du Mali, où des heurts opposent population aux forces de l'ordre depuis dimanche soir. Plusieurs édifices, dont la préfecture, ont été incendiés par les manifestants, selon un élu local qui parle également d'au moins deux civils tués par les forces de l'ordre lors de ces affrontements. Tout serait parti d'un conflit opposant les jeunes de cette ville aux propriétaires de la mine d'or de Gounkoto toute proche.

Ce mardi matin, le calme est revenu à Kéniéba. Les manifestants ont quitté les rues. Les magasins et les écoles restent fermés et il est conseillé aux habitants de rester chez eux. Depuis lundi soir, les forces de l'ordre ont repris le contrôle de la ville. Le gouverneur doit arriver aujourd'hui pour tenir une réunion avec le conseil municipal et les membres de la société civile de Kéniéba. Tous ces représentants décideront alors des mesures d'apaisement à prendre.

Bilan de ces jours de violence est lourd. Notamment les dégâts matériels puisque la préfecture, et la résidence du préfet ont été incendiées. D'après le ministère de l'Administration territoriale, des cartes d'électeurs biométriques à peine arrivées ont été détruites dans les flammes. « C'était une véritable insurrection, nous a confié au téléphone le préfet de Kéniéba. Ils ont aussi tenté de s'en prendre au commissariat. Tous les symboles de l'Etat étaient visés », a-t-il conclu.

Le mécontentement est parti d’un conflit social. Ce sont des travailleurs de la mine Somilo qui ont lancé les manifestations. Notamment les jeunes qui estiment que les critères de recrutement de la Somilo sont discriminatoires. Dimanche, ils ont pris possession du site minier en montant des barricades pour empêcher les travailleurs de passer. Ce matin, ces barrages de fortune ont été démontés et les mineurs de la Somilo devraient pouvoir reprendre le travail.