Vu au Sud - Vu du Sud

Présidentielle au Mali:
IBK en quête des voix des expatriés maliens
au Gabon

Une station Total à Libreville: beaucoup de Maliens ont migré vers le Gabon, ancien eldorado pétrolier du Golfe de Guinée (illustration).
© REUTERS/Mike Hutchings/File Photo

Les joutes électorales maliennes s'exporte jusqu'au Gabon. Candidat à sa propre succession, le président sortant du Mali, Ibrahim Boubacar Keita, s'est rendu lundi 23 juillet à Libreville où il a animé un meeting, sans avoir de contact avec les officiels gabonais. Le pays est un important vivier électoral car beaucoup de Maliens ont migré vers le Gabon, ancien eldorado pétrolier du Golfe de Guinée.

Sitôt arrivé à l'aéroport Léon Mba, Ibrahim Boubacar Keita s'est rendu sous escorte de la garde Républicaine gabonaise au palais des sports dans le 3ème arrondissement où l'attendait entre 7 et 8 000 Maliens, selon les organisateurs.

IBK en campagne auprès des Maliens de Libreville: écoutez le reportage de notre correspondant à Libreville
24-07-2018 - Par Yves-Laurent Goma

Tout de blanc vêtu, le président-candidat malien s'est adressé à ses compatriotes en bambara. Se présentant comme l'homme de la situation, il a demandé à ses compatriotes de faire une lecture lucide entre le Mali d'il y a cinq ans et celui d'aujourd'hui. « L'essentiel c'est qu'une élection apaisée, transparente et crédible ait lieu au Mali, consensuelle même communielle... que chacun conçoive comme un moment de fête, de fête de la démocratie. Pas d'affrontement, pas de haine ! »

Ibrahima Boubacar Keïta s'exprimait devant une foule conquise. « On est trop fiers de lui, c'est lui la solution », lance un homme repris par le choeur. « Y'a pas match ! », renchérit une femme.

Le Gabon accueille une forte colonie malienne très active dans la distribution, le bâtiment et les petits métiers. Quelque 27 000 Maliens sont inscrits sur la liste électorale, selon Habib Sylla, Haut commissaire des Maliens de l'étranger.

Mauritanie: le nouveau président de la Céni
tend la main à tous les partis

Le comptage des voix dans un bureau de vote de Nouakchott, pendant l'élection présidentielle, le 21 juin 2014. (Photo d'illustration)
© AFP PHOTO / SEYLLOU

En Mauritanie, le délai de dépôt des candidatures pour les législatives et locales du 1er septembre, expirait au soir de ce lundi 23 juillet. Le scrutin est supervisé par une Céni contestée par une partie de l'opposition qui a demandé sa dissolution à la Cour suprême qui n'a pas encore tranché. L'opposition dite radicale, qui n'a pas participé au dernier dialogue organisé avec le pouvoir, conteste notamment la composition de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) qui ne comporte aucun représentant issu de ses rangs. Jeudi dernier, un nouveau président de la Céni a été nommé mais ce n’est pas sûr que cela suffise à apaiser les tensions. Dans le temps imparti, Mohamed Vall Ould Bellal, le nouveau président, explique qu’il est impossible de former une nouvelle Céni. Cependant, il tend la main à toute la classe politique.

"Nous sommes tenus par a loi. Le 1er septembre, c’est la date du premier tour du scrutin. Si nous continuons à vouloir modifier, remanier la Commission électorale, cela pourrait ne pas servir le processus électoral tel que l’ensemble le veut. Cela dit, les membres de la Céni sont sous serment. Ils sont assermentés pour travailler dans la stricte neutralité et ce serment fait en sorte qu’ils sont représentants de tout le monde. En plus de cela, je peux offrir une Céni portes ouvertes. Tout ce que nous faisons peut être soumis, contrôlé, surveillé et vu par l’ensemble des partis participant à cette élection. Je suis prêt à me rendre dans tous les sièges de partis ; je suis prêt à les recevoir tous et je suis prêt à tenir, avec l’ensemble des partis, des réunions qui se doivent pour, ensemble, surveiller, contrôler et améliorer. Donc, qu’on ne me dise pas «la Céni n’a pas de représentants». Ceux qui y sont, sont représentants de tout le monde."

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Côte d’Ivoire: le PDCI dans la crise politique

Henri Konan Bédié entouré des membres du comité exécutif du parti lors du 12e congrès du PDCI, en 2013 (photo d'illustration).
© AFP PHOTO / SIA KAMBOU

En Côte d'Ivoire, la crise au sein de la coalition au pouvoir continue. Cette fois, c'est la section Jeunesse du parti PDCI-RDA qui s'en mêle. Lors d'une conférence de presse mercredi 18 juillet, le président de cette section a tenu à donner la position de son groupe sur la question du parti unifié RHDP. Il estime que l'alliance avec le parti au pouvoir n'est plus d'actualité, que les cadres du PDCI soutenant la future formation politique doivent être sanctionnés, et appelle donc le chef du parti Henri Konan Bédié à faire cavalier seul.

Comme à chaque événement, la réunion commence avec l'hymne du PDCI, entonné par les militants, debouts, la main sur le cœur. Le président de la section Jeunes déroule enfin son discours, il réagit à l'assemblée générale constitutive du RHDP qui s'est tenue en début de semaine sans le parti d'Henri Konan Bédié, et conclut que l'alliance avec la mouvance présidentielle est désormais caduque.

Le président de la Jeunesse urbaine du PDCI, Valentin Kouassi, appelle donc le leader du parti à préparer ses troupes pour les prochaines échéances électorales : « Nous avons fait le constat de ce que l’alliance RHDP n’existe plus et que le PDCI-RDA doit s’organiser en interne pour avoir ses candidats propres, puisqu’il n’y aura plus de candidatures aux élections locales en RHDP comme convenu. Aussi, nous avons appelé à une réforme de la CEI parce que le groupement RHDP y est représenté. Comme le RHDP n'existe plus, il ne peut plus être représenté dans cette CEI. Cette CEI qui est d’ailleurs décriée dans cette forme actuelle. Nous demandons de façon logique la réforme de la CEI. »

Le chef des Jeunes réclame également des sanctions contre les membres du parti soutenant le RHDP et accuse le chef de l'Etat Alassane Ouattara de lancer des assauts contre le PDCI. Il appelle à un rassemblement samedi prochain 21 juillet pour resserrer les rangs derrière Henri Konan Bédié.

Togo: la coalition commence son programme
par la visite des prisonniers

A la prison de Lomé (photo d'archives).
© Carine Frenk/ RFI

La coalition des 14 partis de l'opposition continue de mettre la pression sur le gouvernement en attendant le 31 juillet, date à laquelle la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest propose sa feuille de route pour une sortie de crise. Elle organise depuis mercredi 18 juillet une série d'activités jusqu'à la semaine prochaine.

Cette fois-ci, il n'y aura pas de marches à travers les rues, la coalition a choisi des visites aux personnes arrêtées lors des manifestations et détenues en prison à travers le pays, des réunions publiques, y compris dans les villes de Bafilo, Sokodé et Mango jusque-là interdites de manifestations.

Mercredi 18 juillet, la délégation de la coalition était à la prison civile de Lomé. Selon Me Paul Dodji Apévon, il s'agit d'aller apporter un réconfort à ces personnes : « Il est normal que ceux qui subissent ces affres-là, qui ont été arrêtés parfois injustement, on puisse aller les réconforter et leur donner un peu de courage. Parce que ce sont des dossiers que nous défendons avec beaucoup d’acharnement devant les facilitateurs. La mesure d’apaisement que nous soulevons devant les facilitateurs, notre souhait, c’est que toutes ces personnes-là soient élargies avant qu’on ait la possibilité de discuter librement d’autre chose. »

D'après le dernier décompte rendu public par l'opposition, 53 personnes sont toujours en détention à travers tout le pays.

Mardi, le président de la République a accordé la grâce présidentielle à sept personnes. S'ajoutent, selon le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Pius Agbétomey, douze autres déjà en liberté provisoire.

C'est un geste de bonne foi, confie une source proche du gouvernement, pour respecter la parole donnée en vue de l'apaisement.

D'autres mesures similaires pour des personnes gardées détention seront étudiées au cas par cas, poursuit la source, selon qu'il s'agisse d'une procédure criminelle, des personnes condamnées ou non.

Procès Diendéré au Burkina :
comparution du sergent-chef Ali Sanou

Pour le parquet, la comparution du sergent-chef Ali Sanou permettrait de faire la lumière sur certains aspects du coup d'Etat manqué de septembre 2015 (ici les bureaux de la primature à Ouagadougou).
© AFP PHOTO / SIA KAMBOU

Son interrogatoire était très attendu par le parquet et les avocats des parties civiles. Pour le parquet, la comparution du sergent-chef Ali Sanou permettrait de faire la lumière sur certains aspects du coup d'Etat manqué de septembre 2015, notamment les patrouilles  dans la ville de Ouagadougou et les missions de destruction d'une station de radio et du studio d'enregistrement de l'artiste Smockey. Mais face au tribunal, le sergent-chef Ali Sanou est revenu sur certaines déclarations faites devant le juge d'instruction. Le sergent Ali Sanou est poursuivi pour complicité d'attentat à la sûreté de l'Etat, meurtre, complicité de coups et blessures volontaires et dégradations aggravées de biens.  A la barre il a rejeté toutes ces charges.

L'ex-sergent-chef a affirmé s'être rendu au palais présidentiel après l'arrestation des membres du gouvernement de la transition, suite à un appel du sergent-chef Roger Koussoubé. Une fois sur place, il s'est mis à la disposition de l'adjudant-chef major Badiel.

Accusé de meurtres et coups et blessures volontaires, Ali Sanou déclare ceci : « On n'a jamais été en contact avec les manifestants et on n'a pas tiré en l'air ». Alors même qu'il a tenu à présenter ses excuses à un homme âgé à qui il aurait assené des coups avec une cordelette, l'ex-sergent-chef affirme que c'est à l'arrivée du président sénégalais Macky Sall qu'il s'est rendu compte que le président et le Premier ministre de la transition avaient été arrêtés.

« Mais de quel droit vous avez procédé au désarmement des éléments chargés de la sécurité du président et du Premier ministre ? », demande le procureur militaire. En réponse le sergent-chef précise qu'il a plutôt désarmé les gardes des autres membres du gouvernement sur ordre de l'adjudant-chef major Eloi Badiel.

Même si Ali Sanou reconnaît s'être rendu sur place, il rejette avoir donné l'ordre de détruire le studio du rappeur Smockey, membre du mouvement Le balai citoyen avec un tir de roquette.