Les expulsions de migrants subsahariens, arrêtés à Alger en fin de semaine dernière, ont démarré mardi soir et sont toujours en cours. Longtemps muettes sur le sujet, les autorités algériennes viennent de réagir.
Pour la première fois depuis 2012, l’Algérie rapatrie des migrants subsahariens, originaires de différents pays d’Afrique de l’ouest. L’opération, qui a démarré dans la nuit de mardi, est toujours en cours.
D’après Marie-Christine Roussel-Dupuy, présidente de l’association Femmes France-Niger, qui a réagi sur son compte Twitter, les premiers bus de migrants en provenance d’Algérie sont arrivés mercredi après-midi à Agadez, la plus grande ville du nord du Niger.
Le dernier convoi en direction de la frontière entre l’Algérie et le Niger est prévu pour ce jeudi. C’est du moins ce qu’affirme Mohamadou Aboubakar, le Consul général du Niger à Tamanrasset, joint cet après-midi par téléphone.
Certains vivaient à Alger depuis des années
Les migrants, qui sont actuellement renvoyés dans leurs pays respectifs en transitant par le Niger, ont été arrêtés à Alger la semaine dernière, puis regroupés dans un centre en périphérie de Tamanrasset, une ville saharienne située à plus de 2 000 km au sud de la capitale. Parmi eux, des demandeurs d’asile et des familles qui vivaient et travaillaient à Alger depuis des années.
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Algérie : une « chasse à l’homme noir » qui fait scandaleLes autorités algériennes se sont exprimées jeudi pour la première fois à ce sujet, par l’intermédiaire du Croissant Rouge Algérien (CRA), chargé du dossier. Elles refusent de parler d’expulsion. « Il ne s’agit pas de départ forcé mais de retour volontaire dans leur pays », défend Saïda Benhabylès, présidente du CRA. « Nous sommes en train de rapatrier des Nigériens à la demande de leur gouvernement. Quant aux migrants d’autres nationalités, c’est eux qui nous ont demandé de les reconduire chez eux. Aucun migrant n’a été contraint de quitter le sol algérien », soutient-elle, en précisant que plus de 18 000 Nigériens ont été rapatriés depuis 2014, en accord avec Niamey. Ils sont près de 2 000 migrants subsahariens à être concernés par cette nouvelle vague de rapatriement, selon la présidente du CRA.
Tamanrasset, camp insalubre
Cette procédure a été déclenchée à la suite de heurts entre Algériens et migrants, qui ont eu lieu fin novembre dans le quartier de Dely Brahim à Alger.Les forces de l’ordre avaient alors interpellé plus d’un millier de migrants originaires d’Afrique de l’ouestet les avaient rassemblés dans un centre de vacances de la banlieue ouest, avant de les conduire à Tamanrasset.
« C’est pour la protection des Algériens, qui vivent à proximité des bidonvilles abritant des ressortissants subsahariens, la sécurité des migrants et le maintien de l’ordre que nous avons jugé utile de lancer une procédure de rapatriement vers Tamanrasset, explique Saïda Benhabylès. Les conditions d’accueil sont meilleures à Tamanrasset et il y a plus de place. »
Mais, selon des associations algériennes, les migrants arrivés à Tamanrasset sont logés dans des préfabriqués combles et insalubres.
DJAMILA OULD KHETTAB