Par Trésor Kibangula
Vu au Sud - Vu du Sud
L'artiste de la faune burkinabè
Dans le numéro 113 de "Voix d'Afrique" (décembre 2016), cet article sur un sculpteur burkinabè qui s'est spécialisé dans la représentation de la faune. (lire la suite)
Bilan Monusco en RDC
RDC : quel bilan pour la Monusco, près de 18 ans après son déploiement ?
Le Conseil de sécurité des Nations unies s'apprête à renouveler le mandat de la Monusco qui arrive à son terme à la fin du mois de mars. Zoom sur la plus importante opération onusienne de maintien de la paix dans le monde.
Près de 18 ans après son déploiement, la Monusco va devoir rester en RDC. Le mandat de la mission onusienne qui expire le 31 mars devait normalement être renouvelé par le Conseil de sécurité. D’autant que ce vaste pays du continent, étendu sur plus de 2, 4 millions de km2, demeure l’un des territoires les plus instables d’Afrique.
Dirigeants congolais et partenaires internationaux, tous plaident en effet pour son maintien. Même si Kinshasa voudrait voir se déclencher, dans les mois à venir, une « stratégie de retrait » des Casques bleus du territoire congolais. Ces derniers sont arrivés en 1999 sous la bannière de la Monuc, mission de l’ONU au Congo, transformée à partir de juillet 2010 en Monusco, la mission de l’ONU pour la stabilisation du Congo.
Une mission décriée par Kinshasa
Mais, en près de deux décennies de présence, la Monusco n’a pas été « en mesure, avec les moyens dont elle dispose, de parvenir à mettre un terme à une situation de crise qui perdure depuis plusieurs années », a dénoncé récemment à New-York Léonard She Okitundu, chef de la diplomatie congolaise. Un constat qui pousse les autorités congolaises à exiger un ajustement dans le mandat et l’effectif des troupes onusiennes déployées en RDC.
« Critiquer la Monusco équivaut à faire une lecture biaisée de la situation sécuritaire dans le pays. Car dès son déploiement, la Monusco, jadis Monuc, a contribué à la pacification de la RDC : elle a agi d’abord comme force d’interposition et de contrôle de l’application de l’accord de cessez-le-feu, conclu à Lusaka en 1999 ; puis, elle a accompagné le pays dans l’organisation de ses premières élections générales, libres et équitables en 2006 », rétorque un diplomate occidental basé à Kinshasa depuis plusieurs années.
« Hier encore, c’est la Monusco, à travers sa brigade d’intervention, qui a aidé l’armée congolaise à mettre fin à la rébellion du Mouvement du 23-Mars (M23) fin 2013. C’est elle qui continue aujourd’hui à appuyer les opérations militaires des FARDC contre les différents groupes armés nationaux et étrangers établis sur le sol congolais », ajoute-t-il.
Des Casques bleus morts en RDC
Au 31 janvier, 175 militaires, 14 policiers, 28 membres du personnel civil international et 51 sujets congolais sont morts entre 2001 et 2017 dans le cadre des opérations de maintien de la paix en RDC, renseignent les Nations unies.
Outre les locaux, ces victimes proviennent de 44 États à travers le monde. L’Inde, qui a déjà enregistré au moins 27 morts, le Bangladesh (25) et le Pakistan (16) payent le prix fort.
Passez la souris sur les bulles pour voir le nombre de morts de chaque pays contributeur à la mission onusienne en RDC.
Une réduction de troupes qui n’en est pas une
Principale mission onusienne de maintien de la paix dans le monde avec un budget annuel (juillet 2016-juin 2017) de 1 235 723 100 dollars (environ 1,155 milliard d’euros), la Monusco est constituée aujourd’hui de quelque 16 893 militaires, 1050 membres d’unités de police constituées, 312 policiers et 473 experts. Des chiffres bien en-deçà de l’effectif maximum autorisé jusqu’ici par le Conseil de sécurité – 19 815 militaires, 760 observateurs militaires et officiers d’état-major, 391 policiers et 1 050 membres d’unités de police constituées – et qui ne devaient pas véritablement changer.
Vendredi, le Conseil de sécurité s’apprête à voter à l’unanimité le projet de résolution sur le renouvellement du mandat de la Monusco, dont l’AFP a obtenu la copie. Et le texte ne prévoit que la réduction de 7% environ de l’effectif maximum autorisé des militaires et policiers. Passant ainsi de 19 815 à 18 316 pour des soldats de la paix, alors qu’ils ne sont que près de 16 900. Pas de changement en vue sur le terrain, donc.
Cinquante-huit pays contribuent actuellement aux troupes de la Monusco, experts militaires et policiers compris. On y trouve 23 États africains, mais c’est l’Inde qui a envoyé le plus d’hommes – 3 305 militaires, 280 membres d’unités de police constituées et 43 experts – dans le cadre de cette mission de maintien de la paix. Elle est suivie de près par le Pakistan (3 484 hommes) puis par le Bangladesh (1 907), l’Afrique du Sud (1 355), la Tanzanie (1 263), l’Uruguay (1 154) et le Népal (1 028).
Problèmes du cacao en Côte d'Ivoire
Côte d’Ivoire : le prix du cacao enregistre sa plus forte baisse depuis 2012
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En Côte d'Ivoire, le prix minimum du cacao garanti aux producteurs est passé de 1 100 à 700 francs CFA le kilogramme. La chute continue des cours du cacao, dont le prix a baissé de 30% depuis six mois, a durement affecté les rentrées fiscales du pays.
Ce jeudi 30 mars, le gouvernement ivoirien a fixé à 700 francs CFA (1 euro) le prix bord champ (prix payé au producteur) du kilogramme de cacao pour la campagne intermédiaire 2016-2017 qui démarrera le 1er avril. Depuis le début de la réforme du secteur en 2012, le prix payé aux producteurs n’avait jamais chuté aussi fortement.
Cette annonce intervient dans un contexte mondial difficile, marqué par la chute drastique des cours internationaux du cacao (plus de 30%) depuis le mois d’octobre 2016. Cette situation plonge la Côte d’Ivoire dans la crise car elle a notamment un impact sur le budget national, dont une partie est alimentée par la fiscalité sur le cacao.
« La chute des cours impactera les finances publiques, a expliqué Bruno Koné, le porte-parole du gouvernement au sortir de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, ce 30 mars. Tous les ministères réviseront à la baisse leur budget » .
Renoncements sur la fiscalité du cacao
Pour respecter la promesse de donner 60% du prix international aux paysans, l’État à dû renoncer à la taxe d’enregistrement auprès du fisc de 5% et a procédé à la réduction d’une partie des autres taxes. Ce qui représente environ 43,4 milliards de francs CFA de pertes sèches pour la Côte d’Ivoire.
Le déficit budgétaire ivoirien devrait augmenter à 5% du PIB cette année, contre 3,9% pour 2016, selon Renaissance Capital. Le pays doit prochainement lancer un eurobond, son premier financement international depuis 2015.
La baisse des cours du cacao a notamment mis au jour des défaillances dans le système de ventes à terme du cacao en vigueur en Côte d’Ivoire. Certains exportateurs ont ainsi fait défaut sur leurs contrats, obligeant le Conseil Café Cacao (CCC) à revendre d’importants volumes de fèves à prix déprimé. Contraint de maintenir le prix minimum d’achat garanti au producteur (1 100 CFA cette année), le CCC avait dû puiser dans ses réserves financières.
Mali : non signataires de l'accord d'Alger
Mali: à Bamako, les non signataires de l'accord d'Alger veulent être entendus
Au Mali, la Conférence d'entente nationale se poursuit à Bamako. Parmi les intervenants ce jeudi 30 mars, des représentants des groupes armés non signataires de l'accord d'Alger, qui, pour être entendus, prennent les armes et empêchent la mise en place des autorités intérimaires. C’est le cas du Congrès pour la justice dans l'Azawad (CJA), qui vient encore une fois d'interdire l'installation ce jeudi des autorités intérimaires à Tombouctou et à Taoudeni au nord-ouest du Mali.
Difficile d’avoir une place assise autour de la table quand on n’est pas un groupe armé signataire de l’accord d’Alger. Alors pour se faire entendre, le Congrès pour la justice dans l’Azawad (CJA), un mouvement armé, montre ses muscles dans la région de Tombouctou depuis un moment.
Ehameye Ag Mohamedoun, le porte-parole du CJA : « Le CJA comme vous le savez siège actuellement à Tombouctou, qui empêche depuis un mois la mise en place des autorités intérimaires, parce que le CJA n’a pas encore été inclus, inséré, dans le processus de paix, dans les organes de mise en œuvre de l’accord. Ni le CJA, ni la société civile de Tombouctou ne sont représentés dans les autorités intérimaires. »
« Tombouctou est géré par procuration depuis Kidal »
Pour ce groupe armé comme pour d’autres, l’accord de paix d’Alger doit être inclusif, et donc trouver une place à tout le monde. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, dit son porte-parole, d’où sa colère : « On a l’impression que Tombouctou est géré par procuration depuis Kidal, et cela est inacceptable. »
Kidal, au nord-est du Mali, reste le fief de l’ex-rébellion, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Et sur le terrain, les groupes armés comme le CJA ont le sentiment qu’on accorde plus de considération aux hommes armés de cette localité.
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Une saisie de drogues brûlée à Dakar, au Sénégal. RFI / Guillaume Thibault
Longtemps perçu, principalement, comme un continent de transit pour le trafic de certaines drogues à destination de l’Europe, l’Afrique est devenue aujourd’hui un marché de consommation, un pôle de production important et de destination de tous les types de drogue. Ces nouvelles tendances, signalées par les Nations unies dans leur rapport annuel de l’Organe International de Contrôle des stupéfiants (OICS) et par le rapport de mars 2017 du Bureau for International Narcotics and Law Enforcement Affairs (NDLEA) du Département d’Etat américain, confirment ce nouveau positionnement du continent, qui semble être en plein développement.
Le marché mondial de la drogue se porte plutôt bien malgré une lutte internationale permanente pour en diminuer l’impact à défaut de pouvoir l’endiguer. Les sommes d’argent générées sont considérables et jouent un rôle important dans l’économie mondialisée. La nouveauté, c'est que l'usage des drogues se répand et touche toutes les catégories sociales. Une des tendances actuelles, d’après les rapports mondiaux, serait une augmentation significative de la consommation féminine.
La production mondiale
L’offre se diversifie, des produits nouveaux apparaissent même si les grandes familles de drogues traditionnelles sont toujours présentes et connaissent périodiquement des retours à la mode chez les usagers. C’est le cas, par exemple, de l’héroïne dont l’usage revient en force chez les toxicomanes aux Etats-Unis. Pour répondre à cette demande, le Mexique s’est remis à produire du pavot (28 000 hectares plantés en 2015). Le pavot étant la plante qui permet de faire de l’opium et d’autres drogues comme l’héroïne. Même des pays comme le Guatemala et la Colombie se sont lancés plus modestement dans la culture du pavot, alors que les pays d’Asie ont toujours été traditionnellement des producteurs d’opium. L’Afghanistan reste toujours actuellement le plus gros producteur mondial, même s'il a connu une baisse ces dernières années pour des raisons, dit-on, principalement climatiques (201 000 hectares en 2015).
De son côté, la culture de la coca, à partir de laquelle on fait principalement de la cocaïne et d’autre dérivés, est toujours en pleine expansion. L’ensemble des trois principaux pays producteurs (Colombie, Pérou, Bolivie) ont planté plus de 248 000 hectares de coca en 2015 (186 500 en 2008) et ils augmentent constamment leur offre, tandis que viennent se rajouter plus modestement de nouveaux producteurs, comme l’Argentine et le Venezuela.
La troisième grande famille de drogue cultivée, dans la classification onusienne, est le cannabis qui se présente sous forme de feuilles à fumer, la marijuana ou de résine de cannabis, le haschich. C’est la plante la plus produite et la plus consommée dans le monde (14% des saisies mondiales en Afrique), qui aujourd’hui fait l’objet de légalisation à la consommation et à la production dans certains Etats. Si des pays comme le Mexique, historiquement grand producteur de cannabis, ont aujourd’hui diminué sa culture, c’est selon les experts, parce que les groupes de narcotrafiquants préfèrent se lancer dans des cultures plus rentables comme la coca ou aujourd’hui le pavot. Secteur dans lequel l’Afrique n’est pas en reste, le Maroc étant à l'heure actuelle, selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), le plus gros producteur et exportateur mondial de cannabis. D’après l’ONUDC, le Maroc aurait produit 700 tonnes de cannabis sur la période 2015-2016, dont 23% de haschisch.
L’Afrique un carrefour de routes transnationales
Au-delà de l’exportation de la résine de cannabis (haschisch), le Maroc est aussi un pays de transit pour la cocaïne sud-américaine à destination de l’Europe. D’après l’ONUDC, des voyageurs principalement d’Afrique de l’Ouest sont arrêtés chaque semaine à l’aéroport international de Casablanca avec des kilos de cocaïne dissimulés à l’intérieur de leurs bagages ou ingérés. Fin 2016, les autorités marocaines ont réalisé deux saisies records de cocaïne, l’une de 250 kilogrammes impliquant l’arrestation de deux Péruviens dans un laboratoire de transformation de cocaïne à Oujda et une autre saisie d’environ 1230 kg sur un navire à Dakhla. Le Maroc, comme la Mauritanie, est une étape pour le trafic transatlantique mais aussi pour le trafic en provenance d’Afrique de l’Ouest vers l’Europe principalement.
On sait depuis longtemps que de nombreux trafics passent par le Sahara et que la situation ne s'est pas améliorée avec les conflits dans la région. C’est en général un axe de passage pour de la cocaïne sud-américaine qui a été débarquée sur des pays de la côte comme le Cap-Vert, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Bénin ou le Nigéria, à destination du nord. Mais c’est aussi à partir de ces côtes atlantiques que l’Afrique exporte vers l’Est, vers le Moyen-Orient et même l’Asie pour alimenter en cocaïne par exemple de nouveaux marchés comme la Chine. Ces routes véhiculent aussi de nombreuses autres drogues dont des productions africaines de cannabis, de méthamphétamines et de précurseurs chimiques.
De multiples autres routes existent à travers le continent, jusqu’en Afrique du Sud. Mais l’une des informations qui apparait dans de nombreux rapports, c’est le développement de routes de l'héroîne en provenance d’Asie qui utilisent, à plus grande échelle que par le passé, le continent africain pour arriver en Amérique ou en Europe via principalement l’Afrique de l’Est (trafic maritime par conteneurs principalement) et de l’Ouest (directement ou via l’Afrique de l’Est). La Tanzanie, le Bénin ou le Ghana sont par exemple, d’après le rapport de mars 2017 du Département d’Etat américain, des pays de transit pour l’héroïne de l’Asie du Sud-Ouest vers les principaux marchés d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord. Ces trafics dans tous les sens et sur toutes sortes de produits alimentent aussi une consommation locale en plein développement.
Praia, la plus grande ville du Cap-Vert possède par exemple un aéroport international bien desservi avec des vols directs vers les Etats-Unis, l’Europe et le nord du Brésil, couplé avec un port maritime actif et un vaste domaine maritime qui en font un point particulièrement attrayant pour le trafic international (par air, terre et mer). L’UNODC, dans son dernier rapport, observe que les jeunes des zones urbaines utilisent couramment au Cap-Vert des drogues aussi variées que le cannabis, la cocaïne, l’héroïne et les méthamphétamines, signature de la présence de ces drogues et donc de trafics existant. D’après l’ONUDC, « 11% des consommateurs d’opiacés dans le monde vivent aujourd’hui en Afrique, dont plus de la moitié en Afrique de l’Ouest et centrale ».
Le carrefour du Nigéria
L’emplacement central du Nigéria sur les principales routes de trafic et « la corruption généralisée facilite les activités criminelles… et permet aux groupes criminels de s’épanouir et de faire du Nigéria un important carrefour du trafic » écrit le Département d’Etat américain dans son rapport 2017. Le Nigéria y est décrit comme « un pays de transit important pour l’héroïne et la cocaïne destinés à l’Europe et dans une moindre mesure aux Etats-Unis. Les réseaux criminels organisés nigérians restent des acteurs majeurs du trafic de cocaïne et d’héroïne à travers le monde, facilités par la diaspora nigériane étendue ». Ces organisations criminelles produisent et traitent de la méthamphétamine et l’exportent vers l'Afrique et l’Asie du Sud-Est.
La méthamphétamine et d’autres drogues de synthèse sont produites en grande quantité dans les états du sud-est du Nigéria. Un laboratoire important a été découvert récemment à Asaba, capitale de l’Etat du Delta. En 2016, la NDLEA a déclaré avoir saisi 276,118 tonnes de cannabis ; 290,64 kg de méthamphétamines ; 136,08 kg de cocaïne ; 19,7 kg d’héroïne ; 6 kg d’amphétamine ; 1046,87 kg d’éphédrine ; 65,7kg de khat et 76,6 Mt d’autres substances psychotropes, soit un total de 354,3 Mt de saisies totales de drogues au Nigeria.
Pour l’ONUDC, rien qu’en Afrique de l’Ouest, le trafic de drogue provoque sur l’économie une perte annuelle qui s’élève à environ 1,3 milliards de dollars dans les secteurs de la santé, du travail et autres. Au fil du temps, l’Afrique, qui n’était qu’une zone de transit, est devenue un nouveau marché de consommation et de production, développant ses propres organisations criminelles, ses propres routes à travers le monde, ce qui en fait dorénavant un grand acteur du trafic international de drogue.
►A (re) lire également : Drogues: consommation et trafic, où en est-on?