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Mali: le référendum reporté à une date ultérieure

D'après les informations de RFI, sur le plan politique, c’est le président IBK lui-même qui a tranché, alors que dans son camp les faucons s'apprêtaient à organiser des manifestations pour soutenir l'organisation du référendum (photo d'archives).
© AFP PHOTO / HABIBOU KOUYATE
 

Le 9 juillet prochain, le référendum prévu sur le nouveau projet de révision de la Constitution n'aura donc pas lieu. Il est reporté à une date ultérieure qui n'a pas été officiellement fixée. La décision a été prise en Conseil de ministre présidé par le chef de l'Etat malien.

Aucune raison officielle pour expliquer ce report, mais on sait que la Cour constitutionnelle s'apprête à donner son avis sur l'organisation dudit référendum. Sur le plan politique, c'est le président IBK lui-même qui a tranché, « par souci d'apaisement », explique un de ses proches, alors que les faucons de son camp, envisageaient même d'organiser des manifestations pour demander le maintien de la date initiale des opérations de vote.

Mais, si la date du référendum a été reportée, c'est très probablement parce qu'il fait l'objet de vives contestations. De nombreuses associations, ainsi que l'opposition malienne ont manifesté contre le projet de Constitution ce week-end à Bamako. Des partis importants de la mouvance présidentielle sont également contre. Des magistrats se sont mêlés à la danse, et la puissante Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) ne s’est pas déclarée favorable au projet de révisions.

En attendant de savoir les nouvelles intentions du gouvernement, la température politique a baissé dans des milieux. « Si c'est un retrait pur et simple, c'est une excellente nouvelle. Mais si c'est pour fixer rapidement une nouvelle date, nous sommes contre », explique un responsable du front qu'on peut nommer « ne touche pas à ma Constitution ».

Ce jeudi 22 juin, une marche « anti-référendum » était prévue par la jeunesse de Sikasso, localité située au sud de Bamako. A l'annonce du report du référendum, la marche a été annulée avant d’être finalement maintenue.

Rwanda : Paul Kagame officiellement désigné candidat à la présidentielle

 

Le président sortant, Paul Kagamé, a été désigné sans surprise candidat à l'élection présidentielle par son parti, le Front patriotique rwandais (FPR, au pouvoir), ce samedi. Le scrutin, dont il est grandissime favori, doit se tenir le 4 août prochain.

Sans surprise, le président Paul Kagame a été officiellement investi par son parti, le Front patriotique rwandais (FPR), en vue de l’élection présidentielle. Le président rwandais s’était déjà déclaré candidat à cette élection, en janvier 2016, mais les statuts du parti exigeaient qu’il soit officiellement désigné. Unique candidat à l’investiture, il a donc été élu ce samedi 17 juin, devant plus de mille délégués, au tout nouveau siège du parti.

« La pression pour que je ne sois pas candidat était moins éclairée et avait moins de sens que la pression pour que j’accepte », a-t-il déclaré.

Pas l’ombre d’un doute

Outre le FPR, le Parti vert démocratique, unique parti d’opposition légal, a annoncé son intention de présenter un candidat, Frank Habineza, au scrutin. Plusieurs opposants indépendants ont par ailleurs annoncé leur intention de se présenter à l’élection, comme l’ancien journaliste Philippe Mpayimana, revenu d’exil en France, ou encore Diane Rwigara, la fille de l’homme d’affaires et ancien financier du FPR, Assinapol Rwigara, décédé en 2015. Le parti libéral (PL) et le Parti social démocrate (PSD), tous deux alliés du FPR, doivent notamment soutenir la candidature de Paul Kagame.

La Commission nationale électorale doit annoncer les noms des candidats autorisés à concourir le 7 juillet prochain.

Mais la victoire de Paul Kagame ne fait, déjà, pas l’ombre d’un doute. Depuis le génocide des Tutsis de 1994, auquel il a mis fin en remportant la guerre avec le FPR, il est l’homme fort du pays. Après avoir été ministre de la Défense et vice-président, il a été élu Président par le parlement en 2000, puis réélu au suffrage universel en 2003 et 2010. Il se présente donc à ce qui sera la troisième élection présidentielle au suffrage universel depuis le génocide.

Des moyens considérables pour le FPR

Le FPR dispose de moyens considérables (il gère un fonds d’une valeur de 500 millions de dollars, selon le parti) et de plusieurs millions de membres.

La réforme constitutionnelle qui permet à l’actuel chef de l’État de se représenter, en repoussant la limite du nombre de mandats, avait été adoptée par référendum en décembre 2015 avec 98,3% des voix et un taux de participation de 98,3%, selon les chiffres officiels.

Dans une interview à Jeune Afrique en mai dernier, Paul Kagamé avait affirmé que son prochain mandant serait « sans doute » le dernier. En théorie, il peut rester au pouvoir jusqu’en 2034.

« Nous devons faire les choses différemment et faire plus d’efforts pour que les sept années qui viennent nous donnent une forme de transition », a-t-il déclaré dans son discours, ce 17 juin.

Henri Konan Bédié : « Guillaume Soro

n’est pas intéressé par 2020, il me l’a dit »

Par Jeune Afrique
 

Dans une interview exclusive parue dans l'édition actuelle de Jeune Afrique (18 au 24 juin 2017), le président du PDCI livre sa vision de la Côte d'Ivoire. Sans détour, il affirme qu'en 2020, le candidat du RHDP sera issu de son parti.

Il ne faut pas se fier à son allure débonnaire : à 83 ans, Henri Konan Bédié n’a rien d’un retraité. A la tête du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), il reste l’un des acteurs clés du jeu politique ivoirien.  Dans son appartement parisien, entre des défenses d’Eléphants et des masques baoulés, il a reçu Jeune Afrique pour une interview exclusive dans laquelle il souhaite mettre un terme aux rumeurs et suppositions.

En 2020, « le PDCI aura un candidat. Ce sera le candidat unique du RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix) », affirme sans ambages l’ancien chef d’Etat ivoirien. Alors qu’à trois ans et demi de l’échéance, l’élection présidentielle de 2020 est déjà dans les esprits, il dissipe les doutes de certains de ses militants. « L’alternance, c’est bien ce que dit l’appel de Daoukro », poursuit-il.

Lancé en septembre 2014 depuis son village, cet appel visait à soutenir Alassane Ouattara, candidat du Rassemblement des Républicains (RDR), dès le premier tour, pour sa réélection en 2015. En échange, le président ivoirien se serait engagé à se ranger derrière un candidat issu du PDCI pour 2020. « Il faut qu’Alassane Ouattara et moi nous entendions pour que cette alternance ait lieu », explique Henri Konan Bédié.

« Guillaume Soro est mon protégé »

Le chef du deuxième parti politique ivoirien se refuse à avancer le nom d’un futur candidat. Mais ce ne sera ni lui – il « n’a plus la force du jeune homme qu’[il] fut », confie-t-il – ni Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne. « Il n’est pas intéressé par 2020, il me l’a dit », assure Henri Konan Bédié.

Dans la tourmente depuis la découverte d’une cache d’armes dans la maison de son directeur de protocole lors de la dernière mutinerie en mai, l’ancien chef rebelle peut néanmoins compter sur le soutien du président du PDCI. « Il est mon protégé. », affirme Henri Konan Bédié.

Lors des mutineries, « le gouvernement a fait ce qu’il fallait faire »

Autre alliance pérenne, celle qu’il a scellée avec son « frère », Alassane Ouattara. Leurs relations sont toujours « excellentes », confie-t-il. Même en temps de turbulences. Mutineries, grève des fonctionnaires, chute du prix du cacao : la première moitié de l’année 2017, marquée par une forte grogne, a été agitée pour le gouvernement.

Mais contrairement à certains cadres de son parti, Henri Konan Bédié réaffirme son entière solidarité. « Ceux qui critiquent n’avaient qu’à être à la place du gouvernement ! », lâche-t-il, tranchant. En acceptant de payer  les mutins qui réclamaient des primes, « il a fait ce qu’il fallait faire », affirme-t-il, tout en condamnant le comportement des militaires. Renversé par un coup d’Etat en 1999, le président du PDCI estime que la situation actuelle n’en est que la suite : « Une boite de Pandore a été ouverte ce jour-là. J’avais prévenu », explique-t-il.

Dix-huit ans après sa chute, l’ancien président est bien plus qu’un sage. Le sphinx de Daoukro est incontournable.

Retrouvez l’intégralité de l’interview dans la dernière édition de Jeune Afrique, datée du 18 au 24 juin 2017.

Start-up africaine de la semaine : Doctix, la plateforme numérique malienne pour prendre rendez-vous chez le médecin

 

Mise en service en mars 2016, Doctix veut faire du calvaire des patients maliens en attente d’une simple consultation médicale, un vieux souvenir.

« Je me suis rendu compte que les patients passent énormément de temps au cabinet du médecin, souvent 4 à 5 heures pour une consultation de 15 à 20 minutes. En 2017 cela est inadmissible ! D’où l’idée de créer une plateforme via laquelle les patients peuvent prendre rendez-vous avec leurs médecins et gagner du temps », explique Tidiane Ball. Ce jeune médecin et entrepreneur malien a décidé de se lancer, en mars 2016, dans l’aventure Doctix, une start-up spécialisée dans la prise de rendez-vous médicaux en ligne, grâce à une subvention de 25 000 dollars américains provenant de son partenaire financier, le US African development foundation (USADF).

Le procédé est simple : grâce à son smartphone ou à son ordinateur, le patient se connecte à la plateforme www.doctix.net et clique sur le bouton  » Prenez rendez-vous », pour consulter la liste des médecins partenaires de Doctix, et leurs spécialités. Puis, il sélectionne le spécialiste de son choix, avant d’être redirigé vers la page de celui-ci, où figurent son CV, ses horaires et tarifs de consultations, ainsi que les témoignages de ses patients.

Le rendez-vous confirmé au patient par SMS

Si le médecin lui convient, il prend rendez-vous en renseignant ses informations personnelles (nom, prénom, motif de la consultation….). Le médecin reçoit ensuite un sms lui indiquant que tel patient veut prendre un rendez-vous à telles date et heure. En retour, le patient reçoit un sms de confirmation.

«Les médecins ont du mal à organiser leur planning de consultation car ils n’ont pas de système de prise de rendez-vous. Doctix résout à la fois ces deux problèmes », indique le créateur de la plateforme. Pour se rémunérer, la start-up prélève 10% des frais de consultation du médecin.

Un succès auprès de la profession médicale

Trois mois seulement après son lancement, il y a un peu plus d’un an, cette offre de services a rencontré un certain succès auprès de la profession médicale. « Après trois mois d’activité, une soixantaine de médecins s’étaient déjà inscrits sur la plateforme ainsi que 30 cliniques partenaires », se souvient Tidiane Ball.

« C’est une très belle initiative, qui rapproche davantage les patients des services de santé », se réjouit pour sa part le Dr Abdoul Aziz Baby, qui utilise la plateforme. Du côté des usagers, on semble apprécier les bienfaits de ce service. « J’apprécie beaucoup Doctix pour avoir pris rendez-vous pour ma femme. On n’a pas fait la file d’attente habituelle. Le médecin nous a reçus immédiatement dès notre arrivée à la clinique » raconte Baba Diaby, un usager.

Un partenariat avec l’ordre des médecins du Mali

Mais les contraintes ne manquent pas, du fait de la nouveauté de l’offre. « Il faut assez de communication et du temps pour que cela rentre dans le quotidien de nos populations », estime le fondateur et unique actionnaire de la start-up, qui emploie quatre personnes à plein temps rémunérées entre 60 000 et 100 000 F CFA.

Outre son partenaire financier, l’USADF, Doctix développe aussi un partenariat institutionnel avec l’Ordre des médecins du Mali, et un partenariat commercial avec les cliniques privées du pays. Si la jeune pousse ne bénéficie pas encore de l’appui d’un mentor dédié, son initiateur se déclare toutefois « ouvert à toute personne qui pourra m’apporter quelque chose ».

À 31 ans, Tidiane Ball affiche déjà un riche pedigree en matière de créations de projets dans les nouvelles technologies. Et pour cause, il est titulaire d’un doctorat en médecine, avec une spécialisation en informatique médicale. Il fonde en 2009, le site web www.malisante.net, un portail d’informations médicales et annuaire des professionnels de la santé du Mali. Il a aussi co-fondé en janvier 2015 à Bamako, DoniLab, un espace de co-working et incubateur de start-up.

L’entrepreneur récompensé par un prix

Sa passion et son expertise ont fini par payer et être reconnues en 2015 par le prix Fund of Internet Research and Education (Fire) décerné par Afrinic, et plus récemment, en avril dernier à Montréal, par le Prix de la mobilité internationale. Cette récompense en terre québécoise « a permis à Doctix de s’étendre dans d’autres pays lors de la grande rencontre des entrepreneurs du monde francophone », explique celui qui a participé en 2016 au programme Mandela Washington Fellowship de l’ancien chef de l’État américain Barack Obama.

Aujourd’hui, la plateforme Doctix enregistre quotidiennement cinq prises de rendez-vous. L’objectif est d’arriver à 20 d’ici à la fin de l’année (soit un chiffre d’affaires de 10 millions de FCFA), et à 100 prises de rendez-vous la 3e année, (soit 36 millions de F CFA de chiffre d’affaires), escompte le promoteur. L’autre grande ambition dans le viseur de Tidiane Ball est de pouvoir s’étendre, d’ici cinq ans, dans cinq pays de la sous-région ouest-africaine : Côte d’Ivoire, Sénégal, Burkina, Ghana et Guinée.

Tchad: le gouvernement parvient à un accord avec le consortium pétrolier à Doba

Puits de pétrole au Tchad.
© AFP/SONIA ROLLEY
 

Le gouvernement tchadien et le consortium pétrolier qui exploite le bassin de Doba se sont entendus, vendredi 9 juin, à N'Djamena, en paraphant un accord qui indique que le Tchad renonce aux poursuites engagées contre le consortium, en octobre 2016, pour non-paiement des taxes, en échange d'investissements pour relancer le secteur.

C’est une réconciliation de raison qui a eu lieu, vendredi soir, à Ndjamena. Après avoir attaqué de front le consortium pétrolier, en octobre dernier, le condamnant à payer une amende record de plus de quatre mille milliards de francs CFA, le Tchad a choisi la voie du dialogue qui a abouti à l’accord.

« Cet accord met un terme à toute poursuite judiciaire contre le consortium, des procédures judiciaires et arbitrales qui sont, de toute façon, longues, fastidieuses et coûteuses », a brièvement expliqué le ministre du Pétrole, maître Béchir Madet.

200 millions de dollars

De bonne source, le consortium devra payer autour de 200 millions de dollars au Trésor public tchadien, non pas pour la condamnation d’octobre 2016, mais pour l’extension de son permis d’exploitation du bassin de Doba, jusqu’en 2050.

D’ici là, le consortium compte développer une technologie dite polymère qui permettra de secouer le sous-sol déjà exploré pour récupérer le pétrole qui n’a pu être extrait jusque-là.