Vu au Sud - Vu du Sud

Togo: l’annonce d’un recensement de la diaspora inquiète l’opposition

 

 lome

 

Vue aérienne de Lomé, au Togo. AFP - YANICK FOLLY

 

Combien de Togolais vivent à l'extérieur du pays ? L'État a annoncé le début du recensement de la diaspora qui doit durer trois mois. Ce recensement de la diaspora - qui n'a jamais été fait - provoque des polémiques et des craintes notamment au sein de l'opposition politique.

Mieux connaître la diaspora pour qu'elle participe au développement du Togo. Voilà l'argument principal affiché par les autorités.

« C’est à la fois un recensement pour connaître le nombre de Togolais à l’extérieur et également une opportunité pour le gouvernement de recenser les compétences des Togolais afin de les pousser à rentrer au Togo et à contribuer au développement du Togo », indique Robert Dussey, le ministre des Affaires étrangères.

Données privées, informations jugées confidentielles… Au sein de l'opposition, certains estiment que ce recensement de la diaspora n'a qu'un objectif, celui de contrôler toutes les voix qui s'opposent au président Faure Gnassingbé.

« C’est surtout de recenser les potentialités de la diaspora qui sont à même de pouvoir financer la lutte. On le prend comme un instrument d’intelligence pour essayer de museler, contrôler, manipuler cette diaspora-là. C’est pour cela que nous sommes totalement hermétiques à une démarche qui vienne du gouvernement », rétorque Karl Gaba, le coordinateur du Front citoyen Togo Debout.

Des critiques balayées par Robert Dussey. « Nous ne sommes pas choqués. Nous constatons que certains ne comprennent toujours pas. Je crois qu’avec de la pédagogie nous y arriverons », insiste-t-il.

L'État estime qu'entre un million et demi et deux millions de Togolais sont installés à l'étranger, particulièrement en Afrique de l'Ouest.

►À lire aussi Le Haut Conseil des Togolais de l'extérieur mobilise pour l'investissement

Mali: création d'une commission d'enquête mixte après la disparition de Mauritaniens

 
 

Une commission d’enquête mixte entre le le Mali et la Mauritanie ainsi que des patrouilles conjointes : ce sont les principales décisions à la fin du séjour de 48 heures en Mauritanie d’une importante mission malienne, après la mort de plusieurs civils mauritaniens à la frontière avec le Mali. Nouakchott a tenu l’armée malienne comme responsable de ces tueries.

Avec notre correspondant à Bamako, Serge Daniel

Dès son arrivée en Mauritanie, la délégation malienne s’est dirigée à son hôtel situé au centre-ville de la capitale. Rapide réunion de cadrage et direction le ministère mauritanien des Affaires étrangères où vont se dérouler les différents entretiens.

Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères et chef de la délégation malienne a tout de suite voulu décrisper l’atmosphère : « Le peuple malien n'est pas l'ennemi du peuple mauritanien. Le peuple mauritanien n'est pas l'ennemi du peuple malien. Notre ennemi, c'est le terrorisme. » 

Commission d'enquête et patrouilles conjointes

Au cours des échanges à Nouakchott, chaque parti a donné sa version sur la dernière disparition de plusieurs civils mauritaniens à la frontière entre les deux pays. « Notre armée nationale malienne n'est pas impliquée dans ces événements, affirme du côté malien, Abdoulaye Diop. Il est vrai qu'il y a des versions contradictoires. C'est pour ça que cette commission est mise en place. C'est pour pouvoir éclaircir la situation. »

La commission d’enquête mixte ira sur le terrain, mènera les investigations pour le triomphe de la vérité. Sur une précédente affaire ayant entraîné la mort de sept civils mauritaniens, toujours à la frontière entre les deux pays, le Mali s’engage également à mettre à la disposition de son voisin les résultats d’une enquête. Et pour renforcer la confiance, militaires maliens et mauritaniens vont organiser ensembles des patrouilles la zone frontalière.

►À lire aussi : Le Mali va ouvrir une enquête sur les accusations de disparitions de ressortissants mauritaniens

Les attentes des Tchadiens sur le dialogue entre le gouvernement et les politico-militaires

Repoussés à deux reprises, les pourparlers entre autorités tchadiennes et groupes rebelles tchadiens doivent débuter ce dimanche à Doha au Qatar. Ce pré-dialogue est une étape clés de la transition tchadienne : tous doivent s’accorder pour acter une participation des responsables politico-militaires au dialogue national qui se tiendra lui le 10 mai à Ndjamena au Tchad. Les attentes des Ndjamenois sont donc grandes.

Avec notre correspondante à Ndjamena, Aurélie Bazzara-Kibangula

Au centre-ville, ce chauffeur de taxi ne décolle pas l’oreille de son poste de radio pour avoir les dernières informations sur ce pré-dialogue de Doha. Il explique que pour lui le plus important, c’est la signature d’un accord de cessez-le-feu : « Je veux qu'ils déposent les armes ! Depuis les années 1960 jusqu'à aujourd'hui, on ne fait que parler seulement de la guerre et de la guerre. Les armes, ce n'est pas une solution. »

Un dépôt des armes, c’est aussi ce qu’espère Urbain, un étudiant. Mais selon lui, les autorités doivent aussi garantir plus de sécurité aux rebelles : « Ce n'est pas tous les politico-militaires qui sont admis ici. D'aucun attendent encore. Donc ceux qui ne sont pas amnistiés, il faut que l'État essaye de se prononcer sur leur situation. Et ceux qui le sont, il faut qu'on essaye de réfléchir pour savoir comment on va les réinsérer dans la vie active. »

 

Craintes à cause du départ de Goukouni Weddeye

Un peu plus loin, Abakar vend des dattes séchées. Il déplore la mise à l’écart de Goukouni Weddeye, qui jouait le rôle de médiateur dans le processus : « Avec la démission de l'ex-président Goukouni Weddeye, nous pensons que le dialogue ne marchera pas, parce que nos autorités cherchent à se maintenir au pouvoir. »

À Ndjamena, beaucoup déplorent le manque de transparence qui entoure ce pré-dialogue, pointant le flou qui règne autour de la liste des invités et de la feuille de route des discussions.

►À lire aussi : Au Tchad, les pourparlers entre le gouvernement et les politico-militaires vont débuter au Qatar

 

À la Une: le mystère des Mauritaniens disparus

 

Pour tenter de le percer, le ministre malien des Affaires étrangères, en grand équipage, va mener une ambassade aujourd’hui et demain vendredi à Nouakchott.

Etant rappelé que les autorités mauritaniennes ont accusé l'armée malienne de « crimes récurrents » contre leurs ressortissants, suite à la disparition de plusieurs dizaines d’éleveurs mauritaniens sur le sol malien ces deux derniers mois, Bamako ne mégote pas pour élucider cette énigme des éleveurs disparus des confins de la Mauritanie et du Mali. Et pour cause ! En ces temps de sanctions de la Cédéao contre lui, la Mauritanie est un vrai cordon ombilical pour le Mali.

A Bamako, plusieurs journaux, comme par exemple L’Essor, signalent que le colonel Assimi Goïta, président de la Transition, a échangé avec son homologue mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, et ce journal se borne à rapporter le communiqué de la présidence faisant état de la volonté du Mali « d’engager des actions vigoureuses pour raffermir davantage la fraternité et la coopération (avec la Mauritanie) notamment dans le domaine de la gestion (de la frontière commune), de la défense et de la sécurité des personnes et des biens ». Dans ce communiqué, les autorités maliennes de transition condamnent « énergiquement ces actes criminels » et trouvent, « une fois de plus, troublant la survenance de ce genre d’incident malheureux », pointe L’Essor.

La ligne de vie Bamako-Nouakchott

Cette affaire, en tout cas, trouble également une partie de la presse… dans la sous-région comme en France. Sur son papier, au Burkina Faso, Wakat Séra couche « le mystère des disparus de la frontière ». Car l’enjeu est de taille, pointe ce quotidien ouagalais, « avec la Guinée, la Mauritanie et son port, est devenue une véritable bouffée d’oxygène pour le Mali, pays enclavé sans littoral, dont les dirigeants ont engagé un bras-de-fer avec la communauté internationale ».  Alors ? Alors « plus vite la lumière sera faite sur ces disparitions d’éleveurs mauritaniens, mieux cela vaudra pour le Mali qui crie à la machination ourdie par des officines qui verraient d’un mauvais œil, ses relations avec la Mauritanie », explique Wakat Sera.

Attention, prévient, en France, le site Mondafrique, « une brouille avec la Mauritanie serait pour la junte militaire (malienne) une vraie façon de se tirer une balle dans le pied ». Comme le souligne ce journal en ligne, « ces tensions surviennent au plus mauvais moment. La Mauritanie dont l’armée est une des plus performantes du Sahel, est un pays frontalier du Mali, sans jamais avoir été membre de la Cédéao, cette organisation régionale qui a condamné le coup d’état à Bamako. La Mauritanie n’applique donc pas les sanctions mises en œuvre par la Cédéao en janvier dernier. Le port de Nouakchott, dans ces conditions, constitue désormais une voie d’accès essentielle pour le Mali », souligne Mondafrique.

Meurtriers effondrements ivoiriens

Deux immeubles écroulés en Côte d’Ivoire, deux de plus, treize morts en deux semaines. Au bas mot... Et cet étonnant article de L’Observateur Paalga. Choisissant le parti d’en rire, ce quotidien burkinabè ironise sur « nos ancêtres les Gaulois (qui) avaient une grande hantise : que le ciel leur tombe sur la tête. Il est vrai qu’à leur époque, ils ne pensaient pas aux toits de leurs maisons, les constructions à plusieurs niveaux n’étaient d’ailleurs pas légion, pour ne pas dire qu’elles étaient inexistantes. Pour nous autres Africains, par ces temps qui courent, la grande peur est qu’un immeuble s’écroule sur nous »L’Observateur Paalga, toutefois, pointe « les sables mouvants de la corruption » dans cette affaire…

Burkina Faso : les dossiers « chauds » du nouveau ministre des Mines Jean-Alphonse Somé

Mis à jour le 9 mars 2022 à 10:04
 

 

La mine d’or de Houndé exploitée par Endeavour Mining, le 13 février 2020. © Anne Mimault/REUTERS

Sécurisation des sites miniers, relance de l’exploration, encadrement de l’orpaillage… Plusieurs sujets ardus attendent le nouveau ministre burkinabè des Mines et des Carrières.

C’est un géologue expérimenté que le Premier ministre burkinabè Albert Ouédraogo, qui a dévoilé la composition de son équipe le 5 mars, a choisi pour diriger le ministère des Mines et des Carrières. Jean-Alphonse Somé cumule en effet plus de trente ans d’expérience dans la cartographie et la prospection minière, aussi bien sur les terrains birimiens comme celui de Banfora, au sud-ouest du pays, que sédimentaires, dont celui du bassin de Taoudéni (qui s’étend aussi au Mali et en Mauritanie).

« Jean-Alphonse Somé est un technocrate qui connaît bien le secteur et est capable de rassurer les acteurs », commente un spécialiste de l’industrie minière burkinabè.

Directeur des Carrières puis directeur général du Bureau des mines et de la géologie du Burkina (Bumigeb), le nouveau ministre devra relancer les investissements dans la recherche minière alors que la production aurifère du pays, qui maintient une trajectoire de croissance, a atteint 66,8 tonnes en 2021. « Hâtons-nous lentement. On veut bien faire les choses avant de communiquer », a déclaré le ministre joint par Jeune Afrique.

Investir dans l’exploration

Du côté des groupes miniers actifs dans le pays – Endeavour Mining, IamGold (Essakane), West African Resources ou encore le russe Nordgold –  on souligne que la transition menée par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba devrait mettre l’accent sur la sécurisation des sites aurifères puis sur la relance de l’exploration minière.

« Depuis quelques années, nous n’avons plus d’investissements dans la recherche. Le Burkina, qui était devenu la première destination dans ce domaine, est aujourd’hui relégué au second plan. C’est un chantier pour les nouvelles autorités », explique un responsable d’une société minière.

Il faut dire que les exactions perpétrées par les groupes armés terroristes, qui ont fait environ 2 500 morts et 1,7 million de déplacés en six ans, n’ont pas épargné les opérateurs miniers. L’inquiétude des compagnies opérant au Burkina est exacerbée depuis le 14 novembre et l’attaque d’un détachement militaire chargé de sécuriser la mine d’Inata (exploitée par le groupe Balaji mais dont le permis a été suspendu), qui s’est soldée par la mort de 53 gendarmes.

Coût de la sécurité

Deux ans plus tôt, une embuscade contre un convoi transportant les employés de la mine de Boungou, exploitée par Semafo et rachetée par Endeavour Mining, avait fait 40 morts et plus de 60 blessés. Conséquence directe de cette insécurité : le gel des budgets alloués à l’exploration et, à l’inverse, un effort accru des dépenses de sécurité (estimé entre +10% et +25 %). Certaines mines ont par exemple été obligées d’héliporter leurs personnels sur site. Selon nos informations, le coût des rotations aériennes mensuelles atteint près de 3 milliards de F CFA pour une compagnie.

Pour rassurer le secteur, Jean-Alphonse Somé pourrait redonner corps à l’Office national de sécurisation minière : prévu pour compter 3 000 hommes, il peine à atteindre sa vitesse de croisière avec seulement 500 personnes déployées, soit à peine 13 % des besoins exprimés.

La question du cadastre

Le dernier chantier, et non des moindres, qui attend le nouveau ministre concerne la question du cadastre minier. Ce dernier doit être assaini, informatisé et rendu public, un processus qui demeure un défi, assurent plusieurs experts. Cela doit pourtant permettre aux nouvelles autorités d’encadrer l’orpaillage, dont dépend plus de 1 million de burkinabè, et d’éviter ainsi que, dans les zones où l’État est quasi-absent, les groupes terroristes n’accaparent les sites pour se financer.