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Burkina Faso – Attaque de Gaskindé : « 22 ans, c’est trop jeune pour mourir »

L’attaque du convoi qu’ils escortaient a précipité le coup d’État mené par le capitaine Ibrahim Traoré, il y a une semaine. Ce samedi, les 27 militaires tués à Gaskindé ont été inhumés à Ouagadougou, en présence du nouvel homme fort du pays.

Par  - envoyé spécial à Ouagadougou
Mis à jour le 8 octobre 2022 à 20:59
 
 gaskinde
 
 

Lors des obsèques des 27 soldats du 14e régiment interarmes tués à Gaskindé le 26 septembre, à Ouagadougou le 8 octobre 2022. © Benjamin Roger pour JA

Son cercueil en bois est doucement descendu en terre par ses frères d’armes. Devant sa tombe, un autre tient silencieusement son portrait. Celui d’un homme de 24 ans en uniforme et au visage encore juvénile. Le 26 septembre, le seconde classe Hamadé Boina faisait partie de l’escorte du convoi de ravitaillement à destination de Djibo qui a été attaqué par des jihadistes sur la route nationale 22, à hauteur de Gaskindé. Il y a perdu la vie, comme 26 autres militaires. La plupart avaient moins de trente ans.

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Selon un bilan officiel, dix civils ont aussi été tués dans cette attaque meurtrière qui a choqué tout le Burkina Faso. Ce macabre décompte pourrait même s’aggraver : selon un syndicat de transporteurs routiers, 70 conducteurs qui étaient dans le convoi seraient toujours portés disparus.

 

Lors des obsèques des 27 soldats du 14e régiment interarmes tués à Gaskindé le 26 septembre, à Ouagadougou le 8 octobre 2022. © Benjamin Roger pour JA

 

Lors des obsèques des 27 soldats du 14e régiment interarmes tués à Gaskindé le 26 septembre, à Ouagadougou le 8 octobre 2022. © Benjamin Roger pour JA

Défilé de cercueils

Le drame de Gaskindé n’a pas fait qu’allonger la liste des milliers de personnes, civils ou militaires, morts depuis que le pays a basculé dans l’insécurité, en 2015. Il a aussi précipité le coup d’État du 30 septembre, mené par le capitaine Ibrahim Traoré contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, lui-même arrivé au pouvoir par la force huit mois plus tôt. Accusant leur supérieur de n’avoir rien réglé à la crise sécuritaire qu’il promettait d’enrayer, Traoré et ses hommes ont décidé de le renverser, ouvrant un nouveau chapitre incertain à la tête d’un État déjà largement fragilisé.

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Ce 8 octobre, ils étaient plusieurs centaines – familles, militaires, mais aussi citoyens lambda – à être venus pour assister aux obsèques de Hamadé Boina et de ses camarades au cimetière militaire de Gounghin, à Ouagadougou. Dans l’allée arborée de cette nécropole qui n’en finit plus d’accueillir des tombes, les 27 cercueils ont défilé un à un, portés par des soldats.

Le cimetière militaire de Gounghin, à Ouagadougou, le 8 octobre 2022. © Benjamin Roger pour JA

 

Le cimetière militaire de Gounghin, à Ouagadougou, le 8 octobre 2022. © Benjamin Roger pour JA

Décorations à titre posthume

Dans l’assistance, Ousmane Tapsoba. Son frère cadet, Aziz, a été tué dans l’attaque de Gaskindé. Entré dans l’armée il y a seulement deux ans, il avait 22 ans. « C’est bien trop jeune pour mourir. Beaucoup d’entre nous ont perdu un fils ou un frère dans cette attaque. Aujourd’hui, c’est toute la nation qui est en deuil », confie ce commerçant ouagalais à la sortie du cimetière.

Avant d’être conduits à leur dernière demeure, les 27 soldats ont été décorés à titre posthume de la médaille militaire lors d’une cérémonie d’hommage avec les familles organisée à la morgue du camp Sangoulé Lamizana. Le capitaine Ibrahim Traoré, désormais officiellement président de la transition, était présent avec plusieurs haut gradés, dont le chef d’état-major général des armées, le colonel-major David Kabré. Dans un communiqué officiel, il a salué « la mémoire et la bravoure » de ces hommes qui « ont défendu la nation au prix de leur vie ».

Militant, délicat, haletant… Les sorties cinéma du 5 octobre

Sélection 

Tori et Lokita de Jean-Pierre et Luc Dardenne, Un beau matin de Mia Hansen-Løve, Novembre de Cédric Jimenez, L’Origine du mal de Sébastien Marnier, Une femme de notre temps de Jean-Paul Civeyrac : voici la sélection des films que La Croix a vus pour vous cette semaine.

  • La Croix, 
Militant, délicat, haletant… Les sorties cinéma du 5 octobre
 
« Tori et Lokita » de Jean-Pierre et Luc Dardenne ; « Un beau matin » de Mia Hansen-Løve ; « Novembre » de Cédric Jimenez ; « L’origine du mal » de Sébastien Marnier.DIAPHANA DISTRIBUTION ; FILMS DU LOSANGE ; STUDIO CANAL ; LAURENT CHAMPOUSSIN

♦ Tori et Lokita ***

de Jean-Pierre et Luc Dardenne

Film belge, 1 h 28

Récompensé par le prix du 75e Festival de Cannes, Tori et Lokita est un des films les plus sombres et les plus forts des frères Dardenne. À travers les personnages du petit orphelin Tori et de l’adolescente Lokita, jeunes migrants originaires d’Afrique arrivés en France, les deux cinéastes soulignent l’insensibilité de notre société au sort des plus fragiles.

» LIRE LA CRITIQUE. « Tori et Lokita » des frères Dardenne, l’amitié face à la noirceur du monde

♦ Un beau matin ***

de Mia Hansen-Løve

Film français, 1 h 52

Dans ce film délicat et touchant, Mia Hansen-Løve sublime la vie quotidienne, entrecroisant joie et souffrance. Sandra (Léa Seydoux, particulièrement émouvante) élève seule sa fille et s’occupe de son père, Georg, atteint d’une maladie neurodégénérative. Alors qu’elle accompagne ce dernier avec patience, elle retrouve un ami de jeunesse, Clément, aujourd’hui marié.

» LIRE LA CRITIQUE.« Un beau matin », Le paradoxe des sentiments

♦ Novembre **

de Cédric Jimenez

Film français, 1 h 45

Après Bac NordNovembre de Cédric Jimenez se centre sur la traque de deux terroristes du Bataclan par les policiers de la sous-direction antiterroriste. Aux côtés d’un casting prestigieux, avec Anaïs Demoustier et Jérémie Renier, c’est une génération prometteuse de jeunes acteurs qui est portée à l’écran.

» LIRE LA CRITIQUE. « Novembre » de Cédric Jimenez, la traque des terroristes

♦ L’Origine du mal **

de Sébastien Marnier

Film français, 2 h 05

Alors qu’elle est mise à la rue par sa logeuse, Stéphane, employée dans une conserverie de poissons, se tourne vers son père, qu’elle n’a jamais connu. Invitée dans la luxueuse demeure familiale à Porquerolles, elle entre dans un huis clos glaçant. Dans cette comédie noire, Sébastien Marnier dresse le portrait grinçant d’une famille toxique.

» LIRE LA CRITIQUE. « L’Origine du mal » de Sébastien Marnier : famille, je vous hais

♦ Une femme de notre temps *

de Jean-Paul Civeyrac

Film français, 1 h 36

Policière intègre et flexible, Juliane fait face depuis cinq ans à l’absence de sa sœur décédée, mais aussi à l’infidélité de son mari. Dialogues plats, mise en scène appuyée, jeu sans nuance… Le nouveau film de Jean-Paul Civeyrac rend perplexe.

» LIRE LA CRITIQUE. « Une femme de notre temps » de Jean-Paul Civeyrac, un portrait décevant

⇒ Retrouvez les critiques des films sortis la semaine dernière

• Non ! * Pourquoi pas ** Bon film *** Très bon film **** Chef-d’œuvre

Culture africaine: les rendez-vous en octobre 2022

 

À Yaoundé, Bruxelles, Paris, Stockholm, Londres, Saint-Étienne, Lahou-Kpanda, Gennevilliers, Hambourg, Pittsburgh, Lyon ou Ouagadougou, en salle ou en plein air, voici dix-huit rendez-vous de la culture africaine à ne pas manquer en ce mois d’octobre. N’hésitez pas à nous envoyer vos prochains événements culturels « incontournables » à l’adresse Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..

 

Du 1er au 8 octobre se déroule le festival Écrans Noirs à Yaoundé. La 26 édition se tient au Musée National et au Palais des Congrès de la capitale camerounaise, avec une décentralisation à Douala du 2 au 4 novembre 2022. Cette année, cette rencontre entre le grand public, les comédiens, les réalisateurs, les techniciens et producteurs de films a comme thème « Cinéma : un art total » et sera accompagnée aussi par le marché international du film de l’Afrique centrale. Les 28 films de la catégorie Long métrage fiction Afrique centrale viennent du Cameroun, du Gabon, de la RDC et du Congo-Brazzaville.

Le 3 octobre, le centre culturel belge Bozar à Bruxelles présente dans le cadre d'Afropolitan Forum la première des Gestes de Saint-Louis, un film belge sans dialogue dont les seules composantes sont la danse, les sons de la ville de Saint-Louis (Sénégal) et la musique. Cette production est le résultat d’une collaboration entre la compagnie de danse contemporaine sénégalaise Diagn’art et les artistes belges et suisses Kita Bauchet et Stéphanie Pfister. La projection du film sera précédée du spectacle de danse contemporaine Siki du performeur Alioune Diagne, chorégraphe et danseur autodidacte qui vit et travaille à Saint-Louis.

À partir du 3 octobre, le Musée du Quai Branly à Paris nous fait découvrir les Black Indians de la Nouvelle Orléans. Au programme de cette exposition exceptionnelle : des costumes éblouissants, rythmiques saccadées et joutes chantées. Un hommage à l’extraordinaire créativité des Africains-Américains de Louisiane à travers les défilés de Black Indians. Quand la mémoire des ancêtres esclaves croise celle des communautés amérindiennes.

Le 6 octobre sera décerné par l’Académie suédoise le prix Nobel de littérature. En 2021, l’écrivain tanzanien Abdulrazak Gurnah est devenu en 2021, après le Nigérian Wole Soyinka en 1986, le deuxième écrivain d’Afrique noire à avoir reçu le prix littéraire le plus prestigieux au monde. Qui sera en 2022 son successeur ?

 

Ci-dessous : Pauline et sa fille devant la bibliothèque. « Ciel de saison », portfolio de Baudouin Mouanda, lauréat du prix Roger Pic 2022. © Baudouin Mouanda 

Bibliothque


 

To What End. Le Centre for the Less Good Idea est un espace d’incubation interdisciplinaire pour les arts basé à Maboneng, Johannesburg. Du 6 au 9 octobre, ce centre créé par William Kentridge présente pour la première fois au Barbican Centre à Londres six performances créées par treize artistes sud-africains. Le programme comprend un chœur féminin captivant, des danses rythmées, des solos utilisant le multimédia pour explorer les thèmes du changement social et politique en Afrique du Sud.

Dans le cadre de son exposition Globalisto, le MAMC+ à Saint-Étienne invite le 6 et 7 octobre à un colloque international sur L’Art et la (dé)colonisation. Comment créer une nouvelle philosophie ? Comment (dé)coloniser la société ? Comment l'art éclaire-t-il ces débats, défait-il les discours officiels et propose-t-il d'autres lectures du monde ? Alors que le monde poursuit sa (dé)colonisation, une nouvelle philosophie émerge, inspirée par le transitionnalisme post-apartheid et les principes humanistes du Botho, basée sur la culture sud-africaine du respect. La philosophie de Globalisto est un appel à l’hospitalité radicale, à l’idée d’un monde sans frontières.

Le 8 octobre, le centre culture belge Bozar montre dans le cadre de l’Afropolitan Forum la première de Taamaden. Le cinéaste malien Seydou Cissé y accompagne trois hommes, originaires de l’Afrique de l’Ouest, pendant leur traversée de la Méditerranée. Chaque jour, ces jeunes accomplissent des rituels, prient et écoutent les conseils du marabout à travers leur smartphone. Une plongée dans l’univers de la spiritualité africaine à l’heure des nouvelles technologies.

Le 12 octobre sort Aya, la « première héroïne avikam du cinéma ». Le réalisateur belge Simon Coulibaly Gillard nous amène sur Lahou-Kpanda, une petite presqu’île en train d’être engloutie par la mer. Le film raconte l’histoire d’une fille de 14 ans qui vit la disparition de son paradis au large de la Côte d’Ivoire. C’est à la fois un portrait des dangers du changement climatique et d’une fille en train de devenir adulte.

 

Ci-dessous :

Une marchande de rue de médicaments sous le joug des eaux de pluie. « Ciel de saison », portfolio de Baudouin Mouanda, lauréat du prix Roger Pic 2022. © Baudouin Mouanda

 marchande

 

 

À partir du 13 octobre, le lauréat du prix Roger Pic 2022 expose ses œuvres à la galerie de la Scam, à Paris, en partenariat avec le magazine Fisheye. Photographe congolais, membre d’Afrique in visu, Baudouin Mouanda vit et travaille à Brazzaville. Son travail sur l’histoire et les guerres à répétition de son pays a été déjà plusieurs fois récompensé, par exemple aux Rencontres de Bamako. Son portfolio Ciel de saison se distingue par son style qui interroge et documente autrement le réel et ses désastres avec humanité, singularité et humour : « Ce projet est né des intempéries dues au changement climatique que connaît ces dernières années l’Afrique. Cette série a été réalisée d’après des faits réels, pendant les inondations qu’ont subies de nombreuses familles à Brazzaville, en République du Congo, en pleine période de confinement. Ces photographies rappellent à tout un chacun, la nécessité de préserver et respecter l’environnement, sous peine de représailles naturelles. »

Du 13 au 16 octobre, la Foire d’art africain contemporain 1-54 fête son 10e anniversaire à Londres. 50 exposants internationaux venant de 21 pays seront présents à Somerset House. 16 galeries sont originaires du continent africain. La galerie sénégalaise Selebe Yoon de Dakar figure parmi les nouveaux venus à la foire. La galerie ivoirienne Gazelle Guirandou d’Abidjan y présentera le travail de Ange Dakouo et Pedro Pires.

Du 20 octobre au 4 décembre, le photographe Pascal Maitre expose ses photographies sur les Peuls du Sahel à l’Académie des beaux-arts à Paris. Le lauréat de la dernière édition du Prix de photographie Marc Ladreit de Lacharrière travaille depuis deux ans sur cette aventure en traversant le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Bénin.

Du 20 au 22 octobre, le Musée national de l’histoire de l’immigration à Paris accueille un colloque international d’une très grande envergure. Au cœur de cette rencontre intitulée Sharing museums / Musées partagés, seront abordés les défis auxquels font face les musées de migrations, les enjeux de la diversité et les implications des restitutions.

La chorégraphe Bintou Dembélé présente du 20 au 22 octobre au Théâtre de Gennevilliers sa pièce Rite de passage – solo II, pensée pour le danseur Michel « Meech » Onomo. Nourrie du hip-hop avant d’évoluer vers une esthétique transdisciplinaire, Dembélé questionne ici entre autres l’existence d’une danse « marronne ». « Si le marronnage a historiquement qualifié la fuite des esclaves africains loin des maîtres qui les maintenaient en captivité, le terme en est venu à désigner, en art, la conquête d’un espace de liberté face aux contraintes imposées par un système ».

 

Ci-dessous :

Moukarata et ses deux enfants observent les nuages dans la cour inondée d’eaux de pluie. « Ciel de saison », portfolio de Baudouin Mouanda, lauréat du prix Roger Pic 2022. © Baudouin Mouanda

Moukarata  

Du 21 au 23 octobre se tient la 7e édition d’AKAA. La principale foire dédiée aux scènes artistiques d’Afrique et de ses diasporas en France réunit 38 galeries internationales sous les verrières du Carreau du Temple au cœur de Paris. Une invitation à la découverte d’artistes qui revendiquent un lien dans leur pratique au continent africain.

Les peintures de Yannick Ackah seront exposées jusqu’au 20 novembre sous le titre La Poésie d'existence à la Galerie Melbye-Konan, à Hambourg, en Allemagne.  L’œuvre de cet artiste ivoirien émergent est enracinée dans les cultures visuelles de l'Afrique, enrichie par des matériaux très divers comme le papier, des articles de journaux ou des tissus faisant entrer des aspects de la vie quotidienne et de la culture pop.

Is it morning for you yet? s’intitule la 54e édition internationale du Carnegie Museum of Art à Pittsburgh. Créée en 1896, elle se déroule tous les trois ou quatre ans. Il s’agit de la plus ancienne exposition d'art international en Amérique du Nord. Cette année, elle présente jusqu’au 2 avril entre autres l’œuvre de Sanaa Gateja. L’artiste ougandais, né en 1950, vit à Kampala et consacre son travail aux communautés, aux matériaux et aux traditions. Il est connu pour l'incorporation de déchets artificiels recyclés dans sa pratique, en particulier pour ses perles fabriquées à partir de papier jeté, qui lui ont valu le surnom de « roi des perles » en Ouganda.

Écoutez les voix des fleuves. Le 27 octobre, en écho à l’exposition temporaire Nous, les fleuves, le musée des Confluences à Lyon propose en partenariat avec Initiatives pour l’Avenir des Grands Fleuves (IAGF), Erik Orsenna de l’Académie française, et plusieurs experts et artistes un plaidoyer universel pour les fleuves sous forme d’une conférence-projection. L’évènement nous emmène du Rhône vers le Saint-Laurent et le fleuve Sénégal afin de nous alerter sur le rôle fondamental des fleuves et sur la nécessité impérieuse de les protéger.

Du 29 octobre jusqu’au 5 novembre les Récréâtrales à Ouagadougou, au Burkina Faso, nous donnent rendez-vous sous le thème « Faire visage », titre emprunté du roman Silence du chœur de l’écrivain sénégalais et prix Goncourt Mohamed Sarr. La 12e édition des Résistances Panafricaines d’écritures, de création et de recherche théâtrales marque en même temps les 20 ans de cette aventure théâtrale pionnière sur le continent africain. Les créations de plus qu’une quinzaine de pays d’Afrique et d’ailleurs sont attendues.

Burkina Faso : le soutien d’Evgueni Prigojine, le fondateur de Wagner, à Ibrahim Traoré

Celui que l’on surnomme parfois le « cuisinier de Poutine » a salué le putschiste dès les prémices du nouveau coup d’État, alors que quelques drapeaux russes flottaient dans des manifestations ouagalaises…

Mis à jour le 5 octobre 2022 à 08:23
 
Damien Glez
 

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

 

 Glez

 

© Damien Glez

 

Officiellement soucieux d’endiguer les violences récentes de certains activistes pro-russes au Burkina Faso, le capitaine Traoré, qui vient de renverser le lieutenant-colonel Damiba, se réjouit-il du soutien inattendu de l’oligarque Evgueni Prigojine ? Difficile de sonder le cœur d’un putschiste qui, pour l’heure, affirme que tout partenariat sécuritaire est envisageable et que, d’ailleurs, il pourrait ne pas avoir la charge de tels choix politiques, peu intéressé qu’il est par l’exercice du pouvoir. En attendant de découvrir, dans les jours qui viennent, la place qu’occupera Ibrahim Traoré dans la nouvelle architecture dirigeante du Burkina Faso, l’enthousiasme empressé du fondateur du groupe Wagner ne passe pas inaperçu…

Politologue populiste

On aurait pu croire le récent coming out d’Evgueni Prigojine – l’aveu qu’il était l’un des fondateurs du groupe paramilitaire Wagner – presque accidentel, mais l’oligarque semble avoir abandonné définitivement sa discrétion légendaire. Comme pour interférer dans la crise burkinabè, il a posté, sur l’application Telegram, un message aussi précoce – deux jours avant la démission du président burkinabè – que long : « Je salue et soutiens le capitaine Ibrahim Traoré. […] Le 24 janvier, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a pris le pouvoir dans le pays, sous l’égide de la lutte pour la liberté et la justice. Cependant, il n’a pas su se montrer à la hauteur de la confiance des jeunes officiers, qui ont finalement suivi le capitaine Ibrahim Traoré. »

À LIREBurkina Faso : qui est Ibrahim Traoré, le capitaine qui a fait tomber Damiba ?

Presque journaliste, il devient, au fil des mots, politologue – « Et maintenant, ils ont fait ce qui était nécessaire » –, voire militant populiste : « Et ils l’ont fait uniquement pour le bien de leur peuple ». La loquacité du réputé taiseux alimente l’idée que l’éminence grise du régime de Vladimir Poutine aurait pu jouer un rôle dans les récents développements au Burkina Faso.

Rien n’est moins sûr. Si Prigojine avait déjà élaboré un plan avec Traoré, il ne lui serait pas utile, aujourd’hui, d’en esquisser les ficelles publiquement. À l’inverse, son message de soutien a tout du pied que glisse un colporteur dans la porte d’un potentiel client.

« L’armée secrète » de Moscou au pays des hommes intègres

Dans les heures qui viennent, celles de l’attribution des leviers du pouvoir burkinabè à tels civils ou militaires, le nouveau patron du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) devra composer avec l’opinion agissante, qui pourrait tout autant lui accorder un ersatz de légitimité que lui faire l’effet d’une épine dans le pied. C’est tout autant à ces foules physiques et virtuelles qu’au capitaine burkinabè que Prigojine envoie sa salutation.

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Si le fondateur de Wagner a quitté l’ombre pour la lumière, il s’intéresse, depuis longtemps, aux pays africains susceptibles d’accepter ses offres d’influence politique, de gestion médiatique, d’extraction de ressources et de soutien aux régimes en place, comme la Libye, la Centrafrique, ou le Mali. Après le départ du trop timoré Damiba, Prigojine ne serait pas contre une implantation de « l’armée secrète » de Moscou au pays des hommes intègres. Reste à obtenir les réponses à deux questions : « Que sera Ibrahim Traoré demain ? » et « Que fera-t-il après-demain ? »