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Côte d'Ivoire: les enjeux de la rencontre entre Alassane Ouattara et le pape François

 
 

Le président ivoirien Alassane Ouattara est arrivé jeudi 15 septembre à Rome, en Italie, pour une visite officielle. Temps fort de ce voyage : un entretien avec le pape François au Vatican, samedi 17 septembre. Selon les autorités, cette visite de travail vise à renforcer les relations bilatérales entre la Côte d’Ivoire et le Saint-Siège.

De notre correspondante à Abidjan, Bineta Diagne

C’est la seconde fois qu’Alassane Ouattara se rend à Rome. En novembre 2012, le président ivoirien avait rencontré le pape Benoit XVI. « Il y a une continuité. Nous avons toujours entretenu de bonnes relations avec le Saint-Siège », assure un responsable du gouvernement.

Mais aujourd’hui, avant la rencontre avec le pape François, le contexte est différent. « Les réserves exprimées par l’archevêque d’Abidjan, en 2020, concernant la candidature d’Alassane Ouattara pour un troisième mandat, avaient quelque peu refroidi les relations avec la présidence », rappelle un observateur. Ainsi, cette visite d’État envoie « un signal fort et marque un rapprochement avec l’Église catholique », poursuit cette source.

Vendredi, le président de la République et le clergé ivoirien étaient réunis autour d’une messe sous le signe la paix, à la Basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome. Alassane Ouattara s’est par ailleurs entretenu avec le fondateur de la Communauté Sant’Egidio, réputée pour proposer sa médiation les crises. 

« L’enjeu, c’est son image », relève l’historien Arthur Banga. « Cette visite renvoie une image de stabilité : il est important de s’afficher avec le pape dans un contexte de réconciliation en Côte d’Ivoire », selon ce chercheur.

Les ministres africains de l’Environnement à Dakar pour parler climat et COP27

 

La 18e session de la conférence ministérielle africaine sur l’environnement a débuté ce jeudi 15 septembre à Dakar en présence de John Kerry, envoyé spécial américain pour le climat. Une conférence pour passer en revue les défis écologiques en Afrique, et préparer la prochaine COP27 qui se tiendra en novembre en Égypte.

Avec notre correspondante à DakarCharlotte Idrac

Érosion côtière, inondations, sécheresse, conséquences en termes d’insécurité alimentaire... John Kerry l’a rappelé : les pays africains ne produisent que très peu de gaz à effet de serre, mais ils paient très cher les impacts de la crise climatique. « 20 pays représentent 80% des émissions. Et 48 pays d’Afrique subsaharienne représentent 0,55% de ces émissions », a-t-il rappelé, avant de reconnaître que « les pays développés doivent faire plus ».

L'ancien candidat à la présidence des États-Unis en 2004 face à George W. Bush a annoncé un soutien financier de son pays au programme de la Banque africaine de développement pour la réduction des émissions de méthane en Afrique. Il a également rappelé que l'an dernier, les États-Unis ont accordé 8,2 milliards de dollars à l'Afrique pour l'aide humanitaire et la lutte contre les effets du changement climatique. « Nous avons besoin de vous autour de la table », a insisté John Kerry, qui n'a pas manqué de redire que « Mère Nature ne mesure pas d’où proviennent les émissions ».

L’adaptation est le terme qui est revenu très souvent dans les discours à l’hôtel King Fahd Palace de Dakar. Quelle stratégie pour faire face ? Les participants ont insisté sur la nécessité de se mettre d’accord sur des orientations communes en Afrique pour parler d’une seule voix à la prochaine COP27, particulièrement sur la question des financements.

Les représentants des pays les moins avancés ont d’ailleurs réclamé à Dakar la mise en place d’un fonds pour prendre en charge les pertes et dommages, que l’indemnisation des dégâts causés par le réchauffement climatique dans les pays pauvres soient une priorité de l’agenda de la prochaine COP. « Ceux qui ont pollué plus doivent mettre la main à la poche. Ce n’est pas de l’aide au développement », a déclaré Abdou Karim Sall, le ministre sénégalais de l’Environnement. « À la prochaine COP, dit-il, nous espérons que justice sera rendue à l’Afrique ».

John Kerry, envoyé spécial américain pour le climat, présent à conférence ministérielle africaine sur l’environnement. Le 15 septembre 2022. AFP - SEYLLOU

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Burkina Faso: le ministre de la Défense limogé, le président Damiba le remplace

 

Le président burkinabè limoge le ministre de la Défense. On l'a appris par deux décrets lus lundi 12 septembre dans la soirée à la télévision nationale. Barthélémy Simporé est remercié et c'est le président de transition, Paul-Henri Sandaogo Damiba qui récupère le portefeuille. C'est le premier remaniement depuis la nomination du gouvernement de transition en mars. Il acte le manque d'amélioration de la situation sécuritaire.

Quelque 40% du territoire burkinabè est hors de contrôle de l'État. Les attaques se multiplient ces derniers jours. Lundi encore, deux soldats ont perdu la vie dans une attaque qualifiée de « complexe » contre un détachement militaire dans la province de l'Oudalan, dix assaillants ont été tués, selon l'armée.

La semaine passée, 35 civils avaient péri après l'explosion déclenchée à distance d'une bombe au passage de leur convoi, entre Djibo et Bourzanga. C'était d'ailleurs la dernière prise de parole du général Simporé. Le désormais ex-ministre de la Défense évoquait alors « la nature perfide et cynique des groupes armés terroristes ». On pourrait y voir un aveu d'impuissance.

En tout cas, le président Damiba a tranché. Le chef de la junte à Ouagadougou dressait pourtant il y a encore quelques jours un bilan plutôt positif de la lutte anti-jihadistes. Mais ses propos prononcés lors d'un déplacement à Dori, chef-lieu de la région du Sahel, ont vite été ternis par la réalité du terrain.

Fin août, les populations du Sahel avaient manifesté pour dénoncer ce qu'elles appellent « l'incompétence des autorités ». Le président de la transition en a semble-t-il tiré les conséquences. Il est donc dorénavant aussi ministre de la Défense. À ses côtés, le colonel-major Silas Keïta est ministre délégué et promu général de brigade.

Barthélémy Simporé, un ministre de l'époque Kaboré

Le colonel-major Simporé avait été nommé ministre délégué à la Défense, fin juin 2021, par le président d'alors, Roch Marc Christian Kaboré. Il avait été promu général de brigade puis ministre de la Défense en octobre de la même année. Au moment du putsch militaire de janvier 2022, Barthélémy Simporé a été en contact avec certains mutins. Il avait pris la parole le dimanche pour affirmer que tout était sous contrôle. Dans un premier temps, il a été placé aux arrêts, avant de faire son retour dans le gouvernement de transition annoncé début mars 2022. Il devient alors ministre d’État à la Défense et aux Anciens combattants.

Avant sa nomination, en 2021, par le président déchu Kaboré, il dirigeait le Centre national d’études stratégiques du Burkina Faso.

►À lire aussi : Au Niger, la lutte antiterroriste au cœur de la visite du président de transition burkinabè

Charles III, un homme de son temps 

Analyse 

Le nouveau roi, souvent mal-aimé des Britanniques, promet, à 73 ans, d’« agir » et tout d’abord de moderniser la monarchie. Il y va de la survie de la Couronne.

  • Agnès Rotivel, 

 

Charles III, un homme de son temps
 
Le 23 juin 2022, le prince Charles s’exprime lors d’un sommet réunissant les gouvernements du Commonwealth, au Rwanda.SIMON MAINA/AFP

Il portera désormais la couronne. Après les hommages dus à sa mère et ses funérailles, Charles III sera la nouvelle figure du royaume avec sa femme, Camilla, reine consort, et non pas seulement sur les timbres et les billets de livre sterling. C’est lui que les Britanniques honoreront dans l’hymne national, qui, pour la première fois depuis 1952, devient God Save the King.

Un prince honni

Charles est probablement celui que les Britanniques connaissent le moins et qu’ils ont aimé conspuer, voire détester. Ses déboires familiaux, sa mésentente avec Diana suivie du divorce et de sa mort, sa relation avec Camilla en ont fait un prince honni. Combien demandaient alors ouvertement que la succession saute une génération et passe directement à William, son fils ?

Mais l’eau a coulé sous les ponts de la Tamise. Charles succédera officiellement, samedi 10 septembre, à Elizabeth II sa mère, comme le veut la tradition. Il n’a pas renoncé à régner comme il aurait pu le faire, à l’image de son oncle Édouard VIII. À 73 ans, c’est un roi âgé qui aura un règne court en perspective.

Ses problèmes familiaux sont derrière lui, et son mariage avec Camilla l’a apaisé. Sa personnalité s’est affirmée. Autant sa mère se faisait un devoir de ne porter aucun jugement sur les affaires de l’État et ne rien montrer de ses sentiments, autant Charles est bavard et, quand il a des choses à dire, il parle.

Une nation qui doit se réinventer

Charles arrive au pouvoir alors que le Royaume-Uni n’est plus depuis longtemps l’« empire sur lequel le soleil ne se couche jamais » que sa mère a connu. La nation britannique est désunie, elle s’est éloignée de l’Europe et doit se réinventer un avenir dans le monde. Au titre de monarque, ses fonctions s’étendent sur un Commonwealth fragilisé, dont il est le chef. Une association de 56 pays indépendants et de 2,4 milliards de personnes – il est le chef d’État de 14 d’entre eux – dont une partie a déjà rejeté la Couronne en devenant des républiques, le reste envisage sérieusement de le faire.

On sait ce qu’il en pense. Il l’a dit ouvertement le 24 juin dernier, à Kigali, au Rwanda, en ouverture de la réunion des dirigeants du Commonwealth. « Je tiens à dire clairement, comme je l’ai déjà dit, que le régime constitutionnel de chaque membre, en tant que république ou monarchie, relève uniquement de la décision de chaque État membre », exprimant aussi sa « tristesse » pour le passé esclavagiste de la Grande-Bretagne. Charles est un homme de son temps.

Un homme qui dit ce qu’il pense

Lorsque le gouvernement Johnson lance le dispositif qui permet d’envoyer au Rwanda les migrants dont le Royaume-Uni veut se débarrasser, il le qualifie de « consternant », suffisamment fort pour que son opinion soit rapportée dans les médias. Sur l’architecture, l’une de ses passions, sur l’environnement – c’est un ardent défenseur de l’agriculture biologique, qu’il pratique sur ses terres – et la destruction de la planète, qui le préoccupent, il s’exprime, et les Britanniques ne lui en tiennent pas rigueur. Au contraire.

Certes, le monarque « est tenu de respecter les obligations non partisanes de la monarchie, inscrites dans la coutume et la pratique, au moins depuis les Hanovriens », rappelle l’éditorialiste du Guardian, Simon JenkinsLa Couronne doit aussi se garder d’être utilisée à des fins politiques. Comme Boris Johnson l’a tenté en 2019, en essayant d’impliquer la reine dans une prorogation illégale du Parlement, qui a été finalement rejetée, non par Buckingham, mais par la Cour suprême.

« Un polémiste ostentatoire »

Charles a déclaré à plusieurs reprises qu’il voulait être un « roi qui agit ». Il a déjà indiqué qu’une de ses priorités serait de « moderniser » la monarchie, en réduisant très rapidement la liste de la famille royale, afin d’assurer non seulement sa longévité, mais aussi son efficacité face à ses obligations. Les Britanniques approuveront sans aucun doute. D’autres réformes pourraient intervenir, il y va aussi de la survie de la Couronne.

Comme l’écrit encore Simon Jenkins, « le nouveau roi de Grande-Bretagne est un polémiste ostentatoire. À tout le moins, il est peu probable que son règne soit ennuyeux. »

Sahara : la solitude de Staffan de Mistura

Alors que la crise régionale a pris une nouvelle ampleur ces derniers mois, l’émissaire onusien dispose d’une marge de manœuvre extrêmement réduite, comme en témoigne son actuelle tournée.

Par  - à Casablanca
Mis à jour le 7 septembre 2022 à 12:00

 stafan

 

Staffan de Mistura (à g.) avec Brahim Ghali, le chef du Polisario, à Tindouf, le 4 septembre 2022. © AFP

 

« Une tournée pour rien », « une visite pour justifier l’existence même d’un envoyé spécial des Nations unies pour le Sahara ». Les commentaires qui accompagnent la nouvelle tournée, entamée en juillet, de l’émissaire onusien Staffan de Mistura, nommé en novembre 2021, témoignent des difficultés du diplomate.

Le 3 septembre, il s’est rendu dans les camps de Tindouf, avant de faire escale deux jours plus tard à Alger. La dernière étape de son périple ne sera autre que Nouakchott, en Mauritanie, à partir du 10 septembre. Fait assez rare pour être signalé, le Maroc, le Polisario et l’Algérie s’accordent au moins sur un point : cette visite onusienne n’aura aucun impact sur la résolution du conflit au Sahara.

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« La méthode de l’ONU est toujours la même, rien n’a changé, l’émissaire rencontre toujours les mêmes personnes, qui répètent toutes la même chose. Alors qu’il est clair que nous ne sommes absolument pas dans un contexte de médiation », affirme un ex-membre du Polisario.

Liberté de mouvement réduite ?

Staffan de Mistura et l’ONU semblent même agacer au plus haut point chacune des parties. Du 4 au 8 juillet, le médiateur italo-suédois avait débuté sa deuxième tournée dans la région par Rabat, et un entretien avec le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita. Son agenda prévoyait notamment une visite à Laâyoune, la ville la plus importante du Sahara administrée par le royaume, finalement annulée à la dernière minute sans la moindre explication.

Depuis, les langues se sont déliées et il semblerait que l’idée d’une escale à Laâyoune ait déplu à la fois au Maroc et à l’Algérie. Sur place, Staffan de Mistura avait prévu de rencontrer un certain nombre d’indépendantistes sahraouis, ce qui a irrité Rabat.

Tandis qu’Alger a considéré que cette visite à Laâyoune aurait traduit un parti pris de l’organisation internationale en faveur du Maroc. Au cours d’un point presse organisé le 5 juillet, Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, a assuré que Staffan de Mistura « n’a pas perdu sa liberté de mouvement ».

Voire ! D’ordinaire, l’émissaire onusien effectue ses voyages à bord d’un avion affrété par l’Espagne. Ce 5 septembre, alors qu’il devait rallier Alger depuis les camps de Tindouf, les autorités algériennes ont fait pression sur le diplomate pour qu’il prenne un vol régulier de la compagnie Air Algérie.

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Motif invoqué ? « L’envoyé spécial de l’ONU ne doit pas avoir de dette envers un pays qui a renié sa position de neutralité traditionnelle », selon une source algérienne citée dans un média espagnol, en référence au récent soutien de Madrid au plan d’autonomie pour le Sahara proposé par le Maroc en 2007.

Chacun campe sur ses positions

Ce n’est pas la seule déconvenue pour Staffan de Mistura. Alors qu’il a passé le week-end dernier dans les camps de Tindouf pour aller à la rencontre des dirigeants du Polisario, dont le président de la RASD, Brahim Ghali, l’agence de presse officielle du mouvement séparatiste s’est fendue d’un communiqué très sévère à l’égard des Nations unies qui se serait « dérobées devant leurs responsabilités pendant trente ans ».

À Alger, quelques jours plus tard, Staffan de Mistura s’est à nouveau heurté au rejet par les autorités algériennes du format des « tables rondes » préconisé par l’ONU et censé réunir le Maroc, le Polisario, l’Algérie et la Mauritanie afin de négocier la résolution du conflit au Sahara. Le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra appelle toujours à des « négociations directes entre le Maroc et le Polisario », ce que Rabat refuse catégoriquement. Chacun campe ainsi sur ses positions.

À la fin de cette tournée, Staffan de Mistura doit remettre un rapport concernant la situation sur le terrain au Conseil de sécurité au cours de la seconde quinzaine du mois d’octobre, quelques jours avant le vote sur la prolongation du mandat de la Minurso.

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Mais la balle est dans le camp des deux rivaux du Maghreb : le Maroc et l’Algérie, qui ont rompu toute relation depuis plus d’un an et dont la guerre larvée empoisonne l’ensemble du Maghreb.

Doucement mais sûrement, les poids lourds de l’ONU se rallient à la position marocaine. Dans son discours du 20 août dernier, le roi Mohammed VI l’a clairement signifié : le Sahara est « le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international ».

Dans un rapport publié en mars, le think tank European Council On Foreign Relations affirme que le contexte international devrait même pousser le Polisario à revoir ses revendications « à la baisse », « l’indépendance » n’étant pas jugée comme une « option réaliste » ou « réalisable » par les responsables européens.