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L'adaptation de l'Afrique aux changements climatiques: rencontre au sommet à Rotterdam

 

Hier, lundi 5 septembre, avait lieu aux Pays-Bas, à Rotterdam, le sommet pour l’adaptation au climat en Afrique. Si les dirigeants européens ont boudé l’événement, de nombreux chefs d’États africains y étaient présents. Ce rendez-vous devait notamment servir de prélude à la COP27, la conférence de Charm el-Cheikh de novembre prochain sur les changements climatiques.

Ce «sommet sur l’adaptation en Afrique » - le premier du genre - a eu lieu dans le vieux port de Rotterdam, dans un bâtiment flottant qui a été ouvert l’an dernier pour servir de siège au Centre mondial pour l’adaptation. Une organisation internationale censée aider les gouvernements à mettre sur pied des solutions leur permettant de mieux affronter le changement climatique. Autres partenaires de l'événement : la Banque africaine de développement, le Fonds monétaire international, l'Initiative d’adaptation pour l’Afrique et le Forum de la vulnérabilité climatique.

Plusieurs dirigeants africains ont fait le voyage jusqu'à Rotterdam, notamment le président sénégalais et actuel président de l’Union africaine, Macky Sall, de même que le président du Ghana, Nana Akufo-Addo, rapporte notre envoyé spécial, Antoine Mouteau.

« Devoir moral »

Hormis le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, les dirigeants européens n’ont pas pris la peine de se déplacer. Ainsi Emmanuel Macron a été finalement remplacé par sa secrétaire d’État à la Francophonie, Chrysoula Zacharopoulou. « Bien sûr j'aurais aimé avoir plus de collègues européens ici », a ainsi déclaré le Premier ministre néerlandais, présent pour clore le sommet. « Je sais que beaucoup voulaient venir, mais je pense simplement que la participation n'a pas été à un niveau que nous aurions aimé », a ajouté M. Rutte. « Nous avons un devoir moral » d'aider l'Afrique à faire face au changement climatique, a déclaré l'ancien secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. « Il est temps d'investir pour l'adaptation en Afrique », a-t-il ajouté.

Justice climatique, maintenant

Quelques activistes du climat sont venus perturber l’événement

L'Afrique émet moins de 4% des émissions mondiales de CO2

Les dirigeants africains espèrent recueillir, à travers le Programme d'accélération de l'adaptation en Afrique (AAAP), une capitalisation de 250 millions de dollars pour attirer des milliards de dollars d'investissements. « Il faut trouver ces 250 millions de dollars, ce n'est quand même pas la mer à boire », a lancé Macky Sall. Plusieurs dirigeants africains ont récemment souligné l'échec de la communauté internationale à remplir les objectifs de la COP21 à Paris en 2015: contenir, d'ici à 2100, le réchauffement climatique bien en dessous des 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux de l'ère pré-industrielle, idéalement le limiter à 1,5 degrés.

Mais selon l'Organisation météorologique mondiale, le réchauffement pourrait atteindre de 2,5 à 3 degrés. L'Afrique émet moins de 4% des émissions mondiales de CO2 mais paye le plus lourd tribut au réchauffement climatique.

(avec AFP)

Burkina: plus d'une trentaine de morts après l’explosion d’une mine artisanale dans le nord du pays

 

djibo

Trente-cinq morts et 37 blessés, c'est le bilan provisoire de l'explosion d'une mine artisanale dans la région du Sahel, dans le nord du Burkina Faso. L'engin a été heurté par un convoi qui venait de la ville de Djibo, pour se rendre au Sud, à Ouagadougou.

Le drame s'est produit sur la route entre Djibo et Bourzanga, en pleine journée selon un communiqué du gouverneur de la région du Sahel, le lieutenant-colonel Rodolphe Sorgho. Un convoi de plusieurs véhicules, escorté par des militaires, a roulé sur une mine artisanale. C'est un bus rempli de civils qui a heurté l'engin explosif. Le bilan pourrait encore s'alourdir puisque plusieurs blessés graves ont été « évacués vers des structures appropriées ». Des sources à Ouagadougou apprennent ce mardi matin, que certains sont arrivés dans la capitale.

Ravitaillement

Ce convoi devait effectuer un ravitaillement, car depuis plusieurs mois, la ville de Djibo et d'autres subissent un blocus de la part des terroristes. Les hommes armés ont récemment détruit des ponts et des infrastructures pour les isoler. Cela fait des semaines qu'il n'y a plus aucune télécommunication non plus. Pour ravitailler les villes en nourriture, eau et carburant, l'armée escorte donc des convois de véhicules jusqu'à Ouagadougou. Et les populations profitent parfois de ces caravanes, pour quitter la ville. Ce qui explique donc que les victimes soient toutes civiles. 

►À lire aussi Burkina Faso: le président Damiba dresse le bilan des derniers mois de lutte antiterroriste

Mali : quand la réalité devient incontournable

Maintenant que l’armée française s’est complètement retirée du pays, il va être difficile d’imputer à l’ancien colonisateur les revers des soldats de Bamako et l’avancée des groupes jihadistes.

Mis à jour le 6 septembre 2022 à 12:27
 
Marc-Antoine Pérouse de Montclos
 

Par Marc-Antoine Pérouse de Montclos

Directeur de recherches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), à Paris

 

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Des soldats maliens en opération contre les groupes armés terroristes avec les forces françaises de Barkhane, à Gourma, en janvier 2021. © FREDERIC PETRY/Hans Lucas via AFP

 

Avec une poignée de mercenaires russes, la junte malienne doit désormais assumer ses responsabilités alors que les Casques bleus sont progressivement mis sur la touche et que la Cedeao est en train d’assouplir son train de sanctions économiques. La récente attaque menée contre le camp de Kati, à moins de 20 km de la capitale, n’est guère rassurante à cet égard.

Attachés à leur souveraineté, de nombreux Maliens ne semblent pourtant pas prendre la mesure de l’inefficacité de leur appareil militaire. Le décalage n’en est que plus saisissant avec la vision catastrophiste de la situation qui circule dans les capitales européennes, en l’occurrence sur la base d’un scénario d’effondrement à l’afghane.

À LIRESahel : après Barkhane, qui sera en première ligne face aux jihadistes ?

Selon un sondage de la fondation allemande Friedrich-Ebert, plus de la moitié de la population malienne estime ainsi que le retrait de la force Barkhane va avoir un effet positif, les militaires français étant régulièrement accusés de complicité avec les groupes insurrectionnels. Dans le même ordre d’idées, 84 % des personnes interrogées pensent que le niveau d’insécurité a diminué dans leur région et que la situation générale du Mali s’est améliorée au cours de l’année passée. Dans les pays voisins, de nombreux Burkinabè et Nigériens ne cachent pas non plus leur admiration pour une junte qui a prétendument réussi à affirmer son indépendance en se débarrassant de la tutelle politique et militaire de l’ancienne puissance coloniale.

Les civils pris entre deux feux

Au Mali, le taux de satisfaction à l’égard des forces de défense et de sécurité est à l’avenant : jusqu’à 98 % si l’on en croit les résultats de l’enquête de la fondation Friedrich-Ebert. Sur le terrain, la réalité est pourtant moins plaisante à entendre. Gangrénée depuis plusieurs décennies par la corruption, l’indiscipline, le népotisme et l’impunité, l’armée malienne se révèle incapable de protéger les civils dans les zones rurales les plus reculées. Ces derniers doivent en conséquence négocier des ententes avec les jihadistes pour assurer leur survie. Pis encore, la soldatesque de Bamako nourrit le conflit en stigmatisant et en massacrant des Peuls qui, automatiquement suspectés de sympathies terroristes, vont rejoindre les rangs des insurgés pour essayer d’échapper aux exécutions extrajudiciaires ou à la torture en prison.

À LIRENiger : les plans de Mohamed Bazoum après le retrait de Barkhane du Mali

Les rapports des Nations unies et des organisations de défense des droits humains sont accablants. D’après les témoignages recueillis dans le centre du Mali, les militaires et leurs supplétifs miliciens continuent de tuer des civils et d’opérer des rafles arbitraires. Ils ciblent notamment les jeunes qui ont pour simple tort d’être barbus, « preuve » de leur inclination islamiste.

Il est vrai que l’armée malienne est coutumière du fait. Au cours des années 1990, déjà, elle arrêtait assez systématiquement les Touaregs du nord qui portaient un turban et, surtout, un slip. En effet, l’usage de sous-vêtements, peu courant dans la région, était censé témoigner d’habitudes prises à l’étranger, en l’occurrence en exil dans la Libye révolutionnaire de Kadhafi.

Aujourd’hui, c’est le port de la barbe qui, conjugué à un statut de berger itinérant, décide dans une très large mesure du sort des suspects. Pour éviter aux jeunes d’être tués par les forces gouvernementales, un chef peul et loyaliste de la région de Mopti leur a ainsi recommandé de se raser de près, quitte à s’attirer en retour les foudres des jihadistes !

À LIRESahel : ce qui va succéder à l’opération Barkhane

Face à des civils pris entre deux feux, l’armée malienne, elle, nie en bloc les accusations dont elle fait l’objet. À en croire ses responsables, sa composition multiethnique la préserverait de tout risque de ciblage communautaire. Entre propagande et mensonge d’État, le déni de réalité n’en est que plus évident.

À elle seule, l’armée résume ainsi tous les maux du Mali. Dominée par les « sudistes » et divisée en différentes factions, elle ne défend aucune vision inclusive et nationale du pays. En outre, elle n’est pas plus intègre, plus professionnelle et plus apte à gérer les affaires publiques que les gouvernements civils et corrompus qui ont précédé les putschistes de 2020. Ses impérities n’en mettent que mieux en évidence les limites des coopérations militaires de la communauté internationale.

Dilemmes

Les opérateurs de l’aide sont confrontés à de cruels dilemmes à cet égard. En effet, sanctionner le Mali, c’est pénaliser les civils et risquer de précipiter un effondrement complet de l’État sous les assauts des jihadistes. À l’inverse, reprendre les programmes d’aide revient à renforcer et institutionnaliser un régime illégitime et incompétent.

À LIREFin de Barkhane au Mali : « Le vide laissé par la France sera difficile à combler »

Le problème est connu. La communauté internationale avait déjà soutenu à bout de bras des présidents élus, Amadou Toumani Touré puis Ibrahim Boubacar Keïta, sans pour autant parvenir à améliorer la gouvernance de régimes corrompus et de plus en plus discrédités. Au contraire, les tentatives de réformes imposées de l’extérieur ont contribué à déstabiliser les gouvernements en place et à faire le lit des putschistes nationalistes qui les ont renversés. Face à l’impuissance de la communauté internationale, la conclusion s’impose donc d’elle-même : la solution de la crise est d’abord et avant tout entre les mains des Maliens, et non des Européens, des Américains… ou des Russes.

Le président burkinabè en visite au Mali pour discuter de lutte antiterroriste

 

Paul Henri Sandaogo Damiba se rend au Mali ce samedi 3 septembre pour une visite d’amitié et de travail. C’est la première visite officielle du président burkinabè à Bamako depuis sa prise du pouvoir le 24 janvier dernier. Avec son homologue malien, les deux personnalités passeront en revue plusieurs sujets d’intérêt, dans le cadre de la coopération bilatérale. Mais le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba se déplace pour discuter d’abord de coopération militaire, afin de freiner l’action des groupes armés terroristes.

 

Avec notre correspondant à Ouagadougou, Yaya Boudani

Depuis le retrait du Mali de la force du G5 Sahel, le Burkina Faso veut renforcer sa coopération militaire avec son voisin, selon une source proche du pouvoir. « De nombreux terroristes font des va-et-vient entre le Burkina Faso et le Mali, et le président du Faso veut lancer des opérations militaires dans le nord », précise notre source, qui souligne que ces opérations ne pourront pas se mener sans la participation du Mali.

Le Burkina Faso souhaite que le Mali rejoigne officiellement la coalition mise en place avec le Niger le 22 août dernier, afin de constituer une force tripartite anti-jihadiste.

L’affaire des 49 militaires ivoiriens arrêtés au Mali sera également au menu des échanges entre les deux chefs d’État. Le président Paul Henri Damiba souhaite que le Mali et la Côte d’Ivoire sortent de cette crise à travers le dialogue, dans l’intérêt des trois pays, selon nos informations. « Les groupes terroristes se projettent dans la partie ouest du Burkina. Une autre zone des trois frontières entre le Burkina Faso, le Mali et la Côte d'Ivoire », insiste notre source. 

C’est une mission diplomatique pour non seulement éviter un isolement du Mali, dans le cadre de la lutte antiterroriste, mais aussi éviter que ces groupes armés terroristes occupent une autre zone des trois frontières, fait savoir notre source.

Le pape à Saint-Pierre (quasi) incognito 

 
chronique
  • Loup Besmond de SennevilleEnvoyé spécial permanent de La Croix à Rome

LETTRE DU VATICAN. L’arrivée du pape François au consistoire de samedi dernier, 27 août, est passée inaperçue. Chaque samedi, l’envoyé spécial permanent de La Croix au Vatican vous dévoile les coulisses du plus petit État du monde.

  • Loup Besmond de Senneville (à Rome), 
Le pape à Saint-Pierre (quasi) incognito
 
Loup Besmond de Senneville, envoyé spécial permanent de « La Croix » au Vatican.MAXIME MATTHYS POUR LA CROIX.

Les quelques jours d’agitation qui ont sorti le Vatican, cette semaine, de la torpeur du mois d’août, ont été ouverts par un consistoire célébré par le pape François, à Saint-Pierre de Rome. Une cérémonie à la fois sobre, par sa liturgie, mais aussi très solennelle, comme en témoignait la présence de près de 200 cardinaux venus du monde entier, et de tous les ambassadeurs en poste à Rome.

Et c’est au milieu de ces prélats ayant tous revêtu leur soutane rouge et de ces diplomates en grande tenue que François fit son entrée. Mais, ce samedi 27 août, l’arrivée du pape, qui s’apprêtait, quelques minutes plus tard, à créer 20 nouveaux « princes de l’Église », est passée presque inaperçue.

Venu en fauteuil roulant, poussé par l’un de ses majordomes depuis une entrée latérale, le pape François passa alors quasiment incognito, car son arrivée n’interrompit à ce moment-là ni les conversations entre cardinaux, ni le léger bruissement de la foule de fidèles qui attendaient le début de la cérémonie. En réalité, personne ne voyait alors le pape, ensuite occupé à revêtir ses habits liturgiques. Il fallut que la cérémonie commence pour que le silence se fasse et que l’assemblée se rende compte que le pape était déjà entré dans la basilique.

L’épisode pourrait sembler anecdotique, mais il offre un contraste saisissant avec ce que représentait, il y a quelques semaines encore, l’entrée d’un pape dans la basilique Saint-Pierre de Rome, traversant l’édifice au terme d’une longue procession avant d’entamer la cérémonie. Mais depuis le mois de mai, le fait même pour le pape d’occuper un fauteuil roulant change, de fait, la perception de la papauté. Un changement de perspective auquel fidèles et prélats sont loin encore d’être habitués.