Actualités

Mali, au-delà de l’échec

 
editorial
  • Jean-Christophe PloquinRédacteur en chef

La France doit écrire une nouvelle page au Mali, après la fin de l’opération Barkhane.

  • Jean-Christophe Ploquin, 
Mali, au-delà de l’échec
 
Jean-Christophe PloquinMAXIME MATTHYS

Sans tambour ni trompette, les derniers soldats de l’opération Barkhane ont quitté le Mali. La communication infinitésimale de l’Élysée est un indicateur du bilan à en tirer : médiocre. En neuf ans de présence, le contingent français, qui a perdu 48 soldats, n’a pas éradiqué le terrorisme ni stabilisé le pays. La situation est même pire pour la population. Et Paris a été évincé de son statut de grand partenaire par les officiers putschistes au pouvoir, qui lui préfèrent Moscou.

La France a fait preuve d’un excès de confiance dans sa capacité à enrayer la crise profonde et durable que traverse le Mali. Pour faire court : on n’éteint pas un incendie avec un verre d’eau. Les défis étaient trop vastes. Concentrés sur leur mission de combat, les 5 000 hommes de Barkhane ne pouvaient pas apporter de réponse aux fortes tensions économiques, sociales, climatiques, ethniques qui fragmentent la société. La consolidation du pays dépendait de la capacité de l’État malien à remplir ses fonctions civiles et régaliennes. Or les élites au pouvoir ont failli, malgré l’implication des Européens et de l’ONU. Le Mali est même devenu un facteur d’instabilité pour ses voisins.

Cet échec ne doit pas conduire à abandonner le peuple malien, lié à la France par d’innombrables attaches familiales et culturelles. Les solutions aux difficultés qu’il affronte exigent de l’endurance, de la solidarité, des coopérations transnationales, un renforcement du soutien de la communauté internationale. Les autorités actuelles s’enfoncent certes dans une logique d’isolement. Mais il faut déjà préparer, avec les pays de la région, le moment où elles voudront sortir de l’impasse, ou devront céder la place.

Bénin: l'indémodable bomba

 

Nouvel épisode de notre série consacrée aux vêtements du monde. Cette fois, direction le Bénin pour découvrir le bomba. Cousu dans une même pièce de tissu, composé d’un haut et d’un bas, il est porté aussi bien par les femmes que les hommes, les vieux, les jeunes, les enfants, au quotidien ou pour des cérémonies, quel que soit le rang social. C’est une tenue traditionnelle mais elle évolue selon les modes. 

Au marché Houenoussou à Cotonou, la plupart des commerçantes portent le bomba : il y a la blouse ample et la jupe, un rectangle en pagne attaché à la taille. C’est le modèle traditionnel. Nadège vend des accessoires de coiffure et s’apprête à partir en taxi-moto.

« Je suis une maman et ça me plaît de porter le bomba pendant toute la semaine, parce que si je le porte je suis relax et je bouge partout. Je suis à l'aise dedans. Et si tu grossis dedans, personne ne le saura.

- Vous en avez combien chez vous ? - C'est incomptable, parce que j'adore les bombas. »

Cette version large existe pour homme avec un pantalon, mais les jeunes préfèrent le bomba serré, inspiré du jean ajusté. C’est le cas de Judicaël Cakpo, 25 ans, administrateur d’un centre culturel à Porto Novo : « Le haut, c'est une tunique à manches courtes qui est près du corps. Et en bas, je porte un pantalon qui est serré aux mollets et qui dispose d'une fermeture pour pouvoir porter le pantalon et l'enlever après. C'est cousu sur mesure. On modernise même le bomba pour être à la fois dans cette tendance occidentale sans nous détacher de nos valeurs ». 

Vêtement du quotidien, le bomba est aussi tenue de cérémonie avec parfois couleur ou coupe imposée. Il est de rigueur pour les enterrements. Et depuis quelques années, dans les administrations, les grandes entreprises, il est accepté le vendredi. Ifédé est directeur des ressources humaines : « Du lundi au jeudi, je m'habille en costume et cravate pour les différentes réunions dans ma fonction habituelle. Mais le vendredi, je suis tout le temps en bomba. Le vendredi, on permet à tout le monde de se préparer à l'ambiance du weekend ».

Un vêtement originaire du Nigeria

Chaque tailleur doit savoir coudre le bomba, c’est la base. Dans son atelier, Michel Akloe, 25 ans de métier, répond à la commande d’un jeune client : « Dans ce tissu que le jeune homme m'a apporté, je vais faire deux bombas. Ça va me prendre 4 heures de temps, c'est très rapide. Tu achètes ton pagne, tu l'amènes et tu peux faire un vêtement complet. Un bomba simple, pas de broderies ou de motifs. C'est parce que ça ne coûte pas cher que les Béninois préfèrent porter ça chaque jour ».

Chez Abass Bello, ça coûte un peu plus cher. Ce styliste est spécialiste des bombas traditionnels en tissus précieux comme le pagne tissé local, le velours ou le damas. Il en connaît bien l’origine : « Cette tenue vient des Yoruba d’Ilé Ifé au Nigéria. Ils l’ont amené avec eux quand ils sont venus s’installer à Porto-Novo au Bénin. Chez les Yoruba, on dit "boba" mais à Porto-Novo le nom a changé en "bomba" ».

Si pour certains, le bomba se dénature en suivant la mode, pour Abass Bello, il montre sa vitalité : « Peu importe la forme qu’il a, que ce soit ample ou serré, que ce soit avec des manches longues ou courtes, avec une fermeture éclair, ça reste le bomba, c’est quelque chose qui vient de notre culture ».

Le bomba est un patrimoine vestimentaire et il a même sa chanson. C’est un morceau d’Angélique Kidjo. La star béninoise voulait parler de ce vêtement emblêmatique : « "Bomba ele souhai tô", ça veut dire que ce bomba, c'est moi-même qui l'ai fait. C'est la fierté qu'on prend à faire son bomba, ça vous définit. J'ai écrit cette chanson parce que j'ai vu mes grands-mères, mes tantes, ma mère, toutes les femmes de ma vie mettre le bomba. C'est un vêtement que je porterai tout le temps ».

Sénégal : Macky Sall obtient sa majorité absolue in extremis grâce à Pape Diop

L’ancien maire de Dakar Pape Diop a rallié le pouvoir ce jeudi soir. Un choix décisif, puisqu’il permet au camp présidentiel d’obtenir 83 sièges, soit la majorité absolue.

Par  - à Dakar
Mis à jour le 12 août 2022 à 12:50 
 

 sall

 

Le président sénégalais Macky Sall , le 3 juillet 2022. © REUTERS/Francis Kokoroko

 

La majorité présidentielle a-t-elle finalement remporté le sprint final dans la course au coude-à-coude qui l’oppose depuis plusieurs jours à ses adversaires ? Selon les résultats définitifs des élections législatives du 31 juillet, publiés ce 11 août peu avant minuit par le Conseil constitutionnel, la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar (BBY) obtient 82 députés, parmi les 165 qui composent l’Assemblée nationale.

À LIRELégislatives au Sénégal : trois scénarios pour un scrutin

Confirmant les résultats provisoires de la Commission nationale de recensement des votes (CNRV) publiés le 4 août, la coalition au pouvoir était donc à un siège de rétablir sa majorité absolue à l’Assemblée, menacée par la percée de l’opposition dans les urnes. C’était sans compter le ralliement de Pape Diop aux côtés de Macky Sall, habilement annoncé à quelques heures seulement de la publication de la décision du Conseil constitutionnel.

La conversion du président du parti Bokk gis gis porte donc à 83 le nombre de parlementaires alliés au chef de l’État, contre 80 pour l’inter-coalition Yewwi Askan Wi – Wallu Senegal.

Nouveau ralliement pour Macky Sall

Déjà considérée comme acquise par certains membres de la majorité dès la publication des résultats provisoires, la conversion de Pape Diop n’a pas surpris non plus dans les rangs de l’opposition. De quoi conforter Ousmane Sonko, qui avait accusé ses adversaires dans l’opposition de travailler pour Macky Sall au cours de la campagne électorale.

L’ancien maire de Dakar ne faisait pas mystère de sa proximité avec Macky Sall, avec qui il a milité de nombreuses années au sein du Parti démocratique sénégalais (PDS). Interrogé à ce sujet par Jeune Afrique en juin dernier, Pape Diop n’excluait déjà pas la possibilité de rejoindre le pouvoir. « Tout dépendra de la configuration de l’Assemblée, jaugeait alors le responsable politique. C’est à ce moment-là que l’on pourra se décider. En politique, mieux vaut rester prudent. »

À LIRELocales au Sénégal : Pape Diop repart en campagne

Avec le ralliement de son ancien camarade libéral, Macky Sall continue donc d’œuvrer à progressivement recruter tous les anciens compagnons de l’ex-président Abdoulaye Wade dans ses rangs. Ce jeudi 11 août au soir, le président de Bokk gis gis a néanmoins assuré avoir pris sa décision « sans discussion aucune avec la coalition au pouvoir » et « en toute responsabilité » dans le seul but de « préserver la stabilité du Sénégal », qui serait menacée par la possibilité d’une cohabitation avec l’opposition.« Vu la nature présidentielle de notre système politique, une Assemblée nationale placée sous le contrôle de l’opposition débouchera forcément sur une crise institutionnelle », a-t-il déclaré devant la presse.

Recours rejeté

De son côté, l’inter-coalition Yewwi Askan Wi-Wallu Sénégal entend toujours imposer à Macky Sall la cohabitation à l’Assemblée nationale. La formation a pourtant renoncé à contester les résultats des élections devant la justice. Le seul recours présenté par l’un des candidats, tête de liste de la coalition Naatangué askan wi, a lui été rejeté par les sages. Seikh Alassane Sène, qui estimait avoir été lésé d’un siège au profit de la coalition au pouvoir sur la liste nationale proportionnelle, a été débouté de sa requête.

« Nous n’avons pas confiance dans le Conseil constitutionnel », insiste Déthié Fall, l’un des responsables de l’inter-coalition, rappelant que l’institution avait été à l’origine de l’invalidation de sa liste nationale titulaire. Mais le député sortant maintient ses accusations de fraude. « Nous avons relevé des irrégularités dans quatre départements et demandé à consulter les caisses de procès-verbaux, ce qui nous a été refusé par le président de la commission. Il s’est alors précipité pour publier les résultats provisoires », dénonce Déthié Fall. Les départements concernés sont tous situés dans le Nord du pays, dans des zones considérées comme acquises à Macky Sall.

Mouchoir de poche

À la lecture des résultats définitifs, BBY semble donc l’emporter dans un mouchoir de poche devant ses adversaires – une victoire qui constitue un net recul pour le pouvoir, qui perd donc une cinquantaine de députés par rapport à la législature précédente. En accueillant Pape Diop dans ses rangs, Macky Sall peut toutefois se targuer de sauver les meubles.

CERTAINS BASTIONS SONT TOMBÉS ET NOUS NE NOUS Y ATTENDIONS PAS

Au lendemain du scrutin du 31 juillet, ses partisans s’étaient réveillé groggy face à la percée de l’opposition. « Il y a eu un problème d’investitures, avançait alors un cadre de BBY, révélant une fois encore les divisions qui prévalent au sein de la coalition présidentielle. Certains bastions sont tombés et nous ne nous y attendions pas. » « Notre victoire est entachée par le succès de l’opposition dans les grandes villes », assurait un second membre de l’entourage présidentiel.

À LIRESénégal : Barthélémy Dias et Ousmane Sonko, duo de choc

Quelle incidence aura ce recul de la coalition au pouvoir sur les rapports de force politiques, à un an et demi de la prochaine présidentielle ? Les leaders de l’opposition, dont beaucoup ont été empêchés de concourir, disent se resigner à voir leurs suppléants siéger devant une Assemblée « très mal élue » et des sièges de députés que le pouvoir a « indument gagnés ».

« Macky Sall est passé de plus de 130 députés à 82 aujourd’hui. Il devrait tirer toutes les conséquences de son impopularité et penser à préparer son départ, et ne pas être dans de petits calculs qui ne lui serviront à rien », déclare Déthié Fall. Le député sortant, lui, assure continuer à « travailler résolument à faire à dominer l’inter-coalition à l’Assemblée ».

Nigeria: la ministre des Finances veut taxer la téléphonie, celui de la Communication s'y oppose

 lady

Malgré les critiques, le gouvernement nigérian a confirmé son projet de taxer plus lourdement les opérateurs téléphoniques, ce qui devrait faire bondir le prix des appels téléphoniques et des données mobile de 5%. Ce projet est inscrit dans la loi depuis deux ans, sans entrée en vigueur jusque-là. 

Avec notre correspondante à Lagos, Liza Fabbian

Le ministre des Communications a beau avoir exprimé son désaccord, la ministre des Finances persiste dans son projet d'augmenter les taxes sur les opérations téléphoniques, alors que le Nigeria fait face à d'importants problèmes de trésorerie. 

Confronté à une baisse dramatique de ses revenus pétroliers, le pays le plus peuplé d'Afrique est lourdement endetté et ne peut pas compter sur ses recettes fiscales, particulièrement faibles. 

La ministre des Finances et du Budget a donc décidé de remettre à l'ordre du jour un projet de taxation sur les opérations téléphoniques déjà inscrit dans la loi de finances 2020. 

Si cette nouvelle taxe de 5% est actée, les Nigérians devront payer 12,5% de taxe au total sur leurs appels téléphoniques et l'utilisation de leurs données mobiles.

Mais aux yeux du ministre des Communications, cette mesure pourrait brider l'un des secteurs les plus dynamiques de l'économie nigériane.

Les récentes annonces de la ministre des Finances et du Budget ont de quoi inquiéter aussi les opérateurs téléphoniques. 

Au Ghana voisin, l'entrée en vigueur d'une taxe de 1,5% sur les paiements mobiles au mois de mai, aurait fait chuter le nombre d'opérations et ralentit l'activité dans le secteur des télécommunications, selon l'opérateur MTN.

Vladimir Poutine et Assimi Goita. © Montage JA; Pavel Byrkin/AP/SIPA; REUTERS/Francis Kokorok

Le chef de la junte au Mali et le président russe ont eu un entretien téléphonique, ce mercredi 10 août, au lendemain de la réception par Bamako de nouveaux équipements militaires de son allié russe.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 11 août 2022 à 16:28
 
 poutine
 

Vladimir Poutine et Assimi Goita. © Montage JA; Pavel Byrkin/AP/SIPA; REUTERS/Francis Kokoroko
 
 

« Nous avons évoqué l’appui de la Fédération de Russie à la transition politique malienne et j’ai salué la qualité de notre partenariat respectueux de la souveraineté du Mali et des aspirations de sa population », a déclaré le président Assimi Goïta sur les réseaux sociaux. Cet échange survient au lendemain de la réception, mardi par l’armée malienne, de nouveaux équipements militaires, dont cinq avions et un hélicoptère de combat au cours d’une cérémonie officielle en présence du chef de la junte et de diplomates russes, lors de laquelle le ministre malien de la Défense, Sadio Camara, un des hommes forts du régime, a vanté le « partenariat gagnant-gagnant avec la fédération de Russie ».

Avions de chasse et hélicoptères

« La cérémonie d’aujourd’hui est historique, tant par la nature, la qualité que par le volume de ce que vous nous remettez, dont nous n’exposerons ici qu’une partie, le reste étant bien sûr engagé en opération au moment où se tient cette cérémonie », a notamment déclaré Sadio Camara. « Nous consolidons notre capacité de reconnaissance et d’attaque avec des avions de chasse L39 et Sukhoi 25, qui s’ajoutent au Super Tucano et d’autres appareils déjà en dotation. Ainsi que les hélicoptères d’attaque de type Mi24P, qui s’ajoutent au Mi35 et au Mi24 déjà livrés », a-t-il ajouté.

La Russie avait déjà livré en mars plusieurs hélicoptères de combat et des armes au Mali, qui a accueilli en grand nombre ce que la junte présente comme des instructeurs russes. Les partenaires occidentaux dénoncent pour leur part le recours aux services de la société privée russe Wagner.

Soldats ivoiriens détenus

Le colonel Assimi Goïta a par ailleurs reçu mercredi Amina J. Mohammed, vice-secrétaire générale de l’ONU et Mahamat Saleh Annadif, chef du bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel dans un contexte de tensions avec l’organisation. Ils ont évoqué des « préoccupations communes », selon la présidence malienne.

À LIREJihadisme au Sahel : l’inexorable descente vers le Golfe de Guinée

Cette rencontre s’est tenue quelques jours après que 42 soldats maliens ont été tués dimanche à Tessit, dans le nord-est du Mali, près des frontières du Burkina Faso et du Niger. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière attribuée à des jihadistes contre les forces maliennes depuis 2019. L’armée malienne incrimine l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) ainsi qu’« une expertise extérieure ».

Lors des échanges entre Assimi Goïta, Amina J. Mohammed – qui avait été reçue auparavant à Abidjan, selon une source diplomatique – , et Mahamat Saleh Annadif le cas des 49 soldats ivoiriens détenus à Bamako a également été évoqué. Ceux-ci sont accusés par les militaires au pouvoir au Mali d’être des « mercenaires », ce que nie Abidjan, qui assure qu’ils étaient en mission pour l’ONU.

Avec AFP