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Mali : Ben Le Cerveau, nouvelle figure de la fronde contre Assimi Goïta ?

Ce médiatique membre de Yerewolo était récemment encore l’un des plus fervents soutiens du président de la transition. Jusqu’à de virulentes déclarations contre le régime, qui voit s’élever de plus en plus de voix critiques.

Mis à jour le 16 novembre 2022 à 12:48
 
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Adama Diarra alias « Ben le Cerveau », porteur du mouvement « Yerewolo », lors d’une manifestation contre la présence militaire française au Mali, à Bamako, le 19 février 2022. © Paloma Laudet

 

 

« Il n’y a pas de plus grand soutien à Assimi Goïta que “Ben le Cerveau” [Adama Ben Diarra, de son vrai nom] », tranche, lapidaire, Bassaro Sylla, membre du mouvement Yerewolo-Debout sur les remparts.

Il est vrai que lorsqu’il ne torpille pas la France, la Cedeao ou les Casques bleus des Nations unies, Adama Ben Diarra, qui est également membre du Conseil national de transition (CNT), n’a jamais manqué de clamer l’admiration qu’il voue au président putschiste Assimi Goïta. Du moins jusqu’à début novembre.

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« Amateurisme » des autorités

Le ton a alors brusquement changé. Adama Ben Diarra a dénoncé l’attribution de 26 nouveaux sièges au Conseil national de transition (CNT), conspuant une augmentation « incompréhensible du budget » qui pourrait représenter, selon lui, trois milliards de francs CFA pour les caisses de l’État.

Devant ses partisans, le président du mouvement Yerewolo a également réagi à l’augmentation du budget de la présidence, ainsi qu’au projet de loi prévoyant l’obligation du port du casque pour tous les conducteurs de deux-roues. Des décisions révélant une forme « d’amateurisme » des autorités, selon « Ben le Cerveau ».

L’intéressé n’a pas souhaité répondre aux questions de Jeune Afrique mais son collaborateur, Bassaro Sylla, ébauche un début d’explication. « Une grande partie du peuple souffre de l’inflation et, dans ce contexte, ce n’est pas le moment d’augmenter le budget de la présidence. C’est le genre de mesures qui peut pousser les gens à la révolte », déplore-t-il.

Et d’assurer que les déclarations de « Ben le Cerveau » ne sont en rien un désaveu à la transition, que « Yerewolo continue de soutenir sans réserve », dit-il. « Mais nous craignons qu’Assimi Goïta et les colonels soient manipulés. Adama Ben Diarra a simplement tiré la sonnette d’alarme afin de protéger le président », ajoute-t-il, sans préciser qui pourrait ainsi influencer les décisions de la junte.

Rancœur personnelle ?

L’explication n’a pas convaincu certains mouvements de la ville de Kati, dont est originaire le président de Yerewolo et qui abrite la base militaire où vivent une partie des colonels au pouvoir. Ce mardi 15 novembre, entre deux-cents et trois-cents personnes s’étaient rassemblées afin de protester contre la « haute trahison » d’Adama Ben Diarra et exiger sa démission du CNT.

Pour certains observateurs, la sortie de « Ben le Cerveau » pourrait bien être l’expression de rancœurs personnelles. « Les colonels avaient promis l’intégration de trois membres de Yerewolo dans la liste additionnelle des membres du CNT, ça n’a pas été le cas et Ben Diarra a donc décidé de répliquer », croit savoir un chercheur qui a requis l’anonymat.

« Il n’y a pas d’idéologie en politique malienne, il n’y a que des intérêts personnels. Quand les partisans d’un jour estiment que les autorités ne leur donnent plus leur part de gâteau, ils passent du côté des détracteurs », ajoute-t-il.

Contestation grandissante

Quelles que soient ses motivations, la déclaration d’Adama Ben Diarra intervient dans un contexte de contestation grandissante. Certaines voix s’élèvent pour dénoncer les atteintes répétées à la liberté d’expression et à la pluralité d’opinion, d’autres s’inquiètent de voir la situation sécuritaire se dégrader.

Quelques jours avant la prise de parole de Ben Diarra, une autre déclaration a fait grand bruit, cette fois en provenance du nord du pays. « L’État a vendu les populations, la transition a vendu le Nord », entend-on dans un audio largement partagé sur les réseaux sociaux. Très remonté contre le régime transitoire, l’auteur de l’enregistrement se présente comme étant Seydou Cissé, porte-parole, à Gao, du M5-RFP, dont le comité stratégique est présidé par le Premier ministre Choguel Maïga, actuellement au repos forcé.

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« On a soutenu l’armée, on a soutenu Goïta, on a soutenu Choguel, mais est-ce que la transition a sécurisé Gao ? Est-ce que la transition a réglé le problème des rançons, des enlèvements de bétail ? Mieux vaut se rallier à l’opposition », décrète Seydou Cissé.

Immédiatement, le comité stratégique du M5-RFP, toujours fidèle à Choguel Maïga, s’est désolidarisé de ces « déclarations unilatérales », réitérant son soutien aux forces armées maliennes.

L’efficacité de l’armée critiquée

Si elles restent minoritaires, les voix discordantes tendent à se faire plus nombreuses – malgré le contexte répressif. Récemment, l’homme d’affaires Mamadou Sinsy Coulibaly, discret depuis le début de la transition, s’est montré très virulent envers la junte dans les colonnes de Jeune Afrique.

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« De manière générale, les Maliens réalisent qu’il n’y a pas de ligne directrice, pas de vision et que la situation s’aggrave de jour en jour. Pratiquement toute la région de Ménaka est aux mains des jihadistes, Gao croule sous les réfugiés, la cherté de la vie affecte tout le monde. Dans ces conditions, les mécontentements ne peuvent qu’être de plus en plus nombreux », estime le chercheur cité plus haut.

C’est le cas notamment à Ansongo, dans la région de Gao, où plusieurs mouvements citoyens ont appelé, le 8 novembre, à la désobéissance civile, fermant certains services étatiques et bloquant les axes de communication.

Une manière de protester contre « la montée en puissance de l’insécurité dans le cercle d’Ansongo », annonçait le Conseil local de la société civile. Un choix de mots qui n’a rien d’anodin, à l’heure où le discours officiel continue de vanter la « montée en puissance » de l’armée malienne.

Côte d'Ivoire: à Abidjan, parution de «L’Afrique en conte», un recueil issu de la tradition orale

L'ouvrage L’Afrique en conte vise à rendre accessible au plus grand nombre les contes issus de la tradition orale. Ce travail a été effectué par deux associations, « Des Livres pour tous » de Marguerite Abouet, et « Making waves », en partenariat avec RFI.

C’est l’histoire de deux amis : un crabe et une mangouste, une amitié qui se termine mal à cause d’une histoire de jalousie. Rebecca Kompaoré, l’interprète de ce conte : « On voit un peu ce que la jalousie a poussé la mangouste à faire à son ami le crabe. C’est pour dire à tous les auditeurs ce que la jalousie peut créer, peut provoquer, ça détruit leur amitié. Et en toute chose, il faut quand même être méfiant et ne pas être totalement naïf comme le crabe ».

Ce livre contient 20 contes issus de la tradition orale du Burkina, du Cameroun, du Nigeria, de la Côte d’Ivoire. En amont, une équipe de documentalistes a collecté les contes auprès d’écoles et de familles à l’intérieur de la Côte d’Ivoire, un travail de fourmi qui a duré près de deux ans. Elvis Tanoh, a participé à ce projet : « On demandait par exemple à nos usagers de voir avec les parents s’il y a des contes, s’il y a des histoires tout en rapport avec le patrimoine culturel ivoirien. Et quand ces enfants revenaient vers nous en disant : il y a mon père qui m’a expliqué telle histoire. C’était souvent des contes en langues baoulé, dioula, attié, et nous, il fallait adapter ou du moins trouver les termes exacts en français pour passer ces contes-là ».

► À écouter: L'Afrique en conte, tous les podcasts

Chaque conte est marqué par un QR code, qui donne accès à la version sonore de chaque histoire. Une manière d’adapter le conte aux envies et aux pratiques des jeunes lecteurs.

Ces contes ont un point commun : ils contiennent tous une morale, une leçon de vie, que l’on tente de transmettre de génération en génération. Comme l’explique la documentaliste Gisèle Gobé, au micro de Bineta Diagne.

Cela permet de montrer un peu les valeurs culturelles, les valeurs que l’Africain en général inculque à son enfant, à son entourage, à la famille.

GISÈLE GOBÉ, DOCUMENTALISTE

Le Royaume-Uni annonce le retrait anticipé de ses troupes du Mali

 

Après la France et la Suède, le Royaume-Uni a annoncé ce lundi 14 novembre le retrait de ses forces du Mali. Les troupes britanniques, déployés dans le pays dans le cadre de la Minusma, la mission des Nations unies, sont pourtant connues pour leurs équipements de haute technologie, permettant des nombreuses victoires face aux groupes armés.

Le Royaume-Uni n’ira pas au bout de ses trois ans de déploiement au Mali, au sein de la mission des Nations unies pour la stabilisation de la région. Au Parlement britannique ce lundi, le ministre délégué aux Armées James Heappey s’est justifié : « deux coups d’État en trois ans » à Bamako ont « miné les efforts internationaux pour parvenir à la paix », rapporte notre correspondante à Londres, Émeline Vin.

Il accuse également le gouvernement malien de sa proximité avec le groupe de mercenaires russe Wagner, appelé par Bamako pour contrer l’émergence de groupes jihadistes dans la région et accusé d’exactions. Londres « ne peut pas déployer son armée dans un pays dont le gouvernement n’est pas enclin à œuvrer pour la stabilité et la sécurité », explique James Heappey.

Le ministre n’a pas donné de date précise pour le retrait des troupes britanniques, stationnées à Gao. Mais il participera la semaine prochaine à une conférence régionale au Ghana pour poursuivre le partenariat international en faveur de la stabilisation du Sahel.

Des troupes hautement équipées ayant permis de nombreuses victoires

Depuis 2020, le contingent britannique qui va plier bagages compte environ 300 militaires, dont 16 femmes. Dans le groupe, on retrouve des troupes de cavalerie, d’experts spécialisés en explosifs, des hommes en position de combat et un personnel médical.

Dans le Sahel, on reconnait ces soldats britanniques de la Minusma par leurs nombreux véhicules armés d'une technologie de pointe. Ayant le terrain comme métier, ils organisaient notamment des missions dans les zones difficiles d’accès : dans la région de Gao, mais également plus récemment dans le secteur des trois frontières (Mali, Niger et Burkina Faso) où les jihadistes sont nombreux, rapporte notre correspondant régional, Serge Daniel.

Dans les villages et hameaux traversés, leur premier objectif était de rassurer et de protéger les populations. Mais ils allaient aussi au contact des jihadistes. Selon la mission de l’ONU au Mali, grâce à leurs patrouilles, des armes, des motos et autres matériels ont été saisis, des jihadistes ont été interpellés, et d’autres obligés de prendre la tangente.

Sur le terrain, les Britanniques, avec leurs équipements, avaient jusqu’à trois semaines d’autonomie, ce qui permet des patrouilles de longue durée.

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Le nombre d’étudiants africains en France atteint un record en 2022

 

Les pays africains sont bien représentés au niveau des étudiants étrangers en France. Selon les données de campus France pour l’année scolaire 2021-2022, plus de 400 000 étudiants dans les universités françaises venaient de l’étranger, Union européenne incluse. Parmi eux, ils étaient plus de 100 000, soit plus d’un quart, à venir du continent africain.

On retrouve six pays africains dans le top 10 des nations les plus représentées sur les bancs des universités en France. Le Maghreb monopolise les premières places, avec en tête le Maroc : les étudiants marocains étaient plus de 40 000 dans l’enseignement supérieur l'année dernière, représentant à eux-seuls plus de 10 % de la totalité des étudiants étrangers en France.

L’Algérie suit derrière, avec 31 000 représentants. Le Sénégal lui se classe cinquième, suivi de la Tunisie. Viennent ensuite la Côte d’Ivoire, en huitième place, et le Cameroun qui ferme ce top 10.

Pour tous ces pays, ces chiffres sont en forte augmentation depuis 2016. Si l’augmentation avait ralenti lors de la crise du Covid-19 en 2020, elle a depuis repris sa progression.

L'année en cours ne devrait pas faire changer la tendance. La rentrée universitaire 2022-2023 a enregistré un record de candidatures de la part des étudiants étrangers.

Souleymane Sangaré est président de l’association des étudiants africains de Toulouse (sud-ouest de France). Passé par Sciences politiques, il est actuellement en master de droit et depuis son arrivée en France, il aiguille les étudiants du continent qui souhaitent venir dans l’Hexagone ou qui sont déjà dans les facultés françaises. Si leurs difficultés sont nombreuses, Souleymane Sangaré salue l’augmentation du nombre d’étudiants qui viennent poursuivre leur cursus en France

LE NOMBRE CROISSANT D’ÉTUDIANTS AFRICAINS EN FRANCE «EST UN SIGNE POSITIF QUE LE SYSTÈME ÉDUCATIF FRANÇAIS EST ATTRAYANT», EXPLIQUE LE PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION DES ÉTUDIANTS AFRICAINS DE TOULOUSE SOULEYMANE SANGARÉ

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