Le Vatican a dévoilé mercredi 26 avril des changements sur la composition des membres du Synode des évêques. Pour la première fois, plusieurs dizaines de femmes, et de laïcs en général, prendront part aux votes qui se tiendront en octobre dans le cadre du Synode sur la synodalité.
Une première. En vue du prochain Synode des évêques, le Vatican a annoncé mercredi 26 avril par la voix des cardinaux Mario Grech et Jean-Claude Hollerich – respectivement secrétaire général du Synode et rapporteur général du Synode sur la synodalité– des modifications profondes de la composition des membres qui participeront aux débats. Ainsi, pour la première fois, une quarantaine de femmes pourront voter aux côtés des évêques et des représentants de la Curie.
Trois changements ont été dévoilés par Rome. Le plus important est sans nul doute la suppression des auditeurs, ces personnes autorisées à débattre dans l’Assemblée mais ne possédant pas de droit de vote. Désormais, « 70 membres non évêques, qui représentent d’autres fidèles du peuple de Dieu (prêtres, hommes/femmes consacré[e]s, diacres, fidèles laïcs) » nommés par le pape François, pourront s’exprimer et, surtout, participer au vote des décisions du Synode des évêques. Ces membres seront choisis par le pape à partir d’une liste de 140 personnes identifiées par les Conférences épiscopales.
« Il est demandé que 50 % d’entre eux soient des femmes et que la présence des jeunes soit également valorisée », a annoncé la salle de presse du Saint-Siège. Cela constitue ainsi un changement majeur et s’inscrit dans la volonté du pape d’inclure davantage les femmes dans les instances vaticanes. Ces membres, qui représenteront environ un quart des participants, seront choisis en tenant compte « non seulement de leur culture générale et de leur prudence, mais aussi de leurs connaissances, tant théoriques que pratiques, ainsi que de leur participation à divers titres au processus synodal ».
Le choix d’attribuer le droit de vote à ces 70 membres a été approuvé par le pape le 17 avril : « Ce choix est en continuité avec l’appropriation progressive de la dimension synodale constitutive de l’Église et la compréhension conséquente des institutions à travers lesquelles elle s’exerce. »
Autre modification notable : la constitution apostolique Episcopalis communio, qui régissait la composition de ces Assemblées, mentionnera désormais « cinq religieuses et cinq religieux » en lieu et place des « dix clercs » de congrégations religieuses élus par leurs instances représentatives qui siégeaient auparavant au Synode. Enfin, les représentants des dicastères qui participeront aux Assemblées seront nommés directement par le pape.
L’annonce de l’ouverture du droit de vote aux laïcs, et aux femmes en particulier, a été saluée. « Enfin ! Mieux vaut une porte entrouverte qu’une porte fermée », a ainsi réagi sur les réseaux sociaux la théologienne Anne Soupa, fondatrice du Comité de la jupe.
La théologienne Anne-Marie Pelletier, membre de la commission nommée par le pape pour réfléchir sur le diaconat féminin, estime également que, si la politique d’ouverture aux femmes du pontificat de François peut être discutée, il s’agit bien « d’un pas en avant décisif ». « La synodalité devient ici une réalité consistante et dynamique, explique-t-elle. Elle permet de faire évoluer l’institution en mal de transformations profondes. Voilà qui légitime et confirme l’intérêt de la démarche synodale. »
Peut-on parler d’une révolution ? « D’une certaine manière, c’est une révolution qui permet de retrouver une réalité fondamentale de l’Église, répond la théologienne. Ce sont des dispositions qui ne bousculent pas l’ecclésiologie, mais qui l’accomplissent : on prend acte de la réalité de l’Église comme communion de baptisés, quels que soient leurs états de vie ou leurs responsabilités. » Cette évolution s’inscrit ainsi, pour elle, dans l’identité de l’Église « retrouvée par Vatican II », « qui reçoit l’épiscopat comme service et non pas simplement comme instance surplombante. »
D’autres, pourtant, relativisent la portée de ces mesures. « Je me réjouis que les femmes puissent voter, mais elles ne représentent toujours que la moitié d’une minorité », relève pour sa part Lucetta Scaraffia, historienne et ancienne directrice du supplément féminin de L’Osservatore Romano, le quotidien du Vatican. « Surtout, c’est un problème que les femmes [et les laïcs] soient choisies par le pape : c’est une nouvelle preuve de centralisation du pouvoir. »
Jusqu’à présent, la seule femme ayant un droit de vote au Synode des évêques était la religieuse française sœur Nathalie Becquart, nommée en février 2021 sous-secrétaire de l’institution.