Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

Polémique sur la messe tradi : « C’est tout le projet de l’Église depuis Vatican II qui est en jeu »

tribune
  • Benoît GautierChercheur
  • Baptiste ProtaisProfesseur de philosophie dans l'enseignement public

Ces deux chrétiens réagissent à la polémique autour de la messe tradi et du pèlerinage de Chartres. Ils regrettent qu’un besoin de radicalité de la jeunesse trouve comme débouché un pèlerinage émaillé de discours aux accents maurrassiens. Derrière les questions liturgiques, c’est bien un rapport politique à la modernité qui se joue.

  • Benoît Gautier, Baptiste Protais, 
Polémique sur la messe tradi : « C’est tout le projet de l’Église depuis Vatican II qui est en jeu »
 
Le pèlerinage de Chartres a attiré un chiffre record de 16 000 marcheurs. Le besoin de radicalité qu’éprouve une grande partie de la jeunesse, qui s’est mobilisée, relance les débats autour de la messe tradi.FREDERIC PETRY / HANS LUCAS/REUTERS

Depuis quelques semaines, l’espace médiatique catholique est occupé par des commentateurs selon qui il y aurait dans l’Église une « guerre liturgique », et qu’un des belligérants aurait fait quelques belles percées : les jeunes participants aux JMJ seraient nettement plus conservateurs que leurs aînés et friands de liturgie préconciliaire ; le pèlerinage de Chartres offrirait le visage d’une jeunesse catholique enthousiaste et florissante alors même que, de son côté, la hiérarchie serait « tétanisée » par la crise des abus.

Ce diagnostic trouve même une caution chez un sociologue spécialiste de l’Église, qui affirmait à propos des JMJ que « les jeunes catholiques ont renoncé à un consensus avec les valeurs dominantes » (Yann Raison du Cleuziou, dans La Croix du 26 mai). Tout cela donne l’impression que l’option traditionaliste est désormais la seule qui s’offre à l’Église catholique en France, ou du moins qu’elle s’impose comme une avant-garde où l’on trouverait les forces vives du catholicisme.

Accepter l’armistice de la « guerre liturgique » qui divise les chrétiens

Il s’agirait pour l’Église d’en prendre acte et d’accepter l’armistice de la prétendue « guerre liturgique » qui diviserait si amèrement les chrétiens. L’offre de paix a été formulée plusieurs fois : jetons Traditionis custodesaux orties, et tout rentrera dans l’ordre ! On pourrait sourire face à cette proposition qu’on ne peut refuser, faite par les traditionalistes français au pape argentin… Tous ceux, et nous sommes nombreux, qui sont fatigués et tétanisés par la crise des abus pourraient être tentés de se précipiter dans cette polémique liturgique, qui offre une distraction plaisante à la morose actualité ecclésiale. Mais l’enjeu est trop grave pour cela.

L’Église n’appartient pas aux hommes : elle est l’Église de Dieu. Autrement dit, elle n’est pas seulement une réalité sociologique, elle est aussi une réalité théologique. Parler de l’Église et de la liturgie, c’est donc s’interroger sur le rapport qu’entretiennent tous les baptisés à Dieu. Et parce que ce rapport est essentiellement mystérieux, il interdit que l’on en parle de façon catégorique, voire idéologique.

« Comprendre ce monde dans lequel nous vivons »

Les constats statistiques permettent d’évaluer l’efficacité de la transmission de la pratique religieuse sur trois ou quatre générations. Or, mesurer la performance de tel ou tel mode de transmission de la foi peut avoir un intérêt, même si l’on sait en matière d’abus combien ce réflexe peut nous égarer. Les sociologues, puisque ce n’est pas leur rôle, se gardent d’en tirer des réflexions ecclésiologiques, et nous devrions imiter leur prudence à ce sujet.

La réalité théologique de l’Église s’inscrit dans l’histoire, ce qui oblige les baptisés à s’interroger en retour sur la manière dont l’Église peut continuer de maintenir vivant le rapport entre Dieu et les hommes. C’est pourquoi, comme l’ont écrit les pères conciliaires, « l’Église a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Évangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre, d’une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques » (Gaudium et Spes, chapitre 4). Ils ajoutaient : « Il importe donc de connaître et de comprendre ce monde dans lequel nous vivons, ses attentes, ses aspirations, son caractère souvent dramatique. »

Une attitude d’ensemble face à la modernité

Depuis 1965, la situation du monde a été bouleversée d’une manière que les pères conciliaires ne pouvaient sans doute pas imaginer. Est-ce une raison pour considérer comme caduc leur appel à scruter « les signes des temps », sous la forme qu’ils prennent aujourd’hui ?

Il nous semble au contraire que, pour continuer à témoigner de l’Évangile de Jésus-Christ, les baptisés doivent s’ouvrir aux questions de leur temps, et non s’en protéger comme si elles étaient des agressions. Ce qui est présenté comme une simple différence de sensibilités liturgiques cache en fait une attitude d’ensemble face à la modernité dont nous sommes les enfants. C’est donc tout le projet de l’Église depuis Vatican II qui est en jeu.

Au-delà de ces rappels, il est tout de même désolant que l’amour de la liturgie et de la tradition, le besoin de radicalité, de silence, d’un discours opposé aux valeurs dominantes ne trouve d’autre expression pour ces jeunes qu’un pèlerinage dont certains organisateurs tiennent un discours fort maurrassien. Par ailleurs, il semble très imprudent de laisser penser que la tradition et la liturgie seraient liées à un projet politique qui s’est retrouvé condamné par l’Église catholique dès 1926, avant de l’entraîner dans l’ignominie au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Une frange privilégiée de la population

Une partie de la hiérarchie de l’Église semble avoir accepté de lier le destin de cette dernière à une frange privilégiée de la population, bourgeoise et urbaine, qui se sent de plus en plus menacée et marginalisée, soucieuse de la conservation et de la transmission de son capital culturel, social et immobilier.

Comme l’a montré Yann Raison du Cleuziou, dans cette population, l’Évangile est transmis au sein d’un « héritage » multiforme : la croix est un objet que l’on se transmet, elle fait partie des capitaux culturels, sociaux et économiques qu’il faut maintenir dans la famille pour justifier son appartenance à l’élite de la nation. Pourquoi pas ? Après tout, le Seigneur sait trouver son chemin, y compris dans de tels déterminismes sociaux.

Mais si ce modèle devient effectivement dominant, qu’en est-il de tous les autres ? De ceux qui n’ont pas de capitaux avec lesquels faire « passer la pilule » de l’Évangile ? Ne peut-on pas penser une transmission qui passerait par d’autres canaux ? Ne peut-on pas imaginer une radicalité évangélique qui ouvre d’autres perspectives politiques ?

Tout cela suppose certainement de dépasser le stade de la tétanie face à la crise des abus, et même d’y puiser l’énergie et l’indignation nécessaires pour redécouvrir l’extraordinaire puissance de l’Évangile, qui « appartient à Dieu et ne vient pas de nous » (2 Co 4,7). Sans se laisser distraire par des polémiques opportunistes, ni céder aux chants de vieilles sirènes politiques.

Sénégal: la Tabaski arrive sur fond de climat social et politique tendu

Au Sénégal, la Tabaski, fête musulmane du sacrifice du mouton, sera célébrée le 29 juin mais elle se prépare dans un climat social et politique tendu après les violentes manifestations qui ont suivi la condamnation de l’opposant politique Ousmane Sonko. Ces manifestations ont fait seize morts selon les autorités, vingt-trois selon Amnesty International. Dès lors, les éleveurs rechignent à amener leurs moutons dans la capitale sénégalaise, de peur que de nouveaux affrontements éclatent.

 mouton

Avec notre correspondante à Dakar, Théa Ollivier

Le long de la corniche ouest de Dakar, Paco verse de l’eau dans les mangeoires de ses moutons. Quelques semaines avant la Tabaski, il a 200 bêtes à vendre, contre 500 l’année passée : « Les éleveurs qui sont dans les régions refusent de venir à la capitale à cause des manifestations. Ils ne veulent pas prendre de risque pour venir à la capitale. Quand vous voyez dans les manifestations, les jeunes sont en train de voler les magasins, de détruire les biens des individus. Il n’y a pas de sécurité à Dakar actuellement. C’est pour cela, il y a un manque de moutons. »

Modou Diouf, vendeur de moutons, préfère acheter sa marchandise petit à petit : « On ne peut pas acheter beaucoup de moutons. On vend. Si ça passe, on achète encore. S’il y a des événements, je ne pourrai pas acheter. » 

Appel à la prudence

Le Conseil national du patronat parle de milliards de francs CFA de pertes. Ismaïla Sow, président du Conseil national de la maison des éleveurs appelle alors à la prudence : « Il faut que l’on avertisse à la fois le pouvoir et l’opposition, que l’État s’organise bien pour protéger les populations. Mais on ne veut pas aussi que des gens appellent aux manifestations. »

Près de 42 000 moutons sont rentrés pour le moment dans Dakar cette année, soit moitié moins que l'année dernière à la même période, selon le ministère de l’Élevage.

À lire aussi Sénégal: fin du ramadan, occasion choisie par les imams pour appeler à la paix

Convention baptiste du Sud : Rick Warren plaide en faveur des femmes pasteures

Analyse : Le pasteur américain Rick Warren a défendu une meilleure inclusion des femmes, mardi 13 juin, face aux représentants de sa dénomination, la Convention baptiste du Sud. L’ordination des femmes est au cœur des débats de la plus grande dénomination évangélique du pays.
  • Matthieu Lasserre, 

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Convention baptiste du Sud : Rick Warren plaide en faveur des femmes pasteures
 
Le pasteur Rick Warren lors de la réunion annuelle de la Convention baptiste du Sud à Anaheim (Californie), le mardi 14 juin 2022.JAE C. HONG/AP

Rick Warren, l’un des pasteurs évangéliques les plus célèbres des États-Unis, connu aussi dans les milieux catholiques charismatiques en France, s’est fait depuis quelques années l’avocat des femmes dans le monde baptiste américain. Alors que les pasteurs des Églises évangéliques sont encore en grande majorité des hommes, il a lancé un site Internet avec des vidéos destinées à encourager la promotion des femmes dans la gouvernance et à récuser les arguments selon lesquels le ministère de pasteur serait réservé aux hommes.

Le sujet le concerne au premier plan. Saddleback, la megachurch californienne qu’il a créée en 1980 et qui demeure l’une des plus importantes du pays avec 57 000 fidèles, a été exclue, en raison précisément de la présence de femmes pasteures dans ses rangs, de la puissante et conservatrice Convention baptiste du Sud (SBC), la première union d’Églises américaine. Mardi 13 juin, Rick Warren a plaidé pour la réintégration de son Église et pour une plus grande inclusion des femmes devant les 12 000 représentants de la SBC réunis en Assemblée annuelle à La Nouvelle-Orléans (Louisiane).

Seul derrière son pied de micro, face à une audience loin d’être acquise à sa cause, Rick Warren, 69 ans, s’est montré offensif. « Depuis 178 ans, la SBC est un mélange de plusieurs clans, a-t-il déclaré. Si vous pensez que les baptistes pensent tous comme vous, vous vous trompez. » Sans appeler à un changement de cap théologique, l’auteur du best-seller Une vie motivée par l’essentiel a plaidé en faveur de l’unité : « Puisque les baptistes du Sud ont historiquement acté leurs désaccords sur des points doctrinaux essentiels (…), pourquoi cette question (du ministère féminin, NDLR) devrait-elle dissoudre notre communauté ? »

« Nous devons exclure les églises coupables de péchés sexuels, raciaux, financiers et de gouvernance parce que cela porte atteinte à notre témoignage, a-t-il poursuivi. Mais les 1 928 églises avec des équipes pastorales composées de femmes n’ont pas péché. » Alors qu’il rappelait que le télévangéliste Billy Graham, l’une des figures du baptisme moderne, avait lui même soutenu sa fille dans le pastorat, son micro a été coupé, son temps de parole étant écoulé. Seuls quelques discrets applaudissements se sont fait entendre dans le public.

Lettre ouverte

Depuis plusieurs jours, le pasteur n’hésitait pas à diffuser sur les réseaux sociaux des extraits de son discours et à affirmer une position contraire à celle de la majorité de la SBC. Alors que la constitution en vigueur de la Convention baptiste affirme que le ministère de pasteur est réservé aux « hommes », il a relevé non sans ironie sur Twitter que son Église et la SBC ne sont en désaccord « que sur un seul mot : hommes ». « Nous sommes d’accord à 99,99 %. N’est-ce pas assez ? » pour rester membre de cette institution, a-t-il insisté.

Souvent décrit comme membre de l’aile « progressiste » de la SBC, Rick Warren ne milite que depuis peu pour une meilleure inclusion des femmes dans les Églises de sa dénomination. Cette évolution de sa pensée, il l’explique en vidéo sur son site Internet, sur lequel il fournit aux fidèles un argumentaire biblique détaillé en faveur du pastorat féminin. Il indique avoir changé d’avis après plusieurs d’années d’étude des textes. Rejetant tant l’égalitarisme que la complémentarité homme-femme selon laquelle les deux ne sont pas destinés aux mêmes tâches, il affirme que ces positions ont des « faiblesses » et « ignorent des versets ».

Dimanche, Rick Warren a également publié une lettre ouverte intitulée « Mes excuses aux femmes chrétiennes », dans laquelle il présente comme son « plus grand regret en 53 années de ministère » son absence « d’exégèse personnelle » sur le sujet. « Honte à moi (…). Je les ai empêchées d’utiliser les dons spirituels et les compétences de leadership que le Saint-Esprit a souverainement placés en elles, conclut-il, pressentant que son argumentaire lors de l’Assemblée de la SBC ne suffira pas à convaincre la majorité des représentants. J’aimerais pouvoir tout recommencer. Femmes chrétiennes, voulez-vous me pardonner ? » Lui-même a quitté son poste à la tête de ­Saddleback, un mois après avoir ordonné pasteures trois femmes en 2021.

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Les baptistes du Sud en assemblée plénière

- L’assemblée annuelle de la Convention baptiste du Sud (SBC) s’est tenue à La Nouvelle-Orléans du mardi 13 au mercredi 14 juin. La question de la réintégration de la méga-église Saddleback, fondée par le célèbre pasteur Rick Warren doit y être tranchée.

Le président sortant de la dénomination, le pasteur texan Bart Barber, a été réélu mardi. Considéré comme le chef de file du courant conservateur dominant, il a été reconduit avec une large majorité des voix.

Une modification de la constitution interdisant formellement aux femmes de servir dans un rôle pastoral d’enseignement devait être soumise au vote mercredi. Si elle est approuvée, aucune femme au sein de la SBC ne pourra porter le titre de pasteur, sous peine d’exclusion de son Église.

Messe en latin : « La difficulté n’est pas le rite ancien, mais son instrumentalisation »

 
tribune
  • Abbé Louis-Emmanuel Meyer

Pour le père Louis-Emmanuel Meyer, il y aurait aujourd’hui une véritable instrumentalisation du rite ancien au service d’une doctrine de rupture avec le magistère et de fascination pour « un passé rituel mythifié ». Selon lui, les évêques pourraient veiller à ce que des messes en latin soient proposées, et éviter ces dérives.

  • Abbé Louis-Emmanuel Meyer, 
Messe en latin : « La difficulté n’est pas le rite ancien, mais son instrumentalisation »
 
Pour le père Louis-Emmanuel Meyer, les critiques des sacrements dans l’actuel rite de l’Église révèlent en creux une contestation de la capacité de celle-ci à changer ses expressions rituelles pour aider les fidèles d’un temps donné à prier.T0M15/STOCK.ADOBE.COM

Le motu proprio Traditionis custodes restreignant drastiquement l’usage de l’ancien rite liturgique à la seule célébration eucharistique était, pour l’Église, une tempête dans un verre d’eau. Mais le catholicisme français tient presque dans un verre d’eau… Puis, il y a eu la nombreuse participation au pèlerinage de Pentecôte à Chartres, presque autant qu’au Teknival, alors tout le tradi-land exulte et tout le catho-land se demande comment réagir.

En 2007, jeune séminariste, habitué de Paris-Chartres, j’ai chanté un Te Deum lors de la libéralisation du vetus ordo par Benoît XVI. Mes premiers exercices pour apprendre la messe, je les menais sous la houlette d’un confrère dans le missel de Jean XXIII. Lors de mes repos hebdomadaires, je célébrais ainsi en solitude en appliquant toutefois les normes de Summorum pontificum permettant d’user du nouveau lectionnaire adopté par la réforme liturgique. J’espérais que de nombreux prêtres suivent ce mouvement dit « d’enrichissement mutuel » entre ce qui s’appelait alors les deux formes de l’unique rite romain. Force est de constater que, en dehors des abbayes adoptant le calendrier sanctoral mis à jour, rien ne se fit vraiment.

Un malaise naissant

La libéralité juridique du pape Benoît XVI fut comme détournée pour étendre un usage exclusif du missel ancien à certains groupes. Petit à petit en moi un malaise naissait, agrémenté d’attitudes de certains fidèles s’abstenant de communier lorsque la messe était célébrée avec le missel en vigueur, réclamant le rituel du baptême de 1956 parce que l’exorcisme du nouveau serait insuffisant, etc. Tout cela m’a progressivement écarté de la célébration de l’ancien rite et devant ces dangers doctrinaux j’ai salué les documents du pape François recadrant ces pratiques.

Il m’apparait aujourd’hui que la difficulté n’est pas le rite ancien, mais son instrumentalisation, cette forme rituelle est devenue le véhicule de doctrines erronées étrangères à la soumission au magistère, entachées d’un fort subjectivisme moderne et paradoxalement immobilistes. Pour nombre de ces fidèles, le rite ancien est l’expression parfaitement aboutie de la foi catholique en dépit du principe de développement de la doctrine et des rites qui l’expriment. Cette conception fixiste exalte un passé rituel mythifié en s’érigeant juge du magistère suprême dans une protestation déjà vue.

Un véhicule doctrinal

Des preuves que le rite ancien est devenu un véhicule doctrinal ? Le refus répété de certains clercs de concélébrer la messe chrismale, par exemple ; quelle peut être la raison sinon une raison doctrinale ? Je note aussi l’incapacité à obéir pour appliquer Traditionis custodes, qui autorise la célébration dans l’ancien missel de la messe uniquement. Je n’ai pas eu vent que les communautés attachées à l’ancien rite célébraient maintenant les baptêmes, mariages, ordinations, etc., en langue latine avec les rituels réformés, en revanche j’ai vu ici et là des clercs se refuser à administrer le baptême puisqu’ils ne le pouvaient plus dans l’ancien rite…

Certains déplorent la manière dont sont célébrés les sacrements dans l’actuel rite de l’Église, ils se plaignent des usages, regrettent la langue latine, le style trop personnel, l’orientation perdue, le chant grégorien délaissé, mais en creux est contestée la capacité de l’Église à changer ses expressions rituelles pour accompagner le développement de la doctrine et aider les fidèles d’un temps donné à prier.

Le rôle des évêques

Mais alors, pourquoi donc nos évêques ne cherchent-ils pas à assurer dans chaque diocèse une messe latine convenablement célébrée dans le nouvel ordo avec toutes les formes requises ? Pourquoi nulle part quasiment les catholiques ne peuvent-ils se rallier à une messe en langue latine, dans le missel en vigueur, orientée, grégorienne et, pourquoi pas, agrémentée de parements anciens qui satisferont les plus sensibles ? Pour avoir célébré ainsi devant une assemblée habituée de l’ancien missel, je puis vous assurer que chacun était satisfait.

Ma proposition est la suivante : il faut sauver la doctrine, le fond, alors soignons la forme, appliquons au moins dans un lieu par diocèse le nouveau missel avec une bonne part des apparences de l’ancien s’il le faut. Je laisse cette idée simple à nos évêques.

Dialogue interreligieux : une perspective chrétienne

 
Dialogue interreligieux : une perspective chrétienne - 1
 
Résumé

L'objectif de ce livre est de donner des réponses aux questions qui sont pose'es par des chrétiens - non seulement par ceux qui critiquent sévèrement le dialogue et ceux qui n'en voient simplement pas l'intérêt, mais aussi par ceux qui le pratiquent mais qui ne savent pas comment répondre aux questions que les autres leur posent (ou qu'ils se posent à eux-mêmes) sur leur engagement. La réponse à chaque question voudrait être à la fois cohérente avec la foi chrétienne et respectueuse des traditions qui font vivre ceux avec...
 
Caractéristiques
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Date de parution

16/09/2022

Editeur

Chemins De Dialogue

Format

15cm x 20cm

Nombre de pages

256