Mahmoud Hussein: Les musulmans au défi de Daech. Gallimard, 2016 – 82 pages – 8.50€

ISBN 978-2-07-270319-5

L’auteur de ce petit livre est déjà bien connu. Il s’agit en fait de deux auteurs Baghat El Nadi et Adel Rifaat publiant ensemble sous ce pseudonyme de Mahmoud Hussein. Leur plus grand succès est bel et bien la somme monumentale « Al-Sira » soit le Prophète de l’Islam raconté par ses compagnons : deux volumes déjà publiés chez Grasset en 2005 et 2007.

Ce livre est à la portée de tout le monde. Conscient des difficultés éprouvées par les musulmans ordinaires, les auteurs veulent redonner au croyant ordinaire toute sa dignité afin qu’il retrouve toute son autonomie par rapport à sa communauté. Avec eux, nous sommes invités à redécouvrir le lien entre Dieu et sa Parole telle qu’on la trouve dans le Coran : un Coran révélé au 7ème siècle de notre ère par un Dieu qui choisit d’accompagner les hommes dans leur quotidien (p.32). C’est dire que beaucoup de ces révélations seront circonstanciées. Dieu est au-delà du temps, mais sa Parole s’implique dans le temps (p.50). Il a donc toujours raison au moment où il parle. Et n’oublions pas que « la Parole de Dieu ne peut être confondue avec Dieu lui-même. » (p.74) Tout l’enjeu sera donc de conjuguer la foi en Dieu avec l’intelligence du monde (p.63).

On ne sent ni agressivité ni acrimonie dans ce petit livre. Pour eux, Daech n’est pas l’Islam. Ils le disent en toute clarté. Ils demandent aux musulmans de chercher à approfondir leur foi en face des sociétés d’aujourd’hui qu’elles soient occidentales ou maghrébines.

Gilles Mathorel

La lutte contre toute forme de radicalisme nécessite d’inclure une remise en question de certains aspects de l’éducation. Sans mentionner explicitement ce problème, le pape François a insisté sur un certain nombre de principes éducatifs concernant les adolescents à l’occasion de l’ouverture du Congrès ecclésial annuel du diocèse de Rome intitulé  « Ne les laissons pas seuls ! Accompagner les parents dans l’éducation de leurs enfants adolescents » le 19 juin ’17.

• Transmission des racines culturelles et familiales
• Éducation de la « tête », du « cœur » et de la « main »
• Éducation à l’austérité qui ouvre au travail en commun et à l’altérité
• Reconnaître les spécificités de l’adolescence, « qui n’est pas une maladie »
• …

Voir le texte intégral de son allocution (italien – espagnol – anglais) donné par la salle de presse du Vatican ou la traduction abrégée et commentée en français par Anita Bourdin:  » Education des adolescents: non aux analphabètes du cœur et des mains. Oui à une éducation intégrée« , Zenit, 19/06/17

Au lendemain de l’attaque du Finsbury à Londres et du meurtre d’une jeune musulmane en Virginie, les musulmans du Royaume-Uni et des Etats-Unis ne cachent pas leur frustration suite à ces deux événements tragiques, d’autant plus que les actes islamophobes sont en hausse. Détails.    lire la suite

Latifa Babas et Jazia El Hammari (Trad.): « Recrudescence des actes islamophobes au Royaume-Uni et aux Etats-Unis« , Yabiladi, 20/06/17.

Si certains mouvements à l’intérieur de l’islam n’inspirent aucun optimisme, il ne faudrait pas qu’ils en occultent d’autres qui pourraient avoir des répercussions plus durables.

Dina Afrianty, de l’Australian Catholic University, nous décrit la forme indonésienne d’un féminisme musulman qui semble prendre de l’ampleur.

Kartini (Photo Tropenmuseum, part of the National Museum of World Cultures-Wikimedia)

Elle rappelle l’engagement de Raden Ajeng Kartini (21/04/1879-17/09/1904) qui ouvrit la première école pour filles, avec ses propres syllabus et un système éducatif particulièrement adapté pour les jeunes femmes (1). En son honneur, d’autres écoles pour femmes ont été fondées après sa mort à l’âge de 25 ans et en 1964 le Président Soekarno  l’a déclarée « Héroïne Indonésienne » et a fixé comme jour national indonésien le jour de son anniversaire (2).

D. Afrianty donne ensuite plus de détails sur le congrès déjà mentionné ici (voir Mariage des enfants en Indonésie: une fatwa pour, une fatwa contre) et mentionne particulièrement la déclaration passionnée de Zainah

Anwar,fondatrice de Sisters in Islam,

Zainah Anwar (Wikimedia, 2016)

L’Islam donne aux femmes le droit de définir ce qu’est l’islam. Il est important que les femmes commencent une réforme et participent et à la vie politique dans le cadre de l’Islam, de la constitution indonésienne, des droits humains universels et des droits des femmes (Traduction libre).

Lire Dina Afrianty: « Indonesian Muslim women engage with feminism », The Conversation, 01/06/17