Mohamed Nadim : Requiem pour le Père Jacques Hamel
Lettres d’un musulman
Bayard 2017 – 142 pages – 12.90€
ISBN 978-2-227-49220-2
Ce mercredi 26 juillet 2017 sera le premier anniversaire de la mort, disons le meurtre ou encore l’assassinat, du Père Jacques Hamel dans l’Église de Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen en France. Ce serait une bonne occasion pour acheter et réfléchir à partir de ce livre écrit par un musulman algérien Mohammed Nadim. En le lisant, ne soyez pas à l’affût de nouveaux détails inédits sur l’Islam et les Musulmans ou encore sur les dernières manifestations terroristes qui nous ont secoués. Non, prenez ce livre et essayez seulement de vous sentir en communion avec cet algérien ordinaire, musulman de surcroît, qui exprime d’une part sa douleur devant ce crime et d’autre part sa communion avec tous les hommes de bonne volonté, pleinement humains, et bien souvent croyants en ce Dieu qui est au-delà de toutes nos affiliations religieuses.
Mohammed Nadim rêve d’un monde meilleur ; c’est un rêve « escorté par la sagesse » ; un rêve où se manifeste une certaine indignation, « mais chose étrange et belle, il n’y a nullement de haine. » (p.29). Il demande pardon non pas au nom de sa religion, mais au nom des hommes (p.39). La contemplation de la nature autour de lui, de tout ce qui est humain et beau, voilà ce qui lui redonne espoir. Car, ces fanatiques, nous dit-il, « n’ont-ils jamais rien admiré d’autre dans leur vie que les précipices et les gouffres et les abîmes ? » (p.40) – « Que leur dire, que leur répondre ? se demande-t-il : « Rien sinon que nous vivons notre foi dans la paix et l’amour de Dieu. » (p.77) Ou encore « Nous avons été à la hauteur de l’humanité, nous avons été des hommes. » (p.82)
Y aurait-il encore quelque chose à faire ? Oui, nous répond Mohammed Nadim. Nous devons entrer en contact les uns avec les autres, être et vivre ensemble. Mais, souligne-t-il, « inutile de nous arrêter au seuil de l’amitié, hébété et confus … car ce que nous tenons pour impossible devient possible dans la réalité. Nous avons en nous la force dont on commence à peine à saisir le pouvoir … nous possédons toutes les armes de l’amour. » Et l’auteur de conclure par ces mots d’une grande profondeur : « Toute main tendue est plus généreuse que l’immobilité et le refus. » (p. 97 à 99)
Cessons donc de ne faire que subir les événements mais au contraire soyons dynamiques et construisons notre futur. Et à l’occasion de ce premier anniversaire, rassemblons-nous entre humains de toutes croyances et nous verrons de nouveau que « l’humanité tout entière ; fidèle à l’essentiel se dresse et marche pour redire avec des mots simples et tranquilles ce qu’il y a de plus beau chez l’être humain » (p.27). Au-delà de toutes nos affiliations religieuses, retrouvons-nous donc autour de l’essentiel : notre humanité commune. Pourquoi ne pas faire nôtre cette prière que nous confie l’auteur :
Dieu, donne-nous la bonté des cœurs
Car sans la bonté, la fraternité, l’amitié et le partage,
Quelle expression aurons-nous sur le visage
Sinon un sourire qui se délite ;
Quel usage ferons-nous du cœur
A part un semblant de courtoise attitude,
Puisque nous n’aurons bientôt plus personne à convier.
On ne peut pas rester indifférent devant le témoignage poignant que nous trouvons dans ce livre.